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Les paysages sous-marins du Québec : le cas de la découverte, de la mise en valeur et de la reconnaissance du jardin des Escoumins

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Les paysages sous-marins du Québec

Le cas de la découverte, de la mise en valeur et de la

reconnaissance du jardin des Escoumins

Mémoire

Camille V.-Lefebvre

Maîtrise en sciences géographiques

Maître en sciences géographiques (M.Sc.Géogr.)

Québec, Canada

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Les paysages sous-marins du Québec

Le cas de la découverte, de la mise en valeur et de la

reconnaissance du jardin des Escoumins

Mémoire

Camille V.-Lefebvre

Sous la direction de :

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Résumé

Cette recherche exploratoire examine le concept émergent de « paysage sous-marin » présenté sous la forme d’une étude cas — celui du jardin des Escoumins — situé dans le parc marin du Saguenay – Saint-Laurent, au Québec. On constate, depuis les dernières décennies, deux complications qui s’interposent au concept de paysage sous-marin puisque d’une part on examine un divorce entre les Québécois et le fleuve Saint-Laurent puis d’une autre on observe l’omission fréquente de sa reconnaissance dans la littérature géographique. En somme, deux questions de recherche en découlent, soit : Quels sont les procédés employés pendant le XXe et XXIe siècle dans la construction des paysages sous-marins au Québec ?

et : Quel est le rôle des différents acteurs, et plus précisément celui des plongeurs, dans la mise en valeur et la reconnaissance du paysage sous-marin des Escoumins ?

La recherche a été accomplie à travers une revue extensive de la littérature régionale et mondiale portant sur ce concept atypique. Par la suite, une enquête de 35 questions soumises à un échantillon de 73 plongeurs québécois a été analysée, ainsi que sept entrevues semi-dirigées avec des acteurs clefs du domaine. Puis, l’étude et la cartographie des relations spatiales entre les plongeurs et les lieux de prédilection de leur activité ont été réalisés.

Les résultats démontrent des interrelations complexes entre les caractéristiques de construction de ces paysages sublimes (le territoire, la nordicité, la pratique d’une activité de loisir, la technologie, l’esthétisme ainsi que l’essor économique et touristique) et les acteurs clefs. Comme la « découverte » des paysages alpins au XVIIIe siècle en Europe, la lente mise

en valeur des paysages sous-marins au Québec est causée par la marginalité des lieux. Ainsi, la reconnaissance des paysages subaquatiques est en pleine effervescence au Québec et l’intégration de ce concept en aménagement et en planification touristiques devient capitale.

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Abstract

This master’s thesis, addressed as an exploratory research, study the emerging concept of underwater landscapes (seascapes) presented through a case study - the Escoumins’ garden - located in the Saguenay–St-Lawrence Marine Park. Thus, in recent decades, two complications arose regarding the seascape concept since, on one hand, we are examining a divorce between Quebecers and the St. Lawrence River, and on the other, we are observing the frequent geographical literature failure of its recognition. In short, two research questions follow this problematic, first: What are the methods used during the XXth

and XXIst century in the seascapes’ construction in Quebec? and: What is the role of the

different actors, and specifically of the divers, in the development and recognition of the Escoumins’ seascape?

The research was accomplished through a regional and global extensive literature review on the concept of seascape. Subsequently, a survey comprised of 35 questions submitted to a sample of 73 Quebec divers was analyzed, as well as seven semi-structured interviews with key players from the field. Then the study and mapping of the spatial relationships between divers and hangouts for their activities were performed.

The results show the complex interrelationships between processes related to these atypical landscape construction features (e.g. territory, Nordic environment, technology, the practice of recreational sports, sites aesthetics, as well as economic and tourism development in the surrounding areas) and key players. As with the "discovery" and recognition of alpine landscapes since the XVIIIth century in Europe, the discovery and slow emphasis of Quebec

seascapes are caused by the sites’ marginality. Thus, the seascape’s construction recognition is buzzing in Quebec and the impact of this concept on the development and the economy of dive sites, such as the Escoumins, becomes capital.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III ABSTRACT ... IV TABLE DES MATIERES ... V LISTE DES TABLEAUX ... VIII LISTE DES FIGURES ... IX LISTE DES PRINCIPAUX ACRONYMES ... XI REMERCIEMENTS ... XIII INTRODUCTION ... 1 ÉNONCÉ DU PROBLÈME ... 4 OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 4 TERRAIN ... 5 CONTENU DU TRAVAIL DE RECHERCHE ... 7 1. CHAPITRE: CADRE CONCEPTUEL ... 11 1.1 INTRODUCTION ... 11 1.2 LE PAYSAGE ... 12 1.2.1 LA PÉRIODE DESCRIPTIVE DU PAYSAGE ... 12 1.2.2 LA PERCEPTION DU PAYSAGE ... 13 1.2.3 L’ARTIALISATION DU PAYSAGE : DEUX EXEMPLES ... 15 1.2.3.1 L’exemple du lac Memphrémagog ... 15 1.2.3.2 L’exemple du fleuve Saint‐Laurent, région de Charlevoix ... 18 1.2.4 LES PREOCCUPATIONS SOCIALES DU PAYSAGE, OUVRAGES QUEBECOIS ... 20 1.3 L’ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE ... 23 1.3.1 L’IMAGE ... 24 1.3.2 LES MOTIVATIONS TOURISTIQUES (PUSH ET PULL) ... 25 1.3.2.1 Le push ... 25 1.3.2.2 Le pull ... 26 1.3.3 L’ATTRACTIVITÉ TERRITORIALE : UNE APPROCHE ARTISTIQUE ... 27

1.4 LE TERME « PAYSAGE SOUS‐MARIN »... 28

1.4.1 LE DÉBAT TERMINOLOGIQUE ... 29

1.4.2 ARGUMENTAIRE SUR L’EMPLOYABILITÉ DU TERME « PAYSAGE SOUS‐MARIN » ... 30

1.5 LE FLEUVE SAINT‐LAURENT ET LE CONCEPT DE NORDICITÉ ... 36

1.5.1 LE FLEUVE SAINT‐LAURENT ET SES PAYSAGES, QU’EN EST‐IL DE LA SITUATION AU QUÉBEC? ... 37

1.5.2 INTÉRÊTS FONCTIONNELS ENVERS LE FLEUVE SAINT‐LAURENT ... 38

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1.6 CONCLUSION ... 43 2. CHAPITRE : LA NORDICITÉ ET LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC ... 44 2.1 L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE DU QUÉBEC ... 44 2.1.1 CADRE GÉOGRAPHIQUE ... 44 2.1.2 CADRE CLIMATIQUE ... 47 2.2 L’INFLUENCE DES TECHNOLOGIES ET LES DIFFÉRENTES FORMES D’ADAPTATIONS AU MILIEU NORDIQUE EN PLONGÉE SOUS‐MARINE ... 48

2.2.1 MISE EN CONTEXTE DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC ... 48

2.2.2 MÉTHODOLOGIE ... 49

2.2.2.1 Méthodes de collectes de données ... 49

2.2.2.2 Méthodologies d’analyse et d’interprétation des données ... 54

2.2.3 L’ÉQUIPEMENT DE PLONGÉE AU QUÉBEC ET L’ADAPTATION DE L’HUMAIN AU MILIEU MARIN ... 55

2.2.4 LES POSSIBILITÉS VARIÉES DES FORMES DE PRATIQUES ... 61

2.3 CONCLUSION ... 65

3. CHAPITRE : LES PLONGEURS QUÉBÉCOIS ... 66

3.1 INTRODUCTION ... 66

3.2 COMBIEN Y A‐T‐IL DE PLONGEURS AU QUÉBEC ? ... 66

3.3 QUI SONT‐ILS ? ... 69

3.3.1 LE PROFIL SOCIODÉMOGRAPHIQUE ... 69

3.3.2LES INTÉRÊTS EN LOISIR ... 77

3.3.3 LE PROFIL DES RÉPONDANTS COMME PLONGEURS ... 80

3.3.4 LA SAISONNALITÉ AU QUÉBEC ET L’ALTERNATIVE TROPICALE ... 93

3.4 LA COMMUNAUTÉ ET SON INFLUENCE SUR LE MILIEU AQUATIQUE ... 100

CONCLUSION ... 103

4. CHAPITRE : LES PAYSAGES SOUS‐MARINS DU QUÉBEC ... 104

4.1 PRÉSENTATION DES ESCOUMINS ET DU SECTEUR À L’ÉTUDE ... 108

4.1.1 RÉGION À L’ÉTUDE – LA CÔTE‐NORD ... 108

4.1.1.1 Cadre géographique ... 108

4.1.1.2 Cadre climatique ... 112

4.1.1.3 Contexte historique ... 113

4.1.1.4 Mise en place du parc marin du Saguenay – Saint‐Laurent et du Centre de Découverte du Milieu Marin ... 115

4.2 DESCRIPTION DES SITES DE PLONGÉE DU QUÉBEC ET DU PAYSAGE SOUS‐MARIN DES ESCOUMINS 118 4.2.1 TRANSITION DU CENTRE TOURISTIQUE DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE : DE NOYAN AUX ESCOUMINS ... 118

