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Propriétés automatiques et maintien du comportement : le cas de l'activité physique et de la sédentarité

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Academic year: 2021

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Submitted on 6 Dec 2018

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Propriétés automatiques et maintien du comportement : le cas de l’activité physique et de la sédentarité

Gonzalo Marchant-Gonzalez

To cite this version:

Gonzalo Marchant-Gonzalez. Propriétés automatiques et maintien du comportement : le cas de l’activité physique et de la sédentarité. Education. Université Montpellier, 2018. Français. �NNT : 2018MONT4003�. �tel-01947426�

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THÈSE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER

En Sciences du Mouvement Humain

École doctorale Sciences du Mouvement Humain (ED 463) Unité de recherche Epsylon (EA 4556)

Présentée par Gonzalo MARCHANT-GONZALEZ Le 13 Novembre 2018

Sous la direction de Julie BOICHÉ et Virginie NICAISE

P r op ri é té s au t o ma ti q ue s et m ai nt ie n d u co m p o rt e me nt : le ca s d e l ’a c tiv it é p hy si q ue e t de l a sé de n ta ri t é

Devant le jury composé de

Laurent AUZOULT, Professeur des Universités, Université Paul Valéry Montpellier Aïna CHALABAEV, Maître de Conférences (HDR), Université Grenoble Alpes Julien BOIS, Professeur des Universités, Université de Pau et des Pays de l’Adour

Martine DUCLOS, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier, Université Clermont Auvergne Julie BOICHÉ, Maître de Conférences (HDR), Université de Montpellier

Virginie NICAISE, Maître de Conférences, Université Claude Bernard Lyon 1

Président du jury Rapporteur Rapporteur Examinateur Directrice Co-encadrante

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« Il y a des hommes qui luttent un jour et qui sont bons.

Il y en a d’autres qui luttent un an et qui sont meilleurs.

Il y en a qui luttent pendant des années et qui sont excellents.

Et il y a ceux qui luttent tout une vie : ceux-là sont indispensables ! » Bertolt Brecht (1898-1956)

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Remerciements

En premier lieu, je voudrais remercier les membres du jury, qui m’ont fait l’honneur de lire, d’assister et de présider cet humble travail. Je voudrais remercier à Mme.

Chalabaev et M. Bois pour leur disponibilité et pour être les rapporteurs de cette thèse. Merci à Mme. Duclos et M. Auzoult d’avoir accepté d’examiner mon travail.

Un grand merci à mes directrices, sans qui cette thèse n’aurait pas vu le jour.

Julie Boiché, nous nous sommes rencontrés il y a 5 ans dans le cadre d’un master professionnel, puis d’un master recherche. Grâce à tes connaissances, tes conseils avisés, ton encadrement, ton soutien, j’ai pu envisager cette aventure qu’est le doctorat. Merci d’avoir cru en moi du début jusqu’à la fin, tu es et resteras un réel exemple de directrice de thèse, de chercheuse, de carrière. Virginie Nicaise, merci d’avoir accepté ce co-encadrement de thèse, et de m’avoir apporté ton soutien quotidien à l’université de Lyon.

Pensées amicales à tous mes camarades du laboratoire Epsylon de Montpellier : Roman, Thomas, Philippe, et aux collègues du labo de L-Vis de Lyon : Noémie, Elodie, Thiago, Yann, Valérian, Paul, Benjamin, Benoît, Sarah et Pauline.

Les rigolades, moments festifs et instants complices du quotidien auront allégé ces trois années d’endurance que fut le doctorat. En particulier, Guillaume C., mon exemple à suivre dans cette aventure extrême de la recherche ! Issus de la même faculté ; tu m’as devancé de quelques mois, et je te souhaite le meilleur pour ta nouvelle aventure !

Egalement, un grand merci à l’équipe L-Vis de Lyon et en particulier à Hélène, Guillaume M., Guillaume R., Brice C., Brice L., Emma, Aurélie, Guillaume B., Philippe L., Johan, Eric, Stéphane, Julie, Bastien, Bénédicte qui sont là pour nous les

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&!

doctorants/es, disponibles, aidants, compréhensifs… De même, je voudrais rermercier Ursula, Arnaud, Nadi, Pascal, Sophie, Isabelle et Christian (LIBM) pour l’accueil et les discussions si riches.

Paquito, ces 4 années depuis le master, c’est ta faute ! Tu as semé une petite graine il y a quelques années, avant de t’envoler pour le Canada. Aujourd’hui, voilà le résultat, tu m’as inspiré, motivé, et j’ai pu accomplir ce travail. Yannick S, merci pour les conseils, les mots justes et le temps partagé pendant toutes mes années d’étude à Montpellier…

A mes amis, d’ici et d’ailleurs : Simon, Gabriel, Marion, Pauline, Micah, Dean, Eduardo (gracias por los consejos y el sillon tan confortable hermano), los aplicaboys : Andy, Claudio, Nico, Oliver, Ricardo. Même à distance, les amis sont là pour la vie.

Un sentiment de reconnaissance à quelqu'un qui m'a initié à la connaissance de la culture française. Merci beaucoup !! Don Luciano ! (Lucien Rupin, même si physiquement il n'est plus parmi nous). J'ai commencé ce voyage grâce à toi, mon cher ami, mon voisin.

Enfin, mes remerciements vont à ma famille. Ou plutôt mes familles ! Je pense à ma famille française : Sybille, Alain, Jeanne, Martin et Pablo. Vous m’avez accueilli comme un fils, m’avez aidé à poursuivre mes études, à me lancer dans la vie professionnelle ici en France. Vous m’avez enseigné les codes de ce pays, la langue française, et m’avez offert des moments chaleureux et conviviaux qui ne pourraient être retranscris… Merci !

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Mi familia de sangre, ma famille chilienne, Nano mi viejo (Papa), Menche mi querida Madre, mis hermanitas : Myriam, Maritza, Claudia, Tania. Gracias por su apoyo incondicional. Je suis ici grâce à vous, car vous avez toujours cru en moi, et ce travail en est une preuve. Adriana et Fred, mes chers amis, ma famille maintenant, merci pour votre amitié, votre aide, et ce beau couple franco-colombien que vous formez. Comment oublier Alejandra et ses garçons (Benjamin, Antoine et Grabriel ! Merci pour les moments qui m'ont aidé à changer un peu mes idées !

Je ne pourrais pas terminer ces remerciements sans mentionner celle qui m'a littéralement soutenu, accompagné, avec qui j'ai construit un nouveau chemin dans cette nouvelle vie en France. Un BESOTE et simplement MERCI Fanny (Mamurri) !

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Cette thèse a été réalisée dans le cadre d'une co-direction entre l'Université de Montpellier (Laboratoire Epsylon EA 4556) et l'Université Claude Bernard Lyon 1 (Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport, L-ViS EA 7428).

Ce travail de recherche a été financé par la Commission Nationale des Sciences et Technologies du Gouvernement du Chili (CONICYT) à travers son programme

« Doctorats à l'étranger, concours 2014-2015 ».

