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l'âge suisse des dinosaures Mésozoïque Park Bienvenue à

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(1)

Mésozoïque P a r k Bienvenue à l'âge suisse

des dinosaures

(2)

E D I T O

Led pèred fetardd

C

> est un petit pas en

direction de légalité hommes-femmes, mais un pas symbolique, que nous ferons le 17 juin prochain. Com­

ment? Pas noté la date dans votre agenda? Et pourtant, nous célébrerons ce jour-là la première «Fête des pères»

suisse. Du moins, la première manifes­

tation officielle de ce genre, puisque nombre d'entre nous ont déjà bénéficié, ces dernières années, des retombées de la Fête des pères, qui est célébrée en France voisine depuis 1952.

Mais combien d'entre nous méritent vraiment cette attention, avec, on l'es­

père, la promesse d'une grasse matinée et d'un petit-déjeuner au lit apporté par des enfants souriants? Terriblement peu, si l'on en croit les statistiques rapportées par des experts de l'UNIL dans ce numéro d'«Allez savoir!» (c'edtà lire en page 16). A cette aune cruelle, les «nou­

veaux pères» suisses ne seraient que 2 %.

Un chiffre ridiculement bas, tant cette figure du papa poule s'apparente depuis longtemps à un cliché publicitaire.

Deux pour cent. Le chiffre est d'au­

tant plus difficile à croire quand on accompagne ses enfants à l'école tous les matins, et que l'on croise un bon tiers de pères sur le trajet. Pourtant, les chiffres sont têtus. Si quatre décen­

nies se sont écoulées depuis 1968, les inégalités continuent à se creuser dans les couples, même modernes, dès que les enfants paraissent. Sur un mode apparemment mécanique. Parce que la répartition des tâches s'opère alors après une analyse comparative des salaires du mari et de son épouse.

Jocelyn Rochat Rédacteur en chef

Démoralisant? Certaine­

ment. Immuable? Nous le vérifierons peut-être dans deux autres décennies. Car la situation semble moins figée que cette statistique cruelle ne le laisse imaginer, comme le montre l'évolution spectacu­

laire des «nouveaux grands- pères». Bon nombre de ces jeunes retrai­

tés ont a u j o u r d ' h u i pour l e u r s petits-enfants des disponibilités qu'ils n'ont pas eues pour leurs propres enfants.

Ces seniors qui réinventent le troisième âge y expérimentent aussi des tâches nouvelles: changer des couches, prépa­

rer des minestrones, fredonner des ber­

ceuses et jouer au train en bois. Quand on ne les croise pas, eux aussi, sur le che­

min de l'école.

Ces nouveaux grands-pères décou­

vrent un rôle qu'ils n'auraient jamais ima­

giné jouer, eu égard à l'éducation qu'ils ont reçue. Ce nouveau statut, ils l'ont investi progressivement, en regardant leurs fils à l'œuvre. D'abord avec amu­

sement. Puis avec un zeste de regret.

Avant de découvrir que s'occuper des enfants pouvait être un plaisir, et de s'ini­

tier avec enthousiasme.

La chance de cette génération de nou­

veaux grands-pères aura été de se voir offrir une séance de rattrapage. Reste à savoir si leur présence auprès des petits- enfants servira de modèle aux petits gar­

çons, pour nous permettre de franchir un pas moins symbolique et plus significa­

tif vers un monde plus égalitaire. On doit l'espérer, au moment de leur souhaiter, à eux aussi, leur première véritable «Fête des pères».

Jocelyn Roc bat

Magazine de l'Université de Lausanne :

№38, mai 2007 Tirage 27'000 exemplaires 48'400 lecteurs (Etude M.I.STrend 1998) http://www.unil.ch/unicom/

page6524.html Rédaction : Rédacteur en chef:

Jocelyn Rochat, journaliste au Matin Dimanche

Collaborateurs: Sonia Arnal, Pierre-Louis Chantre, Elisabeth Gilles, Elisabeth Gordon, Muriel Ramoni Photographies: Nicole Chuard, Denis Balibouse

Infographie: Stéphanie Wauters Photos de couverture :

Allosaure: Muséum d'histoire naturelle, Neuchâtel

Heroes : NBC

Médecine: www.photos.com Société : www.photos.com

Correcteur: Albert Grun Concept graphique:

Richard Salvi, Chessel Publicité: EMENSI publicité, Cp 132,1000 Lausanne 7 Tél. 078 661 33 99 E-mail: emensi@bluewin.ch Imprimerie IRL

1020 Renens

Editeur responsable : Université de Lausanne Marc de Perrot, secrétaire général Jérôme Grosse, resp. Unicom Axel A. Broquet, adjoint Florence Klausfelder, assistante Unicom, service de communication et d'audiovisuel - Université de Lausanne Amphimax -1015 Lausanne

tél. 021 692 22 80 uniscope@unil.ch

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7 1

(3)

s, onimaire.

