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DU MEME AUTEUR. Amour et haine, poèmes (Saint-Germain-des-Prés,

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WALANDA ( L a Leçon)

La publication de cet ouvrage a été rendue possible grâce à la contribution de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (19, avenue de Messine, 75008 PARIS) dans le cadre de son program- me « Promotion des cultures nationales »

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DU MEME AUTEUR

Les Jumeaux de Kaarta, pièce de théâtre montée par l'O.R.T.F. et diffusée dans dix-huit pays d'Afrique francophone (1971).

Nègres, qu 'avez-vous fait ?, tragédie en trois actes, premier prix littéraire du Mali, en 1971 (Bamako, Editions Populaires, 1972).

Les Hommes du Bakchich, premier prix inter- africain du Théâtre de l'O.R.T.F., en 1971. Diffu- sion O.R.T.F. (1973).

Contes de l'Afrique Noire (Québec, Editions Naa- man, 1973).

Mourir pour vivre, tragédie montée par l'O.R.T.F.

(1972), traduite et jouée en anglais la même année et publiée par les éditions Saint-Germain- des-Prés (Paris, 1975).

Amour et haine, poèmes 1959-1971 (Saint-Ger- main-des-Prés, 1975).

Les pièces d'Alkaly Kaba sont programmées au

répertoire du Théâtre National du Mali et ses

Contes de l'Afrique Noire inscrits au programme

officiel de l'Enseignement dans les lycées.

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ALKALY KABA

WALANDA

(La L e ç o n ) Récit

EDITIONS SAINT-GERMAIN-DES-PRES

70, rue du Cherche-Midi - Paris 6

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édition originale

© éditions saint-germain-des-prés - 1976

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A nos pères Amssoumana, Coro Kaba, Antoinier René.

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— « Vieille.. ! Alors je vais te dire ceci : si ici je ne peux pas me servir de mon argent, ailleurs je le peux. Votre fils aura bien de la misère à échapper aux mains de ceux-là qui savent accepter mon ar- gent. Mieux vaut pour toi et ton enfant de renoncer

à la présence de Sanou dans votre maison. » Souleimane avait l'air d'oublier, vraiment oublier, ce qu'est la vie des êtres de notre monde.

— « Dis-moi, mon fils, ceux qui vont accepter ton argent, sont-ils des êtres ? »

— « Oui, ce sont des hommes, mais qui ont des pouvoirs d'agir », m'a-t-il répondu.

— « Ils viendront ici pour exercer leurs pou- voirs ? »

— « Oui ! crois-moi, ils viendront jusqu'à ta maison. »

— « Eh bien... ! dis-leur qu'ils trouveront ici des hommes qui connaissent le pouvoir du sable et de l'eau. »

Je ne me souviens plus de tout ce qu'il a pu dire ce jour-là. Je sais qu'en repartant, il m'a fait comprendre qu'il allait donner une leçon à Fafa.

Je n'avais pas peur qu'il retrouve mon fils sur l'eau. Là-bas, je le savais, il irait affronter le secret de l'impossible. On ne joue pas à faire mal au fils de l'eau au sein de sa mère. Avec le pêcheur,

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le profane ne sait pas nager ; s'il sait nager, il ne sait pas plonger ; s'il sait plonger, il ne sait pas le secret de la respiration sous l'eau. Le profane dans l'eau est comme le mauvais élève.

Le mauvais élève n'écoute pas. Quand il écoute, il ne comprend pas ; quand il comprend, il ne retient pas ; et quand il retient, il mélange tout en s'exprimant.

Souleimane s'était rendu à Gao. Il acheta un petit modèle de la chose qui fait de la fumée.

Cette chose qui fait marcher les grandes, les très grandes pirogues de transport entre Gao et la capi- tale.

Vous connaissez cette chose-là. Ils la met- tent à tous les navires pour empêcher les hommes de travailler avec leurs muscles.

Tiens, je me le rappelle, ils l'appellent

« motéraï ». Souleimane, après s'être procuré un

« motéraï », était revenu le même jour dans notre village. C'était le crépuscule ; certains pêcheurs rentraient chez eux. Ces vieux pêcheurs qui con- naissent bien les mouvements des groupes de pois- sons dans le Niger. C'est à Alkalifa, le vieux Alka- lifa du sud de notre village, qu'il demanda de lui prêter sa pirogue pour de l'argent.

Vous savez que chez nous, les pêcheurs prê-

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tent leurs navires, mais jamais pour ce que Soulei- mane proposait.

Alkalifa lui a prêté sa pirogue pour ce qui est valable : « l'humanisme », et lui laissa son ar- gent. Si le vieux pêcheur avait su les intentions de Souleimane, pensez-vous qu'il aurait fait ce geste ? Non ! C'est pour cela, mes enfants, qu'il faut fai- re attention au bien, car entre le bien et le mal, il y a juste un petit fossé.

Souleimane monta à la queue de la pirogue son « motéraï », et s'aventura sur l'eau.

Là-bas, très loin, là où vous voyez les îlots flottants, c'était là-bas où Fafa était allé pêcher.

C'est le coin des silures. Le nouveau pêcheur mit beaucoup de temps à le voir entre les roseaux.

Le découvrant, il se dirigea sur la pirogue de Fafa qui eut juste le temps de donner quelques coups de pagaie et parvint à le feinter. Le nouveau pêcheur passa très près de lui et continua avec la même allure son chemin.

