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Structures économiques, classes sociales et images du mariage

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Structures économiques, classes sociales et images du mariage

KELLERHALS, Jean, et al.

KELLERHALS, Jean, et al. Structures économiques, classes sociales et images du mariage. Genève : CETEL, 1978

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4993

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(2)

Groupe

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Neuchâtel 6 - 8 avril 1978

Recherches récentes sur la famille en Suisse

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STRUCTURES ECONOOUQUES CLASSES SOCIALES ET IKII.GES DU /1ARIAGE

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UNI-GE

2411 ~10Ç,o

Jean KELLERHALS

Jean-François PERRIN Geneviève STEINAUER Laura VONECHE

Travaux CETEL, no 3

(3)

1.

L'objectif des lignes qui suivent est de saisir quelques-unes des relations existant entre la situation de classe et le rapport des individus à l'institution matrimoniale. Cette perspective a été quelque peu négligée dans la littérature sociologique, tant il est vrai que lES concepts de "mariage d'affinité" et d' "amour romantique" laissent implicitement entendre qu'il n'existe qu'une forme de mariage et de rapport à celui-ci. Or diverses observations autorisent à penser que la relation conjugale et ses représentations s:,mboliques dépendent largement de la situation des conjoints sur le marché des biens économiques et culturels. En ce sens - au con- traire de ce que prétendrait l'idéologie - la relation conjugale ne formerait par une sorte d'isolat, insensible aux déterminismes généraux, mais en serait largement imprégnée. Que cette relation entre structure de classe et formes conjugales soit comme gommée au plan des idéologies n'est pas sans importance. En effet, les comportements re=lètent le jeu ambigu d'une logique de marché s'in- sérant dans des modèles idéaux faisantappel_à_L'-idée_ de _ gratuité, de solidarité et d'autarcie du sentiment par rapport aux détermi- nismes sociaux.

1. Les paramètres régulateurs

Diverses recherches théoriques et empiriques conduisent à affirmer que les représentations subjectives du mariage dé- pendent largement des paramètres suivants :

1. En situant l'institution matrimoniale contemporaine dans la diversité des formes ethnologiques et historiques, on est tout d'abord amené à voir que la perception des formes et fonctions du mariage dépend en premier lieu du mode de forma- tion du couple et de la structure de la famille. La structu- re néolocale et nucléaire est radicalement associée (MURDOCK, 1949) à une vision privatisée du mariage, entendant par là qu'elle se dégage de la référence aux familles élargies et à la société globale pour privilégier l'idée que les conjoints sont maîtres de leurs décisions et que l'institution prend sens par et à travers eux. Cette structure néolocale est évi- demment directement (mais pas uniquement) fonction de la divi- sion économique et sociale du travail (BALANDIER, 1955).

Cette vision privatisée est encore encouragée par le fait que, malgré l'homogamie (GIRARD, 1964) le nouveau couple ne soude plus des interactions préexistantes entre les familles d'origine. En d'autres termes, le rapport conjugal se construit

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dans le cadre de strates préexistantes (régionales, socia- les, etc ... ) mais pas sur la base de groupes primaires com- muns préexistants (KELLERHALS, PERRIN, STEINAUER, 1978). La conscience du !lnous-couple" est ainsi ramenée à elle-même, dé- pouillŒe d'une mémoire relationnelle collective commune et d'une intégration primaire partugée.

Cette même faiblesse de l'impact des groupes primaires conduit à faire du couple, marié ou non, le lieu (d6sirê, car il en va différemment avec l'évolution du couple dans le temps) privilégié de la sociabilité (ROUSSEL, 1975, SULLEROT, 1974, BARTHES, 1977, etc ... ). L'intensité de ce lieu de sociabilité est toutefois variable,

selon la strate sociale LIOS-ROTSCHILD, 1977) échelle sociale.

pour des raisons évoquées plus bas, et le sexe (HM\VIO-['!ANILA, 1971, SAl"I- elle est plus forte dans le bas de l' Cette vision privatisée est de type psychologisanten ceci qu'elle fonde le principe de l'union et de la désunion sur un sentiment mutt!el dl acceptation et de va~?r_i_~ation dl autrui ~ _ Cette perspective n'a pu trouver sa concrétisation dans le ma- riage que lorsque le destin économique des cadets s'est progres- siVCDent dégagé de l'influence concrête (du pouvoir éconoQique) des parents (ENGELS, 1834',FLANDRIN, 1976, ARIES, 1973).

L'évolution des structures familiales n'est pourtant pas seule en cause dans la diffusion de cette perspective privati- sée et psychologisante des relations interpersonnelles. C'est en effet le coeur de l'idéologie générale de nos sociétés que de conceptualiser l'ensemble des rapports sociaux (économiques ou autres) en termes d'individus autonomes animés par des ten- dances (ou instincts) psychologiques. Et de minimiser en con-

séquence la force des cadres sociaux collectifs dans l'explica- tion du comportement.

Progressivement donc, la vision dominante est devenue

"insulaire" : elle isole la relation de couple des autres modes de relation en la présentant COlmne un "contre-modèle" surgissant du néant : elle masque les racines historiques et sociales du sentiment amoureux en en faisant un l'invariant 'l de l'espèce humaine. En ce sens, on peut parler d'une dérfialisation, au sens de 1'''EntwirklichLlng'' de tlarx. Conune le couple est con- duit à se refermer sur lui-même, le discours amoureux se replie sur lui-même (BARTIIES, 1977), faisant des institutions, des cli- vages sociaux, des cadres ~uotidiens de la vie de purs à côtés sans importance.

2. C'est l'idéologie romantique: privatisante, psychologi- sante et individualisante. Redisons-le; l'homologie avec l'idéo- logie économi~ue est évidente. L'imaginaire est ici (sous forme de projets, d'aspirations, de quêtes) dans cette vision roman-

(5)

3.

tique du couple et dans l'intensit6 de celle-ci. Mais il faut raire intervenir le concret : à savoir que les repré- sentations subjectives du mariage d6pendent des capitaux propres à cD2que classe et à chaque sexe. Le jeu straté- gique des échanges de ces capitaux par le mariage (ou sim- plement dans le couple officieux) conduit à des représen- tations symboliques (normes, sentiment du juste et de l'in-

juste, perception des rôles de sexe, etc ... ) qui miment, c'est-A-dire le redisent au niveau symbolique, cet échan- ge. Nous pr6cisons ce point dans les paragraphes suivants, mais donnons tout-de-duite la conclusion résultant de ces deux sources de l'idéologie: les repr8sentations du maria- ge sont profondément ambiguës : elles oscillent - en es- sayant de les intégrer - entre une logique de la "gratuité"

(celle du sentiment) et une logique de la "marchandise"

(celle de l'échange de capitaux), cette dernière nous ra- menant directement aux thèses de Levi-Strauss sur le maria- ge (LEVI-STRAUSS, 1947). Les représentations du -marülge sont

à la fois déphasées et adéquates.

3. Prenons d'abord la question des capitaux du point de vue des classes sociales. Les perspectives d'Engels four- nissent à la fois un bon point de d6part et amêne~t ensui- te 5 cerLaines erreurs. Plusieurs auteurs ont montr6 que l' accent donné à la vie de famille était d'autant plus fort - pour les hon~es COQille pour les femmes - que la participa- tion économique, culturelle et au pouvoir est plus faible.