Le danger 37 degrés, c'est une température que l'on rencontre fréquemment en été.

Et 37 degrés, c'est aussi la température à laquelle les scienti­

fiques font pousser les germes qu'ils installent dans leurs bouillons de culture, dans les laboratoires. Normal, dès lors, que les micro­

organismes s'épanouis­

sent et prolifèrent rapidement sur les viandes que nous po­

sons sur nos barbecues comme dans celles qui donnent du goût aux sandwiches de nos pique-niques estivaux.

Voici pourquoi chaque été nous apporte son lot de gastro-entérites d'origine alimentaire.

Dans ce numéro, vous découvrirez les principales sources d'infections, et les moyens de vous prémunir des infections dues au campylobacter et aux salmonelles, ainsi que des troubles intestinaux provoqués par les shigelles et les Escherichia coli.

Pour cela, foncez en page 8, et surtout, il 'oubliez pad de cuire longuement led viande*) que voud allez placer dur vod barbecued.

Edito page 1 L ' U N I L en livres page 4 Courrier des lecteurs page 7

MEDECINE

Pique-niques, barbecues : gare aux

bactéries de l'été page 8

Vive l'été, ses p i q u e - n i q u e s et b a r b e c u e s en plein a i r ! Si elles pouvaient parler, certaines bactéries entonneraient, elles aussi, ce refrain.

C a m p y l o b a c t e r , s a l m o n e l l e s , s h i g e l l e s ou Escherichia coli profitent de la c h a l e u r pour se multiplier d a n s nos s a n d w i c h e s et nos g r i l l a d e s mal cuites, provoquant des gastro-entérites. Les explications et les conseils de d e u x c h e r c h e u r s de l ' U N I L pour s'en prémunir.

SOCIETE

Dans le couple, en famille,

au travail... voici ce qui a (un peu)

changé depuis les années 1960 ... page 16

En 2007, les hommes au foyer ne sont plus déses­

pérés, mais ils restent rares. Ces «exceptions statistiques» seront néanmoins récompensées le 17 juin prochain, puisque la Suisse célébrera la première Fête des pères. Q u a n t a u x femmes qui dirigent des entreprises, une étude réalisée à l ' U N I L montre qu'elles sont exagérément féli­

citées quand ça marche, et exagérément criti­

quées lorsque les objectifs ne sont pas atteints...

G E O S C I E N C E S Bienvenue au Mésozoïque, le parc

suisse des dinosaures page 24

Notre p a y s n'est pas aussi célèbre q u e l ' U t a h ( U S A ) , la M o n g o l i e ou la C h i n e . Et pourtant, il compte plusieurs sites d'importance mondiale qui nous racontent la vie des «terribles lézards»

et celle de leurs contemporains, les g r a n d s rep­

tiles. Plongée d a n s notre préhistoire.

R E L I G I O N

Pourquoi l'islam stimule notre

rapport à la religion page 36

D é s o r m a i s inscrit d a n s le p a y s a g e suisse, l'is­

lam suscite r é g u l i è r e m e n t des réactions dont la p r e s s e se fait l'écho. M a i s au fait, q u e l l e s q u e s t i o n s ? S e pourrait-il q u e l'islam revivifie la foi c h r é t i e n n e ? L e s r é p o n s e s de trois spé­

cialistes de l ' U N I L .

I N T E R V I E W Quand la justice

était rendue par des gens qui se

méfiaient des juristes! page 44

Au M o y e n - A g e , ce n'était pas la loi, m a i s des c o u t u m e s qui r é g i s s a i e n t la vie des R o m a n d s . Elles étaient a p p l i q u é e s p a r des g e n s conser­

v a t e u r s qui faisaient d a v a n t a g e a p p e l au bon sens. Le g r a n d spécialiste de ces p r a t i q u e s , J e a n - F r a n ç o i s Poudret, r a c o n t e .