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 13

L’AUTOMATICITE DES HABITUDES DE VIE : POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE 14

PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE 23

CHAPITRE 1 : UN CONTINUUM DE LA SEDENTARITE A L’ACTIVITE PHYSIQUE

VIGOUREUSE 24

1.LES ACTIVITES PHYSIQUES : DEFINITION ET EFFETS SUR LA SANTE 25

1.1. Définition 25

1.2. Les effets de l’activité physique sur la santé 26

1.3. Les recommandations sur l’activité physique 29

2.COMPORTEMENTS SEDENTAIRES : DEFINITION ET EFFETS SUR LA SANTE 30

2.1. Définition 30

2.2. Les patterns d’accumulation du temps de sédentarité et leurs effets sur la santé 31

2.3. Recommandations en matière de sédentarité 32

3.ACTIVITE PHYSIQUE, SEDENTARITE ET SANTE 34

4.ENJEUX LIES AUX METHODES DE MESURE DES COMPORTEMENTS VALUER LACTIVITE

PHYSIQUE ET LES COMPORTEMENTS SEDENTAIRES AU SEIN DE LA POPULATION 36 4.1. Les méthodes subjectives : Avantages et inconvénients 37 4.2. Les méthodes objectives : avantages et inconvénients. 43 Synthèse du CH 1 : un continuum de la sédentarité à l’activité physique vigoureuse 47

CHAPITRE 2 : LES HABITUDES, AU-DELA DE LA FREQUENCE : DE L’INITIATION A

L’HABITUATION 49

1.L’AUTOMATICITE DES PROCESSUS COGNITIFS :CONCEPTIONS CONTEMPORAINES DES

HABITUDES 49

2.ASPECTS SECONDAIRES DE LHABITUDE 54

2.1. L’importance du contexte et les signaux de l’environnement. 54 2.2. Le rôle de la répétition dans un contexte stable 55

2.3. Les récompenses 56

2.4. Identité 58

2.5. Automaticité 59

2.5.a. L’absence totale ou partielle de conscience 59

2.5.b. Le manque d’intentionnalité 60

2.5.c. La difficulté à contrôler le comportement (contrôlabilité) 61

2.5.d. L’efficacité 61

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3.LES INSTRUMENTS POUR MESURER LES HABITUDES 62

4.LE ROLE DES HABITUDES DANS LADOPTION DES COMPORTEMENTS 65

5.LA FORMATION DHABITUDES 71

5.1. Le rôle de la fréquence des répétitions 72

5.2. La complexité des comportements 74

5.3. La durée de pratique 75

5.4. La Personnalité 76

6.INTERVENTIONS POUR FAIRE EVOLUER LES HABITUDES 78

6.1. Focus sur les aspects psychologiques des interventions 78 6.2. Stratégies d’intervention visant à modifier les comportements via les processus

psychologiques délibératifs 80

6.3. Stratégies d’intervention visant à agir sur les comportements via des processus

psychologiques automatiques 85

Synthèse CH 2 : Les habitudes, au-delà de la fréquence : De l’initiation à l’habituation89

PARTIE 2 : PROBLEMATIQUE ET AXES DE RECHERCHE 91 AXE 1:APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE DE LAUTOMATICITE 93 AXE 2:LA DIMENSION AUTO-RAPPORTEE DE LAUTOMATICITE DANS LADOPTION DES

COMPORTEMENTS. 95

AXE 3:L’EVOLUTION ET LES CHANGEMENTS DE LAUTOMATICITE 96

PARTIE 3 : APPORTS DE CETTE THESE 99

Manuscrit 1 102

Manuscrit 2 112

Manuscrit 3 133

Manuscrit 4 143

Manuscrit 5 173

Manuscrit 6 207

PARTIE 4 : DISCUSSION GENERALE, PERSPECTIVES ET CONCLUSION 235

1.DISCUSSION DES RESULTATS RELATIFS A L’AXE 1 236

2.DISCUSSION DES RESULTATS RELATIFS A L’AXE 2 238

3.DISCUSSION DES RESULTATS RELATIFS A L’AXE 3 241

4.PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET APPLICATIONS 247

4.1. Perspectives pour l’Axe 1 247

4.2. Perspectives pour l’Axe 2 247

4.3. Perspectives pour l’Axe 3 248

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5.IMPLICATIONS PRATIQUES DE CETTE THESE 249

6.CONCLUSION 250

REFERENCES 252

ANNEXES 284

ANNEXE 1 :QUESTIONNAIRES UTILISES LORS DE LETUDE 5 DE LA VALIDATION EN FRANÇAIS DE

L’EGMA 285

ANNEXE 2 :QUESTIONNAIRES UTILISES LORS DE LETUDE 1 ET 2 DE LA VALIDATION EN ESPAGNOL

DE L’EGMA 288

ANNEXE 3 :QUESTIONNAIRES ETUDE 1 ET ETUDE 2 293

ANNEXE 4 :QUESTIONNAIRES UTILISES DANS LE MANUSCRIT 4 303 ANNEXE 5 :QUESTIONNAIRES UTILISES DANS LE MANUSCRIT 5 305 ANNEXE 6 :QUESTIONNAIRES ET BROCHURE UTILISES DANS LE MANUSCRIT 6 309

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INTRODUCTION

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L’automaticité des habitudes de vie : pour le meilleur et pour le pire

L'augmentation de la prévalence des maladies non transmissibles (MNT) ou chroniques est un problème de santé majeur auquel de nombreux pays sont confrontés. Elle s’accompagne d’une hausse de la morbimortalité désormais bien connue et quantifiée (Murray & Lopez, 2013). Une grande partie des MNT sont associées à certains comportements, en particulier, le tabagisme (Reitsma et al., 2017), l’usage excessif d’alcool (Parry, Patra, & Rehm, 2011), la nourriture riche en graisses (Hyseni et al., 2017), sel (Wagner, & Brath, 2012) et sucres (Piernas et al., 2016), mais aussi un faible niveau d’AP (Ding et al., 2016) et un niveau élevé de sédentarité (Biswas et al., 2015). Ces différents comportements ont en commun qu’ils peuvent devenir des habitudes, autrement dit, être adoptés par les individus de façon automatique.

Au cours des dernières décennies, la quantité de pratique d’AP chez les adultes a décliné (Hallal et al., 2012), tandis qu’en parallèle les niveaux de comportements sédentaires sont en constante augmentation (Owen, Sparling, Healy, Dunstan, & Matthews, 2010). Dans ce contexte, la question se pose de savoir si cette tendance pourrait être renversée grâce à la formation d'habitudes de vie saines et/ou au changement de celles qui le sont moins. Pour répondre à cette problématique, il faut d'abord définir la notion d'habitude et préciser comment elle intègre la notion d'automaticité (Bargh, 1994) dans ses différents aspects (absence d’intentionnalité, faible contrôle, efficience). Ensuite, il s’agira de compléter les connaissances relatives aux liens entre l’automaticité et les comportements d’AP et de type sédentaire. Enfin, nous interrogerons la façon dont ces propriétés automatiques se développent au cours du temps, afin d'envisager des stratégies efficaces et des interventions spécifiques pour les modifier.

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Pendant longtemps, les recherches disponibles sur le concept d'habitude se sont limitées à des études évaluant le rôle du comportement passé dans l’adoption des comportements futurs (Aarts, & Dijksterhuis, 1999 ; Ouellette, & Wood, 1998).

Ce n’est qu’à partir des travaux de Bentler et Speckart (1979) que l’on commence à considérer l’absence d’intentions ou de raisonnement dans l’initiation des comportements habituels. En effet, les résultats de leur étude ont clairement montré que l'habitude prédit directement le comportement futur, et qu'un tel comportement est initié de manière automatique, c'est-à-dire sans délibération ni réflexion. Selon Triandis (1980), tout comportement est le résultat conjoint des intentions et des réponses habituelles de la personne.