Les frustrations ressenties au niveau de l'autonomie et de la créativité professionnelle, à celui de la dépendance po- litique, à celui de la coupure entre une culture lettrée et la n~gation de la culture populaire amènent à l'accentua- tion, dans les représentations tout au moins, des forces cen- tripètes dans le couple et la famille et à une volonté de mise à l'écart des conflits potentiels. Les lieux sociale- ment conflictuels (politique, religion, voire syndicalisme dans certains cas) sont marginalisés. De facto, le couple

se construit - cOMparativement aux autres classes - COI'U11e un isolat rationnel et culturel (ROSENi1J\YR). En termes gur- vitchiens, cette thèse pourrait s'exprimer par le fait que

l'accentuation de la sociabilité par fusion partielle est d'autant plus marquée que le rapport à l'autrui "extérieur"

est plus antagoniste ou dépendant (GURVITCH, 1963).

Mais si Engels a postulé avec raison que la Jynamique et les représentations du Mariage étaient fortement impré- gnées de la division du travail ct de la structure des ca- pitaux, il a par ailleurs trop idéalisé le prolétariat, vou- lant voir en lui le liou d'expression d~ la gratuité roman- tique pure, alors que celui-ci est tout autant pénétré, mais de manière différente, par les structures économiques globa- les que les autres classes (ENGELS, 1834).

(6)

Les alternatives à la famille étant plus diversifiées et gratifiantes dans les milieux dits aisés, qu'il s'agis- se de participation culturelle, économique, profes~ionnelle ou de pouvoir, il serait normal de trouver dans ces milieux des représentations insistant plus sur l'autonomie des con-

joints, sur la relativisation du couple et moins sur les dan- gers potentiels du conflit.

Cette thèse semble, à premlere vue, en contradiction avec l'évolution historique occidentale, qui a vu l'idéolo- gie de l'amour romantique insulaire,'englobant, fusionnel

d6velopp~~r~cis6ment par les classes bourgeoises. r·lais ce dévelo?pe:nent peut fort bien se lire, historiquement, cor;une une stratégie des cadets de ces milieux pour se dégager des influences parentales (FLANDRIN, 1976). Une fois cette sépa- ration effectuée (dans les grandes lignes), le mouvement se continue, dialectiquement, par la mise en question~e-la ~Q~­

sion. Ainsi, les quelques innovations idéologiques partiel- les des couches bourgeoises enm~tièrede_représentation_du ma-riage peuvent être interprétées à la fois corrune une gestion rationnelle de leurs capitaux actuels et comme une phase dans le processus de différenciation (par rapport aux autres clas- ses) et de diffusion (influence sur les classes dominées) qui caractérise l'essence de la structure en classes.

4. D'une manière analogue aux classes, les sexes mascu- lin et féminin se présentent, en matière de capitaux, comme inégalement équipés. Il est banal, mais il le faut pour le fil du raisonnement, de rappeler que malgré certains "pro- grès", les femmes sont encore défavorisées en matière de ca- pitaux matériels et symboliques. Leur formation profeSSion- nelle est moins poussée, leur chance de mobilité sociale pro- fessionnelle moins grande, leur pouvoir culturel moins marqué, leur potentiel économique moins grand, leur définition socia- le de rôle plus limitée et accusée (pour la Suisse, on se per- suadera de ces faits à la lecture de HELD et LEVY, "Femmes, famille, société", Delta, 1976).

Les moindres capitaux - matériels et symboliques - des

fe~~es ont de fortes chances de se traduire, en matière de re- présentation du mariage

- par une tendance plus marquée, au fur et à mesure que baisse le statut social, à définir son identité socia- le majeure par le mariage et les activités associées à celui-ci;

_. par une importLlnce plus grande en fonction du même clivage de classe donnée au rôle maternel et éduca- tif;

- par une Llccentuéltion plus grande du mode "fusionnel

(7)

5.

(cf. plus bas pour la d~finition de ce terme) de fonc- tionnement par différence avec le mode individualiste au fur et à mesure que l'on descend la hiérarchie so- ciale;

par une insistance considérable sur la t'nature fémini- nell vue com~2 gestionnaire, c1é!!osito.ire, de l'expres- sion, du sentiment; elles ont ~té perçues et se per- çoivent encore souvent comme des spécialistes de l'a- mour (SnFILIOS-ROTSCHILD, 1977);

- par une tendance, marquée surtout dans les couches moyennes, à définir leur mobilité sociale par le biais du mariage plutôt que par un autre chemin.

L'aboutissement logique de ces idées pour le sujet qui nous préoccupe, à savoir les représentations du mariage, est le suivant : en comparant les images respectives des hOI:lmes et des felïlI"1es en fonction---de-s clivages----s-oclaux~ on peut postu- ler

que ces images seront mofns -divergentesch-ez les hommes des diverses classes sociales que chez les ferunes, pour autant gu'il s'agisse d'images liées au rôle de l'insti- tution par rapport au couple officieux et des normes de coopération et d1interaction générale; par contre,

le clivage honmes-fenuc,es, dans chaque strate sociale, ne se manifestera guère quand i l s'agit de valeurs af- fectives.

5. Une question importante surgit du fait de savoir si les représentations subjectives ainsi détectées - avec leur composante de privatisation, d'individualisme, d'insularité - sont compatibles avec les intérêts de la société globale, c'est-à-dire avec la fonction du nariage co~~e mode de contrô- le social. Une vision un peu superfic~elle pourrait laisser croire à une convergence du micro sociologique et du macroso- ciologique. En effet, la famille n'a-t-elle pas été dépouil- lé, progressivement, d'une partie importante de ses fonctions concrètes - production éconoŒique, socialisation seconàaire, solidarité intergroupes, etc . . . - au profit d'autres acteurs sociaux (SAUVY, 1966, etc ... ) ? Dès lors n'est-il pas logi- que que la société se libéralise en matière de couple et de mariage, puisque le contrôle que ceux-ci exerçaient est as-

suré aujourd'hui par d'autres instances?

Ce serait là une vue partielle, car elle fait l'économie des fonctions symboliques du couple et du mariage. Quelles sont-elles ?

- Le couple et la famille permettent de cristalliser dans un groupe stable la distinction, fondamentalement uti- le au systène économique et social en vigueur, entre le 'Inous"ct les autruis. hu l'nous'I va, id601ogiquerncnt,

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la solidarité, le dévouenent, la gratuité. Aux autruis vont la cOQpétition, la concurrence.

L'existence de principe d'un noyau de solj.darit0 permet donc à la fois de nasquer la généralité de la lutte concurrencielle et de tolérer affcctive- ment cette dernière. Or cette distinction entre solidarité vers l'int6rieur et concurrence vers l'extérieur est consubstantielle à l'organisa- tion §cono~ique de nOS pays.

- Divers auteurs, de philosophiœtrès différentes (PARSo;,S, ,nCEEL, TILLION, etc ... ), ont insisté sur le rôle des structures familiales dans la transnission des distinctions (et quelquefoj.s des inégalités) entre classes. Or le système

socioéconomique se légitime par des distinctions.

L'existence d'un noyau de solidarité, caractérisé par l'idée de lIclevoir ll ou de responsabilité des membres les uns par rapport aux autres conduit presC::üe naturellement 1.e5 inà.ividus __ à_adapter_des conduites de prévision, d'accumulation de bj.ens,de

conso~n.il1ation statutaire (VEBLE~\j). Cette respon- sabilit6 prise da~s le nous solidaire du g~oupe

familial socialise donc de manière permanenta â une mentalité de productivité, de planification, d1ordre. Le changement d'attitude des personnes en fonction du passage au nariage par rapport à di- vers thèmes de IIlibéralisme" (sexuel, familial, professionnel, etc . . . ) est un indice important de ce fait (ROUSSEL, 1975). Or ces attitudes de pré-- vision, d'accc~ulation, d'oràre, de planification et de ?roductivisme sont les valeurs de base de la sociŒté technologiquement avancée. L'absence d'un noyau stable où elles doivent se concrŒtiser pour- rait fort bien les rendre partiellement obsolètes.

