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Bois tropicaux

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Academic year: 2021

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THINK • STIMULATE • BRIDGE

CYCL O PE

ARCADIA

Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa

C’est le visage d’une Afrique légèrement rassérénée qui est

apparu en 2016. Si la croissance mondiale est restée assez terne et le commerce international atone, le rebond des prix de nombreuses matières premières et le maintien d’une dynamique d’investissement ont, en effet, quelque peu soufflé sur les nuages menaçants qui avaient obscurci le ciel de son économie en 2015. Une légère embellie donc qui illustre la résilience dont ont fait preuve nombre de pays africains mais qui ne peut faire oublier que l’hétérogénéité du continent demeure, tant au regard des performances économiques des pays qui le composent que de la conjoncture des différents marchés de commodités (agricoles, minérales, énergétiques) auxquels il est exposé.

Une année 2016 qui a, par ailleurs, été marquée par des évènements poli-tiques ou géopolipoli-tiques majeurs dont les conséquences ne peuvent être négligées. Car s’intéresser à l’Afrique et les marchés mondiaux de matières

premières, c’est embrasser d’un même regard la réalité des marchés du

cacao ou du café, celui du minerai de fer, du pétrole, du gaz, du cuivre ou du phosphate tout en observant avec acuité les mutations structurelles du continent. C’est pouvoir apprécier le développement économique de nombreux pays africains sans oublier l’importance des défis économiques, logistiques ou humains que le continent se doit encore de relever. C’est aussi pouvoir multiplier et croiser les analyses, qu’elles soient écono-miques, juridiques, financières ou géopolitiques: l’approche que le rapport Arcadia tente, précisément, de développer au travers, notamment, de ses chapitres sur la sécurité alimentaire et les politiques agricoles africaines, sur le financement des économies africaines, sur la géopolitique régionale, sur la réforme des codes miniers ou sur la question essentielle de l’électrifi-cation du continent.

L’Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa (Arcadia) est rédigé par une trentaine d’experts internationaux sous la direction de Philippe Chalmin, Professeur à l’Université Paris Dauphine et Yves Jégourel, maître de conférences à l’Université de Bordeaux et Senior Fellow à l’OCP Policy Center. Le rapport Arcadia s’inscrit dans le cadre d’une colla-boration entre CyclOpe et l’OCP Policy Center.

L’Afrique

et les

marchés mondiaux

de matières premières

L’Afrique et les mar

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Co ncept ion gr aph iqu e :Clair e Mabille -www .clairmab.com, phot os© istoc kph ot o.c om

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sous la direction de

Philippe Chalmin

et Yves Jégourel

ARCADIA Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa CYCL O PE

THINK • STIMULATE • BRIDGE

ISBN OCP Policy Center : 978-9954-9636-8-5 ISBN Economica : 978-2-7178-6977-4 49 € www.cercle-cyclope.com www.ocppc.ma

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CADIA

www.economica.fr

Ceci est une épreuve PDF 100dpi pour BAT

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L’Afrique

et les marchés mondiaux

de matières premières

Sous la direction de Philippe CHALMIN

et Yves JÉGOUREL

N

2017

49, rue Héricart, 75015 Paris

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© Ed. ECONOMICA et OCP Policy Center, 2017 Tous droits de production, d’adaptation et d’exécution

réservés pour tous les pays.

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Arcadia 2017 / IX

Sylvie CORNOT-GANDOLPHE Présidente SCG Consulting Charbon vapeur

Medhi EL KADIRI Chargé de mission auprès Chapitre III (Financement, de la Direction générale, dépenses et politique Groupe OCP d’investissement…)

Jean-Christophe DEBAR Directeur, Fondation pour l’agriculture Chapitre IV (Organisation et la ruralité dans le monde (FARM) du commerce mondial, sécurité alimentaire et politiques agricole…) Anne GUILLAUME-GENTIL Directrice associée Chapitre I (Evolution prix

de Commodafrica matières premières et perspéctives

macroéconomiques…) Dominique GUYONNET Direction de la Stratégie Petits métaux

et de la Recherche, BRGM

Amandine HOURT Chargée d'études économiques, Sisal et fibres dures, FranceAgriMer Thé

