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Submitted on 1 Jan 1988
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Mortalité néonatale d’agneaux nés en plein air sans aide
de l’éleveur
Elisabeth Lécrivain, G. Janeau
To cite this version:
Elisabeth
LÉCRIVAIN,
G.JANEA
U INRA Unitéd’Ecodéveloppement
BP 91 84140 Mon tfavet * INRA Institut de Recherchessur les
grands
MammifèresBP 27 31326 Castanet-Tolosan Cedex
Mortalité
néonatale
d’agneaux
nés
en
plein
air
sans
aide
de
l’éleveur
En
plein
air,
le
taux
de mortalité des
agneaux
nés
sansaide de l’éleveur
est
deux
à trois
fois
plus
élevé
que
celui des
agneaux
nés
enbergerie.
Cette
mortalité n’est
pas
seulement due à
des
causesphysiques
et
biologiques
d’origine
animale
ou auxconditions
météorologiques
rigoureuses.
Dans
cette
situation
de
quasi
liberté,
le
comportement
des mères
est
unfacteur
important
de mortalité des nouveau-nés.
L’agnelage
enplein
airintégral
pose lepro-blème de la survie des
jeunes puisque
selonShelley
(1970),
Knight
et al(1979)
etSykes
(1982),
le taux de mortalité des agneaux atteint25 à 45 % à deux mois, avec 40 à 80 % de
mor-talité au cours des
premiers jours
de vie desagneaux
(De
Ricke 1982, Duchet-Suchaux1982). L’importance
de ce taux de mortalité estgénéralement imputée
aux conditionsclimati-ques, sans
qu’il
soit tenucompte
ducomporte-ment de la mère. Ainsi, la
majeure partie
despertes au cours des
premières
48 heures estattribuée aux
rigueurs
météorologiques
(Alexander
1966, Obst etDay
1968)
ou à lapré-dation
(Alexander
et al 1967,Rowley 1970).
Or,en
plein
air, les mises bas non assistées parl’éleveur sont
fréquemment précédées
d’unephase préparatoire
d’isolement et de recherche d’abri(Leclerc
et Lécrivain 1979, Lécrivain etJaneau
1987).
Une desquestions
est de savoirdans
quelle
mesure ce comportement de lamère avant
l’agnelage
influence le taux demor-talité des nouveau-nés. Les seuls auteurs
qui
soulignent
des troubles ducomportement
desmères
agnelant
enplein
airrapportent
despro-blèmes consécutifs à une mise bas difficile
(Alexander
1960)
ou un désintérêt pour lejeune
(Arnold
etMorgan
1975),
cescomporte-ments étant observés avec des
charges
animalessupérieures
ouégales
à 45 brebis par hectare.Quant
aux auteursayant
étudié les causesmor-talité dans des situations
d’élevage
extensif,
ilsl’ont fait à
partir
des seules données issues del’examen des cadavres des agneaux et
consta-tent une
importante
mortalité par inanition sanspouvoir
déterminerl’impact
ducomporte-ment de la mère
(Rowley
1970, Houston1977).
Nous avons donc cherché àdégager quelle
pourrait
être l’influence du comportement de lamère dans des conditions
d’élevage
à caractère extensif(c’est-à-dire
dans des milieux peupro-ductifs,
soumis à unchargement
animalinfé-rieur à 5 brebis par
hectare)
afin dequantifier
lapart
de mortalitéimputable
à l’état desani-maux et celle
imputable
à leur comportementet à l’environnement.
1
/ Conditions
expérimentales
Cette étude a été réalisée dans le Sud de la
France sur le
plateau
du Causse du Larzac, à 800Résumé
-L’agnelage
enplein
airintégral
a été observépendant
4 années dans untroupeau
d’une
cinquantaine
de brebis Lacaune élevées sur le Causse du Larzac(Aveyron).
