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VISITE D'UN CHANTIER DE FOUILLES ENTREPRIS PAR LE DEPARTEMENT DU PAS-DE-CALAIS AU 24 CHAUSSEE BRUNEHAUT A THEROUANNE LE 24 SEPTEMBRE 2020

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VISITE D'UN CHANTIER DE FOUILLES

ENTREPRIS PAR LE DEPARTEMENT DU PAS-DE-CALAIS AU 24 CHAUSSEE BRUNEHAUT A THEROUANNE

LE 24 SEPTEMBRE 2020

Par Emmanuelle MANTEL, professeur agrégée de Lettres classiques Collège François Mitterrand de Thérouanne avec l'aide précieuse de ses nombreux latinistes

POURQUOI CE CHANTIER ?

A Thérouanne, avant de construire une maison ou un magasin (comme le futur Carrefour par exemple), il faut obligatoirement faire des fouilles. En effet, notre ville a un riche passé historique.

Médiéval, tout le monde le sait, car Charles Quint a ordonné la destruction de Thérouanne en 1553.

Mais aussi, et on le sait moins, antique. Thérouanne est donc en rouge sur les cartes des archéologues !

Nous nous sommes rendus au chantier de fouilles à pied. Pour y aller, nous avons emprunté le nouveau petit pont qui se situe derrière le collège et qui mène derrière la mairie et la salle des fêtes.

A cette occasion, nous avons appris que, même pour ce petit pont, il a fallu faire des fouilles et que les archéologues ont découvert à cet endroit un ancien entrepôt d'époque romaine.

Arrivés au chantier de fouilles, nous avons été accueillis par Julie Hucteau, médiatrice du patrimoine à la Maison de l'Archéologie du Pas-de-Calais à Dainville.

L'équipe d'archéologues, dirigée par Vincent Merkenbreack, était en train de travailler devant nous.

Nous avons appris que toutes les fouilles ne sont pas

pareilles : il existe les diagnostics et les fouilles préventives. Les diagnostics sont faits sur n'importe quelle surface à la demande de l'Etat pour vérifier la présence ou non de vestiges ; les fouilles sont la continuité d'un diagnostic positif.

Julie nous a raconté ce qui avait été retrouvé lors des fouilles (qui avaient commencé le 10 août 2020) et montré des éléments récupérés grâce aux recherches faites dans le sol. Nous avons pu aussi lire des affiches qui commentaient la présence du chantier. Un petit bout de mur médiéval a été

Julie Hucteau expliquant le chantier aux élèves de Troisième sous la tonnelle

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découvert et Julie nous a expliqué que, dans les maisons médiévales, généralement, il n'y avait que deux petites pièces avec, entre les deux, quelque chose pour chauffer.

LES FOURS DE POTIER

La découverte la plus importante pour les archéologues sur ce chantier, ce sont les fours de potier d’époque romaine. C'est la première fois que l'on en retrouve de cette période à Thérouanne.

Sur ce site, il y en avait trois.

Julie nous a expliqué comment les fours fonctionnaient : les Romains creusaient jusqu'à la craie pour pouvoir construire le four de potier. Elle nous en a ensuite montré les différentes parties.

Cela a inspiré certains élèves :

- 1. l’aire de chauffe où devait descendre le potier ;

- 2. la sole, sur laquelle étaient placées les poteries, était trouée pour laisser passer la chaleur ; - 3. le laboratoire est l’espace où se trouvent les poteries ;

- 4. l'alandier, entre le potier et la zone de chauffe ;

- 5. le dôme, sur le dessus, qui est la partie qu'on ne peut pas retrouver. En effet, les poteries étaient posées sur la sole par le haut puis le dôme était construit par-dessus. Le dôme était donc détruit pour sortir les poteries cuites.

Près du four se trouvait une fosse de décantation, dans laquelle les potiers (car ils étaient plusieurs à travailler à cet endroit) préparaient l'argile dont ils auraient besoin pour créer leurs poteries.

En effet, l'argile n'est pas utilisable dès son extraction du sol, il faut la travailler, la préparer, pour qu'elle soit malléable et non friable à la cuisson.

Mur médiéval découvert lors de cette fouille.

Crédits photo : CD62/DA

Zélie Priem, 4e Laurélyne Courtois, 4e Auguste Ducatez, 5e

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Julie nous a expliqué aussi les différentes parties des cruches : - la lèvre,

- la panse, - le pied.

Les archéologues ont surtout trouvé des poteries ratées, appelées « ratés de cuisson », car les plus belles pièces étaient vendues. Si on cuit trop ou pas assez, c'est raté. Parfois des poteries explosaient.

En même temps, ce jour-là, nous avons eu de la chance, les archéologues pratiquaient l’archéomagnétisme sur un des fours de potier. En fait, le nord géographique, toujours le même, est différent du nord magnétique qui, lui, change au fur et à mesure du temps : le nord magnétique permet donc de dater ce qui est retrouvé. Dans notre cas de figure, cela permettra de déterminer la date de dernière utilisation du four. Et nous avons compris aussi l’utilisation des flèches qui indiquent le nord géographique sur les photos d'archéologue. C’est pour repérer la découverte à la fois dans l’espace et dans le temps !

