Médecine sexuelle: passé, présent et futur

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Médecine sexuelle: passé, présent et futur

BIANCHI-DEMICHELI, Francesco

BIANCHI-DEMICHELI, Francesco. Médecine sexuelle: passé, présent et futur. Revue médicale suisse , 2016, vol. 12, no. 510, p. 531-532

PMID : 27149712

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Éditorial

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16 mars 2016

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Médecine sexuelle : passé, présent et futur

Dr FRANCESCO BIANCHI-DEMICHELI, PD CC A partir de cette année, le numéro de « Méde­

cine sexuelle » remplacera désormais le nu­

mé ro de « Sexologie clinique ». Ce change­

ment marque la nécessité de nous adapter à l’extraordinaire avan­

cée des connaissances en méde­

cine sexuelle, et ce dans la pers­

pective philosophique de la revue.

Dans ce numéro, vous trou verez des enseignements scientifiques et pratiques tenant compte de l’apport désormais fondamen tal des sciences humaines, destinés

aux médecins praticiens exerçant dans le domaine de la médecine sexuelle.

L’histoire de la médecine sexuelle a commencé dans l’Italie du Nord catholique avec Paolo Mantegazza (1831­1910). Ce médecin, profes­

seur de patho logie et d’anthropologie, poète et écrivain, a été un pionnier de la recherche empirique et théorique en matière de sexua­

lité humaine. Il a développé une compréhen­

sion à la fois physiologique, anthropologique, sociale, culturelle et philosophique de la sexua­

lité. Partant de ce qu’il a appelé « l’amour », il a posé les bases conceptuelles de la médecine sexuelle en publiant sa trilogie : « Physiologie de l’amour » (1879), « Hygiène de l’amour » (1878) et « Les amours des Hommes » (1886).

Dans cette trilogie, il propose une science fon­

dée sur une vision holistique de l’individu, centrée sur la personne.

Le terme « Sexualwissenschaft » apparaît plus tard dans la littérature allemande. Iwan Bloch (1872­1922), un dermatologue de Berlin, écrit en 1907 un ouvrage fondateur intitulé « Das Sexualleben unserer Zeit ». Bloch, un des pion­

niers incontournables de la médecine sexuelle moderne, comme Albert Moll (1862­1939), Havelock Ellis (1859­1939), Magnus Hirschfeld (1868­1935), Richard Freiherr von Krafft­Ebing (1840­1902) et Sigmund Freud (1856­1939), souligne l’importance de l’appro che multidis­

ciplinaire qui deviendra l’une des clés de voûte de la médecine sexuelle. Chacun de ces auteurs a conceptualisé différents aspects

capitaux pour cette future dis­

cipline médicale. Mais il faudra attendre les années 70 pour voir la naissance de la médecine sexuelle moderne.

En effet, c’est en 1972 que Volkmar Sigusch, sexologue allemand, dans un ouvrage intitulé « Ergebnisse zur Sexualmedizin » définit préci­

sément cette nouvelle spécialité médicale académique, tout en déplorant que la majo­

rité des facultés de médecine ne l’acceptent pas comme nouvelle discipline. La déno­

mination « médecine sexuelle » apparaît à ce moment­là.

A la même période, Genève devient un haut lieu de la sexologie, grâce à la dynamique lan­

cée par les Professeurs Georges Abraham et Willy Pasini. Leurs activités pédagogique, cli­

nique et scientifique et leur ouvrage « Intro­

duction à la sexologie médicale » (1974), ont permis le développement de la médecine sexuelle sur le plan national et international.

La médecine sexuelle est aujourd’hui définie par l’European Academy for Sexual Medicine comme la branche de la médecine qui con cerne la sexualité humaine et ses troubles. Elle cor­

respond à la branche médicale de la sexologie dont elle intègre les aspects humanistes. La médecine sexuelle se caractérise par une prise en charge médicalisée des troubles sexuels dans une perspective multidisciplinaire et in­

terdisciplinaire.

Ses principes de base sont une prise en charge unifiée des troubles sexuels, avec une appro­

che focalisée sur le patient, situé dans son con texte socio­culturel, tout en appliquant les principes de l’Evidence Based Medicine. Les Articles publiés

sous la direction du docteur FRANCESCO BIANCHI-DEMICHELI Consultation de gynécologie psychosomatique et médecine sexuelle

Département de gynécologie obstétrique HUG, Genève

L’APPROCHE MuLtIDISCIPLI- NAIRE DEvIENDRA

L’uNE DES CLéS DE vOûtE DE LA

MéDECINE SExuELLE

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objectifs spécifiques de la médecine sexuelle sont d’améliorer la santé sexuelle à travers le diagnostic, le traitement et la prévention en utilisant non seulement les connaissances des sciences médicales mais aussi de la psy­

chologie et des sciences sociales. Ses modalités sont l’exploration de la maladie et du vécu de la maladie, la compréhension de la personne dans sa complexité, l’interaction

avec le patient dans la décision du traitement et l’optimisation de la relation médecin­malade.

La pratique clinique se caractérise par l’importance accordée au con­

texte social et culturel du patient, au biais introduit par le back- ground du médecin et par son ap­

partenance sexuelle, à la gêne et aux résistan­

ces à parler de sexualité, à l’ignorance et à la pléthore de connaissances non validées scien­

tifiquement, aux problématiques de couple, à l’inadéquation des systèmes de santé pour la prise en charge des troubles sexuels et au manque de formation et de centres spécialisés.

Le développement de la médecine sexuelle est désormais vertigineux et promet des avancées prodigieuses. Nous assistons à une évolution très significative des sexothérapies – seules ou combinées avec d’autres types de traite­

ment –, qui représentent un outil thérapeu­

tique incontournable en médecine sexuelle.

Enfin rappelons qu’il y a moins d’une ving­

taine d’années, on considérait que la dysfonc­

tion érectile (malencontreusement appelée

« impuissance ») était d’origine psychogène dans 95 % des cas. Aujourd’hui, la très forte prévalence des étiologies organi­

ques des troubles sexuels n’est plus à démontrer. Désormais, la dysfonction érectile est considé­

rée comme un signe prémonitoire (sentinelle) et un prédicteur de maladies cardiovasculaires. Dès lors, pour son traitement, on parle d’inhibiteurs de la rho­

kinase, d’ondes de choc à basse intensité, de champs magnétiques pulsés, de traitements endovasculaires (stents et em­

bolisation avec N­butyl­2­cyanoacrylate du réseau veineux) et même de nanotechnolo­

gies. Toutefois, ces perspectives hyper­tech­

nologiques – et bien d’autres encore à venir – ne doivent pas nous faire oublier l’aspect humain de cette médecine centrée sur la per­

sonne.

C’est le plus grand défi de la médecine sexuelle future.

LE DévELOPPE- MENt DE LA

MéDECINE SExuELLE PROMEt DES

AvANCéES PRODIgIEuSES

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