4.2.2 LA DIVERSITÉ DES SITES : FRÉQUENTATION ET RÉPUTATION ... 121

4.2.3 LES ESCOUMINS : ACQUISITION DE SES LETTRES DE NOBLESSE ... 132

4.2.4 UTILISATION DES TECHNOLOGIES COMME MÉDIUM VISUEL ET ARTIALISATION DU TERRITOIRE SUBAQUATIQUE ... 137

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4.2.5 RECONNAISSANCE ET APPROPRIATION SYMBOLIQUE DU PAYSAGE SOUS‐MARIN DES ESCOUMINS PAR LES ACTEURS TOURISTIQUES ... 139 4.3 CONCLUSION ... 142 5. CONCLUSION ... 143 BIBLIOGRAPHIE ... 146 ANNEXES ... 155 ANNEXE 1 : APPROBATION DÉONTOLOGIQUE ... 155

ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE COURT À L’INTENTION DES PLONGEURS ... 156

ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE UTILISÉ POUR LES ENTREVUES SEMI‐DIRIGÉES ... 163

ANNEXE 4 : THÈMES ÉMERGENTS DES ENTREVUES SEMI‐DIRIGÉES ... 165

ANNEXE 5 : FACTEURS POSITIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC, SELON LE RANG ... 167

ANNEXE 6 : FACTEURS NÉGATIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC, SELON LE RANG... 169

ANNEXE 7 : FACTEURS POSITIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE DANS LES STATIONS TROPICALES, SELON LE RANG... 171

ANNEXE 8 : FACTEURS NÉGATIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE DANS LES STATIONS TROPICALES, SELON LE RANG... 173

ANNEXE 9 : DONNÉES COMPLÉMENTAIRES SUR LES SITES DE PLONGÉE DE L’ÉTUDE ... 175

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Liste des tableaux

TABLEAU 2.1 : DISTRIBUTION DES QUESTIONNAIRES COURTS ... 51

TABLEAU 2.2 : PROFIL DES ENTREVUES SEMI‐DIRIGÉES ... 53

TABLEAU 2.3 : AUTRES TYPES DE PLONGÉE PRATIQUÉS ... 63

TABLEAU 3.1 : TABLEAU COMPARATIF DU NOMBRE DE CERTIFICATS VALIDÉS SELON LA PÉRIODE, 2004‐2015 ... 67

TABLEAU 3.2 : DONNÉES UTILISÉES POUR LE CALCUL DU NOMBRE DE PLONGEURS ACTIFS AU QUÉBEC EN 2014 ... 68

TABLEAU 3.3 : ANNÉE DE LA PREMIÈRE CERTIFICATION EN PLONGÉE RÉCRÉATIVE... 81

TABLEAU 3.4 : LIEU DE LA PREMIÈRE CERTIFICATION ... 82

TABLEAU 3.5 : LIEU DE CERTIFICATION AU QUÉBEC ... 83

TABLEAU 3.6 : COMPARAISON ENTRE LES ÉLÉMENTS POSITIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC ET EN EAUX TROPICALES ... 97

TABLEAU 3.7 : COMPARAISON ENTRE LES ÉLÉMENTS NÉGATIFS DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC ET EN EAUX TROPICALES ... 99

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Liste des figures

FIGURE I.1 : LOCALISATION DU VILLAGE DES ESCOUMINS……….…….6

FIGURE 1.1 : LE LANGAGE GÉOGRAPHIQUE CONDITIONNÉ PAR L’ORGANISATION SOCIALE ... 13

FIGURE 1.2 : CARTE DE LOCALISATION DU LAC MEMPHRÉMAGOG... 16

FIGURE 1.3: CADRE CONCEPTUEL DU PROCESSUS DE COMMUNICATION PAYSAGÈRE DÉVELOPPÉ PAR VILLENEUVE ... 22

FIGURE 1.4 : L'ODYSSÉE SOUS‐MARINE DU COMMANDANT COUSTEAU I ... 31

FIGURE 1.5 : VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS, PAYSAGE SOUS‐MARIN DE L’ÎLE CRESPO ... 32

FIGURE 1.6 : L'ODYSSÉE SOUS‐MARINE DU COMMANDANT COUSTEAU 2 ... 33

FIGURE 1.7 : PISCINE D'EAU SALÉE DU MANOIR RICHELIEU ... 38

FIGURE 1.8: CARTE BATHYMÉTRIQUE DE BAYFIELD DU SECTEUR EN AVAL DE QUÉBEC, INCLUANT LES ESCOUMINS, 1863 ... 39

FIGURE 2.1 : CARTE DE LOCALISATION DES LIMITES ET DE L'AIRE DE COORDINATION DU PARC MARIN DU SAGUENAY – SAINT‐LAURENT ... 45

FIGURE 2.2 : PLONGÉE SOUS‐GLACE AU LAC DELAGE, 2014 ... 47

FIGURE 2.3 : REPRÉSENTATION DU POURCENTAGE DES THÉMATIQUES RESSORTISSANTES DANS LES DISCOURS ... 55

FIGURE 2.4 : ÉQUIPEMENT DE PLONGÉE EN EAU FROIDE……….56

FIGURE 2.5 : LA PREMIÈRE COMBINAISON ÉTANCHE, L'UNISUIT………57

FIGURE 2.6 : NOMBRE DE PLONGEURS PRATIQUANTS LES DIVERS TYPES DE PLONGÉE AU QUÉBEC………...62

FIGURE 3.1 : POURCENTAGE D'HOMMES ET DE FEMMES AYANT RÉPONDU AUX QUESTIONNAIRES COURTS ... 69

FIGURE 3.2 : ÂGES DES RÉPONDANTS ... 71

FIGURE 3.3 : REPRÉSENTATION DES CLASSES D'ÂGES SELON LE GENRE ... 72

FIGURE 3.4 : REPRÉSENTATION, EN POURCENTAGE, DES RÉPONDANTS SELON L'ÉTAT MATRIMONIAL ... 72

FIGURE 3.5 : NIVEAU DE SCOLARITÉ DES RÉPONDANTS, EN POURCENTAGE ... 74

FIGURE 3.6 : REVENU ANNUEL MOYEN DES RÉPONDANTS, EN POURCENTAGE ... 75

FIGURE 3.7 : LOCALISATION DES RÉPONDANTS AUX QUESTIONNAIRES COURTS ... 76

FIGURE 3.8 : ACTIVITÉS DE LOISIRS CLASSÉES EN 1ÈRE POSITION ... 78

FIGURE 3.9 : ACTIVITÉS DE LOISIRS CLASSÉES EN 2E POSITION ... 78

FIGURE 3.10 : ACTIVITÉS DE LOISIRS CLASSÉES EN 3E POSITION ... 78

FIGURE 3.11 : POINTAGE CUMULATIF DES ACTIVITÉS DE PLEIN AIR PRATIQUÉES PAR DES PLONGEURS QUÉBÉCOIS ... 79

FIGURE 3.12 : NOMBRE DE SITES FRÉQUENTÉS PAR LES RÉPONDANTS SELON LA VILLE D’ORIGINE EN 2014 ... 85

FIGURE 3.13 : NOMBRE TOTAL DE PLONGÉES DES RÉPONDANTS EN 2014 ... 86

FIGURE 3.14 : CARTE REPRÉSENTANT LA COMPILATION DU NOMBRE TOTAL DE PLONGÉES EFFECTUÉES PAR LES RÉPONDANTS SELON LA VILLE EN 2014 ... 87

FIGURE 3.15 : CARTE REPRÉSENTANT LA COMPILATION DU NOMBRE DE PLONGÉES EFFECTUÉES EN MOYENNE PAR RÉPONDANTS DE CHACUNE DES VILLES EN 2014 ... 88

FIGURE 3.16 : NOMBRE MOYEN D’IMMERSIONS EFFECTUÉES PAR ANNÉE ... 90

FIGURE 3.17 : LES NIVEAUX DE QUALIFICATION EN PLONGÉE SOUS‐MARINE DES RÉPONDANTS ... 91

FIGURE 3.18 : LES CATÉGORIES DE BINÔMES PRÉSENTS AUPRÈS DES RÉPONDANTS DURANT LES PLONGÉES ... 92

FIGURE 3.19 : SAISONNALITÉ DE LA PRATIQUE DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC ... 94

FIGURE 3.20 : COMBINAISONS DE SAISONS FAVORISÉES POUR LA PRATIQUE DE LA PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC . 95 FIGURE 3.21 : POURCENTAGE DE RÉPONDANTS AYANT PLONGÉ DANS UNE DESTINATION TROPICALE ... 95

FIGURE 3.22 : LES CONTEXTES DANS LESQUELS LES RÉPONDANTS SONT ENTRÉS EN CONTACT AVEC LA PLONGÉE SOUS‐ MARINE POUR LA PREMIÈRE FOIS ... 101