SQUELETTES, ETC...

Lors de notre venue, les archéologues étaient en train de découvrir des tombes. Trois bûchers funéraires (pour brûler les morts) avaient déjà été retrouvés au début des fouilles. Une fois les corps brûlés, les Romains récupéraient les os restants et les enterraient.

Dessin de bûcher funéraire.

Crédits photo : P.-Y. Videlier, AtelierScène de papier

Tesson de céramique à bord déformé (« raté de cuisson »).

Crédits photo : CD62/DA/S. Janin-Reynaud

Le plâtre mis dans un des fours de potier a servi à prélever des échantillons de terre pour faire la datation par archéomagnétisme. Sur cette photo on remarque la forme particulière, en 8, des fours de potier.

Dessin de Zélie Priem, 4e

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Julie nous a expliqué que les archéologues pouvaient retrouver des ossements dans une tombe avec une tuile au-dessus qui servaient à faire couler des offrandes (car les Romains donnaient à boire aux morts), un jour équivalent à la Toussaint pour nous. Nous avons vu aussi des photos de ce que les gens mettaient dans les tombes

comme offrandes.

Quand les Quatrièmes sont arrivés, les archéologues avaient découvert un crâne avec des dents. C'est très long à dégager, il faut aller doucement pour ne pas l'abîmer. C'est Déborah, l'anthropologue*, qui s'en charge. Elle a mis toute une journée pour dégager juste un crâne ! Et si ça se trouve, nous marchions sur des crânes pendant notre visite !

Mais les archéologues ne trouvent pas que des ossements humains. Julie nous a montré en photos des squelettes d'animaux retrouvés sur ce chantier de fouilles : un squelette de chien auquel il manquait les deux pattes avant, un squelette complet de cochon qui n'avait pas été mangé, tous deux datant du Moyen-Age, et une demi-tête de cheval, datant de l’Antiquité et retrouvée dans la fosse de décantation du potier. Les archéozoologues* vont les étudier pour comprendre pourquoi ces animaux ont été retrouvés dans cet état-là.

* Ces termes sont expliqués plus loin.

Déborah (à droite) et son collègue en train de dégager le squelette.

Crédits photo : Vincent Merkenbreack

A gauche : chien ; au milieu : cochon ; à droite : demi-tête de cheval.

NB : Nous pouvons voir sur la photo de droite la flèche indiquant le nord géographique, évoquée plus haut.

Crédits photos : CD62/DA Tombe avec la tuile servant pour les libations.

Crédits photo : CD62/DA

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LE METIER D'ARCHEOLOGUE

Nous avons pu voir les archéologues en plein travail et découvrir leurs outils : la pelle, la pelleteuse, le marteau et le burin, le plâtre, le pinceau, la petite truelle. La pelleteuse c'est étonnant car on pensait que ça pouvait casser les découvertes. On s’attendait plutôt à les voir travailler avec une brosse à dents !

Pour savoir où ils doivent creuser pour trouver, les archéologues sont attentifs aux différences de couleur de la terre. Si les archéologues peuvent déplacer ce qu’ils découvrent, ils le déplacent, sinon ils le laissent là, ils le prennent en photo et le géolocalisent. Toutefois, étonnamment, ils essaient de laisser le maximum de choses en terre pour ne pas les abîmer, et pour les générations d’archéologues à venir.

Comme il pleuvait ce jour-là, nous avons compris qu’être archéologue, c'est difficile : il travaille sous la pluie, le soleil, les intempéries, même sous la neige ! La pluie ce n’est pas agréable mais le soleil non plus, car si la terre est fort sèche, ça ne doit pas être facile à creuser. Les archéologues étaient courageux et sympas parce qu'ils ont tenu la tonnelle sous laquelle nous nous abritions pour regarder le four de potier pour qu'elle ne s'envole pas. Ce métier ne se passe pas seulement sur le terrain : ensuite les archéologues analysent ce qu'ils ont trouvé. Ils peuvent même expliquer leurs découvertes au public.

On a appris aussi qu’il existe beaucoup de types d'archéologue. Par exemple Déborah est anthropologue, ça veut dire qu’elle étudie les ossements humains. L’archéozoologue va analyser les squelettes d’animaux et le céramologue les ratés de cuisson.

Conclusion de Mme MANTEL, professeur responsable des classes concernées :

Cette visite a été un moment extrêmement enrichissant pour les élèves, bien plus que ce que j’attendais. Je pensais qu’ils allaient découvrir les fours de potier, dont on ne parle pas en classe, et plus globalement l’intérêt archéologique de leur ville. Et finalement ils ont appris

énormément ! Ils ont vu les archéologues à l’œuvre et compris, en observant, plusieurs

« secrets » de ce métier, ou plutôt de ces métiers. Maintenant ils ont hâte de savoir comment se passent les post-fouilles et de connaître les trésors du Centre de Conservation et d’Etude Archéologiques de Dainville. Ce qui devait être une « simple » visite a attisé leur curiosité et

les appelle à aller vers d’autres découvertes !

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