C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
L UC V AN DEN B RIL
Exactitude dans les Yoneda-structures
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 23, n
o2 (1982), p. 215-224
<
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EXACTITUDE DANS LES YONEDA-STRUCTURES
par L uc Van den
BRIL
CAHIERS DE TOPOLOGIEE T
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE
Vol. XXIII-2
(1982)
3e COLLOQUE
SUR LESCATÉGORIES DÉDIE À
CHARLES EHRESMANNAmiens,
Juillet 19801 . Les carrés exacts dans
Cat
et dans les2-catégories
munies d’une Yo-neda-structures sont introduits et
étudiés
dans Guitart[2]. Pour les défini-
tions etpropriétés
des carrés exacts dans une2-catégorie,
voir Guitart[2, 3],
Van den Bril[12]. Ici,
on montre que,dans
une2-catégorie repré- sentable
munied’une Yoneda-structure, le pseudo-foncteur
deYoneda pré-
serve et
réfléchit l es
carrés exacts.Cette
propriété
unifie les résultats obtenus par Street[10]
et sub-siste dans un contexte
généralisant
les Yoneda-structures de Street-Wal-ters
[11]
etenglobant
lesthéories algébriques
de Lawvere[6] (nous
ap-pelons
encore Y oneda-structure un tel contexte -cf.
no5 ;
nous conservonsles notations de Street
[10] ).
De cepoint
de vue, lapropriété précédente
relie l’exactitude
syntaxique
et l’exactitudesémantique,
Dans ce
qui suit,
Kdésignera
une2-catégorie représentable.
2.
DÉFINITION.
Sif
et g sont deux1-morphismes
de même source, onécrira
f « g (x)
s’il existe un carré exact[3]
de la forme( si
g estdense, x
estunique
àisomorphisme près,
car x est alors uneextension
ponctuelle
de g lelong
def ).
On dira alorsque f
estg-admis-
sible.
Cetteterminologie
estjustifiée
par le fait que, dans les Yoneda-structures de Street-Walters
( ou
cellesplus générales
introduitesplus loin)
on a
f « yA (flèche
deYoneda) ssi f est
admissible au sens de la Yo-neda-structure.
Il est
évident qu’on
obtient ainsi unpréordre vérifiant:
f « g
entraînef p « g p
pour toutp : X -> A.
Exemples: f « idA ssi f
a unadjoint
àdroite, et f pleinement
fidèleentraine i dA
«f.
En utilisant essentiellement la
propriété qu’une
extensionponctuel-
le surmontée d’un carré exact est encore une
extension,
on obtientaisément
les résultats
suivants :
3.
THÉORÈME. Soit dans
Kles j-morphismes
où
f
estdense. Alors, s -l
t ssiles deux conditions
suivantes sont réa-lisées :
a) Il
existe un carré exactc’est-à-dire
sf « f.
b)
s conserve ladensité
def, c’est-à-dire
est une extension
ponctuelle.
4. COROLLAIRE
(Théorie des modèles). Soit dans
Kles 1-morphismes
o ù
f
estpleinement fidèle
etdens e.
1) Si
m «f (s) , alors
spossède
unadjoint
àgauche
r ssi il exister; B -
C qui
soit une extensionponctuelle
de mle long
def.
Dans ce cas,r -1
s.2) Si r
est une extensionponctuelle
de mle long de f, alors
r pos-sède
unadjoint
àdroite
ssi m «f (s).
Dans ce cas,r -1
s.Dans
CAT, f représente
leplongement
deYoneda,
m un foncteurmodèle
etr -i s
estl’adjonction
réalisation géométrique -l
foncteursingulier.
On
appliquera
cesadjonctions
aux situationssuivantes :
5 .
DÉFINITION.
UneYoneda-structure
sur K est ladonnée,
pour certainsobjets
A deK,
ditsadmissibles,
d’uneflèche yA ;
A -PA
de sorte que:1) yA
estpleinement fidèle
etdense.
2)
Sif:
A -> B estadmissible, c’est-à-dire f « y A ’
alorsYB f « yA’
En d’autres
termes,
lecomposé
de deux admissibles estadmissible.
Les
objets
admissibles avec lesflèches
admissiblesdéterminent
donc unesous-2-catégorie Ad ( K ) 2-pleine
de K et P seprolonge
en unpseudo-2-foncteur 2-pleinement fidèle Ad(K)-+ K°P
si on choisitP f
de ma-nière
que le carré suivant soit exact:Si pour tout
f ;
A -B ,
on choisito f: B -> p A
tel que le carrésoit exact, alors
est une extension
ponctuelle.
En
appliquant
lathéorie
desmodèles,
onobtient:
6.
THÉORÈME (Street [10]). 1 ) Si les
extensionsponctuelles au-dessus
de PB le long des flèches admissibles existent, alors P f
a unadjoint
à
gauche : Z f -l P f .
2) P f possède
unadjoint
àdroite
ssiof
estadmissible,
ssiP f
estadmissible (lorsque
P B estadmissible).
