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Rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) "Les conditions de financement des établissements publics de santé auprès du secteur bancaire", mars 2013 - APHP DAJDP

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(1)

ET DES FINANCES 

­ MARS 2013 ­  

   

RAPPORT    

N° 2012­M­072­02 

 

     

Les  conditions  de financement  des  

établissements  publics  de  santé   auprès  du  secteur  bancaire  

           

Établi par          DIDIER BANQUY

Inspecteur  général des finances  PIERRE PAINAULT

Inspecteur des finances   

       

(2)

 

(3)

  SOMMAIRE    

INTRODUCTION... 1 1. LA  MOBILISATION  DE  FINANCEMENT  COURT  TERME  PAR  LES 

ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DE SANTÉ APPARAÎT PEU LÉGITIME ET DOIT ÊTRE 

A . .... 2

FORTEMENT LIMITÉE PAR UNE GESTION  CTIVE DE LA TRÉSORERIE.... ...

1.1. Le  financement  bancaire  court  terme  a  progressé  significativement  mais  ne  concerne toujours qu’une minorité d’établissements ...2 1.1.1. Le  nombre  d’établissements  utilisant  des  lignes  de  trésorerie 

pratiquement doublé sur la période 2003­2011...2 1.1.2. Les  lignes  de  trésorerie  ne  concernent  cependant  que  moins  d’un 

cinquième des établissements de santé et représente un coût global limité...4 1.2. Les  banques  sont  désormais  très  réticentes  par  rapport  au  financement  court 

terme et restreignent leur offre de lignes de trésorerie ...5 1.3. Le crédit court terme est une anomalie dans la gestion hospitalière et un facteur 

de fragilité pour la pérennité de l’offre d’emprunts sur le secteur ...6 1.3.1. L’usage de lignes de trésorerie résulte d’une gestion insuffisamment active 

de la trésorerie ou révèle un déficit structurel de l’établissement...6 1.3.2. Les lignes de trésorerie peuvent fragiliser l’analyse du risque emprunteur 

des établissements publics de santé...8 1.4. Les solutions alternatives de financement des besoins actuels de trésorerie des 

établissements de santé apparaissent peu opérationnelles...9 1.4.1. L’émission de billets de trésorerie est envisageable mais ne concernerait 

qu’une minorité d’établissements publics de santé...9 1.4.2. L’instauration d’une gestion mutualisée de la trésorerie de l’ensemble des 

établissements publics de santé présente des inconvénients majeurs ...10 1.4.3. La mise en place d’un dispositif généralisé d’avances de trésorerie serait 

peu vertueuse et juridiquement fragile en droit communautaire ...14 1.5. L’accès au crédit court terme doit être maintenu jusqu’à la mise en place d’une 

gestion rigoureuse de la trésorerie dans tous les établissements... 15 1.5.1. La sécurisation de l’accès aux lignes de trésorerie à titre transitoire mais 

l’affirmation d’une suppression à moyen terme de cet instrument...15 1.5.2. L’instauration  dans  chaque  établissement  d’un  plan  prévisionnel  de 

trésorerie actualisé régulièrement et d’un fonds de roulement de sécurité ...16 1.5.3. Le renforcement de la démarche d’optimisation du besoin en fonds de 

roulement par une gestion plus active des encaissements et décaissements ...21 2. LA CAPACITÉ DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DE SANTÉ À FINANCER LEURS 

INVESTISSEMENTS PAR LE CRÉDIT BANCAIRE MOYEN ET LONG TERME DOIT 

L ..22

ÊTRE PRÉSERVÉE EN RÉTAB ISSANT LA CONFIANCE DU SECTEUR BANCAIRE ...

2.1. La dette bancaire moyen et long terme des établissements de santé a presque  triplé et est pour partie composée de crédits « sensibles »... 22 2.1.1. L’endettement moyen et long terme est passé de 9 Md€ en 2003 à 24 Md€ 

en 2011 et concerne actuellement près de 89 % des établissements ...22 2.1.2. Une part significative de l’encours est composée de crédits structurés qui 

présentent pour certains un fort risque de dégradation financière ...23

(4)

2.2. Les  banques  manifestent  une  réticence  croissante  à  financer  le  secteur  public  hospitalier et modifient leur politique commerciale... 26 2.2.1. La  stabilisation,  voire  la  diminution  de  la  production  annuelle  de 

nouveaux crédits aux établissements publics de santé ...26 2.2.2. Le  renchérissement  des  conditions  financières  applicables  aux 

établissements publics de santé...27 2.3. La  réticence  des  banques  ne  peut  s’expliquer  qu’accessoirement  par  le 

resserrement de la liquidité et le renforcement des règles prudentielles ... 27 2.3.1. L’accès plus limité à la liquidité et les normes prudentielles de Bâle III ne 

favorisent pas la production de crédits aux établissements publics de santé ....27 2.3.2. Ce  contexte  ne  peut  toutefois  être  considéré  comme  la  justification 

centrale de la position des banques à l’égard du secteur hospitalier ...29 2.4. La  position  des  banques  résulte  principalement  d’une  appréciation  du  risque 

hospitalier qui se dégrade et se dissocie des collectivités locales ... 30 2.4.1. Le modèle économique des établissements publics de santé apparaît moins 

solide et fiable que celui des collectivités locales...32 2.4.2. La  gouvernance  des  établissements  de  santé  en  cas  de  difficultés 

financières apparaît moins lisible que celles des collectivités locales...33 2.4.3. Les banques s’estiment globalement plus exposées au risque réputationnel 

sur les établissements de santé que sur les collectivités locales ...35 2.5. La  possibilité  de  recourir  dans  des  conditions  équilibrées  au  crédit  bancaire 

pour financer l’investissement hospitalier doit être préservée ... 36 2.5.1. Le financement d’une part de l’investissement hospitalier par l’emprunt 

est une solution cohérente dans le contexte actuel...36 2.5.2. Parm  les  formes  d’emprunt  susceptibles  d’êtr   mobilisées,  le  crédit 

bancaire apparaît comme la solution globale la plus opérationnelle ...37 2.6. Le  maintien  d’une  offre  de  crédit  bancaire  équilibrée  suppose  de  rétablir  la 

confiance des banques envers les établissements publics de santé ... 42

i e

2.6.1. La mise en place d’un dispositif efficace de prévention et de traitement des  incidents de paiement bancaires des établissements publics de santé...43 2.6.2. L’institution d’un dispositif généralisé d’autorisation préalable de recours 

