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CR de C. Klippi, La Vie du langage, Lyon, ENS Editions, 2010

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Submitted on 17 May 2016

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CR de C. Klippi, La Vie du langage, Lyon, ENS Editions, 2010

Gabriel Bergounioux

To cite this version:

Gabriel Bergounioux. CR de C. Klippi, La Vie du langage, Lyon, ENS Editions, 2010 . 2012. �halshs-

01316744�

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3. Carita K

LIPPI

. — La Vie du langage, la linguistique dynamique en France de 1864 à 1916. Lyon, ENS Editions, 2010, 464 pages.

C. Klippi a entrepris de récapituler cinquante années de l’histoire de la linguistique en France en choisissant comme angle d’attaque les études qui se sont inspirées d’une métaphore, celle de la «∞∞vie du langage∞∞».

Afin d’établir les principes d’une analyse scientifique de la langue, dis-

tincte du commentaire des textes qui relève de la philologie, plusieurs savants

ont été enclins à privilégier au

XIXe

siècle une conception organiciste. Une

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telle approche permettait que le fonctionnement du système, son homéostasie et sa dynamique évolutive soient pris en compte au-delà des occurrences et des attestations. Qu’ils se revendiquent de P. Broca comme A. Hovelacque

— La Linguistique (1876) —, qu’ils soient romanistes comme A. Darmeste- ter — La Vie des mots (1887) — ou A. Dauzat — La vie du langage (1910)

—, ils prolongeaient une orientation emblématisée par La Vie du langage de Whitney (1875) et, avant lui, par les conceptions exposées par A. Schleicher dès 1863 dans Die Darwinsche Theorie und die Sprachwissenschaft.

Le point de départ chronologique correspond à l’attribution d’une charge d’enseignement (ultérieurement transformée en chaire) de grammaire com- parée des langues indo-européennes au Collège de France à Michel Bréal.

Le terminus ad quem coïncide avec la publication du Cours de linguistique générale de Saussure et les débuts du structuralisme. Saussure disparaît en 1913, Bréal en 1915 et le périodique qui représente, dans la grammaire his- torique, le courant «∞∞biologique∞∞», la Revue de Linguistique et de Philologie Comparée, cesse de paraître dans ces années-là.

Dans l’introduction, l’auteur précise sa méthode∞∞: interpréter «∞∞l’air du temps, l’épistèmè de l’époque∞∞» (p.∞∞22). Elle souhaite privilégier l’inter- textualité, autrement dit une interrogation conduite à partir de la confron- tation des documents, se démarquant ainsi d’une approche à caractère socio-historique qui rendrait compte du contenu des œuvres par leurs conditions de production. Elle se sépare également des recherches qui essaient de découvrir des précurseurs aux théories linguistiques contempo- raines. Refusant à parts égales les visées téléologiques et les considéra- tions historicistes, C. Klippi se revendique d’une «∞∞historiographie poly- phonique∞∞» qui se déploie en trois moments, «∞∞documentaire∞∞» quand il s’agit de réunir les données, «∞∞explicative∞∞» quand il faut en reconstituer la logique et «∞∞littéraire∞∞» quand vient le temps de rédiger les analyses. Le commencement du livre est l’occasion de procéder à une première recen- sion des sources.

À la fin du premier chapitre, tout entier consacré à une réflexion sur «∞∞la métaphore∞∞» et à son rôle dans l’explication, et afin de situer les unes par rapport aux autres différentes conceptions de la linguistique dans le pano- rama des sciences, six orientations sont proposées∞∞:

– le naturalisme (ou le physicalisme) qui adopte un point de vue réduction- niste,

– le psychologisme qui fait de la langue une propriété du locuteur, – le sociologisme qui l’assigne à la société,

– le conceptualisme (ou constructivisme), qui cherche à reconnaître des idées générales,

– le nominalisme, qui les conçoit comme de simples étiquettes, – le nihilisme, qui réfute toute définition d’objet.

La métaphore vitaliste tirant l’interprétation du langage vers le natura-

lisme, le second chapitre est consacré à dresser un panorama d’ensemble des

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progrès de la biologie au

XIXe

siècle qui passe d’une taxinomie de type linnéen à une conception évolutionniste.

Le troisième chapitre revient de façon approfondie sur l’œuvre d’August Schleicher, si fortement influencé par L’Origine des espèces de Ch. Darwin (1859), et sur la réception de ses théories à Paris. Les conclusions recoupent celles de La linguistique naturaliste en France (1996) de P. Desmet.

L’intrusion du nouveau paradigme est appréhendée dans le contexte des avancées scientifiques réalisées en linguistique depuis la fin du

XVIIIe

siècle jusqu’aux propositions des Junggrammatikers dans les années 1870.

C. Klippi souligne dans ce domaine l’importance nouvelle que prend la notion d’«∞∞organisme linguistique∞∞», avancée par Schleicher. L’image de la langue comme entité fonctionnelle rompait avec une conception externaliste qui raisonnait sur une différenciation en «∞∞espèces∞∞» comme on la rencontre chez W. von Humboldt par exemple.

L’évolution linguistique, dans la considération des effets de la diachronie, a été interprétée de façon contradictoire. Tantôt, les premiers états ont été conçus comme parfaits et le changement appréhendé en terme de dégénéres- cence, suivant un «∞∞primitivisme∞∞» d’inspiration romantique illustré par F. Schlegel∞∞; tantôt les transformations étaient censées traduire au contraire un progrès, une position partagée par Humboldt et J. Grimm. La position de Schleicher représente un compromis qui, à une histoire linéaire, péjorative ou méliorative, substitue une vision cyclique (chaque langue parcourrait une série d’états, progressifs puis régressifs, avant de donner naissance à une nouvelle langue ou de disparaître) et uniformitariste, dès lors qu’il considère que tout ce qui a pu intervenir dans la métamorphose et le vie des idiomes est encore observable dans l’état présent des langues.

La question de l’origine des langues devient d’autant plus centrale dans ce débat. Elle noue inextricablement la linguistique à l’anthropologie dans une filiation qui, en France, vient de Broca, soulevant des discussions pas- sionnées sur l’unicité ou la pluralité des lieux d’apparition de l’espèce humaine et sur la possibilité d’une définition scientifique des races. Les discussions sont impulsées par les partisans polygénistes de la Société d’An- thropologie de Paris, A. Hovelacque et L. Adam, contre leurs adversaires monogénistes de la Société d’Ethnographie. Dans ce débat, les positions de Victor Henry font l’objet d’un commentaire spécifique que prolonge une présentation d’ensemble des premières études sur les créoles et des observa- tions sur l’extinction des patois, deux illustrations symétriques concernant l’apparition et la disparition des langues.

Cet ouvrage apporte un éclairage utile et bien informé sur une époque

charnière où la linguistique, dont les principes s’étaient établis dans la com-

paraison des langues et la reconstruction historique, cherchait les moyens

théoriques de prendre son autonomie face à la philologie et à la diachronie,

avant que ses cadres théoriques ne soient transformés par l’avènement du

structuralisme. On complètera les données bibliographiques de l’auteur en

mentionnant The Discovery of language∞∞: linguistic science in the nineteenth

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century de Holger Pedersen (1924) et Pour un manuel de linguistique géné- rale d’A. Meillet, publié en 1995.

Gabriel B

ERGOUNIOUX

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