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Td corrigé 1 . rôle des descriptions pdf

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

MAUPASSANT

UNE PARTIE DE CAMPAGNE

Et autres nouvelles

Première L Première ES Première S Première STT Première STI Première SMS

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COMMENT UTILISER CE COURS

L’étude

Vous commencez par étudier la leçon. Vous étudiez la matière qui s’y trouve, vous prenez des notes, vous retenez les notions essentielles, vous réalisez les exercices d’entraînement éventuels, etc. bref, vous réalisez tout ce qui vous est conseillé pour l’étude complète de votre leçon.

Dès que votre contrôle des connaissances est terminé, adressez-le pour correction, à l’Etablis- sement auquel vous êtes inscrit(e).

Vous pouvez ensuite étudier la leçon suivante et réaliser un deuxième contrôle des connaissances.

Vous recevrez progressivement les cours suivants.

Le contrôle des connaissances

Dès que l’étude de la leçon est terminée, vous réaliserez le contrôle des connaissances. Nous vous conseillons de préparer la rédaction de votre contrôle des connaissances au brouillon et ensuite de le recopier.

L’énoncé de ce contrôle des connaissances se trouve à la fin du cours sur des feuillets comportant une partie préimprimée à compléter.

Vous trouverez également en fin de leçon un imprimé « QUESTION AU PROFESSEUR » que vous pouvez utiliser au cas où vous souhaiteriez obtenir un complément d’information utile à la réalisation d’un contrôle de connaissances. Vous adresserez cet imprimé au Centre de Tri.

N’oubliez jamais d’indiquer dans les cases prévues à cet effet : VOTRE NUMERO D’INSCRIP-TION.

Ci-après, vous trouverez, pour un cours composé de 3 leçons, la synthèse de la méthode de travail qui vient d’être expliquée.

Première leçon  Etude de la leçon  Réalisation du contrôle  Envoi à la correction des connaissances

Deuxième leçon  Etude de la leçon  Réalisation du contrôle  Envoi à la correction des connaissances

Troisième leçon  Etude de la leçon  Réalisation du contrôle  Envoi à la correction des connaissances

N’oubliez pas

 Adressez vos contrôles des connaissances à la correction progressivement, c’est-à-dire leçon par leçon comme indiqué ci-dessus.

 Tous les cours que vous recevrez dans la suite de votre étude seront à utiliser de la même façon.

 Si des difficultés survenaient lors de votre étude, n’hésitez pas à nous contacter, nous sommes là pour vous aider.

Votre équipe pédagogique.

C.I.E.D. S.A. - Rouen 1999

Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage - code de la propriété intellectuelle, sans autorisation de la société C.I.E.D. S.A.

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COMPOSITION DU COURS

TITRE DU COURS

CC91000 028 3678H

Titre des leçons

VIE ET ŒUVRE DE MAUPASSANT

PREPARATION A L’ORAL

ETUDES THEMATIQUES

PREPARATION A L’ECRIT

LECTURES COMPLEMENTAIRES

TEXTES A DETACHER

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TOTAL DEVOIRS

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Leçon 1 :

VIE ET ŒUVRE DE MAUPASSANT

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LECON 1

BIOGRAPHIE ET ŒUVRE DE MAUPASSANT

1 . EVOLUTION HISTORIQUE

2 . LE REALISME

3 . UNE PARTIE DE CAMPAGNE ET

ET AUTRES NOUVELLES

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Rappelons tout d’abord qu’une biographie n’est pas une suite de dates à apprendre par cœur car cela ne présenterait pas beaucoup d’intérêt. ce qui importe dans la vie d’un auteur, ce sont les événements qui l’ont amené à la création de son œuvre. Toute œuvre est empreinte des blessures et de des bonheurs que son auteur a vécus . Les notions indispensables à l’explication de l’œuvre seront soulignées : vous pourrez les utiliser afin d’expliciter certains aspects du texte.

1850 : naissance au château de Miromesnil, près de Dieppe ( 76 ). Puis Maupassant mène une vie de liberté, proche de la nature, proche des paysans et acquerra ainsi une bonne connaissance de la campagne normande.

1859-1869 : Il se croit un moment appelé vers la carrière ecclésiastique et fait des études d’abord à Paris puis au petit séminaire d’Yvetôt en Seine Maritime , mais le fait qu’il écrive des vers et qu’il fasse de « grosses plaisanteries » lui vaut d’être renvoyé du séminaire et il continue alors des études laïques au lycée de Rouen. En 1860 il est très marqué par la séparation de ses parents et en gardera une totale méfiance du mariage.

Dès 1870 : il fera différents « petits métiers » ( garde mobile, commis de ministère ) qui formeront sa connaissance de divers milieux que l’on retrouvera dans ses œuvres. Dès cette époque il est intéressé par l’écriture et il compose même quelques poèmes.

Sous l’uniforme jusqu’en 1871, Maupassant assiste à la débâcle et à l’invasion de l’armée prussienne.

1872 : il entre au ministère de la Marine. Il le quittera an 1878 pour celui de l’instruction Publique. Pour échapper à l’ennui de la bureaucratie, il se livre sur la Seine au canotage, à la natation et aux plaisirs de la vie de Bohème.

1874-1880 : Sous l’égide de Flaubert, ami de la famille, il lit les romans de Zola, de Daudet et de Tourguenier, puis il fera de nombreux exercices de style et il s’entraînera à une grande rigueur d’écriture.

1880 : il connaît son premier succès littéraire grâce à une nouvelle : Boule de suif.

De 1880 à 1891 : il publie environ trois cents nouvelles et six romans. Ce succès lui ouvre les portes de la haute société qu’il décrira aussi dans ses romans : une vie ( 1883 ), Bel Ami ( 1885 ), Mont Oriol ( 1887 ), Piere et Jean ( 1888 ), Fort comme la mort ( 1889 ), Notre cœur ( 1890 ).

Devenu riche grâce à son œuvre, il achète un yacht « le bel Ami » ( titre de son second roman publié en 1883 ) et fait des croisières en Méditerranée qui inspireront aussi certaines de ses œuvres.

Dès 1884, il avait souffert de migraines et de névralgies violentes et son style de vie avait aggravé ces symptômes (surmenage intellectuel, abus d’alcool et de drogues, excès physiques …) : des hallucinations visuelles et une angoisse pathologique de la mort le firent basculer peu à peu dans la folie. Il fut interné en 1891 et traité à Divonne-les-Bains, puis, après une nouvelle tentative de suicide, il est interné pendant dix-huit mois à la clinique du Docteur Blanche à Paris où il meurt le 6 Juillet 1893 sans avoir recouvré vraiment sa lucidité.

BIOGRAPHIE

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1 . Evolution historique du roman:

le mot « roman » vient du Moyen-Âge. Il désigne d’abord la langue vulgaire parlée par le peuple et qui est une évolution phonétique du latin. Cette langue romane est donc une des étapes qui mèneront au français que nous parlons actuellement ( et qui d’ailleurs continue d’évoluer ).

Puis le mot « roman » désigne tous les textes écrits dans cette langue « vulgaire », par opposition aux écrits en latin. C’est donc un mot qui a, dès son origine, une connotation populaire.

Par évolution ultérieure, ce mot définit, dès le 17ème siècle, une œuvre de pure fiction en prose, racontant les aventures ou l’évolution d’un ou plusieurs personnages.

 Au 17ème siècle, le roman connaît un grand essor.

Le plus célèbre roman du 17ème siècle est La Princesse de Clèves de madame de La Fayette, qui trouve son aboutissement dans un contexte social et politique.

 Au 18ème siècle, malgré certains succès, le roman est encore considéré comme un genre mineur, mais il faut toutefois noter l’importance du roman de l’Abbé Prévost « Manon Lescaut », celle du roman de Rousseau « La nouvelle Héloïse » et celle du roman de Bernardin de saint Pierre « Paul et Virginie ».