Letaux de mortalité des agneaux à 48 h s’élève à 24 %. Dans ces
conditions,
33,5 % de cette mortalité sont attribués à des causesphysiques
oubiologiques
relatives auxmères et aux
nouveau-nés,
38,5 % aucomportement
des mères et 12 % auxrigueurs
des conditions
météorologiques,
16 % des causes de mortalité restent inconnues. Parmi les 38,5 % des causes de mortalité dues aucomportement
desmères,
le noniso-lement
pre-partum
occasionne 7 % demortalité ;
cette cause de mortalité affecteplu-tôt les agneaux des femelles
primipares
qui,
s’éloignant
en moinsgrand
nombre queles femelles
multipares
pour mettrebas,
sontdérangées
par laprésence
dutroupeau
au moment de la reconnaissance de leur agneau. Par contre, le
comportement
d’isole-ment expose les nouveau-nés à la
prédation
et/ou favorise leurdisparition,
provo-quant 5 % de mortalité. Cette cause de mortalité affecte
plutôt
les agneaux nés defemelles
multipares (puisqu’elles
s’isolentplus
que les femellesprimipares)
ainsi que ceux desportées
doubles. Enfin 26,5 % de la mortalité due aucomportement
desmères résultent de troubles de
comportement
maternelqui
conduisent aurejet-aban-don des nouveau-nés ; cette cause de mortalité concerne 8 fois
plus
les agneaux des femellesprimipares.
La mortalité moyenne due aux conditions
météorologiques
est de 12 %. En fait ce tauxde mortalité est très
variable,
il fluctue selon les années en fonction des aléasclimati-ques entre
0 et 27 %.Ainsi,
même sipar vent fort (
33 m/s),
plus
de la moitié des brebisse
réfugient,
pour mettre bas àl’abri,
dans des zonesarbustives,
cette utilisation d’abris ne suffit pas àprotéger
les nouveau-néslorsque
ce vent fort estaccompagné
depluies
intenses. C’est ainsi que le taux de mortalité dû auxintempéries
triple
lesm
d’altitude,
au domaine IN1ZA de LaFage
(Avey-ron).
Le mêmetroupeau
y a été observé durant lespériodes d’agnelage
de 1976, 1980, 1981 et 1982.1.
1
/
Le
troupeau
Le
troupeau
a été constitué en 19 72 pour la pro-duction deviande,
àpartir
de brebis issues d’untroupeau
laitier. Il estcomposé
en moyenne pourles quatre années d’étude par 49 individus dont 82 % de femelles adultes. Tous les animaux, de
race Lacaune, sont nés sur parcours
excepté
en 1976 où il reste 6 brebisoriginaires
dutroupeau
laitier.Depuis
sa constitution, letroupeau
estconduit en
plein
airintégral
avec unecharge
ins-tantanée de 1,9brebis/ha
au moment desobser-vations de 1976
(parc
de 30ha)
et 3,8brebis/ha
en1980,1981 et 1982
(parc
de 12ha).
Les animaux senourrissent à
partir
de lavégétation
surpied
etreçoivent
encomplément,
pendant
lapériode
d’agnelage,
du foin(1 kg
brut/brebis/jour)
et del’orge aplatie (300
g brut/brebis/jour).
L’eau estfournie à volonté par une citerne située à
l’opposé
du lieu de distribution des
aliments,
defaçon
à inciter les animaux à utiliser toutl’espace
mis àleur
disposition.
Lepic
d’agnelage
a lieu en avril.Les mises bas s’étalent en moyenne sur 3
semaines
(fécondation
en luttenaturelle).
Latonte a lieu en
juillet, après
le sevrage.Parmi les 196 brebis
présentes
au cours de cesquatre
périodes
156 dont 124multipares
et 32pri-mipares
ont donné naissance à 266 agneaux.1.
2
/
Conditions
climatiques
Le climat à
l’époque
del’agnelage
est celui d’unerégion
de moyenne altitude sous influenceconjuguée
atlantique
et méditerranéenne.Durant cette
période,
lestempératures
minimalesj ournalières
varient entre - 3,5&dquo; C et + 9, 5° C et lestempératures
maximalesjournalières
entre 0° Cet + 27,5° C. Le
régime
des vents est leplus
sou-vent d’Ouest ou de Nord-Ouest et leurs vitesses
dépassent
souvent 3 m/s(11 km/h).