Plus récemment, des interactions ont été observées entre habitude et intention : les intentions semblent davantage guider le comportement futur lorsque les habitudes sont faibles, ce qui serait moins vrai lorsque les habitudes sont fortes (Ouelette & Wood, 1998 ; Danner, Aarts, & De Vries, 2008). Dans le contexte de la santé, on considère à cet égard que le défi pour mieux comprendre et éventuellement, changer les comportements, ne devrait pas seulement reposer sur la prise en compte des processus délibératifs, mais aussi cibler les processus plus automatiques sous-jacents à nos comportements habituels (Marteau, Hollands, &

Fletcher, 2012).

En effet, sans habitudes, toute personne devrait planifier, s'occuper consciemment et surveiller toutes ses actions et réactions, du lever jusqu'au coucher. Cela deviendrait très coûteux et rendrait nos vies très pénibles. Les propriétés automatiques sont heureusement omniprésentes dans notre vie quotidienne : grâce à elles, la plupart de nos activités semblent être réalisées sans effort ni réflexion (Hélie, Waldschmidt, & Ashby, 2010). Les habitudes ont, pour la plupart, été répétées de nombreuses fois (e.g., aller travailler au même endroit en voiture tous les jours pendant plusieurs années). Le contrôle du comportement a donc progressivement été transféré du mode délibératif ou intentionnel, à un mode

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régi par les stimuli contextuels (Lally, Wardle, & Gardner, 2011), jusqu’à devenir une habitude, définie dans la littérature comme une « séquence d’actes appris qui deviennent des réponses automatiques aux signaux spécifiques de l’environnement

» (Verplanken & Aarts, 1999, p104, traduction libre). Au fil des répétitions du comportement, certains stimuli acquièrent le potentiel d'activer le comportement, de sorte que lorsque l’individu les rencontre ou en fait l’expérience, les réponses habituelles sont activées automatiquement (Bargh, 1994 ; Orbell & Verplanken, 2010). En somme, c’est le résultat de milliers d'interactions entre nos perceptions et les signaux de l’environnement (e.g., objets, personnes, lieux) dans des contextes similaires qui nous permettent une navigation plus fluide dans le monde qui nous entoure (Sun, 2004). En d’autres termes, une habitude serait donc une forme d’automaticité dépendante du contexte, qui une fois formée n'est pas nécessairement adoptée, à moins que certains déclencheurs personnels et/ou environnementaux ne soient rencontrés (Gardner, 2012).

Bien que ce mode de fonctionnement représente une option plus économique, il s’applique sans distinction aux « bons » comme aux « mauvais » comportements. Certains agissements sont excellents pour la santé - e.g., aller à pied sur son lieu de travail - mais d’autres - e.g., le fait de fumer un paquet de cigarettes par jour ou de composer le numéro de la pizzeria trop souvent - le sont beaucoup moins. Ainsi, si la consommation de fruits (De Bruijn, 2010 ; De Bruijn, Keer, Conner, & Rhodes, 2012) et les Activités Physiques (AP), (Gardner, de Bruijn, &

Lally, 2011) ont une composante habituelle, c’est également le cas de la consommation d'alcool (Norman, 2011) et des Comportements Sédentaires (CS) (Gardner et al., 2011 ; Gardner, Dewitt, Smith, Buckley, Biddle, & Mansfield, 2017).

Actuellement, les chercheurs attribuent au concept d'habitude plusieurs caractéristiques qui le rende pertinent pour comprendre et modifier les comportements liés à la santé (Gardner, 2015). Ceci a conduit certains auteurs à développer des outils d'évaluation de la force des habitudes afin de déterminer leur

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rôle dans l'adoption des comportements (Gardner et al., 2011). Toutefois, les instruments disponibles présentent plusieurs limites (Gardner, Abraham, Lally, & de Bruijn, 2012). Tout d'abord, ils mesurent de manière combinée plusieurs caractéristiques de l’habitude (e.g., la fréquence, l'identité et l'automaticité), ce qui rend difficile l'évaluation indépendante de sa propriété essentielle, l'automaticité (Gardner, 2012). De plus, ces évaluations mesurent l’automaticité de façon unidimensionnelle, c’est-à-dire qu’elles génèrent un score unique d’automaticité.

Or, de plus en plus d’auteurs soutiennent qu’une définition « tout ou rien » de l'automaticité n'est plus tenable, et préconisent une approche multidimensionnelle (Bargh, 1994 ; Moors & De Houwer, 2006). Ainsi, nous proposerons que l'automaticité peut être évaluée avec une approche multidimensionnelle, en recherchant la présence de certaines conditions qui permettraient de considérer un processus comme automatique.

Une grande partie des comportements de santé sont réalisés à plusieurs reprises, avec peu d’anticipation ou « conscience », c’est-à-dire avec un haut degré d’automaticité. Comme indiqué plus haut, les personnes qui ont développé des habitudes ont tendance à ignorer les intentions et à ne pas réfléchir pour exécuter une action ou un comportement, et elles seront plus susceptibles d'agir en conformité avec leurs habitudes que conformément à leurs intentions (Gardner et al., 2011). Au cours des dernières années, de nombreuses études ont mis en évidence que le degré d’habitude des comportements, notamment l’aspect automatique de ceux-ci, s’avère crucial dans l’adoption régulière des comportements liés à la santé (Lally, Chipperfield & Wardle, 2008 ; Phillips &

Gardner, 2016 ; Smith et al., 2018). Une révision systématique et méta-analyse sur les habitudes dans le contexte de l'AP a conclu que celles-ci étaient plus fortement liées à l’AP chez les personnes ayant des intentions plus faibles (Gardner & al., 2011), mais a également trouvé des résultats contradictoires.

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Des données indiquent que les habitudes et les intentions ont un effet additif, mais non interactif, sur l’AP (Rhodes, de Bruijn & Matheson, 2010). D'autres études ont montré que les habitudes et les intentions prédisent directement l’AP et ont des effets interactifs sur ces comportements (Rebar, Elavsky, Maher, Doerksen, &

Conroy, 2014 ; Rhodes & de Bruijn, 2010). Contrairement à ce qui a été présenté précédemment, les CS ont été peu étudiés et seules quelques travaux récents montrent qu'il existirait une interaction entre les habitudes et les intentions envers ces comportements (Conroy, Maher, Elavsky, Hyde, & Doerksen, 2013). Autrement dit, la régulation des comportements via les intentions et les habitudes peut différer d'un type de comportement à l'autre et d'une personne à l'autre. Ceci suggère que les patrons de motivation, au niveau interpersonnel, ne se traduisent pas nécessairement par les mêmes processus au niveau intra-personnel (Conroy, Elavsky, Hyde, & Doerksen, 2011). Par ailleurs, il y a peu d’études concernant l’automaticité appliquée aux CS (Conroy et al., 2013). Pour cette raison, un intérêt scientifique croissant se tourne d’une part, vers l'étude simultanée de l’adoption des AP et des CS (Tamura et al., 2017 ; Trilk et al., 2012) et d’autre part, vers une analyse plus fine des propriétés de l’automaticité (Moors, 2016).

Malgré le caractère central de l’automaticité, la plupart des études s’y intéressant sont observationnelles et comparent les personnes selon leur niveau d’habitude, à un instant précis (Gardner et al., 2011). En revanche, les travaux longitudinaux qui étudient le processus de formation des habitudes, ou les travaux interventionnels, visant à modifier les comportements dans le cadre de devis expérimentaux, restent peu nombreuses. Les études qui ont été conçues explicitement à partir d'un modèle de formation d'habitudes, se sont penchées sur l'alimentation et l'AP ensemble (Lally et al., 2008 ; Lally et al., 2011) et seulement deux ont porté sur la formation d'une habitude d'AP de façon plus spécifique (Kaushal et Rhodes, 2015 ; Kaushal et Rhodes, 2017).

