• Aucun résultat trouvé

Voyages dans les Alpes de la Savoie et les autres parties de la chaîne Pennine, avec des observations sur les phénomènes que présentent les glaciers

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Voyages dans les Alpes de la Savoie et les autres parties de la chaîne Pennine, avec des observations sur les phénomènes que présentent les glaciers"

Copied!
48
0
0

Texte intégral

(1)

TRAVELS THROUGH THE ALPS OF SAVOY,

e t c.

V O Y A G E S

DANS LES ALPES DE LA SAVOIE

E T

LES AUTRES PARTIES DE LA CHAINE PENNINE,

AVEC DES O BSERVATIO N S SUR L E S PH ÉN O M ÈN ES QUE P R É SE N T E N T LES G L A C IE R S ,

P A H

d ite de (a 2&iß{wtl\i:<]uc /X3iiivetJef£e de Ç c iiiv o . (Mars 1844.)

T

A i

q s î

Ja m es-D . FO R B E S,

P î o f c i s e u r tic P h y s i q u e à l ’U n iv e rs ité d 'E d i m b o u r g , e tc . etc .

(2)

.

y n v / r : l ù

: ' ' ' •

L î i à V : ' 9 À.1r,%4 i d A F t iiu W t t*.1 ?^4. *V. >tv*t‘ - --Y • .1 : ■ ■--•# « »i3-‘ •

v.;.- ••■<• • f T r iv • ■ . ' ; • • - . ìi’i d / .> ■ >

: .-iP.ii.ì;.» r.*ï m i - ,v. :: . ; i .•«?-, * . > • u • i .

P3Y:v.?xjy;.*Avi ?.ï,a ;v.u: v . z e v u : n

. •. ' V d H ' Ù V ’ V - :

(3)

L’ouvrage dont j e viens rendre c o m p te dans ce recueil me semble présenter de 1 intérêt sous plusieurs rapports, et il en a particulièrement pour n ou s, à cause du voisinage o ù se trouve Genève de la région qui en fait le principal ob jet. Q uoiq ue le nombre des voyageurs qui visitent en été la vallée de Cha- mounix, les montagnes et les glaciers qui l’en v ir o n n e n t, c o n ­ tinue à être très-considérable, il y a longtemps q u ’il n ’a paru d e voyage scientifique dans celte con tré e, si remarquable par les phénomènes qu’elle présente. La plupart des touristes se bornent à un cou p d ’œil superficiel de simple curiosité, cl quel­ ques-uns à un h om m age sincère d ’admiration. Des littérateurs et des artistes ont continué, il est vrai, à faire ressortir, par de pittoresques descriptions, tout c e que cette nature alpestre pré­ sente de charmes et de beautés. Un petit nombre de savants ont f a i t , dans cette région , des observations sur divers points spéciaux ou sur quelques branches particulières. Mais per­ sonne, à ma connaissance, n ’avait en cor e entrepris un ouvrage qui fit suite en quelque sorte aux V o y a g e s d ans les A lp e s de

(4)

notre illustre compatriote de Saussure Ce physicien et natu­ raliste si distingué avait embrassé un champ très-étendu dans ses recherches, et n'avait pu, par con séqu en t, les pousser t o u ­ tes également loin. Ainsi, quoiqu’il se soit o cc u p é des glaciers, il a laissé en core sur c e sujet beaucoup à faire à ses su c c e s­ seurs. D'habiles ingénieurs et naturalistes suisses, MM. V enclz , Hugi, de Charpentier et Agassiz, se s o n t , dans ces derniers temps, su ccessivem ent occupés de ce sujet dans les Alpes h e l ­ vétiques. On doit en particulier à Mr. Agassiz un ouvrage in­ téressant ( E ludes su r les g la c ie r s ) , accom pagn é d’un allas de belles planches, et plusieurs mémoires scientifiques. C’est avec lui que Mr. Forbes a fait, en 1 8 i l , sa première campagne sur les g la c ie r s, en séjournant pendant quelque temps sur le g la ­ cier inférieur de l’Aar; cl il a fait à la même é p o q u e , avec Mr. Agassiz, une ascension sur la cime de la Jungfrau, dont Mr. Desor a rendu com p te dans la B ib l. U niv. (tom e XXXVI, no v. 1 8 1 1 ) . Mr. Forbes a publié, à la suite de ses premières observations , un petit m ém oire sur la structure rubanée des g la c ier s, dans VE d in b u r g h p h ilo s o p h ic a l J o u r n a l de janvier 1 8 12, dont un extrait a été donné dans le cahier de juin 1 8 4 2 de la B ib l. U niv. ; il a inséré dans Y E d in b u r g h R e v ie w d ’avril 1 8 4 2 , un article plus étendu et fort intéressant sur les g la ­ ciers, dont il a paru une traduction française dans les cahiers d ’octob . et de n o v e m b . 1 8 4 2 des A n n a le s de. c h im ie el d e p h y ­

s iq u e . Les environs du Mont-Blanc n’avaient pas été encore ex­

plorés de nouveau, sous le rapport des glaciers, avec le même soin que les Alpes suisses ; et Mr. Forbes lu i-m ê m e ne les avait en cor e visités que passagèrement. C’est dans l’été de 1 8 4 2 q u ’il est venu y faire un assez long séjour et diverses excursio ns, pour y étudie r ce sujet d ’une manière a p profon die, cl y lever

1 Les Etudes g éo lo g iq u es dans les Alpes, p a r Mr. l e p r o f e s s e u r Louis N e c k e r , petit-fils de de S a u s s u r e , so n t u n o u v r a g e qui p o u r r a it ê tr e un p e u du m ê m e g e n r e : mais l’a u t e u r n’en a e n c o r e p u b lié q u e le p r e m i e r v o lu m e , p rin cip ale m e n t r e l a t i f a u x e n v ir o n s de G e n è v e .

(5)

une carie lopographique de la Mer de Glace. Il a adressé à celle é p o q u e , sur ses observations relatives aux glaciers, quatre lettres à Mr. le professeur Jam eson, insérées dans Y E d . p l i i l .

J o itr n ., et dont Mr. le prof. Macaire a d o nn é la traduction

française, a ccom pagn ée de quelques remarques, dans le cahier de d écem bre 1 8 1 2 de la B ib i. U niv. Il a publié ensuite à Edim­ b ourg, en juillet 1 8 4 3 , l’ouvrage actuel, dont j e me trouve

appelé à faire l ’a n a ly se , q u oiq u ’il soit relatif à un sujet assez nouveau pour moi. J ’ai eu l’avantage d ’entendre Mr. Forbes exposer lui-méme de vive voix les principaux résultats de ses observations à son retour de Chamounix, dans une séance de la S ocié té de physique et d ’Hisloirc naturelle de Genève, qui le com pte depuis longtemps au nombre de ses mem bres h o n o ­ raires. Il a bien voulu me fournir aussi quelques renseigne­ ments sur ses observations ultérieures relatives aux g la c ie r s , dans un nouveau voyage qu’il a fait en Suisse et à Chamounix vers la fin de l’été dernier.

Le premier chapitre de l’ouvrage renferme une sorte d ’i n ­ troduction sur les voyages et les voyageurs dans les Alpes. J’aimerais en citer plusieurs morceaux qui me semblent aussi bien exprimés que bien pensés, soit sur les travaux de de S aus­ sure, auxquels Mr. Forbes rend un juste h om m age, soit sur le charme que présentent les voyages dans les Alpes : mais j e ne crois pas pouvoir m'y arrêter. Le chapitre se con d renferme un exposé générai de ce qui constitue les glaciers, et des prin­ cipales théories présentées jusqu'à présent pour l ’explication de leurs m ouvements. L’auteur continue le sujet dans le chapitre suivant, où il traite spécialement de 1 action g é o lo g iq u e des glaciers. Il y adopte l'opinion de MM. Venetz, de Charpentier et Agassiz, que les glaciers ont été anciennement b eaucoup plus étendus q u ’ils ne le sont maintenant, et que c ’est à leur action qu’on doit attribuer les roches polies et striées q u ’on trouve en grand nombre dans les Alpes, ainsi q u ’unc grande partie des dépôts p i e r r e u x , et en particulier les blocs erratiq ues, q u ’on

(6)

rencontre au d é b o u c h é des principales vallées qui partent des glaciers. Ces deux chapitres sont en partie tirés de l’article de l ’auteur, inséré dans Y E d in b u r g h R e v ie w , que j ’ai cité plus haut. Les chapitres 4 et 5 renferment une description détaillée de la Mer de Glace, depuis la vallée de C h a m o u n ix , où elle aboutit, jusqu’aux glaciers du Géant, d e L é c h a u d et de Talèfre ses tribu­ taires. Le chapitre suivant est consacré à l’exposition des o p é ­ rations trigonom élriques exécutées par l’auteur pour la c o n ­ struction de sa carte topographique de la Mer de Glace. Je m ’v arrêterai quelques instants.