Lesprécipita-tions sous forme de
pluie
atteignent
selon les années 21 à 127 mmrépartis
sur 3 à 16jours
avec au maximun2 j
ours deneige
parpériode
de misebas. Les
principales
variationsclimatiques
inter-annuelles sont
précisées
dans le tableau 1.Ces données
météorologiques
recueillies sur ledomaine
expérimental
ont étécomplétées
sur le terrain par des mesures àproximité
immédiatedes animaux
(température, hygrométrie,
vitesseet orientation du vent,
appréciation
du couvertnuageux).
1.
3
/ Milieu
végétal
La
végétation
est celle d’une landetypique
des milieux de Causse. Elle se caractérise par uncou-vert herbacé dominant et une strate arbustive
occupant
7 à 48 % de la surface totale. Ils’agit
essentiellement d’arbustes àfeuillage
persistant
(buis
etgenévrier)
avecçà
et là desbosquets
d’ar-bres et d’arbustes à feuillescaduques (noisetier
etprunelier).
).
2
/
Méthodes
2.
1
/ Observation des animaux
Les animaux ont été suivis par observation directe sur un total de
80 j
ournées.
Toutes lesbre-bis,
numérotées sur lesflancs,
ont été individuel-lementrepérées
à raison d’une localisation toutesles deux
heures,
du leverdu
jour
à la tombée de lanuit
(de
5 h à 19 hGMT),
de manière à suivre leur éventuel isolement parrapport
autroupeau
(iso-lement
= éloignement
du groupesupérieur
à 50mètres).
Leurposition
et leur activité(pâturage,
repos
debout,
reposcouché,
déplacement)
ontété directement transcrites sur une carte au
1/1000°. A
chaque
pointage
toutes les brebis étaient observées attentivementquelques
ins-tants afin de
repérer
des traitscomportementaux
pouvant
correspondre
àl’approche
d’une misebas
(tendance
às’éloigner, fréquence
élevée dechangements
de position...). Les
agneaux,identi-fiés et
pesés
plus
de deux heuresaprès
leurnais-sance de
façon
à cequ’il
n’y
ait pas d’interventionhumaine au début de la mise en
place
du lienmère-jeune,
ont étépositionnés
en même tempsque les brebis
jusqu’à
leurintégration
au trou-peau soit entre 2 et 72 heuresaprès
leurnais-sance.
2.
2
/
Diagnostic
de
mortalité
Quand
un agneau mort étaitretrouvé,
cequi
nefut
peut-être
pastoujours
le cas, il était soumis àun examen
systématique
externepuis
interne. Tout d’abord nous examinions l’état du corpsselon la méthode décrite par
Rowley (1970)
afin derepérer
d’éventuelles traces résultant del’atta-que d’un
prédateur.
Puis nousprocédions
àl’au-topsie
afin de vérifier l’état desprincipaux
organes internes
(appareils
respiratoire
etdiges-tif).
Quand
noussupposions
que la mort dunou-veau-né
pouvait
être liée à une insuffisancenutri-tionnelle,
nous examinions l’état et lenotant la
présence
suffisante ou non de lait. En1976, les causes de mortalité n’ont pu, dans 10 cas sur 27, être déterminées. Aussi à
partir
de 1980,avec l’aide d’un vétérinaire, nous avons amélioré notre méthode de
diagnostic
en suivant celle deCedraz de Oliveira
(1978),
c’est-à-dire enportant
une attentionparticulière
au tissuadipeux
brunpérirénal
qui,
se catabolisant au cours de lather-mogénèse, permet
de suivre l’état des réservesénergétiques
du nouveau-né(Portet 1983).
Ainsiles causes de mortalité ont pu être identifiées
dans tous les cas les années suivantes
(1980, 1981,
1982).