 Au 19ème siècle, c’est le grand siècle du roman :

- roman à caractère intimiste dans lequel l’auteur exprime ses états d’âme

 René de Chateaubriand - roman à caractère historique

 Notre Dame de Paris de Victor Hugo - roman d’aventures

 Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas

Le roman va devenir très populaire car il se présente sous forme de feuilleton dans les journaux. Alors, le romancier, pour mieux émouvoir ses lecteurs, s’intéressera de plus en plus à la description de la société et des problèmes que l’on peut y rencontrer. Ce sera la naissance du mouvement « le réalisme » qui sera illustré notamment par

- Balzac

- Zola

- Flaubert - Maupassant

 Au 20ème siècle, le roman est devenu, de loin, le genre le plus lu. Puis dans les années 1950, une contestation radicale va s’élever contre le roman dit « traditionnel » du 19ème siècle et va alors apparaître le Nouveau Roman, qui prône la disparition des notions de personnages, d’intrigue, de chronologie afin de mieux reproduire le désordre de la vie :

- Michel Butor

- Nathalie Sarraute ( décédée en Novembre 1999 ) - Marguerite Duras

Parallèlement, se développent aussi des romans « faciles » pour grand public, dont la valeur esthétique ou imaginative est contestée.

OEUVRE

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2. Le réalisme et la théorie de Maupassant :

C’est dans la préface de son roman Pierre et Jean que Maupassant expose sa théorie sur le réalisme : avant toute étude approfondie, il importe donc de lire ce que Maupassant a écrit dans cette préface dont voici quelques extraits :

Le romancier qui transforme la vérité constante, brutale et déplaisante pour en tirer une aventure exceptionnelle et séduisante, doit, sans souci exagéré de la vraisemblance, manipuler les événements à son gré, les préparer et les arranger pour plaire au lecteur, l’émouvoir ou l’attendrir. Le plan de son roman n’est qu’une série de combinaisons ingénieuses conduisant avec adresse au dénouement. Les incidents sont disposés et gradués vers le point culminant et l’effet de la fin, qui est un événement capital et décisif, satisfaisant toutes les curiosités éveillées au début, mettant une barrière à l’intérêt, et terminant si complètement l’histoire racontée qu’on ne désire plus savoir ce que deviendront le lendemain les personnages les plus attachants.

Le romancier au contraire qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d’événements qui paraîtrait exceptionnel. Son but n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser , à comprendre le sens profond et caché des événements. A force d’avoir vu et médité, il regarde l’univers, les choses, les faits et les hommes d’une certaine façon qui lui est propre et qui résulte de l ‘ensemble de ses observations réfléchies. C’est une vision personnelle du monde qu’il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. Pour nous émouvoir comme il l’ a été lui-même par le spectacle de la vie, il doit la reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse ressemblance. Il devra donc composer son œuvre d’une manière si adroite, si dissimulée, et d’apparence si simple, qu’il soit impossible d’en apercevoir et d’en indiquer le plan, de découvrir ses intentions.

En somme, si le romancier d’hier choisissait et racontait les crises de la vie, les états aigus de l’âme et du cœur, le romancier d’aujourd’hui écrit l’histoire du cœur, de l’âme et de l’intelligence à l’état normal. Pour produire l’effet qu’il poursuit, c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité et pour dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la révélation de ce qu’est véritablement l’homme contemporain devant ses yeux, il devra n’employer que des faits d’une vérité irrécusable et constante.

Mais en se plaçant au point de vue même de ces artistes réalistes, on doit discuter et contester leur théorie qui semble pouvoir être résumée par ces mots : « Rien que la vérité et toute la vérité. »

Leur intention étant de dégager la philosophie de certains faits constants et courants, ils devront souvent corriger les événements au profit de la vraisemblance et au détriment de la vérité car

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.

Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence.

Un choix s’impose donc, ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité.

La vie en outre est composée des choses les plus différentes, les plus imprévues, les plus contraires, les plus disparates ; elle est brutale, sans suite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illogiques et contradictoires qui doivent être classées au chapître faits divers.

Voilà pourquoi l’artiste, ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les détails caractéristiques utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste, tout l’à-côté.

Un exemple entre mille :

Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons- nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident. ?

La vie encore laisse tout au même plan, précipite les faits ou les traîne indéfiniment. L’art, au contraire, consiste à user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière, par la seule adresse de la composition, les événements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu’on veut montrer.

Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.

J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes.

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ETUDE DE CETTE PREFACE

Le roman, apparemment simple est en fait assez difficile à définir. Il relève du type narratif mais il peut aussi comprendre des parties descriptives ou explicatives, et même comporter des dialogues.

 Le type narratif consiste à raconter des événements

 Dans ce but, il suit facilement l’ordre chronologique mais des entorses à cet ordre peuvent exister, d’ailleurs fréquemment, par exemple à travers des retours en arrière, etc.

 On remarque dans ces textes de nombreux groupes verbaux qui assurent le déroulement des phases successives de l’action.

 Les temps employés sont, le plus souvent, le passé simple ou le présent de narration.

 Le type descriptif consiste à évoquer un lieu, un objet ou un personnage que le lecteur doit alors imaginer :

 Le problème important est de savoir « de quel point de vue » est faite cette description

 On remarque, dans ces textes, de nombreux groupes nominaux.

 Le temps dominant est l’imparfait, mais on peut aussi trouver le présent à valeur générale.

 Le type explicatif : ces passages ont pour but de modifier les connaissances du lecteur, de lui apporter de nouvelles informations ( si, par exemple, le lecteur a une connaissance insuffisante du milieu dans lequel évoluent les personnages, un passage explicatif peut interrompre la narration des faits du roman, et ainsi le lecteur comprend mieux )

 souvent le texte explicatif est écrit au présent.

 on y trouve de nombreux mots qui représentent des liens logiques.

 Tous ces passages peuvent être interrompus par des dialogues qui nous présentent les faits « comme si nous y assistions », en temps réel.

Tout cela pose des problèmes d’ordre technique à l’écrivain, et Maupassant s’est tout particulièrement intéressé à ces problèmes dans la préface de son roman « Pierre et Jean », écrit en 1887.

 Existe-t-il des règles pour faire un roman ?

 Réalisme = « montrer la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. »

Mais, une question se pose : si l’auteur veut réellement montrer toute la vérité, il lui faudra donc tout écrire des événements, même les plus inintéressants et les plus futiles. Alors, le roman sera ennuyeux car l’esprit du lecteur sera encombré de nombreux détails sans aucun rapport avec l’intrigue.

Donc, il faudra envisager que l’auteur, connaissant par avance l’histoire et la fin de cette histoire, aille trier, dans ce qu’il pourrait écrire, afin que le roman paraisse au lecteur vivant, palpitant, captivant. Mais alors, serait-ce encore un roman réaliste si on pense que le réalisme c’est « dire toute la vérité » ?

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Maupassant a cherché à résoudre ce dilemme :

- « Raconter tout serait impossible »  donc un choix s’impose, ce qui est une première atteinte à la vérité, car l’auteur ne transcrira que « les détails caractéristiques utiles à son sujet ». Faire vrai consiste donc à donner l’illusion du vrai. En fait un roman réaliste se doit d’être vraisemblable. Maupassant conclut donc par ce paradoxe : « J ‘en conclus que les réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des illusionnistes »

- De plus, y a-t-il une seule et même réalité pour tout le monde ?

 si le but du roman est de faire « vraisemblable », il faut donc examiner la nouvelle Une partie de campagne afin de vérifier si, dès 1881, Maupassant appliquait ce qui sera clairement exprimé en 1887.

A.

Certes, il est clair que ce texte se veut réaliste grâce aux détails précis qui ancrent les faits dans des lieux existants : c’est ainsi que nous pouvons suivre très exactement le chemin de la carriole du laitier et qu’il serait possible pour le lecteur de prendre réellement ce trajet qui mène de l’avenue des Champs Elysées à la Porte Maillot, puis au pont de Neuilly, etc.

De plus l’auteur décrit ses personnages avec des détails précis sur leur vêtement : nous savons par exemple que , pour cette journée à la campagne, Madame Dufour porte une « robe de soie cerise » ; quant au garçon qui les accompagne, il a les « cheveux jaunes »

Et toutes les descriptions sont des peintures même de la réalité.

