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PROFIL SÉRO-ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE LA TOXOPLASMOSE AU NORD DE LA TUNISIE

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PROFIL SÉRO-ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE LA TOXOPLASMOSE AU NORD DE LA TUNISIE

BOURATBINE A.*, SIALA E.*, CHAHED M.K.**, AOUN K.* & BEN ISMAIL R.*

S u m m a r y : SERO-EPIDEMIOLOGICAL DATA ABOUT TOXOPLASMOSIS IN THE NORTH OF TUNISIA

Toxoplasma antibodies prevalence w a s studied in the north of Tunisia where a mild climate prevails. T w o groups of individuals were investigated: 8 5 7 living in rural area and 5 6 4 living in urb town. Sera were analysed by ELISA and indirect

immunofluorescence. The overall prevalence w a s 5 8 . 4 %. It roses from 2 4 . 5 % at ten years to 5 2 . 1 % at 2 0 years of age. A maximum level, around 7 0 %, w a s reached by about 3 0 years.

The risk of acute infection after this age seemed low as judging by the proportion of high antibodies titers observed in this group ( 1 4 . 2 % before 3 0 years vs 3 . 7 % after). A significantly higher prevalence w a s detected in urban residents ( 6 7 % vs 5 2 . 8 % ) . In this group, the rate of seroconversion seems the highest between ten and 2 0 years of age and the majority of women are infected before reaching childbearing age. In the rural area, the seropositivity is lower between ten-20 years and many women at childbearing age still suceptible to toxoplasmosis. The risk of acute infection seems higher in the youngest ones as showed by the proportion of high antibodies titers observed in the 1 8 - 3 0 age group ( 9 . 2 %| compared to the one observed after 3 0 yeats ( 1 . 9 % ) .

KEYWORDS : toxoplasmosis, epidemiology, rural area, urbain area, Tunisia.

RESUME :

La prévalence de la toxoplasmose a été étudiée dans le nord de la Tunisie chez 857 individus d'origine rurale et 564 individus d'origine urbaine. Les anticorps anti-toxoplasmiques ont été recherchés par immunofluorescence indirecte (IFI) et par ELISA. La prévalence de la toxoplasmose dans la population générale était de 58,4 %. Elle a significativement varié avec l'âge, passant de 24,5 % à dix ans à 52, I % à 20 ans, pour atteindre un maximum autour de 70 % vers l'âge de 30 ans. A partir de cet âge, les seroconversions semblent rares à en juger par la faible proportion des sérums à titres élevés en IFI (14,2 % avant 30 ans vs 3,7 % après 30 ans). La prévalence était significativement plus élevée en milieu urbain (67 % vs 52,8 %). Dans ce milieu, c'est entre dix et vingt ans, que les seroconversions semblent les plus fréquentes, la majorité des femmes étant alors immunisées à l'âge de la procréation. En milieu rural, l'immunisation, moins intense entre dix et 20 ans, fait que le nombre de femmes réceptives à la toxoplasmose à l'âge légal du mariage ( 18 ans) est plus important. Ce sont donc les femmes jeunes de ce milieu qui sont les plus exposées au risque d'infection toxoplasmique comme en témoigne la proportion élevée de sérum fortement positifs dans cette population [9,2 % pour les 18-30 ans vs 1,9 % pour les 30- 48 ans).

MOTS CLES : toxoplasmose, êpidémiologie, milieu rural, milieu urbain, Tunisie.

INTRODUCTION

L

a t o x o p l a s m o s e est u n e parasitose c o s m o p o l i t e . Cependant, sa prévalence et son incidence varient entre les populations, p r o b a b l e m e n t en rapport a v e c u n e exposition différente aux multiples facteurs d e risque ( D u b e y , 1 9 8 8 ; Paris, 1 9 9 6 ) .