3
/ Résultats
__ _____
3.i
/ Bilan
global
de la mortalité
Le taux de mortalité a été calculé à
partir
ducomptage des agneaux morts ou
disparus
(morta-lité observée par défaut : certaines
disparitions
àl’intérieur de
portées
doubles outriples
au coursd’un
agnelage
nocturne pouvant ne pas avoir étérepérées) auxquels
ont étéajoutés
les agneauxsauvés par l’intervention du technicien
d’élevage
echargé
de la conduite du troupeau(mortalité
cor-rigée).
Celui-ci est intervenusystématiquement
sur les
portées
triples
en conduisant dans uneunité d’allaitement artificiel 2 agneaux sur 3
(ceux
jugés
lesplus
faibles).
Ainsi le taux demor-talité des agneaux à 48
h,
calculé sur les troistypes de
portées (simple,
double ettriple),
s’élèveà 23 % pour la mortalité observée et 30 % pour la
mortalité
corrigée
(tableau
2).
L’analyse
des causes de mortalité n’a étéréali-sée que sur la mortalité observée des
portées
sim-ples
et doubles(le
techniciend’élevage
étant intervenu sur lesportées
triples).
Celle-ci s’élèveà 24 % soit 57 cas de mortalité
enregistrés parmi
les 236 agneaux nés dans ces deux types depor-tées
(tableau
3).
Lamortalité
à 48h
a été de 24%
en moyenne sur les 4 ans. Lecomportement
des
brebis
est àl’origine
deplus
du tiers deL’isolement a un
effet favorable dans la mesure où il évite au
couple
mère-jeune
d’être
dérangé
par le
troupeau,
mais aussi un effet
néfaste
puisqu’il
favorise ladisparition
desagneaux ou
leur
attaque
par desprédateurs.
Un tiers de la mortalité observée est due à des
causes
physiques
oubiologiques d’origine
ani-male,
non directement liées à leur comportement(33,5
%).
Ces causes sont relativement aisées àidentifier et à attribuer soit à l’état de la mère :
dystocie, problème
deproduction
laitière,
hyper-trophie
mammaire(28 %)
soit à l’état dunou-veau-né : accidents à la naissance, malformation/
manque de vitalité
(5,5
5 %).
L’étudeportant
sur lespertes
précoces
n’a montré aucune mortalitéd’origine
microbienne,
virale oumétabolique.
Un autre tiers de la mortalité est lié au compor-tement des mères
(38,5 %).
Dans ce cas les causesidentifiées sont soit relatives au
comportement
pre-partum d’isolement
(12 %)
soitimputables
àun trouble du comportement maternel
propre-ment
dit, juste après
laparturition
(26,5
%).
Enfin lesrigueurs
météorologiques
causent enmoyenne 12 % de mortalité.
Restent 16 % des cas de mortalité que l’on n’a pas su identifier lors de sa
première
année d’ob-servation.3.
2
/ Effet année
La mortalité due aux conditions
météorologi-ques est fortementmarquée
par un effet année(tableau
4).
Ainsi les 12 % de mortalité calculés sur 4 ans
masquent un
risque
annuel trèsvariable ;
nulle en 1980, 1981 et 1982, la mortalité liée auxintem-péries
atteint 27 % en 1976(année
particulière-ment froide etpluvieuse :
voir tableau1).
Notons,pour
information,
que les cas de mortalité dus auxhypertrophies
mammaires(4)
et auxdysto-cies
(4)
enregistrés
cette mêmeannée,
ne révèlent pas un effet année proprementdit,
maistradui-sent les
conséquences
del’origine
du troupeauqui
a été constitué en 1972 àpartir
d’animauxlai-tiers de réforme.
3.
3
/ Influence de la taille de la
portée
Globalement,
on constate que la mortalité estplus
forte dans lesportées
doubles que dans lesportées
simples :
28 % contre 13 %(tableau 3).