FIGURE 4.1 : LES SITES DE PLONGÉE SOUS‐MARINE DANS L'AIRE PROTÉGÉE DU SAGUENAY – SAINT‐LAURENT EN 2015 ... 106

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FIGURE 4.3 : MORPHOLOGIE DE L'EMBOUCHURE DU SAGUENAY – SAINT‐LAURENT ... 112

FIGURE 4.4: LE CENTRE DE DÉCOUVERTE DU MILIEU MARIN (CDMM) ... 116

FIGURE 4.5: LE CENTRE DE DÉCOUVERTE DU MILIEU MARIN, BASE DE PLONGÉE SOUS‐MARINE ... 117

FIGURE 4.6 : LOCALISATION DES SITES DE PLONGÉE SOUS‐MARINE AU QUÉBEC FRÉQUENTÉS PAR LES RÉPONDANTS, 2014 ... 120

FIGURE 4.7 : UN PLONGEUR EN CERTIFICATION ET PLATEFORME D'ENTRAINEMENT ... 121

FIGURE 4.8 : TRAJECTOIRES DES PLONGEURS DE LA RÉGION DE MONTRÉAL VERS LES SITES DE PLONGÉE, EN 2014 ... 123

FIGURE 4.9 : TRAJECTOIRES DES PLONGEURS DE QUÉBEC ET DE L'EST DE LA PROVINCE VERS LES SITES DE PLONGÉE, EN 2014 ... 124

FIGURE 4.10 : GORGONOCÉPHALES ANCRÉS SUR UNE PAROI À SAINTE‐ROSE‐DU‐NORD ... 125

FIGURE 4.11 : MÉDUSE À CRINIÈRE DE LION ENTOURÉE D'ANÉMONES PLUMEUSES, BAIE‐COMEAU ... 126

FIGURE 4.12 : PHOQUE GRIS À PERCÉ ... 126

FIGURE 4.13 : PLONGEUR ADMIRANT LE PAYSAGE MULTICOLORE AUX ESCOUMINS ... 127

FIGURE 4.14 : FRÉQUENTATION DES SITES DE PLONGÉES SELON LE NOMBRE DE RÉPONDANTS, 2014 ... 128

FIGURE 4.15 : COMPILATION DU NOMBRE DE PLONGÉES EFFECTUÉES PAR LES RÉPONDANTS SUR CHACUN DES SITES, 2014 ... 129

FIGURE 4.16 : ANÉMONES À SAINTE‐ROSE‐DU‐NORD ... 130

FIGURE 4.17 : GORGONOCÉPHALES ET ANÉMONES À SAINTE‐ROSE‐DU‐NORD ... 131

FIGURE 4.18 : EXEMPLE DE « MACRO » DES TENTACULES D’UNE ANÉMONE ROUGE DU NORD, LES ESCOUMINS ... 132

FIGURE 4.19 : ANÉMONE ROUGE DU NORD AUX FORMES UNIQUES ET AUX COULEURS PEU COMMUNES ... 134

FIGURE 4.20 : PHOTOGRAPHIE DES FONDS MARINS AUX ESCOUMINS UTILISÉE SUR LE SITE INTERNET DE PARCS CANADA ... 135

FIGURE 4.21 : EXEMPLE DU PAYSAGE SOUS‐MARIN DES ESCOUMINS ... 136

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Liste des principaux acronymes

CÉRUL Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains CDMM Centre de découverte du milieu marin

DPS Direction de la protection dans les sports

FQAS Fédération québécoise des activités subaquatiques MRC Municipalité régionale de comté

PADI Professional Association of Diving Instructors PMSSL Parc marin du Saguenay – Saint-Laurent QDA Qualitative data analysis

RSSQ Régie de la sécurité dans les sports du Québec Sépaq Société des établissements de plein air du Québec UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature

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Pour les anciens Grecs l’Océan était un fleuve sans fin qui entourait les limites du monde, coulant et revenant sans cesse sur soi-même comme une roue; il était l’entrée de la Terre, le commencement des enfers; il était sans bornes, il était infini (Rachel Carson, 1950).

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Remerciements

Tout d’abord, j’aimerais remercier mon directeur de maîtrise, M. Matthew Hatvany Ph.D., sans qui cette grande aventure n’aurait jamais pu se rendre à bon port. Tu as su me guider à travers la brume tout en trouvant les mots justes afin de me redonner espoir en mes capacités. Merci beaucoup, Matthew, pour ta générosité, ton écoute et ton esprit visionnaire. Une pensée spéciale se dirige vers mes deux évaluateurs, Mme Caroline Desbiens Ph.D. et M. Étienne Berthold Ph.D. Étienne, je tiens à te remercier pour tes précieux conseils qui ont ajusté le cap lors de périodes charnières survenues durant les dernières années. De plus, mon cheminement académique n’aurait pas été le même sans le soutien du Centre interuniversitaires d’études québécoises (CIÉQ) ainsi que de ses employées et ses membres, je vous remercie de votre soutien technique et moral.

Dans un deuxième temps, j’aimerais saluer chaleureusement la Fédération des activités subaquatiques du Québec (FQAS), et plus précisément M. Steve Blais qui m’a offert son aide depuis les tout débuts du projet. J’aimerais également souligner le soutien reçu au sein de la Direction du Sport, du Loisir et de l’Activité Physique du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Merci beaucoup à Éric Wagner, Diane Boudreault et toute la gang du Loisir vous m’avez donné ma chance et permis de développer mes deux grandes passions : la recherche et mon amour pour le plein air.

Je ne pourrais passer sous silence toutes les personnes qui ont été impliquées de près ou de loin dans ce projet. Je pense ici aux participants anonymes, sans qui je n’aurais jamais réussi à collecter toutes ces informations essentielles. Puis, aux collaborateurs qui ont fait preuve d’une immense générosité, merci à Alain Boucher, Sonia Boudreau, Michel Couture, Dominique Danvoye, Michel Lafleur, Louis Falardeau, la revue En Profondeur et Parcs Canada. Un remerciement tout spécial va également aux boutiques de plongée sous-marine suivantes pour leurs collaborations: Plongée sous-marine Nautilus, Plongée Capitale, le Centre de plongée Nepteau, Plongée CPAS, Total Diving Montréal, la Boutique du plongeur du Saguenay, le Centre de plongée du Bas-Saint-Laurent et le Club nautique de Percé.

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Finalement, cette grande aventure n’aurait pas été accomplie sans le soutien de mes ami(es) et de ma famille qui m’ont épaulée durant toutes ces étapes et au travers de mes nombreux projets. Vicky, Arianne, Sandra et Alison, vous représentez une deuxième famille pour moi, merci de votre soutien tout au long de ce parcours. Un remerciement tout particulier va également à Solange pour sa patience et son précieux temps qui m’ont généreusement été offerts. De plus, je me considère choyée d’avoir été et d’être entourée de modèles féminins aussi remarquables. Je pense, ici, à ma mère Lyne et ma grand-mère Andrée qui sont les personnes les plus courageuses et les plus fortes que je connaisse. Vous m’avez appris qu’il n’y a pas d’obstacle infranchissable et que la persévérance mène loin. Je vous aime beaucoup et je vous remercie de la force de caractère que vous m’avez transmise. Puis, un remerciement va à mon amoureux, à mon meilleur ami, Guillaume, qui est toujours là pour moi. Tu as fait preuve d’un soutien inébranlable pendant les moments difficiles. Merci d’être là, avec moi, pour cette nouvelle étape de ma vie, je t’en suis profondément reconnaissante.

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Introduction

L’exploration du concept de paysage sous-marin est abordée dans le cadre d’une étude de cas, soit celui du jardin des Escoumins, situé dans la province du Québec. Pour parvenir à cette fin, une recherche exploratoire, menée grâce à la pratique de la plongée sous-marine dans ce secteur, est réalisée afin de comprendre la relation qui existe entre les plongeurs québécois et ce territoire subaquatique. De cette façon, le concept de paysage sous-marin est défini ainsi que la reconnaissance qui est attribuée à ces paysages atypiques par les différents acteurs du territoire (plongeurs, Parcs Canada, municipalité, etc.). Selon deux approches, l’une étant géohistorique et l’autre géohumaine, l’influence de l’environnement physique nordique sur la découverte et la lente mise en valeur de ce paysage par une pratique récréative majoritairement pratiquée dans les stations balnéaires sera établie.

