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L'Educateur n°11 - année 1960-1961

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(1)

FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES MOUVEMENTS DE L'ECOLE MODERNE ,

L~~DUCATEUR

. REVUE PÉDAGOGIQUE BIMENSUELLE

DE L'INSTITUT COOPÉRATIF DE L'ÉCOLE MODERNE

25 au 30 MARS 1961

(2)

DANS CE NUMERO

C.FREINET.

- Association pour la Modernisation de l'Fnseignement

E,FREINET:

- Pédagogie de subtilité SUPPLEMENT n° 1

L'Education à la Croisée des Chemins SUPPLEMENT n° 2

C.OOgrès de St Etienne

COMMENT JE TRAVAILLE DANS MA CLASSE VIE DE L'I.C.E M.

OUTILS

&

TECHNIQUES LIVRES

&

REVUES

QUELQUES DISQUES . M Faligand.

CALENDRIER DES STAGES ORGANISES PAR LA DELEGATION GENERALE CENTRES D'ENTRAINEMENT AUX METHODES D'EDUCATION ACTIVE

6, rue Anatole de la Forge Paris 17ème

PERFECTIONNEMENT

Jeux et plein air, du 19 au 29 juin, lieu à fixer, dirigé par \M. Boulogne et Schmitt Etude du milieu côtier riverain, du 1er au 8 juillet dans l'Ardèche

Etude du milieu côtier ( activités nautisme pour adolescents ), du 1er au 14 juillet à Bénodet (Fre) dirigé par M, Chassard.

Photographie, du 3 au 13 juillet au C R,E P.S. de Talence ( Gironde) dirigé par Mv1 Baux et Philippot Travaux manuels d'initiation artistique, du 3 au 15 juillet à Vaugrigneuse (S & O), dirigé par

Mt1 Lelarge et &se.

Etude du milieu, du 3 au 18 juillet au C R.E P S de Lespinet-Toulouse, dirigé par M. Rcmanet Etude du milieu côtier, du 5 au 15 juillet à Bénodet (Finistère), dirigé par liti1 Boulogne et Girard,

ECHANGE APPARTEMENT LAUSANNE Suisse

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Melle GUEHO Inst1 à Chouzé-sur-Loire (1 & L) cherche à Gorrespondre avec une CLASSE ENFANTINE comprenant les 3 sections.Préférence Savoie ou

dép~ voisins accepte toute autre région

(3)

INSTITUT COOPÉRATIF DE L'ÉCOLE MODERNE

TECHNIQUES FREINET

IUllllllllhlllllllllllllllliU

Association pour la Moderni~tion

de I'Enseignement

(A.M.E.)

e)

Que l'enseignement doive être modernisé, cela ne fait plus de doute pour personne. On ne pense pas instruire et éduquer des enfants et des adolescents de 1961, en l'ère atomique, selon des normes qui étaient peut,être valables il y a plus de cinquante ans, au temps des diligences, mais qui sont aujourd'hui mani- festement dépassées.

Et la démocratisation de l'enseignement, qui est un des impératifs de notre époque pose aux pouvoirs publics et aux usagers des problèmes qui ne peuvent pas .rester plus longtemps sans réponse.

La modernisation de l'enseignement est à l'ordre du jour.

Ce ne sont pas seulement les méthodes qui devront être modernisées mais l'esprit de ces méthodes et les conditions de travail nouveau dans le contexte de l'évolution scientifique, technique, culturelle et sociale du monde contemporain.

A ce problème général il faut aujourd'hui des solutions d'ensemble, non plus juxtaposées par groupes ou catégories mais harmonisées en un vaste effort de synthèse, pour des buts sur lesquels tous les démocrates et tous les laïques sont en principe d'accord.

A une organisation de !'Education nationale où les degrés d'enseignement, les associations et entreprises travaillent en cercles fermés s'ignorant ou se con- currençant doit se substituer une collaboration permanente de tous les ouvriers de la même œuvre culturelle et formative, pour la préparation de notre jeunesse à la vie difficile et magnifique de demain.

Pour cette solution d'ensemble souhaitable, des contacts de travail sont indispensables. L'Institut Coopératif de l'Ecole Moderne (Techniques Freinet) qui a déjà, pratiquement, jeté les bases de ce rassemblement de bonnes volontés, vous invite à vous rencontrer au sein de !'Association pour la Modernisation de !'En- seignement (A.M.E.) où chacun d'entre vous, tout en gardant son entière liberté d'action, mettra ses recherches, ses initiatives et ses efforts au service de tous.