à l’emprunt fondé sur l’analyse de ratios financiers ...46 2.6.3. La définition et la mise en œuvre d’une doctrine nationale de traitement 

des emprunts sensibles afin de limiter l’exposition au risque de taux ...49 2.6.4. L’amélioration de l’enregistrement comptable des emprunts structurés 

dans un souci de transparence et d’anticipation des difficultés financières...52 2.6.5. Le renforcement de la communication sur les mesures prises par la tutelle 

en matière de gestion du risque financier des établissements de santé...54

 

(5)

Introduction 

Depuis dix ans environ, les établissements publics de santé ont recours de manière  croissante  à  l’endettement  pour  financer  leurs  investissements,  en  particulier  à  l’emprunt bancaire qui s’est fortement développé sous l’effet des plans de modernisation  de  l’offre  de  soins  lancés  par  les  pouvoirs  publics  (Hôpital  2007,  Hôpital  2012).  Ainsi,  l’encours  de  prêts  de  moyen  et  long  terme  des  hôpitaux  a  quasiment  triplé  entre  2003  et  2011, passant de 9 Md€ à plus de 24 Md€. 

Cet encours de prêts est détenu quasi­exclusivement par des banques françaises, seules  quelques banques étrangères  ayant  tenté, sans donner suite  depuis, d’utiliser le marché du  financement des hôpitaux comme clé d’entrée vers le marché français de la banque de détail. 

Cette importance de l’emprunt bancaire dans le financement de l’investissement a  rendu d’autant plus problématiques les conséquences de la crise bancaire et financière  de l’automne 2008 pour le secteur hospitalier. Le resserrement de la liquidité et le retrait du  groupe Dexia, premier acteur du marché, ont conduit à un assèchement de l’offre de crédit  ainsi  qu’à  une  dégradation  des  conditions  de  tarification  qui  pénalisent  désormais  les  établissements publics de santé. 

Cette contraction de l’offre concerne également les financements bancaires de court  terme (lignes de trésorerie), avec des conséquences induites sur l’investissement. Bien  qu’elles n’aient pas vocation à financer les dépenses d’investissement, ces lignes de trésorerie  interagissent  fortement  avec  le  crédit  moyen  et  long  terme  et  ne  peuvent  donc  être  considérées  comme  une  question  annexe.  Pour  les  banques,  les  hôpitaux  sont  en  effet  regardés  comme  une  seule  et  même  contrepartie,  quel  que  soit  le  mode  de  financement  utilisé, et leur risque emprunteur est apprécié globalement. 

Conformément à la demande des ministres, la mission a donc étudié les conditions de  financement des établissements publics de santé  auprès du secteur bancaire, en  s’intéressant  non  seulement  au  financement  de  moyen  et  long  terme,  mais  également  aux  lignes de trésorerie. Le présent tome II est consacré à cette analyse. 

La première partie, relative au financement de court terme à travers les lignes de  trésorerie, met en évidence les risques inhérents à l’usage d’un tel instrument dans les  hôpitaux publics. Peu légitimes pour des établissements bénéficiant d’une relative stabilité  et prévisibilité de leurs flux de trésorerie, ces lignes ont donné lieu ces dernières années à des  incidents  de  paiement  qui  dégradent  l’appréciation  de  la  solvabilité  des  hôpitaux  par  les  banques.  Elles  sont  en  outre  mobilisées  par  quelques  hôpitaux  pour  couvrir  indirectement  des  dépenses  d’investissement,  voire  dans  certains  cas  pour  compenser  une  situation  financière structurellement dégradée. 

La seconde partie est centrée sur les emprunts bancaires de moyen et long terme qui  apparaissent, dans le contexte actuel, comme un mode de financement cohérent et  légitime de l’investissement hospitalier. L’examen des raisons du resserrement de l’offre  de crédit conduit à relativiser l’impact des contraintes prudentielles instaurées en matière de  liquidité par les accords de Bâle III. La réticence des banques semble fondamentalement liée à  une  appréciation  du  risque  emprunteur  des  hôpitaux  qui  se  dégrade  et  se  différencie  progressivement de celui des collectivités locales. 

Au terme de ces constats et analyses, la mission formule plusieurs propositions  susceptibles d’assurer le maintien d’une offre bancaire suffisamment développée et  bénéficiant de conditions tarifaires équilibrées.  Elle  suggère  de  limiter  fortement  le  recours aux lignes de trésorerie grâce à une gestion plus active de la trésorerie. Elle propose  par ailleurs diverses mesures permettant d’améliorer l’analyse de la solvabilité des hôpitaux  par les acteurs de marché. 

(6)

 

1. La  mobilisation  de  financement  court  terme  par  les  établissements  publics  de  santé  apparaît  peu  légitime  et  doit  être  fortement  limitée  par une gestion active de la trésorerie  

Le financement bancaire de court terme des établissements publics de santé repose  essentiellement sur l’instrument des lignes de trésorerie dont les caractéristiques sont  développées dans l’encadré n°1 infra. 

Encadré 1 : Les caractéristiques des lignes de trésorerie 

Une ligne de trésorerie est un concours financier à court terme (annuel ou infra‐annuel) qui permet de  mobil se des  fonds  à  tout  mome t  et  très  rapidement  pour  pallier  une  insuffisance  ponctuelle  de i r  n disponibilités, c’est‐à‐dire un décalage entre les encaissements et les décaissements. 

Dans  la  limite  d'un  plafond  fixé  conventionnellement  (souvent  appelé  « autorisation  de  tirage »),  l'établissement public de santé peut tirer des fonds lorsqu'il  le souhaite, et en autant de fois qu’il le  souhaite.  Il  les  rembourse  à  son  gré,  et  chaque  remboursement  reconstitue,  à  concurrence  de  son  montant, le droit de tirage. 

Les intérêts sont cal ulés sur les u ilisations r elles   la li ne de trésorerie, certains établissements c t é de g bancaires imposant toutefois des commissions de non‐utilisation. 

Contrairement  aux  emprunts  de  moyen  et  long  terme  qui  s’analysent  comme  des  ressources  budgétaires inscrites au compte 16 (emprunts et dettes assimilées), les lignes de trésorerie ne sont pas  un financement budgétaire de l’établissement de santé. 