L'infection par T. gondii est particulièrement impor- tante à c o n s i d é r e r c h e z la f e m m e e n c e i n t e , le para- site pouvant être transmis au fœtus et lui o c c a s i o n n e r d e s malformations graves ( W o n g , 1 9 9 4 ) . En Tunisie, malgré l ' a b s e n c e d'un p r o g r a m m e national de pré- vention, la s é r o l o g i e t o x o p l a s m i q u e est systématique- ment d e m a n d é e dans les grands c e n t r e s hospitaliers dès la p r e m i è r e consultation prénatale ( B e n Ayed,

* Laboratoire de Parasitologic, Institut Pasteur de Tunis.

** Section de Médecine préventive, Faculté de Médecine de Tunis.

Correspondance : Pr Bouratbine Aîda. Laboratoire de Parasitologic, Ins- titut Pasteur de Tunis, 13, place Pasteur, BP 74, 1002 Tunis, Tunisie.

Tél. : 00216 1 792 429 - Fax : 00216 1 791 833.

1 9 9 4 ; Khémiri, 1 9 9 7 ) . Cependant, cette première séro- logie est très souvent tardive, d e m a n d é e au cours du d e u x i è m e trimestre (Khémiri, 1 9 9 7 ) . L'interprétation d è s lors d e certains résultats s é r o l o g i q u e s devient délicate ( J e n u m , 1 9 9 8 ) .

L'institution d'un p r o g r a m m e national de prévention, b a s é , tel q u e p r é c o n i s é dans d'autres pays, sur la détermination du statut immunitaire de la f e m m e e n prénuptial et e n prénatal (Wallon, 1994) permettrait de pallier à c e s insuffisances. La pertinence de sa mise e n p l a c e d é p e n d c e p e n d a n t d e l'amplitude du p r o b l è m e dans la c o m m u n a u t é et du risque réel d e la contami- nation de la f e m m e parturiente ( D e s m o n t , 1 9 9 0 ; Lap- palainen, 1 9 9 5 ) .

Afin d'émettre des h y p o t h è s e s quant a u x modalités de transmission du parasite et d'apprécier le risque de s é r o c o n v e r s i o n des f e m m e s e n â g e de procréer selon leur m o d e de vie, u n e étude du profil séro-épidémio- logique d e la t o x o p l a s m o s e a été réalisée dans deux c o m m u n a u t é s , l'une rurale et l'autre urbaine, du nord de la Tunisie.

Parasite, 2001, 8, 61-66

Note de recherche 61

Article available athttp://www.parasite-journal.orgorhttp://dx.doi.org/10.1051/parasite/2001081061

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

LIEU DE L'ENQUÊTE

L

a transmission de la t o x o p l a s m o s e a été étudiée dans d e u x délégations limitrophes du gouver- norat d e Béja (nord de la T u n i s i e ) : la délégation de Medjez el B a b et la délégation de Goubellat. L'étude a c o n c e r n é les populations de d e u x "imadats" : Khni- guet E d d h e n ( K D H ) et Medjez El B a b Ville ( M B V ) . Cette z o n e g é o g r a p h i q u e appartient à la région du Tell qui se caractérise par un climat de type méditerranéen s e m i - h u m i d e à s u b - h u m i d e a v e c u n e t e m p é r a t u r e m o y e n n e annuelle située entre 18° C et 20° C et une pluviométrie annuelle entre 4 0 0 et 600 mm.

La première "imadat", KDH, est une z o n e rurale qui c o m p t e environ 1 4 0 0 individus. L'approvisionnement en eau s'y fait par des -moyens traditionnels (puits, citernes, fontaines publiques) et le métier prédominant y est celui d'ouvrier agricole. La d e u x i è m e "imadat", MBV, est u n e z o n e urbaine où résident 1 2 5 0 individus environ. L'approvisionnement e n eau y est assuré par le r é s e a u national de distribution des e a u x et les métiers c o m m e r c i a u x et administratifs y sont prédo- minants.

CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION ÉTUDIÉE L'enquête sur le terrain a été réalisée e n d e u x temps par l'équipe du Laboratoire d'Épidémiologie et d'Éco- logie parasitaire de l'Institut Pasteur de Tunis dans le cadre d'un projet sur l'hydatidose. D'abord, les p o p u - lations des d e u x "imadats" ont été r e c e n s é e s lors de visites au porte-à-porte. S e c o n d a i r e m e n t , des prélève- ments de sang qui se voulaient exhaustifs ont été effectués. Les sérums ont été c o n s e r v é s à - 20°C. Pour les b e s o i n s de notre étude, n o u s avons pu a c c é d e r à la s é r o t h è q u e et a u x d o n n é e s c o n c e r n a n t l'âge, le s e x e et l'état civil des individus r e c e n s é s .

La population de KDH est formée d e 1 4 1 5 individus g r o u p é s en 2 6 2 familles vivants dans 166 habitations.

La population est j e u n e , majoritairement constituée d'individus de moins de 3 0 ans (62 % ) . Les d e u x s e x e s sont représentés de m a n i è r e équivalente. 5 5 , 3 % d e la population féminine a entre 18 et 4 8 ans. Parmi cette population en â g e de procréer, 56 % ont m o i n s d e 3 0 ans. La proportion d e f e m m e s mariées diffère en fonction d e la tranche d'âge ( 2 0 % des 1 8 - 3 0 ans et 8 0 % des 3 0 - 4 8 ans). M B V c o m p t e 1 2 5 6 individus g r o u p é s e n 3 1 0 familles vivant dans 2 5 8 habitations.

La population est moins j e u n e q u e celle d e KDH, la m é d i a n e d'âge étant d e 3 0 ans. C o m m e à KDH, les sujets d e s e x e masculin et c e u x de s e x e féminin sont é g a l e m e n t répartis dans la population. La population féminine â g é e de 18 à 4 8 ans représente 5 2 , 8 % de la totalité des individus de s e x e féminin, 53 % d'entre

elles ont moins de 3 0 ans. La proportion des f e m m e s mariées est é g a l e m e n t différente e n fonction d e l'âge ( 3 0 % des 1 8 - 3 0 ans et 87 % des 3 0 - 4 8 a n s ) .

Les sérums de 1 4 2 1 individus ont été étudiés. 8 5 7 pro- venaient de KDH et 5 6 4 de M B V . Ce qui représente 6 0 , 5 % d e la population rurale et 4 5 % de la popula- tion urbaine. Les individus de s e x e féminin étaient dans les d e u x cas plus prélevés q u e c e u x d e s e x e masculin, respectivement 74 % versus 53 % à KDH et 50 % versus 4 0 % à MBV.

SÉROLOGIE TOXOPLASMIQUE

Les anticorps ( A c ) anti-toxoplasmiques ont été recher- c h é s et titrés systématiquement par d e u x t e c h n i q u e s , l'immunofluorescence indirecte ( I F I ) et l'ELISA. L'anti- g è n e utilisé e n IFI est c o m m e r c i a l i s é par l'Institut Pas- teur de Tunis. La révélation des anticorps a utilisé u n e antiglobuline humaine dirigée contre les Ig GAM (Sanofi Diagnostics Pasteur). Les i m m u n o g l o b u l i n e s totales ont été quantifiées en unités internationales par rap- port à un étalon OMS. Le seuil d e positivité d e la tech- nique est de 10 U l / m l . Le kit utilisé e n ELISA est c o m - mercialisé par Sanofi Diagnostic Pasteur (Platelia T o x o Ig G ) , son seuil de positivité est d e 6 UI.

Tout sérum positif par au m o i n s l'une de c e s d e u x t e c h n i q u e s a été retenu c o m m e positif. Un titre d'anti- corps supérieur ou égal à 2 5 6 U l / m l e n IFI a été consi- déré c o m m e élevé.