Mais au-delà de cette précision des descriptions, nous sommes amenés à nous interroger, car en fait il est évident que tout n’est pas dit !

B.

Ainsi nous nous apercevons que les personnages ne sont pas vraiment décrits mais qu’ils sont plutôt « suggérés » par un ou plusieurs traits qui ne donnent pas une vision réaliste de leur apparence, mais qui les « fixent » sous un certain aspect. Nous savons quelle robe porte Madame Dufour, et nous savons que ses mollets « ne sont pas très fins ». Quant aux canotiers, c’est surtout par la description de leurs bras que nous les connaissons. Donc Maupassant ne décrit pas vraiment ses personnages, mais il les « esquisse » grâce à un détail significatif, comme le ferait un peintre. Or, c’est là justement qu’intervient le travail du romancier : renonçant à tout dire, il va trier, choisir, mettre en évidence un aspect particulier qui permettra au lecteur de mieux « comprendre » l’évolution de la situation car son attention aura été attirée sur un détail qui va expliquer et justifier la suite des événements.

Ainsi, dès le début de la nouvelle, notre attention est attirée sur la beauté physique des canotiers, sur la vulgarité de Madame Dufour, etc.

De plus, les faits en eux-mêmes sont plus souvent suggérés que racontés. Ainsi, la scène d’amour entre Henri et Henriette n’est-elle pas décrite. Maupassant présente le baiser qui unit les jeunes gens, puis toute la suite de la scène est reprise par la métaphore : « le chant des rossignols ». Et la réalité ne revient qu’avec un « gémissement » et « ils étaient bien pâles tous les deux. » Ce n’est certes pas un souci de décence ou de bienséance qui a seulement inspiré cette métaphore à Maupassant, mais le désir d’entraîner le lecteur dans le vrai, grâce à la vraisemblance, sans décrire réellement, mais en nous faisant cependant ressentir les émotions de ses personnages.

Enfin, notons l’aspect « non-dit » de la dernière scène, quand Henriette, mariée, revoit Henri.

Tout d’abord cette rencontre inattendue est surtout fixée par le regard : - Henri « voit » la scène qui est presque un tableau

- Elle devint « pâle »

- « Elle le regarde longuement »

Toutes les émotions sont dans les regards et non dans les paroles qui, n’ayant aucun intérêt, ne sont même pas reproduites par Maupassant : « ils se mirent à causer… » De quoi ? Peu importe : le langage ne servirait qu’à masquer les véritables pensées. Et surtout comment le lecteur doit-il envisager la suite de cette nouvelle ? Est-ce l’acceptation résignée d’une situation ?

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Donc, qu’est-ce qu’une nouvelle réaliste ?

Le problème est clairement exprimé par Maupassant :

Ce n’est certes pas une exacte description de la réalité mais un moyen pour que le lecteur croie « vrai » ce qui n’est qu’une histoire de pure fiction et pour cela une

« reconstruction » de la réalité s’impose. C’est là tout le travail de l’auteur.

- Observation et analyse :

L’observation et l’analyse sont mises au service des études littéraires. Zola est allé visiter les corons du Nord pour écrire Germinal et Flaubert a passé plusieurs jours à l’hôtel-Dieu de Rouen pour observer les enfants malades du « croup » avant d’écrire une courte scène de L’Education sentimentale. De multiples petits faits « vrais » émaillent les romans et les nouvelles de Maupassant : on trouve dans Bel-Ami le prix d’un repas que Maupassant a pris dans une gargotte parisienne !

- Objectivité :

L’écrivain s’interdit tout jugement et tout a priori sur ses personnages : il doit rester totalement objectif, quoi que fassent ses personnages. Il doit parler des défauts et des vices de ses personnages comme un médecin parlerait d’une maladie . Il ne doit ni s’indigner ni s’étonner. Par exemple, lorsque l’enfant laisse mourir de faim le cheval qu’il doit garder, Coco, l’auteur ne doit pas le juger, il se contente de rapporter les faits objectivement.

- Intrigue

L’auteur doit renoncer à toutes les complications extérieures, à tous les coups de théâtre, à tout ce qui n’est pas vraisemblable. Le récit épouse la forme de l’expérience et doit se présenter comme un « procès verbal ». Peu importe que la situation ne soit qu’une fiction issue de l’esprit de l’auteur, il faut avant tout la présenter de façon presque scientifique, et l’auteur ne doit à aucun moment prendre parti pour ou contre ses personnages !

 Toutes ces obligations entraînent une technique d’écriture particulière.

 L’étudiant doit retrouver les artifices de l’auteur afin de comprendre comment arriver à cette « vraisemblance » qui diffère du « vrai ».

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3 .

1 . Une partie de campagne :

Lors d’une journée à la campagne Madame Dufour et sa fille Henriette rencontrent deux canotiers : cette rencontre sans lendemain perturbera la vie de mademoiselle Dufour.

2 . Sur l’eau :

Un pêcheur passe la nuit sur son canot, et dans l’obscurité, son esprit se laisse emporter par une certaine angoisse : les bruits environnants lui semblent menaçants. Au matin il verra que c’est le cadavre d’une vieille femme portant une grosse pierre au cou qui cognait contre le canot.

3 . histoire d’une fille de ferme : une fille de ferme a un enfant et le père de l’enfant l’abandonne. Elle épouse alors le propriétaire de la ferme et lui cache la naissance illégitime de l’enfant…

4 . Le vieux : un vieillard est mourant. Etant donné le travail à faire, sa famille annonce sa mort à l’avance pour gagner du temps…

5 .L’ivrogne : un ivrogne rentre chez lui et retrouve sa femme au lit…

6 . Coco : un enfant est chargé de s’occuper d’un vieux cheval…

7 . Au printemps :C’est le printemps ; un homme rencontre une femme et va l’aborder quand il est soudain accosté par un monsieur qui veut lui raconter son histoire…

8 . La femme de Paul : un jeune homme, Paul, est très amoureux de Madeleine. Un jour qu’ils se promènent au bord de l’eau, Madeleine rencontre une femme et quitte Paul pour cette femme…

9 . Le gueux :un clochard est en train de mourir de faim…

10 :Histoire vraie :un homme est l’amant de sa servante et celle-ci est très amoureuse de lui. Trouvant qu’elle devient un peu encombrante, cet homme décide de la marier…

11 . La roche aux Guillemots : un homme ramène son gendre qui est mort, auprès d’Etretat : c’est la période où habituellement il passe quelques jours avec ses amis pour chasser les guillemots ( oiseaux voyageurs fort rares qui ne passent à Etretat que quelques jours )…

3 . 1 . Une partie de campagne Et autres nouvelles

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Une vie ( 1883 )

En 1819, une jeune fille, Jeanne Le Perthuis des Vauds, quitte le couvent où elle a reçu une bonne éducation pour retrouver la propriété de ses parents, à Yport, en Normandie. Elle est pleine de rêves et d'espérances, et elle rencontre le vicomte de Lamarre dont elle tombe amoureuse, et qui est un homme charmant mais en quête d'une jeune fille riche ( il cherche une "dot" ). Ses parents poussent eux-mêmes à cette union, dupes eux aussi du vicomte.

La jeune mariée, ignorante des choses de l'amour, vit très mal sa nuit de noces, la ressentant comme un viol. Les jeunes mariés partent ensuite en voyage de noces en Corse et Jeanne y connaît enfin un réel bonheur, puis ils regagnent Yport.

Là, elle découvre l'ennui d'une existence morne. Son mari, Julien, est avare et parfois violent et il ne lui apporte aucun réconfort. Sa bonne , Rosalie, accouche brusquement, refusant d'avouer le nom du père de l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. Mais, quelque temps plus tard, Jeanne surprend la bonne dans les bras de son mari et tombe gravement malade, un peu plus accablée quand Rosalie lui apprend que Julien la trompait depuis longtemps et qu’il est le père son enfant à elle, Rosalie.