L’instrument avec lequel Mr. Forbes a effectué sa triangula­ tion, est une espèce de théodolite, ou de petit cercle de hauteur et d’azimut, dit de Kater, construit pour l’auteur par Robinson. Il se com p ose d ’un cercle horizontal et d ’un cercle v er tica l, chacun de 4 1 / 2 pouces de diamètre, le premier muni de trois verniers et le se con d de deux. Le cercle horizontal est plus soig né dans son exécution que le v er tica l, et les lectures y sont plus précises. L’instrument porte deux lunettes, dont une fait fonction de lunette de sûreté ; l'autre, destinée aux ob ser­ vations, est pourvue d'un oculaire prismatique, cl a à son foyer cinq fds verticaux et un fil horizontal. Un bon niveau est fixé à l ’instrument, qui repose sur un trépied portatif fort solide.

La base, qui a servi de fondement à la triangulation, a été mesurée par Mr. Forbes dans la vallée de Chamounix, vis-à-vis le glacier des Bois qui forme l ’extrémité inférieure de la Mer de Glace, sur la ro u le située entre les hameaux des Praz et des ’fines. Sa longueur, mesurée deux fois le 1 4 et le 2 3 septem ­ bre, avec une chaîne de fer de dix mètres, com parée avec une échelle en tissu d ’acier de T r o u g h lo n , a été trouvée d ’environ 2 9 9 3 pieds anglais.

11 a été impossible, à cause de la forme et de la pente de la Mer de Glace, d'établir vers ses bords des triangles aussi bien conditionnés q u ’on aurait pu le désirer : mais Mr.Forbes a ch e r ­ ché à y suppléer en mesurant, autant que possible, les trois an­

(7)

gles de chaque triangle ; et leur som m e a rarement différé d ’une minute de 1 8 0 ° , malgré la grande inclinaison qu’ont eue souvent les rayons visuels. Il est arrivé ainsi, au m oyen de sept triangles, depuis la vallée de Chamounix jusq ue vers le haut du glacier de Léch aud , en une station distante d elà base d ’environ 2 8 6 0 0 pieds.

Mr. Forbes a observé avec s o i n , outre les angles h o r iz o n ­ taux, les angles de hauteur ou de dépression des diverses sta­ tions les unes relativement aux a u tres, en les rapportant au niveau du Monlanvert. Il a trouvé la hauteur du sol du pavillon du M onla nvert, au moyen de 2 7 observations barométriques qu’il y a faites, comparées à celles de G e n è v e , de 6 3 0 0 pieds anglais au-dessus du niveau de la mer. La base de sa triangu­ lation était plus basse que le Monlanvert d ’environ 2 7 5 0 pieds, et la dernière station , au baut du glacier de L é c h a u d , était plus élevée que le Monlanvert de 1 6 2 3 pieds ; ce qui fait 4 3 7 3 pieds de différence de niveau, entre le point de départ et l’e x ­ trémité supérieure de la triangulation.

Mr. Forbes évalue, d ’après scs mesures , la pente m oyenne du glacier des Bois, depuis la source de l’Arveiron j u sq u ’à la hauteur du Chapeau, à environ 2 0 ° 4 2 ' . De là, jusq u’à la station la plus é l e v é e , la pente de la Mer de Glace n ’est plus que de 4 à 5 ° , sauf un peu au-dessus du Chapeau où elle est encore de 1 2 ° ; celle du glacier du Géant est d ’environ 8° 3 / 4 . La longueur entière de la Mer de Glace, jusqu’au haut de c e der­ nier glacier, est de 4 7 9 2 0 pieds, avec une différence de niveau de 7 4 8 4 p ied s: c e qui correspond à une pente m oyenne de 8 ° 5 2 ' 3 6 " , avec des parties fort escarpées vers le bas et vers le haut.

Comme Mr. Forbes n ’avait, dans sa triangulation, que n e u f hauteurs de stations rapportées au Monlanvert à obtenir, et qu’il avait mesuré entre chaque station 21 angles de hauteur ou de d épressio n, dont 14 sont d o u b le s, ou ont été mesurés de chacune des deux stations auxquelles ils se rapportent, cela.

(8)

lui a permis de calculer, par la m éthode des moindres carrés, la valeur la plus probable de ces 9 in c o n n u e s , au moyen des 21 équations de condition qu’il a pu former. Il en est résulté, pour chaque hauteur, des valeurs calculées, qui ne diffèrent que d ’un très-petit nombre de pieds, et dans trois cas d ’un dixième de pied seule m ent, des valeurs obtenues par l ’observation im ­ médiate, ce qui constitue un accord très-satisfaisant.

Les côtés de la triangulation p récéd en te ont servi de bases pour mesurer la hauteur des montagnes adjacentes et des sta­ tions subsidiaires. Celles-ci ont été prises, soit pour déterminer le mouvement du g la c ie r , soit pour former une triangulation du second ordre, destinée à compléter la détermination de la position des points compris dans la carte. Ces dernières o p é ­ rations ont été exécu tées soit avec le théodolite, soit avec une petite boussole à la Kaler, dont Mr. Forbes a trouvé l’emploi trè s-c om m od e et avantageux dans les localités de ce gen re. Le froid prématuré qui a eu lieu au mois de septembre 1 8 é 2 , ne lui a pas permis de com pléter, com m e il l'aurait désiré j la t o ­ pographie de la partie supérieure du glacier du Géant.

La carte de la Mer de Glace, qui est le résultat final des o p é ­ rations trigonométriques, des levers et des dessins topographi­ ques de Mr. F o r b e s , a été construite par lui à l’échelle d ’un 2 5 0 0 0 e, et orientée par la boussole, en admettant en c e lieu une déclinaison de l’aiguille aimantée de 1 9 ° , qui est, à très-peu d e ch ose près, celle qui a été déterminée à Genève vers la môme ép oq u e par Mr. le prof. Planiamone, avec un grand m a g n é to - mètre d e Meyerstein de Gœllingue. La carte embrasse la partie de la vallée de Chamounix comprise entre le Prieuré et le bas du glacier des B ois, ainsi que les montagnes adjacentes à la Mer de Glace, savoir : la cime du Mont-Blanc, ses flancs et scs ai­ guilles orientales, ainsi que les autres aiguilles situées au fond et de chaque cô t é de la Mer de Glace, avec les glaciers qui en d esc en d e n t* .

(9)

Le résultat des opérations de Mr. Forbes lui a donné les liait leurs suivantes, pour quelques-unes de ces sommités 1 :

H a u te u r s a u - d e s s u s d e la ir e r e n p ie d s a n g la is . Grande-Jorasse... 1 3 4 9 6 Aiguille V e r te ... ... 1 3 4 3 2 Aiguille du Géant... 1 3 0 9 9 Mont-Mallet... 1 3 0 6 8 Petite-,lorasse... 1 2 2 4 6 Aiguille du Dru, n° 1 (visible du Montanverl). . . 1 2 1 7 8

» n° 2 (invis. depuis le Montanverl). 1 2 2 4 5 Tours des Courtes...1 2 1 1 9 Aiguille du Moine...1 1 1 0 9 Mont Tacul ( c i m e o r i e n t a l e ) . ... .... 1 1 0 0 2 Aiguille de Charm oz... 1 0 9 4 4

Aiguille de Léch aud ...1 0 9 1 4

Jardin (poin t le plus é l é v é ) ... 9 8 9 3 Croix de F lé g è r e ... 6 1 8 8 2

La hauteur ci-dessus de l’aiguille du Géant est plus petite de 7 7 6 pieds que celle qui avait été adoptée par de Saussure ; et celle de la Grande-Jorasse est plus grande de 3 0 3 pieds que celle que Pic tel avait déterminée. Au reste, Mr. Forbes est loin de présenter co m m e parfaitement exactes les valeurs q u ’il a obtenues (q u oiq u ’il ait vérifié avec un soin particulier les deux q u e j e viens de citer). 11 regarde, par exem ple , com m e possi­ ble que le Mont Mallet, situé entre la Grande-Jorasse cl l’aiguille du Géant, soit aussi élevé que c e lle dernière.

