I.1 Introduction
Nous présentons dans ce chapitre une simple description botanique, physiologique et écologique des deux arbres étudiés. (Pistacia lentiscus L et Pistacia atlantica Desf) I.2 Description et taxonomie du genre Pistacia
Le genre Pistacia L. de la famille des Anacardiacées, regroupe un certain nombre d’espèces d’arbres ou d’arbustes à feuilles composées pennées, persistantes ou caduques et à folioles entières et glabres (Quezel et Santa, 1963).
I.3 Systématique
D’après Emberger (1960), Deysson (1979) et Spichiger et al. (2000), la classification botanique du genre Pistacia est comme suit:
• Embranchement : Spermaphytes.
• Sous-embranchement : Angiospermes.
• Classe : Dicotylédones.
• Sous classe : Dialypétales.
• Série : Disciflores.
• Ordre : Térébinthales.
• Famille : Anacardiacées.
• Sous famille : Rhoidées (Anacardiées).
• Genre : Pistacia
En Algérie, on retrouve 4 espèces de ce genre réparties comme suit :
Pistacia terebinthus L ou Thérébinthe nommé “Kiffan elbetoum”: fruits aigrelets comestibles.
Pistacia vera ou Pistachier (franc): est cultivée et parfois sub-spontanée (Quezel et Santa, 1963), porte greffe P.terebinthus.
Pistacia lentiscus L. ou Lentisque, nommé “Dherou” en arabe: fruits non comestibles, il est largement distribué dans le Tell, où on le trouve en association avec Pinus halepensis (Pin d’Alep) et le Quercus sp. (Chêne vert et chêne liège) participant ainsi à la strate arbustive de ces formations forestières dans le bassin de la Soummam et les zones semi-arides (Anonyme, 1965).
Pistacia atlantica Desf ou Atlantique, en association avec le Jujubier (Ziziphus lotus ; cedra en arabe local), famille des Rhamnacées, dans les régions semi-arides et arides, qui forme une brousse dégradée sous le pistachier de l'Atlas (Belhadj, 2003).
I.4 Notions sur les plantes étudiées
I.4.1 Caractéristiques botaniques du Pistacia atlantica Desf Nom commun: Pistachier.
Nom latin : Pistacia atlantica Desf, proche Pistacia vera, Pistacia chinensis.
Famille : Anacardiaceae.
Catégorie : arbre dioïque.
Port : arrondie à ramification étalée, jeune le rameau est rougeâtre.
Feuillage : caduc, composé, imparipenné; 3 à 5 folioles ovales-acuminées, tomenteux puis coriace à l'âge adulte.
Floraison : en été en panicule de petites fleurs apétales (1 à 3) et 1 à 5 sépales pollinisation effectuée par le vent. Fruits récoltés en septembre-octobre.
Couleur: vert brunâtre.
Croissance : lente et ne produit qu'à partir de 5 -7 ans.
Hauteur : 10 à 12 m.
Plantation : à l'automne ou au printemps.
Multiplication : par bouture.
Sol : tous mais bien drainé.
Emplacement : au soleil.
Pays d'origine: Méditerranée orientale (Crimée, Grèce et Turquie).
I.4.2 Description, taxonomie, répartition et écologie de P. atlantica
Le pistachier de l'Atlas (Pistacia atlantica Desf.); est une espèce arborée, appelée Elbetoum en arabe local (Bellakhdar, 1997), et Iggh, Eger, Iguer, Egegh ou Tisemlal en Berbère local (Blanguernon, 1955 ; Quézel et Médail, 2003). Le nom commun de cette espèce se rapporte aux montagnes d’Atlas où cette espèce se développe. Cet arbre est généralement connu comme pistache sauvage, faux pistachier. Arbuste de 3 à 5 m (Figure I.1), à rameaux rougeâtres et à odeur résineuse; feuilles composées imparipennées, à 5-7 folioles ovales- lancéolées, glabres, à rachis finement ailé (Figure I.3), inflorescences en grappes lâches ; fruits globuleux, petits rouge-brun, renfermant une graine verte. Les fruits sont appelés ElKhodiri ou Godeim par les populations locales, appellation due à la prédominance de la couleur verte foncée à maturité (Figure I.2).