ANALYSE STATISTIQUE

L'analyse statistique des d o n n é e s a été réalisée à l'aide du logiciel SPSS/Windows : version 7.0. Le test du Chi 2 et le test t d e Student ont été utilisés p o u r c o m p a r e r respectivement les p o u r c e n t a g e s et les m o y e n n e s .

RÉSULTATS

RÉSULTATS SÉROLOGIQUES DE LA POPULATION GLOBALE

P

armi les 1 4 2 1 sérums testés, 8 3 1 soit 5 8 , 4 % se sont révélés positifs. Le taux de c o n c o r d a n c e entre les d e u x t e c h n i q u e s était d e 9 8 , 8 %.

La séroprévalence a significativement varié e n fonction de l'âge (p < 0 , 0 0 1 ) et du milieu (p < 0 , 0 0 1 ) .

En fonction de l'âge, la s é r o p r é v a l e n c e a progressive- ment a u g m e n t é jusqu'à 3 0 ans, p o u r se stabiliser par la suite autour d'une valeur m o y e n n e de 7 0 %. À partir d e cet âge, les sérums à titre é l e v é d'Ac étaient plus rares (3,7 % après 3 0 ans versus 14,2 % avant 3 0 a n s ; p < 0 , 0 0 1 ) ( T a b l e a u I , Fig. 1 ) .

La séroprévalence était plus é l e v é e e n milieu urbain qu'en milieu rural (67 % versus 5 2 , 8 % ) . Cependant, cette comparaison g l o b a l e n'a pas d e valeur statistique

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TOXOPLASMOSE EN TUNISIE

Séro-

IFI > 256 UI (% d a n s la Négatifs Positifs Total p r é v a l e n c e p o p u l a t i o n )

1-10 a n s 166 54 220 24,5 % 45 (20,5 °/o)

10-20 a n s 159 173 332 52,1 % 52 (15,7 % )

20-30 ans 98 178 276 64,5 % 21 (7,6 % )

> 30 a n s 167 426 593 71,8 % 22 (3,7 % )

Total 590 831 1421 58,4 % 140 (9,8 % )

Tableau I. - Séroprévalence et proportion de sérums à titre élevé en fonction de l'âge dans la population d'étude.

sans u n e analyse des effectifs par classe d'âge. En effet, la classe un-dix ans représente 17 % des sérums en milieu rural et 13 % en milieu urbain. La classe dix- 2 0 ans : 4 3 % e n milieu rural et 3 3 % en milieu urbain.

La s é r o p r é v a l e n c e étant plus faible dans c e s classes d'âge, leur sur-représentation en milieu rural par rap­

port au milieu urbain peut à elle seule expliquer la dif­

férence significative entre les deux groupes lorsque l'on c o m p a r e l'ensemble des résultats. L'analyse c o m p a r a ­ tive d e s s é r o p r é v a l e n c e s par tranche d'âge dans les d e u x milieux a c e p e n d a n t montré que, si avant dix ans la p r é v a l e n c e n'était pas significativement différente (29,3 % e n milieu urbain et 22,1 % en milieu rural), elle

l'était par contre entre dix et 2 0 ans ( 6 7 % en milieu urbain versus 4 4 , 8 % e n milieu rural, p < 0 , 0 0 1 ) et se maintenait au-delà de 2 0 ans ( 7 4 , 4 % versus 6 5 , 6 %, p

< 0 , 0 5 ) (Tableau II, Fig. 2 ) . En c e qui c o n c e r n e les sujets porteurs de titres élevés d'Ac antiioxoplasmiques, il n'a pas été noté de différence significative entre les tranches d'âges des d e u x milieux (Tableau I I ) .

RÉSULTATS SÉROLOGIQUES

DE LA POPULATION FÉMININE EN ÂGE DE PROCRÉER Chez les 3 8 8 individus de s e x e féminin âgés de 18 à 4 8 ans, 67 % avaient des anticorps antitoxoplasmiques.