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Par conséquent, la formation de l'habitude suivait une progression en quatre étapes. Tout d'abord, nous devons prendre la décision d'agir. À ce sujet, de nombreuses théories se concentrent sur les prédicteurs de la formation des intentions (Ajzen, 1991 ; Bandurra, 1997 ; Schwarzer, 1992). Les données empiriques montrent que le changement de ces prédicteurs est susceptible de modifier les intentions (Webb & Sheeran, 2006), même si l'accent est moins mis sur la pérennité des changements à long terme. Deuxièmement, la décision d'agir doit se traduire en actions. L’écart intention-comportement est bien documenté (Webb & Sheeran, 2006 ; Rhodes & de Bruijn, 2013) et pourrait être surmonté par le recours à des stratégies d'autorégulation comme la planification (Michie, Abraham, Whittington, McAteer & Gupta, 2009). Troisièmement, le comportement doit être répété, ce qui exige généralement une motivation continue (Rothman, 2000) et peut également être favorisé par une autorégulation (Michie et al., 2009). Ces trois étapes sont des principes génériques du « changement de comportement » (Lally, Van Jaarsveld, Potts, & Wardle, 2010 ; Lally et al., 2011). Une quatrième étape, étroitement liée à la troisième, se réfère exclusivement à la formation des habitudes : la nouvelle action doit être répétée d'une manière qui favorise le développement de l'automaticité.

Le principe sous-jacent de la formation de l'habitude est que si un comportement spécifique est exécuté de façon répétée dans un contexte inchangé, une habitude va se développer (Lally et al., 2010 ; Wood & Neal, 2007). Bien que les principes de formation d’une habitude, dans le sens de l’automaticité sont les mêmes, le développement de ce processus ne serait pas le même lorsque nous considérons certains aspects de l’AP (Kaushal & Rhodes, 2015) et les caractéristiques des individus (Wood, 2017) (i.e., la personnalité). En effet, Lally et ses collègues (2010) ont montré que les participants ont mis une fois et demie plus de temps à atteindre leur niveau d'automaticité pour les routines d'AP que pour d'autres comportements (e.g., boire un verre d'eau). Une explication avancée par les auteurs

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est que les comportements d'AP sont plus complexes à exécuter que les comportements alimentaires.

Les caractéristiques des habitudes annoncées ci-dessus, et en particulier leur propriété automatique, en font un sujet d'intérêt pour la santé publique. En s'appuyant sur le caractère automatique du comportement humain, des appels ont été lancés pour encourager la formation d'habitudes au travers d’interventions spécifiques, afin de promouvoir le maintien à long terme des comportements de santé (Rothman, Sheeran, & Wood, 2009). En effet, la littérature révèle que de se focaliser exclusivement sur les processus délibératifs a pour effet de : 1) changer les croyances des personnes mais sans modifier leur comportement habituel (Webb &

Sheeran, 2006) ou 2) changer les comportements des personnes à court terme, mais pas à moyen ni long terme (Rabbi & Dey, 2013). Les stratégies traditionnelles de changement de comportement qui nécessitent une prise de conscience pourraient être complétées par des interventions qui abordent les comportements automatiques (Marteau et al., 2012).

Ce type d’interventions comprend des éléments qui favorisent la répétition en fonction du contexte, dans le but explicite de développer des associations entre la situation et l’action, et donc des réponses comportementales automatiques en fonction de la situation. Un certain nombre d’études ont montré des effets positifs sur le comportement d’alimentation et d’AP (Lally et al., 2010 ; Lally et al., 2011). Les personnes ayant reçu ce type d’interventions rapportent que, par la répétition, les comportements deviennent graduellement routiniers, «une seconde nature». Pour cette raison, l'utilisation de ces stratégies comportementales qui ont utilisé le principe de formation d’une habitude, l'intégration de messages de sensibilisation, et l'adoption de nouvelles technologies pourraient servir de base à l'élaboration d'interventions pour promouvoir l’AP (Kaushal & Rodhes, 2015) et changer les CS (Manini et al., 2015 ; Gardner et al., 2017). Concrètement, il s’agit d’interrompre l'association signal-réponse et de limiter l'exposition aux signaux déclencheurs des

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réponses habituelles (Verplanken, Walker, David et Jurasek, 2008 ; Wood, Tam, &

Witt, 2005), et/ou programmer des réponses alternatives à ces signaux (Adriaanse et al., 2010 ; Quinn, Pascoe, Wood et Neal, 2010).

En somme, bien qu'il existe des preuves convaincantes que la force de l'habitude, en particulier des caractéristiques d'automaticité des comportements de santé (Gardner et al., 2011), représente un prédicteur significatif de l'adoption des comportements, la nature des mesures existantes limite la portée de ces travaux, et peu de tentatives ont été faites pour étudier plus en profondeur le rôle spécifique joué par les facettes de l'automaticité dans ces contextes. De plus, la nature exacte des relations entre la répétition et l'automaticité, et le temps nécessaire pour que l'acquisition de l'habitude se produise, ont été relativement peu explorés. À ce jour peu d’études ont examiné les facteurs susceptibles d’avoir un impact sur la rapidité et l’amplitude du développement des propriétés automatiques de ces comportements. Enfin, il y a encore moins de travaux interventionnels basés sur les principes de la formation d’une habitude et ses propriétés automatiques.

La première partie de cette thèse sera composée de deux chapitres. Dans le premier chapitre, nous définirons les deux comportements auxquels nous nous intéresserons, à savoir les AP et les CS. Leurs caractéristiques et leurs effets sur la santé seront brièvement présentés, et leurs méthodes d’évaluation - méthodes auto- rapportées (e.g., questionnaires) versus méthodes objectives (e.g., accélérométrie) - seront confrontées. Ensuite, dans le deuxième chapitre nous examinerons plusieurs conceptions contrastées de l'automaticité. Cet aperçu nous permettra de souligner qu’à l’heure actuelle, la plupart des chercheurs considèrent l'automaticité comme le cœur des habitudes, et comme s’exprimant au travers de différentes facettes. Dans la deuxième partie, nous développerons plus en détail les résultats spécifiques de la littérature aux relations entre les propriétés automatiques, les comportements d’AP et sédentaires, et la littérature sur le changement de l’automaticité en contexte écologique et suite à une intervention. Dans la seconde partie de cette thèse, nous

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développerons trois axes de recherche. Le premier axe examinera si les propriétés automatiques peuvent être considérées indépendamment sur une base conceptuelle, dans le cadre du développement d’une échelle d'automaticité comprenant plusieurs facettes, en français et en espagnol. Ensuite, au sein du deuxième axe, nous analyserons la relation entre l’automaticité - et ses facettes - les intentions, et l’adoption des comportements d’AP et de sédentarité, mesurés avec des méthodes subjectives et objectives. Pour finir, le troisième axe cherchera à comprendre d’une part, comment se développent ces propriétés en contexte écologique (adoption d’une nouvelle AP, et d’autre part, comment intervenir pour favoriser une modification des habitudes (réduction des CS au travail via la promouvoir des pauses actives).

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Partie 1 : Cadre théorique

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Chapitre 1 : Un continuum de la sédentarité à l’activité physique vigoureuse

La relation entre CS et AP et leur rôle respectif dans l'évolution de l'état de santé est un sujet de recherche d'une importance cruciale pour la santé publique mondiale.