La pertinence d’étudier ce sujet repose sur plusieurs points. Dans un premier temps, cette étude permet d’enrichir les connaissances auprès du domaine de la géographie et d’ouvrir les horizons pour de futures études. Le concept de paysage faisant partie de la chasse gardée de la géographie humaine, il appartient aux chercheurs d’y reconsidérer les limites et les inclusions. En effet, il est possible de penser à des auteurs comme Lewis (1979), avec son œuvre Axioms for reading the landscape, qui porte un regard différent sur les façons d’analyser et de définir les paysages ainsi que ses composantes, repoussant les limites de l’interprétation du paysage toujours plus loin. Le paysage au Québec fut également étudié par, entre autres, Raoul Blanchard, Guy Mercier, Serge Courville et Henri Dorion, pour n’en nommer que quelques-uns. À l’opposé des ouvrages portant sur la partie surfacique du fleuve Saint-Laurent, on dénote une absence de discussion, à travers les différents ouvrages québécois, sur ce qui définit et compose ces paysages subaquatiques. D’ailleurs, à l’échelle mondiale, peu ou pas de texte ont été écrit sur le concept de paysage sous-marin. À l’exception de quelques textes dont celui de Musard (2007) intitulé : « Le proche espace sous-marin : essai sur la notion de paysage » qui constitue plutôt une critique de son utilisation terminologique à des fins touristiques qu’une réelle réflexion sur sa reconnaissance. Malgré cela, la littérature demeure déficiente concernant le terrain à l’étude et aucune d’entre elles

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ne porte sur une région nordique telle que le Québec. Ainsi, ce nouveau regard apposé sur la notion de paysage comblera cette lacune dans ce domaine d’étude.

Dans un autre ordre d’idée, le rôle que les plongeurs jouent dans la démocratisation des environnements marins et sous-marins est très important. Ce sont des précurseurs puisqu’ils ont été les premiers à avoir sonné la cloche d’alarme sur la détérioration du milieu marin et à avoir entrepris des actions pour protéger cet environnement, entre autres, dans le cas des changements climatiques (Project Aware, 2014). Étant les seuls à avoir accès à ce monde à des fins ludiques, ils se font les porte-paroles des impacts de l’activité humaine sur ce milieu. Actuellement, notons qu’ils se situent au premier plan dans les revendications internationales pour la protection des raies et des requins, entre autres, en lien avec à la fondation « Project Aware ». Cette communauté, par ailleurs, exerce une forte pression pour la création de parcs marins ainsi que pour des règlementations plus sévères afin de freiner le commerce des ailerons de raies et de requins (Project Aware, 2014). Grâce à leurs connaissances qui s’expliquent par leurs intérêts et parfois même par leurs professions, ils deviennent les témoins visuels de la condition de nos océans, mers, fleuves, lacs et rivières, et ils détiennent alors un rôle important au sein de la population pour la découverte et la conservation des environnements marins. C’est pourquoi l’approche employée pour aborder le concept de paysage sous-marin au Québec s’effectue à travers leur regard.

D’autre part, depuis les dernières décennies, on observe un divorce entre les Québécois et les milieux fluviomarins dont fait partie le fleuve Saint-Laurent. Certains auteurs vont même jusqu'à le décrire comme étant un espace vide d’occupation et de sens (Courville, 2000). La perception que les Québécois portent envers le fleuve présente davantage d’analogies à celle attribuée au rôle d’une autoroute de marchandise qu’à celle d’une nature dite sauvage et intacte. Il n’est pas rare d’entendre les qualitatifs peu flatteurs « pollués », « dangereux » et « inhospitaliers » attribués à ce fleuve. Tandis que de l’autre côté du continent, en Colombie-Britannique, on observe une tendance se situant à l’antipode de ces qualitatifs. La perception de l’environnement marin favorise une image de l’humain

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entouré de nature sauvage et fait la promotion des activités de plein air1 dans ces espaces

(Tourisme Colombie-Britannique, 2016), pourtant le trafic maritime y est tout aussi important. Il est donc décevant de constater que peu de valeur, sinon économique, soit attribué au Saint-Laurent par sa population. Cependant, on retrouve à l’intérieur d’un contexte régional une part de notre héritage historique préservée par la présence d’épaves qui reposent au fond du fleuve. Ce patrimoine que le grand public connaît mal fait partie intégrante de l’histoire de notre société qui s’est installée le long des rives du fleuve et qui pendant des siècles demeurait la principale route d’accès au continent. Ce sont encore ici les plongeurs, principalement, qui sont à la source de la découverte de ces joyaux historiques. Selon les éléments mentionnés ci-dessus, la plongée sous-marine et la (re)connaissance de l’environnement subaquatique sont des médiums tout indiqués à la réintégration de la relation qui existait entre la population québécoise et le milieu fluviomarin.

Néanmoins, un nuancement de propos est de mise, car il serait faux de croire qu’aucun intérêt n’est porté envers le fleuve Saint-Laurent. D’ailleurs, dans le contexte postindustriel actuel, le trafic maritime y est très important et un certain engouement est en émergence envers l’aménagement des berges du fleuve. Principalement dans les grandes villes, comme celle de Québec, avec un projet tel que celui de la promenade Samuel-De Champlain (Commission de la Capitale Nationale, 2014). En ce moment, la mise en valeur du fleuve s’exprime à travers plusieurs démarches politiques dont la Stratégie de marketing 2010-2013 des croisières internationales sur le Saint-Laurent (Ministère du Tourisme du Québec, 2011) et plus récemment la Stratégie de mise en valeur du Saint-Laurent touristique 2014-2020 (Ministère du Tourisme du Québec, 2014). En outre, la démarche entourant cette recherche s’inscrit dans un mouvement d’actualité qui consiste à réconcilier les Québécois et le fleuve Saint-Laurent.

1 Activité de plein air : « Il s’agit d’un ensemble d’activités de loisir non compétitives et non

motorisées, se déroulant durant le temps libre, qui permet à une personne d’entrer en contact avec les éléments du milieu naturel, sans rien y prélever et dans le respect de ces derniers, à des fins de

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Énoncé du problème

Puisque la plongée sous-marine, sous sa forme récréative, est principalement pratiquée dans les stations balnéaires où l’eau est [généralement] tempérée et limpide, il est plutôt surprenant de constater la possibilité de pratiquer cette activité de plein air au Québec. Pourtant, une niche de pratiquants existe dans la Belle Province, et ce, depuis plusieurs années déjà. De plus, on y compte un nombre considérable de sites de plongée riverains, lacustres ou marins. D’autant plus qu’une importante biodiversité faunique et floristique est présente à partir du fjord du Saguenay jusqu’à la péninsule gaspésienne, ce qui enrichit les sites de plongée qui y sont localisés. D’autre part, la présence de différentes espèces de baleines constitue le principal intérêt touristique de la Municipalité régionale de comté (MRC) de la Haute-Côte-Nord. Le nombre de touristes qui y affluent chaque année, afin de profiter de ces paysages marins, est très important. Parallèlement, les paysages sous-marins demeurent peu connus du grand public hormis quelques photos et vidéos qui restent subjectivement liés à leurs auteurs. Les plongeurs représentent ainsi les seuls témoins de cet environnement et par le fait même ils sont les seuls médiateurs permettant la diffusion de ces images perçues du territoire subaquatique. Ainsi, la question de recherche se décline dans un premier temps à savoir : Quels sont les procédés employés pendant le XXe et XXIe siècle

dans la construction des paysages sous-marins au Québec ? Puis dans un second temps à comprendre : Quel est le rôle des différents acteurs, et plus précisément celui des plongeurs, dans la mise en valeur et la reconnaissance du paysage sous-marin des Escoumins ?

Objectifs et hypothèses

À l’image des autres formes de paysages atypiques, tels que les paysages montagneux, les paysages sous-marins se situent à l’intérieur d’un environnement physique austère et peu accessible. C’est à la lueur de ces éléments et des problèmes soulevés entourant le fleuve Saint-Laurent que l’objectif principal de cette recherche est de démontrer l’existence des paysages sous-marins au Québec et plus précisément celui des Escoumins ainsi que de déterminer le rôle distinct des différents acteurs dans la démocratisation, la mise en valeur et la reconnaissance de ces paysages. Ainsi, les objectifs secondaires qui en découlent sont, dans un premier temps, de définir ce que représente un paysage sous-marin

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au Québec et aux Escoumins. Ce qui mène à identifier les éléments attractifs du territoire subaquatique, selon la vision des plongeurs puisqu’ils sont les seuls à y accéder à des fins ludiques. Dans un même ordre d’idées, il est nécessaire de décrire le comportement spatiotouristique des plongeurs québécois, ce qui constitue le deuxième objectif secondaire. Enfin, il est indispensable, d’après le contexte environnemental, d’évaluer le rôle des technologies comme outils pour cette activité de loisir et comme support visuel dans le cas du site à l’étude.

Ces assises élémentaires nous amènent à la réflexion et à la supposition que le premier rôle dans la démocratisation et la mise en valeur du paysage sous-marin au Québec et plus précisément celui aux Escoumins a été joué par la communauté de plongeurs. Il est d’ailleurs projeté que les paysages sous-marins existent et qu’ils sont présents dans les environnements subaquatiques nordiques tels que ceux du Québec. Il est envisagé qu’il existe une forte corrélation entre la croissance des outils technologiques et à la découverte de ces divers milieux influencés par la nordicité. Il est présumé que l’établissement du Centre de Découverte du Milieu Marin (CDMM), appartenant à Parcs Canada, est régi de façon simultanée en réaction à la popularité de ce site de plongée sous-marine ainsi que comme moteur de développement pour la demande touristique du secteur, jouant un rôle majeur dans la reconnaissance des paysages sous-marins des Escoumins. Finalement, il est soutenu que différentes caractéristiques sont responsables de la construction des paysages sous-marins au Québec, lesquelles seraient similaires à celles présentes dans les milieux alpins du XVIIIe

siècle.