2 A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

S C I E N C E S Sommes-nous le stade ultime

de l'évolution? page 52

L a série T V « H e r o e s » d é b a r q u e à la mi-juin sur la T S R . Ce succès p r o g r a m m é nous montre des êtres h u m a i n s qui m u t e n t et se voient sou­

dain dotés de p o u v o i r s e x t r a o r d i n a i r e s . A l'image de ces héros, sortirons-nous un j o u r du s t a d e homo s a p i e n s p o u r c h a n g e r d ' e s p è c e ? L'hypothèse n'est p a s s u r r é a l i s t e , ni lointaine.

L A V I E À L ' U N I L

Formation continue page 61 Abonnez-vous,

c'est gratuit!

page 64

L'info

A priori, les nouveaux pères sont par- tout. Dans la pub, dans les feuilletons TV et dans les cours d'école, le matin, au moment d'y accompagner les enfants. Partout? Sauf dans les sta-

tistiques, où ces nouveaux pères ne sont que 2 %,

comme

voiu»

le

découvrirez en page 16.

Allez davoir!

EN A PARLÉ !

Les dons, les poissons et les évangélistes

O

ue pouvons-nous faire pour sauver des vies? Dans le numéro 33 d'«AUez savoir!», en octobre 2005 (1), nous avons listé les réponses à cette question. Donner du sang, des plaquettes, des cellules et des organes. A l'époque, nous constations déjà que la Suisse figurait à la traîne des pays euro­

péens en la matière. La situation ne s'est malheureusement pas arrangée en 2006. Les dons du sang ont encore baissé de 1%, et le nombre de donneurs d'organes a également diminué l'an dernier. Reste à espérer que la nouvelle Loi fédérale sur la trans­

plantation d'organes, qui entre en vigueur le 1e r juillet pro­

chain, change la donne.

Dans le dernier numéro d'«Allez savoir!» ( 2 ) , nous évoquions les dégâts causés dans nos lacs par les lâchers clandestins de grands prédateurs comme les black-bass, les silures et les sandres, qui viennent s'ajouter aux brochets pour nous dispu­

ter les filets de perches si appréciés durant tout l'été. Depuis, des mesures ont été prises. Elles ont principalement visé les brochets surabondants, dont la pêche a été autorisée ce prin­

temps, durant leur période de fraie. On ne saurait trop conseiller aux amateurs de filets de perches de s'intéresser aux brochets, une espèce malheureusement (pour les perches) et injustement (ce sont de nombreux chefs qui nous le disent) sous-estimée par les gastronomes.

Près de 50'000. C'est le nombre de personnes qui ont signé une pétition lancée l'hiver dernier par l'Union démocratique fédé­

rale contre la chanson de D J Bobo, «Les vampires sont vivants».

Parmi eux, bon nombre de chrétiens évangéliques. Qu'un si petit parti ait pu réunir autant de signatures aussi vite a dû surprendre plus d'un Suisse. Mais pas nos fidèles lecteurs du numéro 31 d'«Allez savoir!», qui ont découvert l'extrême vita­

lité de ce courant religieux dans nos contrées. Cette interview (3) complétait d'ailleurs une enquête publiée dans le numéro 30 de ce magazine (4), où nous évoquions le soutien des évan­

géliques à George W. Bush lors de sa deuxième campagne à la présidence des Etats-Unis. Avant de rappeler que les évan­

géliques sont le courant religieux (islam compris) qui progresse le plus depuis 1945. «L'affaire» D J Bobo, si bénigne et amu­

sante qu elle soit, vient de confirmer leur visibilité et leur mobi­

lisation croissantes.

Joceiyn Rachat

(1) «Tout ce que vous pouvez donner pour sauver des vies»,

«Allez savoir!», № 33, octobre 2005, sur Internet à l'adresse:

www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as33/pages/5_organes. html (2) «Ces lâchers clandestins de poissons qui malmènent nos

lacs», «Allez savoir!», № 37, février 2007, sur Internet à l'adresse:

www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as37/pages/6.poissons.html (3) «Les évangéliques sont en nette croissance par rapport aux

autres Eglises en Suisse», «Allez savoir!», № 31, février 2005, sur Internet à l'adresse:

www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as31/pages/interview.html (4) «A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il?»,

«Allez savoir» № 30, octobre 2004, sur Internet à l'adresse:

www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as30/pages/religion. html

(4)

L'UN IL en I tiered..

