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Gill Seidel, l’exigence en socio-anthropologie féministe de la santé

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Academic year: 2022

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Bulletin Amades

Anthropologie Médicale Appliquée au Développement Et à la Santé

 

68 | 2006 68

Gill Seidel, l’exigence en socio-anthropologie féministe de la santé

Alice Desclaux

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/amades/403 DOI : 10.4000/amades.403

ISSN : 2102-5975 Éditeur

Association Amades Édition imprimée

Date de publication : 1 décembre 2006 ISSN : 1257-0222

Référence électronique

Alice Desclaux, « Gill Seidel, l’exigence en socio-anthropologie féministe de la santé », Bulletin Amades [En ligne], 68 | 2006, mis en ligne le 04 février 2009, consulté le 14 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/amades/403

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Gill Seidel, l’exigence en socio-

anthropologie féministe de la santé

Alice Desclaux

1 Aborder la question des femmes africaines face au sida sous l’angle de leur vulnérabilité est désormais un lieu commun, qui véhicule tous les dangers du « prêt-à-penser » des institutions internationales. D’abord développée à propos du sida dans le champ des sciences sociales, l’approche de la maladie en termes d’inégalités de genre a toujours une valeur heuristique certaine, et l’application de cette approche à de nombreux objets concernant des pathologies, des populations et des modes d’intervention sanitaire, reste encore à mener.

2 Cette approche a, bien sûr, une histoire. La collectivité doit à quelques personnes le fait d’avoir, dans les années 1990, fait émerger la notion d’une vulnérabilité des femmes à la maladie socialement construite, autour du sida. L’un des travaux fondateurs en socio- anthropologie est un article de Gill Seidel, intitulé « The competing discourses of HIV/

AIDS in sub-Saharan Africa : discourses of rights and empowerment vs discourses of control and exclusion », paru dans Social Science and Medicine (36,3 : 175-194). Par une analyse des discours locaux et internationaux, émis par les scientifiques, les acteurs de terrain des programmes préventifs, les instances éthiques, les politiques, les militants et les acteurs associatifs, Gill Seidel donnait un contenu précis au contexte symbolique du traitement social des personnes atteintes par le VIH, en particulier des femmes. Son analyse interdisait la réduction à une interprétation manichéenne enfermant les femmes dans une position de victimes, trop souvent présente dans les écrits sur ce thème, y compris en sciences sociales. Elle avait aussi la qualité de restituer la dynamique des discours, alors que d’autres interprètent les forces sociales qui conditionnent le statut des femmes comme gelées dans la violence d’une domination symbolique ubiquitaire.

3 A la fin des années 1990 et au début des années 2000, Gill Seidel a mené des enquêtes de terrain en Afrique du Sud autour de la transmission verticale du VIH. L’une de ses préoccupations était de comprendre les effets sociaux des interventions sanitaires, avec le souci de restituer aux professionnels de santé un regard sur des effets qu’ils ne sont

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pas à même de saisir, étant pris dans leur propres logiques d’action. Là encore, l’approche visait à « faire l’état des forces sociales en présence », avec une attention particulière à toute forme de violence physique et morale envers les femmes, et de violence symbolique envers les femmes et/ou les personnes atteintes par le VIH, en tant que catégories génériques. C’est notamment ce que rapporte l’une de ses publications les plus connues, « Seeking to optimise care for HIV positive women and extending the gendered rights’ discourse – conceptualising the dilemmas, with illustrations from fieldwork in rural South Africa » (Becker C., Dozon J.P., Touré M., Obbo C. (eds.), 1999, Vivre et penser le sida en Afrique, Codesria/IRD/ Karthala, pp.

475-491). Ces travaux ne furent pas faciles : un long séjour sur le terrain confronta Gill à la violence des rapports quotidiens dans les banlieues sud-africaines, et à plusieurs reprises à des violences physiques qu’il lui fallut surmonter pour aller jusqu’au bout d’une démarche voulant restituer l’expérience des femmes. Sur le thème de la prévention de la transmission par l’allaitement, nous devons à Gill Seidel une remarquable contribution sur la violence ordinaire contenue dans les discours préventifs, lorsqu’ils sont émis par des soignantes d’origine indienne à l’égard de femmes d’ethnie zulu, même dans des programmes sanitaires connus internationalement pour leurs performances (« Enjeux concernant l’information aux femmes dans le Kwazulu-Natal », in A. Desclaux, B. Taverne (eds.), 2000, Allaitement et VIH en Afrique de l’ouest : de l’anthropologie à la santé publique, Karthala, pp.463-489).

4 Gill Seidel revendiquait une approche d’anthropologie médicale critique, et s’engageait aisément dans des débats confrontant militants et chercheurs ou leaders en santé publique internationale. Si, au cours des dernières années, il lui a été plus difficile que dans les travaux décrits ci-dessus de donner à son propos un substrat incontestable du fait de la qualité des données ethnographiques et du volume des données analysées, elle continuait à « lancer des pavés dans la marre » des grands débats autour du féminisme et du sida dans les pays du Sud, s’indignant contre des consensus d’apparence. Son décès au printemps dernier a interrompu une discussion du rôle des transmissions nosocomiales dans la dynamique de l’épidémie. L’étude publiée par Gill en 1993 mériterait d’être menée de nouveau, pour préciser les changements dans ce domaine ; elle mérite d’abord d’être lue ou relue, non seulement pour son contenu informatif mais pour la rigueur exigeante de l’analyse, à l’opposé des lieux communs, et pour son traitement de la question du genre, situé parmi d’autres concepts fondamentaux concernant la gestion symbolique, sociale et politique du sida.

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