Terrain

Cette recherche exploratoire a été menée dans la province du Québec, au Canada. Un spectre large de collecte de donnée a été conduit entre les villes de Montréal et de Percé, en passant par Les Escoumins et la ville de Chicoutimi. Le terrain étudié, lui, est localisé dans la région administrative de la Côte-Nord, soit dans le secteur du village des Escoumins (figure I.1). Le choix du terrain d’étude repose principalement sur l’excellente réputation du site au sein de la communauté des plongeurs ainsi que sur la présence de grands acteurs touristiques,

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tel que Parcs Canada et la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), cogestionnaires du Parc marin du Saguenay – Saint-Laurent

(PMSSL). Tandis que le choix d’avoir mené un spectre élargi de collecte de données repose sur le souci de se rapprocher du principe de représentativité statistique puisque le nombre de plongeurs qui pratiquent cette activité au Québec est restreint à une niche récréative limitée et dispersée sur le territoire. Le terrain d’étude se divise principalement en quatre zones distinctes soit : le secteur communément appelé la baie des

Anémones, la Crique-est, établie au pied du CDMM, la Crique-ouest, située en marge du quai des Pilotes et le Paradis marin, localisé à la limite médiane du village des Grandes-Bergeronnes et des Escoumins. Étant aisément accessibles, ces quatre zones représentent les sites les plus fréquentés par la communauté de plongeur. À plusieurs reprises, ces quatre sites ont été plongés par la chercheuse, et ce, au cours de différentes saisons (printemps, été et automne), entre avril 2013 et juin 2015. Au mois de septembre 2014, le CDMM fut également visité de façon approfondie afin d’observer l’encadrement touristique de l’expérience vécue par les visiteurs non plongeurs. Au même moment, une visite terrestre entre le secteur des Escoumins et de Tadoussac fut effectuée pour examiner et analyser le territoire.

Figure I.1 : Localisation du village des Escoumins

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Contenu du travail de recherche

Ce mémoire s’insère dans un contexte social postmoderne. C’est-à-dire au résultat d’une perception sociale qui a transité d’une phase industrielle, où l’étalement des richesses naturelles devait être exploitée aux besoins des révolutions mécanique et scientifique de l’être humain, à une phase de prise de conscience collective de la dégradation de l’environnement. Cet aboutissement représente le contexte social dans lequel on vit, les normes sociales et les juridictions que nous nous sommes imposées afin de placer la nature au premier plan et sous protection (Wynn, 2007 : xi-xviii). Ces actions se concrétisent, entre autres, par la création de parcs naturels tels que le premier parc créé en 1872 soit celui de Yellowstone aux États-Unis (Yellowstone National Park, 2013). Ce penchant à créer un cloisonnement de la nature est considéré comme plutôt récent dans l’Histoire. D’une autre part, une tendance s’impose récemment envers les activités de plein air et le « tourisme vert ». Cet engouement s’explique par plusieurs facteurs tels que l’émergence économique de la classe moyenne et un taux d’urbanisation en forte croissance. La population québécoise est d’ailleurs concernée par ce mouvement social et le plus grand enthousiasme serait manifesté par les résidents urbains (Lequin, 2003 : 51-52). Le mode de vie contemporain actuel détache de plus en plus la population du contact avec les espaces verts, certains vont même nommer cette relation et les conséquences qui y sont liées par le « nature deficit disorder » (Louv, 2005). Bref, un engouement certain se fait ressentir envers les parcs naturels et leurs paysages, que ce soit à des fins de conservations ou de récréations.

La nature représentera un terrain de jeu pour plusieurs adeptes du plein air, tels que les alpinistes. Au XVIIIe siècle, la découverte des paysages alpins se fera grâce à ces derniers.

Plusieurs d’entre eux et même plusieurs artistes (ex. : poètes et peintres) louangeront ces paysages comme étant magnifiques et pittoresques (Pawson et Egli, 2001 : 350-353). À travers les résultats obtenus dans cette recherche, six caractéristiques de construction des paysages subaquatiques extrêmement similaires à celles des paysages alpins ont été identifiées. Ce sont 1) le territoire, 2) la nordicité, 3) la pratique d’une activité de plein air, 4) l’évolution technologique, 5) l’esthétisme des lieux, et 6) l’essor touristique et économique. C’est dans cette contextualisation que vient s’introduire ce mémoire.

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Dans un premier temps, la fondation théorique de cette recherche est présentée. Cette dernière se divise en trois concepts différents et se compose de la notion d’artialisation. Bien que ces concepts proposent des aspects distincts, ils demeurent interreliés ce qui permet l’édification du concept émergeant de « paysage sous-marin ». Selon la perspective géographique portée envers le sujet, le premier concept dont la littérature est étudiée est la composante paysagère. Le sens octroyé au concept de paysage est proposé selon les différents auteurs choisis qui, selon les chercheurs, expriment le mieux l’interprétation possible des paysages sous-marins. D’ailleurs, le processus d’artialisation y est présenté comme étant l’un des procédés de construction du paysage. Deuxièmement, le concept de l’attractivité du territoire est étudié afin de comprendre l’attrait des plongeurs québécois envers les sites de plongée du Québec. Le « push » et le « pull » y sont présentés comme étant des facteurs de motivations influençant l’attractivité. Puis, un retour vers la notion d’artialisation y est effectué dans le cadre de la formation de l’image cognitive d’un territoire. Enfin, selon l’objectif de bien camper la notion de paysage au domaine subaquatique, le concept de paysage sous-marin est également examiné. Les divergences d’opinions y sont présentées ainsi qu’un argumentaire sur son employabilité terminologique. Finalement, la nordicité est abordée comme étant un élément central dans la conceptualisation du territoire québécois principalement dans le cas de la région à l’étude puisqu’elle influence grandement la qualité des paysages subaquatiques aux Escoumins. C’est également un élément déterminant de l’attractivité du territoire envers les plongeurs ainsi qu’une barrière à cette pratique récréative. En outre, la présentation des assises théoriques, dans le premier chapitre, brosse un portrait des recherches régionales et internationales effectuées sur ces quatre concepts ainsi que sur la notion d’artialisation.

Dans un deuxième temps, l’une des caractéristiques de construction du paysage sous-marin au Québec, soit l’environnement nordique ou la nordicité, est présentée. Les caractéristiques physiques du territoire québécois sont alors brièvement exposées. Puis, la méthodologie employée pour ce mémoire est également formulée. Par la suite, une première analyse du rôle des technologies sur la pratique de la plongée sous-marine en eau froide est abordée, dans l’idée de répondre en partie à l’objectif d’évaluer le rôle des technologies

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comme outils pour la plongée sous-marine au Québec. Finalement, les différents types de plongées pratiqués au Québec sont brièvement présentés.

Par la suite, une brève description du fonctionnement fédéré de la plongée sous-marine est présentée pour recentrer le contexte au Québec. Une estimation du nombre de pratiquants est également établie. Ce chapitre présente le profil de plongeurs des participants aux questionnaires courts et il aborde l’activité de la plongée sous-marine comme une autre caractéristique de construction du paysage. Cette présentation se réalise selon deux objectifs. Dans un premier temps, d’alimenter les connaissances sur cette communauté auprès de la FQAS et des boutiquiers de la province. Dans un deuxième temps, cette pratique étant si marginalisée et les pratiquants si peu connus, que de peindre un portrait de la sorte permet d’évaluer la crédibilité de leurs propos. Puisque cette recherche se base à travers leurs visions, il est d’autant plus intéressant et pertinent de connaître le profil type de ces plongeurs. Il est alors dressé le portrait socioéconomique, les intérêts en loisir, le profil comme plongeur, le comportement en plongée au Québec selon les saisons ainsi que l’influence de la communauté sur le milieu aquatique. D’ailleurs, c’est à travers ces thématiques que les préférences et les éléments attractifs du domaine subaquatique selon la vision des plongeurs sont présentés.

Finalement, le vif du sujet est abordé d’une part en présentant la géométrie variable de la région à l’étude (histoire, économie, géographie physique, etc.). Puis d’une autre en décrivant, analysant et présentant les différents sites de plongées au Québec identifiés à l’aide des résultats obtenus. En outre, il est également présenté le comportement spatiotouristique des plongeurs sur le territoire québécois, selon la fréquentation et la popularité des différents sites de plongées. Puis, le rôle des technologies dans l’adaptation au froid est encore une fois indéniablement présenté comme une ouverture de possibilités de s’immerger pour les plongeurs. De plus, il est expliqué comment l’amélioration technique des appareils audiovisuels a permis à ces derniers d’immortaliser leurs souvenirs ainsi que leurs expériences. Une présentation et une description du paysage subaquatique des Escoumins sont abordées en intégrant les divers éléments influençant la perception des plongeurs ainsi

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dans la construction du paysage est assuré tout en glissant doucement vers le rôle des acteurs touristiques dans son appropriation et sa reconnaissance. Finalement, c’est à travers l’ensemble de ces quatre chapitres que les six différentes caractéristiques de construction du paysage sous-marin auront été abordées ainsi que les processus et les acteurs clefs dans la reconnaissance de ces paysages atypiques.