Littérature et sciences sociales

Ce numéro spécial de la revue «a contrario» vise à encourager le dialogue interdisciplinaire entre deux champs d'étude qui se sont souvent tourné le dos, les sciences sociales et la littérature, afin de réfléchir sur ses modali- tés dans l'espace romand et sur les profits heuristiques que l'on peut espérer en tirer.

Ce dialogue est loin d'être facile à établir, car il se fonde sur un arrière-plan souvent polémique.

D'un côté, c'est la littéralité

même des œuvres qui semble d'entrée les soustraire à l'inves- tigation des sciences sociales.

Pour les littéraires, le texte acquiert sa légitimité en tant qu'objet d'étude par le biais d'un primat donné à la visée esthé- tique, qui l'extrait du même coup du champ des discours sociaux et lui confère un caractère de sin- gularité irréductible. D'un autre côté, les chercheurs en sciences sociales peuvent avoir tendance à traiter l'objet littéraire comme n'importe quel objet culturel, sans saisir alors l'intérêt de ce

champ d'étude particulier pour leurs propres travaux, notamment sous l'angle de la problématisa- tion des questions concernant l'écriture et la lecture des textes.

(Extrait de l'éditorial!

«Littérature et sciences sociales pV dans l'espace romand», sous la direction de Raphaël Baroni, Jérôme Meizoz et Giuseppe Merrone, Antipodes, vol.4, no 2, 163 pages, 2006.

a contrario

Numéro spécial : Littérature et «ciance* sociale«

dan* l'capace romand Sam la d'i trrrimt

de Raphail Baroni, Jérôme Mtizoz tt Giuseppe Mtmmt

L'art du suspense et la tension narrative

Suspendus aux lèvres d'un con- teur, incapables d'interrompre la lecture d'un roman, captivés par un film haletant, nous faisons tous l'expérience quotidienne de ce plaisir apparemment para- doxal que nous tirons de notre insatisfaction provisoire face à un récit inachevé. Bien qu'une mode esthétique et théorique ait tenté de nous convaincre que ce plai- sir était honteux, on peut néan- moins avoir l'intuition que le cœur vivant de la narratlvlté réside pré- cisément dans ce nœud coulant, toujours plus serré à mesure que nous progressons dans l'histoire, qui nous attache à l'intrigue et creuse la temporalité par l'at- tente Impatiente d'un dénoue- ment.

Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat de Raphaël Baronl, soutenue à l'UNIL en juin 2005.

Ed.

«La tension narrative» Suspense, curiosité et surprise, Raphaël Baroni, Collection poétique. Editions du Seuil, 438 pages. 2007.

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Raphaël Baroni LA TENSION NARRATIVE

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Quêtes de santé.

Pour Mario Rossi, co-rédacteur de cet ouvrage, la modernisation et la globalisation de notre société ont mené à «l'émergence d'un pluralisme social et culturel, reli- gieux et spirituel, soignant et médical» dans lequel «la santé n'est plus l'apanage exclusif de la médecine».

Ce livre interroge les nouveaux défis posés par cette pluralité. Il analyse les discours et les pra- tiques des acteurs dans un contexte d'offre et de demande et étudie leurs jeux de concur- rence et de complémentarité.

Cette publication est issue du col- loque «Offres de guérison: con- currence ou complémentarité?»

tenu en février 2006, coorganisé par l'Observatoire des religions en Suisse, dont le siège est à l'UNIL. Ed.

«Quêtes de santé. Entre soins médicaux et guérisons spirituelles».

Nicole Durisch Gauthier, Mario Rossi, Jôrg Stolz, Collection Religions et modernités, Labor et Fides, 136 pages, 2007.

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Nicolt Duriteli Gauthier Ilario Roui hit Sion

Q u ê t e s d e s a n t é Entre toi ni médicaux ri gueriioru • fri rituelle«

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A L L E Z S A V O I R ! /

Le regard générique

A quoi reconnaître un genre et sous quel angle le décrire?

Aujourd'hui, notre intérêt pour ces questions est avant tout d'ordre pragmatique: constam- ment sollicités, les genres ser- vent à quelque chose et à quel- qu'un; ils définissent un «voir comme», et constituent une médiation essentielle dans nos pratiques de lecture, de classe- ment, de valorisation ou d'inter- prétation. La question n'est plus, par exemple : «A la recherche du temps perdu» est-il un roman policier, une comédie ou un traité de morale? mais: que fait-on quand on le lit ou quand on le classe comme tel? Enchevêtre- ment complexe de connaissances et de reconnaissances, d'appro- priation, le regard générique puise à un répertoire de formes et d'idées qu'il nourrit en retour.