Helga JOSUPEIT Chercheur, marché des produits Produits de la mer de la mer (Rome, Italie)

Alain KARSENTY Économiste, CIRAD Bois tropicaux Elisabeth LACOSTE Directeur de la Confédération Sucre

Internationale des Betteraviers Européens, CIBE (Bruxelles)

Florent LAGER Administrateur général adjoint, Chapitre V (Réformes des MPD Congo et Vice-président codes miniers et évolution de la Fédération des Mines du Congo de l’environnement réglementaire des secteurs extractifs en Afrique) Denis LOEILLET Responsable de l’Observatoire Bananes,

des marchés du Cirad-Persyst UR 26, Ananas, Rédacteur en chef de la revue FruiTrop Fruits tropicaux (Montpellier)

François LUGUENOT Responsable de l’Analyse des marchés Céréales chez InVivo

Philippe MASSEBIAU Chef de projet Politiques et marchés, Chapitre IV (Organisation Fondation pour l’agriculture du commerce mondial, et la ruralité dans le monde (FARM) sécurité alimentaire et politique agricole)

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Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa

C’est le visage d’une Afrique légèrement rassérénée qui est

apparu en 2016. Si la croissance mondiale est restée assez terne et le commerce international atone, le rebond des prix de nombreuses matières premières et le maintien d’une dynamique d’investissement ont, en effet, quelque peu soufflé sur les nuages menaçants qui avaient obscurci le ciel de son économie en 2015. Une légère embellie donc qui illustre la résilience dont ont fait preuve nombre de pays africains mais qui ne peut faire oublier que l’hétérogénéité du continent demeure, tant au regard des performances économiques des pays qui le composent que de la conjoncture des différents marchés de commodités (agricoles, minérales, énergétiques) auxquels il est exposé.

Une année 2016 qui a, par ailleurs, été marquée par des évènements poli-tiques ou géopolipoli-tiques majeurs dont les conséquences ne peuvent être négligées. Car s’intéresser à l’Afrique et les marchés mondiaux de matières

premières, c’est embrasser d’un même regard la réalité des marchés du

cacao ou du café, celui du minerai de fer, du pétrole, du gaz, du cuivre ou du phosphate tout en observant avec acuité les mutations structurelles du continent. C’est pouvoir apprécier le développement économique de nombreux pays africains sans oublier l’importance des défis économiques, logistiques ou humains que le continent se doit encore de relever. C’est aussi pouvoir multiplier et croiser les analyses, qu’elles soient écono-miques, juridiques, financières ou géopolitiques: l’approche que le rapport Arcadia tente, précisément, de développer au travers, notamment, de ses chapitres sur la sécurité alimentaire et les politiques agricoles africaines, sur le financement des économies africaines, sur la géopolitique régionale, sur la réforme des codes miniers ou sur la question essentielle de l’électrifi-cation du continent.

L’Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa (Arcadia) est rédigé par une trentaine d’experts internationaux sous la direction de Philippe Chalmin, Professeur à l’Université Paris Dauphine et Yves Jégourel, maître de conférences à l’Université de Bordeaux et Senior Fellow à l’OCP Policy Center. Le rapport Arcadia s’inscrit dans le cadre d’une colla-boration entre CyclOpe et l’OCP Policy Center.

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sous la direction de

Philippe Chalmin

et Yves Jégourel

ARCADIA Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics in Africa CYCL O PE

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ISBN OCP Policy Center : 978-9954-9636-8-5 ISBN Economica : 978-2-7178-6977-4 49 € www.cercle-cyclope.com www.ocppc.ma

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Une relative stabilité des prix, mais un marché peu actif.

