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Préface [Le bagne des fous.]

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Texte intégral

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HAL Id: halshs-01978424

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01978424

Submitted on 11 Jan 2019

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Préface [Le bagne des fous.]

Marc Renneville

To cite this version:

Marc Renneville. Préface [Le bagne des fous.]. Véronique Fau-Vincenti,. Le bagne des fous Le premier service de sûreté psychiatrique 1910-1960, La Manufacture de livres, 2019. �halshs-01978424�

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Préface

Que faire des fous dangereux? Saturée par les ficùons de romans, de films et de séries LêlcVl.Sées, narre représentation de la faite associe à LOn la maladie mentale et la dangerosité sociale. À tort car le fou est avant LOUl dangereux pour lui-même, el il est bien moins souvent assassin qu'un indiv1du sain d'esprit. Ceue réalité de cltmque cnmmo-Logique n'y fait rien: notre 1magmatre collecuf est peuplé d'individus au componement dev1ant, au psychisme trouble, dont la dangerosné prend souvent le masque d'une normalité simulée.

li

suffit d'un fait divers sanglant, de la médiatisation appuyée d'une tragédie crimi-nelle pour que la question soit posée, discutée, débauue dans un climat d'angotsse et d'inquiétude: que fa1re des fous dangereux? L'idée de les purur est assurémem de notre temps car les aliénés ont longtemps bénéficié d'une clause d'irresponsabilité pénale en raison de leur état memal. On leur appliquait la fameuse· formule

«il

n'y a ni crime ni déln ... » contenue dans l'article 64 du Code pénal de

1810, qui perdura jusqu'en 1994. Encore fallait-il que la démence son reconnue, ce qui n'allait pas de sot.

li faut d

'ailleurs se souvenir que l'idée de soigner l'ahénation mentale es1 à peu près contempo-raine du Code pénal de 1810. Alors, la société doil-elle punir ou soigner? Un malade mental peut-il être considéré comme criminel? Que doit-on faire de l'aliéné ayant commis un crime? El doit-on appréhender comme un aliéné un condamne qui prêsente les signes d'un désordre psychique? Nous ne sommes pas sonLS de ce débat médico-légal né au début du ~1xc siècle dans une chronique judiciaire

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10 Le bagne de:. Jou:. qui s'esL concentrée sur les affaires crimineUes les plus abominables. Prauquam une politique d'hésitations. les institutions ont sou,·ent

bricolé dans l'hybridation: soigner dans un lieu de punition. c'est

l'infirmerie en prison; punir dans un lieu de soin. c'est la di c 1-phne dans l'asile. Ces lieux d'interface mal définis. méconnus et peu

contrôlés ont eu en partage d'avoir toujours susci1é la suspicion des regards e:Ktcneurs. l'infirmerie dans une pnson est volant icrs

cons1-déree comme un heu de vHlégiaturc pour simulateur. la répression dans un asile d'aliénés est censée révéler !.'arbitraire de nos modernes Bas11lte. Trop permissir, trop répressif: on n'en son pas de l'injonction

contradictoire L'uLOpie d'un lieu intermédiaire. mi-prison mi-asile. qui ne soil reductible ni à l'une ni à l'auLTe, est aussi ancienne que

ce

débat. E1, comme lui, elle reste d'aclUali1é

le recours à l'histoire doit nous aider tl prendre de la distance avec

une actualité 1rop souvent appréhendée dans un registre émotionnel. Le lh·re de Véronique Fau-Vmcenti s'inscrit dans la lignée des recherches qui, depulS les annees 1960, s'anachent à la généalogie de nos institu-tions psychiatnques el judiciaires.

11

en constitue

une

étape essentielle

en nous off ranL un éclairage médll et décisif sur un lieu resté JUSqu 'ici dans l'ombre, et qui était cense réaliser, précisément, ceue utopie de l'institution à m1-chemm. pennellant de traiter les anormaux dans une

opuque de «défense sociale» à la française: en soignant l'individu.

on protège la société. jamais. en effet, on n'avait pris jusqu'ici pour

ob1et

d'histoire le premier service de sûreté psychiatrique ou\'ert en France. en 1910. Celle lacune ne tenait pas à une négligence ou un

oubli. Elle tenait au fait. comme le rappelle l'auteure, que les sources

d'archives étaient restées Jllsqu'ici inaccessibles. Cette histoire était

clone matériellement impossible. Certes. Mais Le BagiH' dt's

fous

ne doit pas être réduit à cet effet d'opportunité. On ne tient pas l'histoire parce que les sources sont dispombles. C'est là une concliuon

néces-saire mais non suffisante. La pratique de ce type d'archives sensibles est délicate. L'enjeu étall de cornbmer les ressources d'une approche sérielle anonyme a,·ec une micro-historique rendue possible par la

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