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Submitted on 19 Apr 2021
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Les membranes pour piles à combustible PEMFC
Ludivine Franck-Lacaze, Caroline Bonnet, François Lapicque
To cite this version:
Ludivine Franck-Lacaze, Caroline Bonnet, François Lapicque. Les membranes pour piles à combustible
PEMFC. Techniques de l’Ingénieur, 2016. �hal-03202217�
1
Les membranes pour piles à combustible PEMFC
Membranes for PEM fuel cells
par :
Ludivine FRANCK-LACAZE
Maître de Conférences à l’Université de Lorraine
Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, UMR 7274 CNRS – Université de Lorraine, Nancy, France Caroline BONNET
Maître de Conférences à l’Université de Lorraine
Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, UMR 7274 CNRS – Université de Lorraine, Nancy, France François LAPICQUE
Directeur de Recherche CNRS
Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, UMR 7274 CNRS – Université de Lorraine, Nancy, France
Résumé :
La pile à combustible à membrane est un maillon très important de la chaîne de la conversion électrochimique de l’énergie. La membrane, composant de la pile, possède un rôle capital dans son fonctionnement, notamment pour le transfert des protons générés à l’anode par oxydation du combustible hydrogène vers la cathode où ils participent à la réduction de l’oxygène. Après un bref rappel des propriétés physiques et physicochimiques des membranes, cet article décrit les principaux types de matériaux polymères utilisés selon le niveau de température considéré ainsi que le principe de transport de protons dans ces matériaux. Une dernière partie traite des phénomènes de vieillissement des membranes sous l’action de différents stress ainsi que les solutions envisagées pour retarder le vieillissement et augmenter la durabilité de ce composant.
Abstract: Polymer membrane fuel cells are a significant component of the overall strategy
for conversion of electrical energy. The membrane, a component of the fuel cell, has an
essential role in its operation, in particular for transfer of protons generated at the anode
by hydrogen oxidation toward the cathode, where they take part in oxygen reduction. After
a short overview of the various physical and physicochemical properties of fuel cell
membranes, this paper presents the main types of polymeric materials to be used depending
on the temperature level considered, together with the mechanism of proton transport in
these materials. The last section deals with ageing phenomena of membranes under the
action of various stresses, with possible solutions to reduce the significance of ageing for
the sake of improved durability of the key component.
2 Mots-clés / Keywords :
français anglais
Technologies impliquées
Méthodes électrochimiques Spectroscopie
Electrochemical methods Spectroscopy
Domaines d’application
Conversion de l’énergie
Energy conversion
Description du contenu
Membrane ionomère
Ionomer membrane
Table des matières
1 Généralités sur les piles à combustible de type PEMFC _______________________ 4 1.1 Principe de fonctionnement d'une pile à combustible de type PEM___________________4 1.2 Cœur de pile à combustible ___________________________________________________4
1.2.1 Plaques de distribution des gaz ________________________________________________________________5 1.2.2 Couches de diffusion de gaz, GDL _____________________________________________________________5 1.2.3 Electrodes ________________________________________________________________________________5
1.3 Rôle de la membrane dans la pile PEMFC _______________________________________6 2 Membranes pour piles à combustible PEMFC ______________________________ 6 2.1 Membranes pour piles fonctionnant à basse température (BT-PEMFC) ______________9
2.1.1 Nafion® : une membrane polyfluorosulfonée de référence ___________________________________________9 2.1.2 Autres membranes de type PFSA _____________________________________________________________ 15 2.1.3 Membranes alternatives aux polymères PFSA ___________________________________________________ 18
2.2 Membranes pour piles fonctionnant à plus haute température [100°C-200°C] (HT- PEMFC) ________________________________________________________________________19