7. APPLICATION AUX
THÉORIES ALGÉBRIQUES.
Considérons
dans une2-catégorie
K decatégories, limitée
aumoyen d’univers
choisis,
lescatégories A
telles que lespréfaisceaux
d’en-sembles sur A restent
confinés
dans K. En attachant à cesobjets
la res-triction
YA :
A -> P A duplongement
de Yoneda auxpréfaisceaux
transfor-mant les /-colimites en
/-limites (I
étant undiagramme fixé),
on obtientune Yoneda-structure dans
laquelle
lesflèches
admissibles sont les fonc-teurs conservant les
I-colimites.
Eneffet,
un foncteurf;
A -> B conserveles
I-colimites
ssi le foncteursingulier B -> Ao , ENS]
associé se facto-rise sous la
forme :
Comme
P A C-> A 0, ENSI
estpleinement fidèle, yA ; A -> P A
est denseet
f « yA (of). Réciproquement,
sif « yA ,
alorsf
conserve toutes lescolimites
préservées
paryA
etyA préserve
les 1-colimites en raison d’unrésultat classique.
Cespropriétés
subsistentlorsque,
au lieu deconsidé-
rer les
1-colimites,
onconsidère
parexemple
lescoproduits finis.
Dans cedernier contexte, si
f0 ;
A 0 4 B0 est unmorphisme
dethéories algébriques
au sens de
Lawvere, f:
A 4 B est admissible etP f ; P B 4 PA
est le fonc-teur
algébrique correspondant.
Soit
N ; 0, 1, 2, ...
lacatégorie
des cardinaux finis etji :
1 -> n lesn
injections
ducoproduit qui
deviennent lesprojections
duproduit pi; n -> 1
dans la duale
NoP . YB (n) = B [., n ]
s’identifie à laB-algébre
libre surl’ensemble fini n , de support l’ensemble
B [1, n]
desopérations
n-aires.Comme
a f = P f o yB , Q (f) n
s’identifie à laA-algèbre sous-jacente
àyB (n )
de sorte quecommute. Le
théorème précédent
entraînealors :
8. P ROPO SITION
(Lair [5],
Lawvere[6] ).
Soitro : Ao ->
BD unmorphisme
de
théories algébriques.
L esconditions
ci-dessous sontéquivalentes:
1) P f
a unadjo int
àdroite 3 f .
2)
Pf
cons erveles coproduits finis, i.
e. estadmissible.
3)
af
conserve lescoproduits finis, i.
e. estadmissible.
Ceci
équivaut
à dire queP f
conserve lescoproduits
finis des B-algèbres
libres de typefini.
Demanière explicite, B[ 1,
0]
est initialdans
A et, pour tout n >
1 ,
lesi =
1,2,..., n , définissent
uncoproduit
dan sA .
9. CAS PARTICULIERS.
Lorsque A =N,
on obtientB[1,0] = O (pas
de
constante)
et touteopération
n-aire avec n > 1 s’écrit demanière
uni- que comme lacomposée
d’uneprojection
et d’uneopération 1-aire. PB
est alorséquivalente
à lacatégorie
desB[ 1 ,1 ]-ensembles.
Lorsque
Ao est lathéorie algébrique
des groupesabéliens,
on ob-tient
B[1,0] = 0 ( une
seuleconstante )
et touteopération
n-aire v avecn > 1
s’écrit
demanière unique
sous la formeoù
les ui
sont desopérations 1-aires.
PB est alorséquivalente
à la ca-tégorie
desB [1 , 1]
-modules àgauche.
10. DEFINITION
(Guitart [ 3]) .
Soit dans une2-catégorie représentable
Koù À
définit
un carré comma; soitk; A --. ulv
tel queOn dira que
f ; X - M
est uneréalisation de O
et onécrira f l=O lorsque
pour tout g ;
Y -> M, l’application
est
bijective.
Si l’extensionponctuelle (r, ())
def
lelong
de uexiste, f l= O
ssi letriangle 0
surmonté ducarré cb
est une extension.11.
EXEMPLES.1) O
est exact ssif l= O
pour toutf:
x -Z.
2)
Soit r ;C - X ; q5
est r-exact ssif F q§
pour toutf: X ->
Zqui
estune extension
ponctuelle
lelong
de r.3)
Si u est dense et si(v, cb)
est une extension de u s lelong
det , alors u l= O.
Si
f «
g , on sait que touttriangle transformé
en extension par gest aussi
transformé
en extension parf ,
Cettepropriété
estgénéralisée
au moyen de la
12.
P ROP O SITIO N. Si f « g
etg l= O, alors f l= O.
DÉMONSTR ATION.
entraîne
où
Si 11
est exact etg l= O,
alorsA, fi,
r sontbijectives.
13. CO ROLL AIRE
(Guitart [2]).
Si K est munie d’uneYoneda-structure
et si X est
admissible, alors yX l= O
ssif F ch
pour touteflèche
admis-sible f
de source X.La
proposition qui
suit fournira uncritère
pourque çb
soit exactdès
queYx F ch.