Wild de Z u ric h , u n e c a r t e to p o g r a p h i q u e du g l a c i e r de l’Aar, construite- a l’é c h e l l e du dix -millième, et qui e st d’u n e t r è s - b e l l e e x é c u ti o n . Elle fe ra partie d’un n o u v e l o u v r a g e s u r les g l a c i e r s , qui doit ê t r e p ublié par Mr. Agassiz. (V oyez D ibl. Unii’., m ai 1843, p. 131.)

1 Ces m e s u r e s et l e s s u i v a n te s so n t e x p r im é e s en pieds a n g la i s , qui sont l e s 15/16 du pied fra n ç a is , et c o r r e s p o n d e n t en m è t r e s à 0 m,30 Î79.. Le pied su iss e (de 0"',3) est b ien p r è s d’ê tr e é g a l a u pied a n g la i s .

2 Mr. F o r b e s é v a l u e , d’a p r è s les i n g é n i e u r s f r a n ç a is , la h a u t e u r du Mont-Blanc à 15744 pieds a n g l . , et c e l l e d e C h n m o u n i x , p a r la m o y e n n e de d iv ers es d é te rm in a tio n s, à 3425 pieds.

(10)

La position géo graphiq ue de la co n trée comprise dans la carte de Mr. Forbes peut être déduite avec exactitude de celle de la cim e du Mont-B lanc, telle q u ’elle a été déterminée par les ingénieurs français. Sa latitude, d ’après la Table des p o ­ sitions géographiq ues de la C o n n a issa n ce d es T em ps pour 1 8 4 6 ,

est d e . ... . 4 5 " 4 9 ' 5 8 " Sa longitude à l’est de Paris, d e ... 4 ° 3 1 ' 3 0 "

Et sa hauteur au-dessus de la mer de 4 8 1 1 mètres.

Mr. Forbes a déterminé lui-méme, en 1 8 3 2 , avec son théo­ dolite, et un chronom ètre com paré à la pendule de l’Observa­ toire de G e n è v e , la position suivante p our le Prieuré de Cha- m o u n i x 1:

Lat. 4 5 ° 5 5 ' 5 4 " ; long, à l’E. de Paris 4 ° 3 0 ' 5 1 " . Le chapitre 7 de son ouvrage com prend l’exposé de ses ex­ périences sur le m o uvem ent de la Mer de Glace. C’était un des points les plus importants pour lui à déterminer avec pré­ cision. A ussi, dès les premiers jours de son séjour dans le pa­ villon du M ontanvert, où il arriva le 2 4 juin 1 8 4 2 , il c o m ­ mença des observations de ce g e n r e , en perçant un trou verti­ cal d ’environ deux pieds dans la g la c e, vers le bord de la par­ tie de la Mer de Glace située près d ’un p rom ontoire de rocher dit de V A n g le , un peu au-dessus du Montanvert. 11 établit en ­ suite son théodolite sur la verticale du centre de ce trou, et après l’avoir n i v e l é , il en dirigea la lunette sur la face verti­ cale du r o c a d ja c en t, pour déterminer la hauteur relative de la surface du glacier, ainsi que la partie du bord fixe à laquelle correspondait alors le trou p ercé. Afin que celte observation donnât aussi exactem ent que possible le mouvement de la glace dans le sens de la longueur du glacier, la lunette était d ’abord dirigée sur un point fixe éloigné qui fût à peu près dans la di­ rection de la pen te du glacier ; puis on la p la ç a it , au moyen du ce rcle azimutal, exactement à angle droit de cette

(11)

lion, de manière à pointer sur le roc vif des bords du glac ier . L’aide de Mr. F o r b e s , Auguste B alm at, stationnait là avec un m orceau de papier blanc q u ’il remuait, d ’après les indications de Mr. Forbes, jusqu'à ce que le bord vertical du papier co ïn ­ cidât exactem ent avec le fil vertical de la lunette. La position du papier était alors marquée sur la pierre avec un crayon, et les lignes su ccessives ainsi tracées étaient soigneusement mesurées de jou r en j o u r avec l’échelle de T r o u g h to n . Des marques correspondantes à ces lignes étaient taillées dans le r o c et pein ­ tes en rou ge à l’huile, avec la date de chaque observation. Mr. Forbes croit que ces marques pourront se conserver p e n ­ dant plusieurs années. Cette première station sur la g lac e était distante du roc de 2 5 0 pieds ; en répétant souvent l ’ob ser­ vation, il a trouvé q u ’on pouvait com pter sur son exactitude à environ un quart ou un tiers de p o u c e près.

On pourrait c r o i r e , au premier co u p d ’œ il, que des trous verticaux ainsi pratiqués dans la g la c e, doivent très-vile s ’alté­ rer et se déform er, par l’effet de la fonte de la glace et de la filtration journalière de l’e a u , et qu’ils ne présentent pas la permanence convenable pour des observations suivies. Mais Mr. Forbes constata promptement que de tels trous étaient réellement de bons points de r e p è r e , plus permanents q uel­ quefois que de grands blocs de pierre reposant sur la g la c e, ces derniers étant susceptibles de ch anger à la lon gue de posi­ tion relative sur le glacier, par la fonte graduelle de la glace qui les entoure. Cette fonte fait paraître peu à peu ces blocs co m m e élevés sur un piédestal de g la c e , et occasion ne ensuite leur ch ute dans quelque crevasse, ainsi que Mr. Forbes l’a v é ­ rifié pour une én orm e masse de ce g e n r e , en forme de table, située au bas du glacier de Talèlr e, et q u ’il a représentée dans une planche placée en téle de son ouvrage.

Il y aurait eu en core une troisième c o o r d o n n n é e à déterm i­ ner f ré q u em m e n t, savoir la distance com prise entre la station sur la glace et le bord du gla cier, pour constater s’il y a aussi

(12)

des changements dans ce sens. Mr. Forbes n'a pas trouvé de- moyen prompt et exact de s’en assurer, mais il croit q u e , dans la plupart des cas, il n ’y a pas d éraison d e douter que le m o u ­ vement de la gla ce est sensiblement parallèle à la longueur du glacier. La direction de ce m ouvement est indiquée par celle des moraines sur le glacier, et c ’est celle q u ’il a suivie quand il l’a trouvée bien marquée.

Dès le 2 7 juin , Mr. Forbes vérifia que sa station sur la glace s’était avancée de 1 6 -j pouces en 2 6 heures, du côté du bas- du glacier. Le 2 8 , il trouva une avance de 1 7 , 4 p. en 2 5 ^ heures. Il constata que le mouvement avait été de 8 pouces en 1 2 heures dans la nuit du 2 8 au 2 9 , tandis q u ’il avait été de 9 2 pouces dans les 1 2 heures de la journée du 2 8 . Il d é ­ termina dans la m êm e journée une avance sensible du glacier, au bout d ’un intervalle d ’une heure et un quart seulement. La- continuité du m ouvement était ainsi indubitable, et son augm en­ tation paraissait corresp ondre à l’accroissement de la chaleur, c e qui a été confirmé par les observations subsé quentes; ces ré­ sultats étaient d ’autant plus intéressants, que la station ch o isie sur la glace était fortement crevassée, et que, malgré cette dis­ lo cation, le mouvement était régulier et continu. ,

Dans la dernière semaine de juin , où le temps fut très-favo­ rable, et où Mr. Forbes passa journellement de 12 à 14 heures sur le glacier, il perça deux nouveaux trous dans la g la c e, un- peu au-d essous du Montanvert, l’un près du bord du glacier, l ’autre près du centre. Le mouvement en 2 4 heures du pre­ mier fut de 1 7 ~2 p o u c e s , celui du second de 2 7 , 1 p. : c e qur

prouvait que, contrairement à l’opinion assez générale m ent re­ çue j u sq u ’a lo r s , le mouvement du glacier, analogue à celui d ’une rivière, était plus rapide vers son centre que vers ses bords, l’effet du frottement étant plus sensible en ces derniers points.