Fafa eut vraiment peur ; il immobilisa sa pirogue qui tanguait. Il suivit les mouvements de celui qui lui voulait du mal. Souleimane tournait autour de la pirogue.

Fafa ne disait rien, la peur et le mépris tour à tour se lisaient dans son visage.

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Souleimane, très certain de lui et de son ar- me, s'écria :

— « Ma pirogue marche plus vite que la tienne. »

— « Tant mieux pour toi ; la mienne a tout juste besoin d'être la pirogue d'un pêcheur », répondit Fafa.

— « Moi, avec la mienne, je peux aller au bout du monde et revenir te trouver à la même place. »

— « Mon bout du monde est ici, là-bas, à la limi- te du sable et de l'eau. »

— « Je vais prendre tes poissons, ils sont pour le pays. »

— « C'est nouveau, depuis que le Niger est fleuve, nous, pêcheurs d'ici, avons pêché et consommé nos poissons à notre guise. »

Souleimane continua à tourner autour de Fafa qui ne bougeait plus.

— « Les choses ont changé depuis quelque temps ; c'est pourquoi je vais te prendre tes poissons. »

— « Je peux te les donner, mais tu ne peux pas les prendre. »

En disant ces mots, Fafa avait un peu dé- placé sa pirogue pour se confier à la protection des roseaux. Souleimane, lui, ne savait pas les caprices des plantes qui vivent dans l'eau. Il connaissait l'argent, mais les roseaux dans l'eau étaient un se- cret pour lui.

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— « Depuis quand le lièvre résiste-t-il devant l'é- léphant ? »

— « Depuis quand ? », répéta Souleimane, com- me s'il savait d'avance, entre deux hommes, qui peut être l'éléphant et peut devenir le lièvre.

Mon Fafa savait comment répondre à de telles questions.

— « Depuis que la pierre a poussé une queue. » Cette réponse fit rire le nouveau pêcheur.

— « Fafa ! Tu me fais rire. Car, le jour où tu ver- ras la queue d'une pierre, tu auras vu la queue de la pitié rire aux éclats. »

— « Justement, ma pitié rit de ton orgueil, Sou- leimane. »

Le nouveau pêcheur se sentit insulté. En lui la colère commença à faire son nid. Ah !... la colè- re, mes enfants, c'est là la pire ennemie de l'hom- me. Elle est comme la marmite qui se fend au cours d'une cuisson.

— « En voilà assez ! », lança Souleimane.

Il se dirigea à toute allure vers la pirogue de Fafa pour la renverser. Avec quelques coups ra- pides de pagaie, mon fils avait réussi à pénétrer davantage dans les roseaux.

Il n'y avait plus qu'eux deux sur le fleuve.

Souleimane avait oublié, ou ne savait pas, que la queue de son « motéraï » tournait dans l'eau pour

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pousser sa pirogue en avant. Il arriva dans les ro- seaux. Petit à petit, la force de son « motéraï » se perdait, les roseaux s'enroulaient autour de la queue du « motéraï ». Avant qu'il n'arrive à proxi- mité de Fafa, sa pirogue ne pouvait plus avancer.

Il voulut se débarrasser des herbes qui l'em- pêchaient d'avancer, mais Fafa comprit qu'il ne fallait pas lui laisser le temps de remettre la pirogue en marche.

Les pêcheurs connaissent leur outil, une pi- rogue ne tient sur l'eau que lorsqu'elle est sur son dos. Sur le ventre, une pirogue ne sait plus nager et coule toujours lorsque, avant de la renverser sur le ventre, vous lui faites boire de l'eau.

C'est ce que Fafa a dû faire au navire du nouveau pêcheur.

Il était venu sur la pirogue de Souleimane en le visant au centre ; de la tête de sa pirogue, il lui donna un coup franc. Le choc des deux navires fit basculer Souleimane. En tombant à l'eau, son poids fit boire l ' e a u à son navire ; continuant à pousser, Fafa réussit à le renverser. La pirogue du nouveau pêcheur sombrait, et le conducteur com- mençait à en faire autant.

Dans les coins des sillures, le fleuve est pro-

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fond, très profond. Souleimane se débattait, c'était un mauvais élève. Paniqué, il mélangeait tous les mouvements qu'il faisait dans l'eau.

Fafa avait appris de son père q u ' i l fallait re- pêcher tout ce qui risque de souiller la pureté de l'eau.

Il ne pouvait laisser Souleimane mourir dans l ' e a u de notre Niger. Nous aimons notre eau, mais surtout la vie humaine. Il fallait le repêcher non pas pour lui-même, mais pour la vie que le Tout- Puissant avait placée en lui.

Avant de le repêcher, Fafa le laissa boire suffisamment d'eau, boire jusqu'à la gorge pour que le poids de l ' e a u dans son ventre immobilise son corps et son esprit. Il avait bu, bu j u s q u ' à la barrière de ses dents. Mon fils le mit dans la piro- gue, et le ramena sur la dune, ici, à cette place où vous étiez assis. Fafa se fit le devoir de le r a n i m e r pour lui dire :

— « Souleimane, nous sommes quittes. T u m ' a s cherché j u s q u ' a u sein de ma mère. T u m'as trouvé pour m ' é t o u f f e r et je t'ai sauvé la vie. Q u a n d t u le pourras, reprends ton cheval de fer et rentre chez toi. »

Souleimane, à ces mots, se redressa sur ses pieds. Fafa lui tourna le dos et se mit à m a r c h e r vers le village.

Références

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