Cette association qui s'adresse à un très large éventail de personnalités et d'organisations est nécessairement au-dessus de toutes les entreprises exis- tantes qu'elle veut aider et servir sans prétendre aucunement les remplacer. Elle est avant tout, et exclusivement une association de travail et est ouverte de ce fait à tous les travailleurs décidés à participer à nos communs efforts pour le succès croissant de .la formation laïque et républicaine.

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Nous faisons plus particulièrement appel : - aux éducateurs de tous degrés ;

- aux inspecteurs et administrateurs ; - aux parents d'élèves ;

- aux psychologues, aux médecins, aux psychiatres ;

- aux architectes, aux entrepreneurs, aux constructeurs, aux éditeurs ; - aux associations diverses et syndicats intéressés ;

- aux revues et journaux d'esprit démocratique.

Un bulletin de travail adressé à tous les inscrits étudiera les modalités du travail au sein de I' A.M.E..

Nom et fonction Adresse Signature

. · - 2

(5)

••

A LA CROISÉE DES CHEMINS

llll:lll'lll'lllllHlll

Association pour la modernisation de l' Enseignement à tous les degrés

Chaque année, à la veille de notre grand Congrès International de /'Ecole McxJerne, nous recon- sidérons la structure et l'orientation de notre mouvement, afin de mieux l'adapter à /'Ecole laïque que nous voulons servir, par une pédagogie exigeante en raison même de ses fondements et de ses buts.

Quelques camarades s'en émeuvent parfois parce qu'ils comparent volontiers nof.re permanente insatisfaction à la formule centenaire de la plupart des revues pédagogiques et à /a tradition presque immuable des maisons d'édition. Nous savons combien le conformisme facilite la propagande auprès de lecteurs qui n'aiment pas être bousculés dans leurs habitudes et qui ont besoin de trouver à /a méme place, à travers les ans, les mêmes articles qu'ils utilisent toujours de ~a même façon.

Notre rôle est justement de maintenir inquiétude et curiosité, de secouer ce conformisme afin de rester fidèles à cette Modernisation de !'Enseignement dont nous nous sommes faits un drapeau. Le monde change d'une année à l'autre. C'est d'une année à l'autre qu'il nous faut revoir nos thèmes de recherche et d'action si nous voulons préparer pour 1961, l'Ecole 1961.

C'est à un point particulier de cette reconsidéra- tion que nous nous attaquons aujourd'hui.

Pendant trente-cinq ans

toute notre activité péda- gogique, culturelle et sociale a été centrée sur notre Coopérative de !'Enseignement Laïc (C.E.L.), une coo- pérative puissante par le nombre, par le dévouement sans limite de ses membres, par l'ampleur de ses activités et l'importance des affaires traitées.

Ceux de nos collègues qui n'ont pas participé à notre aventure nous reprochent volontiers d'avoir mêlé ainsi commerce et pédagogie, alors qu'il serait si simple de nous en tenir aux spécialités de notre métier, sans perte de temps ni compromission.

Je rappellerai à ceux-là et aux jeunes qui chaque année nous rejoignent que notre pédagogie ne s'est pas construite sur des spéculations théoriques mais sur les réalisations techniques sans lesquelles rien ne serait de ce qui constitue à ce jour notre riche patri- moine commun.

C'est un menuisier de Bar-sur-Loup qui a fabri- qué nos premières presses en bois. Un père de famille,

artisan mécanicien de Corbelin (Isère) exerçaient nos amis Faure a été intrigué par cette petite presse qui passionnait tellement son fils. Il a réalisé des presses en acier inusables, puis, quand nous avons pu aborder la série, il nous a coulé des presses en alu, dont nous avons continué le modèle. Il nous fallait des fiches, qu'au- cun éditeur raisonnable n'aurait voulu tirer à quelques centaines d'exemplaires ; nous les avons imprimées nous-mêmes pour lancer notre Fichier Scolaire Coo- pératif. Les disques d'enseignement dont nous sentions le besoin, manquaient totalement : nous en avons entre- pris l'édition par souscription. Notre première Gerbe était vraiment une Corevue d'enfants: chacune des 10, 20, 30 classes engagées dans notre mouvement naissant nous envoyaient leurs feuilles tirées à 80 exemplaires et nous les agrafions par des moyens de fortune sous une belle couverture illustrée d'un dessin représentant un enfant serrant dans ses bras une gerbe symbolique de branches et de fleurs. Notre collection B.T. est née humblement de notre obstination à réaliser la collection documentaire à la portée des enfants que nécessitait l'évolution de nos techniques.