Mr. Forbes a étendu scs observations, soit sur d ’autres points de la même section de la Mer de Glace, soit sur des points

(13)

plus-élevés, en procédant de diverses manières suivant les localités. Il a vérifié que vers le bas des glaciers de Lécliaud et de Ta - lèfre, le mouvement de la glace en 2 4 heures n ’était à la même é p o q u e que de 1 0 4 pouces. Vers la fin de juillet, il a ét a ­ bli deux points de mire vers le haut du glacier de Lécliaud, et a ob tenu en c e lte station un mouvement en 2 4 heures de 11 à 1 4 p o u c es vers le bord du glacier, et de I 3 à 1 6 4 vers son ce ntre. Les observations de ce gen re ont été continuées depuis le milieu jusque vers la fin de septembre. Il y a eu alors, p en ­ dant quelques j o u r s , un notable refroidissement, qui a o c c a ­ sionné une diminution sensible dans le mouvement du g l a ­ cier. Il n ’était plus en 2 4 heures que de 11 pouces à la p re­ mière station de V A n g l e , de 1 3 à celle a u - d e s s o u s , vers le b o rd , de 2 0 vers le centre. On n ’a pas pu, à cause de la neige, mesurer fréquemment le mouvement de la glace dans les sta­ tions supérieures : mais on avait constaté auparavant q u ’il avait déjà un peu diminué avec l’abaissement de la température. Le temps s’étant radouci dans les derniers jours de se p t e m b r e , le m ouvem ent s’est accru de nouveau dans les stations où l’on a pu le mesurer, et il a été en c o r e , du 2 6 au 2 8 septem bre, de plus de 2 5 pouces en 2 4 heures au milieu du gla cier, dans la section située au-dessous du Monlanverl.

Le mouvement des parties élevées de la Mer de Glace est plus lent que celui de la plus basse, mais le mouvement de la région m oyenne est moins rapide que celui des deux autres. Mr. Forbes attribue c e dernier fait à la plus grande largeur de cette région m oyenne et à ce q u ’elle se termine par une issue assez étroite. Ce ralentissement peut tenir aussi à la diminution de la pente.

Auguste Balmal a con tin u é, pendant l’hiver et le printemps d e 1 8 4 3 , à faire de temps en temps des observations sur le m ou­ vement de la Mer de Glace, en suivant les progrès d ’un grand b loc de pierre placé sur la glace au -d essou s du Montanvert.

(14)

vi-tesse moyenne en 2 4 heures, en pouces anglais, de . . 1 5 , 8 ou à peu près la mêm e q u ’en été .

Du 1 2 décem bre 1 8 4 2 au 17 février 1 8 4 3 , elle n ’a plus été en moyenne que d e ...1 3 , 6

Du 1 7 février au 4 avril, elle a été d e ...1 7 , 2 Du 4 avril au 8 juin d e ... 1 6 , 3 Ce blo c est tom bé dès lors dans l’espèce de précipice situé vers le bas du gla cier, et n ’a plus pu servir à la continuation des observations.

D’après l'ensemble de ces o b servation s, Mr. Forbes évalue le mouvement total de la partie latérale de la Mer de Glace au Monlanverl, du 2 9 juin 1 8 4 2 au 8 juin 1 8 4 3 , c ’e s t- à -d ir e en 3 2 2 j o u r s , à 4 3 2 pieds anglais, ce qui correspondrait pour l ’année à près de 4 9 0 pieds.

Il a constaté lui-méme que la grande pierre plate située au bas du glacier de T alèfre, dont j ’ai parlé plus h a u t , avait par­ couru du 2 7 juin 1 8 4 2 au 12 septembre 1 8 4 3 , soit en 4 4 2 jo u r s, un espace de 3 2 0 pieds, c e qui corresp ond à 2 6 4 pieds en 3 6 5 jours et à 8 , 7 pouces par jou r : valeur qui ne diffère pas beaucoup du m ouvement de la glace dans la saison chaude sur cette partie du glacier '.

Je n ’ai parlé jusqu’à présent que des mesures relatives au mouvement du glacier dans le sens de sa longueur. Mr. Forbes

• 1 Mr. F o r b e s r a c o n t e dans l e c h a p i t re V de so n o u v r a g e (p. 86), que Jo s ep h -M arie Coutet lui m o n tr a , en 1832, s u r la M e r de G la ce , vis-à-vis d es Moulins, ou c h u te s d’e a u , situ ée s e n t r e T r é l a p o r t e cl l e C o u v e r c l e , q u e lq u e s f r a g m e n ts de b o i s , qu ’il lui a s s u r a p r o v e n ir de l ’é c h e ll e dont de S a u s s u r e avait fait u s a g e 44 a n s a u p a r a v a n t , p e n d an t so n s é j o u r a u c o l du G éan t. Après e x a m e n , il est disposé à r e g a r d e r c e fait c o m m e e x a c t, et à a d m e t tr e q u e c e tte é c h e l l e est d e s c e n d u e , e n tr e 1788 et 183 2 , de l ’Aiguille de l a N oire au point en question, o ù e ll e r e p a r u t à c e lle d e r ­ n i è r e é p o q u e. En a d o p ta n t 16500 pieds p o u r la d istance i n te r m é d i a i r e , y c o m p ris l e s si n u o sités du g l a c i e r , c e l a d o n n e r a i t 375 pieds p o u r le m o y e n m o u v e m e n t an n u el de c e tte p artie du g l a c i e r dans c e t in te r v a l l e . C’e st v e r s la r é g i o n où ont é té t r o u v é s c e s d é b ris de b o is q u e l e g l a c i e r est le plus profond, et les g u id es ont dit à Mr. F o rb e s y a v o ir so n d é un m ou lin de plus de 350 pieds de p rofondeur.

(15)

a constaté aussi un abaissement (le niveau très-sensible, qui s’est effectué à la surface de la Mer de Glace dans le couvant de l'été. Cet abaissement a été de 2 4 ^ pieds du 3 0 juin au 1 6 se p tem b r e, à raison d'environ 4 pouces par jour vers la première é p o q u e , et de 2 î, vers la dernière.

Le chapitre huitième de l’ouvrage de Mr. Forbes est relatif à la structure de la glace des glaciers, et de la Mer de Glace en particulier. L’existence de bandes ou veines de g la c e alterna­ tivement blanche et b leue, dans les glaciers, d ont les premières sont formées de glace plus p oreu se et plus m élangée de sable et de bulles d ’air que les autres, avait été déjà rem arquée, à ce q u ’il parait, dès 1 8 2 0 , par Mr. Zumslcin , sur le M on t-R ose’ , et en 1 8 3 8 sur le glacier de Grics, par Mr. Guyot de N eu ch â­

tel. Mr. Forbes l’a découverte aussi, de son c ô t é , en 1 8 4 1 , sur le glacier de l’Aar, et en a le premier appréciéd’élen du e et l imporlance. Il entre dans b eaucoup de détails au sujet de celte structure rubanée ; elle se manifeste particulièrement dans quel­

ques parties de la Mer de G l a c e , où toute la surface paraît striée par des lignes f in e s, qui sont surtout évidentes après la pluie. Ces bandes sont à peu près parallèles à la direction de la lo ngueur du glac ier , presque verticales vers son milieu, et s ’inclinant con tre ses bords. Vers le bas des glaciers , elles d é ­ crivent des courbes ovales sur la surface bom b ée de la glace ; et la direction des se ctions q u ’elles forment dans l’intérieur, au lieu d ’étre v erticale, se rapproche de plus en plus de l’h ori­ zontale.