Les prix des principaux produits ont connu une stabilité remarquable entre 2015 et jusqu’au milieu de l’année 2016. Les sciages de padouk, très demandés sur le marché indien, ont vu néan-moins leurs prix, qui avaient dépassé les € 1 000 Fob par m3en 2015, baisser au cours de l’année

2016. En fin d’année, le prix des sciages de sapelli et de sipo s’est, à son tour, abaissé autour de € 600 par m3, ce qui pose des problèmes aux

producteurs d’Afrique centrale comme le Congo, la République centrafricaine (RCA) et le Cameroun, très dépendants de ce groupe d’es-sences. Cette baisse des prix est plutôt inattendue au regard de la faiblesse de l’euro vis-à-vis du dollar en 2016, qui aurait dû améliorer

l’attracti-vité des bois africains issus de la zone franc CFA (FCFA) sur de nombreux marchés internationaux. Outre l’activité modérée des acheteurs chinois du fait des stocks existants, les prix très bas du fret maritime courant 2016 ont probablement permis aux exportateurs asiatiques de keruing et de méranti, des essences directement concurrentes de plusieurs des bois africains les plus connus, de proposer des offres commerciales intéressantes sur différents marchés internationaux. On l’a vu notamment aux Pays-Bas et en Afrique du Sud, où les vendeurs de sapelli et d’okoumé ont subi la concurrence des exportateurs de méranti propo-sant des prix plus attractifs. Si les prix des grumes sont restés, dans l’ensemble, plus stables, un effritement des cours de plusieurs essences était sensible fin 2016, laissant augurer une année 2017 difficile.

Bois tropicaux

Peu d’évènements majeurs ont marqué le marché africain du bois d’œuvre en

2016. L’offre, limitée par une ressource naturelle qui s’appauvrit, et la demande

internationale sont restées globalement équilibrées, mais les prix de certaines

es-sences clés pour l’Afrique centrale ont brusquement baissé en milieu d’année. Si

le marché intra-africain progresse, les exportations demeurent au cœur de la

stra-tégie des pays producteurs africains : dans un contexte où la concurrence de

l’In-donésie pourrait s’accentuer sur le marché européen, leur capacité à répondre aux

normes instaurées par les pays consommateurs pour tenter de répondre au

pro-blème de l’exploitation et au commerce illégal du bois sera, en cela, déterminante.

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Des exportations de sciage en recul, mais un marché des grumes actif

Les exportations de sciage sont globalement en recul dans les différents pays africains, à l’ex-ception du Ghana qui a vu ses exportations vers l’Union européenne (UE) et l’Asie légèrement augmenter. Le Cameroun garde, malgré la baisse des volumes vendus, la première place, et ses exportateurs ont notamment réussi des percées

commerciales intéressantes aux États-Unis et au Canada depuis 2015. Le Gabon espérait quant à lui que l’augmentation régulière des exportations de sciages entamée depuis 2011 à la suite de la décision d’interdiction des grumes prise l’année précédente allait se poursuivre. Ses espoirs ont cependant été déçus avec des baisses en 2014 et 2015 par rapport au pic de 2013. L’année 2016 a vu néanmoins un léger redressement des exporta-tions de sciage et une hausse significative des

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ventes de placage déroulé. Ces résultats mitigés ne peuvent cependant suffire à convaincre du succès de la stratégie « industrialiste » initiée en 2010, avec la combinaison d’une interdiction d’exportation du bois brut et la création d’une vaste zone économique spéciale, à proximité de Libreville, destinée à attirer des transformateurs. Si cette zone franche est récemment parvenue à convaincre plusieurs industriels asiatiques, notamment indiens, le recul de la production (récoltes estimées à 2 millions m3annuellement

contre une moyenne de 3,3 millions m3 avant

2010), le peu de création nette d’emplois (plus d’emplois dans l’industrie, mais moins dans l’ex-ploitation et le transport) et l’effondrement des recettes fiscales questionnent le bilan d’ensemble. Des rumeurs de retour aux exportations de grumes pour faire face aux besoins budgétaires mis à mal par les cours baissiers du pétrole et une activité économique affectée par les troubles postélecto-raux, ont ainsi couru à Libreville en 2016.