Nous avons monté notre C.E.L. comme nous avons construit notre Ecole Freinet, en partant de rien, en engageant d'avance des fonds que nous ne possédions pas, avec la confiance totale du chercheur persuadé que la flamme allumée ne s'éteindra plus.

Nous nous sommes trouvés à 10, puis à 100, et à 1 000, tous passionnés par cette œuvre commune qui nous était vitale et qui nous payait, dès l'abord,

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en multiples satisfactions, des sacrifices sans fin, sciem·

ment consentis.

Et ces sacrifices étaient permanents. Ce n'était pas seulement l'action de 50 francs à payer à l'entrée (en 1926, soit au moins 100 NF actuels), mais des fonds nouveaux à offrir pour chacune des réalisations abordées en totale coopération. C'est au fur et à mesure que nous venaient les souscriptions que nous fabriquions des presses, et réalisions fichiers, disques et B.T.. C'est parce qu'un millier de camarades «Coopérateurs d'é·

lite » ont financé l'achat du terrain de Cannes et la construction de notre belle maison que nous possé- dons aujourd'hui en commun un siège honorable qui est notre rendez-vous et notre garantie. Et c'est au fur et à mesure que nous rejoignaient les camarades dévoués qu'allaient s'enrichissant L'Educateur, La Gerbe et cette collection Enfantines qui sera sans doute un événement unique dans l'histoire de notre pédagogie (il reste encore quelques collections qui seront un jour prochain une rareté de bibliophile).

Nous voudrions faire graver en lettres indélébiles, dans un livre d'or original que nous conserverions à Cannes, la liste des quelques milliers de camarades qui ont su, en des temps incertains et difficiles, consentir à l'œuvre coopérative des sacrifices de temps et d'argent dont on mesure mal aujourd'hui l'importance. Et nous souhaiterions que nos adhérents actuels rendent un jour aux anciens de leurs départements l'hommage qu'ils méritent.

Inutile de vous dire qu'avec Elise nous avons pris plus que notre part dans une aventure qui n'avait nor- malement pas 10 % de chances de survie et que nous avons portée si longtemps à bout de bras, par-dessus les obstacles et les précipices.

CeUe aventure est d'ailleurs longuement relatée dans le livre d'Elise Freinet : «Naissance d'une fl>éda- gogle Popu,.lre .», dont li nous reste encore quelques exemplaires qui sont à la disposition de ceux qui, pre- nant des responsabilités sentent le besoin de leur trouver une caution pédagogique et morale.

L'œuvre est là, et elle est de taille.

Il est parlaitement conforme à notre pédagogie de penser qu'on ne la fait sienne que dans la mesure où l'on travaille à la réaliser ou à la continuer, où l'on donne une partie de ses soucis et de sa vie pour qu'elle réponde à un appel et à un Idéal. Il est normal que les jeunes qui entrent aujourd'hui dans la maison réalisent mal ce qu'elle nous a coOté et ne la considèrent qu'en fonc·

tlon de leurs propres besoins actuels et du devenir qu'ils pressentent.

Pour nous, chaque pierre, chaque porte, chaque meuble a son histoire. La Gerbe, L'Educateur, les B.T., ce sont autant de milliers de pages qui sont passées par nos mains tout à la fols enthousiastes et Inquiètes.

Ce sont pour vous des revues à choisir parmi tant d'autres, produites par une maison d'édition qui n'a souvent d'original à vos yeux que son non conformisme pédagogique.

Nous en sommes nous aussi à cette croisée des des chemins. Nous voudrions que vous vous y arrêtiez un instant pour considérer ce que nous vous offrons et prendre conscience de l'exemple unique que vous vaut notre héritage. Nous n'avons pas été seulement des coopérateurs, des constructeurs ou des pédagogues.

Nous avons été des éducateurs intégraux. Nous ne nous sommes pas contentés de vous léguer de belles paroles ou des principes énoncés du bout des lèvres. Nous avons retroussé nos manches. Nous avons cherché, combiné, construit, édité, diffusé. Les besognes rebu- tantes ou délicates que nous n'aurions pas acceptées pour nous-mêmes, nous les avons offertes pour une- œuvre qui nous dépasse et qui restera comme un témoi- gnage de ce que vaut la conscience obstinée d'éduca- teurs compréhensifs et décidés.