Outre ces petites bandes qui régnent dans tout le glacier, Mr. Forbes en a découvert d ’autres beaucoup plus espacées e n ­ tre elles. Le 2 4 juillet au soir, il se trouvait sur une hauteur située sur le flanc de l’aiguille de Charmoz, à six ou sept cents pieds au-dessus du M on tanvert, et à environ mille pieds au- dessus du niveau de la Mer de Glace. Les teintes superbes du soleil cou ch an t coloraient les m ontagnes é l o ig n é e s , pendant

(16)

que le glacier était comparativement dans l’ombre. Cette demi- illumination était beaucoup plus favorable que le plein jou r pour distinguer de faibles nuances de c o u le u r , sur une su r­ face très-blanche com m e celle d’un glacier. C’est alors qu’il aperçut, pour la première fois, sur la surface de la g la c e, une série de bandes curvilignes b r u n e s, présentant ch acu n e une courbure presque h yperb oliq ue, dont le som met était tourné vers le bas du glacier, et dont les deux branches se c o n fo n ­ daient avec ses moraines : l'ensemble formant com m e une su c ­ cession de grandes vagues, distantes entre elles de quelques centaines de pieds. En examinant le lendemain la surface de la glace, Mr. Forbes constata que q u o iq u e , d ’après les inégalités de c e lte surface et les effets locaux de lumière, il eût été pres­ que impossible de tracer ces courbes dans toute leur éte n d u e , les bandes avaient une position déterminée et régulière sur le glacier ; elles correspondaient à une sorte de décoloration de la g la c e , provenant de ce que les particules de t e r r e , de sable et de débris de rochers, que les vents, les avalanches et les courants d ’eau répandent sur toute la surface du glacier, trouvaient à se loger dans ces espèces de veines de structure particulièrement poreuse. Il en a com p té depuis la station des Charmoz d i x - h u i t , comprises entre le précip ice de glace près- du Chapeau c l le prom ontoire de T r élap or le, et il les a tracées avec soin sur sa carte. L’intervalle moyen compris entre deux des bandes conliguVs, dans la partie inférieure du glacier, est de 7 1 1 pieds ; mais ces intervalles ne sont pas tous égaux entre eux et diffèrent sensiblement à l ’œil. La distance comprise en ­ tre les sommets des deux bandes situées vis-à-vis de la station au-dessous du Montanverl a été trouvée trigonom étriquement de 6 6 7 pieds.

Mr. Forbes a déterminé, l’été dernier, le nombre de ces ban­ des situées dans la partie supérieure de la Mer de Glace c o m ­ prise entre Trélaporle et I aiguille de la Noire. Il a com p té dix- neuf intervalles dans un espace de 1 2 6 0 0 pieds, ce qui c o r

(17)

-respond à un intervalle moyen de 6 6 6 pieds. Ce qui lui a fait distinguer les bandes dans cette partie du gla cier, c ’est que la neige de l’hiver précédent n’ayant pas com p lètem en t fondu dans les petits creux corresp ondant à ces bandes, elles ont été marquées par des lignes brillantes, visibles depuis une certaine hauteur, et offrant une régularité parfaite. A in si, ces grandes .bandes n ’existent pas seulement en plan à la" surface du glacier, mais aussi en relief, et elles corresp ondent à de petites c o n c a ­ vités.

Mr. Forbes s’est assuré, en 1 8 4 2 , en infiltrant des liquides colorés dans un trou pratiqué dans la partie la plus com pacte de la g la c e, près du Montanvert, que les glaciers sont pénétrés en été , à une grande profondeur, par l’eau qui sature tous leurs porcs. 11 s’est également convain cu que cette eau ne gèle jamais en été , et ne gèle qu’en partie pendant l’hiver. Il résulte de là qu’un glacier ne constitue pastine masse de glace s o li d e , mais un com p osé de glace et d ’eau, qui cè d e plus ou moins suivant son état d ’humidité et d'infiltration.

C’est en rapprochant ces divers,faits, que Mr. Forbes est ar­ rivé à son explication du m ouvement des glaciers.

Les formes des courbes superficielles dont j ’ai parlé plus h a u t , ressemblent tout à fait aux lignes ou rides que présente l’écum e à la surface d ’un fluide visqueux, qui serait poussé le lon g d ’une auge ou d’un bassin incliné. La cause de cette forme est due à la rapidité du ce ntre, plus grande que celle des cô té s, les m olé cules de liquide ayant entre elles moins d ’adhésion que n’en a le fluide avec le vase dans lequel il est con ten u. Une masse à dem i-rig id e, c o m m e celle d ’un gla cier, une fois q u ’elle ne se meut pas dans toutes scs parties parallèlement à elle— m êm e, doit éprouver une solution de continuité entre les par­ ties adjacentes de la g l a c e , afin de permettre à la partie du milieu de se m ouvoir plus vite que les côtés. La glace doit donc être déchir ée par d ’innombrables fissures , dont la direction générale sera parallèle à son mouvement ; et ces fissures étant

(18)

remplies d ’eau el se gelant finalement pendant l ’hiver, d o n n e ­ ront lieu a l’apparence des petites bandes bleues, traversant la masse générale de la glace et ayant une texture différente.

Quant à la succession de lits, de structure plus ou moins poreuse, qui d onne lieu au phénom ène des grandes vagues sur la surface du glacier, Mr. Forbes ne regarde pas com m e im ­ probable que c e phénom ène dépende en quelque manière de l'époq u e de la première consolidation de ces lits dans la partie la plus élevée du glacier, en sorte que ces bandes poreuses comprendraient entre elles l’accroissem ent annuel du glacier, leurs intervalles correspondant au ssi, en ch aq ue p o i n t , à son mouvement annuel. « Si l’on p o u v a it , a j o u t e - t - i l , rendre un com p te satisfaisant de la formation originelle de ces bandes dans la partie supérieure du glacier, la forme allongée des c o u ­ ch es vers leur extrémité inférieure devrait être exactement celle que doit produire la différence de vitesse dans les parties c e n ­ trale et latérales du glacier ; et la courbure peu sensible des plans de structure au haut du glacier confirme cette opinion. On doit convenir , cependant, q u ’il y a en core diverses difficul­ tés à résoudre relativement au retour successif de ces lits p o ­ reux, et la structure p récédente n ’a aucune connexion avec la stratification du n è v è . »

Après être entré dans quelques détails au sujet des chapitres précéd en ts, relatifs aux travaux les plus importants de Mr. For­ bes sur la Mer de Glace, et à ses idées sur la constitution et le mouvement des glaciers, j e serai forcé, par le défaut d ’espace, de passer beaucoup plus rapidement sur la partie suivante de son ou vrage, qui c o m p r e n d , dans douze chapitres, le récit de diverses courses scientifiques exécutées par lui, en juillet et août 1 8 4 2 , soit autour du M ont-B la nc, soit autour du Mont- Rose.

(19)

Cour-mayêür, par Saint-Gervais, le Col du Bonhom m e el l’AIfée- Blanche, en donnant divers détails sur les glaciers gui d e s c e n ­ dent du Mont-Blanc le lo n g de celte r o u t e , ainsi que sur les divers p h é n o m è n e s , g éologiqu es ou a u tr es, qui s’v sont pré- senlés à lui. Il consacre un chapitre particulier aux grands gla­ ciers du Miage et de la Brcnva, q u ’il a examinés en détail, et dont il d onne des vues et des dessins topographiques. J’cn cite­ rai seulement un passage (p. 2 0 3 ) , dans lequel Mr. Forbcs ra­ con te que son ami Mr. le ch anoine Carrel d ’Aoste, avec lequel il a fait quelques excursions aux environs de Courmayeur, d é­ couvrit sur une espèce de p rom ontoire de r o c h e r s , formé par le pied du Mont Chétif, au bas du glacier de la Brenva, un point de contact entre la roche calcaire et la g l a c e , qui per­ mettait d ’examiner l’action immédiate de l ’une sur l’autre. Après avoir enlevé la g lac e qui formait une sorte de p rotub é­ rance, les observateurs trouvèrent une co u ch e de b o u e fine couvrant le r o c , c o m p o sée non-seulement de boue calcair e, mais aussi de sable dur provenant des moraines granitiques du glacier de l’autre côté de la vallée. En examinant la face de la glace qui était en contact avec le r o c , ils la trouvèrent tout entourée de fragments angulaires aigus de la mêm e espèce de r o c h e , depuis la dimension d ’un grain de sable jusqu’à celle d ’une cerise ou plus, si fermement fixés dans la g l a c e , q u ’il était impossible q u ’une telle surface fût poussée en avant sans user et sillonner tout corps comparativement moins dur situé au-dessous. Il ne fut pas difficile,'en effet, de découvrir dans la roche calcaire les rainures et les traces d ’action corrodante que venait d ’y produire la pression de la glace et des fragments de pierre q u ’elle renfermait. Après avoir lavé la surface c alcair e, ils la trouvèrent délicatement polie , cl en outre sillonnée ou rayée dans la direction du mouvement du glacier, et contre la pente de la colline. MM. Forbes et Carrel réussirent à enlever avec des marteaux quelques fragments de ro c , ayant encore du sable dur qui y adhérait, cl un ouvrier maçon leur détacha plus

(20)

tard quelques échantillons des surfaces striées ou polies. 11 est im p o s sib le , dit Mr. F o r b e s , de prendre plus com plètement la nature sur le fait que cela n’a eu lieu en cette occasio n.