D’autres pays africains ont pris le relais du Gabon dans l’exportation des grumes, activité qui reste assez profitable, offre des avantages en termes de la flexibilité et ne nécessite qu’un inves-tissement réduit. Les exportations du Cameroun ont, en 2015, dépassé le million de m3, ce qui est

tout à fait inédit depuis les années 1990. Le

Cameroun a pourtant adopté en 1999 une mesure d’interdiction partielle d’exporter des grumes, laquelle frappe les essences dites « tradition-nelles » comme le sapelli, l’iroko ou le sipo. Néanmoins, l’ayous, l’essence la plus récoltée au Cameroun, peut être toujours exportée malgré une taxation accrue, ainsi que d’autres essences dites secondaires, mais qui ont trouvé des débouchés sur les marchés chinois, vietnamiens et indiens. Chaque année, des rumeurs circulent sur l’immi-nence d’une interdiction totale d’exportation du bois brut, mais il semble bien que la priorité accordée aux recettes fiscales l’emporte. Le projet de loi de finances pour 2017 prévoit même d’aug-menter la taxe d’exportation sur les grumes de 17,5 % à 20 %, traduisant bien l’objectif du gou-vernement de profiter de la demande soutenue sur ce produit pour abonder les caisses de l’État.

La Guinée équatoriale, pays producteur d’okoumé qui est l’essence emblématique du Gabon, a suivi la même logique : alors que le gou-vernement avait interdit l’exportation des grumes à la fin des années 2000 (mesure qui ne fut jamais réellement appliquée), la décision du Gabon a convaincu les autorités guinéennes de l’avantage qu’elles auraient à proposer aux acheteurs chinois le bois rond d’okoumé que leur voisin n’était plus en mesure de leur livrer. Les exportations de

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Bois tropicaux / 157 P r o d u it s t r o P ic a u x

grumes ont progressé ainsi régulièrement, pour dépasser les 700 000 m3, là aussi un niveau inédit

pour ce pays depuis les années 1990. Cependant, les concessions forestières de Guinée équatoriale n’étant pas gérées à long terme à travers des plans d’aménagement, on peut s’interroger sur la péren-nité d’un tel niveau d’exportation pour ce petit pays, par ailleurs si riche en hydrocarbures. On peut dire la même chose du Mozambique, qui a connu une forte augmentation de ses exportations de grumes (alors que ses exportations de sciage stagnent à un niveau modeste), profitant de ses liens commerciaux privilégiés avec l’Asie. Le cas de la République démocratique du Congo (RDC) est quant à lui toujours aussi singulier. Le pays qui possède les plus vastes forêts du continent ne compte en effet que si peu dans l’industrie du bois. L’enclavement, qui pèse sur les coûts de transport, l’absence d’infrastructures, les com-plexités administratives, mais aussi une dégrada-tion notable de la ressource boisée accessible conduisent à une production industrielle très faible réalisée sur d’immenses concessions sous-exploitées. La production industrielle ne repré-sente qu’une faible fraction de la récolte totale annuelle de bois d’œuvre réalisée par des exploi-tants artisanaux (« scieurs de long » notamment) qui alimentent le vaste marché intérieur du pays.

La RDC est aussi le pays d’Afrique centrale qui affiche les chiffres de déforestation les plus élevés, puisque plus d’1,1 million ha de forêts ont été perdus en 2014.