C'est dire en résumŒ qua la relation de couple (sur- tout s ' i l est marié) est le "noyau dur" du rôle adulte dans la société industrielle productiviste. En conséquen- ce, on peut affirmer l'existence d'un conflit potentiel

(en cas de désunion, ou face aux relations sexuelles ins- tables, ou face aux "communes'I qui cllerchent à agrandir démesurément le noyau du couple) entre les représentations

individuelles et la logique macrosociale, représentée no- tamment par le droit. Hais le l(~gislateur ne peut pas gom- mer, nier, les aspirations des citoyens. Il est donc logi- que que le conflit potentiel se caractérise par des chan- gements législatifs de type pragmatiqu~, c'est-A-dire dont l'inspiration philosophique et la légitimation poli- tique (directe ou indirecte) seront largement absentes.

Dans la Dê~2 ligne, on peut faire l'hypoth6se que, dans la mesure du possible, ces ch3ngcments 16gislatifs seront accompagnés de r.lesures feutrées, disCl-ètes (au niveau ùd-

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'\

\

7 .

ministratif, judiciaire ou des services sociaux dé- pendant de ces instances) de reprise en main des cho- ses dQ.I1s 1(1 direction d'une plus grande conformité a.vec le passé. L'hypoth6se d'un conflit potentiel est en plus accrédit6e par le ~ait que les familles fonctionnent sur deux syst~~es de r6f6rc!1CC : le syst~me de romantisme gra- tuit, qui autorise tous les lib6ralismes, et le syst6me d'§changcs de capitaux et de services gui, plus que l'au- tre, dcnandc à être protégé, en cas de litige, par la nor- me juridique. Dans cette perspective, ce n'est pas pour rien que, d~s l'é~ergencc du ro~antisme dans l'institution, les autCtlrS de pllilosophie politique se sont inqui6tés et s'es- tiQêrcnt placés en porte-à-faux. A droite, des

r.

LE PLAY estimaient que l'intrusion de ce sentiment ruinait le cal- me écl1ange des prestations et contreprcstations nimbées de respect mutuel qui, selon lui, caractérisait l'ancien ma- riage. A gauche, des FOURIER ~stirnaient au contraire, com- me Engels d'ailleurs, que la plëlce dés- cat)-itàü~{ -dans--~e

---ma-':'---

riagc 6tait encore trop grande par rapport à l'importance que devrait avoir le . désir ... En);,-r.e::: , .... lactouble .. log ique_.quL_

caract6rise le mariage contemporain gênait les uns et les autres : j_ls ne trouvaient de solution politico-juridique que dans la r6action ou da11s la r6volution. Ils ne pou- vaient tolérer l'état pr6sent (à l'époque) des choses.

6. D&finissons encore le concept de l'fusion" qui nous sera utile par la suite. Nous lui donnons le sens précis que Durkheim donne à son concept de solidarit6 organique (DURKHEI~l,

1893). La fusion est une prévalence, voulue ou pratiqu6e, ou les deux, du groupe sur les individualités qui le composent.

Elle ~)rend deux fOGileS différentes selon les plans de la dyna- mique familiale considérée :

Au plan de la division du travail, la fusion (ou so- lidarité organique), se caract6rise par le fait que les conjoints pratiquent effectivement une division des tâches et sont, en cOJ1séquence, incomplets cha- cun. Ils doivent entrer en interaction, échanger, pour assurer leur vie quotidienne. Par différence, le modèle individualiste est celui de la solidarité mécanique : chacun des conjoints assume toutes les t5ches. Chacun pourrait donc vivre individuellement sans se voir fonctionnellement perturbé en cas de disparition du groupe.

- Au plan de l'expression affective, la fusion se carac- térise par une volonté de limiter la trop grande au- tonomie intellectuelle et affective des individuali- tés qui composent le nous. Donc par une accentuCltion des forces centripètes, les lieu~ possibles de con- f l i t étant 6conomis6s au mJXimUrl, les diffGrcnces in- dividuelles de personnalité réduites le plus possible.

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7. Les donn~es qui suivent 6manent de l'&tude par intervievl de 557 jeunes couplc:s mariés, où l'hotnJ.l1e et la femme furent intcrrog6s sfrar6ment. Ces couples consti- tuent toute la cohorte des personnes de nationalit~ suis- se, r6sidant à Gen~ve, ayant conclu leur premier mariage dans l'ann0e 1974-1975. Elle est mcn6e dans le cadre du Centre d'étude de technique lôgisJ_ative (CETEL) par J.

K2LLEruIALS, J.-f. PERRIN et G. STEINAUER. Elle est fi- nanc6e par le Fonds national de la recherche scientifique.

Au moment du prc~icr interview, tous les couples ont 6-3 semaines de Innriage. La deuxième vague d'interviews a ét6 faite apr~s 13-20 mois de mariage. Une troisième phase est en pr6paration.

II. Le rapDort à l'institution

Le passage du --coDI>le-offiC-ieu:':---au--r.tarTa-ge:---rèT)-rés-ente 1

aujourd'hui, un biais int6rcssant pour analyser les repré- sentations subjectives de l'i~stitution. En cf~et; en cün-

tc~:te urbQinl ce passage est devenu dans une certaine mesu- re facultatif. Dans la population étudiée, 60 % des couples ont cohabitô sous le mê~e toit durablement avant le luaria- ge. Plus de 90 % d'entre eux ont eu nar ailleurs tlne acti- vité sexuelle r6guli~re pr6nuptiale. Le recours à l'insti- tution mariage apparaît èonc CQillTae un choix p(lrtieller~lent

orienté par la perception que l'on a de cette institution, les avantages et inconvénients que l'on en attend. La popu- lation étudi6e ici (les jeunes nariés) est d'autant plus in- réssante que notre but g~nŒral est celui de consid6rer le rapport entre représentation du mariage et divorcialité.

a) Ce que l'on attend du Dariage officiel

Dans le but d'analyser la repr6sentation, l'image du mariage, notre prel~ière question est donc celle de savoir pour'1uoi l'on passe de la vie COITllnunC sans lê.ariage au oaria- ge officiel. Quelles sont les images du mariage qui se déga- gent des r:lotifs ou lésitil:lations que donnent les hO~1fileS et les fen~es à leur recours à l'institution?

Ce~ légitimations peuvent être approcnees à l'aide de la typologie de 11. \'Ieber distinguant entre 16gitimation ci13- rismatiquc, rationnelle-légale et traditionnelle (WEBER, 1965).

L'application de cette typologie aux repr6sentations de l'ins- titution Inari age donne les quatre grandes cat6gories que voici.

1. La l:Sgitim~tion ch.::lrismatiquc ou strat6qie idéolo~

est caract6ris~e, du pOil1t de vue subjectif, par le fait que

(11)

9.

le choix du partenaire sur la base de l'affinité s'accom- pagne de la conviction que la transcription institutionnel- le du lien cnrictlit celui-ci en qualité, lui ajoute une di- mension suppl~mentaire. On en trouve deux sous-types : - le

type religieux, oU le mariage correspond à un dessein de Dieu dont la b6nôdlction renforce d'une part, change EIl na- ture d'autre part, le Ij.en d'affinitG; - 'le type sécu11er, basé sur l'id60. (!UC l'off ici al i52. tian du lien I?ermct à ce-

lui--ci de mieux se renforcer, s'exprimer, s'6panouir, tant à cause des symboJ.es que cette officialisation met en oeuvre qu'cn raison des attitudes de base qu'elle provoque chez les acteurs.