2.2.1 Contexte ________________________________________________________________________________ 19 2.2.2 Membranes de BT-PEMFC modifiées : ionomères dopés avec une charge dispersée _____________________ 21 2.2.3 Membranes anhydres ______________________________________________________________________ 23 2.2.4 Conclusion ______________________________________________________________________________ 31
3 Dégradation des membranes lors de leur fonctionnement en pile à combustible PEMFC __________________________________________________________________ 31 3.1 Dégradation des membranes de piles fonctionnant à basse température _____________31
3.1.1 Dégradation chimique ______________________________________________________________________ 31 3.1.2 Dégradation thermique de la membrane ________________________________________________________ 34 3.1.3 Dégradation mécanique _____________________________________________________________________ 35
3.2 Dégradation des membranes de piles fonctionnant à plus haute température : cas de PBI- H
3PO
439
3.2.1 Techniques expérimentales __________________________________________________________________ 39 3.2.2 Dégradation chimique ______________________________________________________________________ 39
Conclusion _______________________________________________________________ 40
Introduction
Les piles à combustible sont considérées depuis au moins deux décennies comme
une solution prometteuse aux problèmes énergétiques, représentant depuis peu
3 davantage un maillon dans une chaîne de conversion ou de gestion de l’énergie qu’une solution universelle. De par son principe, une pile à combustible transforme l’énergie d’un combustible (hydrogène, alcool léger, hydrocarbures par exemple) en électricité, chaleur et eau – et dioxyde de carbone le cas échéant – en présence d’un comburant tel que l’oxygène de l’air.
On envisage la pile à combustible pour des applications stationnaires (notamment pour le résidentiel ou pour alimenter de petits appareils électriques portables) ou bien embarquées pour le transport, c’est-à-dire permettant la traction électrique. Par ailleurs, selon le niveau de température de la conversion de l’énergie, plusieurs technologies de pile existent, notamment pour les plus connues, les piles à membranes (en anglais polymer electrolyte membrane fuel cells, PEMFC), à des niveaux de température en deçà de 200°C, et les piles à oxydes solides (en anglais solid oxide fuel cells, SOFC), généralement au-delà de 600°C. En comparaison avec les piles à oxydes solides, les piles à membrane présentent certains avantages et notamment un temps de réponse plus court à une sollicitation, des émissions en gaz toxiques plus faibles, des contraintes thermomécaniques ou de corrosion nettement plus faibles. Le revers de la médaille est un rendement électrique inférieur à ceux offerts par les piles à haute température et une plus grande sensibilité à d’éventuels gaz polluants contenus dans le combustible ou le comburant.
Le combustible est oxydé à l’anode en différentes espèces selon sa nature, mais dans tous les cas l’oxydation produit des protons qui sont transférés à la cathode à travers la membrane insérée entre les deux électrodes : ici réside une propriété importante des membranes : permettre ce transfert avec une résistance (ionique) la plus faible possible pour limiter les pertes de tension de cellules de type ohmique. La membrane assurant le transport de protons est dite cationique. NB. Certaines piles à membranes fonctionnent avec des membranes anioniques qui assurent le passage d’anions hydroxyde formés à la cathode vers l’anode : ces membranes sont appelées membranes anioniques. Dans ce chapitre, seul le cas des membranes cationiques est traité, mais de nombreux points présentés ici sont applicables aux membranes anioniques.
Cet article présente les membranes de piles de type PEM selon leur nature ainsi que leur principe de fonctionnement : dans tous les cas, ce composant doit rendre le plus aisé possible le transfert des protons générés à l’anode par oxydation de l’hydrogène vers la cathode sous l’action du champ électrique créé par la polarisation des électrodes. Les membranes ne sont pas le siège de génération de charges électriques – comme le sont les électrodes – mais un milieu physiquement assimilable à un gel polyélectrolytique permettant le transfert de protons de l’anode vers la cathode, le courant généré par la pile étant directement proportionnel à ce flux de protons selon la loi de Faraday.