Publié dans la collection La Licorne des Presses universitaires de Rennes, ce livre est le fruit

La conférence, outil de communication

...L'intellectuel est vu comme un

«homme de lettres» dont l'arme de prédilection par excellence demeure la plume. Pourtant la transmission des idées ne se limite pas à l'écrit, et, à négliger la transmission orale, on se prive de tout un pas, important, de l'ac- tivité intellectuelle. Dans le monde du savoir, le cours ou la

«dispute orale» constituent quel- ques-uns des fondements de la

№ 3 8 M A I 2 0 0 7

d'un colloque en deux parties qui s'est tenu à l'Université de Lau- sanne en novembre 2004 et à Paris en juillet 2005. Ed.

«Le savoir des genres». Etudes réunies et présentées par Raphaël Baroni et Marielle Macé, 372 pages, PUR, 2007.

• • ' >

Le s a v o i r d e s g e n r e s

m ^ L a - L i c o r n e ra

transmission des connaissances et de l'apprentissage académi- que. Les congrès et autres col- loques scientifiques sont autant de lieux d'échanges, de sociabi- lité mais aussi de légitimité.

Enfin, la conférence représente une activité sociale ainsi qu'une modalité essentielle de la con- quête d'un capital tant symbo- lique qu'économique des intellec- tuels.

Ce volume est consacré à cet objet historique aux contours à

L'UNIL en tivred

Q u ' e s t q u ' u n e

religion

Vers une définition de la religion

Dans le chapitre introductif de son livre, Pierre Gisel interroge:

«Sait-on toujours ce qui fait la frontière entre une religion, une spiritualité, une sagesse ou une recherche d'équilibre de vie, une attitude réceptive à l'égard de ce qui dépasse l'humain (le cos- mos? des énergies? les astres?)?

ou le sujet que je suis, pris dans des appartenances et des héri- tages (une généalogie? une tra- dition? une mémoire?)?

L'astrologie est-elle une religion?

une science? autre chose? et la

Scientologie? Dans la seconde moitié du XXe siècle, ¡1 y eut en tous cas divers procès sur la question de savoir si c'était une Eglise (...).»

Après avoir décrit le paysage reli- gieux contemporain et l'avoir placé dans sa perspective histo- rique, il en présente le statut, la fonction et les enjeux.

Pierre Gisel est professeur de théologie systématique à l'UNIL.

Ed.

«Qu'est-ce qu'une religion?». Pierre Gisel, Collection chemins philosophiques. Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 128 pages, 2007.

Urbia

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Participation et

développement durable

Après deux numéros consacrés aux problématiques de l'étale- ment urbain et aux politiques d'insertion et de logement, le troi- sième numéro d'Urbia, publié par l'Observatoire universitaire de la ville et du développement durable de l'UNIL, traite de la participa- tion de la population dans les démarches d'aménagement ur- bain. Quels sont les apports et les limites des processus participa- tifs? Comment remettent-Ils en cause les modalités tradition- nelles d'exercice du pouvoir?

Bien que critiquée, l'approche participative n'en est pas moins incontournable, et cette publica- tion veut éclairer les modalités propres à en tirer le meilleur parti, notamment à l'aide d'exemples suisses.

Le prochain numéro, à paraître en juin 2007, aura pour thème «Les éco-quartiers et l'urbanisme durable». Ed.

«Urbia, les Cahiers du développement durable», l'Observatoire universitaire de la ville et du développement durable.

Institut de géographie, 141 pages.

priori indéterminés, à ce support médiatique encore largement méconnu.

François Vallotton enseigne l'his- toire des médias à la Section d'histoire de la Faculté des lettres de l'UNIL. Ed.

«Devant le verre d'eau». Regards croisés ^ sur la conférence comme vecteur de vie

intellectuelle (1880-19501, sous la direction d'Alain Clavien et de François Vallotton, Antipodes, 139 pages, 2007.

« DEVANT LE VERRE D'EAU »

Homosexualité et histoire d'Israël

Les lecteurs d'«AIlez savoir!» se souviennent des récentes inter- ventions dans nos pages de Tho- mas Römer sur le déluge (AS 37) ou sur les relectures possibles de l'Ancien Testament après les der- nières études archéologiques (AS 32). Ce prolixe chercheur vient encore de s'attaquer à un sujet très discuté, puisqu'il nous propose une enquête historique sur l'homosexualité dans le Proche-Orient ancien et dans la Bible. Son livre cherche à décrire comment on envisageait à l'époque les relations sexuelles entre deux hommes (et, plus rare- ment, deux femmes). L'ouvrage veut également mettre en garde contre l'utilisation anachronique de la Bible dans le débat actuel sur l'homosexualité.

