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[Compte-rendu de :] La géographie électorale de l'Italie
RAFFESTIN, Claude
RAFFESTIN, Claude. [Compte-rendu de :] La géographie électorale de l'Italie. L'Espace géographique , 1983, vol. 12, no. 4, p. 312-313
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La géographie électorale de l'Italie
On s'accorde généralement à voir dans le « Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Troisième République », dû à la plume d'André Siegfried (1913), l'ouvrage fondateur de la géographie et de la sociologie électorales. En 1947, F. Goguel a substitué le terme de sociologie à celui de géographie, « habituellement utilisé jusque-là pour les recherches du même ordre » pour
« marquer qu'à une simple description de la localisation
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des tendances politiques du corps électoral, il convenait de chercher à ajouter une explication de ses causes » (F. Goguel, « La sociologie électorale » in Traité de Sociologie de G. Gurvitch, P.U.F., Paris, 1963, p. 46). Je ne cherche pas, par cette citation, à ranimer un vieux conflit de frontière, dépassé et sans intérêt, entre géo- graphie et sociologie. Qu'il me soit permis, néanmoins, de dire que la géographie électorale n'a pas ignoré la recherche de causalité.
Le petit livre que nous offre Carlo Brusa {Geografia elettorale nell' Italia del Dopoguerra, Unicopli, Milano, 1983, 163 pages) peut en témoigner. L'auteur a recouru à l'analyse factorielle et à la « cluster analysis », métho- des désormais classiques dans la géographie contempo- raine. En faisant des analyses à diverses échelles, Brusa a bien dégagé les formes du comportement électoral à l'échelle nationale et à l'échelle régionale. En effet, de 1953 à 1979, on passe de l'existence d'un net dualisme
« aires rouges » - « aires blanches » à une diffusion du vote d'opinion. Cela tient à toute une série de change- ments survenus depuis 30 ans dans la péninsule ita- lienne, changements socio-économiques pour l'essentiel.
Les analyses de Brusa sur le comportement électoral au niveau du quartier sont intéressantes. Il met en évidence le rôle des effets de voisinage à travers les réseaux d'association coopérative, les infrastructures, les points de rencontre et les organisations sociales, laïques et religieuses. La ville apparaît comme un centre de diffusion des « cultures politiques » tandis que la région est une aire de pouvoir et une aire de sous-culture.
Cela dit, on doit regretter que l'interprétation des résultats quantitatifs soit trop étroite. A aucun moment ne s'engage véritablement une discussion sur le pouvoir qui, pourtant, est centrale dans ce thème. Il convient d'exprimer, également, des regrets quant à la cartogra- phie qui n'est ni belle, ni claire.
II faut considérer l'essai de Brusa comme une intro- duction à la géographie électorale de l'Italie et souhaiter que l'auteur poursuivre son effort d'interprétation.
Claude RAFFESTIN,Université de Genève.