Seuls les frais financiers qu'elles génèrent sont inscrits au budget au compte 66 (charges financières),  les mouvements de capital (encaissements et remboursements) étant quant à eux retracés hors budget  en classe 5 (comptes financiers). 

Source : Mission IGF­IGAS. 

1.1. Le financement bancaire court terme a progressé significativement mais  ne concerne toujours qu’une minorité d’établissements 

1.1.1. Le nombre d’établissements utilisant des lignes de trésorerie a pratiquement  doublé sur la période 2003­2011 

L’exploitation des données comptables de la Direction générale des finances publiques  (DGFiP) a mis en évidence l’augmentation sensible, entre 2003 et 2011, du nombre  d’établissements publics de santé mobilisant des lignes de trésorerie auprès du secteur  bancaire (cf. graphique n° 1 infra). 

En 2011, 201 établissements publics de santé ont ainsi eu recours à cet instrument de  financement, alors qu’ils n’étaient que 115 établissements en 2003. 

Il peut être souligné que toutes les catégories d’établissements de santé sont concernées : les  centre hospitaliers régionaux universitaires (CRHU), les centres hospitaliers (CH), les centres  hospitaliers  spécialisés  (CHS),  les  hôpitaux  locaux  (HL)  ainsi  que  les  syndicats  inter‐

ospitaliers (SIH).  

h  

(7)

Graphique 1 : Évolution globale et par catégorie du nombre d’établissements  ayant recours à des lignes de trésorerie (2003­2011) 

0 50 100 150 200 250

Année 2003

Année 2004

Année 2005

Année 2006

Année 2007

Année 2008

Année 2009

Année 2010

Année 2011

SIH HL CHS CH  CHU/CHR

Source : Données DGFiP – Traitement Mission IGF­IGAS.   

Le montant global des tirages sur les lignes de trésorerie (crédits du compte 519  ­ crédits de trésorerie) est toutefois resté relativement stable sur cette période et  s’établit en moyenne à environ 15 Md€ entre 2004 et 20111 (cf. graphique n° 2 infra). 

Graphique 2 : Montant global des tirages effectués sur les lignes de trésorerie par les  établissements publics de santé (2003­2011) 

16,9 16,8

14,0 13,2

15,3 15,2

13,1 14,7

­  

10  12  14  16  18  Milliards

Année 2004

Année 2005

Année 2006

Année 2007

Année 2008

Année 2009

Année 2010

Année 2011 Source : Données DGFiP – Traitement Mission IGF­IGAS.   

Ce montant global de tirages permet d’approcher l’ampleur et l’évolution des flux de  trésorerie en provenance du secteur bancaire. 

Il ne saurait toutefois être utilisé pour déduire directement le niveau adéquat de l’offre  de lignes de trésorerie (en termes d’autorisation de tirage) en l’état actuel de la situation. 

En  effet,  plusieurs  opérations  de  tirage/reconstitution  pouvant  intervenir  au  cours  d’un  même mois sur une ligne de trésorerie, il ne peut être établi de corrélation directe entre le  montant total des tirages et le plafond autorisé. 

       

1 L’année 2003 n’a pas été prise en compte en raison de la présence de plusieurs valeurs atypiques dont la validité  n’a pu être vérifiée par la mission. 

(8)

1.1.2. Les lignes de trésorerie ne concernent cependant que moins d’un cinquième  des établissements de santé et représente un coût global limité  

En dépit du développement des lignes de trésorerie sur les dix dernières années, le  nombre d’établissements de santé recourant à cet instrument reste encore limité. En  2012, moins d’un cinquième d’entre eux était concerné (cf. graphique n° 3 infra). 

Graphique 3 : Pourcentage d’établissements ayant recours à des lignes de trésorerie 

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

16%

18%

20%

année 2003

année 2004

année 2005

année 2006

année 2007

année 2008

année 2009

année 2010

année 2011 Source : Données DGFiP – Traitement Mission IGF­IGAS.   

Les enjeux budgétaires apparaissent en outre relativement faibles en comparaison de  ceux sur l’endettement moyen et long terme (cf. point 2.1.1 infra).  

Le  montant  moyen  des  frais  financiers  (débits  du  compte  6615  ‐  Intérêts  des  comptes  courants créditeurs) sur la période 2004‐2011 est d’environ 16,9 M€ et le coût moyen d’un  euro tiré sur une ligne de trésorerie varie sur la même période entre 0,06 centime d’euro et  0,22 centime d’euro. 

Graphique 4 : Montants annuels des frais financiers liés aux lignes de trésorerie  et coût annuel moyen pour un euro tiré 

­   10  15  20  25  30  35  40 

Année 2004

Année 2005

Année 2006

Année 2007

Année 2008

Année 2009

Année 2010

Année 2011

0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25

Frais financiers (en millions d'euros) Coût pour un euro tiré (en centimes d'euro)

 

 

Source : Données DGFiP – Traitement Mission IGF­IGAS. 

(9)

 

1.2. Les banques sont désormais très réticentes par rapport au financement  court terme et restreignent leur offre de lignes de trésorerie 

Les banques rencontrées par la mission ont dans leur ensemble indiqué avoir adopté,  depuis quelques années, une position très prudente sur les lignes de trésorerie  accordées aux établissements publics de santé. 

Cette position se traduit principalement par un abaissement progressif et quasi­

systématique  des  plafonds  des  autorisations  de  tirage  dont  bénéficiaient  individuellement les établissements de santé. En général, lors de l’échéance annuelle ou infra‐

annuelle de renégociation des contrats de lignes de trésorerie, la banque propose à son client  de fixer le montant de la nouvelle autorisation de tirage au niveau du montant maximum de  trésorerie effectivement tiré lors de l’année précédente. 

Ce mouvement ne concerne pas spécifiquement le secteur hospitalier, mais l’ensemble  du secteur public local. Ainsi, une banque a indiqué avoir réduit de plus de la moitié entre  2010 et 2012 le montant de ses lignes de trésorerie autorisées sur son portefeuille secteur  public local.  