Dans un autre registre, et cette fois en anglais, Thomas Römer a publié une introduction histo- rique, sociologique et littéraire à la première histoire d'Israël, qui a été rédigée par des fonction- naires de la cour de Jérusalem au VIe siècle avant notre ère. Ces derniers cherchaient alors à expliquer la destruction de Jéru- salem par les Babyloniens. Cet ouvrage montre comment cette histoire s'inspire largement de la production littéraire assyrienne et babylonienne. J.H.

«The So-Called Deuteronomistic History:

A Sociological, Historical and Literary Introduction», par T. Römer. London - New York: T&T Clark - Continuum, 2006.

«L'homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible» (Essais bibliques 37), par T. Römer et L. Bonjour, Genève: Labor et Fides, 2005.

Thomas Römer ta Loyse Bonjour

Lhomosexualité dans le Proche-Orient ancien

et la Bible I.

UM R "•' B

Pulsions narcissiques

L'objectif principal de cet ouvrage est de retracer les rapports conjonctifs et disjonctîfs entre les auto-érotismes et les narcis- sismes au cours du développe- ment du psyschisme en tenant compte de la seconde théorie freudienne des pulsions (opposi- tion entre pusions erotiques et pulsions de destruction). Cette publication propose une vision générale des pulsions du moi, à savoir, des pulsions qui, sous formes directes ou transformées, sont à l'œuvre dans le moi.

Jean-Michel Porret est privat- docent et maître d'enseignement et de recherche à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL. Ed.

«Auto-érotismes, narcissismes et pulsions du moi». Jean-Michel Porret, Collection psychanalyse et civilisations, L'Harmattan, 183 pages, 2006.

r

AUTO-ÉROTISMES.

NARCISSISMES ET PULSIONS DU MOI

I Iff..

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7 5

(5)

L'UNIL en L lv red

U n C D - R O M p o u r d é c o u v r i r l e s c h a u v e s - s o u r i s

Si elles restent difficiles à obser- ver dans la nature, les chauves- souris sont désormais très faciles à découvrir avec son ordinateur.

Ces animaux nocturnes n'auront plus de secret pour vous grâce à un CD-ROM imaginé par le Musée de zoologie, associé à l'Université de Lausanne.

Destiné notamment aux ensei- gnants et à leurs classes, ce cyber- robjet nous montre les différentes espèces de chauves-souris, leur anatomie et leur habitat, sans

oublier leur régime alimentaire.

On y trouve encore une galerie de photos pour contempler à loisir ces animaux discrets, des cartes d'identité, un jeu de cartes à fabriquer et un reportage sur le travail des biologistes passionnés par les chauves-souris, comme Philippe Christe, un chercheur de l'UNIL bien connu des lecteurs d'«Allez savoir!» et coauteur de ce CD-ROM.

«Ailes de nuit» peut s'utiliser en individuel. Mais ce CD-ROM pro- pose aussi des activités conçues spécialement pour les ensei- gnants, à faire en classe. C'est un véritable cours clés en main. J.R.

«Ailes de nuit, les chauves-souris se présentent», un CD-ROM MAC/PC de Philippe Christe, Olivier Glaizot et Alain Mabille, Musée de zoologie de Lausanne, décembre 2006.

On peut notamment le commander à l'adresse Internet: ¡nfo.zoologie@vd.ch

N o t r e h é r i t a g e c e l t e La recherche sur le monde cel- tique a progressé de manière spectaculaire ces dernières années. Restait à effectuer la synthèse de ces découvertes qui nous permettent de voir nos ancêtres sous un jour plus favo- rable. Cela a été fait l'été dernier, lors d'un grand colloque au Col- lège de France.

Ce rendez-vous avait été préparé par des tables rondes tenues dans les universités de Lausanne, Leip- zig, Bologne, Budapest et Cam- bridge. La manifestation vaudoise devait réévaluer les processus de romanisation des populations gauloises et réfléchir sur les aspects de la civilisation et de la culture celtiques encore percep- tibles sous l'Empire de Rome.