2. La 10gitimation rationnelle-lCgale A ou la strat6gie pracmaticue consiste en la conviction du sujet qu'il est plus aisé, plus pratique, de vivre la vie quotidienne du couple en l'officialisant plutôt qu'en restant en dehors de l'institu- tion. Cette conviction peut proceder de motifs três matériels

(trouver un appartc~ent, rapports avec les employeurs, etc.) 1

de raisons tenant à la division du t~ayail entr~_~es_copjointsl

ou d r autres---cori"i3id2ràtlü-11s. voi-sine:~;:- i~'·i-mportant est de voir gue l' insti tutionalisa. tion du lien ne SI '1 encombre;r pas 1 dans ce cas, d'une idéalisation du TIlariage.

3. La légitimation rationnelle-légale B ou la stratégie statutaire est une stratégie où le recours à l'institution est axée non sur le lInoustr couple, mais sur l'un ou l'autre des partenaires considérés conùl1e individus. Ici, le raariage est préféré au lien officieŒparce qu'il procure un certain statut social à la personne, homme ou femlae, ou/et parce qu'il donne au conjoint une sécurit~ sociale dont est d6munie la liaison officieuse. L'idée est que l'investissement psycholo- gique et mat6riel accompagnant une 1.iaison de l011gue dur0e

(ou de durée ind2finie) doit être en somme garanti ou rétri- bué par une protection juridico-sociale forte. La reconnais- sance sociale du lien procure à la fois à la personne un pres- tige supérieur au statut du célibataire et l'assure que les investissements mis dans le couple ne seront pas perdus, dilapidés.

4. La lSgitimation traditionnelle ou stratégie conforQis- te COllsiste simplement en le fait de recourir ~u mariage par- ce que l'entourage (familial notamment) n'admet pas que le couple ait une vie commune en dehors de l'institution ou par- ce que les acteurs s'imaginent qu'il en est ail1si.

Par rapport A cette typologie, notre hypoth~se est la suivante

al Plus le lien de couple est v6cu comme la seule sphère privilégi6e de l'existence (c'est-A-diro que les autres domai- neS a9paraissent soit comnlC ali6nants, frustrants ou indiff~­

rents). plus la strat6gie de recours à l'institution sera

(12)

complexe, "6toff6e " en ce sens qu'elle fait intervenir plu- si8urs motifs;

b) Plus le statut acquis par l'exercice de r6J.es extra- familiaux (professionnels notamment) est bas, plus le re- cours J. la stratégIe sLCltutairc cor.liue alternative de statut sera 9ro:--1onc0e.

Voyons al_ors si cette perspective se vérifie dans notre 6tude. Nous avons cherché à approcher les quatre str2tégies sus-n!cntionnées par une J.ongue qllestion visant à d6fj.nir les motifs principaux du recours au Rariagc (cf. tableau I). Les douze items de la question se laissent classer dans les qua- tre catégories que l'on a d6crites. Les r~sultats princj.paux sont les suivants :

1. La légitimation ou st~até9i8 ...p~5smati(!ue marqu8 3 con- duites sur 4, sans variations nettes selon le milieu ou J_e sexe. C'est le recours à l'institution qui semble "aller de soill i\u sens àG ";eber, i l est évider_Ll11ent désenchanté et re- la tivcment fragile, car les I l aVantages _pratiques" que L' on _______ _

attc:~;.d du m-ar"j~a-g-e pèseront peu devant une éventuelle évolu- tion des sentiments.

2. La 16gitimation charismatique ou strat~aie i~601oqi­

que est très minoritaire. On ne croit plus au [aari0':)c COEll."èC' ci- ment.. Toutefois, elle s'accroît forter:tent: en fonction inverse du niveau sociopro~essionnel, passant de 40 % chez les ou- vrières à 9 % chez les fer:ù":les uni.versitaires. !1ême progres- sion, mais beaucoup plus étroite, chez les hommes (cf. ta- bleau I).

3. La stratégie st~tutaire ~aisse apparaître des écarts encore plus grands selon les milieux. 13 % cl1ez les fe~nes

universitaires avec une progression réguli~re jusqu'à 47 % chez les ouvrières. La recherch8, dans le mariage, d'une sor- te de s6curité/identit0 pour l'autre, et non pour soi, fait apparaître un êlêment intfrcssant (cf. tableau Il. Alors que cette recherche diminue fortement avec le statut social

croissant des f8mmes, elle reste quasi stable chez les hom- mesa L'imùCJe de la femme à protéser par le mariage reste as-

sez constante, chez les hOI:unes 1 à travers les classes.

4. La légitimation traditionnelle ou stratégie confor- miste est tr0s minoritairo : 13 % chez les ]1ofi@es, un peu plus Ch8Z les femr.les (cf. tableau 1).

b) Les inconv6nicnts du mariage

En fonction de cc qui a 6t6 dit sous lIParam~tresll,

on peut s'attendre 5 cc que les inconvénients du In3riage

SOiCilt d'autant moins perçus et intenses que les forces

ccntrip~tcs privi10giant le "nous--couple " sont plus grandes.

(13)

C'est bien ce qui se produit (c~. tableau II).

Les dix inconvGnieDts cit0s dans la question ne sont que réll:'Cmcnt ressentis cor:U-:1e tels (qu 1 i l s'agisse de la condition juridj.que de la femme, du droit de regard d'au- trui sur soi, de la longue dtlr6e de vie avec la même per- sonne, etc . . . ) par les fe[Qcs ouvritres. Au contraire, on

I l .

51 aperçoi t que ce que If on pressentait comrne inconvénient est SOU\lent re'jendiqué. COlllï:le avantage. Chez les fGmmes· uni- versitaires, les incol1v611ients du mariage restent ressentis de mani~re minoritaire (on en est à la lune de Ioiel !) mais sont 11ettement plus prononc~s ~ue dal1s les autres milieux.

La trilnsformation des inconv0nients en avantages est Sen- siblemE!nt plus rare.

En résumé, l'entrée en mariage est franchement moins ambivalente dans les milieux d'ouvriers et d'employ6s qu'el- le ne l'est dans les Qilicux de cadres et universitaires.

Cela trnduit à notre avis la position différente des cou- ches sociales en matière de capitaux matériels et _s:{r.1b_oJ~~ __

ques et en- cbns-éejuence de

leur

--gestfon- différente du mar- ché IImariagetl

c) Rejet ?u acceptation des valeurs offj.cielJ.es du

maria~Je

Une tioisi~me modalit~ du lien à l'institution inter- vient aJ.ors. C'est le degré d'acceptation des valeu]~s fon- damentales mises en forme par le code civil. Dans son état actuel, le droit cherche, dans les effets généraux du ma- riage, à consacrer:

la p6rennit6 du lien conjugal (il doit en principe, durer toute la vie)

- la fidélité des époux le leadership de l'homme.

Comment ces valeurs sont-elles acceptées ? a) La~rennité (cf. tableau III)

rrrès peu de personnes (3 % des femmes et des hommes) se distQncient radicalement de la valeur Œvoquée. Par con- tre, la ,1osition tradi. tionnelle (mariage l'our la vie, avec des difficultés considérables au divorce) est celle de 49~

des femmes et 46 % cl~s honmcs. nZlis cette proportion vcJ.rie largement selon les milieux. Elle est de 32 % chez les fem- mes universitaires et croit réguli0remeut jusqu'a GO l

chez les femmes ouvri0res. Des écarts voisins se retrouvent chez les hommes: de 32 à 55 '6.