Sil’on exclut les cas de mortalité pour des causes
inconnues dans les
portées
doubles(9
sur174),
ils’avère que le taux de mortalité
plus
élevé dans lesportées
doubles estprincipalement imputable
àdes causes
physiques
oubiologiques (1
cas sur 8 pour lesportées simples
contre 18 cas sur 49 chez lesdoubles)
alors que les causes liées auxcom-portements
des mères sontmajoritaires
dans lesportées simples
(6
cas sur 8 contre 16 sur 49 dans lesportées doubles).
3.
4
/
Analyse
des
causesde mortalité
liées
aucomportement
des
mères
et
auxconditions
météorologiques.
a / Influence du
comportement
avantagnelage
L’isolement et la recherche d’abri
coupe-vent
mis antérieurement en évidence
(Lécrivain
etJaneau
1987)
sont deux comportementspre-par-tum propres aux conditions
d’élevage
enplein
airintégral.
Ils mettent les nouveau-nés dans des conditionsparticulières.
Ils’agit
de savoir si cescomportements ont une influence sur la survie
des
jeunes.
-
Conséquences antagonistes
de l’isolement L’isolement pre partum a un effet favorabledans la mesure où il évite les
multiples
dérange-ments que l’on constate entre les individus des
couples
non isolés. Ainsi chez les mères noniso-lées,
lesperturbations par le
groupe, àl’origine
de l’abandondu
jeune, provoquent
7 % de mortalité(tableau
3).
Cette mortalitéreprésente
9 % des 32 2mises bas
enregistrées
dans des conditions denon isolement.
L’isolement pre-partum a un effet défavorable
dans la mesure où il favorise la
disparition
des agneaux ou leur attaque par desprédateurs.
Ainsice
comportement
est àl’origine
de 5 % de lamor-talité par
disparition prédation
des agneaux(tableau 3),
aucun casn’ayant
étéenregistré
chezles femelles non isolées. Parmi les trois agneaux
disparus
un seul a été retrouvé. Ilportait
destraces au cou,
caractéristiques
d’une attaque derenard. La
pesée
immédiate de ce nouveau-néâgé
éde 48
heures,
indiquant
uneprise
depoids égale
à 600 g, prouvequ’il
avait tété normalement.L’exa-men du tissu
adipeux
brunpérirénal,
ne mon-trant pas dethermogenèse
excessive, atteste quel’animal n’avait pas souffert de froid. D’autres
j eunes,
issus de troupeaux voisins, ontégalement
été découverts morts, dans des terriers
proches
occupés
par desrenardeaux,
malgré
unecorrect de leur tissu
adipeux
brunpérirénal.
Cesobservations nous conduisent à penser que,
mal-gré
leurvigueur,
ces agneaux ont été chassésvivants. Il faut
souligner
que seules des femellesayant
mis bas des doubles ont été touchées. Cetteplus grande
vulnérabilité peuts’expliquer
en par-tie par lastratégie
d’attaque
du renardqui
tourne autour de la mère et deses j
eunes, cherchant à lesséparer
pour saisir l’un des agneaux. Cetteplus
grande
vulnérabilité doitégalement
affecter lesagneaux des
portées
triples.
- Effet des conditions
météorologiques
sur lenouveau-né : insuffisance de l’utilisation des arbustes comme abri
Même si le taux d’utilisation des abris naturels
passe de 50 % à
plus
de 75 %quand
la vitesse duvent atteint ou
dépasse
3 m/s(Lécrivain
et Janeau
1987),
on constate que cette recherche d’abri nesuffit pas à
protéger
totalement les nouveau-nés. Eneffet,
unemoyenne
de 12 % de la mortalité desagneaux est
imputée
à certaines conditionsmétéorologiques
rigoureuses :
non pas auxtem-pératures extrêmes,
mais à lapluie
accompagnée
de vent(tableau 3).
Ainsi avec desprécipitations
faibles <__8
mm),
l’augmentation
de la vitesse duvent n’a pas d’effet sur le taux
global
de mortalité(tableau
5).