L’évolution de ces comportements est conditionnée par des changements économiques, urbains et technologiques. Lors des dernières décennies, ces changements ont, entre autres, entraîné une évolution des habitudes et des modes de vie de notre société (Owen, Healy, Matthews, Dunstan, 2010). Les niveaux insuffisants d’AP et un niveau excessif de CS (Loyen et al., 2016) sont désormais reconnus comme ayant des répercussions majeures en terme de santé publique (Warburton, Nicol, & Bredin, 2006 ; Inoue, Sugiyama, Takamiya, Oka, Owen, Shimomitsu, 2012). Les liens entre AP et santé sont bien documentés, et les bienfaits de l’AP modérée à vigoureuse bien définis, et ce depuis de nombreuses années (Heath et al., 2012). Cependant, les objectifs fixés en termes d'augmentation des niveaux modérés et vigoureux d’AP n'ont pas été atteints au niveau populationnel (Hallal et al., 2012). De plus, de nouvelles données de la littérature sur le rôle des CS dans la santé - qui peut être indépendant de l’AP - soulèvent de nouvelles interrogations (Lee et al., 2012).

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins, car nous ne savons pas quelles seraient les modalités optimales de mouvement à respecter au quotidien pour garantir la préservation de l’état de santé. À cet égard, on pourrait se demander dans quelle catégorie se trouvent les personnes qui passent 2/3 de leur temps d’éveil par jour en position assise (Owen et al., 2010a), mais qui, en même temps, atteignent les niveaux d’AP recommandés. Ce profil correspond à une partie importante de la population, qui passe la plus grande partie la journée dans des positions assises au travail, et ont des déplacements plus fréquemment par des moyens mécaniques qu'à pied ou en vélo. Dans cette partie, il s’agira, d’une part,

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de bien définir avec précision ce que recouvrent les comportements d’AP et les CS, et d’autre part, d’identifier leurs effets respectifs sur la santé, en fonction de leurs caractéristiques (intensité, durée et fréquence).

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1.1. Définition

L’AP a été actuellement définie de façon consensuelle comme « tous les mouvements corporels produits par la contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation de la dépense énergétique au-dessus de la dépense de repos » (Caspersen, Powell, & Christenson, 1985). Les principaux domaines de pratique d’AP sont le travail, les transports, les activités domestiques et les loisirs.

Ces derniers incluent l’exercice, le sport et l’AP de loisir non structurée. L’exercice constitue un sous-ensemble de l’AP : il s’agit d’une AP planifiée, structurée, répétitive dont l’objectif est l’amélioration ou le maintien d’une ou plusieurs composantes de la condition physique (Caspersen et al., 1985). Le sport représente quant à lui toute forme d’AP qui, à travers une participation organisée ou non, a pour objectif l'expression ou l'amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l'obtention de résultats lors de compétitions de tous niveaux (Charte Européenne du Sport, 2001).

L’intensité d’une AP est le plus souvent exprimée en MET (Metabolic Equivalent of Task, ou équivalent métabolique en français), défini comme le rapport de la dépense énergétique liée à l’AP sur le métabolisme de base1. La plupart des études qui cherchent à établir un lien entre les différentes intensités d’AP et la santé

1Le MET : Un MET correspond au niveau de dépense énergétique au repos, assis sur une chaise (3.5ml02/mn/kg).!

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se basent sur un compendium d’AP (Ainsworth, Haskell, Herrmann, Meckes, Bassett Jr, Tudor-Locke et al., 2011) qui listent les MET correspondant à différentes activités.

Généralement, les catégories d’intensités suivantes servent de référence : AP d'intensité légère entre 1,6 et 2,9 MET ; intensité modérée AP entre 3 et 5,9 et une AP d'intensité vigoureuse comme ≥ 6 MET (OMS, 2010). Par exemple, marcher, s’habiller, manger, déplacer de petits objets, sont considérées comme des AP modérées, tandis que la course à pied (9 à 18 km/heure) représente une AP d’intensité vigoureuse. Outre leur intensité, les AP peuvent varier selon leur durée et leur fréquence d’adoption. La partie suivante présente les connaissances relatives aux liens entre AP et santé selon ces modalités.

1.2. Les effets de l’activité physique sur la santé

Il existe des preuves scientifiques solides concernant les bienfaits de l'AP sur la pathogenèse de diverses maladies (Pedersen, & Saltin, 2015), au point de décrire l'exercice comme le « médicament » idéal pour améliorer la santé, principalement en raison de son effet multi-organique, contrairement aux médicaments qui traitent le plus souvent des symptômes localisés (Goodyear, 2008). Par exemple, des recherches ont montré que l’AP régulière génère des mécanismes d'adaptations sur le plan musculaire, osseux, métabolique, respiratoire et cardiovasculaire (Warburton et al., 2006), améliorant ainsi l'état de santé des personnes (Hamer, Lavoie, & Bacon, 2014). De même, Il est à noter que pour obtenir ces effets bénéfiques, il y aurait un effet-dose, qui dépendrait à la fois du temps (i.e., 75 minutes d’activité aérobique) et de l'intensité (i.e., vigoureuse) de l'exercice (Arem et al., 2015).

La plupart des travaux suggèrent une relation linéaire, selon laquelle plus les niveaux d’AP sont élevés, plus la probabilité de mortalité est faible (Hupin et al., 2015). Des résultats récents suggèrent cependant l'existence d'une association en U entre la dose d’AP et les maladies cardiaques. Ainsi, une étude récente (Schnohr, O’Keefe, Marott, Lange, & Jensen, 2015) sur la mortalité toutes causes confondues

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suggère qu’il existerait une limite des bienfaits de l'exercice pour la santé. Il y aurait plus précisément une association en « U » entre la mortalité toutes causes confondues et la quantité, le rythme et la fréquence de la course à pied. Dans cette étude, les personnes qui font régulièrement du jogging étaient comparées à celles qui ne pratiquent pas cette activité. Les joggers ont été classés en joggers légers (2 à 4 heures par semaine), modérés (AP légère pendant plus de 4 heures par semaine ou activité plus intense pendant 2 à 4 heures par semaine) et vigoureux (AP intense et vigoureuse pendant plus de 4 heures par semaine ou exercice intensif régulier ou sports de compétition plusieurs fois par semaine). Par rapport aux non joggeurs, 1 à 2,4 heures de jogging par semaine étaient associées à la mortalité la plus faible, avec un rythme optimal lent ou moyen. Le taux de mortalité le plus faible a plus précisément été observé chez les joggers légers, suivis des joggers modérés et des joggers vigoureux. Les coureurs extrêmes (i.e., > 4 h/semaine et > 3 fois/semaine) auraient quant à eux un taux de mortalité comparable à celui du groupe de non joggeurs. Dans le même sens, une étude récente suggère que l'exercice intense (i.e., exercice extrême > 12 METS) aurait un impact négatif sur un cœur sain (Merghani, Malhotra, & Sharma, 2016). Malgré certains résultats négatifs concernant la course de loisirs à haute intensité, d'autres études ont montré que tous les niveaux de pratique seraient bénéfiques pour la santé (voir Figure 1), comparativement aux personnes qui n'ont jamais couru (Lee et al., 2014). Une synthèse des relations entre les différentes intensités d’AP et les marqueurs de santé sont présentés dans la Figure 2 (adaptée de Merghani et al., 2016).

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Figure 1. Risque de mortalité cardiovasculaire et toutes causes confondues selon la pratique de la course à pied (Lee et al., 2014).

Figure 2. La courbe en forme de U ; l'exercice modéré est préférable à l'absence d'exercice, mais l'exercice extrême peut être nuisible. CAD (Coronary Artery Disease) = cardiopathie coronarienne, BP (Blood Pressure) = tension artérielle, AF (Atrial Fibrillation) = fibrillation auriculaire, SND (Sinus Node Disease) = maladie du nœud sinusal, RV (Right Ventricular) = ventricule droit (Source : Merghani et al., 2016).