Le glacier de la Brcnva, ainsi q u ’un grand nombre d ’autres, a pris un développem ent très considérable pendant les cinq an­ nées qui ont p récéd é 1 8 1 8 ; et cependant Mr. Forbes remarque que la température moyenne de Genève dans ces cinq ans a été de 7 ° , Gl de l’échelle de Réaumur, tandis que celle des qua­ rante dernières années a été de 7 ° , 7 5 d ’après Mr. Dove. Il r e ­ garde com m e très-probable que l’accroissement des glaciers à cette époque a beaucoup plus dépendu d ’une plus grande chute de neige que d ’un changem ent de température.

Mr. Forbes est monté avec Mr. Carrel sur la cim e du Cramont, pour y faire des expériences sur l’action calorifique des rayons solaires, avec deux Actinomètrcs de sir J. Herschel, dans une sta­ tion sans n eige permanente, quoique élevée de 9 0 8 1 p. anglais ou de 2 7 6 8 mètres, et où de Saussure avait déjà fait, en 1 7 7 4 , quelques observations intéressantes du mêm e genre. Mais, q uoi­ que le temps fût beau et brillant pendant la j o u r n é e où Mr. For­ bes a fait ses expérie nces toutes les h e u r e s , depuis 8 h. du malin jusq u’à 5 h. du soir, il y a eu assez de nuages pour en rendre les résultats incertains. Il n’a , en c o n s é q u e n c e , fait usage que de ses observations actinométriques an térieures, dans son m ém oire sur la tra n s p a re n c e d e V a tm o sp h è re et sur

lu lo i d 'e x tin c tio n d es ra y o n s so la ire s q u i la tra v e rs e n t, inséré

dans la deuxième partie des T ra n sa c tio n s p h ilo s o p h iq u e s pour 1 8 4 2 : mémoire qui a mérité à Mr. Forbes une médaille d ’or, que lui a d éce rn ée la S ocié té royale de Londres en novem bre 1 8 4 3 .

Mr. Forbes, après avoir été avec Mr. Airy de Courmayeur à Turin, pour y observer l’éclipsc totale de soleil du 8 juil­ l e t 1, est revenu promptement à Courmayeur pour retourner sur la Mer de Glace, et il a choisi pour y arriver le passage le

(21)

plus direct de b eau cou p, mais aussi le plus difficile, celui du Col du Géant, q u ’il a effectué avec Jean-Marie Coutet et un gu ide de Courmayeur 1. Il est parti de ce lieu le 2 3 j u il le t , à 1 g h. du malin , et il est arrivé au sommet du col à 7 h. 2 0 m . , sans aucune difficulté particulière. « L’a tm o sp h è re , d i t - i l , était trop claire pour indiquer un beau temps stable ; on n ’y voyait pas un nuage ni une vapeur, l’air était parfaite­ ment tranquille. Jamais je n ’ai vu des montagnes éloignées aussi distinctement que dans c e mom ent-là. Les Alpes s’élevaient devant n ous, étage par étage, à l’est, au sud et à l’ouest, avec une parfaite netteté jusqu'à l’extrémc limite de l’horizon visuel. A l’est, paraissait le Mont-Cervin avec sa forme d ’obélisque sur laquelle on ne peut se méprendre ; un peu à droite la dent d ’Erin, puis la masse du Mont-Rose avec toutes scs télés presque d ’égale b aulc ur; venaient ensuite la chaîne sauvage de Cogne, au midi d ’A o stc , puis la vaste masse du Mont-lseran qui cachait le M on t-V iso, puis les montagnes de la vallée de l’Isère, parmi lesquelles se trouve l'aiguille de la Vanoise, entre Mou- tiers et Lans-le-Bourg , l’une des plus élégantes de toute la chaîne. Plus loin, paraissaient le Mont-Thabor et le Monl-Pelvoux en Dauphiné, la plus haute m ontagne entre le.Mont-Blanc et la Méditerranée, dont j ’avais fait le tour en 1 8 4 1 avec Mr. Heath. La masse adjacente des grandes Rousses, s’inclinant vers Gre­ noble, terminait de c e côté-là cet admirable panorama, qui était ainsi coupé au point où il serait devenu peu intéressant, par la masse colossale du Mont-Blanc, avec sa sentinelle escarpée, le Mont-Péteret, cette vaste aiguille de rocher située du côté de l ’Allée blanche.

« Le sommet du Mont-Blanc parait tout proche depuis le Col du Géant, et son élévation, de 4 6 0 0 pieds au-dessus de l

’obser-1 D’a p r c s 24 o b s e r v a t i o n s b a r o m é tr i q u e s faites p a r Mr. F o r b e s à C o u r m a y e u r , c o m p a r é e s a v e c c e l l e s (le G e n è v e qui l e u r c o r re sp o n d e n t, il a t r o u v é la b a il l e u r de c e lie u de 8 7 6 1 /2 m è t r e s au -d es s u s de G e n è v e , ou de 4211 pieds a n g la i s au -d essu s de l a m e r .

(22)

valeur, perd un peu de sa grandeur par l ’effet de c e lle p roxi­ mité apparente. La chaîne des aiguilles du Midi, de Blaitière, Grépon et Ckarmoz , qui sépare cette partie supérieure de la Mer de Glace de la vallée de Chamounix, borne la vue au nord, sans s’élever à une grande hauteur au-dessus de l’œil. La grande aiguille du G éant, en forme de dent, s ’élevait majes­ tueusement à droite, soutenue par un massif qui faisait obstacle à la vue du cô t é de l ’est. La partie peut-être la plus frap­ pante de l’aspect du côté du n o r d , était la masse éb lo u is­ sante du glacier, commençant à quelques pas de notre station et occupant le bassin situé à plusieurs mille pieds au -d es­ sous de nous, en tremêlée de quelques proém inences escarpées, qui çà et là se liaient avec les flancs des sommités adjacentes, ou formaient de petits îlots au milieu d ’une vaste surface blanche.

« Mon baromètre de Biinlen marquait, à 8 heures du malin, 5 0 7 mm, 9 ; le thermomètre attaché étant à — 0 ° , 6 cent. , et le th e rm . libre à — 1 ° , 0 . En comparant ces données avec les observations faites à Genève au mêm e m o m e n t , j ’ai trouvé 9 8 0 3 pieds 1 pour la hauteur du Col du Géant au-dessus de Genève , et 1 1 1 4 6 pieds pour sa hauteur au-dessus de la mer. Le Col du Géant, d ’après les observations que j ’ai faites en arrivant au Montanvert, est élevé de 4 8 4 1 pieds au-dessus de c e lle dernière station , résultat qui s’acc ord e avec la c o m ­ paraison d irecte entre ce c o l et Genève.

« Le roc sous lequel nous avons déjeûné, avait supporté la

cabane de de Saussure pendant son mém orable séjour sur ce col, en juillet 1 7 8 8 . J ’ai eu du plaisir à contempler une plan­ c h e , faisant partie de son habitation, qui était en cor e sur p la c e , ainsi qu'une grande quantité de p aille , située sous les pierres qui en avaient formé les murs. Les gelées de Celte sta­ tion l’avaient ainsi conservée depuis plus d ’un demi-siècle. Il y

* Nou s d e v o n s r é p é t e r que cette m e s u r e et to ute s les su iv a n te s so n t en pieds a n g la is .