Jeanne se résigne peu à peu. Sa seule joie est d'accoucher à son tour d'un fils qui sera toute sa vie, Paul, qu'elle va entourer d'un amour exclusif. Elle apprend que Julien a une nouvelle maîtresse, la femme du comte de Fourville car elle découvre qu'ils se rencontrent en cachette dans une caravane dans la forêt. Mais le comte de Fourville ne supporte pas la trahison de sa femme et il tue Julien et la comtesse en poussant la caravane au- dessus de la falaise. Ainsi, Jeanne perd son mari.

Envoyé au collège du Havre, Paul dépense son argent en parties de plaisir. Il disparaît un jour à Londres, puis à Paris où il se met en ménage avec une amie.

Après la mort de son père, Jeanne, épuisée de chagrin, quitte Yport et s'installe près de Goderville, soutenue par son ancienne bonne Rosalie qui est revenue auprès d'elle, mais est maintenant une veuve enrichie et avisée..

Jeanne ne sait plus où est son fils jusqu'au jour où elle reçoit une lettre du jeune homme lui apprenant qu'il a une petite fille et qu'il souhaite lui confier l'enfant. Le roman s'achève sur l'arrivée du bébé que Rosalie est allée chercher : " La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit" conclut-elle.

Bel Ami ( 1885 )

Ancien sous officier dans un régiment de hussards, Georges Duroy songe à se faire écuyer lorsqu'il rencontre un ancien camarade d'armée, Charles Forestier, devenu rédacteur au journal La Vie Française. Duroy va pouvoir pénétrer les milieux journalistiques.

Lors d'une soirée chez Walter, le patron de Forestier, l'ancien militaire est engagé. N'arrivant pas à rédiger sa chronique, il se rend chez les Forestier où Madeleine, la femme de Charles, une belle intrigante, lui écrit sa chronique. La chance lui sourit avec les femmes puisqu'une amie du couple Forestier, Clotilde de Marelle, élégante et corrompue, devient rapidement sa maîtresse et lui procure de l'argent. Sa petite fille, Laurine, le baptise à ce moment du surnom de Bel ami.

Sur les conseils de Madeleine, Georges fait aussi la cour à madame Walter qui lui fait obtenir la place de chef des échos du journal. Mais Forestier meurt d'une bronchite chronique et Duroy, devenu entre temps Du Roy, épouse alors Madeleine. Les deux époux organisent une campagne de presse en faveur du nouveau cabinet ministériel.

Mais l'ambition de Du Roy est sans bornes. Convoitant la femme de son patron Walter, il se fait aimer de sa très jeune fille Suzanne, compromet Madeleine dans un flagrant délit d'adultère avec un ministre et la contraint à accepter le divorce. Il ne lui reste plus qu'à pousser Walter à lui donner Suzanne en mariage après l'avoir fait enlever…

3 . 2 . Une Vie

et autres romans

(16)

Pierre et Jean ( 1888 )

Leurs études terminées, Pierre Roland, médecin, et son frère Jean, avocat, sont venus rendre visite à leurs parents, boutiquiers retirés au Havre. Ils songent à s’installer dans cette ville, et désirent tous deux épouser la même femme, madame de Rosémilly, veuve d’un capitaine au long cours et voisine de leurs parents.

Ces projets sont bouleversés le jour où les Roland apprennent que Maréchal, un ami de la famille, est mort en faisant héritier de sa fortune, assez considérable, leur fils Jean. Pierre ressent d’abord une sourde jalousie à l’égard de son frère, à qui soudain tout semble sourire. Puis ce sentiment est remplacé par un doute grandissant : Jean ne serait-il pas le fils adultérin de Maréchal et de sa mère, madame Roland ? Bientôt cette question tourne à l’obsession, bouleverse les relations de Pierre avec sa famille et change peu à peu sa vision du monde. Tout lui apparaît désormais sous un jour sordide.

Madame Roland, qui a deviné les soupçons de son fils aîné sur son passé, cherche à l’éviter. Un beau jour Pierre jette à la tête de son frère ce qui est devenu pour lui une certitude, tandis que, derrière la porte, leur mère assiste à la scène. Acculée, celle-ci avoue sa faute à Jean et lui raconte les circonstances de l’adultère. La cohabitation est désormais impossible entre Pierre et le reste de sa famille : Jean , qui ne tient pas à renoncer à l’héritage, réussit à persuader son frère de s’embarquer, comme médecin, sur un paquebot de la compagnie transatlantique.

Le roman se termine sur le départ de Pierre.

Fort comme la mort ( 1889 )

Olivier Bertin est un peintre à la mode qui a depuis douze ans pour maîtresse une femme du monde, Madame de Guilleroy, prête à tout pour qu’il lui conserve son amour.

Un jour, Annette, la fille de Madame de Guilleroy, élevée à la campagne par sa grand-mère, revient s’installer à Paris auprès de ses parents afin de faire ses débuts dans le monde et se marier. Tout le monde s’extasie sur la ressemblance entre la mère et la fille.

Peu à peu Bertin retrouve en Annette la jeune femme qu’il a aimée autrefois en la personne de sa mère et s’éprend de la jeune fille sans d’abord se l’avouer. A l’occasion d’un deuil et d’un séjour en Normandie, madame de Guilleroy comprend qu’elle perd sa beauté et que Bertin s’intéresse plus à sa fille qu’à elle.

Les deux amants se trouvent en même temps confrontés à leur dégradation physique. L’amour du vieil homme pour la jeune fille, image de sa jeunesse perdue, devient peu à peu une idée fixe, source d’une souffrance de plus en plus aiguë qui ne trouvera sa solution que dans la mort.

Notre Cœur ( 1890 )

Le riche et oisif Mariolle est introduit par un de ses amis dans le salon à la fois artiste et mondain de madame de Burne. Celle-ci a pour habitude de rendre amoureux d’elle les hommes qui fréquentent sa maison. Mariolle se précipite dans ce rôle de soupirant avec passion, d’autant que, lors d’un voyage au Mont Saint Michel madame de Burne devient sa maîtresse. Las amants se revoient à Paris dans une petite maison louée par Mariolle, mais celui-ci comprend vite que sa maîtresse est incapable d’un sentiment un peu ardent, qu’elle n’aime en lui que la passion qui flatte sa vanité, que seule la réussite mondaine l’intéresse.

Désespéré il se retire dans une petite maison de la forêt de Fontainebleau où une jeune servante l’aime enfin comme il le désire. Mais Madame de Burne vient le chercher et le persuade aisément de la suivre à Paris où il emmènera également la jeune fille

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LECON 2

PREPARATION A L’ORAL

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LECON 2

PREPARATION A L’ORAL

1 . RÔLE DES DESCRIPTIONS 2 . RÔLE DES NARRATIONS 3 . RÔLE DES DIALOGUES

DEVOIR N°1

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1 . RÔLE DES DESCRIPTIONS

Quand on étudie une description, il faut avoir toujours présente à l’esprit l’idée que ce n’est pas exactement « ce qui est décrit » qui importe, mais il faut rechercher ce que l’auteur veut nous faire comprendre à travers ces descriptions.

Pour cela le meilleur moyen est de faire la liste des champs lexicaux, c’est à dire des thèmes qui reviennent le plus souvent et qui représentent un centre d’intérêt particulier. Il suffit pour cela de commencer par un simple repérage des mots appartenant à une même notion.

EXAMEN METHODIQUE N°1

( extrait de Une Partie de Campagne ) Mademoiselle Dufour sur la balançoire

Mademoiselle Dufour essayait de se balancer debout, toute seule, sans parvenir à se donner un élan suffisant. C’était une belle fille de dix-huit à vingt ans ; une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d’un désir subit, et vous laisse jusqu’à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens. Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands, les cheveux très noirs. Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair qu’accentuaient encore les efforts des reins qu’elle faisait pour s’enlever. Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu’elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent était tombé derrière elle ; et l’escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu’au genou, et jetant à la figure des deux hommes qui la regardaient en riant, l’air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs de vin.

1 ) Etudiez les notations physiques dans ce texte.

2 ) Etudiez le champ lexical de désir.