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1. Chapitre: Cadre conceptuel

1.1 Introduction

La notion de paysage est depuis longtemps grandement étudiée en géographie ainsi que dans plusieurs autres disciplines sociales telles que l’anthropologie, l’urbanisme, la sociologie, mais également dans des disciplines dites « sciences pures » telles que l’océanographie, la géologie et l’écologie. À l’instar du concept de nature qui est fondamentalement un élément géographique, lorsque mis en relation avec la perception que s’en fait l’humain, la notion de paysage est également intrinsèquement liée à la discipline géographique. Plusieurs géographes, principalement des écoles française et allemande, soient Paul Vidal de la Blache (créateur de la géographie française), Alexander von Humboldt (fondateur de la géographie moderne), Carl Ritter (auteur du déterminisme géographique) et Raoul Blanchard (père de la géographie régionale au Québec) se sont penchés, à leur façon, sur la question concernant la définition et la composition du terme « paysage ». La notion paysagère comme on la connaît aujourd’hui, émerge au tournant du XXe siècle, à une époque

où l’intérêt donné par l’humain à l’espace physique atteint son apogée, principalement en raison du contexte qui place l’humain en tant que contrôleur et exploiteur des ressources de son territoire. Pour reprendre la pensée de Berque, on parle alors de cette époque comme de « l’objectification du monde par les sciences de la nature » (Berque, 2000b : 122).

Le paysage est une construction mentale et sociale de l’être humain relativement au territoire qui l’entoure. Cet intérêt nouveau se refléta, entre autres, à travers l’art où le sujet n’était plus strictement représenté par un personnage au premier plan, mais par la nature, le territoire ou l’environnement muta aux titres de sujet et objet de représentations. Un regard nouveau fut apporté à la représentation de ce territoire et il devint une source d’intérêt pour les artistes, mais également pour les scientifiques.

Une recherche dans la littérature fut effectuée afin de comprendre ce qui compose et détermine le paysage. Dans un même ordre d’idées, une brève bifurcation est effectuée vers

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le concept d’attractivité territoriale afin de positionner le concept de paysage dans la perspective touristique. Par la suite, il est question de savoir, selon la définition et la composition qui est donnée au paysage, si ce dernier peut être subaquatique. Les opinions divergent quant à l’existence et la pertinence d’un tel paysage. Alors que certains auteurs, par exemple Musard et al. (2007), sont d’avis que le paysage subaquatique porte la même valeur que les paysages terrestres, d’autres s’y opposent, prônant qu’un territoire doit être habité par l’humain et que les profondeurs aquatiques n’en font pas partie. Ce chapitre fera donc la démonstration, par le biais d’une vaste revue de la littérature, de la légitimité de l’étude du concept de paysage sous-marin. Il sera également question de la présence des paysages sous-marins en milieux nordiques, en se basant notamment sur le concept de nordicité développé par Louis-Edmond Hamelin (1980). Ainsi, ce sont sur ces assises conceptuelles que se fonde le sujet d’étude et autour desquelles sera développé l’argumentaire de ce chapitre.

1.2 Le paysage

1.2.1 La période descriptive du paysage

Comme mentionnée précédemment, la notion de paysage a largement été étudiée en géographie. Plusieurs auteurs géographes ont ainsi contribué à cet exercice, soit de définir la nature du paysage et de comprendre ce qui le compose. Selon la définition du dictionnaire, un paysage est une « étendue de terre qui s’offre à la vue. — Une telle étendue, caractérisée par son aspect. Représentation d’un paysage, d’un site naturel ou, moins souvent, d’un site urbain par la peinture, le dessin, la photographie, etc. » (Jeuge-Maynart et Larousse, 2011 : 753). Ainsi, le terme en tant que tel est une contraction des mots « pays » et « image » faisant référence à l’environnement entourant le paysan, l’habitant d’un territoire/d’un pays donné. Cet environnement naturel, habité in situ par le paysan ne prendra la forme de « paysage » qu’au milieu du XVIe siècle, sujet qui sera approfondi un peu plus loin dans ce chapitre.

Précédent cette période charnière, le paysan ne voyait ainsi pas le paysage, mais il vivait le territoire au rythme des journées et des saisons (Roger, 1998).

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La relation entre la représentation picturale du territoire mentionnée dans la définition du dictionnaire et la notion de paysage est ainsi intimement liée et cette relation prend forme, telle que mentionnée au milieu du XVIe siècle (Raffestin, 1977). Précédé d’une phase de

transition établie entre 1320 et 1560 en Occident, où se succèderont les avancées technologiques et scientifiques ainsi que les courants artistiques, le regard distant et objectif permettra de distinguer l’étendue de pays (Lavallée, 1993 : 8-10). C’est cette volonté de rendre les éléments objectifs ainsi que les nouveaux outils technologiques tels que l’imprimerie qui ont permis aux Occidentaux de se questionner sur le sens du territoire, soit du pays les entourant. C’est ainsi que du XVIIe au XIXe siècle apparaîtra une myriade de

travaux descriptifs concernant la notion de paysage. Raffestin (1977 : 124) a schématisé cette période d’expression langagière en faisant référence à un triangle dont le langage est dépendant de la dynamique sociale et sur lequel la surface représente le lieu de médiation du vouloir-pouvoir-savoir (figure 1.1). C’est-à-dire que cette période jusqu’à récemment, selon Raffestin, comporte la lacune de ne pas intégrer le « vécu », mais seulement le « vu » des géographes. Le paysage n’est ainsi que décrit de façon surfacique sans exploration de la causalité des relations sociales structurant le territoire. Ce bref historique permet de voir que la conceptualisation du paysage est temporellement mouvante et que l’interprétation et la perception du paysage le sont tout autant.

Figure 1.1 : Le langage géographique conditionné par l’organisation sociale

Source : Tirée de Raffestin (1977 : 124)

1.2.2 La perception du paysage

Suivant l’évolution des recherches effectuées sur ce concept, apparaîtront à partir de l’entre-deux-guerres jusqu’au début du XXIe siècle, des études qui tendent à rendre un sens

très large à la définition de paysage. Parmi ces nombreuses études, les travaux du géographe français Augustin Berque deviennent une référence incontournable et ils influenceront ceux

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des Québécois incluant Bethemont (2001), Mercier (2000) et Berque, Mercier et Bédarida (1999), pour n’en nommer que quelques-uns. S’inspirant de ses études menées sur et au Japon ainsi que du concept de « fûdosei », Berque introduit ce concept japonais en effectuant la traduction de ce dernier par le terme « médiance ». Le « fûdosei » provient d’un classique japonais « Fûdo » écrit par le philosophe et historien Watsuji Tetsurô qui a été réinterprété par Augustin Berque au cours de plusieurs années de méditation sur la nature relationnelle et la relation de milieu attribué à ce terme. De cette réflexion est née le concept de médiance qui se définit par la relation et le sens qu’une société entretient avec son milieu qui est à la fois une tendance objective, une sensation, une perception et une signification :

[…] la médiance se trouvait définie comme le sens ou l’idiosyncrasie d’un certain milieu, c’est-à-dire la relation d’une société à son environnement. Or, ce sens vient justement du fait que la relation en question est dissymétrique. Elle consiste en effet dans la bipartition de notre être en deux « moitiés » qui ne sont pas équivalentes, l’une investie dans l’environnement par la technique et le symbole, l’autre constituée de notre corps animal. Ces deux moitiés non équivalentes sont néanmoins unies. Elles font partie du même être. De ce fait, cette structure ontologique fait sens par elle-même, en établissant une identité dynamique à partir de ses deux moitiés, l’une interne, l’autre externe, l’une physiologiquement individualisée (le topo qu’est notre corps animal), l’autre diffuse dans le milieu (le chôra qu’est notre corps médial). Dans cette perspective, la définition watsujienne de la médiance prend tout son sens. La médiance, c’est bien le moment structurel instauré par la bipartition, spécifique à l’être humain, entre un corps animal et un corps médial (Berque 2000b : 128).