La cause générale de ce resserrement réside dans le contexte de renforcement des  règles prudentielles. Cette  question  sera  examinée  de  manière  détaillée  dans  la  partie  2,  mais il apparaît que les lignes de trésorerie qui ne sont que partiellement tirées par les clients  sont  fortement  pénalisantes  pour  le  respect  du  ratio  de  liquidité  LCR  (Liquidity  Coverage  Ratio)  prévu  par  les  accords  de  Bâle  III.  En  effet,  quel  que  soit  le  montant  de  trésorerie  effectivement mobilisé par le client, c’est le montant du plafond d’autorisation de tirage qui  est pris en compte dans le calcul du ratio2. La plupart des banques n’ayant pas encore mis en  place de commission de non‐utilisation des lignes de trésorerie, les montants non mobilisés  pénalisent donc le calcul du ratio LCR sans générer de rémunération pour la banque. 

En ce qui concerne les établissements publics de santé, ce resserrement de l’offre de  lignes de trésorerie des banques semble en outre avoir été motivé par l’apparition  d’incidents de paiement. 

Par ailleurs, l’évolution de la position des banques sur le crédit court terme se traduit  par un renchérissement des conditions financières proposées aux établissements sur  les deux dernières années. 

Ce renchérissement a clairement été évoqué par certaines des banques rencontrées  par la mission et est par ailleurs mis en évidence dans le graphique n° 4 supra qui fait  apparaître que le coût pour un euro tiré sur une ligne de trésorerie a progressé  d’environ 76 % entre 2010 et 2011, passant de 0,06 centime à 0,11 centime d’euro. 

       

2 Le mode de calcul du ratio LCR est détaillé dans l’encadré n° 7 au point 2.3.1 infra. Selon ce mode de calcul, la  prise  en  compte  du  plafond  d’autorisation  de  tirage  des  lignes  de  trésorerie  (au  lieu  du  montant  effectivement  tiré) vient augmenter le dénominateur et donc dégrader le résultat ratio qui doit être supérieur à 100 %. 

(10)

 

Les données 2012 confirment cette augmentation puisque le coût d’un euro tiré  s’établit à 0,12 centime, soit  une  nouvelle  progression  de  près  de  10 %  par  rapport  à  l’année 20113

En  septembre  2012,  la  tarification  moyenne  d’une  ligne  de  trésorerie  s’établissait  ainsi  à  Eonia4 + 300 points de base, auxquels devaient être ajoutés 15 à 20 points de base pour la  commission bancaire, soit un taux d’intérêt global de l’ordre de 3,3 %5.  

1.3. Le crédit court terme est une anomalie dans la gestion hospitalière et un  facteur de fragilité pour la pérennité de l’offre d’emprunts sur le secteur 

1.3.1. L’usage de lignes de trésorerie résulte d’une gestion insuffisamment active de la  trésorerie ou révèle un déficit structurel de l’établissement 

Dans  les  établissements  publics  de  santé,  les  flux  de  trésorerie  apparaissent  à  plusieurs égards spécifiques par rapport à d’autres types de structures, y compris par  rapport à d’autres catégories d’établissements publics. 

Il  ressort  ainsi  des  données  comptables  de  l’année  2010  présentées  dans  le  graphique n° 5 infra que les produits versés par l’assurance maladie  sur  le  titre  1  du  compte de résultat principal (produits de la tarification de séjours, médicaments et dispositifs  médicaux implantables – DMI, actes et consultations externes, dotation au financement – DAF  et  missions  d’intérêt  général  et  aide  à  la  contractualisation  ‐  MIGAC) représentent à eux  seuls 73 % des produits réels des établissements publics de santé. 

Ces versements sont réalisés par  la  Caisse nationale de l’assurance maladie des  travailleurs  salariés  (CNAMTS),  par  l’intermédiaire  de  l’Agence  centrale  des  organismes  de  sécurité  sociale  (ACOSS),  selon  des  calendriers  de  versement  prédéterminés, parfaitement connus des établissements publics de santé. 

En outre, si le montant de ces versements ne peut être déterminé ex ante de manière  totalement  précise  puisqu’il  dépend  largement  du  niveau  d’activité  réel  de  l’établissement, un examen des versements perçus sur les exercices antérieurs peut  permettre d’en réaliser une estimation relativement fiable  compte  tenu  de  la  relative  stabilité, voire de la saisonnalité, de l’activité hospitalière. 

 

       

3 Certaines données relatives à l’exercice 2012 n’ayant pu être transmises à la mission, le calcul du coût d’un euro  tiré a été réalisé sur un nombre moins importants d’établissements publics de santé. Ce nombre reste cependant  suffisamment significatif.  

4  Eonia  (Euro  OverNight  Index  Average)  est  le  taux  d’intérêt  moyen  auquel  certaines  banques  européennes  sélectionnées s’accordent mutuellement des prêts en euros, les prêts ayant une durée de 1 jour. Eonia peut donc  être considéré comme le taux Euribor overnight. 

5 Cette estimation est basée sur les données fournies par l’un des principaux cabinets conseil en gestion active de  la dette présent sur le marché du secteur public local. 

(11)

Graphique 5 : La répartition des produits réels des établissements publics de santé (2010) 

  Source : Note de conjoncture Finances hospitalières ­ Dexia Crédit Local ­ Avril 2012. 

Les  charges  réelles  des  établissements  publics  de  santé  sont  quant  à  elles  principalement composées de charges de personnel qui  représentent,  sur  la  base  des  données comptables de l’année 2010, 73 % du montant total (cf. graphique n° 2 infra). 

Graphique 6 : La répartition des charges réelles des établissements publics de santé (2010) 

  Source : Note de conjoncture Finances hospitalières ­ Dexia Crédit Local ­ Avril 2012. 

(12)

prendre en compte un risque e  

Composées pour une très large part des traitements versés aux agents hospitaliers et  des charges sociales afférentes,  ces  dépenses  de  personnel  peuvent  être  anticipées  de  manière relativement aisée, aussi bien en termes de calendrier de versement qu’en termes de  montant  des  versements.  Bien  entendu,  certains  paramètres  peuvent  influer  sur  les  versements et modifier leur montant global, mais les variations restent marginales.  

Dans un tel cadre où l’incertitude en matière d’encaissements et de décaissements  apparaît raisonnable et maîtrisable, le recours à un financement bancaire de court  terme ne devrait pas être nécessaire.  Contrairement  à  d’autres  secteurs  d’activité,  les  établissements  ne  sont  pas  confrontés  à  la  nécessité  d’opérer  un  arbitrage  délicat  entre  le  calibrage  de  leurs  réserves  de  trésorerie  et  le  recours  ponctuel  à  des  financements  court  terme.  Comme  évoqué  précédemment,  ce  type  de  financement  n’est  d’ailleurs  actuellement  mobilisé que par moins d’un cinquième des établissements. 