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1.3. Les recommandations sur l’activité physique

Les bénéfices de l'exercice modéré sont indiscutables, et l’AP devrait être encouragée chez tous les individus, y compris ceux qui souffrent de maladies cardiaques chroniques (Rognmo et al., 2012). Compte tenu des connaissances actuelles sur les effets de l’AP, il est recommandé pour la population adulte de pratiquer au moins 150 minutes d’AP d'intensité modérée à vigoureuse ou au moins 75 minutes d’AP vigoureuse par semaine, qui peuvent être cumulées par morceaux de 10 minutes d'activité continue (Garber et al., 2011) ; les AP recommandées incluent la course, la natation, la marche rapide, la danse ou encore le cyclisme (Shephard, 2011). Ces recommandations ont pour objectif de prévenir principalement l’apparition de maladies cardiovasculaires et du diabète. Pour ce faire, la littérature récente a bien établi que la durée, l'intensité et l'accumulation d'une pratique d'AP sont les facteurs les plus déterminants en termes de prévention des maladies cardiovasculaires, du diabète et du cancer (Riebe et al., 2015 ; Sussman, Kent, Nelson et Hayward, 2015). La plupart des recommandations suggèrent qu'un seuil minimum (40 % à 50 % de la fréquence cardiaque de réserve ou d'intensité > 3 MET) et un temps minimum d’AP continue (10 min) sont nécessaires pour obtenir des effets bénéfiques (Norton, Norton, & Sadgrove, 2010).

Par exemple, si une augmentation d'environ 1 MET (équivalent métabolique) de la condition physique est atteinte, une diminution de 13 % de la mortalité globale et de 15% des maladies cardiovasculaires, pourrait être observée (Ross & McGuire, 2011).

Contrairement à ces principes, une étude indique que des personnes qui ne se conformaient pas aux recommandations en matière d’AP, mais qui se consacraient une grande partie de leur temps à des activités d'intensité légère (< 3 MET), comme les tâches ménagères, ou réalisant une AP d'intensité modérée à vigoureuse (> 3 MET) de manière «fortuite» (c'est-à-dire une AP non planifiée d'une durée inférieure à 10 minutes et s'accumulant en lots discontinus), des changements

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positifs dans la condition physique étaient tout de même générés (Ross & McGuire, 2011). Cette conclusion a créé un débat sur la notion de la dose optimale d’AP pour la santé car les recommandations préconisent que 75 minutes d'intensité vigoureuse ou 150 minutes d'intensité modérée par semaine permettrait d’obtenir des bénéfices pour la santé (WHO, 2010). Récemment, des auteurs ont aussi suggéré que le temps passé dans une position sédentaire devrait être considéré comme une composante indépendante des niveaux d’AP des personnes (Dunstan, Howard, Healy, & Owen, 2012). Ainsi, tout comme il est important d'augmenter le temps consacré à l’AP pour améliorer la santé métabolique, il serait important de diminuer le temps consacré aux activités sédentaires (Chastin, Palarea-Albaladejo, Dontje, Skelton, 2015). C’est ce que nous allons développer dans la partie suivante.

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2.1. Définition

Les données épidémiologiques indiquent que malgré la pratique de l'exercice physique, la plupart des adultes dans les pays occidentaux passent la majeure partie de la journée en position assise, devant la télévision, en lisant, ou en utilisant un ordinateur (Owen et al., 2010b). Pendant longtemps, le niveau de sédentarité dans la population a été déterminé par la mesure de l’état « physiquement inactif » (Sims et al., 2012). En effet, la plupart des questionnaires utilisés dans les enquêtes sur la santé, classent une personne dans la catégorie « active » si elle répond aux recommandations de faire au moins 150 minutes d’AP par semaine, et classent une personne dans la catégorie « inactive » si elle ne répond pas à ces recommandations (Haskell et al., 2007). Si les termes « sédentaire » et « insuffisamment actif » ont été et sont encore parfois utilisés de façon interchangeable, il est maintenant reconnu que ces deux termes ne doivent plus être utilisés pour décrire les mêmes

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comportements (Turi et al., 2018). Il a été donc nécessaire de les définir plus précisément, et de les distinguer dans les recherches en fonction des caractéristiques des groupes étudiés. En 2012, Tremblay et ses collègues proposent que le terme « sédentarité » corresponde à tout comportement dont la dépense métabolique est inférieure à 1,5 MET (Tremblay, Colley, Saunders, Healy, & Owen, 2010). Quant au terme « inactif physiquement », il devrait être réservé à la description des personnes qui n’atteignent pas les recommandations minimales en matière d’AP (Tremblay et al., 2010).

2.2. Les patterns d’accumulation du temps de sédentarité et leurs effets sur la santé

Depuis plus d’une décennie, des groupes de travail ont publié une série d'articles dans lesquels les effets physiologiques et moléculaires d'une sédentarité prolongée semblent se distinguer des effets observés chez les personnes passant trop de temps sans AP (Bey & Hamilton, 2003 ; Hamilton, Hamilton, & Zderic, 2004 ; Hamilton, Healy, Dunstan, Zderic, & Owen, 2008). Il est désormais considéré que la sédentarité prolongée est un facteur associé à une détérioration de l'état de santé.

En effet, il a été démontré que passer trop de temps en position assise ou allongée détériorerait rapidement la santé, en raison d’effets néfastes sur le métabolisme (Thyfault & Booth, 2011). Les mécanismes décrits sont des anomalies des processus de régulation du glucose (Fritschi et al., 2016), et le syndrome métabolique (Wennberg, Gustafsson, Howard, Wennberg, & Hammarström, 2014), affectant particulièrement les personnes qui regardent plus de 4 heures/jour la télévision dans une position assise. Le temps sédentaire a également été associé à une augmentation significative du risque de décès par maladie cardiovasculaire, diabète de type II, cancer et mortalité toutes causes confondues (Keadle, Moore, Sampson, Xiao, Albanes, & Matthews, 2015).

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Une revue de la littérature a mis en évidence que même des périodes d'inactivité de moins de 7 jours peuvent augmenter le risque métabolique (Saunders, Larouche, Colley, & Tremblay, 2012). Mais d'autre part, il a été démontré que les personnes qui interrompent de façon répétée leur temps en position assise (i.e., en passant de la position assise à la position debout ou debout et en marchant) ont un tour de taille plus petit, un indice de masse corporelle plus bas, des taux de triglycérides plus bas et d’une glycémie plasmatique plus basse après 2 heures. De plus, lorsque l’on divise l'échantillon en quartiles, on observe que le quartile qui a interrompu le plus souvent le temps de sédentarité avait un tour de taille inférieur de 6 cm par rapport au quartile qui l'a fait le moins souvent (Healy, Dunstan, Salmon, Cerin, Shaw, Zimmet, & Owen, 2008).

Une autre étude a récemment montré que les personnes en surpoids et obèses qui interrompent leur temps de sédentarité toutes les 20 minutes en marchant 2 minutes à une intensité légère ou modérée diminuent leurs niveaux de glucose et d'insuline post-prandiale. Ces constats pourraient s’intégrer dans une stratégie de santé permettant de réduire le risque cardiovasculaire, intéressante sur le plan thérapeutique, ainsi qu'en terme de santé publique (Dunstan et al., 2012).

Ainsi, les données semblent indiquer que la façon dont le temps de sédentarité est accumulé serait une variable également en lien avec la santé des personnes (Bankoski et al., 2011).