Après un court rappel sur les principaux constituants d’une pile à combustible puis de
son principe de fonctionnement, nous présentons dans une deuxième partie les
principaux types de membranes capables de transférer les protons, leurs propriétés
et leurs points faibles selon qu’elles aient été conçues pour fonctionner en deçà ou
au-delà de 100°C environ. Les matériaux polymères, appelés ionomères en raison
de leur aptitude à permettre la circulation des ions, sont comme d’autres composants
de la pile à combustible relativement coûteux et sujets à des dégradations jugées
4 encore trop rapides pour permettre une industrialisation en masse de la pile à combustible. Les mécanismes de dégradation et la recherche de solutions permettant de réduire leur importance est encore un important champ d’étude, ce qui nous a conduits à consacrer une part importante de l’article à l’examen de ces mécanismes et des solutions envisageables pour y remédier.
1 Généralités sur les piles à combustible de type PEMFC
1.1 Principe de fonctionnement d'une pile à combustible de type PEM La pile à combustible à membrane échangeuse de protons PEMFC (Proton Exchange Membrane Fuel Cell) permet de convertir l’énergie chimique d'oxydation du dihydrogène en énergie électrique et thermique selon la réaction globale de synthèse de l’eau. La pile est constituée de deux électrodes, l’une alimentée en dihydrogène (que l'on appellera hydrogène dans la suite du document) et l’autre en dioxygène (ou en air) qui sont séparées par une membrane échangeuse de protons (l’électrolyte). Du côté anodique, l’hydrogène est oxydé à la surface d'un catalyseur en protons avec libération d’électrons selon la demi-équation suivante:
(1) H
2→ 2H
++ 2e
−et du côté cathodique l’oxygène est catalytiquement réduit en eau grâce à la présence d’une part des protons qui ont traversé la membrane électrolyte depuis l’anode et d’autre part des électrons qui sont transférés par le circuit extérieur, la membrane n'étant pas conducteur électronique. Cette demi-réaction de réduction s’écrit :
(2) 1/2 O
2+ 2H
++ 2e
−→ H
2O
La réaction globale de ces deux demi-réactions électrochimiques permettant la production de courant s'écrit alors :
(3) H
2+ 1/2 O
2→ H
2O + énergie thermique
L'énergie thermique dissipée est liée aux phénomènes irréversibles engendrés lors du passage d'un courant électrique. Ces phénomènes sont clairement exposés dans [1] en plus d’une description détaillée des piles à combustible.
Le schéma simplifié du fonctionnement d’une pile de type PEM est présenté en Figure 1.
Figure 1 - Principe d’une pile à combustible de type PEM [2].
1.2 Cœur de pile à combustible
Le cœur de pile à combustible présente une structure symétrique avec l'arrivée et
5 l'évacuation des gaz de part et d'autre, la membrane constituant le plan de symétrie de la structure globale. Le cœur de pile est ainsi constitué de l’assemblage membrane électrodes (noté AME) inséré entre deux couches de diffusion des gaz (communément appelées GDL, Gas Diffusion Layer).
L'ensemble est maintenu par des plaques de distribution des gaz réactifs (Figure 2). Nous décrivons brièvement le rôle de chaque composant du cœur de pile jusqu’au rôle de la membrane électrolyte dans ce système. Nous renvoyons le lecteur aux articles [BE 8 595] pour une description détaillée du schéma global d’un système pile à combustible et [D 3 340] pour les aspects cinétiques réactionnelles et rendements énergétiques.
Figure 2 - Vue éclatée du cœur de pile à combustible 1.2.1 Plaques de distribution des gaz
Elles permettent la distribution des gaz réactifs à travers des canaux millimétriques dans la pile, le passage des électrons de l'anode vers la cathode par le circuit externe ainsi que l’évacuation des réactifs en excès et de l'eau. Ces plaques sont généralement en graphite ou en matériau composite à base de carbone et d'un liant, l'ensemble doit posséder une forte conductivité électronique et une bonne résistance aux corrosions (provenant de l’acidité de la membrane et du milieu réactionnel oxydant). Suite à des développements plus récents, on a recours à des plaques embouties en métal après traitement de surface adapté pour éviter toute corrosion.
Le lecteur trouvera davantage de renseignements sur l’optimisation de ces plaques (choix du matériau, géométrie, etc.) dans l’article [IN 52v2].