33 % étaient d o n c réceptives à la t o x o p l a s m o s e . 4,9 % d e cette population avait un titre é l e v é d'Ac antitoxo­

plasmiques.

La s é r o p r é v a l e n c e n'était pas significativement diffé­

rente entre les tranches d'âge ou entre les deux milieux rural et urbain ( T a b l e a u x III et IV).

Les sérums fortement positifs sont trouvés en propor­

tion plus é l e v é e c h e z les f e m m e s j e u n e s de 18-30 ans ( 6 , 8 % versus 2,7 %, T a b l e a u III). Cependant, cette dif­

férence n'est significative q u e c h e z les femmes d'ori­

g i n e rurale ( 9 , 2 % versus 1,9 %, p< 0 , 0 5 . Tableau IV).

Ces f e m m e s rurales d e moins d e 3 0 ans sont à 8 0 % des célibataires.

Milieu rural Milieu u r b a i n

-

+ Total Prévalence > 256 V (%)

-

+ Total Prévalence > 256 U (%)

1-10 113 32 145 22,1 % 28 (19,3 % ) 53 22 75 29.3 % 17 (22.7 % )

10-20 123 100 223 44,8 % ' 31 (13,9 % ) 36 "3 109 67 %' 21 (19,3 % )

20-30 64 108 172 62.8 " 16 (9,3 % ) 34 70 104 67,3 % 5 (4,8 % )

> 30 104 213 317 67,2 %2 11 (3,5 % ) 63 213 276 77,2 %2 11 (4 % )

Total 404 453 857 52,8 % 86 (10 % ) 186 378 564 67 % 54 (9.5 % )

1 : p< 0,001 ; 2 : p < 0,05.

Fig. 1. - Séroprévalence dans la population générale.

Parasite, 2001, 8, 61-66

Note de recherche 63

Tableau II. - Séroprévalence et proportions de sérums fortement positifs en fonction de l'âge, en milieu rural et urbain.

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Négatifs Positifs Total

Séro- p r é v a l e n c e

IFI > 2 5 6 UI (%

de sujets)

18-30 ans 69 136 205 66,3 % 14 (6,8 % )

3 0 - 4 8 ans 59 124 183 67,6 % 5 (2,7 % )

Total 128 260 388 67 % 19 (4,9 % )

Tableau III. - Séroprévalence et proportion de sérums fortement positifs chez les femmes en âge de procréer.

DISCUSSION

L

a séroprévalence de la toxoplasmose est de l'ordre de 7 0 % c h e z les adultes de la région étudiée. Ce chiffre se rapproche de c e u x observés dans les zones cotières et humides d'Afrique du Nord (Dupouy- Camet, 1 9 9 3 ; Biava, 1983)- Il reflète probablement un niveau de transmission é l e v é dans le nord du pays o ù le degré élevé d'hygrométrie est favorable au maintien des oocystes (Dupouy-Camet, 1993). D'autres études effectuées dans d'autres régions à climat plus sec (centre et sud) pourraient révéler, à l'instar d'autres pays magh- rebins, des séroprévalences plus basses (Biava, 1983).

L'évaluation de la s é r o p r é v a l e n c e e n fonction de l'âge est d'un grand intérêt dans la détermination du profil

é p i d é m i o l o g i q u e de la t o x o p l a s m o s e dans u n e région d o n n é e (Walker, 1 9 9 2 ; Carme, 1 9 9 6 ; Dupouy-Camet,