2.3. Recommandations en matière de sédentarité

Les définitions suscitées et les concepts décrits précédemment soulignent la nécessité d'inclure de nouvelles recommandations concernant la pratique d’AP, la réduction et l'interruption des habitudes sédentaires, afin d'améliorer la santé de la population. En 2012, il a été rapporté la nécessité d'étudier l’AP et le CS comme deux comportement distincts qui peuvent influencer indépendamment la santé (Wilmot et al., 2012). Ceci est d’autant plus important si l'on considère que «trop

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longtemps assis n'est pas la même chose qu’inactif physiquement» (Owen et al., 2010a). Cependant, certains auteurs ont signalé qu’il est prématuré d'élaborer des lignes directrices quantitatives en matière de CS à partir d'une base de données probantes qui sont en cours de développement. Malgré ce constat, de nombreux pays ont inclus des recommandations de réduction génériques et non quantitatives des CS dans leurs directives de santé publique et les appels en faveur d'objectifs quantitatifs de réduction du CS sont en augmentation (Stamatakis, Ekelund, Ding, Hamer, Bauman, & Lee, 2018). La France fait partie des pays qui ont pris en main ce défi et dans le Plan National de Nutrition, Santé (PNNS, 20162) les repères relatifs de la sédentarité ont été actualisés, en intégrant cette dernière indépendamment de l’AP.

Quel que soit le contexte (travail, transport, domestique, loisirs), il est recommandé́ : (1) de réduire le temps total quotidien passé en position assise, autant que faire se peut ; (2) d’interrompre les périodes prolongées passées en position assise ou allongée, au moins toutes les 90 à 120 min, par une AP de type marche de quelques minutes (3 à 5), en accompagnant ces pauses de mouvements de mobilisation musculaire. Ainsi, des travaux récents se sont intéressés aux effets spécifiques de la sédentarité sur la santé. Les données disponibles à ce jour montrent un changement majeur dans la définition de ce qu’est une personne sédentaire et active physiquement, et dans le même temps, soulèvent un nouveau défi pour leur évaluation.

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2Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective. Actualisation des repères du PNNS - Révisions des repères relatifs à l’AP et à la sédentarité. 2016.!

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Certaines études ont indiqué qu'en dépit du respect des recommandations en matière d’AP, le fait de consacrer beaucoup de temps à des activités sédentaires peut nuire aux effets bénéfiques de l'AP sur la santé (Ekelund et al., 2016). Le CS et l’AP seraient donc associés à des résultats indépendants sur la santé, mais l’interaction entre ces deux comportements n’est pas claire : il peut s’agir des effets physiologiques directs de chaque comportement ou du fait que dans une journée finie de 24 heures, l'engagement dans un comportement exige le déplacement d'un autre. En Europe, 28,6% de la population est physiquement active et pourrait présenter un niveau élevé de CS. De même, la population sédentaire pourrait présenter des niveaux élevés d’AP de faible intensité (Gerovasili, Agaku, Vardavas, &

Filippidis, 2015). De plus, de nouvelles preuves parlent d’un véritable «effet d'interférence» entre les avantages d’atteindre les recommandations en matière d’AP et les effets des CS (Ross, & McGuire, 2011). Inversement, les effets néfastes de la sédentarité sur la santé pourraient être améliorés si les personnes pratiquaient régulièrement une AP d'intensité légère (Dohrn, Kwak, Oja, Sjöström, &

Hagströmer, 2018). Ainsi il est important de tenir compte du niveau des participants simultanément sur ces deux comportements pour les intégrer de manière cohérente dans les analyses. Ceci a déjà été entrepris dans les travaux les plus récents.

Ainsi, ces articles démontrent qu'après ajustement sur le niveau d’AP, le temps consacré aux CS (e.g., s'asseoir, regarder la télévision, être devant un ordinateur) était associé à une incidence plus élevée de cancer (e.g., sein, côlon, rectum, endomètre et ovaire), de mortalité de toutes causes, de maladies cardiovasculaires et de diabète (Biswas et al., 2015). Ces effets étaient toutefois statistiquement plus faibles chez les personnes qui pratiquaient une AP élevée (Biswas et al., 2015). Indépendamment des niveaux d’AP, il existe aussi une relation inverse entre le temps passé à avoir des CS et le tour de taille, la pression artérielle

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diastolique et les marqueurs de risque cardiométabolique (Wijndaele et al., 2014).

Par ailleurs, le niveau d'adiposité serait lié aux niveaux d'AP, mais pas aux niveaux des CS (Harrington, Edwardson, Henson, Khunti, Yates, & Davies, 2016).

Les données précédentes montrent clairement que nous sommes confrontés à deux domaines complémentaires, mais qui exerceraient leurs effets sur la santé en partie via des mécanismes indépendants (Thyfault, Du, Kraus, Levine, & Booth, 2015). Ainsi des données épidémiologiques suggèrent que le CS peut augmenter le risque de mortalité précoce, même si les individus font régulièrement des exercices physiques (Van der Ploeg, Chey, Korda, Banks, & Bauman, 2012). De même, dans un autre échantillon d'adultes plus âgés, moins le temps passé devant la télévision était important, plus la prévalence du surpoids et de l'obésité était faible (Inoue et al., 2012).

Les estimations statistiques de ces études confirmeraient que la relation entre les niveaux de CS et la mortalité serait maintenue même chez les personnes physiquement actives (Katzmarzyk, Church, Craig, & Bouchard, 2009). Des modèles statistiques d’autre étude ont montré que, par exemple, la réaffectation de 10 minutes de CS à une AP d’une intensité modérée à intense a été associée à un tour de taille inférieur de 0,001 %, mais si 10 minutes de à une AP d’une intensité modérée à intense sont réaffectés avec un CS, cela a été associé à un tour de taille supérieur de 0,84 % (Chastin et al., 2015). La proportion de temps passé à avoir des AP légères et des CS était associée négativement à l'obésité et aux marqueurs de maladies cardiovasculaires, mais l'association avec les CS était plus forte. Ces simulations statistiques montrent que pour les marqueurs du risque de diabète, la réaffectation du CS par l’AP légère était associée à des résultats plus favorables.

Une étude qui a pris en compte ces éléments a examiné les effets de remplacement du CS (temps total en position assise, télévision/écran d'ordinateur combinés), du sommeil, de la position debout, de la marche et de l’AP modérée à vigoureuse sur la mortalité toutes causes confondues (Stamatakis et al., 2015). Les

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résultats ont montré qu’il y avait des associations bénéfiques lorsque le temps en position assise total était remplacé par la position debout (Hazard Ratio (HR) par heure : 95 % IC : 0,95, 0,94-0,96), la marche (HR : 95 % IC : 0,86, 0,81-0,90), l’AP modérée à vigoureuse (HR : 95 % IC : 0,88, 0,85 à 0,90) et le sommeil chez ceux qui dorment ≤ 7 h/jour (0,94, 0,90 à 0,98). Des associations similaires ont été observées pour le remplacement de la durée du temps passé devant un écran. Par contre, le remplacement d'une heure de marche ou d’AP modérée à vigoureuse par une autre classe d’AP était associé à un risque de mortalité accru de 7 à 18 %.

En conclusion, l’AP et les CS peuvent avoir de multiples déterminants ; ils peuvent être décrits par de multiples domaines, dimensions et déterminants, avec beaucoup plus de sous-groupes dans chacun. L’AP est donc un comportement complexe dans la mesure où elle intègre des principes comportementaux, physiologiques et biomécaniques spécifiques. Le CS est un comportement tout aussi complexe, qui partage de nombreuses caractéristiques avec l’AP mais qui est également décrite par d'autres caractéristiques telles que la posture, le statut ou le comportement associé. Il s'agit là d'un défi méthodologique pour l'évaluation de l'AP et des CS, compte tenu des limites ou des avantages possibles que les instruments ou mesures choisis pourraient présenter.