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1 ) La description de Melle Dufour sur la balançoire présente un grand nombre de mots indiquant le physique :

- grande - mince

- large de hanches - peau brune - cheveux très noirs

- plénitudes fermes de sa chair - efforts de reins

- bras tendus au-dessus de sa tête - sa poitrine se dressait

- jambes fines - genou

Le travail d’explication de texte consiste à chercher quel effet précis visait Maupassant lorsqu’il écrivait cette description : rien, bien sûr, n’a été écrit par hasard puisque le romancier doit faire un tri entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas !

 D’abord nous voyons Melle Dufour à travers le regard de ceux qui assistent à cette scène et qui seront qualifiés plus loin de « polissons » ; déjà nous comprenons que cette description est loin d’être neutre. Certes elle semble apparemment être objective au début : une jeune fille de dix-huit à vingt ans et l’auteur présente la jeune fille vue de loin, car c’est d’abord sa silhouette générale qui est décrite, puis l’œil s’attache au visage de la jeune fille, par un mouvement presque naturel, mais très rapidement cette description devient beaucoup plus sensuelle et c'est cette sensualité croissante qui représente toute la raison d'être de ce texte ( les reins, la poitrine ) et cette sensualité s’intensifie quand on aperçoit des parties du corps qui sont en général couvertes par des vêtements au XIXème siècle ( les jambes, les genoux )

Donc, nous constatons que ce n’est pas Melle Dufour elle-même qui est importante dans cette description, mais l’effet que produit cette scène sur celui qui la regarde et cela nous prépare à la scène d’amour suivante avec Henri. Nous retrouvons bien ici les principes de la préface qui souhaite que des événements en apparence dus au hasard soient « préparés » par l’écrivain !

2 ) Et d’ailleurs un second champ lexical complète celui-ci, c’est le champ lexical de désir : « belle, vous fouette d’un désir subit, soulèvement des sens, plénitudes fermes de sa chair, l’air de ses jupes plus capiteux que les vapeurs du vin. »

Notons surtout que les connotations des mots employés par Maupassant nous font comprendre que ce désir physique est une impulsion contre laquelle il est presque impossible de lutter : c’est un désir subit ( or, ce mot est intéressant car il y a homonymie entre subit : rapide et subi : qui n’est pas volontaire !) C’est un soulèvement des sens comme une houle qui déferle sur le rivage et qui est incontrôlable, et ce désir enivre comme un vin capiteux, ce qui signifie que la réflexion et la logique sont comme « court-circuitées » et que les forces des fantasmes se déchaînent.

Ainsi, à travers ces deux axes de lecture : les notations physiques et l’expression du désir, nous comprenons l’intérêt des descriptions, intérêt qui va bien au-delà de la simple « peinture » d’une scène, mais qui évoque tous les sentiments nécessaires à la compréhension du roman. L’examen méthodique a donc permis de creuser les idées de l’auteur et d’aller au-delà de l’image

Plan de l’examen méthodique ( 10 minutes ) : Réponses aux

Introduction : situation de la scène et du personnage Lecture

Annonce des axes de lecture :

- étude des notations physiques - étude du champ lexical du désir Conclusion : mise en rapport de cet extrait avec les théories exposées dans la préface de Pierre et Jean

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EXAMEN METHODIQUE N°2

( extrait de Une Partie de Campagne )

Madame Dufour sur la balançoire

Assise sur l’autre balançoire, Madame Dufour gémissait d’une façon monotone et continue : « Cyprien, viens me pousser ; viens donc me pousser, Cyprien ! » A la fin, il y alla et, ayant retroussé les manches de sa chemise, comme avant d’entreprendre un travail, il mit sa femme en mouvement avec une peine infinie.

Cramponnée aux cordes, elle tenait ses jambes droites, pour ne point rencontrer le sol, et elle jouissait d’être étourdie par le va-et-vient de la machine. Ses formes, secouées, tremblotaient comme de le gelée sur un plat. Mais, comme les élans grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur. A chaque descente elle poussait un cri perçant qui faisait accourir tous les gamins du pays ; et, là-bas, devant elle, au-dessus de la haie du jardin, elle apercevait vaguement une garniture de têtes polissonnes que des rires faisaient grimacer diversement.

Une servante étant venue, on commanda le déjeuner.

« Une friture de Seine, un lapin sauté, une salade et du dessert », articula Madame Dufour d’un air important. « Vous apporterez deux litres et une bouteille de Bordeaux », dit son mari. « Nous dînerons sur l’herbe », ajouta la jeune fille.

1 ) Etudiez les notations physiques.

2 ) Etudiez les réactions de Madame Dufour.

Réponses aux questions

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Cette description est parallèle à la précédente et permet au lecteur d’échapper un peu à l’atmosphère assez lourde de la première description, celle de Melle Dufour. Ici les termes sont volontairement parodiques et le but de la scène est de faire sourire le lecteur.

1 ) Les notations physiques sont les suivantes :

- il mit sa femme en mouvement avec une peine infinie - cramponnée

- jambes droites

- ses formes secouées tremblaient comme de la gelée

Au-delà de leur sens premier, quelles connotations ces mots suscitent-ils dans notre esprit ?

Certes on comprend que Madame Dufour est lourde et pesante ; mais encore ? Le fait que monsieur Dufour

« met sa femme en mouvement avec une peine infinie » ne laisse-t-il pas deviner les relations entre les époux ? La communication entre eux doit être très difficile, voire inexistante « alourdie » par des années de vie commune, car ils sont pris dans des réseaux d’habitudes qui leur ont fait perdre leur spontanéité.

En outre, Madame Dufour est « cramponnée » aux cordes, avec les jambes raides « . Tout autant que sur la balançoire, n’est-ce pas son attitude dans la vie d’être cramponnée à des habitudes, à des certitudes, avec une certaine rigidité d’esprit qui pourrait même être de la bêtise ?

Et enfin « ses formes tremblotaient comme de la gelée » indique un certain laisser-aller, un certain relâchement.

Cela représente la déchéance physique qu’entraîne le temps : nous devinons ici la peur que Maupassant ressent devant le temps qui passe et qui nous rend vieux.

Cette description apparemment physique de madame Dufour nous en apprend en fait beaucoup plus sur elle que n’importe quel grand développement psychologique qui risquerait, en outre, d’être fastidieux !

2 ) Quant aux réactions de Madame Dufour, elles sont les suivantes : - gémissait

- d’une façon monotone et continue - jouissait d’être étourdie

- comme les élans grandissaient, elle fut prise de peur et de vertige - poussait un cri perçant

Dès le début de la scène, elle « gémissait ». Pourquoi ? Gémir signifie, certes, « se plaindre », mais aussi

« geindre », « pleurnicher » un peu comme un enfant qui n’obtient pas ce qu’il demande : elle appelle donc à l’aide son mari. On imagine facilement que cette attitude doit lui être habituelle, et d’ailleurs son mari réagit plus par routine que par réel intérêt pour sa femme. On devine toute une vie conjugale monotone et sans passion.

D’ailleurs, inconsciemment, madame Dufour cherche peut-être un peu plus d’ « intérêt » dans sa vie. Elle

« jouissait d’être étourdie », car elle s’ennuie sûrement et souhaiterait un peu plus de « piquant », mais « dès que les élans de la balançoire grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur ». Elle n’ose certainement pas essayer de changer un peu sa vie : elle craint l’inconnu ou la nouveauté. Même si elle n’est pas parfaitement satisfaite de sa vie, elle est trop timorée, trop engluée dans ses habitudes pour y changer quoi que ce soit.Finalement cette courte description nous présente une femme plutôt pitoyable, prise au piège d’une vie triste et monotone mais qui n’ose absolument pas envisager autre chose.

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Plan de l’examen méthodique ( 10 minutes )

Les deux canotiers

Une partie de campagne

Les deux canotiers

2 . RÔLE DES NARRATIONS

Ils étaient étendus sur des chaises, presque couchés. Ils avaient la face noircie par le soleil et la poitrine couverte simplement d’un mince maillot de coton blanc qui laissait passer leurs bras nus, robustes comme ceux des forgerons.