(14)

b) La fidClitC (cf. tableau III)

I,5 encore, ].8 rejet de cette valeur, au plan id601o- gique tout au moins, est tr~s rare: 3 %. Mais l'accepta- tion du principe d'une fid~lit6 stricte est beaucoup plus nette d2ns les miJ_icux ouvriers que dans les Dilioux uni--

vGrsit~ircs (de 86 5 57 % chez les fecffiBs, de 70 à 56 % CllCZ les 110n~cs).

c) Le leélde,:shi,? masculi.n (cf. tableau III)

LI acc'2ptlltion est nctte!~ent moins prononcée. 'route- , fois, les différences selon les mi.lieux vont dans le mêllle

sens que pour les deux autres valeurs. Le fait qu'il revien- ne au mari d'adQinistrer les biens de It~pouse est considé- ré CO~~1..-:1e Il anormal 11 ou inique par une femme sur cleux envi- ron. Toutefois, cette proportion est de 48 % chez les ou-

vri~res et croit jusqu'à 80 % chez les universitaires. Un mouvement dalls le rnême sens, ~uoique d'ampleur moindre, se dessine chez_ les 'nolfu-;leS : 51 à 70 %.

Le fait que le devoir d1entretiell incombe au mari re- cueille anssi une moitié c1es suffrages. ;"13is cette disposi- tion est conforme aux idéélU:·: d·2 66 % des femmes de forma- tion ouvri~re contre 29 % de celles ayant une formation uni- versitaire. C11ez les llo~nes, on passe de 68 à 43 %.

d) Premier essai de synth6se

Les donn~es pr6sentées ci-dessus confirment largement les hypothôses avallcées sous le paragraphe t'para~ètres".

Elles appellent plusieurs conclusions, fondées dans l'em- pirisme, mais qui contiennent néanQoins unG part d'hypothèse.

1. La dominante du recours pragQatiste (ou 16gitima- tion rationnelle-légale pragmatique) à l'institution laisse clairement apparaître la repr6seI1tation privatisée du maria- ge que nous évoquions plus haut. L'institution est choisie

(ou laissée) en fonction des intérêts ilr~'llêdiats de chacun des conjoints. Elle est un outil, uti.le ou inutile selon les temps du cou~le, et non pas un cadre d'échange que le couple accepte de toute façon à cause des intérêts de la so- ciété globale ou de l'entourage rationnel.

2. L'acceptation massive des valeurs de perennité et de fidêlité peut donner l'illusion d'un consensus marquC avec les perspectives du législateur. Il ne faudrait pour- tant pas s'y tromper. Le législateur G pos6 ces valeurs COl1Lme indépendantes, en grande ,)artie, de la volontiS de couple. IJ. vis~it 5 03rantir, quoiqu'il arrive, cette fi- d61it6 et cette p6rcnnit6 dallS Ull but d'ordre social et de protection des tiers. Il s'agit donc d'un devoir-être indé- pendant de la subjectivité des volontés individuelles. Les couples contemporains reprennent à leur compte cette valeur

(15)

13.

sur le mcde subjecU.viste : la fidé:lit6 et la p6rennitô leur app2r.:lisscnt COiTŒl1C cleu:·: attributs i.n~esquc naturels, procCd2nt du pl~isir 111ûs que du devoir-être, du sentiment.

Le senti~lent LimOLlrCl.lX leur 2.pparaît CDi:1!71C3 jaloux et se prolongeant iI1d6fini~cnt. ~Iais qulil vienne à disparaître ou

a

st6~ousser, alors i l l~ettront la mênle vigueur à d~­

noncer le devoir social de fidSlit6 et de p6rennit0 qu'ils ont mis à c12~er combien leur amour se d6sirait exclusif et i~mor'tcl. Cette profonde différence, dont les conséquen- ces en Qati0re de divorci_alit6 sont évj.dc11tes, apparaIt clairement p~r deux 616ments. D'une 9al~t, dans nos ques- tions, le fait que les valeu~s évoquScs soient le plus

SOUVC11t acceptées de manière relative (cf. tableau III)

en cas de rrdifficult6i' s6rieuse ou en cas de "d~sir pro- fondll on passera bel et bien sur la fiùélité et la péren- nit6. Deuxiêmement, diverses ~tudes d'opiJlion (cf. PERRIN,

II0p inion publique ct droit du ElCtriage" par exemple pour le mêrlc contexte) nous persuadent que les couples mariés lé- gitiment nleinement le divorce Dar. consentCQent Dutuel

.

, ~our "

autant, au moins, CIue des enfants en bas- âge ne soien-t----pa-s-

co~cernés. Cette acceptation psychologisante, c'est-à-di- re à titre d'attribut du sentj_~cnt et non conlme valeur 50- ciaIe) des valeurs de pérennit6 est ainsi un deu:~i~2C in- dice de privatisation. On trouverait bien des équivalents et conpl~~ents dans la vision de l'en~ant et dans les re- présentations sociales contl2mpora.ines de 11 avorter:lent, aD.

Ir cnfa;1t à venir est vu co:n.::ne bien du couple et non pas cornee bien social (KELLERHALS et PASINI, 1976).

3. De mnni~re syst~matique, plus le statut social des individus est bas, plus l'image de lrinstitution fait ap- pel aux lŒgitimations charismatiques et statutaires; plus aussi, cette institution est vue COll1i7le dépourvue d' incon- vénients majeurs; plus enfin l'acceptation des val.eurs officielles semble profonde. Il nous apparait donc clai- rement que les intérêts et valeurs du législateur bourgeois de 1912 (en Suisse) sont interpr6tés par les milieux dé- favorisés qui tentent de se r6approprier le mod~le bour- geois en fonction de leurs int6rêts propres. Il serait faux de parler, tout crûment, d'un "traditionnalisme" plus granà des milieux ouvriers, en laissant implicitement enten- dre qu'ils sont moins clairvoyants que d'autres. En fait le caractère crucial du Glariage d.J.ns le march{§ àu travail et dans la famille--'nous paraissent conduire à une accentua- tion cOTI1!!réhensible, ., rationni..:lle " au sens wébér ien, des forces centri~ates (importance du nous-couple, de la fusion, des valellrs d'union, etc . . . ) dans le but de renforcer en- core le bastion familial contre les ing~rences de l'ext6- rieur et de garantir la rentabilité du capital (affectif, de main-d'oeuvre, etc . . . ) investi. Cette logique de lrac-

tion est en tout point semblable

a

celle, symétrique, qui conduit les ressortissants d~ milieux a.isés il recourir (ce- 13 ressort tras bien dans notre enqu6te) au contrat Ilotari6,

(16)

al.ors qu'on n'y recourt pas ou lr6s peu dans les Inilj.cu~: su- balternes.

Les raj,sons IIlLlëlcrosoci.::.lcs!' pOUT lesquelles le l~gisla­

teur Ge 19:!.2 m::::tt:Clit la fiè.élit~, la pércnnii.:.l2, la fi11ct-

tian J.'}0iti~e, en exergue, et ~ui tenaient Inrgc;ncnt

a

la pro-

tccti.on c:'u ca~)ital la2t6ricl 21n5i c~u l,:! la rt~production de l'ordre social, so~t tr~s dif~6~cntcs cie celles, mi.croso- ciales, çui conduisent les mil.ieux d'ouvriers et d'eDgloyés sub01tGr!1cs ~ sly accrocl:er 6galc[~2nt. C'est en ce se~s nO- t2":lClcnt qu 1 i l Y él. réintcrr~::::-0t2.t~_on, ou tentative de:: r~2p­

prOIJ]~i2!tion. Paradoxalement, le mode privatisé d~ distance â l'ord]~c établi (refuge dans le 110US-couple) conduit à une forme 6trange de légitimation de celui-ci.