En d’autres mots, le paysage est conçu par des valeurs et émotions d’une société vis-à-vis un territoire qui se situe à porter de vue. Toutefois, une société étant composée de différents acteurs ayant chacun un point de vue personnel, la relation intime avec le territoire diffère entre l’un et l’autre, le paysage est mouvant et son interprétation est propre à chacun. C’est la relation dissymétrique qu’entretient le sens donné à un milieu, territoire décrit précédemment par Berque (2000a). De plus, cette interprétation du territoire transformé en paysage, par une société, peut également différer d’une société à l’autre tel qu’établi par les recherches d’interprétations de Fabienne Joliet au Nunavik. Cette dernière a relevé que ce sont ceux qui contemplent qui créent le paysage (Joliet, 2012 : 54-59). D’ailleurs, cela se reflète sur les toponymes employés dans différentes langues pour nommer le « paysage », tel que « landscape » en anglais qui dénote une connotation légèrement différente du terme français, faisant référence à « terre » plutôt que « pays » (Mark et al., 2011). Le paysage devient ainsi une empreinte de l’utilisation du territoire habité et de la valeur perçue et donnée

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à ce dernier par une société, devenant paysage culturel. Il est également une matrice de développement puisqu’il fait partie intégrante du schème de perception, de conceptualisation et d’action de la relation nature-culture de ces sociétés (Berque, 1984 : 33). Bref, le paysage est un sujet culturel représentant la société qui l’habite symboliquement et qui est en constante mutation par cette même société. Le concept de paysage et le paysage en lui-même ne doivent pas être restrictifs et contraignants, mais sont une évolution de la perception qu’on [la société] s’en fait et ils sont par le fait même le reflet de l’interprétation symbolique de la société sur le territoire.

1.2.3 L’artialisation du paysage : deux exemples

Le façonnement du paysage peut se faire à travers divers agents et l’un d’eux se nomme « artialisation ». Selon Roger (1998), l’artialisation est le processus de production du paysage qui se réalise par un médium artistique. C’est-à-dire qu’un artiste qui représente le territoire, sous forme de peinture, de texte ou autres, rend ce territoire désirable aux yeux des personnes qui vont consulter ces pièces d’arts, d’où s’articule la citation d’Alain Roger « La nature est indéterminée et ne reçoit ses déterminations que de l’art […] » (Roger, 1998 : 17). Le paysage étant le résultat de multiples regards, il façonne ainsi le tourisme d’aujourd’hui (Gagnon, 2007). Plusieurs sites ont été témoins de cette artialisation au Québec, deux d’entre eux ont attiré une attention particulière de par leurs liens avec le domaine aquatique et de l’analogie possible avec le terrain à l’étude. Le premier est celui du lac Memphrémagog — éloigné du site à l’étude — et le second exemple influence largement Les Escoumins de par son rayonnement touristique, soit la région de Charlevoix. Grâce à ces deux exemples différents d’artialisation, il sera par la suite possible de transposer ce processus au secteur des Escoumins.

1.2.3.1 L’exemple du lac Memphrémagog

Au XIXe siècle, la vue d’un lac était décrite comme étant d’un effet magique allant à

être perçu comme une expérience ensorceleuse. L’établissement sur le pourtour du lac Memphrémagog (figure 1.2) qui s’est effectué principalement après la construction de la voie

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ferrée, à la même époque où le bateau à vapeur dominait les eaux, a permis d’accéder à un territoire des plus sublimes, selon Little (2009 : 717). En effet, les passagers des bateaux à vapeur décrivaient leur balade comme étant « une expérience spirituelle qui permettait d’épouser les scènes paysagères environnantes ». L’un de ces derniers, en 1851, a écrit ces quelques lignes qui décrivent le lac à travers son expérience touristique :

The pure, unruffled waters of the Lake, studded with islets, and cradled in the embrace of giant mountains—the impressive solitude of the scene, disturbed only by the monotonous dash of the steamer’s wheels, or the mournful cry of the frightened water-fowl—the primitive wilderness of Nature, luxurious in all her unfettered strength—form not the least charms of a picture worthy the artist’s pencil (Cité dans Little, 2009 : 723).

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À travers les œuvres, plusieurs écrivains, peintres et poètes se sont aussi inspirés de l’eau sombre du Memphrémagog. À vrai dire, ils ne sont pas les seuls adeptes à porter un certain intérêt à ces rives. En effet, depuis les 150 dernières années les journalistes, les promoteurs immobiliers et les partisans de l’industrie touristique ont eux aussi vanté la beauté et la plénitude de ce lieu afin de favoriser la venue de touristes. Une légende vient également renforcer l’histoire imaginaire du lac Memphrémagog venant accroitre son intérêt pour les curieux. Les premiers témoignages d’une créature étrange vivant dans le lac se seraient fait entendre en 1816 (Cazeils, 2010). Cet énorme serpent à la tête de cheval a ainsi marqué la littérature touristique de ce lieu (Little, 2009 : 728). Une image sera alors idéalisée de ce territoire lacustre, parsemé de montagnes, venant ajouter une touche d’imaginaire à ce secteur déjà évangélisé par la littérature. On peut même y percevoir une teinte d’antimoderniste par la description d’un paysage sauvage, vierge et préservé tandis que la réalité était tout autre. En effet, beaucoup d’industries s’étaient déjà établies sur le pourtour du lac Memphrémagog, ce qui semble être omis dans la littérature et qui de facto ne semble pas atténuer la beauté du lieu.

Néanmoins, le tourisme s’est établi un peu plus en retard que dans les États avoisinants (New Hampshire, New Jersey, etc.). Toujours selon Little, ce fait serait en partie une réponse à l’absence de cascades et de chutes d’eau. Malgré tout, il ne faut pas négliger le développement du chemin de fer comme étant la plaque tournante du développement touristique de la région. En effet, à partir des années 1850, avec un déploiement plus important vers les années 1880, l’accessibilité au territoire devenant de plus en plus aisée a contribué au magnétisme touristique de ce lieu. Sans compter les efforts fournis par les compagnies ferroviaires pour attirer les touristes avec, entre autres, des forfaits du type « cheap excursion plan » qui étaient un plan avantageux pour les groupes offerts dans 33 municipalités du Vermont (Little, 2009 : 733). Par ailleurs, dans ce premier exemple d’artialisation, les artistes, les journalistes, les promoteurs immobiliers ainsi que le développement des réseaux de transports (ferroviaire et maritime) ont joué un rôle déterminant dans la construction du paysage [paysagification] du lac Memphrémagog.

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Une lecture des acteurs présents sur le territoire à l’étude, dans la recherche actuelle, sera effectuée de façon similaire à l’exemple donné du lac Memphrémagog à l’intérieur du quatrième chapitre, et ce, pour comprendre et exposer le processus d’artialisation qui se met en place aux Escoumins.

1.2.3.2 L’exemple du fleuve Saint-Laurent, région de Charlevoix

Le cas du fleuve Saint-Laurent, un second exemple, est différent du lac Memphrémagog tant sur le plan historique et économique que touristique. Selon une approche historico-touristique, cette voie navigable qui a été le chemin d’accès au Nouveau Monde pour Jacques Cartier à partir de 1534, a chapeauté et chapeaute toujours plusieurs rôles. Passant d’un rôle purement identifié à celui de voie navigable, à celui de moteur économique et de loisir, plusieurs utilités ont été attribuées au fleuve. Ainsi, dès les premières conquêtes, la région de Charlevoix fut-elle convoitée.

Dans les ouvrages décrivant le paysage de cette région, la présence de la mer, des montagnes et des grandes forêts sont souvent jointes afin de former un tout. Dans ce cas-ci, il sera particulièrement question de l’attrait envers le fleuve Saint-Laurent. Tel qu’il en est de l’exemple du lac Memphrémagog, plusieurs manifestations artistiques ont modelé l’imaginaire de la région de Charlevoix. D’après une étude menée dans les années 1960, un folklore est attitré à cette région voulant que ce dernier constitue l’arrière-pays. La région est alors perçue comme étant une représentation authentiquement traditionnelle et dont les paysages naturels sont sauvegardés (Perron et Gauthier, 2000 : 291-292). D’un point de vue touristique, cette conception du territoire semble très positive et le nombre de touristes qui se manifestent pour visiter les lieux ne cesse d’augmenter, et ce, encore de nos jours.

Les œuvres d’art sont alors un médium grandement employé afin de diffuser l’image de la région et du fleuve. Il suffit de penser aux nombreuses toiles peintes, aux poèmes, chansons, etc. Dans le même sens que celle représentant le lac Memphrémagog, une image très romantique était dépeinte de la région et les vertus du paysage y étaient exposées. D’ailleurs, Baie-Saint-Paul fut reconnu comme étant un lieu de création artistique important

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durant le XXe siècle. Ces lieux étant habités par de nombreux peintres reconnus comme

Clarence Gagnon et René Richard (Perron et Gauthier, 2000 : 327). Autre médium employé pour mettre en lumière ce lieu de prédilection, a été et est encore la cinématographie. Il est possible de citer en exemple La Guerre des Tuques (1984) qui a été filmé à Saint-Hilarion, quoique ce film ne met pas le fleuve comme arrière-scène, et le nouveau X-men : Days of future past (2014) qui a été filmé entre Baie-Saint-Paul et Les Éboulements (Lavoie, 2013). Ce dernier met en valeur le fleuve ainsi que le paysage avoisinant.