C’étaient deux solides gaillards, posant beaucoup pour la vigueur, mais qui montraient en tous leurs mouvements cette grâce élastique des membres qu'on acquiert par l’exercice, si différente de la déformation qu’imprime à l’ouvrier l’effort pénible, toujours le même.

Ils échangèrent rapidement un sourire en voyant la mère, puis un regard en apercevant la fille. « Donnons notre place, dit l’un, ça nous fera faire connaissance. » L’autre aussitôt se leva et, tenant à la main sa toque mi-partie rouge et mi-partie noire, il offrit chevaleresquement de céder aux dames le seul coin du jardin où ne tombât point le soleil. On accepta en se confondant en excuses ; et pour que ce fût plus champêtre, la famille s’installa sur l’herbe sans table ni sièges.

Les deux jeunes gens portèrent leur couvert quelques pas plus loin et se remirent à manger. Leurs bras nus, qu’ils montraient sans cesse, gênaient un peu le jeune fille. Elle affectait même de tourner la tête et de ne point les remarquer, tandis que madame Dufour, plus hardie, sollicitée par une curiosité féminine qui était peut-être du désir, les regardait à tout moment, les comparant sans doute avec regret aux laideurs secrètes de son mari.

Introduction :situation de la scène et présentation du personnage Lecture

Annonce des axes de lecture :

- importance des notations physiques - les réactions de Madame Dufour

Conclusion : rappel des théories de Maupassant dans la préface de Pierre et Jean

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Les passages narratifs sont des passages qui « racontent » certains faits nécessaires à l’évolution de l’histoire. Le problème fondamental est celui du choix que fait l’auteur des événements à rapporter. Il ne peut, en effet, rapporter tous les événements : il fait donc un tri, mais selon quels critères ?

Bien sûr, il choisit ce qui nous permettra, à nous lecteurs, de bien comprendre la suite des événements, ce qui ne peut se faire que parce que, lui, auteur, sait tout de la suite et de la fin de son œuvre : il est « omniscient », et c’est ici un point de réflexion sur le roman : moi, lecteur, je découvre l’histoire au fur et à mesure de son déroulement, comme si j’y assistais réellement. On dit, en langage courant, que le lecteur « se met dans la peau du personnage », « qu’il vit l’histoire ».

Or, cette histoire qui semble se dérouler sous nos yeux n’a pas été écrite dans son déroulement, mais par un auteur qui sait, a priori, tout ce qui va se passer et comment cela va se dérouler. Dès lors, on comprend qu’il y a une « re-création » par l’auteur qui va donc choisir les événements significatifs c’est-à-dire porteurs de sens dans le cadre de la nouvelle ou du roman.

C’est pourquoi Maupassant voulait qu’on dise « illusionnistes » plutôt que « réalistes » car l’auteur escamote les faits qui ne seraient pas intéressants pour le lecteur. Le roman n’est pas le récit de « toute la réalité ».

EXAMEN METHODIQUE N°3

Une partie de campagne

Arrivée à l’auberge

Alors on descendit. Le mari sauta le premier, puis ouvrit les bras pour recevoir sa femme. Le marchepied, tenu par deux branches de fer, était très loin, de sorte que, pour l’atteindre, Madame Dufour dut laisser voir le bas d’une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent sous un envahissement de graisse tombant des cuisses.

M. Dufour, que la campagne émoustillait déjà, lui pinça vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la déposer lourdement à terre, comme un énorme paquet.

Elle tapa avec la main sa robe de soie pour en faire tomber la poussière, puis regarda l’endroit où elle se trouvait.(…) La jeune fille, ensuite, posant la main sur l’épaule de son père, sauta légèrement toute seule. Le garçon aux cheveux jaunes était descendu en mettant un pied sur la roue, et il aida M. Dufour à décharger la grand-mère.

Alors on détela le cheval, qui fut attaché à un arbre ; et la voiture tomba sur le nez, les deux brancards à terre. Les hommes, ayant retiré leurs redingotes se lavèrent les mains dans un seau d’eau, puis rejoignirent leurs dames installées déjà sur les escarpolettes.

1 )Etudiez les faits retenus par Maupassant et justifiez ce choix.

2 ) Etudiez le principal champ lexical de cet extrait.

Réponses aux questions

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1) Les faits retenus par Maupassant sont des actes simples et « vraisemblables », mais qui ont été choisis afin de préparer l’esprit du lecteur à la suite de la nouvelle. En effet ces faits, en apparence anodins , dessinent une vie tranquille et monotone, remplie d’habitudes qu’une simple journée à la campagne bouleverse : tous les membres de la famille sont présents et chacun joue son rôle : M. Dufour aide sa femme à descendre, le garçon aux cheveux jaunes s’empresse d’aider son patron, alors même qu’aucune parole n’a été prononcée : chacun sait ce qu’il a à faire. Les détails donnés sur la voiture et le cheval servent à « ancrer » cette scène dans une réalité quotidienne perceptible par tous.

2) Toutefois les nombreuses notations physiques donnent un « ton » nouveau à cette scène. Voici le relevé de ces notations qui méritent d’être étudiées :

Ouvrit les bras, bas d’une jambe, cuisses, main (mot repris 3 fois )

 toutes ces notations physiques vont créer une ambiance « érotique » qui rend tout à fait vraisemblable la fin de cette nouvelle. Il faut que le lecteur sache que l’ambiance est « au libertinage » afin d’accepter comme

« normale » le suite des événements. Donc, en fait, le but de Maupassant est de préparer le lecteur, c’est-à- dire d’organiser à l’avance les détails qui feront passer pour « vraisemblables » les faits suivants. Sans ces notations « libertines » le lecteur aurait été surpris par l’aspect sensuel de la suite.

Plan de l’examen méthodique ( 10 minutes )

EXAMEN MEHODIQUE N°4

Introduction : situation de l’extrait dans l’œuvre de Maupassant

Lecture

Annonce des axes de lecture : - étude des faits retenus - champ lexical du physique conclusion : confrontation de cet extrait avec la théorie de Maupassant dans la préface de Pierre et Jean

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Une partie de campagne

Après le repas

1 ) Les faits que Maupassant a retenus sont les suivants : - Chacun dit son couplet

- Les autres applaudirent - On se leva difficilement - Les deux femmes respiraient

- Les hommes faisaient de la gymnastique - Ils se pendaient aux anneaux

Le café les acheva. On parla de chanter et chacun dit son couplet, que les autres applaudirent avec frénésie. Puis on se leva difficilement et, pendant que les deux femmes, étourdies, respiraient, les deux hommes, tout à fait pochards, faisaient de la gymnastique. Lourds, flasques, et la figure écarlate, ils se pendaient gauchement aux anneaux sans parvenir à s’élever ; et leurs chemises menaçaient continuellement d’évacuer leurs pantalons pour battre au vent comme des étendards.

Cependant les canotiers avaient pris leurs yoles à l’eau, et ils revenaient avec politesse proposer aux dames une promenade sur la rivière.

« Monsieur Dufour, veux-tu ? je t’en prie ! » cria sa femme. Il la regarda d’un air d’ivrogne, sans comprendre. Alors un canotier s’approcha, deux lignes de pêcheur à la main. L’espérance de prendre du goujon, cet idéal des boutiquiers, alluma les yeux mornes du bonhomme, qui permit tout ce qu’on voulût, et s’installa à l’ombre, sous le pont, les pieds ballants, au-dessus du fleuve, à côté du jeune homme aux cheveux jaunes qui s’endormit auprès de lui.

1 ) dans quel but Maupassant a-t-il choisi ces événements ?