Ceci suppose toutefois que soit mise en place, dans chaque établissement, une gestion  active de la trésorerie à travers un véritable plan de trésorerie permettant d’avoir une  vision claire de l’ensemble des décaissements et encaissements sur l’exercice budgétaire. 

Sur la base d’un plan de trésorerie, l’établissement peut ensuite constituer un fonds de  roulement correctement calibré et engager une politique d’optimisation de son besoin  en fonds de roulement (BFR) en  mobilisant  les  différents  leviers  à  sa  disposition,  et  notamment l’amélioration des délais et de la qualité de la facturation interne. 

En tout état de cause, de tels instruments de gestion de la trésorerie, classiques dans la  culture entrepreneuriale, ne paraissent pas particulièrement complexes à généraliser  dans le contexte hospitalier.  

Leur mise en place permettrait en outre de mettre en évidence les situations dans  lesquelles le recours récurrent aux lignes de trésorerie permet de pallier un déficit  structurel de l’établissement, ce qui ne paraît pas soutenable à moyen terme et doit donner  lieu à une intervention de l’autorité de tutelle.  

1.3.2. Les lignes de trésorerie peuvent fragiliser l’analyse du risque emprunteur des  établissements publics de santé  

Comme évoqué précédemment (cf. partie 1.2), il a été fait état d’incidents de paiement  sur  des  lignes de trésorerie,  les  établissements  concernés  n’ayant  pas  honoré  leurs  échéances de remboursement et ayant demandé le plus souvent un report de paiement. 

Les représentants des différentes banques consultées ont indiqué que leurs modèles  internes d’analyse du risque emprunteur et de notation des contreparties de leur  portefeuille prenaient en compte les impayés intervenant sur les lignes de trésorerie  au même titre que les impayés sur les échéances de prêts moyen et long terme. Même si  ces incidents ne constituent que rarement des « défauts » au sens de l’accord de Bâle II6, ils  entraînent tout de même une dégradation de la note interne de la contrepartie concernée et  ne peuvent donc être considérés comme anodins. 

L’établissement défaillant prend le risque de voir l’offre de crédit qui lui est proposée  se resserrer, voire se tarir, et les conditions financières se dégrader  fortement  pour 

mprunteur analysé comme moins fiable. 

      

6 Un débiteur particulier est en situation de « défaut » au sens de l’accord de Bâle II lorsque l’un ou l’autre des  évènements suivants, ou les deux, se sont produits : (i) l’établissement de crédit estime que, sauf recours  à des  mesures  telles  que  la  réalisation  de  la  garantie  (s’il  y  en  a  une),  le  débiteur  ne  s’acquittera  probablement  pas  intégralement de ses obligations de crédit envers lui, son entreprise mère ou l’une de ses filiales ; (ii) l’arriéré du  débiteur sur une obligation de crédit significative envers l’établissement de crédit, son entreprise mère ou l’une de  ses filiales est supérieur à 90 jours. 

(13)

Au­delà de l’impact au cas d’espèce, ces incidents de paiements entraînent également  une mise à jour des modèles bancaires d’analyse du risque des établissements publics  de santé. En  effet,  l’occurrence  de  défauts  de  paiement,  quelle  que  soit  leur  nature,  sur  un  portefeuille de clients présentant jusqu’ici une sinistralité quasi nulle, conduit les analystes  bancaires à adapter leur modèle global de notation et à durcir les critères d’analyse. 

Les défauts de paiement de quelques établissements sur des lignes de trésorerie sont  donc susceptibles de dégrader les conditions générales d’accès au crédit bancaire de  l’ensemble des hôpitaux publics. 

1.4. Les  solutions  alternatives  de  financement  des  besoins  actuels  de  trésorerie des établissements de santé apparaissent peu opérationnelles  

1.4.1. L’émission  de  billets  de  trésorerie  est  envisageable mais  ne  concernerait  qu’une minorité d’établissements publics de santé 

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 comportait  une disposition7 visant à modifier l’article L. 213­3 du code monétaire et financier afin  d'autoriser les centres hospitaliers régionaux (CHR) listés par décret à émettre des  billets de trésorerie dans la limite d’un plafond global d’émissions fixé pour chacun d’entre  eux par le même décret. 

Encadré 2 : Caractéristiques et conditions d’émission des billets de trésorerie 

Encadrés par les articles L. 213‐1 à L. 213‐4 du code monétaire et financier, les billets de trésorerie  sont  des  titres  de  créance  négociables,  c’est‐à‐dire  des  titres  financiers  émis  au  gré  de  l'émetteur,  négociables sur un marché réglementé ou de gré à gré, qui représentent un droit de créance et sont  inscrits dans un compte‐titres tenu par un intermédiaire (stipulés au porteur). 

Les caractéristiques des billets de trésorerie 

Les billets de trésorerie doivent avoir une échéance fixe comprise entre un jour et un an. Dans les faits,  25 % des billets émis le sont à très court terme, pour des périodes de 1 jour à 10 jours. 

Le montant unitaire des billets doit être au moins égal à la contrevaleur de 150 000 €.  

Les billets de trésorerie portent intérêt. Les intérêts sont fixés et négociés librement lors de l’émission. 

Ils  sont  en  principe  calculés  sur  la  base  d’un  taux  fixe  et  par  référence  au  marché  monétaire.  Ils  peuvent avoir également un coupon indexé sur une référence variable. Lorsque la rémunération varie  en application d’une clause d’indexation qui ne porte pas sur un taux usuel du marché interbancaire,  du  marché  monétaire  ou  du  marché  obligataire,  cette  clause  doit  être  au  préalable  portée  à  la  connaissance de la Banque de France. 

Enfin, ils peuvent éventuellement être garantis par un établissement de crédit habilité par son statut à  délivrer une telle garantie. Ils peuvent également être garantis par une entreprise d’investissement ou  une  entité  elle‐même  habilitée  à  émettre  des  billets  de  trésorerie,  lorsque  cette  entreprise  ou  cette  entité détient, directement ou indirectement 20 % au moins du capital de l’émetteur ou dont le capital  est détenu, directement ou indirectement, par l’émetteur à concurrence de 20 % au moins. 