La mode s'est instituée de préparer dans les E.N. des monographies sur les Techniques Freinet, et nous ne saurions nous en plaindre. Les futurs éduca·

teurs nous écrivent pour connaître cet abrégé pédagogi- que qu'ils ne trouvent pas encore dans leurs manuels officiels. Ils s'attendent sans doute à trouver une méthode classique, supportée par les piliers traditionnels de la psychologie et de la science.

Notre pédagogie, elle est d'abord dans nos mains calleuses, dans nos démarches d'artisans aux blouses tachées, aux poches gonflées ou trouées d'avoir trop longtemps balloté des composteurs ou des caractères parmi les bouts de craie traditionnels. Elle est dans le matériel que nous avons créé et mis au point, dans notre effort original pour réaliser le milieu d'observation et de travail dans lequel fleurira naturellement une péda- gogie de logique et de bon sens. La découverte intel- lectuelle a été chez nous au sommet de la construction dont nous avons laborieusement assuré les fondations et les étages.

On nous demande parfois si nous avons eu beau- coup d'ennuis avec I' Administration ; si les inspecteurs étaient favorables, si nos collègues nous encourageaient.

Vues avec le recul du temps, ce ne sont que des vétilles. Je ne dis pas que la guerre, le maquis, et les 21 mois de camp de concentration n'aient point marqué notre destinée hors série ; mais ce qui est autrement obsédant ce sont les soucis matériels et techniques permanents d'une entreprise tout à la fois commerciale, financière, coopérative, technique, pédagogique, psy- chologique, sociale et philosophique, qui donne sa vraie figure, que nous voudrions conserver, aux Tech- niques Freinet de !'Ecole Moderne.

Nous ne parlons de ces choses que de loin en loin, quand nous nous trouvons comme aujourd'hui à une croisée des chemins. Et nous les disons à l'intention

- 4 -

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des milliers d'éducateurs qui, avec nous, ont pris cons- cience de certaines réalités et que nous jugeons par- faitement aptes à continuer notre œuvre.

Nous vous léguons des techniques qui ont désor- mais derrière elles une tradition sur laquelle vous pourrez vous appuyer pour qu'on n'en déforme point l'évolution. Elles ont, devant elles non seulement l'offi- cialisation mais la considération favorable de tous ceux qui de par leur culture ou leur fonction ont mission de manœuvrer les feux à cette croisée des chemins.

Nous vous léguons une coopérative solide, qui a elle aussi une tradition respectable. Encore faut-li que vous l'acceptiez pour vous l'approprier. La C.E.L.

appartient en effet à ses 1 400 adhérents des temps héroïques. Par la force des choses, ces adhérents quittent l'un après l'autre - et c'est normal - le circuit actif qui les faisait se passionner pour la C.E.L .. Et les jeunes n'y adhèrent pas parce que la maison est aujour- d'hui construite et meublée et que le matériel et les éditions que nous payions autrefois de nos deniers leur sont aujourd'hui fournis gratuitement par la loi Barangé. Alors ils considèrent volontiers qu'ils n'ont plus de rôle à jouer et qu'ils peuvent laisser l'adminis- tration décider à leur place.

Faute de mieux, à défaut des adhésions massives que nous souhaiterions, la C.E.L. exploitera et fournira le matériel de base que nous avons mis au point coopé- rativement et laissera désormais aux entreprises privées intéressées par le nombre croissant des adeptes de

!'Ecole Moderne le soin de réaliser les outils et les techniques dont nous allons poursuivre l'étude.

Et s'il se trouve 500 jeunes pour renouveler l'effort initial que nous avions fait il y a trente ans, 500 jeunes qui souscrivent une action de 100 NF, libérable en trois annuités, alors, nous leur remettrons les clefs, avec confiance et espoir.

Cette carence des adhésions coopératives a d'ailleurs été sans rapport avec l'enthousiasme de nos camarades pour la recherche coopérative plus que jamais à l'honneur. Par formation, et de par leur fonction aussi, les instituteurs sont d'ordinaire de piètres com- merçants, et la gestion des affaires, même coopératives, leur pèse.

Mais nous allons dorénavant mobiliser plus encore que jusqu'à ce jour les bonnes volontés pour le travail pédagogique urgent.