14. P ROPOSITION.
Soit
avec y§
exact.Alors, O
est exact ssiu F= ç/J
etf l= O.
D ÉMON STR ATION.
Soit8: feo -> ge1
un carré comma etL ; A -> f l g,
lemorphisme induit.
Il existe alorsOn en
d éduit
et on
obtient ji = id
etij = id.
15.
R EINARQUE.
On a montré en fait queentrainent que
u4v
etf l g
sontisomorphes
et par suiteh l=O
ssih l= y.
16. COROLL AIR E.
S’il
existe un carré exact dela forme
et si u est
admissible, alors Yx F cP ssi O
est exact.En
particulier,
si u et t sontadmissibles,
les carréssont exacts ssi
YX l= O.
On
démontre
maintenant lethéorème
annoncé dansl’introduction.
17.
THÉORÈME.
On suppose K munied’une Yoneda-structure tell e
queles
extensionsponctuelles le long des flèches admissibles au-dessus des
objets de la forme
P Xexistent.
Dans ce cas,P: Ad (K ) -> KOP
conserve etréfléchit l’exactitude. Plus précisément,
soit1 )
Si PO
est exact,alors yX l= O.
2) Si yX réalis e le composé horizontal de cb et 8 (v ), alors Pcb
este xac t.
Il
enrésulte
queYx F cb équivaut
àP O
exactdès
que a u estadmissible ou (3 (v)
estexact,
ceq ui
estle
cas pourles théories algébriques ( voir
no
19).
D ÉMONSTR ATION.
En raison deshypothèses, 3 s -l
P s et3 v -l P v.
Lecompagnon
O1
dePO
s’insère alors dans la relationIl en
résulte
queyX
est unisomorphisme,
i.e.P O
estexact,
ssi le dia- gramme degauche
est une extension. Cecidémontre
2 et 1 résulte alorsdu :
1 8. L EMME. Soit
dans
Kle diagramme
où
le triangl e composé
est une extensionponctuelle,
i estp lein ement fi- dèle
et a est unisomorphisme. Si l’extension ponctuelle
de vle long
deu
existe, alors
À et adefinissent des
extensionsponctuell es.
19.
PROPOSITION. Pour laYoneda-structure conduisant
auxthéori es
etcatégories algébriques (Section 7) les
carrés suivants sontexacts,
pour toutfoncteur f:
X -> Y conservantles coproduits finis:
En
effet,
l’exactitude dupremier équivaut
à dire que, sig
préserve
lesproduits finis,
il en est de même pour l’extensionponctuelle de g
lelong
defo ( Borceux [1 ] ). L’exactitude
du secondrésulte
de celle dupremier,
compte tenu du lemmeprécédent.
20.
REMARQUES. 1 )
Dans la situation duThéorème 17, P çj
est exact ssi: 3 u 3 s-> 3v3t
est exact.2)
On peut formuler des résultatsanalogues
en supposant l’existenced’adjoints
à droiteP s d Vs,...
3) Si O : us -> vt
est un carré exact dont les sommets sont des«petites catégories »
et siC
est unecatégorie cocomplète,
alorsCô : CS Cu -> ctcv
est encore exact,
i, e, l’exponentiation
conservel’exactitude.
B IBLIOGRAPHI E.
1. F. BORCEUX, Universal
algebra
in a clo sed category, SéminaireMath.
PuresLouvain-la-Neuve,
Rapport 64(1976).
2. R.
GUITART,
Relations et carrés exacts, Ann. Sc. Math.Québec
IV- 2 (1980) 103-125.3.
R. GUITART,
a)Qu’est-ce
que lalogique
dans unecatégorie ?
Ce Volume.b)
Introduction à lalogique
exactefibrée,
enpréparation.
4. G.M. KELLY & R.
STREET,
Review of the elements of2-categories,
LectureNotes in Math. 420,
Springer
(1974).5. C.
L AIR,
Conditionssyntaxiques
deplongement, Diagrammes
2, Paris (1979).6. W. LAWVERE, Functorial semantics of
algebraic theories,
Proc. Nat. Ac. Sc.50(1963),
869-872.7. W. LAWVERE, Some
algebraic problems
in the context of functorial semantics ofalgebraic theories,
Lecture Notes in Math.61, Springer (1968).
8. S.MACLANE,
Categories for
theworking mathematician, Springer,
1971.9. R. STREET, Fibrations and Yoneda’s Lemma in a 2-category, Lecture Notes in Math. 420,
Springer
(1974).10. R. STREET, Elementary cosmoi I, Lecture Notes in Math. 420,
Springer
(1974).11. R. STREET & WALTERS, Yoneda structures on
2-categories, Preprint.
12. L. VANDEN BRIL, Carrés exacts de Hilton dans des contextes non
abéliens,
Ann. Sc. Math.
Québec
IV- 2 (1980), 153-173.28 rue de la
Sapinière
1170 BRUXELLES.