Mais si au vent
s’ajoute
unepluie
intense oupersistante,
le tauxglobal
de mortalité croît demanière très
significative.
Il atteint 70 % desnais-sances les
jours
de vent fort(!3 m/s)
et depluie
importante
(>8
mm)
contre 18 à 25 % dans des conditions moinsrigoureuses.
Eneffet,
si l’onpeut penser que les animaux améliorent leur
confort
lorsqu’ils
se tiennent lelong
desarbustes,
ils n’en sont pas moins mouillés
lorsque
lapluie
dure. Cet état affecteparticulièrement
lesnou-veau-nés. Il s’ensuit un ralentissement de leur
vitalité
qui
se traduit par une réduction dunom-bre de leurs
réponses
aux stimuli maternelsconduisant habituellement à la tétée.
b / Influence du
comportement
maternel : effet dela
parité
des mèressur leur
comportement
de
rejet-abandon.
Globalement le
risque
de mortalité lié aucomportement
des mères est 4 foisplus
élevépour les agneaux des femelles
primipares
que pour les agneaux des femellesmultipares
(tableau
6).
On constate que
parmi
les trois causes demortalité relevant du
comportement
des mères,le
rejet-abandon
est laprincipale
origine
decette différence. Ainsi le taux de mortalité
imputable
aurejet-abandon
du nouveau-né parNon-isolement
et
perturbation
par le groupeDérangées par la présence du groupe, les femelles
non isolées sont à la fois attirées par leurs
congé-nères et par le nouveau-né. Ainsi certaines mères
ne réussissent pas à maintenir un contact suffisam-ment étroit avec leur jeune et le phénomène
s’ag-grave si une brebis étrangère s’approche (il s’agit en
général d’une femelle sur le point de mettre bas).
Dans ce cas la mère tente de repousser l’intruse et passe alors plus de temps à surveiller la « voleuse »
potentielle qu’à s’occuper de son agneau. L’intruse
quant à elle, s’avance vers le nouveau-né et si
pos-sible, l’attire en le léchant La confusion s’installe
chez le jeune qui se tourne autant vers l’étrangère
que vers sa mère, à un moment où leur lien n’est pas encore suffisamment établi pour que l’agneau puisse différencier les deux brebis. Une fois le trou-ble établi et alors que l’intruse est sur le point de mettre bas, cette dernière s’éloigne, la plupart du
temps, de celui qui a été l’objet de ses convoitises. Ce type de perturbation conduit les nouveau-nés,
peu aidés par leur mère mais pas forcément
repous-sés, à ne pas téter ou à téter insuffisamment pour
survivre. Ainsi cet ensemble de comportements
conduit rarement en plein air à un vol définitif : parmi
les 49 mises bas observées sans interruption entre 2 et 12 heures, un seul agneau détourné puis adopté
a été élevé jusqu’au sevrage. Dans ce cas le couple
« voleuse - jeune détourné » avait eu le temps d’éta-blir un lien suffisamment stable, avant la propre mise bas de la mère adoptive (48 h après) qui délaissa
Le
comportement
de
rejet-abandon,
à
l’origine
du
quart
de la
mortalité,
estbeaucoup
plus
fréquent
chez
lesprimipares
que chezles
multipares.
la mère s’élève à 26,5 % de la mortalité totale
(tableau
3).
Cecomportement
estenregistré
huit fois
plus
souvent chez les femellesprimi-pares que chez les femelles
multipares (Tableau
6).
Le faible nombre de femellesprimipares
de1 an observées ne nous permet pas de tester
l’influence de
l’âge
des femellesprimipares
surle comportement de
rejet-abandon.
Par contre ce comportement noté chez les femellesmulti-pares
correspond,
dans les quatre casobservés,
à la
répétition
d’unrejet
enregistré
l’annéepré-cédente. Enfin
parmi
les 15 agneaux chassés oudélaissés et morts
d’inanition,
nous n’avonsobservé
qu’un
casd’adoption (ne
s’agissant
pas, dans ce cas, d’unvol) ;
celui-ci est survenuà la suite d’un
rejet
de la part d’une femellepri-mipare.