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La mesure des niveaux d'AP et des CS est devenue une priorité, car elle permet de déterminer leur fréquence et leur distribution dans la population (Young et al., 2016). Ces méthodes se doivent également d’être fiables, afin d'établir de façon rigoureuse, les relations entre AP et CS, les déterminants de leur adoption, et les différents indicateurs de santé (Sallis, Owen, & Fisher, 2015 ; Schmid, Ricci, Baumeister, & Leitzmann, 2016). Enfin, la qualité des méthodes de mesure est un

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prérequis indispensable pour évaluer l’efficacité des interventions ayant pour but de promouvoir les AP et de réduire les CS. La nécessité de disposer de méthodes valables et fiables pour mesurer ces comportements a conduit la communauté scientifique à développer et à utiliser un large éventail d'instruments (e.g., calorimétrie directe et indirecte, eau doublement marquée, accélérométrie, pédomètres, surveillance de la fréquence cardiaque, observation et questionnaires).

Les méthodes de mesure de l'AP et des CS peuvent être classées en méthodes objectives et subjectives. Dans les paragraphes suivants, nous décrivons rapidement leurs principes, et indiquerons les avantages et inconvénients qu’elles présentent (Tableau 1).

4.1. Les méthodes subjectives : Avantages et inconvénients

La collecte de données à l’échelle de la population est le plus souvent réalisée via des mesures subjectives de l'AP et des CS par le biais de questionnaires, de journaux de bord et d'enquêtes. Parmi ces outils, les questionnaires sont généralement les plus utilisés en raison de leur faible coût et de leur facilité d'administration, et sont considérés comme particulièrement utiles dans les études épidémiologiques et longitudinales à large échelle (Frehlich, Friedenreich, Nettel- Aguirre, Uribe, & McCormack, 2017). Un premier type de questionnaire, que l'on pourrait appeler de « détection » de l'AP et des CS, identifie l'AP pratiquée et donne un résultat sous forme d’une classification globale des sujets, comme actif à inactif (e.g., GPAQ : Bull, Maslin, & Armstrong, 2009 ; IPAQ : Wareham et al., 2003).

Un autre type de questionnaire quantifie l'AP en identifiant l'intensité, la fréquence, la durée et la quantité totale d'AP (Ainsworth, Jacobs, & Leon, 1993), et aboutit généralement à un indice (unités d'exercice) ou à une variable continue en MET/min (Shephard, 2003).

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Tableau 1. Description des principaux avantages et inconvénients des mesures subjectives et objectives.

Outil Avantages Inconvénients

Subjectives:

Questionnaire ou entretiens, Journal de relevé des activités.

-Comprennent le rappel qualitatif ou descriptif des comportements.

-Sont plus faciles à administrer aux groupes et sous-groupes de population.

-Sont peu coûteuses.

-Prennent peu de temps.

- Sont basées sur la capacité des personnes à se rappeler des activités et leur intensité.

-Présentent des sous-estimations et surestimations.

Objectives:

podomètres, accéléromètres, calorimétrie directe

-Sont adaptées pour l’évaluation individuelle.

-Sont très précises.

-L'information est présentée par une autre personne par le biais d'une observation directe ou d'un dispositif.

-Sont coûteuses.

-Impliquent l'analyse quantitative de données numériques.

-Peuvent prendre beaucoup de temps.

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Les questionnaires comportent plusieurs avantages (Kelly, Fitzsimons, &

Baker, 2016). Tout d’abord, ce sont l'un des moyens les moins coûteux pour obtenir des données quantitatives. Les études qui utilisent des questionnaires en ligne sont d’ores et déjà fréquemment utilisées et deviennent de plus en plus populaires (Gosling, Vazire, Srivastava, & John, 2004). Elles ont un coût particulièrement bas et elles permettent d'interroger un grand nombre de personnes en peu de temps. En plus d'être peu onéreux et flexibles, les questionnaires en ligne sont aussi un moyen pratique d'obtenir des données. Ils peuvent être ciblés et gérés de diverses manières. Il est ainsi possible de sélectionner les questions, la mise en page, le format (ouvert ou à choix multiples). C'est une façon de recueillir de grandes quantités de données sur des groupes ou des populations variées. Les questionnaires permettent également d’obtenir rapidement et facilement des réponses avec des outils mobiles : l’obtention d’informations en seulement 24 heures ou moins est tout à fait possible, selon l'échelle, la longueur, et la difficulté du questionnaire (Gosling et al., 2004).

Un autre point fort des questionnaires est leur multi-culturalité, car ils permettent d'obtenir des informations auprès d'un large public, d’horizons divers.

Sur Internet, les questionnaires peuvent être envoyés à n'importe qui, n'importe où dans le monde. Cela signifie qu'à un coût relativement faible, une étude peut être menée à l'échelle d’une ville ou d’un pays. La situation géographique n'est plus un obstacle pour la recherche. Cependant, il est essentiel de prendre en compte la présence de différences culturelles entre les populations et les pays lorsque l’on effectue des recherches internationales. Ce paramètre doit être intégré lors du choix des questionnaires ; autrement dit, la traduction, l’interprétation et la validation des questionnaires doivent être vérifiées (Bull, Maslin, & Armstrong, 2009).

Ces caractéristiques ont fait des questionnaires les instruments les plus utilisés en raison de leur caractère pratique, non invasif, de leur faible coût, de la facilité pour y répondre, et de leur acceptation générale (Craig et al., 2003). De plus, par

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rapport à d'autres méthodes de mesures, ils permettent de fournir des détails sur l'activité (Busschaert, De Bourdeaudhuij, Van Holle, Chastin, Cardon, & De Cocker, 2015) et, s’ils sont bien conçus, de mesurer de manière appropriée le niveau de l'AP (Van Poppel, Chinapaw, Mokkink, Van Mechelen, & Terwee, 2010) ou des CS dans leur globalité (Clark, Sugiyama, Healy, Salmon, Dunstan, & Owen, 2009).

Le Tableau 2 présente quelques questionnaires parmi les plus utilisés dans la littérature, ayant pour objectif l’évaluation du niveau d’AP et du CS. La plupart ont été conçus pour estimer l'AP dans ses aspects quantitatifs (i.e., par semaine, mensuellement, annuellement ; fréquence et temps de pratique) et pour détecter le type d'activités pratiquées (i.e., transports, travail, domestiques, de loisir).

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Tableau 2. Questionnaires pour l'évaluation du niveau d'AP et du CS.

Instrument Type Population Contexte n Âge (ans)

IPAQ -International Physical Activity Questionnaire- version courte/version longue (Wareham et al., 2003)

QA* Générale 12 pays 1923 15-69

GPAQ-Global physical activity questionnaire (Bull, Maslin,

& Armstrong, 2009)

QA Générale 9 pays 2657 18-75

Baecke Questionnaire (Baecke, Burena, & Frijters, 1982) DTA Générale Pays-Bas 309 19-31

LRC-Lipid Research Clinics questionnaire (Ainsworth, Jacobs, & Leon, 1993)

DTA Générale États-Unis 78 21-59

SIT-Q-7d (Wijndaele et al., 2014) QA/DTA Générale Belgique 62 20-60

SBQ-Sedentary Behavior Questionnaire (Rosenberg, Norman, Wagner, Patrick, Calfas, & Sallis, 2010)

QA/DTA Générale et en surpoids

États-Unis 49 20-40

*Note : QA = Quantité d’Activité ; DTA = Détection du Type d’Activité

Références

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