Oc mêne,on conçoit que la contestation .c ... L em].Dln'2, . qui est

SU~~~'Cll':'" y6candu,-:, d-.. ns lec: ~":liliell" 1l11";versit~i1~eC' (lU i'r:::.-lGr-

, : L ::l~.>::,:Il~~:j~~ ~ ~0 .J.

1': ..

h;:)~ ~:. ~~~. (.~-- ,0 ~ _ ' - 7:~~

.

~

sn~:? ~.J.t.. .. L_"""'~_lce en· ... rs ~ ... C .. ULSc."e~.,- de Dom, e n J e l S 1. üdu.l

nistrntion des biens par l'ho~Be, eJ1VerS même la d6pendance

c.~u' iill?liS'0c cn de.rniè):e .. 2nalyse le droit cl' c)ltretien) ct l'aç-

cc~tc2tion des valeurs d'autcno~ic rfsultent de la no~velle

positio~1 des f8rnr:l(~S Itinstruitcs'! su::::- le rrt2rché dl.! trêl'.-2.j.1..

Leur entrêe d~ns des fiJ.iê~~es d[i~struction longu~s a pri-

mitivc!~cnt correspondu à un invcstisse~nent de type ;156- ducteur " , destind à 28~lj_orcr les chances de nariage (ou àe be2..u no.riaqe). Il s'est trê.~lsforlné (partiellerûent c~e

manière ~ndog~ne) en la possession d'un capital rfel, dé- lié de sa seule signification matri~oI1iale, gui court des

ris~ues 6vidents dans le mariage. Ainsi, pas plus que le

"traditionnalismel' ouvrier n'est l'expression d'une fascina- tion gratuite devant les conceptions bourgeoises ou le reflet d'un lJ2nque de réflexion, le l'modernisme'! universi.taire n'est pas l'ex9ression de l'avant-garde intellectuelle pure: i l

refl~te les modalités de gestion d'un capital rnonayable.

'Tel gue àéfini culturellcment, le capital des fer.unes de formation ouvri~re, ou employ~es subaJ.tcrnes (capital de jeu·- nesse, d'attra~t, d'aptitude à la procrêation, associ6 à un ca9ital professionl1el souvent déI~uni de prestige et de ren- tabilitG) court des risques Œvidents. La protection insti- tutioYlnclle leur parait ~a0e de s6curit6 en même temps sue pourvoyeuse d'une idcntit6 relativement prestigieuse. Inver- s6mcnt, les femQ8S universitaires voient lOlIr capital cultu- rel et J?rofessionnel prestigieux luis cn danger par les cor- rélats Ge l'institution (centralit6 de la vie dOlucstigue) en môme temps qu'elles vivent encore, à cause des images tra- ditiOllnelles de la fcn@e, une certaine défi.nition de soi pnr le lnarj.age et la procr0ation ail15i que par, i l ne fallt pas trop l'oublier, l'6ventucllc mobilit~ s~ciale du mari. D'oU une certaine ambivalence de leurs attitudes.

(17)

15D

III. Images de la coop6ration ct des iIltcrZtcti,ons g&nGrales

COl!UnGIlt les iD~gcs·du recours à l'institution se praJ.an- gent-elles dans l~s rcpr6scnt~tiollS de cc que devrait ~tre

l~ vie qllotidicn!18 du couple rlQri~ : telle est la question qGC nous abor~ons 1~2intcna!lt.

Analysnnt les fornes concr5tcs de l'interaction dans le couple, la ]_itt~r3ture socj.olo0iq~lC a rcccu~u

n

pJ_usicurs

t~'p81oSics. Distinctions entre instrumcntQlit6 ct e~:prcssivi­

t6 (ZELDI1'CH, 1964), ent~c tradition et modcrl1it6 (HETlD, ct LEVY, 197G), entre ~oub].e st2!1dard et standard unique etc ...

-Nous n1avons pas la place de faire ici la critique de ces tvoologies. Il nous intéresse plutôt de poursuivre notre pro- pos et d'c~ployer

a

cet usage la distincti6n de DurkheiR en-

tre solicJ.a!"it,~ orgz::.niC".iuc et solidarité Elécaniclüe (DU~~Flr2Il'·11 1893) DaIlS le premier cas, la division du travail est nettc.

Aucu~c des parties nc peut vi'frc sans 6change avec les autres.

Le consensus '-è'e -~~i..~Lt vient -de--cettc:: int'e'rdépend".J.üce'.

-Tr--':F

u

pri~2uté foncti.onnelle de l'ense~ble (lE I!nous-couple:r en

lroccurrenc~) sur les p~rti2s (les r'jGrr individuels).

Dans le deuxi~[le cas, il e}~iste plutôt un assc~blagc de rôles cc:nplcts , se suffisant chacun à eux-sêmes, sans division net- te du tr2vail. Cllaque partie pourrait,

a

la li~ite, vi\'rc de façon auto:-Io;::,e. Le consensus est alors réalisé au pl~~~:;_~~-!:ü:;o­

lic:~l2 ~ar une ~·-'astc Cor:-~.C1un2ut·5 dl id2CS, ce CJue Durkhei;;l o.p~c­

lai tune consciencè collective forte. Les parties, dans le

C2S du couple contemporain, prir"Lent fonctionnellc7.\êr.t sur le nous, celui-ci n f existant que gr5.ce à une vast8 CO...:?i~lUnicé1tion

intellectuelle et sentimentale. Du point de vue adopt~ ici des Dodes de coop6ration, le prenier modèle peut être dit fu- sionnel, le second individual.isant. C1est là, bien entendu, deux images du m~riage extrôIJement différentes dans leurs ra- cines et dans leurs cons6guellces.

Notre hVDoth~sc a6néralc est la suivante : J

- Duns la mesure où le couple SI irltpose COI1'JUe lieu cen- tral, qUQsi unique, de survj_e (affective, intellectuelle, Œco- nomiquc), dans la mesure où les images du recours au rl~riage sont marquées par l'appel aux strat6gies statutaires et de sécurité, la repr6scntation pr0dominante de la coop6ration sera de type organiqlle ou fusionnel.

- Pour lGS fcr;mlcs plus pa.rticuli~remcnt, plus les cùpi- to.ux matériels et sym~oliqucs e}~t6rieurs LiU li1c:lrié1.ge et ~ la famille seront préc2~ir0s, plus la valorisation du mod~lc or- ganique sera forte: ce mod0J_e procure du statut, construit une zone (le m6nage, l'6ducation des enfQnts) d'identit6 per- sonnelle en 111L3!!1C. tc:r.l~)S que, du simple point de vue de 11,inté- rêt de la t5cilC: i l nppnrait plus gr3tifiant. C'est dire que les repr~scnt3tions des fCDlmes ell mati0re de coop0r3tic1n J3ns

(18)

le m2riagc sont largonlent dép8ndantcs cie 1.Gur situation de c1;lsse et de leur staf:ut rersannel cO:::(>('!J:ô ft celui du mü-ri.

LLl parenté d'2 cet te r:crspcc Ltvc QVC:C Ja th(~orie d2S reS~";·OL:r­

ces (BLOOD ct ~OLr=, 1965) est 6vidc~tQ.