1.2.2 Couches de diffusion de gaz, GDL
Ces couches assurent la répartition uniforme des gaz réactifs sur la surface des électrodes. Ces couches de diffusion doivent être conductrices électroniques et poreuses, c’est pourquoi des feutres ou des papiers de carbone sont généralement utilisés. Ces couches sont traitées par du PTFE (agent hydrophobe) pour faciliter l’évacuation de l’eau liquide éventuellement formée dans la pile puisque l’eau liquide accumulée dans les GDL entrave l’accès des gaz aux électrodes et limite les performances de la pile.
1.2.3 Electrodes
Elles sont constituées de particules nanométriques de catalyseur déposées sur un
support carboné constitué de particules mésoscopiques. Les électrodes sont le lieu où
se produisent les réactions électro-chimiques. Les deux demi-réactions (1) et (2) étant
lentes, elles nécessitent l’ajout d’un catalyseur. Le plus couramment utilisé est le
platine : c’est le meilleur catalyseur pour la réduction de l’oxygène en milieu acide
6 (surtensions cathodique minimisées) et il convient également à l'oxydation de l'hydrogène dont la cinétique est nettement plus rapide que celle de la réduction de l'oxygène.
En plus de leur rôle catalytique, les électrodes doivent assurer une bonne conductivité ionique et électronique car (i) elles doivent assurer le transfert des protons depuis les sites catalytiques de l’anode vers ceux de la cathode via la membrane et (ii) elles doivent permettre aux électrons produits à l’anode d’être transférés à la cathode via le circuit extérieur. Pour cela, elles sont constituées d’un mélange intime de carbone (conducteur électronique), d’électrolyte (conducteur protonique) et de platine (catalyseur).
1.3 Rôle de la membrane dans la pile PEMFC
Selon le principe de fonctionnement d’une pile à combustible à membrane (acide), l’hydrogène est oxydé en protons. Alors que les électrons sont transportés dans le circuit extérieur, les protons migrent à travers la membrane ionomère vers la cathode où ils participent à la réduction de l’oxygène. Selon son principe, il apparait clairement que le matériau membranaire doit posséder la résistance aux transfert de protons la plus faible possible (sa conductivité ionique doit être élevée) alors qu’il doit s’opposer à la perméation d’hydrogène vers la cathode ou d’oxygène vers l’anode : dans le cas contraire, les deux gaz réactifs en présence se combinent en eau sur le catalyseur, mais sans production d’électricité : pour des raisons d’efficacité mais aussi de sécurité, la perméabilité de la membrane doit être la plus faible possible.
A ces deux qualités essentielles, il convient d’ajouter des propriétés de stabilités chimiques, mécaniques et thermiques suffisantes dans les conditions de fonctionnement de la pile, comme nous l’examinerons plus en détail par la suite.
2 Membranes pour piles à combustible PEMFC
P
ROPRIETES PHYSICOCHIMIQUES DES MEMBRANES:
Les performances d'une membrane sont liées à sa conductivité protonique qui dépend elle-même de la température. Dans le cas des ionomères possédant un groupement fortement hydrophile comme un groupe sulfonate, la conductivité protonique est également dépendante de la teneur en eau de la membrane. Plus ce type de membrane est hydraté, plus sa conductivité protonique est élevée. Plusieurs paramètres peuvent être déterminés pour évaluer ces notions de conductivité et d'hydratation. Ainsi, la masse équivalente (EW, Equivalent Weight), la capacité d'échange ionique (CEI) ainsi que la conductivité protonique () sont mesurées pour estimer l'aptitude de la membrane à transporter les protons. L'hydratation de la membrane, quant à elle, est déterminée par le contenu en eau (), la rétention en eau (W
rétention) et le gonflement de la membrane. Pour les membranes à haute température, la conductivité protonique n'est plus dépendante de la présence d'eau, mais d'un autre électrolyte comme nous le verrons dans le paragraphe 2.2. La mesure de la perméabilité aux gaz est également importante.