Il a été tiré de ces discussions un ouvrage intitulé «Celtes et Gau- lois...» qui aborde les change- ments politiques, économiques et sociaux entraînés par l'intégra- tion du monde celtique à l'Empire.

On y décrit encore l'identité des acteurs de la romanisation, le degré d'originalité de la culture

provinciale dans les anciens ter- ritoires gaulois et l'importance des survivances celtiques. J.R.

«Celtes et Gaulois:

l'Archéologie face à l'Histoire.

La romanisation et la question de l'héritage celtique.

Actes de la table ronde de Lausanne, 17-18 juin 2005», sous la direction de Daniel Paunier, Bibracte, 2006.

On peut notamment le commander à l'adresse Internet: boutique@bibracte.fr

Celle* et Gaulois l'Art h col ocie ûtc i I'HIM

La romanisation ce la question de 1'hcrítagc celtique

Peuple et identité

Le p e u p l e e t l ' i d e n t i t é v a u d o i s e

En 1798, les autorités révolution- naires doivent rapidement inté- grer au nouvel ordre politique une population vaudoise attentiste, voire hostile face au changement.

Elles gèrent la révolution en cher- chant le juste milieu entre l'aris- tocratie renversée et la démocra- tie, qu'elles craignent de voir dégénérer en démagogie. Afin de

pérenniser le nouvel Etat républi- cain, il leur faut assurer les fon- dements d'une cohésion canto- nale qui dépasse l'esprit de localité. Pour ce faire, plusieurs mythes identitaires et symboles politiques fédérateurs sont remis au goût du jour, comme le major Davel ou Guillaume Tell.

Mêlant histoire culturelle et poli- tique, les deux études réunies dans ce volume permettent d'éclairer les fondements intel- lectuels qui président à la forma- tion d'un régime républicain et d'une identité commune dans le Canton de Vaud au seuil du XIXe siècle.

Raphaël Rosa et Matthias Bolens sont licenciés ès lettres de l'UNIL Ed.

«Peuple et identité.

Représentations vaudoises après la Révolution 1798-1814», Raphaël Rosa, Matthias Bolens, Bibliothèque historique vaudoise, no 129,320 pages, 2007.

R e m b r a n d t e t s e s é l è v e s

«Si les œuvres de Rembrandt ont largement contribué à sa renom- mée, son atelier a joué un rôle aussi essentiel dans le dévelop- pement de sa carrière», raconte Jan Blanc, maître-assistant à la section d'histoire de l'art de l'UNIL.

Avec son étude «Dans l'atelier de Rembrandt», il nous entraîne dans les coulisses de l'école

Rembrandt. «Ayant formé de nombreux artistes, il s'est affirmé comme l'un des plus grands maîtres de son temps.»

Fondé sur de nombreux exemples et témoignages, cet ouvrage se veut une plongée dans l'atelier de Rembrandt. On y découvre des peintres méconnus, talentueux et originaux. On apprend quelles étaient leurs conditions de vie, de travail, leurs relations, leurs dis- cussions et l'on comprend mieux, à travers l'examen des méthodes et des exercices du maître, en quoi Rembrandt a renouvelé l'art d'enseigner la peinture au Siècle d'or. AS

«Dans l'atelier de Rembrandt, le maître et ses élèves». Jan Blanc, Ed. de la Martinière, 2006.

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

1. Cyberjexe

« R é v o l u t i o n n a i r e » Votui ne jerez pas étonné que j'aie appré­

cié votre éditorial da.ru «Allez savoir!» de février2007. Mon dernier «édita» daiu «24

Heures» aborde exactement la même ques­

tion, sous un angle très légèrement diffé­

rent. Je suis persuadé que ce que vous écri­

vez est exact et doit être répété (vous avez eu l'élégance de le faire): «Il suffit qu'un adulte manifeste... pourqu 'ilsoit entendu, même par un adolescent un peu rebelle.»

C'est aussi mon expérience de médecin : on s'attend à ce qu 'un jeune patient auquel on se permet une «remarque» vous envoie paître comme un vieux crabe tombé du siècle passé.

Eh bien, pas du tout : il paraît presque sou­

lagé d'avoir affaire à un adulte qui l'aide à se repérer. Simplement, un «adulte» ! J'ose vous dire que votre discours est «révolution­

naire», tout comme l'article qu 'il introduit.