Les conditions d’émission des billets de trésorerie 

L’article L. 213‐4 du Code monétaire et financier indique que les émetteurs de billets de trésorerie «  établissent préalablement à leur première émission de tels titres une documentation financière, qui porte  sur leur activité, leur situation économique et financière ainsi que sur le programme d’émission. Cette  documentation financière, rédigée en français, est déposée auprès de la Banque de France, qui est chargée  de veiller au respect par les émetteurs des conditions d’émission ».  

       

7 Il s’agissait de l’article 48 du PLFSS pour 2013. 

(14)

Les émetteurs doivent également rendre publique une notation obtenue auprès d’une agence agréée,  exceptés  ceux  dont  les  titres  sont  admis  en  négociation  sur  un  marché  réglementé  de  l’Espace  Économique  Européen,  ou  disposer  d’un  garant  bénéficiant  d’une  telle  notation  (article  D.  213‐3  du  Code monét ire et financier).  a

Ils  doivent  enfin  domicilier  leurs  titres  auprès  d’un  établissement  de  crédit,  d’une  entreprise  d’investissement  installée  en  France ou de  la  Caisse des  dépôts  et  consignations dans  les conditions  fixées  par  le  règlement  général  de  l’Autorité  des  Marchés  Financiers  (articles  322‐55  à  322‐58 du  règlement général de l’AMF).  

Source : Code monétaire et financier – Banque de France. 

Cette disposition du PLFSS a été censurée par le Conseil Constitutionnel dans sa décision  du 13 décembre 20128 car considérée comme un cavalier budgétaire.  

Sous les réserves évoquées précédemment quant à la pertinence pour les établissements de  santé  de  recourir  à  un  financement  externe  de  leurs  besoins  de  trésorerie, les billets de  trésorerie  peuvent  constituer  un instrument  intéressant  pour  les  établissements  publics de santé au vu de leurs avantages : grande flexibilité pour le choix des échéances  (un jour à un an), flexibilité dans le choix des montants (sous réserve du respect du montant  minimal  réglementaire  de  150  000  euros),  coût  inférieur  à  celui  des  autres  financements  à  court terme et en particulier des lignes de trésorerie des banques, facteur d’amélioration de  la notoriété permettant de faciliter l’accès aux marchés financiers.  

Cet instrument ne saurait toutefois être considéré comme une solution globale et  définitive aux besoins de trésorerie actuels du secteur public hospitalier.  

Un tel instrument ne peut en effet concerner que quelques établissements disposant  d’une surface financière suffisante pour être intéressés par le seuil minimum d’émission  (150 000 €) et de compétences financières suffisamment développées pour assumer une telle  fonction sur les marchés financiers. 

Ce périmètre restreint devrait être renforcé par le fait même que la surveillance du marché  des  billets  de  trésorerie  est  assurée  par  la  Banque  de  France  qui  est  chargée  de  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  au  bon  fonctionnement  du  marché  et  est  particulièrement  attachée à préserver la qualité des émetteurs. 

De facto, les établissements de santé pouvant accéder au marché des billets devraient  donc  être de  grands CHRU  bénéficiant d’une  situation financière stable et d’une  notation de bonne qualité. Il ne s’agit pas en l’espèce du type d’établissements rencontrant  des difficultés majeures à obtenir des lignes de trésorerie auprès du secteur bancaire.  

1.4.2. L’instauration d’une gestion mutualisée de la trésorerie de l’ensemble des  établissements publics de santé présente des inconvénients majeurs 

En application des dispositions de l’article 47 du décret n° 2012­1246 du 7 novembre 

20129 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique, les établissements publics 

de santé « sont tenus de déposer leur fonds au Trésor » sur  un  compté  dédié.  Intitulé 

« Compte au Trésor » (compte 515), ce compte ne peut présenter de situation de découvert. 

       

8  Décision  du  Conseil  Constitutionnel  n°2012‐659  DC  du  13  décembre  2012  portant  sur  le  projet  de  loi  de  financement de la sécurité sociale pour 2013. 

9 Ce décret regroupe et actualise un ensemble de textes relatifs à la gestion budgétaire et comptable publique dont  le décret n° 62‐1587 du 29 décembre 1962 portant règlement général sur la comptabilité publique ainsi que le  décret n° 2005‐54 du 27 janvier 2005 relatif au contrôle financier au sein des administrations de l'Etat. 

(15)

Graphique 7 : Montants des dépôts des hôpitaux sur le compte du Trésor   et montants des tirages sur les lignes de trésorerie (janvier 2010­décembre 2011) 

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5

janv­10 vr­10 mars­10 avr­10 mai­10 juin­10 juil­10 août­10 sept­10 oct­10 nov­10 déc­10 janv­11 vr­11 mars­11 avr­11 mai­11 juin­11 juil­11 août­11 sept­11 oct­11 nov­11 déc­11

Milliards

Montant des dépôts sur le compte du Trésor  Montant des tirages sur les lignes de trésorerie

 

Source : Données DGFiP – Traitement mission IGF­IGAS. 

D’après  les  données  comptables  fournies  à  la  mission  par  la  DGFiP, le compte au Trésor  (compte 515) sur lequel les établissements publics de santé sont tenus de déposer  leurs excédents de trésorerie présente, de manière permanente, un solde positif 

€.  

 

dépassant très largement les 2 Md

Comme le montre le graphique n° 7 supra, le montant mensuel de dépôts des établissements  de santé en situation excédentaire apparaît, de manière constante, très largement supérieur  au  montant  mensuel  des  besoins  de  trésorerie  des  établissements  qui  peut  être  estimé  à  travers  les  tirages  réalisés  sur  les  lignes  de  trésorerie  bancaires  qui  sont  comptabilisés  au  crédit du compte 519 (Crédits de trésorerie)10

Dans ces conditions, un mécanisme de mutualisation de la trésorerie de l’ensemble des  établissements  publics  de  santé  pourrait  être  envisagé,  afin  de  faire  financer  temporairement  les  besoins  de  liquidités  de  certains  établissements  par  les  excédents  de  disponibilités des autres établissements. 