- Par co~tre, les 2ttcntes des h()~~es peuvent 6tre ]llgGcS,

a.

t i t r e d t h~'l::;othèse 1 CC)"lfI10 plus Ï1omo9èr,(~s 2l trZlv.?rS les c1i-

ve~ses cla3s2s socia12s. Ils ne jouent !Jas, en effet, l'cs- sC!1tiel de leurs capitaux sur le marche dl] mariase. D~s lors, Llne L'7lztge plus st6rrjotY:Jée (celle de la feT[1_rne-]rJ:~re-ar::aLtC-2ri1ic­

in-te nc1:11:' t .. C ) pel.:t traverser 11 cnscrnblc cJes couche:::; sociù. les 1 avec des varialltes dc cas en c&s.

Ainsi la choix du modèle organique proc~de de deux forces:

la part plus ou moins d&cisive du couple dans 11ensem- ble des grati~ications sociaJ.es,

- la gratification différente qlle procure ll'lidentj.tê domestique" en ionc-::'ion èc;s capitaux P.l2.tériels ct syin- boliques acquis.

1. L~l cocp6ratio~. En mati~re de c00?6ration, nous avons disti.ngu6 Cj_11~ dO~3incs de r6partiticn ~es tâchas le 929]12- pain, les tâches domestiques, le contrôle des ressources m2-

t~ricllcs, le pouvoir ~e d6cisj_on, l'ex?rcssivitf. Par ~an­

que de pl.ilce, nous ne che~chGrcns pas ~ légétirncr ces choix ici, l1i leur t~'?ologie. ~xa~inons alors, I)our chacun de ces

do~aines, le degré de pr0valence des mo~iêles org~nique et in- dividualisant e~ fonction de la situation de classe et du seXi2.

a) Le geIgne-pain

Plus le capital de la fCf:1P.le augmcntc= (indicateu:r- : ni- veau de formatj.on professionnelle) 1 plus le mod01e des deux conjoints au tr-avail (inc1i~Jidu2.lisunt) est revendiqu.6 COrilWè

devant pr6sidcr à l'organisation du mariage (cf. tableau IV) La !.Y::-ogrcssion ni est que très l0g2r2 chez les homf:les si fait que la distance entre les images masculines et fémininQs est plus grande da11s les couches ais6es que dans les milieux d6- favoris0s.

b) L~s tâches dornesticyues

L'examen de cinq t5ches tout-à-fait essentielles (cf.

tabJ.cau IV) montre que le mod01c orgal1ique (de fusion) ren- contre la grande majorité des représentations c11cz J.2S fC~lmcs

de formatj.ol1 ouvri6rc ou d'cDploy6e subalterne, alors qll'il est francl1cmcnt Qinoritaire dQDS l'ensemble des fenlmes uni- versitaires et para-universitaires (cf. tableau IV). Dal1s ce dernier C3S, le mod&lc individualisant (0galit~ des COlltri- butio11S, dOlle finaleUlent absence de division du travail) pr0- domine nettement.

(19)

17 .

Dan:.::> 11 ensemble f chez les honmcs 1 les di v~rq(::nc8s de re-

prŒsQnt~ttiQns scIon J.a si.tuation lIe classe sont nettement moj.~s pron'Jnc0cs ql~C chez lc~;. fcr:::mcs.

c) Le contrôle des ressources In~t6rj.clles

Plus l'on c1csc(.:.:nd lC'!s (iche.lons de la hiér2.rchie sociale,

pl~s J.a diff(rcnci~tion d~ travail est propclséc COfi~e node d'or02:1isatj_on ~d~(~U2t. Cette diffGrencia-tion correspond tan- tôt (})~i2mcnt des [Eicturcs) à un plus gra!ld pouvoi.r de l'ho2- mej t::.Lît.ôt (cc:::?tes m{;~:.:-1ge~s) à une aut.ononie de la femme, sorte de: 11 52.."i:"0 ir--f2ire r;l,~nagc:c 11 qui renforce S.:J. spéci. fiel té, sa CDj~1~)é:tencc:: (mêri1e si la latiti..ldc d'action est, da!ls ces 21i- Ij.eux, trè::: mince) (cf. table2.u IV).

d) Le oouvoir de --~- d~cision

Le Dod~lc de co-sestj.on llemporte largement d2ns tous le.s ·l·li.ilic:u:·~, tant ch~z les hOInlTtes que chez les fc:~mes. LI au-

torj"t~ doit 6tre partagée non de rna~iar8 scgnentaire (ce~­

tains dOEaines à lui, d'autres à elle) Inais de manière 310- b2..1o. rourtcint ~ --1 t ic1éCil de co-ge"s'tion auginente légèreînent avec la. si tU2tion. de classe des fC;::':\lcs. Ce ni est pas le cas chez les hor:t:1es.

e) L'c~:nressivité

Il n'existe aucune polarisation de llun des sexes sur ceti.:..e fOY'lct.ion. Elle est vUe co~~;rae émanant 6es de1..lx conjoints l'initiative sexuelle, le sou=i du calme et du repos de l'au- tre, la conciliation a9r~s les disputes, tout cela doit être assu!::f par les deux à égalité (cf. table2u IV).

En ter~es de tendances pourtant, la rnj.norit6 choisissant le mod~12 organique est plus forte c]1ez les ouvri~res et e~­

ploy6cs que chez les autres. Il n'y a pas de variation selon cet te si t:lation de classe chez les hom . .i.lles.

2. Les interactions g6n6ralcs. Avant de tenter une syn-

th~sc des donnŒes c~ relations ~ui prŒc~de!lt, voyons encore cOr;'u-:lcn t les partenaires se rcprc2sentent. la mesure dans laque l- Ie le IInous-couple:! doit envahir, occuper, la vie personn121le de chacun des conjoints. Ceu}:-ci doivent-ils avoir des Spll~­

res d' Llutor,ornie (inàépendcIniilcnt. des questions d'organisation du In~Jlagc et de la famille) ou non? En d'autres ternIes, quel est le dcgr6 de~.sectorialitJ (p~r opposition à la globalitd) ë!.utoris0 pour le couple? Ici, la fusion se définit comme une pr6vQlcnce quasi totale du groupe sur les individus qui le co@poscnt. L'individualisnIe se d6finit par l'inverse.

En fOllction de cc qui a tt6 dit plUS 113ut, nOLIS reprCIlons J.'hypotl10se gue la fusioll sera pJ.us marqu6e dalls le b~s de l'échc'llc sociale. Sur cc point, nos indic.J.tcurs sont inco:n- pIets. Trois suestions, sous forme de CllOix de conportcmcnt ~

~voir dans qllclqucs situations concr~tcs de vic (cf tabJ.enu v)

(20)

ont Gt6 P]~opos6es. Certains co~portelilcnts valorisent la fu- sion, d'autres IfirldividualisiIIC. Les r6sultats du tnbleau V sont ossoz c12irs :

- PlllS l'on occupe une situation dODin~e dans la !liGrar- chj_c des classes, Dlus la fusio~ est valoris0e : l~

latitude d'uctj_on, cxt~ricurc 5 la famille de chncun des conjoints est r0duj.tc.

- Dans le but, prob.:tble1nent, de sëluvegù.rdc:.:~ le " nous - coupJ.c" dont l'importance strat6gique est fondamel1ta- le, les ressortissarlts des couches d0favoris6es ten- tent autant que possible d' 61 iini r:. cr la cOr:'.21unica~cion

2. prOlJOS de èomai.71eS conflictuels (polit.iqUE, religion, éventuellement syndicalisme). Le silence sur ces til~­

mes 2pparait cO:llITte un mo}'en d' accentuer les forces centripètes dans le couple.