Masse équivalente, EW et capacité d’échange ionique, CEI
La masse équivalente est définie par la masse sèche de la membrane rapportée au
nombre de moles de fonctions ionisables. Pour les ionomères fluorés sulfonés, ces
fonctions confèrent au polymère sa capacité de sorption d'eau. La masse équivalente
est définie par :
7
1 ionisables
fonctions
sec
en g . mol
n EW m ) 4
(
Avec m
sec: la masse du polymère sec en g
n
fonctions ionisables: le nombre de fonctions ionisables présentes dans la masse de polymère sec en mol.
La capacité d'échange ionique définit la quantité de groupes chargés présents dans la membrane assurant le transport des protons par kilogramme de polymère sec. La CEI est reliée à la masse équivalente par :
(5) en mol . kg
1EW
CEI 1000
Généralement, la capacité d'échange ionique d'une membrane échangeuse d'ions est comprise entre 0,5 et 2 mol.kg
-1. Par exemple, celle du Nafion
®112 est théoriquement de 0,91 mol.kg
-1.
Habituellement, les membranes à forte masse équivalente, et donc avec une faible capacité d’échange ionique, présentent une meilleure stabilité thermique et mécanique. Par contre, les membranes à faible masse équivalente, et donc à forte CEI, ont un nombre de sites échangeurs de proton élevé, améliorant la conductivité protonique. Cependant, une trop grande CEI est en défaveur de la stabilité mécanique du polymère car, pour les matériaux présentant une certaine hydrophilicité comme les ionomères sulfonés, le grand nombre de groupes acide entraîne une absorption trop importante en eau.
Conductivité protonique, σ
La mesure de la conductivité protonique de la membrane est effectuée par spectroscopie d'impédance électrochimique [PE 2 210]. Selon la nature de l’ionomère, la membrane subit un pré-conditionnement pour la placer dans les conditions d’équilibre choisies (en eau par exemple pour les ionomères sulfonés).
L'échantillon de membrane est placé entre deux électrodes d'une cellule de mesure de conductivité dont la température et l'humidité sont contrôlées. La résistance de la membrane, R () est obtenue à partir du spectre de Niquyist à haute fréquence. La conductivité protonique, (S.cm
-1), de la membrane est déduite de R selon :
(6) R . S
e
où e est l'épaisseur de la membrane (cm) et S sa surface (cm²).
Contenu en eau de la membrane, (pour les ionomères hydrophiles)
La présence de fonctions ionisables confère au polymère fluoré sulfoné sa capacité de sorption d'eau. La méthode gravimétrique est largement utilisée pour mesurer le contenu en eau, . Dans un premier temps, la membrane est séchée par balayage de gaz sec à température modérée (25 à 60°C) et ceci jusqu'à ce que la masse de l'échantillon soit stable (m
sec). Ensuite, la membrane est humidifiée sous une pression de vapeur d'eau connue ou avec de l'eau liquide à température fixée, une fois l'équilibre atteint la membrane est pesée (m
humide). Le contenu en eau de la membrane, , peut alors être calculé par :
(7)
sec sec humide
O 2 H ionisables fonctions
O 2 H
m m x m
M EW n
n
8 Avec n
H2O: le nombre de moles d'eau absorbées
M
H2O: la masse molaire de l'eau, 18 g.mol
-1Une autre technique de plus en plus utilisée est la spectroscopie Raman.
Les facteurs influant sur le contenu en eau sont : la température [3], la CEI [4], le pré- traitement de la membrane [3,5], l'état de l'eau absorbée [6] et le module d'élasticité de la membrane dépendant de la nature de l’ionomère. La capacité de sorption est caractérisée par une isotherme correspondant à la prise en masse d'eau ou au nombre de moles d'eau par groupement ionisable en fonction de l'activité thermodynamique de l'eau ou de l'humidité relative [7].