Ceci n’a pasempêché
la mèreadoptive
(également
une femelleprimipare)
de mettrebas 24 heures
plus
tard et d’éleversimultané-ment deux
jeunes jusqu’au
sevrage.4
/
Discussion-Conclusion
L’agnelage
enplein
air dans ungrand
parc secaractérise par
l’expression
relativement libredu comportement des
brebis,
par la non assis-tance de l’éleveur et par des conditionsatmo-sphériques
variablespouvant
êtrerigoureuses.
Dans cesconditions,
la mortalité des agneauxayant pour
origine
lecomportement
des mèresreprésente
plus
du tiers de la mortalité totale.Le
comportement
d’isolementpre-partum
favorise des soins maternels attentifs envers lesnouveau-nés et soustrait les
jeunes
auxéven-tuelles mères « voleuses ». Sous cet
angle,
lecomportement d’isolement diminue de 7 % les
risques
de mortalité des agneaux. Mais cetiso-lement
présente
un effet pervers enexposant
les agneaux à des
risques
deprédation
et enfavorisant leur
disparition.
Ainsi il augmenteles
risques
de mortalité de 5 %. Dans nosconditions
d’élevage
seuls les agneaux isolés ont étéattaqués
par desprédateurs ;
maisGluesling (1977)
observe,
dans le Montana, quemême des agneaux
périphériques
au troupeau,c’est-à-dire moins
éloignés
du groupe que dansnotre
étude,
peuvent êtreattaqués
par descoyotes.
D’après
labibliographie
laprédation
s’effectue essentiellement sur des agneauxmorts ou faibles. Nous avons observé pour
notre part que même des agneaux en bonne
santé, étaient
emportés,
parfois
bienaprès
leurspremières
48 heures de vie. Mac Adoo etKebe-now
(1978)
suspectent même que la vitalité desagneaux les rend
plus
attractifs.D’après
lesobservations faites par Alexander et al
(1967),
comme
d’après
lesnôtres,
il est manifeste que les renards tuent pour nourrir leursjeunes.
Enfin,
ilapparaît
que les agneaux des femellesmultipares,
qui
présentent
uneprobabilité
d’isolement deux fois
plus grande
que lesfemelles
primipares
(Lécrivain
etJaneau
1987),
ont
plus
derisques
d’êtreattaqués
par unpré-dateur, risques augmentés
lorsqu’ils
s’agit
d’une
portée
double.Quant
aux femellesqui
restent dans le groupe pour mettrebas,
on noteleurs difficultés à
garder
un contactprivilégié
avec leur
jeune
permettant la mise enplace
d’une relation solide entre eux. Dans ce cas ce sont les
jeunes
des femellesprimipares,
dont laprobabilité
de mettre bas au sein du groupe est trois foissupérieure
à celle des femellesmulti-pares,
qui
sontprédisposés
à être délaissés. Utilisés comme « coupe vent », les abris naturels restent inefficaces contre lapluie ;
dans des conditions difficiles de vent fort et depluie
intense, ces abris neprotègent
pas suffi-samment les agneaux. Selon nos observationsle taux de mortalité dû aux conditions
météoro-logiques
peut fluctuer selon les années entre 0et 27 %. Pour
prévenir
cet effet ilsemble,
selonWatson et al
(1968)
que seul un abri couvertpuisse
être efficace. Mais un telaménagement
pourrait
empêcher
les brebis des’isoler,
à moins dedisperser
dans l’enclos despetits
abris artificiels couverts.