(23)

avait aussi une bouteille vide en cor e entière, qui était peut-être Une trace du passage dans ces lieux (en 1 8 3 5 ) d ’un autre hôte illustre, Mr. Elie de Beaumont. »

Mr. Forbes a pris occasio n de son passage sur le Col du Géant pour donner un excellent r é s u m é , que je regrette fort de ne pouvoir insérer en entier ici, des observations faites par MM. de Saussure père et fds pendant leur résidence dans celte sta­ tion. « Si nous co nsid érons, dit-il, ce qui a été accompli par ces infatigables observateurs , nous trouverons que l’ensemble de leurs résultats est tout à fait proportionné avec les efforts faits pour les obtenir. Il y a à peine un point dans la physique du glob e qui n ’ait fait l’objet d ’expériences intéressantes p en­ dant ce sé jour. La g é o l o g ie , la m étéorolo gie et le magnétisme sont au nombre des plus remarquables. Les résultats obtenus relativement à la m é lé o r o lo g e ont en cor e maintenant un inté­ rêt permanent et presque uniq ue dans la scien ce . Il serait vraiment à désirer que les registres originaux de ces observa­ tions fussent publiés en en tier Mr. de Saussure le père avait alors environ 5 0 ans -, et avec la seule assistance de son fils aîné, âgé de 18 ans, il remplit activement le rôle d'un g é o l o ­ gu e , d'un naturaliste et d ’un p hysic ie n, pendant 17 jours et

17 nuits, à une hauteur qui, peu d ’années auparavant, était regardée com m e inaccessible en Europe, et o ù l’on pouvait mettre en doute q u ’aucun être humain pût continuer à vivre. Si l’ascension de de Saussure sur le Mont-Blanc a toujours été con sid ér ée co m m e son litre bien mérité de re nom m ée le plus populaire, les annales de la science doivent enregistrer sd r é ­ sid en ce sur le Col du Géant co m m e le plus remarquable et le plus utile. »

La descente du Col du Géant du cô t é du glacier offre de grandes difficultés, sa pente formant une espèce de précipice dans la partie où il est le plus étroit, et présentant d ’immenses fissures q u ’il paraît d'abord impossible de franchir. Nos voya­ geurs, attachés les uns aux autres par des cordes, finirent c e —

(24)

pendant par passer sans accid en t près du pied de l’aiguille de la Noire, en suivant autant que possible les traces d ’un chamois, animal très-hardi dans ses sauts sur la g l a c e , mais fort timide sur un glacier couvert de neige, la forme de ses pieds ne lui permettant pas de faire aucune résistance quand il s ’agit de traverser des crevasses cachées. Ils arrivèrent heureusement au Montanvert un peu avant quatre heures de l’après-midi.

L’auteur décrit, dans le chapitre suivant, la route de Cour­ mayeur à Chamounix par le Col Ferrei et le Col de Bal m e, q u ’il avait parcourue précédemment, en donnant divers détails sur les glaciers près desquels elle passe, et en particulier sui' le grand glacier d ’Argentière, situé au nord de l’aiguille Verte.

Mr. Forbes repartit le 1 I août de Chamounix, avec un jeu n e gu ide nom m é Victor Tairraz , pour se rendre à l ’hospice du Grand-Sainl-Bernard, où il avait donné rend ez-vous à son ami Mr. le professeur Bernard Slu der de B e r n e , savant g é o lo g u e auquel il a dédié son o u v r a g e , afin de faire de là avec lui une excursion autour du Mont-Rose. Ils traversèrent d ’abord la val­ lée de Bagnes, où Mr. Forbes rem arqua, sur des roches cal­ caires polies le lon g de ses flancs, de longues rainures peu in­ clin ées, analogues à celles qui sont produites par l’action c o r ­ rodante des glaciers ; puis par-dessus ces rainures, continues sur une longueur de plusieurs to is e s , des traces d ’usure plus fortes, mais courtes et irrégulières, inclinées com m e le lit de la r iv iè r e , et q u ’on peut attribuer à l’effet des e a u x , lors de la terrible débâcle qui a eu lieu dans cette vallée en 1 8 1 8 .

Nos voyageurs passèrent ensuite facilement le Col de F en ê­ tres, situé à 9 2 1 3 pieds au-dessus de la mer sur le grand gla­ cier de Chermonlane, et arrivèrent dans le val P e l l i n e , non loin d'Aoste '. Puis ils remontèrent le long de cette vallée dans

1 II paraît que c ’est p a r c e p a ss a g e du col de F e n ê t r e s , q u e Calvin é ch a p p a à la p e r sé c u tio n à la q u e l le il était e x p o s é à Aoste. Cet é v én e ­ m e n t se p a s sa p r o b a b le m e n t v e r s la fin de 1535, d’a p r è s 1 ’/lislo ire litté­ raire de Genève de S e n e b i e r ; on é r ig e a à Aoste, en 1541, une colonn e p o u r en p e r p é t u e r le so u v e n ir.

(25)

la région des glaciers ; ils traversèrent le Col de Collon , situé sur le glacier d ’A r o lla , à 1 0 3 3 3 pieds au-dessus de la mer, et atteignirent Evolena , au haut du Val d ’Erin en Valais. Ils rencontrèrent sur la neige , au haut du p a s s a g e , le corps d’un h omm e mort, qui était resté là depuis le mois d ’o ctob re de l’année p r é c é d e n t e , où un terrible orage l’avait surpris, au mom ent où il se disposait à passer en Piémont avec onze p e r ­ s o n n e s , dont deux autres succombèrent aussi de fatigue et de froid. Nos voyageurs prirent des mesures pour que les derniers devoirs fussent rendus à la dépouille mortelle de ce pauvre hom m e ; et Mr. Forbes peint d ’une manière intéressante l’effet électrique de terreur religieuse que produisit, sur ses c o m p a ­ gnons et sur l u i , cette lugubre rencontre, dans c e désert de neige et de glace.

MM. S lu der et Forbcs se séparèrent momentanément à Evo­ lena, en se donnant rendez-vous à Z e rm att, où le premier d e ­ vait se rendre par les vallées d ’Anniviers et de S a in t - N ic o la s, et le se cond directement par les glaciers de Ferpéclc et de Zmutl. Le chapitre 1 6 de l’ou vrage, consacré à ce dernier pas­ sage, est un des plus intéressants sous le rapport pittoresque et dramatique. Mr. Venetz cite ce passage, à la page 7 de son

M ém oire sur les variations de la tem pérature dans les Alpes

de la Suisse (inséré dans la secon d e partie du tome Ier du Re­

cueil de la Société helvétique des S cie nces naturelles), com m e ayant été autrefois très-fréquenté, mais co m m e étant devenu si dangereux par l’augmentation des g la c ie r s, que les chasseurs les plus hardis on t de la peine à pénétrer d ’une vallée à l’autre, et q u ’il ne connaissait (en 1 8 2 1 ) q u ’une seule personne qui l’eût traversé de nos jours. Mr. Forhes y a ren c on tr é, en effet, une espèce de précip ice à franchir (appelé en allemand B e rg -

sc/irund) , qui, d ’après les détails q u ’il en d on n e, p. 3 0 5 , et la

vignette qui y est join te , était très-périlleux. Mais il a eu le bonheur de s ’en tirer sans accid ent, ainsi que ses com pagnons ; cl il n ’a pas rencontré d ’autres difficultés dans sa route, qu'il a

(26)

parcourue dans un peu moins de 1 3 heures, depuis les der­ niers chalets d'Abricolla jusqu'à Zerm att, et en près de 1 5 h. depuis Evolena.

Mr. Forhes a donné le nom de Stockhorn du Col d ’Erin au point culminant d e sa route, situé au-dessus du glacier de Fcr- p écle, immédiatement avant le dangereux passage dont j e viens de parler, qui conduit dans la partie supérieure du gla cier de Zrnutt. Il arriva à 9 heures du matin, ou en 7 heures depuis Evolena, à ce point culminant. Son baromètre de Blinten s’é ­ tant cassé au com m en ce m e n t d ’août, et Mr. Studer ayant e m ­ porté le sien avec lu i, ce n ’est q u ’avec un Sympiésomèlre, ou petit baromètre de p o ch e à colon n e d ’air, et avec un appareil à bouillir l’e a u , qu’il a pu déterminer les hauteurs dans cette course. Il considère c e dernier moyen com m e plus exact que l’au tr e, et com m e donnant des résultats qui ne s’écartent pas p lu s .d e 5 0 pieds de la v é r i t é 1. Il a obtenu par ce p ro cé d é , et par comparaison avec le baromètre, observé à G e n è v e , la hauteur du Stockhorn d ’Erin de 1 1 7 7 0 pieds a u - d e s s u s de la mer, ou de 6 0 0 pieds plus grande que celle du Col du Géant.