Rétention d’eau, W
rétention,et le gonflement de la membrane
La mesure de la variation en masse de la membrane entre l'état sec et l'état hydraté permet de déterminer la rétention en eau de la membrane [8]:
(8) x 100 en %
m m W m
sec sec humide
rétention
Le gonflement de la membrane ne se traduit pas par une expansion de la surface, mais par une augmentation de son épaisseur. Ainsi, si e
humideet e
secsont les épaisseurs de la membrane humide et sèche, le gonflement de celle-ci se calcule par:
(9) x 100 en %
e e Gonflement e
sec sec humide
Pour des ionomères présentant moins d’affinité pour l’eau mais utilisés en présence d’un acide fort comme l’acide phosphorique pour les polybenzimidazoles (paragraphe 2.2.3.1.), ce gonflement peut également être défini. De manière générale, le gonflement traduit l’affinité de l’ionomère pour le fluide considéré en fonction de la température T, par rapport à la température de transition vitreuse, Tg.
Quand T est très inférieure à Tg, le polymère est relativement rigide et donc moins sujet à un gonflement important. Un gonflement excessif, au-delà de 25-30% peut être préjudiciable pour le fonctionnement de l’AME (assemblage membrane- électrodes) dont les différentes couches seront fortement comprimées dans la pile en fonctionnement.
Perméabilité de la membrane, Pe
La perméabilité traduit le transport de gaz dans les canaux de la structure du polymère, notamment selon qu’il s’agisse d’une structure anisotrope comme pour le Nafion
®ou un peu plus isotrope comme pour d’autres polymères. Cette propriété peut être reliée au flux de transport du gaz à travers la membrane. Pour sa détermination, on utilise une cellule de mesure divisée en deux compartiments par l'échantillon de membrane à tester. Le compartiment amont contient le gaz dont la vitesse de passage doit être testée à une certaine pression, le compartiment aval étant maintenu sous vide. Le gaz diffuse alors à travers la membrane sous l'effet de la pression motrice. L'augmentation de la pression dans le compartiment aval permet de connaître, grâce à la loi des gaz parfaits, la quantité molaire de gaz ayant perméé, n
perméat. La perméabilité du gaz, Pe, peut alors être déterminée par :
(10)
perméaten mol . cm . cm
2. s
1. Pa
1P
. t . S
e .
Pe n
9 Avec e : l'épaisseur de la membrane en cm
S : la surface de la membrane en cm² t : le temps de la mesure en s
P : la différence de pression entre les deux compartiments en Pa
Pour une pile en fonctionnement, la perméation de l’hydrogène n'est pas nulle et doit être suivie. Cette perméation est appelée « fuel crossover », FCO, souvent exprimé comme la densité de courant (A.cm
-2) correspondant à la densité de flux de transport d’hydrogène d'un compartiment à l'autre selon la loi de Faraday :
(11) nF
e Pe P
FCO
où n est le nombre d’électrons impliqués pour la consommation du gaz, ici 2 pour l’hydrogène, et F est la constante de Faraday, F = 96485 C.
De même il est possible de définir un coefficient de diffusion global du gaz, D, dans la membrane en supposant la concentration nulle dans un des compartiments :
(12)
C Pe P
D
où C est la différence de concentration en gaz entre les deux compartiments.
Un « fuel crossover » de 1 mA.cm
-2, ordre de grandeur commun pour une membrane fluorée sulfonée de 25 µm d’épaisseur et à une pression en hydrogène d’un bar (l’autre compartiment étant exempt d’hydrogène) correspond à une perméabilité de ce gaz de 1,3.10
-16mol.cm.cm
-2.s
-1.Pa
-1. Le coefficient de diffusion global de l’hydrogène est à température ambiante, voisin de 0,3.10
-6cm².s
-1. En comparaison avec les valeurs du coefficient de diffusion de ce gaz libre (0,6 cm².s
-1dans l'air à température ambiante), on voit que la membrane s’oppose très fortement à la perméation des gaz, condition indispensable pour l’efficacité des piles à combustible.
Nota : Les coefficients de diffusion de l'oxygène et de l'azote représentent entre 10 et 40% du coefficient de l’hydrogène, la perméation de ces deux gaz à travers la membrane est donc nettement inférieure à celle de l’hydrogène.