Un déploiement limité sur les marchés intérieurs et régionaux

Les exportations africaines, naguère tournées très largement vers l’Europe, sont maintenant plus diversifiées entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’UE, ce qui permet de lisser les variations de conjonc-ture dans ces différentes régions. Le marché intra-africain, longtemps peu attractif pour les indus-triels du bois, se développe pour des productions spécifiques, comme le contreplaqué ou les pla-cages, non concurrencées par les producteurs arti-sanaux. Le Ghana est ainsi parvenu à écouler une grande majorité de sa production de contreplaqué auprès de ses voisins : le Niger qui absorbe plus de la moitié des exportations ghanéennes, le Togo et le Sénégal. Ce succès est sans doute facilité par le taux de change de la monnaie ghanéenne qui s’est dépréciée vis-à-vis de l’euro, auquel est lié le Franc CFA. Les autres grands pays exportateurs, comme le Cameroun, le Gabon, la Côte d’Ivoire ou le Congo, n’ont pas réussi une telle diversifica-tion sous-régionale. Le marché intérieur de la

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Communauté économique d’Afrique centrale (CEMAC) reste entravé par les droits de douane imposés aux produits à base de bois, ce qui freine les échanges et empêche le développement d’un processus de spécialisation des pays au sein de l’espace économique. Les conséquences de l’adhésion du Cameroun et du Ghana aux accords de partenariats économiques (APE) avec l’UE restent incertaines. La levée des tarifs douaniers pour les produits africains devrait favoriser les

exportations vers l’Europe, mais le problème de la démonstration de la légalité du bois mis en marché au sein de l’UE risque de constituer un obstacle plus important que les tarifs douaniers pouvant être supprimés par les APE. Quant aux débouchés sur les marchés intérieurs des diffé-rents pays, les industriels sont confrontés, pour les sciages – principal produit servant à la construc-tion –, à la concurrence des acteurs du secteur informel qui mobilisent souvent autant de bois que les producteurs formels.

L’enjeu des autorisations FLEGT : péril en vue pour les exportateurs africains

Le processus FLEGT (Forest Law Enforcement Governance and Trade : application des règlementations forestières, gouvernance et échange commerciaux) constitue la tentative de réponse de l’UE au problème de l’exploitation et au commerce illégal du bois. Ce dispositif s’ac-compagne de propositions de partenariats (Accords de Partenariats Volontaires, APV) aux pays producteurs pour les aider à mettre en place des systèmes nationaux de légalité qui leur per-mettront, une fois ce processus achevé, d’exporter dans l’UE du bois doté d’« autorisations FLEGT ». L’APV implique le développement de

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Bois tropicaux / 159 P r o d u it s t r o P ic a u x

mesures nationales de transparence, de gouver-nance, de réformes du secteur forestier, etc. Depuis 2013, l’importation de bois exploité illéga-lement est interdite en Europe et les importateurs sont tenus pour pénalement responsables en cas d’infraction. Ceux-ci ont des obligations de « dili-gence raisonnée » lorsqu’ils importent des bois de pays « à risques », donc essentiellement des pays tropicaux. Si les bois certifiés par le Forest

Stewardship Council (FSC, gestion forestière «

res-ponsable ») bénéficient d’un a priori favorable en termes de réduction du risque, ils ne dispensent pas l’importateur d’effectuer cette « diligence rai-sonnée », ce qui entraine des coûts et des délais. Seuls les bois dotés d’autorisations FLEGT valent en effet garantie de légalité aux yeux des autorités européennes. Lancé depuis la fin des années 2000, le processus des APV, accords signés par 5 pays africains (Ghana, Cameroun, Congo, RCA, Liberia), progresse difficilement. Les dispositifs testés de Systèmes de Vérification de la Légalité au Cameroun et au Congo ne se sont en particulier pas avérés satisfaisants.

Or, en 2016, l’Indonésie, seul pays non-afri-cain signataire d’un APV avec l’UE, a été auto-risée à émettre des autorisations FLEGT et les premières livraisons de bois en disposant sont entrées sur le marché européen à la fin de l’année. Même si plusieurs analystes s’interrogent sur les garanties réelles apportées par ces autorisations dans le cas de l’Indonésie où les conditions d’ex-ploitation du bois sont difficiles à maîtriser, cet évènement est lourd de conséquences pour les exportateurs africains. Le bois indonésien dispo-sant de ces licences risque en effet de prendre rapidement des parts de marché en Europe, au détriment des autres bois tropicaux, si les pro-cessus de délivrance des autorisations FLEGT n’aboutissent pas rapidement dans les différents pays exportateurs. Le Ghana, qui a commencé à tester un système de traçabilité du bois fin 2016, semble le mieux placé pour finaliser ce processus en 2017, mais il semble être le seul pays africain dans ce cas. Si le marché européen du bois n’est, pour les exportateurs africains, plus aussi détermi-nant qu’il l’était une dizaine d’années auparavant, il représente encore, pour des pays comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire, près des deux tiers