Le Pistachier de l’Atlas est considéré comme un puisant astringent, cela est du à sa forte
teneur en
tanins. En
outre, son
écorce exsude
une oléo-
résine très
odorante
Figure I.1 : Arbre du Pistachier de l’Atlas
Photographie : S. Belhadj
Figure I.2 : Fruits du Pistachier de l’Atlas. Figure I.3 : Feuilles du Pistachier de l’Atlas.
I.4.3 Utilisations de l'arbre
Cet arbre peut présenter plusieurs Utilisation :
Utilisations Médicinales
Très utile comme Antiseptique, antifongique, et dans des maladies abdominales (Baba Aissa, 2000).
Utilisations nutritionnelle
Le fruit contient environ 55% d’huile de table (Daneshard et al, 1980).
Utilisations locales
Les fruits de cet arbre (El Khodirï) sont des drupes comestibles de la grosseur d'un pois, légèrement ovales et aplaties, utilisés à des fins culinaires et médicinales. Ils sont riches en huile dense très énergétique. L'huile est souvent mélangée aux dattes écrasées et peut être consommée à toute heure de la journée avec du petit lait. L'huile a un goût très proche de celui du beurre, elle est très appréciée dans les régions steppiques et de l’Atlas sahariens. Les graines sont séchées, écrasées ou moulues et ramassées avec de l'eau sucrée et consommées en boulettes ou bien séchées et croquées telles quelles comme des cacahuètes. L'écorce de l’arbre produit une résine-mastic qui exsude naturellement de façon abondante par temps chaud. Les populations locales s'en servent pour usage médical. Le suintement du tronc donne l'encre rouge des tolbas', il est utilisé, également, pour la tannerie des peaux. Jadis, l'arbre était abondant. L'arbre fournit un bois d'artisanat et toutes les espèces du Pistachier constituent un apport en fourrage considérable pour l'alimentation du bétail surtout en automne. Cette essence peut entrer dans le cadre de la lutte contre la désertification utilisée pour la fixation des dunes, comme brise vents (Belhadj, 2003).
I.4.4 Caractéristiques botaniques du Pistacia lentiscus L.
Nom commun : Lentisque, Pistachier lentisque, arbre à mastic, au Languedoc il est appelé Restincle, nommé par les anglophones 'Mastic tree' ou 'Lentisc'.
Nom latin : Pistacia lentiscus L., synonymes Pistacia gummifera Salisb., Pistacia masslilensis Mill., Lentiscus massiliensis (Mill.) Fourr., Lentiscus vulgaris Fourr.
Famille : Anacardiaceae.
Catégorie : arbuste dioïque thermophile à l'écorce lisse et grise.
Port : buissonnant, arrondi lorsqu'il est jeune.
Feuillage : persistant, vert franc pouvant virer légèrement au rouge. Feuilles composées, alternes pourvues d'un pétiole ailé, paripennées à 4-10 petites folioles.
Floraison : fin du printemps.
Couleur des fleurs : rouge (mâle) ou brun-vert.
Fruits : petites drupes contenant une graine qui est comestible.
Croissance : lente.
Hauteur : 1-3 m.
Plantation : printemps.
Multiplication : semis au printemps, bouture en été.
Sol : drainé, même sec. Parfaitement adapté au vent, aux embruns et à la sécheresse.
Emplacement : soleil, mi-ombre, lui réserver les emplacements les plus chaud et lumineux.
Origine : pourtour méditerranéen, Corse incluse, le long du littoral sur une bande assez étroite dans les stations chaudes en garrigue et dans le maquis, souvent en union avec le térébinthe qui a tendance à le remplacer dans les zones ombragées ou plus froides.