A la demande de la Direction de la sécurité sociale, l’ACOSS  11 a expertisé la faisabilité  d’une telle mutualisation. Selon ses premières analyses et sous réserve d’un examen plus  approfondi,  l’Agence  considère  que  cette  option  est  techniquement  réalisable  mais  ne  pourrait être opérationnelle qu’à  moyen terme en raison des profondes adaptations qu’elle  suppose quant à son organisation. 

Indépendamment des contraintes d’ordre technique, la mutualisation de l’ensemble  des trésoreries hospitalières n’apparaît toutefois pas souhaitable  pour  deux  raisons  essentielles présentées ci‐dessous. 

       

10 Il doit être précisé que le graphique n° 3 est uniquement fondé sur les soldes mensuels des comptes concernés  (comptes 515 et 519) et ne permet donc pas de décrire dans son ensemble la réalité des flux de trésorerie des  hôpitaux. En effet, sur un même mois, plusieurs opérations de tirages/reconstitution peuvent intervenir sur une  même ligne de trésorerie.  

11 Etablissement public national à caractère administratif, l’ACOSS est chargée d’assurer la gestion commune de la  trésorerie  des  différentes  branches  du  régime  général  de  la  Sécurité  sociale  et  apparaît  à  ce  titre  comme 

organisme le plus à même de mettre en place et de gérer un mécanisme de mutualisation de cette nature.  

l’

 

(16)

1.4.2.1. La mutualisation créerait un risque d’aléa moral sur la gestion de la trésorerie  des établissements publics de santé 

La  mutualisation  des  trésoreries  repose  sur  le  principe  d’une  compensation  entre  les  établissements dans une situation excédentaire et les établissements déficitaires. 

Avantageuse à certains égards, notamment en termes de réduction des coûts de  financement court terme, cette compensation pourrait générer un effet pervers et être  source d’une forme d’aléa moral dans la gestion des trésoreries hospitalières. 

Conscients de l’existence de celle­ci, les directions financières des établissements de  santé pourraient être tentées d’adopter deux types de comportements peu vertueux. 

Les  établissements  actuellement  vertueux,  qui  présentent  une  situation  de  trésorerie  excédentaire, pourraient faire preuve d’une moindre rigueur, leurs efforts de gestion venant  compenser  la  gestion  déficiente  de  certains  de  leurs  homologues  sans  aucune  contrepartie. 

Les  établissements  actuellement  en  difficulté  de  trésorerie  risqueraient  quant  à  eux  d’être  incités à ne pas renforcer leur gestion et à se reposer sur la solidarité induite de facto entre  tous les établissements. 

Plus encore, les établissements bénéficiant de la mutualisation pourraient être tentés  de ne pas procéder au remboursement des sommes qui leur auront été avancées ou de  différer dans le temps ce remboursement en  considérant  que  leur  défaillance  peut  être  assumée par la collectivité des hôpitaux. 

L’institution à court terme d’un mécanisme de mutualisation pourrait donc constituer  un très mauvais signal vis­à­vis des établissements de santé et contribuer à aggraver la  gestion sous­optimale de la trésorerie hospitalière. Un  assainissement  des  modes  de  gestion est un préalable incontournable, en particulier afin de mettre fin aux situations dans  lesquelles les besoins de trésorerie externe résultent d’une absence de pilotage du besoin en  fonds de roulement et afin d’identifier les situations où le recours à des lignes de trésorerie  masque un déficit structurel (cf. point 1.3.1 supra). 

De manière plus générale,  il doit être remarqué  que ce mode de gestion de  la  trésorerie  apparaîtrait  peu  compatible  avec les principes mêmes  qui  fondent  la  réforme de la tarification à l’activité (T2A),  l’autonomie  de  gestion  des  établissements  publics de santé et la responsabilisation de leurs gestionnaires sur l’équilibre financier. 

1.4.2.2. La mutualisation impacterait les dépôts des établissements de santé auprès du  Trésor et pourrait avoir des conséquences sur la gestion de la dette publique  Si la gestion du mécanisme de mutualisation devait être assurée directement par l’État,  minima une part des dépôts actuels des établissements de santé ne serait plus  déposée sur le compte du Trésor, mais alimenterait les établissements dans une situation  de besoin de trésorerie. Le principe d’obligation de dépôt ne serait pas formellement remis en  cause,  mais  le  montant  des  dépôts  serait  moindre.  Cette  option  apparaît  comme  la  moins  problématique,  mais  suppose  qu’un  service  de  l’État  soit  techniquement  en  capacité  d’intervenir, ce qui n’est pas le cas actuellement.  

Si la gestion devait être assurée par un organisme indépendant de l’État tel que  l’ACOSS, il est probable que les organes de gouvernance de cet organisme demandent  que l’ensemble des dépôts lui soient confiés, afin de disposer d’une base de mutualisation  la plus large possible et de limiter autant que possible le risque. 

Le principe d’obligation de dépôt au Trésor devrait alors être remis en cause et le  montant des dépôts au Trésor diminuerait de 3 Md€. 

(17)

   

Quelles que soient les modalités de gestion retenues, le montant des dépôts des  établissements de santé auprès du Trésor diminuerait donc, ce qui pourrait entraîner  diverses conséquences en matière de gestion de la dette publique. 

En premier lieu, une augmentation directe de la charge de la dette. La diminution ou le  retrait total des dépôts augmenterait la charge de la dette à due concurrence et devrait être  compensé par l’émission de dette publique à moyen et long termes. 

Selon  l’Agence  France  Trésor  (AFT),  dans  l’hypothèse  d’une  remise  en  cause  totale  de  l’obligation  de  dépôt  au  Trésor,  le  surcroît  direct  de  charge  de  la  dette  serait  de  l’ordre  de  80 M€ par an sur la base des taux anticipés pour 2013 et de l’ordre de 90 M€ en retenant le  niveau des taux anticipé pour 2014.  

En second lieu, un risque de dégradation des conditions de financement de l’État  français. La réduction des dépôts des établissements publics de santé imposerait à l’État de  modifier à la hausse son programme de financement, à court, moyen et long terme, afin de  mobiliser d’autres sources de financement. 

Cette  hausse  du  programme  d’émissions  pourrait  constituer  un  mauvais  signal  pour  les  marchés financiers et les agences de notation12, et pourrait dégrader les conditions globales  de  financement  de  l’État  français.  Elle  viendrait  en  partie  remettre  en  cause  les  efforts  de  mutualisation des trésoreries publiques réalisés sous l’égide de l’AFT et de la DGFiP qui ont  permis de réduire progressivement le programme d’émission et la charge de la dette.  