Au contraire, aans les milieux univers~taires et para- universitaires, l'autonomie de chacun est revendiqu6e

(cf. tableau V). L' 0Ye~tuel_le a.bsenc2 do corr .. ,nunic21:ion sur un thème conflictuel -est associée à -l' idée---que---cha- cun reste maître de son destin et de ses actes, alo~s

qu'elle répond ~ une volont6 do Dinimisation du con-

fJ~t dans les milieux subalternes.

3. Ouverture et fer~eture. Notre sociét6 et notre c~l-

ture ont tait du couple une sorte d'isolat-, replié affecti- vement et fOllctionnellenent sur lui-même. Dans quelle !nesu- re cette situation de fait correspond-elle, au niveau des re- pr6sentations, à une sorte de désir? En d'autres ternes, le mariage est-il perçu COI~le de'.'ant être néolocal, nuclé2ire,

auto11D~e (par rapport à l'ext6rieur) en lTIatiêre de division du travail ?

Nous avons posé diverses questions, dans le deuxi~me intervie~, qui se rapportent à ce th0me, Elles portent sur la volont& d'6changes de services avec d'autres familles aussi bien que sur l'int~rêt qu'il y aUl~ait à partager un apparte- ment, une maison, avec d'autres etc . . . (cf. tableau VI).

Il se d~gage des r6ponses un portrait pr6cis. Vu comme privatisé (cf. plus haut), le mariZlSJe est vu aussi COnloe rer- rn6. Dans l'ensemble, les écllanges systématiques de services, les 2chZl. ts en commun, les gardes COmlllUn<.::s dG.s enfants 1 etc . . . sont rc[usôs. L~id6e de partager, bj.cn qu'avec des Gppartc- men ts sép~l.rés, une maison, un immeuble, est v iolcn::n8nt rej e- tée. Lr.:.s '5chClngcs occasi.?~nc:....~s de services ct de biens, re- lev6s dans plusieurs ellquêtcs, ne correspondent dont pas du tout à une philosorJ1ie 08n61~~lc de l'~d1~nçJe. Autrui reprG- sente cl' abord et a vQnt tou tune ccrt.uine forme de menace.

Tant pour l'autonomie de CllQCUn des coupl~s que pour, et c'est llcut-6trc le plllS iml)Ortant, l'impression que les cou- ples ont (l'exprimer, dans les 2cllcJ.tS, les formes d'occupation

(21)

19.

de J.'cnf2ot, les modes d'haJ)itat, une certaine créativi- té pcrso~~2J_lc, une s[)6cificitG, alors nlême que tous ces mo- des de faire sont terriblement starldardisés.

Cette attitllde g6n6rale de fcrQcture est cependant lé-

g~rc~cnt moins D~ir0u6c en ilaut de l'~chella soci~lc q\lC dans le! lJ0S. Cette Jn~lysc diffGrenticllc n'est pas reproduite ici, faute de place.

4. Deuxi~~e css~i de svntlltsa

1.- Les hypoht~ses qui ont pr6sid6 â cette section sont dans l'ensemble vérifiée~. A une certaine aliénation dans le monde è.u tra\-ail, à une certaine marginalité culturelle et

éCollo~ique, correspond une repr6scn~ation organiq~e, fusion- nell.e , de la coop6ration et des interactions dans le couple.

Cel\li-ci prime d'autant plus sur les "'je!' individuels que l'extérieur est moins gratifiant. Les différences de capi- tal ~[lt"é}:iel et sy;nbolicJu8 acquis par les fernl""';1eS 52 tradui- sent ~2S des stratégies de coopération très différentes cor-_

respon.c.a2!t clùicune à des rnod.~les rationnels, "lIéconomistes!', de garRntir et de dŒvelop~2r ces capitau:{. vécu dans son prin-

cipe CO[l~e ayant une source princi?alG~e~t affecti~e, le- cou- ple est c-=~c:ndaflt organisé dans son exercice corn. .. lle une ']es- t , "

lOD ll1Z~rC:lanae d'6cl1anses de biens et services matériels et

sy;i1bol iC~Llc:s.

2.- L'échange individualisant caract6risant les Qilicux unlv'2rsitaires pose la question du IIlien" de l'unité, c'est- à-dire du consensus. Des donn6es non analys6es ici montrent que le Elo:ièle indi v idualisan t s' accoTilpagne cl' une forte valo- ris2tion de la co~munic2tion intellectuelle, de la similitu- de dl idées, COr:1!:'.C fondement de la réussi te du mariage. Ce th~­

me apparaît bien moins forteQent dans les milieux d'ouvriers et d'employ6s. Cette différence dans la mani~re de g6rer l'u- nité (par l'interd6pendance factuelle dans un cas, par la proximité intellectuelle et 6motive dans l'autre) correspond finalcQcnt â la distinction mar:(icnne en matière de division du travail: rapport aux choses, à la matiêre, dans un cas, rapport aux symboles dans l'autre. En ceci encore, les re-

pr6sent~tions du Dariage reproduisent les catégories de la structure de classe.

3.- L'autonornic que recouvre cn fait le modèle indi.vi- dualisant ne doit cependant pas nous faire oublier gllc l'exer- cice de fonctions sCr:1bl.:tbles par chacun des conjoints s' acco:n- PQgl1C 6g31c!nent d'une sorte de droit de regard d'un partenai- re sur]. '..J.utre. L\ttelés aux mêmes t5chcs, ils compCirent leurs performances respectives. D'une ccrt~inè maniôrc, l'indivi- dua.lisr'lc i.ntroc~uit la concurrence. i\u contr.:lire, le moùèle

ors~nique r~~uit cette s!~urcc de conflit cn limitant lii pos- sibilit6 ef~ective de comp3raison des performallccs.

(22)

4.- RcvGnant au tllêlne du rapport entre rcpr6scntati.ons du n1uJ:iagc et c1:Lvorcialité 1 on nc peut Inêlnquer dl insister sur le point SUiVêlllt. ED même temps que le modèle indivi- dllalisallt est revenclj.qué, valoris6, par les couches lettrées de la population, i l J:encontrc un I!1odè-le cul turcl plus géné- ral qui le contredit. En effet, la naj.ssance d'un enfant

(prévue dù.ns nQuf cas sur di:.::) Si o.ccompa<]ne chez les hommes co:mr.e ChC2 les fcrmnc.s du sentj.ment qu'il faudrêl réorganis8r la f~mj_llc sur le mode orgarlique. Les personnes interrogŒes ici ni arr:L\rcnt P;lS ~i S(~ dé::eaire. de ce modèle IItraditionllelll , Inais toute leur idGal,agie va 5 l'encontJ~e de celui-ci. D'oU un·:;:. ambivalc::nce C0l1Cn2te f face au mariage, très prononcée .

Deuxièmen\ent, et symétriquement, cette naissance de l'en- fant et la réorganisation de type organique qui s'en suivra diminue de fait, dans les couches aisées, le pouvoir de la

f errltllO. La mabili té sociale du maris' accc;ntue alors que dimi-

TIllcnt ses capitaux â elle. Malgré· l'idéologie de l'égalité du pouvoir, la réa.l i té de celui··-ci appélrtiendra à 2. 1 honune.

t~on qu'il prcrlne seul les d~cisions. Mais les te~~es_ftu_pro­

blè",e soront posés po.r s~a vic~--à~-lui. C'est là une deuxième rupture entre idéologie et pratique qui ne reste pas sans

effet. Cette évolution du couple renforce la dêpcndance - rcfu- sé€théori--iuement - de la femme. Non pas au profit de l'homme, mais à celui de la famille comme cadre de vie indispensable.

D'oQ une certaine tension entre la volo~té d'o.utonomie et 10. pro- gressive identification au noyau familial.

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