I.4.5 Description, taxonomie, répartition et écologie de P. lentiscus
Pistacia lentiscus (Pistachier Lentisque), nommé “Dherou” en arabe. Petit arbre ou arbuste se présente sous la forme d'un arbrisseau (aromatique) à odeur de résine qui dépasse rarement les deux à trois mètres de hauteur. Les feuilles sont persistantes, composées, toujours
paripennées, coriaces, obtuses, à pétiole étroitement ailé (Evreïnoff, 1955). Les feuilles possèdent un nombre pair de folioles (4 à 10) d'un vert sombre, sont oblongues ou oblongues- lancéolées, 1.5-3.5 x 0.6- 1.5cm (Figure I.4), obtuses, elliptiques, luisantes en dessus et glabres (Yaltirik, 1967). On trouve des pieds mâles et femelles distincts (espèce dioïque) qui fleurissent en grappes denses et Les pieds femelles produisent de petits fruits (2 à 3 mm) légèrement charnus, les fruits sont subglobuleux, rouges puis noirs à maturité (Figure I.5). Cet arbuste est l’un des plus typiques de la région méditerranéenne (en France particulièrement en
comme porte-greffe plus rarement que le térébinthe ; il l’est au contraire de préférence en Afrique du Nord (Evreïnoff, 1955).
Si l'on incise le tronc de ce végétal, il s'en écoule un suc résineux nommé mastic qui, une fois distillé, fournit une essence employée en parfumerie.
Le Lentisque est souvent porteur d'une galle en forme de “banane“ de couleur rosée à rougeâtre.
Figure I.4 : Feuilles du Pistachier lentisque. Figure I.5 : Fruits du Pistachier lentisque.
I.4.6 Propriétés et utilisations :
Le bois du Pistachier lentisque est utilisé en ébénisterie. Des branches et du tronc exsude naturellement ou par incision une résine jaune claire fortement aromatique qui durcit au contact de l'air qui est appelée mastic ou gomme-mastic d'où son nom commun d'arbre à mastic, généralement la production est d'environ 4 à 5 kilos par arbuste.
Le plus recherché est le mastic de Chio (île de la mer Egée) qui depuis des siècles et ce de nos jours encore en est le grand producteur (au sud de cette l'île où naquit et grandit Homère, aujourd'hui il existe de vastes plantatations dans la région d'Emporio et Mesta, qui est d'ailleurs appelée "mastihohoria" qui se traduit par villages à mastic) et durant plus de deux siècles (16 et 17 ème) sa commercialisation fut le monopole des génois.
Il est utilisé en pâtisserie où il rentre en petite quantité dans la confection de certains gâteaux et d'eau de vie tel l'ouzo et le raki turque.
De ce mastic après distillation est récupérée une essence qui entre dans la confection de parfums, produits cosmétologiques et pharmaceutiques, de vernis de grande qualité recherché par les peintres œuvrant à la peinture à l'huile et aussi dans l'industrie photographique.
Il entrait dans la confection d'eau-de-vie et de liqueurs, aromatiser certaines confitures, confectionner des pâte ou des gommes à mâcher parfumées ou pastilles qui furent les douceurs favoritent des sultans de l'empire ottoman et des femmes du Moyen-orient, cette pâte à mâcher au parfum subtil était aussi consommée telle que car elle avait entre autre la propriété de purifier l'haleine, blanchir les dents et traiter les problèmes de gencivites.
Depuis la plus haute antiquité le Mastic de Chio était réputé dans toute la méditerranée orientale pour traiter les affections pulmonaires.
Des feuilles et des rameaux est extraite une huile essentielle qui est utilisée en aromathérapie et phytothérapie pour ses propriétés décongestionnantes, prescrite aussi pour traiter les problèmes veineux dont les hémorroïdes.
De son petite amande mais comestible est extraite une huile qui autrefois était couramment utilisée pour l'alimentation, l'éclairage et elle entrait aussi dans la confection de savons.