1993). Ainsi, il apparaît dans la population étudiée que, entre un et dix ans, la proportion d'enfants immunisés est déjà é l e v é e ( 2 4 , 5 % ) . Entre dix et 2 0 ans, l'immu- nisation continue d e progresser. A partir d e 2 0 - 3 0 ans, le niveau d'immunisation m a x i m u m est atteint. Plus d e 7 0 % des sujets sont alors porteurs d'Ac antitoxoplas- miques et les infections deviennent rares. Ce profil épi- démiologique a déjà été décrit par d'autres auteurs tuni- siens (Messedi-Triki, 1 9 8 2 ) . Il est e n faveur d'une contamination p r é c o c e , se faisant dans l'enfance et l'adolescence. C o m m e dans les zones tropicales, durant cette p é r i o d e de vie, la transmission par les o o c y s t e s est p r o b a b l e m e n t prépondérante. À c o t é d e c e m o d e de transmission, coexisteraient des contaminations ité- ratives par les kystes c o n t e n u s dans la viande d'a,ni- m a u x de b o u c h e r i e . Cette modalité de contamination expliquerait ainsi, q u e , entre dix et 3 0 ans, alors q u e l'hygiène s'améliore et le contact tellurique diminue, les individus continuent à s'immuniser. Il est à signaler q u e clans la région de l'étude, le m o u t o n constitue l'animal d e b o u c h e r i e le plus c o m m u n . Ce dernier est en Tunisie celui qui est trouvé le plus infecté par Toxo- plasma gondii, a v e c des taux de positivité avoisinant les 7 5 % ( B e n Rachid, 1 9 7 0 ) . La c o n s o m m a t i o n de sa

Milieu rural Milieu u r b a i n

- + Total Prévalence > 256 U (%) - + Total Prévalence > 256 U (%)

18-30 42 89 131 67,9 % 12 (9,2 %)1 27 47 74 63,5 % 2 (2,7 % )

3 0 - 4 8 37 67 104 64,4 % 2 (1,9 % ) ' 22 57 79 72,2 % 3 (3,8 % )

Total 79 156 235 66,4 % 14 (6 % ) 49 104 153 68 % 5 (3,3 % )

1 : P < 0,05.

Tableau IV. - Séroprévalence et proportion de sérums fortement positifs chez les femmes en âge de procréer, en milieu rural et urbain.

Fig. 2. - Séroprévalence en milieux rural et urbain.

(5)

TOXOPLASMOSE EN TUNISIE

viande grillée ( m é c h o u i ) est fréquente, surtout lors d e certaines fêtes religieuses "zerda" o u d e la c é r é m o n i e a n n u e l l e du sacrifice (Aïd El Kebir).

La s é r o p r é v a l e n c e d e la t o x o p l a s m o s e est significati- v e m e n t plus é l e v é e e n milieu urbain q u ' e n milieu niral (p < 0,001). En Tunisie, la plupart des études anté- rieures n'ont c o n c e r n é q u e des populations urbaines.

Ailleurs, dans d'autres régions du m o n d e , une telle dif- férence n'a é t é signalée qu'en République du C o n g o ( D u m a s , 1 9 9 0 ) .

Cette différence d e p r é v a l e n c e n e s e m b l e p a s liée à l'âge d e la population étudiée, g l o b a l e m e n t plus j e u n e e n milieu rural. Elle s e retrouve e n effet dans toutes les tranches d'âge à partir d e dix ans. Il e s t très pro- bable q u e c e niveau plus élevé e n milieu urbain reflète une contamination p a r c o n s o m m a t i o n plus fréquente d e viande ovine. L'importance d'une telle c o n s o m m a - tion d é p e n d a n t d e s habitudes culinaires mais surtout du niveau s o c i o - é c o n o m i q u e . Il est également possible q u e c e niveau plus é l e v é soit la c o n s é q u e n c e d'un réservoir félin plus important e n ville. La densité d e s chats, leur structure e n âge et leur potentiel reproductif étant déterminants dans la transmission e n zone urbaine (Sousa, 1 9 8 8 ) . L'existence dans c e milieu des m o u c h e s et d e s blattes serait un facteur d e risque supplémen- taire. Ils agiraient c o m m e transporteurs d e s o o c y s t e s vers l'alimentation (Frenkel, 1 9 9 5 ) . L'importance rela- tive d e s différentes modalités d e contamination dans les d e u x milieux n e pourrait e n fait être définie q u e par u n e e x p l o r a t i o n d e s facteurs d e risque. D a n s l'avenir, la caractérisation d'antigènes spécifiques d e stades permettra d e différencier p a r u n e simple réac- tion sérologique, entre la contamination par les kystes et celle p a r les o o c y s t e s (Kasper, 1 9 8 9 ) .