Nous allons d'une part, réunir les travailleurs dans un Institut Coopératif de /'Ecole Moderne qui sera comme l'organisme directeur responsable, et d'autre part procéder à une large mobilisation, sur la base dépar- tementale, de tous ceux qui cherchent comme nous les solutions qui s'imposent à une éducation à la croisée des chemins.

Car tout reste à faire encore. Ce sont les aspects permanents de l'évolution pédagogique que nous exa- minerons dans nos revues et dont il sera longuement discuté au cours du prochain Congrès.

Il nous faut d'une part, adapter nos techniques à un premier degré que la réforme en cours risque de bouleverser dans sa structure, et d'autre part, il nous faut étudier avec les éducateurs de tous degrés dans quelle mesure nos techniques - et l'esprit dont elles sont l'expression - seraient susceptibles de répondre aux besoins nouveaux de la pédagogie dans les C.E.G., les Centres d'apprentissage, le deuxième degré et même le supérieur, sans oublier l'éducation permanente.

Ce n'est évidemment pas nous qui allons régler les problèmes que cette évolution de nos techniques va poser. Nous offrons nos expériences et leurs ensei- gnements. Il appartient aux éducateurs eux-mêmes de chercher, d'expérimenter pour créer les conditions favorables.

Mais une telle entreprise est vouée d'avance à l'échec si chacun d'entre nous, si chaque corps de métier, chaque catégorie de personnel prétend réaliser indépendamment sa propre pédagogie, sans l'inscrire dans les données de la synthèse indispensable.

C'est pour faciliter le rassemblement des bonnes volontés :

- que nous avons lancé l'étude de notre thème : /'Education à /a croisée des chemins et que nous voudrions faire de notre Congrès International de l'Ecole Moderne le rendez-vous de travail de tous ceux qui, à tous les échelons, pensent qu'il y a des problèmes à poser et à résoudre ;

- que nous allons faire démarrer notre Associa- tion pour la modernisation de /'Enseignement (A.M.E.) dont on verra l'amorce de programme dans le supplé- ment joint à ce N•) ;

- et que nous lançons à cet effet un appel pour la modernisation de /'Enseignement.

Il s'agit d'attirer l'attention des usagers sur les solutions expérimentales que nous apportons et qu'il nous est possible de mettre coopérativement au service de !'Education française et internationale.

Nous faisons appel aux associations et person- nalités qui nous ont déjà dit l'intérêt qu'elles portent à cette grande entreprise de coopération. Soumettez notre appel, dans vos départements, aux professeurs, psychologues, médecins, psychiatres •. parents d'élèves, susceptibles de se joindre à nous.

Des colloques départementaux, précédant et

préparant un colloque national qui se tiendra le 27 mars à St-Etienne prépareront un rassemblement qui pourrait bien avoir une influence décisive pour l'évolution péda- gogique qui se fera sous le signe de la

MODERNISATION DE L'ENSEIGNEMENT.

C. FREINET.

(8)

Lecture globale. , écriture · alJ?habé~ique ,

lecture et écriture naturelles. ··

Les Cahiers de Pédagogie et d'Orien1ation Prof es· sionnelle publiés à liège rendent compfe dans leur N"

d'avril 1960 de la thèse non traduite en français d'un péda- gogue allemand Paul Dohrmann, que nous croyons uli/e d'étudier de près pour essayer d'éclairer plus encore le problème de la lecture.

L'auteur rappelle d'abord que, dans l'histoire de /'humanité on retrouve trois grinds types d'écriture:

1. - L'Ecriture symbolique, le/le la tête de mort collée sur les poteaux électriques.

1. - L'Ecriture idéographique, hiéroglyphes par

exemple. La lecture de ces deux sortes d'écriture s'appuie exclusivement sur la mémoire (l'écriture chinoise compte 50 000 signes à mémoriser; la culture de base du Chinois se contente de 2 000 à 4 000 signes).

3. - Dans noire Ecriture alphabétique, l'unité esl·

le Son.

« Sur quoi repose la lecture dans cette écriture alphabétique? Certes, on peut lire comme si l'écriture était idéographique. Lorsque, dans les premières se- maines de l'Ecole primaire, nous enseignons «globale- ment » des mots à l'enfant, nous les présentons comme de simples idéogrammes. Et c'est une des premières sourcès des discussions et des aventures malheureuses qui nous préoccupent. Car nombreux sont sans doute ceux qui, ayant procédé ainsi, croient avoir pratiqué une méthode globale valable. Or, elle ne l'est pas parce qu'elle est, en fait, contraire à l'économie même de notre écriture alphabétique. C'est ce que Dohrmann nous permettra de démontrer ; mais nous devons d'abord analyser avec lui le mécanisme profond de la lecture».