Au­delà  des difficultés  évoquées précédemment,  la mutualisation des  trésoreries  hospitalières pourrait entrainer, par effet de contagion, des conséquences sur les  dépôts des collectivités locales, et plus largement du secteur public local13

Remettre en cause, partiellement ou totalement, l’obligation de dépôt des établissements de  santé auprès du Trésor conduirait les collectivités locales à faire valoir l’égalité de traitement  et demander l’abrogation de ce principe, ou à tout le moins son atténuation. La position de  l’État serait  alors fragilisée dans un contexte de réforme de l’organisation territoriale  et de  demandes répétées des élus de bénéficier de dérogations à l’obligation de dépôt. 

Si ce mouvement devait s’étendre à l’ensemble du secteur public local, les dépôts  concernés représenteraient plus de 40 Md€ de dette publique supplémentaire à lever  sur les marchés, soit près d’un quart de plus que la prévision d’émission annoncée par l’AFT  pour l’année 2013 (169 Md€).  

L’AFT considère que le surcoût budgétaire pour la seule charge de la dette serait  proche de 1 Md€ en retenant les taux prévisionnels sous­jacents du projet de loi de  finances pour 2013. 

L’AFT estime en outre que ce coût pourrait être fortement majoré par l’impact sur les  conditions de financement globales de l’État qui a été évoqué précédemment. D’après  son  estimation,  en  prenant  l’hypothèse  d’une  hausse  de  30  points  de  base14  des  taux  de  financement de la France, le surcoût sur la charge existante de la dette pourrait atteindre plus  de 20 Md€ en cumulé sur dix ans. 

      

12 La France fait d’ores et déjà partie des premiers émetteurs de la zone euro. 

13 Les correspondants du Trésor appartenant au secteur public local et soumis à l’obligation de dépôt sont : les  régions, les départements, les communes, les établissements publics de santé, les organismes de logement social et  les établissements publics locaux.  

14  L’AFT  estime  qu’une  telle  dégradation  ne  doit  pas  être  considérée  comme  un  majorant,  le spread  entre  la  Belgique et la France étant compris respectivement entre 30 et 40 points de base sur les maturités d’émission de  5 ans et 10 ans.  

(18)

1.4.3. La mise en place d’un dispositif généralisé d’avances de trésorerie serait peu  vertueuse et juridiquement fragile en droit communautaire 

Une autre voie envisageable pour répondre aux besoins de certains établissements  consisterait,  sans  mutualiser  les  trésoreries  hospitalières,  à  mettre  en  place  un  dispositif généralisé d’avances de trésorerie géré directement par un service de l’État ou  par un organisme indépendant se refinançant à des conditions proches de l’État. 

Ce dispositif généralisé se substituerait probablement de manière progressive à l’offre  bancaire de court terme dans la mesure où les conditions financières seraient très  attractives,  le  refinancement  des  avances  de  trésorerie  étant  assuré  par  des  émissions  bénéficiant  de  la  signature  de  l’État  ou  d’une  signature  quasi‐équivalente  s’il  s’agit  d’un  organisme  indépendant  proche  de  l’État15.  Même  si  les  conditions  financières  proposées  devaient  être  équivalentes  à  celles  proposées  par  le  marché,  il  est  très  probable  que  la  substitution s’opérerait, les hôpitaux préférant recourir à un dispositif étatique ou assimilé. 

Indépendamment des problématiques liées au choix de l’organisme gestionnaire16 cette solution présente les mêmes risques d’aléa moral que la mutualisation évoquée  précédemment,  les  établissements  bénéficiant  d’avances  de  trésorerie  pouvant  être  tentés  d’adopter  des  comportements  peu  vertueux  (gestion  non  rigoureuse  des  encaissements  et  décaissements, non respect des échéances de remboursement). 

Ces  risques  apparaissent  même  supérieurs  dans  la  mesure  où,  en l’absence  de  mutualisation, il n’existerait aucune auto­régulation du secteur hospitalier17, l’État ou  l’organisme en charge de la gestion des avances de trésorerie apparaissant en première ligne  et pouvant être considéré comme le garant naturel d’une éventuelle défaillance. 

Par ailleurs, pour l’État ou l’organisme gestionnaire, l’octroi de ces avances suppose  une augmentation du programme d’émission pour en assurer le refinancement, ce qui  serait particulièrement problématique au vu du risque de contagion au secteur public  local dans son ensemble. L’analyse est sur ce point comparable à celle développée dans la  partie précédente sur la mutualisation des trésoreries et le risque induit de retrait de tous les  dépôts du secteur public local du compte du Trésor. 

Enfin, le dispositif étant généralisé et risquant de se substituer à l’offre bancaire  existante, la question de sa compatibilité avec le droit communautaire se pose et  devrait être examinée de manière approfondie. 

La principale fragilité de ce point de vue est la rupture d’égalité dont pourraient  arguer les établissements privés de santé qui  seraient  contraints,  contrairement  à  leurs  homologues publics, de continuer de financer leurs besoins de trésorerie auprès du secteur 

é bancaire à un coût sup rieur. 

Pour  résoudre  cette  difficulté,  il  conviendrait  de  pratiquer  des  conditions  financières  équivalentes à celles du marché et d’ouvrir le dispositif d’avances à tous les établissements de  santé, publics comme privés, ce qui paraîtrait en l’espèce peu pertinent. 

       

15 En effet, dans ce schéma, en l’absence de mutualisation des trésoreries, les avances ne peuvent être financées  par les dépôts des établissements excédentaires et l’entité octroyant les avances doit se refinancer sur les marchés  à travers un programme d’émission.  

16 L’État dispose de programmes budgétaires permettant d’octroyer des avances (notamment le programme 823  intitulé  « Avances  à  divers  services  de  l’État  ou  aux organismes  gérant  des  services  publics »)  mais  n’intervient  que très ponctuellement, sans système de gestion dédié. L’ACOSS semble être l’organisme le plus à même de gérer  ce dispositif. 

17  Dans  un  schéma  de  mutualisation  des  trésoreries,  il  est  en  effet  probable  que  les  établissements  vertueux  exercent une certaine pression morale à l’égard des établissements bénéficiant des aides en trésorerie et adoptant  des comportements préjudiciables à la mutualité. 

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