de leurs exportations de sciage, et près d’un quart pour le Gabon.

Au-delà de cette problématique des débouchés européens, force est de constater que la question de la légalité des bois entrant dans le commerce international a pris une importance majeure et l’ensemble des pays importateurs se doivent en conséquence d’y prêter attention. La Chine notamment, principal débouché des bois africains, pourrait à plus ou moins court terme demander des garanties de légalité pour les bois issus des forêts naturelles, ce qui mettrait en péril les expor-tations des pays d’Afrique centrale. Les autorités, conscientes de ce problème, pourraient, au moins provisoirement, considérer que les systèmes privés de légalité (labels Origine Légale du Bois, TLTV, VLC, mais aussi la certification FSC) pro-posés par différents auditeurs sont conformes aux exigences nationales de légalité et de traçabilité, en attendant que les systèmes publics de vérifica-tion de la légalité soient opéravérifica-tionnels. Les sanc-tions prises au Cameroun fin 2016 à l’encontre d’une trentaine de concessionnaires ne respectant les règles d’aménagement et qui ont vu en consé-quence leurs contrats de concession annulés et leur bois saisis, témoignent de la pression mon-tante autour de ces enjeux de légalité.

La querelle des « paysages forestiers intacts » et ses possibles conséquences commerciales

La certification FSC, considérée comme la plus exigeante pour évaluer la gestion environne-mentale et sociale des exploitations forestières, a été adoptée par plusieurs concessionnaires impor-tants en Afrique centrale, conduisant à une surface certifiée FSC de 5,47 millions ha de forêts natu-relles au total, soit bien plus que l’Asie du Sud-Est et le bassin amazonien. C’est un atout commercial important pour exporter sur les marchés sensibles aux questions environnementales. Mais, au sein du FSC, plusieurs organisations (dont Greenpeace) ont soulevé le problème de l’exploi-tation forestière industrielle au sein des « pay-sages forestiers intacts » (IFL, pour Intact Forest

Landscapes), qui sont des espaces de forêts

natu-relles non fragmentés d’une superficie de

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50 000 ha, sans signe d’activité détectable par satellite.

Une motion de l’assemblée générale 2014 du FSC demande que soient proposées à une pro-chaine assemblée générale, qui se tiendra en 2017, des mesures spécifiques de gestion visant à la pro-tection du cœur de ces zones (par convention 80 % de la surface de l’IFL) : les laisser en réserve ou qu’ils soient en gestion communautaire locale, par exemple. L’assemblée du FSC devra se pro-noncer sur ces propositions. Si aucune n’est jugée satisfaisante, il est probable que l’assemblée demandera que la certification FSC soit retirée aux exploitants qui exploitent les IFL, ce qui affecterait plusieurs concessionnaires en Afrique

centrale. Ceux-ci envisagent, dans ce cas, d’adopter une nouvelle certification de gestion responsable, la Pan-African Forest Certification (PAFC), laquelle est parrainée par le Program for

the Endorsement of Forest Certification schemes

(PEFC), grand concurrent du FSC au niveau mon-dial. Les conséquences d’un tel changement peu-vent être importantes pour les exportateurs afri-cains sur les marchés occidentaux, car l’abandon du FSC constituera un argument pour certaines organisations environnementales à l’encontre de l’industrie du bois en Afrique centrale. L’année 2017 s’annonce décidément périlleuse pour cer-tains grands exportateurs africains.

160 / Produits tropicaux

Références

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