Du mol à la lettre: « Si nous décomposons notre langue en mots toujours plus simples, nous nous trouvons bientôt devant une première barrière : le mot, qui est la plus petite unité signifiante. Si nous vou- lons analyser plus encore, nous ne devons plus tenir compte du sens mais du son; la langue devient à ce moment un objet purement abstrait.

Or, le nombre de sons est presque infini. Prononcer le mot «abîmé » n'équivaut pas à prononcer isolément et de façon neutre les sons a-bi-mé ; chacun de ces sons réagit sur ses voisins et leur apporte une coloration particulière. En d'autres termes, tout son est un son de position, un son relatif.

Pour élaborer l'écriture alphabétique, il a donc fallu unifier, neutraliser les sons, les abstraire. Or, au moment l'enfant apprend à lire, il n'a pas l'oreille

suffisamment entraînée pour disséquer les sons de position ; il lui est donc très difficile d'établir la relation entre les sons« relatifs» qu'il entend et les sons neutres qui composent l'alphabet. Et ainsi, nous faisons au passage un premier procès de cet ancien système d'apprentissage de la lecture qui commençait par des sons isolés ».

De la lettre al/ mol : « D'autre part, nous savons maintenant que lorsque l'enfant qui apprend à lire prononcé i s'olément la première lettre d'un mot. il énonc.:e un son pur ou neutre qui, en soi, est aberrant. Pour lire, il faut avoir la vision des autres lettres (sons) afin de savoir quelle tonalité leur donner : il n'existe que des sons relatifs.

Supposons qu'un enfant déchiffre le mot « pipe ».

Il va d'abord - si l'on procède par acquisition des mots

isolés - lire en sons purs et obtenir p-i-p-e. Cette

succession de sons peut ne rien lui dire. Mais s'il a com- pris que lire consiste à prendre connaissance de la

• signification, il va se demander de quoi l'on parle ; il pensera alors au mot pipe et relira le mot, cette fois correctement car il a identifié le tout. C'est donc au mo- ment où l'enfant découvre le sens qu'il passe du déchif·

frage à la lecture ».

De la lettre à la phrase: «Quand nous lisons, nous ne nous arrêtons pas après chaque mo1 identifié. la·

lecture coule.

Commençons par une expérience simple. Lisons .

«Frère vous invite je rendre qu'il doit mon dis à» et

« Je dis à mon frère qu'il doit vous rendre visite».

Il faut beaucoup plus de temps pour lire la première de ces deux phrases que pour lire la seconde . de plus, dans le premier cas, nous sommes tentés de nous arrêter après chaque mot. Savoir lire un mot ne permet donc pas encore la lecture courante :

Celle constatai/on amène Dohrmann à considérer qu'il y a quatre stades dans la lecture :

1er Stade : L'interrogation. - Voici un mot que l'enfant n'a jamais lu : «Et à la charrette sont attelés deux ... (chevaux). A ce moment, il se pose consciem-

ment ou non la question : «Qu'a-t-on bien pu atteler à la charrette ? ». El l'auteur sol/ligne alors combien il est important que l'enfant soit intéressé par le texte qu'il lit.

Stade L'hypothèse. - Nous dirions le tâton. nemenl expérimental.

- Soit la phrase « Le chapeau est (rouge).

6 -

(9)

Au moment il formule l'hypothèse, l'enfant peut penser à la fois à une série d'adjectifs : beaù;

rouge, vert, etc ... Immédiatement, il commence à déchif- frer le mot qui lui manque. S'il identifie la première lettre du mot « r », l'hypothèse «beau » est éliminée.

Restent rose, rouge, rond... Le « o » ne suffira pas à trancher le problème. Il faudra lire plus avant. Il se peut aussi que, dans les hypothèses formulées par l'enfant, le mot voulu ne se trouve pas. A cet instant, il s'arrête, hésite, cherche dans son esprit (et est donc parfaite- ment actif). Dès qu'une hypothèse lui paraît satisfai- sante, il continue ... De la richesse de l'expérience de l'enfant dépendra la richesse des associations.