2 ) en quoi cet extrait est-il réaliste ?Réponses aux questions

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L’auteur constate donc l’ébriété qui s’installe, puis la simple présence passive des femmes. La présence du pronom personnel « on » marque un dépersonnalisation des héros qui n’agissent plus par réflexion. Par opposition à cette absence de réflexion, Maupassant insiste sur le besoin de dépense physique qui peut se comprendre de deux façons différentes :

1 ) besoin d’extérioriser physiquement leur force devant les femmes 2 ) besoin de « défouler » les pulsions physiques qui sont en eux Quant aux femmes, l’auteur se contente de noter : « elles respiraient », c’est-à-dire :

1 ) elles existaient, elles étaient là, comme des objets

2 ) elles vivaient, elles étaient vivantes, donc prêtes à saisir tous les plaisirs de la vie A ce désir de vivre s’oppose la « léthargie » de Monsieur Dufour et du jeune homme aux cheveux jaunes : - le café les acheva

- air d’ivrogne - yeux mornes - pieds ballants - s’endormit

C’est presque une scène de Vaudeville ! Le mari endormi pendant que sa femme est avec un autre homme.

2 ) Cet extrait est typiquement réaliste, car l’auteur décrit les faits, même les plus insignifiants en apparence , voire les plus grossiers, mais il fait un tri dans ce qu’il décrit et il choisit précisément les faits qui dénotent un certain laisser-aller physique, afin de préparer le lecteur à la suite des événements.

L’intérêt du roman est de réfléchir au choix que l’auteur fait des événements qu’il nous rapporte. Aucun événement ne doit être anodin ( à moins que l’auteur ne cherche à nous induire en erreur, comme c’est le cas, par exemple, dans les romans policiers dans lesquels l’auteur insiste longuement et lourdement sur un fait, en profitant pour citer comme par inadvertance ce qui est en réalité essentiel pour la résolution du mystère ).

De plus l’auteur essaie d’être aussi neutre que possible dans la relation des faits : nous avons l’impression qu’il n’a pas d’opinion personnelle, qu’il n’a pas d’avis à émettre : il se veut totalement objectif et emploie pour cela un style presque journalistique.

Plan de l’examen méthodique ( 10 minutes )

3 . RÔLES DES DIALOGUES

Bien qu’il soit par nature descriptif ou narratif, le roman ou la nouvelle inclut aussi des passages dialogués. Cela donne au lecteur l’impression du « hic » et « nunc » qui sont deux mots latins signifiant « ici » et « maintenant ». Le lecteur assiste à l’événement en temps réel, en « direct », comme disent les média. La nouvelle une partie de campagne comporte très peu de dialogues et le plus remarquable est que certains des passages dialogués demandent à l’interlocuteur de se taire :

Exemples : ne faisons pas de bruit ( page 16 ) Ne répondez point…( page 16 )

Introduction : :rappel de la situation des personnages

Lecture

Annonce des axes de lecture :

- étude du choix des faits rapportés - le réalisme dans ce passage Conclusion :Confrontation avec la théorie de Maupassant dans la préface de Pierre et Jean

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Les autres passages ne sont, en général, sans aucune valeur pour l’évolution de l’intrigue. ce sont des propos inconsistants ( par exemple page 13 : un bien beau temps…) ou purement « utilitaires » comme page 12 lorsque Madame Dufour commande le dîner.

Et surtout l’on peut s’interroger sur les derniers mots de la nouvelle :

EXAMEN METHODIQUE N°5

Une partie de campagne

Epilogue

1 ) Dans cet extrait il y a apparence de dialogue, mais c’est en réalité un faux dialogue car il a si peu d’intérêt que Maupassant ne le retranscrit même pas. La seule vraie phrase qui soit dite est bien mise en évidence par les guillemets. Au style indirect avec lequel parle Henri ( « il lui racontait que… » ), Henriette répond par le style direct : « Moi, j’y pense tous les soirs, dit-elle. » Le lecteur attend une réponse à cette phrase, une réponse qui serait directe du point de vue de la syntaxe, mais surtout d’un point de vue psychologique. Et toute l’ambiguïté de Maupassant se manifeste dans une réponse inattendue pour deux raisons : d’abord celui qui répond n’est pas l’interlocuteur attendu, ensuite ce qui est dit n’a aucun rapport avec la réplique précédente ! en fait, ce qui

L’année suivante, un dimanche qu’il faisait très chaud, tous les détails de cette aventure que Henri avait oubliée, lui revinrent subitement, si nets et si désirables, qu’il retourna tout seul à leur chambre dans le bois.

Il fut stupéfait, en entrant. Elle était là, assise sur l’herbe, l’air triste, tandis qu’à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute. Elle devint si pâle en voyant Henri qu’il crut qu’elle allait défaillir. Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux.

Mais comme il lui racontait qu’il aimait beaucoup cet endroit et qu’il y venait souvent se reposer le dimanche, en songeant à bien des souvenirs, elle le regarda longuement dans les yeux.

« Moi, j’y pense tous les soirs, dit-elle.

_ Allons, ma bonne, reprit en baillant son mari, je crois qu’il est temps de nous en aller. »

1 ) étudiez le dialogue dans cet extrait.

2 ) comment interprétez-vous la fin de cette nouvelle ?

Réponses aux questions

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importe dans cette scène ce n’est pas ce qui est dit, mais le non-dit, c’est-à-dire tout ce que sous-entendent ces phrases résumées par l’imparfait « il racontait ».

2 ) il est indéniable que c’est le pessimisme qui domine la fin de cette nouvelle. En effet les personnages sont d’une part dans l’incapacité de communiquer et d’autre part, ils sont pris dans un réseau de contingences sociales et d’obligations qui les empêchent de vivre comme ils le voudraient :

- les personnages ont beaucoup de mal pour communiquer vraiment entre eux car ils éprouvent des difficultés pour exprimer ce qu’ils ressentent, peut-être par pudeur, peut-être parce qu’ils ont eux-mêmes du mal à se comprendre et à discerner ce qu’ils pensent en réalité. Déjà sur la barque, Henriette et Henri se sentaient gênés au point de ne pouvoir parler. Et quand ils se retrouvent, lors de la dernière scène de la nouvelle, ils ne font que « bavarder » de choses et d’autres et ne se disent pas vraiment le fond de leur pensée. La phrase succincte employée par Maupassant glisse sur cette difficulté : « Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux. » Mais cet apparent détachement cache en fait un autre problème.

- En effet si les personnages ne parlent pas c’est parce qu’ils savent que les paroles ne changeront rien à une situation décidée et voulue par la société : pas un instant Henriette ne semble avoir envisagé la possibilité de changer sa vie après avoir rencontré Henri, pas un instant elle n’a remis en cause le mariage auquel elle était destinée par ses parents. Le bonheur se plie aux conventions sociales toutes puissantes. Nous retrouvons ici un des obstacles auxquels Maupassant a été lui-même confronté : le poids des contingences sociales qui font passer le bonheur de l’individu après l’ordre établi. Il n’y a pas l’ombre d’une révolte dans l’attitude des personnages : ils se conforment à ce que la société attend d’eux. Le pessimisme de Maupassant vient en grande partie de cette passivité de l’être face à son destin !

Plan de l’examen méthodique ( 10 minutes )

Introduction : situation des personnages Lecture

Annonce des axes de lecture :

- valeur du dialogue

- interprétation de la fin de la nouvelle conclusion : avis personnel sur cette nouvelle

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Au cours d'une promenade dans le décor des volcans d'Auvergne, Paul de Brétigny cherche à séduire Christiane, femme mariée qui s'éveille à la sensualité de cet homme passionné.

" Avez-vous quelquefois songé, Madame, à ce que pourraient être, pour deux êtres qui s'aiment éperdument, des jours passés dans une cabane comme celle-là ! Ils seraient seuls au monde, vraiment seuls, face à face! Et si une chose semblable pouvait se faire, ne devrait-on point tout quitter pour la réaliser, tant le bonheur est rare, insaisissable et court ? Est-ce qu'on vit aux jours ordinaires de la vie ? Quoi de plus triste que de se lever sans espérances ardentes, d'accomplir avec calme les mêmes besognes, de boire avec modération, de manger avec réserve et de dormir comme une brute, avec tranquillité ."

Elle regardait toujours la maisonnette, et son cœur se gonflait comme si elle allait pleurer, car , tout à coup elle devinait des ivresses qu'elle n'avait jamais soupçonnées.