Les f e m m e s e n p é r i o d e d e procréation constituent le g r o u p e à risque le plus important, e n raison d e la gra- vité d e s fœtopathies pouvant résulter d'une infection t o x o p l a s m i q u e a c q u i s e a u c o u r s d ' u n e g r o s s e s s e ( W o n g , 1 9 9 4 ) . Les résultats d e notre e n q u ê t e montrent q u e 6 6 , 9 % des f e m m e s e n â g e d e procréer p o s s è d e n t u n e immunité t o x o p l a s m i q u e résiduelle protectrice qui les met à l'abri d'une t o x o p l a s m o s e évolutive. Ce taux est p r o c h e d e celui rapporté c h e z les parturientes consultant dans divers hôpitaux d e la région d e Tunis ( B e n Ayed-Nouira, 1 9 9 4 ; Khémiri, 1 9 9 7 ) . La propor- tion d e f e m m e s porteuses d'un titre é l e v é d'Ac (4,7 % ) laisse c e p e n d a n t présager q u e , dans c e g r o u p e à ris- que, les infections n e sont pas e x c e p t i o n n e l l e s . En fait, c'est entre 18 et 3 0 a n s q u e c e s titres élevés, proba- blement témoins d'infections récentes (Candolfi, 1990), sont l e s plus f r é q u e m m e n t r e n c o n t r é s . D a n s notre population, ils ont essentiellement été trouvés c h e z les femmes d'origine a í r a l e . Ceci peut s'expliquer par un n o m b r e d e sujets réceptifs à l'âge d e 18 a n s plus important dans c e milieu. En milieu urbain, à l'âge légal

du mariage ( 1 8 ans), c o m m e déjà rapporté par d'autres auteurs tunisiens (Jemni, 1 9 8 6 ) , la plupart des femmes sont immunisées, le n o m b r e d e f e m m e s ayant u n e sérologie fortement positive est bas et le risque d'infec- tion s e m b l e faible.

Il est à noter q u e la contamination des femmes rurales, dans la tranche d'âges 18-30 a n s peut être favorisée par l'hygiène précaire et le m a n q u e d'eau lors d e la manipulation d e la viande ovine pour la préparation des repas.

CONCLUSION

C

e travail a permis d e préciser le profil épidé- m i o l o g i q u e d e la t o x o p l a s m o s e dans le nord d e la Tunisie, dans deux milieux, l'un rural et l'autre urbain, et d'apprécier le risque encouru par les femmes e n â g e d e procréer dans c e s d e u x milieux. Toutefois, devant les variations régionales déjà mentionnées dans d'autres pays maghrébins, il paraît intéressant d'élargir c e s e n q u ê t e s à différentes régions du centre et du sud tunisien à climat semi-aride ou aride o ù le degré d'hygrométrie est moins favorable à la transmission. Il est é g a l e m e n t intéressant d'étudier les profils sérolo- giques dans les grandes villes o ù l'environnement et le m o d e d e vie d e la population sont différents. Toutes ces études permettraient d'évaluer le risque réel d e la t o x o p l a s m o s e e n Tunisie, d e mesurer l'amplitude du p r o b l è m e dans la c o m m u n a u t é tunisienne et d'évaluer la p e r t i n e n c e d e l'institution d'un programme national de prévention de la t o x o p l a s m o s e congénitale basé, tel q u e p r é c o n i s é p a r d'autres pays, sur la détermination du statut immunitaire des f e m m e s e n prénuptial e t / o u e n prénatal.

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Reçu le 25 mai 2000 Accepté le 24 octobre 2000

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