Nous connaissons tout cela. L'auteur, qui ne connait pas notre méthode naturelle conclut en disant la nécessité d'intéresser l'enfant au texte choisi qui doit être dans une langue qui fui soit familière.

Nous faisons mieux puisque nous apportons l'in- térêt profond de la vie.

3e Stade : Vérification de /'hypothèse.

4c Stade : On a adopté définitivement l'hypothèse et on la rejette.

Nous n'insistons pas puisque c'est là, dans sa per- fection le processus de tâtonnement expérimental que nous avons décrit bien des fois et dont on peut lire l'analyse dans notre livre: «Essai de Psychologie Sensible» (1 ).

PREMIERES CONCLUSIONS.

« Le faux globalisme consiste à traiter notre écri- ture alphabétique comme une écriture idéographique.

Le procès de cette méthode a déjà été fait. Rappelons ici deux points essentiels : s'il est souhaitable de com- mencer l'apprentissage de la lecture par l'acquisition de quelques idéogrammes de base, il ne faut pas perdre de vue que notre écriture ne se prête pas à la lecture par images visuelles globales (comparez le chinois, l'idéogramme se présente sous forme carrée facile- ment appréhendée par l'œil, et sa traduction française :

(1) Edition de l'Ecole Moderne - CANNES.

« mandat postal » ) ; un certain nombre de petits mots (articles, verbes, auxiliaires, etc ... ) peuvent (et doivent) être acquis très tôt sous forme d'idéogrammes et être utilisés toute la vie comme tels».

Reste à savoir comment se fera cette acquisition.

Par répétitions mécaniques, ou, au contraire, par notre méthode par étude de ces mols dans le cadre des textes libres.

« Dans la lecture le sens est déterminant et toute lecture est do~c avant0 tout un travail de pensée, d'idé- ation (nous ~trons plutôt de vie). Si nous essa~ons de donner une idée chiffrée de l'importance relative des facteurs en présence dans la lecture, on obtient d'après Dohrmann, 10 % pour l'image visuelle (idéogramme), 10 % pour les lettres isolées, 80 % de travail de pensée.

La conclusion générale semble capitale pour notre propos : on ne va pas de la lettre au mot, mais directe- ment de la lettre à la phrase, dans le cadre d'un contexte, d'une situation, d'un schéma. On lit donc globalement et quelle que soit la méthode d'apprentissage de la lecture, elle conduit à une lecture globale ou elle échoue.

Ce globalisme, c'est dans la situation, dans le schéma qu'il faut l'envisager. Le schéma est un tout et tout en dépend».

Dohrmann propose une méthode, qui est forcément hybride puisqu'elle n'est pas naturelle. Nous arrêterons là notre exposé puisque nos lecteurs se rendent compte que /es conditions mentionnées pour un bon apprentissage de fa lecture sont celles-là même que nous réalisons par notre méthode naturelle. Cette situation, ce schéma, nous le réalisons automatiquement et humainement, sans aucun recours à la scolastique, selon des processus qui, selon Dohrmann lui-même, sont donc scientifiques et apparaissent non seulement comme la méthode la plus simple el la plus intéressante, mais aussi comme fa plus économique pour l'enfant.

C. FREINET.

(D'après l'article de Gilbert de Landsheere).

Commission des Maternelles

Retour des cahiers de roulement.

L'essentiel des travaux de la Commission des Maternelles se trouve consigné dans nos cahiers de roulement :

10 - Apprentissage de la lecture (le livre des Petits).

20 - Le calcul à la Maternelle et au C. P ..

30 - Texte libre et albums.

- Jeux dramatiques.

50 - Le dessin chez les Petits.

Pour le rapport exigé par le Congrès, il faudrait que

je sois en possession des cahiers de manière à pouvoir faire le point des discussions qui se sont données libre cours dans tant de pages écrites avec enthousias- ,, me et amitié.

Nous demandons donc aux camarades qui détien- nent les cahiers de nous en faire retour, même si le circuit n'est pas terminé.

Nous les remettrons en route dès le Congrès fini en prenant soin de les adresser aux derniers maillons de la chaîne qui n'ont pu les recevoir.

Elise FREINET.

Références

Documents relatifs

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Oui, mais rappelez-vous qu'il faut être abonné à Art Enfantin pour suivre le cours de dessin, et qu e plus que jamais une propagande chaleu reuse en faveur de notre

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