Avec une histoire de plus de 450 ans de navigation, ce corridor maritime figure parmi les éléments mis en scène afin de représenter le paysage de Charlevoix. Tout comme à l’image des bateaux à vapeur, celle des goélettes est emplie d’un imaginaire régional. Les goélettes, dont la fonction première était le commerce, ont toutefois permis une unification sociale des rives. Ces petites embarcations, parfaitement conçues pour la navigation sur un fleuve qui peut être à la fois majestueux et capricieux, ont été un symbole du paysage charlevoisien entre 1860 et 1959 (Dufour, 1984 : 35). Elles ont été l’image de la région et également le modèle pour de nombreuses peintures telles que celles de Gil Robitaille (Galerie d'art IRIS, 2015). Venant ajouter un cachet rustique, ces goélettes ayant d’abord une fonction uniquement commerciale sont maintenant un symbole beaucoup plus évolué et font partie de l’imaginaire de la région et de celle des visiteurs.

Les manifestations de l’artialisation de la région de Charlevoix se sont réalisées depuis presque les débuts de la colonisation. Ce sont les facteurs historiques de l’établissement humain, suivi de la transition du régime français au régime anglais qui ont également façonné l’imaginaire du territoire. Le site a ainsi inspiré de nombreux artistes locaux et étrangers qui ont alimenté cet imaginaire, d’où provient la construction paysagère du secteur.

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À l’instar des éléments qui ont nourri l’artialisation paysagère de la région de Charlevoix, les sites de plongées aux environs des Escoumins hébergent certains de ces éléments similaires (fleuve, goélettes, etc.) piliers du paysage de la région. Quoique la valeur et le poids historiques de ces deux différents processus d’artialisation ne soient pas comparables, nul doute que le rayonnement touristique et imaginaire de la région de Charlevoix se fait sentir jusqu’aux abords de la MRC de la Haute-Côte-Nord.

Cet ainsi qu’il est possible de comprendre, à travers ces deux exemples, le rôle mitoyen qu’occupe l’artialisation entre les territoires sublimes et la transmission imaginaire de ces lieux. Ce sont ces éléments interdynamiques qui permettent l’évolution d’un territoire au rang de paysage. L’appropriation sociale du ledit territoire est plus que nécessaire pour la création du paysage et ces manifestations de mise en valeur ne sont aucunement anodines. Il en va ainsi du lieu à l’étude de cette recherche, qui sera mise en évidence, un peu plus loin, à travers les manifestations artistiques modulant ce territoire subaquatique, mais avant tout les ouvrages concernant le paysage québécois doivent être introduits.

1.2.4 Les préoccupations sociales du paysage, ouvrages québécois

Au Québec, les travaux traitant du paysage sont de plus en plus nombreux. Dans un premier temps, il serait impensable de passer à côté du père fondateur de la géographie québécoise régionale, Raoul Blanchard. Géographe français, il est parmi les premiers géographes professionnels à avoir manifesté un intérêt envers le territoire québécois. Ses ouvrages, tels que — Le rebord sud de l’Estuaire du Saint-Laurent (1931) ; Le centre du Canada français, Province de Québec (1947a) ; Montréal esquisse de géographie urbaine (1947b) ; L’Abitibi-Témiscamingue (1949) ; Les traits géographiques d’ensemble de la province de Québec (1952) — décrivent principalement le territoire du Québec et ses composantes. Ces textes sont ainsi plutôt descriptifs qu’analytiques. Tout de même, ils jettent les bases des études géographiques régionales au Québec et de facto celles sur le paysage.

C’est ainsi que parmi les sujets exploités dans le domaine du paysage québécois, le paysage agricole ou rural est l’un des sujets qui a retenu l’attention de beaucoup de

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chercheurs, que ce soit pour sa description, son analyse ou sa conservation (problèmes d’étalement urbain et d’exode rural, par exemple). Gérald Domon fait partie de ces chercheurs, privilégiant une étude des régions agricoles, ses recherches ont grandement contribué à la compréhension de la dynamique paysagère actuelle. Les paysages, d’une part liés à l’histoire et d’autre part liés à la structure socioéconomique, ne sont pas figés dans le temps, c’est-à-dire qu’ils sont dynamiques et en constantes mutations (Domon, 2013 : 38-40). Plus encore, le paysage ne serait plus un domaine strictement réservé à l’élite, soit aux artistes et chercheurs, mais serait à présent une préoccupation collective. De grands débats publics ont éclaté au Québec sur la question du paysage, que certains aménagements auraient abîmé, enlaidi ou même détruit. Les exemples relevés par Domon, afin de démontrer cet intérêt public sont, entre autres, la ligne de transport hydroélectrique de Val-Saint-François, le nouveau tracé de la côte des Éboulements et les coupes à blanc dénoncées à travers le documentaire L’erreur boréale de Richard Desjardins (Domon, 2004 : 19). En ce moment, le sujet est à débat dans le cas du projet hydroélectrique de 400 km reliant le Lac-Saint-Jean à Montréal qui est proposé (Radio-Canada, 22 avril 2015), semant controverse et indignation auprès des résidents.

Passant d’intérêt d’aménagement à intérêt social, le paysage est loin d’être seulement rural, agricole, industriel ou urbain au Québec, il est également historique. La mention du géohistorien Serge Courville est de mise puisqu’il a tout autant abordé la notion de paysage dans ses œuvres, notamment Le Québec : Genèses et mutations du territoire (2000). Abordé de manière chronothématique, cet ouvrage discute du façonnement du paysage, surtout du paysage agricole et industrialisé, influencé par les installations et le développement technologique de la société québécoise, faisant référence au rôle du paysage-matrice. La collection Territoires : le Québec — habitat, ressources et imaginaire, sous la direction de M.-C. Dekoninck (2007), aborde dans le même sens l’idée que le territoire québécois et les paysages, se composent, entre autres, par les traces historiques de l’occupation humaine. Encore ici la composition étymologique du terme paysage fait référence au territoire habité par ses paysans dont la représentation imaginaire de sa nature est transposée par une image cognitive du pays.

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De façon brève, un survole des définitions et des différents champs d’études du paysage a été effectué, mais il reste encore à mentionner quelques exemples de recherches interprétatives du paysage. Le modèle employé par Lynda Villeneuve dans son Paysage, mythe et territorialité : Charlevoix au XIXe siècle (1999) illustre bien les éléments descriptifs

utilisés jusqu’à présent dans la définition du terme paysage (figure 1.3). Il est ainsi plus aisé de visualiser la dynamique des différents concepts et de l’interaction qui en découle, comme le mentionne Villeneuve : « Ces différents éléments sont liés les uns aux autres et s’influencent mutuellement par la circulation des idées sur et à travers l’espace et les sociétés » (Villeneuve, 1999 : 16).

Figure 1.3: Cadre conceptuel du processus de communication paysagère développé par Villeneuve

D’autres interprétations du paysage, principalement sous forme photographique, ont été effectuées par Henri Dorion dans plusieurs de ses œuvres. De par sa toponymie, sa langue et culture distincte, Dorion, au travers ses différents ouvrages traitants du Québec, tels que Les noms de lieux et le contact des langues : recueil d’articles (1972); La Gaspésie vue du ciel (2009) et La région de l’Etchemin et la frontière canado-américaine (1966), pour n’en nommer que quelques-uns, démontre que l’étude du paysage terrestre se complexifie et reste un enjeu scientifique important pour la compréhension du territoire québécois. Cette

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approche et cette compréhension du paysage québécois deviennent alors des processus décisionnels incontournables d’aménagement du territoire. C’est dans cette optique que la Loi sur les biens culturels de 1972 a été révisée et remplacée par la Loi sur le patrimoine culturel en 2012. Cette nouvelle Loi permet une intégration élargie de la notion de patrimoine en y incluant, entre autres, les paysages culturels patrimoniaux (Culture et communications Québec, 2014).

Cette intégration a un sens de renouveau dans la pensée aménagiste, dans les revendications paysagères et principalement dans la volonté de protéger le patrimoine paysager. Il est possible d’observer à travers les exemples et la littérature que la question du paysage relève ainsi d’une réalité matérielle (territoire) interprétée selon une réalité immatérielle (celle de l’observateur). Cette même réalité immatérielle est influencée à son tour par les valeurs personnelles et culturelles, soit la perception et le vécu de l’observateur, faisant du paysage un construit multidimensionnel dynamique, soumis à divers flux humains et naturels (Dupras et al., 2015 : 78 : Ruiz). C’est ainsi qu’au début du XXIe siècle, le paysage

n’est plus qu’un sujet de description effectué par quelques érudits, mais il constitue une part importante dans l’identification socioculturelle des Québécois.

1.3 L’attractivité du territoire

Le paysage est également une constituante importante au niveau du tourisme puisqu’il est synonyme, entre autres, d’esthétisme et se traduit en vecteur d’attraction touristique. Cet intérêt envers le territoire est la résultante de deux facteurs, soit d’une dynamique entre un construit cognitif populaire et individuel, composé lui-même des motivations découlant de valeurs culturelles et personnelles, et enfin de la qualité des paysages en place. Dans ce cas-ci celui des sites de plongée au Québec et plus particulièrement celui des Escoumins.

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