En ce
qui
concerne lecomportement
mater-nel nos résultats montrent que le quart de la mortalité
totale,
soit 26,5%,
est dû aurejet-abandon des agneaux. Avec une densité
ani-male de 45 brebis par
hectare,
plus
élevée que lanôtre,
Arnold etMorgan
(1975)
n’enregis-trent que 16 % de mortalité liée à ce
comporte-ment ; mais il
s’agit
de races différentes dontcertaines, telle la race
Mérinos,
sontréputées
plus
grégaires
que les brebis de race Lacaune.Le taux d’abandon des agneaux n’est pas, dans
notre cas,
plus
important
dans lesportées
dou-bles que dans lesportées simples
comme l’ontnoté Alexander
(1960)
ouHight
etJury
(1969).
Mais nous avons constaté par contre que ce
taux d’abandon était
lié,
comme pour l’isole-ment pre-partum, à laparité
des femelles.Ainsi, nos résultats
indiquent
que les agneauxplus
touchés queles
agneaux des femellesmul-tipares
cequi
est en accord avec les résultatsdArnold et Dudsinski
(1978).
En fait il sembleque
l’expérience
des mères soit déterminantedans l’intérêt
qu’elles
portent
à leurjeune
agneau. Il est donc nécessaire que la
première
mise bas se déroule sansproblème
majeur
comme cela avaitdéjà
étéévoqué
par Havet(1983).
Biensûr,
cette différence decomporte-ment entre les femelles
primipares
et les femellesmultipares
n’est passpécifique
auplein
air. Elle adéjà
été observée enbergerie
(Raksany
1979, Poindron1981)
mais, dans cesconditions,
elles’estompe
au cours des troispremières
heuresaprès
la mise bas comme l’amontré Poindron
(1981)
alorsqu’en
plein
air,l’environnement
plus
rigoureux
ne favorise pasd’amélioration. La
parité
des brebis est donc unfacteur de
risque important
à considérer dansune situation
d’élevage
oùl’agnelage
n’est pasassisté.
La mortalité moyenne des agneaux à 48
heures, enregistrée
enplein
air, est deux foissupérieure
à celleenregistrée
enbergerie.
Elle estégalement
deux foissupérieure
à cellerap-portée
par Clutton-Brock et al(1982)
pour desfaons vivant à l’état sauvage. Mais ce type de
comparaison
doit être considéré avecbeaucoup
de
prudence.
Eneffet,
il estimportant
de tenircompte, pour les animaux sauvages, de leur
âge
à la
première
misebas,
de leur fertilité et de leurprolificité
sur toute la durée de leur vie. Ainsi parexemple,
une biche élèvera sur 13-14 ans d’existence 4 à 6 faons alorsqu’une
brebis devraproduire
8 à 10 agneaux au cours de 7-8ans.
Pour diminuer cette mortalité en
élevage,
il est nécessaire de suivrequelques règles
élé-mentaires. Ces
règles
doivent s’inscrire dansune
logique d’élevage
enplein
air cequi
signi-fie des investissements limités et une
surveil-lance minimum.
Pour réaliser peu
d’investissements,
ontablera sur le choix d’animaux résistants
plutôt
que sur la mise à
disposition
depetits
abriscouverts. La constitution d’un
troupeau
deplein-air
devra se réaliser surplusieurs
années :au
départ,
on choisira un lot de brebis en bonétat et pour augmenter la taille du troupeau on
sélectionnera les agneaux
ayant
survécu àl’agnelage
sans assistance et àl’élevage
enplein
air.La surveillance minimum
portera
sur 4points
essentiels :- distribution du
complément
alimentaire àl’écart du
point
d’eau afin de favoriser uneutili-sation maximale du parc.
- réforme
drastique
des brebisincapables
demener leurs agneaux
jusqu’au
sevrage deuxannées de suite, que ce soit pour des
problèmes
de nature
physique
oubiologique
(conforma-tion,
hypertrophie
mammaire,production
lai-tière)
ou desproblèmes
de naturecomporte-mentale
(brebis
incapables
des’éloigner
dutroupeau).
- contrôle
systématique
ducomportement
maternel des femelles
primipares, quitte
à lesregrouper pour les surveiller
plus
facilementlors de leur
première
mise bas et àopérer
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