Maud BENETTI
Septembre 2014
Préalable
Suicide ≠ Tentative de suicide
Suicidé ≠ Suicidant
1. TENTATIVES DE SUICIDE 1.1. Epidémiologie
• Prévalence vie entière ≈ 8%
• 2 à 3 fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, avant 50 ans
• 70 % = intoxications médicamenteuses volontaires, 10% = phlébotomie
• TS = facteur prédictif de suicide, indépendamment du diagnostic psychiatrique associé : 1 suicidant sur 10 décèdera par suicide!
• Après 65 ans, moins de différence entre suicide et tentative de suicide
• Facteurs de risque psychopathologiques =
– Trouble de la personnalité
– Surtout : situations de crise
1.2. Evaluation du risque suicidaire
TOUTE INTENTION SUICIDAIRE EXPRIMEE DOIT ETRE PRISE AU SERIEUX
Notion de crise suicidaire :
précipitation d’éléments internes et externes à la
personne
1.3. La crise suicidaire 1.3.1. Définition
« Crise psychique dont le risque majeur est le suicide »
Moment d’échappement : insuffisance pour la personne de ses moyens de défense, vulnérabilité
Souffrance intense, pas toujours verbalisée.
Sentiment d’impasse, avec dvt des idées suicidaires comme « seule issue possible »
1.3. La crise suicidaire 1.3.2. « Clinique »
Rupture d’équilibre relationnel du sujet avec Lui-même
Et son environnement
Ensemble sémiologique variable selon : Le sujet
Les pathologies associées Les facteurs de risque
Les conditions d’observation
état
REVERSIBLE et
TEMPORAIRE
1.3. La crise suicidaire 1.3.3. Prise en charge …
… un premier temps, « général »
Évaluation immédiate et mise en œuvre des soins sans délai, sur le site des urgences :
Importance de l’accueil, et de la sécurisation.
Première évaluation = par l’équipe des urgences.
Importance d’entrer en relation.
1.3. La crise suicidaire 1.3.3. Prise en charge…
… un second temps, spécifique
Une évaluation psychiatrique est indispensable au décours de TOUTE tentative de suicide
TS = geste qui peut être ambigu, mais qui n’est jamais anodin 4 axes pour décider du type de soins à apporter :
Présence de facteurs de risque (décompensation psychiatrique avérée) Absence de facteurs de protection
(entourage familial/social/professionnel/médical)
Degré d’urgence et de danger
(moyens létaux, précautions prises, lettre d’adieux, létalité…)
Principes des soins
Entendre et soulager la souffrance
(mesures médicamenteuses mais aussi matérielles et relationnelles)
Protéger (surveillance, milieu adapté) Prendre en compte le contexte
(social, familial, professionnel, financier, médical, culturel…)
« Historiser » la crise
(la crise est un moment aigu, mais qui s’inscrit dans une continuité)
Accompagner vers une démarche de soins
Dès le début, préparer l’après
L’observance du suivi ultérieur est bien meilleure si : relai établi et personnalisé à partir des Urgences, transmission rapide au médecin traitant,
et implication de l’entourage.
1.3. La crise suicidaire 1.3.4. Après la crise
30 à 40 % des patients récidivent, dont jusqu'à la moitié dans l’année qui suit : attention soutenue pendant cette période.
10% décèdent de suicide dans les 10 ans (1% par an), et risque accru de décès, toute cause confondue.
Seuls 10 à 50% des patients suivraient l’orientation proposée à leur sortie des urgences. (soins ambulatoires)
La relance systématique (téléphone ou courrier), les visites à domicile amélioreraient la compliance et diminueraient les récidives.
2. SUICIDE
2.1. Epidémiologie
• 15 suicides / 100 000 personnes en France, 1 décès sur 50
• En 2010 : 10 371 décès par suicide, pour plus de 700 tentatives quotidiennes (chiffres de l’UNPS)
• 1ère cause de décès chez les 25-34 ans, 2nde cause de décès chez les 15-24
• Inégalités géographiques
• Entre 2 et 3 fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme
• Le plus souvent : pendaison, puis armes à feu chez les hommes/intoxication chez les femmes
2.2. Suicide et troubles psychiatriques
• Troubles de l’humeur :
– Risque suicidaire = 30 fois celui de la population générale!
– 1 patient déprimé sur 6 meurt par suicide
– Les plus à risque = TB2 et dépressions brèves récurrentes
• Schizophrénies :
– 10 à 13 % des schizophrènes décèdent par suicide
– Signification non univoque
• Autres troubles :
– Troubles anxieux
– Troubles de la personnalité, notamment états-limite
– Alcoolisme, toxicomanies (multiplie par 8 le risque de suicide!)
2.3. En cas de suicide
Importance du travail auprès de l’entourage de patients suicidés = « postvention »:
Communiquer Dédramatiser
Repérer les personnes à risque, et proposer une aide Maintenir du lien, une insertion sociale
3. Questions éthiques
Cadre légal :
liberté de disposer de soi /
Non assistance à personne en danger, voire homicide
Les hospitalisations sous contrainte en psychiatrie :
Les troubles mentaux de la personne la mettent en danger et l’empêchent de consentir aux soins