« De tous les points de vue que j ’ai contem plés dans les Hau- tes-Alpes, dit-il, il n'y en a aucun que j e puisse comparer avec celui q u ’on a de ce lieu. La masse entière du Mont-Rose s ’y dé­ tache sur l ’horizon avec la plus grande netteté 2. Le soleil du

1 Mr. F o r b e s a pu blié , d a n s le to m e XV de s T ransactions de la Société ro y a le d ’E dim bourg, un m é m o ir e s u r c e sujet, dont il a p a r u un e x tr a it dans le Bulletin scientifique de d é c e m b r e 1813 de l a B ib l. Univ. 11 a t r o u v é que le point d’é b u llitio n de l’e a u d e s c e n d u n ifo rm é m en t, à to ute s l e s h a u t e u r s , d’un d e g r é F a h r, p o u r 550 pieds d’é lé v a t i o n , soit d ’un de­ g r é c e n t i g r a d e p o u r en v iro n 300 m ètr es .

2 Le pic l e plu s é le v é du Mont-Rose, o b é lisq u e de r o c h e r in a c c e s s ib l e , a , d’a p r é s le b a r o n de W e i d e n , 14222 pieds f r an ç a is de h a u t e u r , soit 15158 pieds a n g la i s . Il y a trois a u tr e s pics qui ne différent g u è r e de c e l u i -l à de plus de 200 pieds. Le m as sif du Mont-Rose p r é s e n te e n c o r e du côté du midi trois so m m ités un peu moins é le v é e s , et à l’o u e s t c e l l e s fie Lysknm m, du B re ith o rn et du petit Mont Cervin .

(27)

malin brillait sur ces sommités couvertes de neiges éternelles, et sur la vaste surface du glacier de Zm ull situé à nos pieds. Nous étions tout près, et presque à la mêm e distance, de trois sommités de plus de quatorze mille pieds anglais de hauteur absolue, la Dent Blanche, qui, vue ainsi sur une face escarpée du haut en bas, avait une magnifique apparence, la dent d ’Erin et le Mont Cervin ; ce dernier, dont la cim e est tout à fait inac­ ce ssib le , et a , d ’après Mr. Berclitold , 1 4 7 5 0 pieds de h a u ­ teur, est, sans comparaison, par sa forme pyramidale, l'objet le plus frappant qu’il y ait dans les Alpes. Nous avions en cor e en vue deux autres sommités aussi é le v é e s, le Weisshorn qui a 1 4 8 1 2 pieds d ’après Mr. B e r c lit o ld , e t la Dent de Jazi ou S tr a h lh o r n .... Comparée à la vue q u ’on a du Col du G éan t, celle du Col d ’Erin est plus vaste et plus sa u vage, et les objets individuels en sont plus beaux et plus rapprochés : mais la perspective é l o ig n é e q u ’on a de la chaîne des Alpes donne à la première un charm e particulier. »

Mr. Forbes a redressé diverses erreurs que présentaient les cartes géographiq ues de cette région qui ont paru j u sq u ’à présent. Les esquisses topographiques qu’il en a dessinées et publiées dans son ouvrage serviront à la faire mieux connaître. Il y a joint aussi une petite carte, sur une échelle fort réduite, de toute la partie des Alpes dont il parle dans c e volume.

Le chapitre suivant est consacré à la description des e n v i­ rons de Zermatt et de la vallée de Saint-Nicolas, au haut de laquelle se trouve c e village. Mr. Forbes, qui l ’a visitée en 1 8 4 1 , parle, entre autres c h o se s, d ’amas de blocs provenant évidem­ ment de torrents d ’eau, q u ’il y a remarqués entre Sainl-N ic o- las et Randa, et qui lui ont paru avoir une ressemblance frap­ pante avec les moraines des glaciers. Je cite c e fait en passant, c o m m e tendant à faire voir qu’il ne faut pas se borner à un seul agent dans l ’explication des phénom ènes de c e genre.

Mr. Forbes est monté sur le Riffelbcrg, m ontagne près de Zermatt, d ’où l’on a une fort belle vue sur le grand glacier du

(28)

Moni-Rose, appelé aussi glacier de Gœrner ou de Zermait, ainsi que sur les divers pics du Mont-Rose, sur le Mont-Cervin et sur d ’autres sommités très-élevées. « Celle vue, dit-il, corres­ pond à celle q u ’on a depuis le Monlanvert |>rès de Chamounix. Q uoiq ue b eaucoup plus v a s t e , je" doute que l’impression du glacier et de la chaîne au delà soit tout à fait aussi intéressante. Le Mont-Rose est bien haut et bien étendu, mais il présente trop de pointes et de masses presque d ’égale hauteur ; la vue m an­ que de concentration et de variété de forme pour la peinture. J’en excepte cependant le Mont-Cervin ou Matterhorn, situé dans une direction opposé e à celle du Mont-Rose : cet obélisque inac­ cessible de r o c , plus bas que le Monl-Rlanc de moins de mille pieds, et que j ’ai déjà cité com m e ét a n t, sans contredit, l’o b ­ je t naturel le plus frappant que j ’aie vu. » On trouve dans l’o u ­ vrage de Mr. Forbes une vue du Mont-Cervin, dessinée par lui depuis la cime du Riffelberg. Il a constaté, avec ses deux bous­ s o l e s , q u ’il y avait en cette même st ation, qui est un esp ac e raboteux très-étroit, un effet d ’attraction locale considérable sur l’aiguille aim antée, qui y produit une déviation d ’environ 65" dans la déclinaison de l ’aiguille. Il croit que cela peut t e ­ nir à c e que les co u ch es d ’ardoise de ce lle montagne sont très- magnétiques, probablement par l'effet du fer octaèdre q u ’elle contient, et dont on trouve de larges cristaux dans le voisinage, sur le glacier de Findelen.

Le chapitre 1 8 contient le récit de la route faite par MM. Forbes et Studer de Zermatt à Gressonay, par le Col du Mont-Cervin ou le glacier de S a in l-T h é o d u le , é l e v é , d ’après leurs observations, comparées à celles de Genève et du Saint- R ernard , de 1 0 9 3 8 pieds au-dessus de la mer. Le chapitre suivant est relatif aux vallées de Gressonay, Sesia et Anzasca, si­ tuées au pied du Mont-Rose, dans les états du roi de Sardaigne, et dont les parties supérieures sont habitées par une race toute germanique. Mr. Forbes a vu en celte occasion Mr. Zumstcin, natif de ces v a llé e s , et connu par ses diverses tentatives pour

Références

Documents relatifs

On ne peut vraiment comprendre le fonctionnement du cerveau au niveau de la vie sociale, de la conscience et de la raison que si l’on est averti du fait que notre cerveau se

J'ai raconté un épisode, mais ce qui a été le plus important pour moi c'est d'avoir connu le monde de la coopération, le travail de groupe, qui m'a aidé dans mes rapports avec

vaudrez moins qu’un chien vivant, si vous sentez votre âme immortelle tourner à certaines heures son regard vers le ciel, là où nous attend le Père qui nous

Les pales sont placées progressivement en position travail pour obtenir une vitesse de rotation constante du générateur de 1500 tr/min.. Celui-ci sera alors couplé au réseau

Quant à la représentation du personnel dans les petites entreprises, la loi prévoit depuis 1982 la possibilité d’élire des « délégués de site » dans les établissements

En effet, non seulement l’”Essai sur les éléments de philosophie” n’est pas un ouvrage à proprement parler, puisqu’il constitue le quatrième volume

Nous montrons en eiIet plus loin que les phénomènes du second ordre peuvent être considérés comme résultant de la superposition de phénomènes liés et de phénomènes

On compte ainsi 36 400 pièces fabriquées les 3 premières années, puis 52 416 pièces fabriquées les 3 dernières années.. Quelle est la nature de la suite obtenue ?, et donner