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Discours prononcé par M. Bouty aux obsèques de M. Bernard Brunhes

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Academic year: 2021

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HAL Id: jpa-00241573

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00241573

Submitted on 1 Jan 1910

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Discours prononcé par M. Bouty aux obsèques de M.

Bernard Brunhes

M. Bouty

To cite this version:

M. Bouty. Discours prononcé par M. Bouty aux obsèques de M. Bernard Brunhes. J. Phys. Theor.

Appl., 1910, 9 (1), pp.553-554. �10.1051/jphystap:019100090055300�. �jpa-00241573�

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DISCOURS PRONONCÉ PAR M. BOUTY

AUX OBSÈQUES DE M. BERNARD BRUNHES

«

C’est d’abord au nom de notre École normale et du vieux laboratoire de la Sorbonne, notre malheureux ami a passé les plus belles années de sa jeunesse, et où il a fait ses premiers travaux, au nom de ses cama- rades d’alors dont plusieurs sont parmi nous, qui y seraient tous s’il leur eût été matériellement possible de s’y rendre, que je prends la parole près

de cette tombe inopinément ouverte. C’est aussi, au nom du Bureau cen-

tral météorologique, auquel est rattaché l’observatoire du puy de Dôme et que j’ai l’honneur de représenter avec mon ami, M. Dongier. C’est

enfin au nom de M. Bayet, directeur de l’Enseignement supérieur, qui fut

recteur à Lille et y contracta pour Bernard Brunhes une estime très haute et une affection qui n’ont fait que s’accroître au cours d’une admi- rable carrière dont il a été, par ses hautes fonctions, le témoin le plus sympathique et le plus averti.

«

C’est une triste chose, quand l’élève passe avant le maître, lui laissant

au cceur un deuil quasi paternel. Tout notre être se révolte. Nous ne

comprenons pas qu’une vie si précieuse pèse si peu dans l’ordre univer- sel. Mais je sais que notre ami avait de sublimes espérances, qu’il eût,

sans doute, accepté la mort avec résignation, s’il l’eût sentie venir. Ne serait-ce pas insulter à sa mémoire que de désespérer ‘r

«

S’il est, trop tôt, arraché à notre affection, du moins Bernard Brunhes laisse-t-il derrière lui une couvre. Comme physicien d’abord, puis,

comme météorologiste, il a mis sa marque partout son esprit si vif

s’est attaché. Bien jeune encore, il fit preuve d’une maîtrise précoce en publiant, sur une matière difficile entre toutes, la réflexion interne dans les cristaux, une thèse de doctorat très remarquée. Ce n’est pas ici le lieu de passer en revue des mémoires dont la liste serait longue, de faire

ressortir la grandeur de la difficulté, l’élégance des méthodes, la préci-

sion des résultats. La haute optique, la thermodynamique, les rayons X, le magnétisme terrestre, les courants telluriques, tant d’autres sujets

l’ont successivement t occupé, toujours fructueusement. Et ce n’est pas seulement par de savants mémoires, accessibles seulement à quelques adeptes; c’est aussi par son active collaboration au Journal de physique,

par un enseignement dont tous ses auditeurs, à Lille, à Dijon et à Cler- mont, ont pu admirer la clarté et l’élégance ; par le livre ; par des articles de revue, des conférences; par tout ce qu’on pourrait appeler de très sa- vante, de très saine vulgarisation que Bernard Brunhes a contribué à élu-

cider, à répandre les pures doctrines scientifiques. La difficulté, l’obscu-

rité semblaient s’évanouir entre ses mains. Son livre sur la Dég7°adcetior~

due l’énergie est un modèle du genre. Rien de plus clair à la fois et de plus profond n’a été écrit sur ce sujet infiniment délicat, qu’il émaille partout de remarques neuves.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019100090055300

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«

Mais c’est parmi vous, à Clermont, qu’il laisse le meilleur témoignage

de son activité scientifique. Cet observatoire, créé, vous sanez au prix

de quelles luttes, par le vénéré M. Alluard, continué par ~~l. Hurion, ne pouvait être laissé dans de meilleures mains, ni plus habiles, ni plus

actives. M. Alluard a eu la joie, quand ses forces le trahissaient, de voir terminer son couvre par un autre lui-même, dans tout l’éclat de la jeu-

nesse, aussi vaillant, aussi convaincu, aussi ardent à la bataille qu’il

avait pu l’être j adis.

«

Quand Bernard Brunhes fut envoyé parmi vous, il n’avait pas eu l’occasion d’approfondir particulièrement cette science encore neuve qu’on

nomme la météorologie. Pourtant ceux-là seuls qui l’avaient suivi de

très près purent s’en douter, car il agit des la premièr e heure avec cette

autorité que donne beugle la science acquise, quand elle est unie au

caractère. Il engagea l’ésolumpnt son observatoire dans les voies les

plusnouvelles et les plus fécondes, déployant son activité à l’pncontre des difficultés d’ordre scientifique et d’ordre administratif, et tI’1o111phazlt partout, de haute lutte. Grâce à son énergie inlassable, à sa foi robuste,

il a su mener à bien t’0153uvre entreprise. Les concours moraux et pécu-

niaires ne lui ont pas manqué : un peu tardifs parfois; mais en somme

l’oeuvre est achevée. Grâce à l’Observatoire du puy de Dôme et à ses pre- miers directeurs, la France ne demeure pas en arrière dans le domaine de

lamétéorologie. Seul en France votre Observatoire estofficiellementaffilié à trois des grandes associations internationales, nominément pour l’étude du magnétisme terrestre, des grands mouvements du sol et des phéno-

mènes de la liaute atmosphère que nous révèle l’usage des ballons-sondes et des cerfs-volants de grande altitude.

«

La mort est venue surprendre Bernard Brunhes au milieu de travaux de premi er ordre, qu’il laisse inachevés. Son âme ardente a consumé

trop tôt une frêle enveloppe. On l’eût dit inlassable, tant il portait allègre-

ment la fatigue qui cependant le minait. Il semblait destiné à une éter- nelle jeunesse. Passionné pour la science, il n’a jamais craint de des- cendre dans la mêlée, quand des intérêts supérieurs lui semblaient en

jeu. Il mettait dans ces luttes une âpreté savoureuse dont il était bien

impossible de lui garder longtemps rancune, car jamais son intérêt per- sonnel ne sut l’énlouvoir. C’est pour son Observatoire, pour la science

qu’il se montrait combatif et obstiné, comme tant d’autres ne sauraient

l’être que pour leur intérêt égoïste.

«

II ~=faisait la joie et l’admiration de ses maitres. Il était la joie et l’orgueil des siens. Inclinons-nous bien bas devant la douleur de ses

enfants, de celle qui fut sa vaillante compagne, dans cette vie de travail et de dévouement. Il est des malheurs si grands que les paroles de con-

solati on meurent sur les lèvres. Mais votre douleur, Madame, est aussi

la nôtre. Ce sera la douleur de tous ceux qui, sachant élever leur âme au-dessus des soucis purement matériels, regardent habituellement en

haut et dépensent, comme l’a fait Bernard Brunhes, leur énergie au

service de ce qui leur paraît être la vérité et le devoir.

»

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