Certes, elle songeait qu'on serait bien à deux dans cette si petite demeure cachée sous les arbres, en face de ce joujou de lac, de ce bijou de lac, vrai miroir d'amour! On serait bien, sans personne autour de soi, sans voisin, sans un cri d'être, sans un bruit de vie, seule avec un homme aimé qui passerait ses heures aux genoux de l'adorée, la regardant pendant qu'elle regarderait l'onde bleue et qui lui dirait des paroles tendres en lui baisant le bout des doigts.

Ils vivraient là, dans le silence, sous les arbres, au fond de ce cratère qui contiendrait toute leur passion, comme l'eau limpide et profonde, dans son enceinte fermée et régulière, sans autre horizon pour leurs yeux que la ligne ronde de la côte, sans autre horizon pour leur pensée que le bonheur de s'aimer, sans autre horizon pour leur désir que des baisers lents et sans fin .

Se trouvait-il donc des gens sur la terre qui pouvaient goûter des jours pareils ? Oui, sans doute! Et pourquoi pas ? Comment n'avait-elle point compris plus tôt que des joies semblables existaient ?

Ce texte vous est proposé car il rappelle étrangement la scène sur le lac , entre Henri et Henriette, mais il développe des précisions qui ne sont que sous-entendues dans Une Partie de Campagne.

Il faut tout d'abord noter l'importance des sens et le mouvement vers l'intime malgré le regard qui semble extérieur

De plus, le paysage est perçu à travers les sentiments des personnages et leur désir naissant qui s'affirme au fur et à mesure du texte. La rêverie du personnage prend son point d'appui sur la nature : le paysage n'est en fait que le révélateur de l'état d'âme

Certes on peut rapprocher un tel passage de nombreux autres extraits littéraires, préromantiques et romantiques qui associent l'amour à un paysage naturel et surtout à un lac ( Lamartine, Rousseau déjà au 18ème siècle! ).Mais les expressions qui sont employées par l'auteur nous permettent de supposer une certaine ironie vis à vis du personnage ( "joujou", "bijou" ). En fait on a l'impression que Maupassant instaure une certaine distance entre lui et son personnage. Cette distance se confirme par le fait que cet amour n'est qu'illusoire : l'année suivante, Paul aura cessé de l'aimer car le caractère idéal de leur amour aura disparu, le dégoût le prendra devant la grossesse de sa maîtresse.

On peut imaginer que Henri et Henriette auront échappé à cette main mise du quotidien sur une histoire d'amour vouée à l'échec : eux se sont rencontrés mais n'ont pas "concrétisé" cet amour au quotidien!

Etude de ce texte

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LECON 3

ETUDES THEMATIQUES

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LECON 3

ETUDES THEMATIQUES

1 . LA NATURE

2 . LES FEMMES

3 . L'ART D'ECRIRE

4 . LA SOCIETE

5 . LES OBSESSIONS

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1 . LA NATURE

C'est en Normandie que Maupassant écrit la plus grande partie de son œuvre et il connaît bien la région.

Mais au-delà de la simple description, il est intéressant de voir l'aspect symbolique que représente la campagne par rapport à la ville.

1 .1 . Description

Tout le début de la nouvelle Une partie de campagne insiste surtout sur le trajet suivi par la carriole du laitier ; c'est donc une description très minutieuse, depuis les Champs Elysées jusqu'à Bezon. Cette sortie de la ville s'accompagne du lever du jour

Schéma

Ville  campagne

Fort bonne heure  soleil

Il faut remarquer aussi le soudain changement, page 10, ligne 46 : "Enfin….et ç'avait été un ravissement."

On échappe à l'air des usines, on échappe aux "bâtiments défoncés et abandonnés" pour aller vers un

"rafraichissement bienveillant". Et la nouvelle se termine très rapidement sur le retour à Paris. Ce n'est qu'un an plus tard que la rencontre entre Henri et Henriette, dans la forêt, aura lieu.

1 . 2 . Symbolique

a ) Certes la ville représente ce qui est mauvais et ce qui est corrompu, par rapport à la pureté de la nature.

D'ailleurs, page 18," la grand-mère se désolait, les environs de Paris n'étant pas sûrs "

b ) Mais surtout, la nature représente ce qui est "naturel", c'est-à-dire ce qui n'est pas détérioré par la culture, la société, ce que Simone de Beauvoir appellera en 1949 : le conditionnement. En "retournant" à la nature, chacun se laisse aller à ses désirs profonds, chacun redevient ce qu'il est en réalité au fond de lui-même. Même monsieur Dufour le ressent ( "que la campagne émoustillait déjà") et c'est en entendant le chant du rossignol que la jeune fille se laisse aller à des "poétiques tendresses". Même si ce rossignol représente la culture à travers Roméo et Juliette, il n'en est pas moins un élément essentiel de la nature. Même la grand-mère est sensible à la nature et est prise "de tendresse à la vue d'un chat de la maison".

Toutefois, même si la nature représente le bonheur simple et l'harmonie, il faut admettre que c'est la civilisation qui reprend le dessus et qui "corrompt" la nature. Malgré cette journée, chacun reprend son rôle et sa place dans la société, et bien qu'il y ait une profonde nostalgie au fond de l'âme d'Henriette la jeune fille va cependant suivre les projets de mariage établis pour elle. C'est la société qui domine et organise tout.

D'ailleurs Maupassant a profondément vécu cette dualité entre les instincts naturels et la bienséance commandée par les normes sociales. Certains s'arrangent très bien de cette dualité, comme Madame Dufour, d'autres en sont blessés très douloureusement comme Henriette.

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2 . LES FEMMES

2 . 1 . Personnages féminins

Chacun connaît l'intérêt que Maupassant porte aux femmes et l'amour qu'il a pour elles. Mais les femmes, dont il ne saurait se passer dans la vie, n'échappent pas à son regard lucide qui découvre les machinations mesquines et les failles secrètes. Il faut ici rappeler que la philosophie très pessimiste De Schopenhauer ( 1788- 1860 ) eut un grand retentissement dans l'esprit de Maupassant.

La nouvelle Une partie de campagne présente deux types de femmes, apparemment différents :

Maupassant la décrit peu physiquement. En fait il ne nous dit rien sur elle sauf que : - elle avait trente six ans environ ( page 10 )

- elle était forte en chair ( page 10 ) et il insiste sur cet aspect ( "la grosse dame" page 17, "gros mollets" page 17, "la grosse dame s'arrondissait" page 18 )

Toutefois il nous laisse deviner, derrière cette image, celle de la jeune fille qu'elle fut et qui peut-être ressemblait à ce qu'est Henriette aujourd'hui. Ainsi, "elle laissa voir le bas d'une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent"

C'est alors que l'on devine tout un drame personnel : un certain laisser-aller physique qui a entraîné peu à peu des frustrations et des regrets ( "les comparant avec regret aux laideurs de son mari" page 13 )

Et, à cause de cela, elle n'hésite pas à utiliser la ruse pour se retrouver seule avec le canotier. Elle devine que son mari n'acceptera pas la promenade et pourtant elle la lui propose : " veux-tu ? je t'en prie" ( page 14 )

Cette duplicité des femmes est un thème cher à Maupassant et d'ailleurs cette duplicité est surtout l'apanage des femmes "de la bonne société". En revanche, la paysanne de la nouvelle Histoire d'une fille de ferme a beaucoup de difficulté pour taire à son mari l'existence de son enfant!

Toutefois il faut remarquer que pas une seule fois Maupassant n'est clair et affirmatif lorsqu'il évoque une possible "aventure" entre Madame Dufour et le canotier. Il ne parle que par allusions.

- que "lutinait sans doute l'ancien canotier" page 17 - "Henri crut voir…"page 17

- "Henri crut distinguer tout à coup comme un baiser qu'on étouffait" page 18

Ceci est certes dû à des raisons morales, mais Maupassant a surtout voulu laisser le lecteur imaginer par lui- même ce qui était le plus vraisemblable!

Madame Dufour représente donc la femme de la société bourgeoise, soucieuse de son statut, mais qui, déçue de la vie qu'elle mène, est tout à fait capable de mentir pour satisfaire ses désirs.

Madame Dufour

Mademoiselle Dufour

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