(...) De plus, cette édition d'«Allez Savoir!» donne la parole à deux profes­

seurs qui mettent en doute bi cause unique, et cela malgré la position de la cheffe du DFJ. Cette marque d'indépendance mérite d'être saluée. Voiu savez peut-être com­

bien j'ai été'effrayéparl'intervention poli­

tique contre le Dr Alain Herzog qui s'était permis de dire des choses jugées déplai­

santes par certains (tt surtout certaines).

L'Université doit jouir d'une parfaite liberté d'expression à l'égard du pouvoir politique. Elle ne doit répondre qu 'à une seule question : est-ce vrai? L'opportunité de ses affirmations n 'estpas une question académique.

Jacqued-André Haury, député

S e n s a t i o n n a l i s m e *

Que de sensationnalisme et d'alarmùme dans une revue que je croyais de niveau universitaire (...) Us déviances ont tou­

jours existé defaçon marginale (...) L'im­

mense majorité des jeunes a une sexua­

lité tout àfaitsemblabU à celU de ses géni­

teurs. Certes, l'utilisation des médias dans la sexualité est plus grande qu 'autrefois, et alors] C'est ainsi dans tous les domai­

nes. (...) Internet, c'est beau. Ça a changé la vie de millions d'adolescents et d'adultes seuls, déprimés, trop gros, mal dans leur peau ou homosexuels, par exemple. (...) Sincèrement, vous y croyez? Vous croyez que noiu, Us adolescents d'aujourd'hui, noiu avons envie de décapiter nos cama­

rades et de devenir zoophiles? Parce que ces images sont sur Internet? (...)

Adrien Vion

~ La version compUte de cette réaction se trouve dur le blog d'«Allez savoir!», www2.un il. ch/a llezsa voir

2. Caidde unique

P a s o b j e c t i f L'article intitulé «La caisse unique n 'estpas

la potion miracle pour notre système de santé», paru dans le numéro de février d'«Allez savoir!», a malheureusement rete­

nu notre attention (...) L'UNIL est (...) une institution publique de laquelle on est en droit d'attendre une objectivité aiiui qu'une neutralité de principe dans le domaine politique. L'entrevue citée (...) con­

trevient ouvertement à (...) ce principe.

Quant à son orientation d'abord, puisque son titre (notez l'absence de guillemets) dévalue (...) la proposition soumise au vote.

Quant aux personnes interrogées ensuite, puisque les deux professeurs (...) partagent une opinion défavorable à ladite initiative.

Quant à ta méthode et au contenu enfin, puisque les propos scientifiques et les argu­

ments politiques se trouvent allègrement mélangés (...) Nous nous élevons contre cet abus (...) considérant que la présentation équitable des points de vue constitue pour l'UNIL le seul mode possible de communi­

cations sur un sujet politique (...) Le bureau de la Fédération ded

associations d'étudiantEd Cette réaction nous a amenés à ouvrir un blog pour débattre de l'opportunité, pour «Allez savoir! », d'évoquer des sujets politiques. Voici la synthèse des

huit réactions enregistrées à l'adresse www2.unil.ch/allezsavoir, où vous pouvez lire l'intégrale de ces messages:

P a s u n e i n c i t a t i o n a u v o t e

A mon avis, la société a besoin de l'avis de ses chercheurs quels que soient les sujets abordés. Ces derniers agissent comme des repères utiles à l'heure où mass média et politiques ne sont plus considérés par la population comme des sources crédibUs d'information (...). L'article incriminé, bien qu 'un peu trop technique, ne m'a pas semblé être une incitation au vote contre la caisse unique.

Philippe Guinand

C r i t i q u a b l e

Que la publication s'intéresse aux sujets politiques par le biais de chercheurs/cher­

cheuses est une bonne chose. Mais com­

ment est-il possible de réaliser un entre­

tien avec deux économistes dont le cœur balance en faveur d un modèle d assurance basé sur la concurrence et imaginer que cela pu'use rester objectif? (...) Pourquoi ne pas avoir interrogé une personne en médecine ou en sciences sociales ? (...) Au mieux cet article était maladroit, au pire il était quelque peu orienté... (...)

Guillaume Henchoz

C o n f u s i o n s

L'UNIL a raidon de solliciter ses cher­

cheurs sur des questions d'actualité : c'est

même quelque chose qu 'elle devrait faire plus souvent (....)• De surcroît, il est tout à fait pertinent de discuter de l'actualité politique. Maintenant, concernant l'ar­

ticle sur la caisse unique, le moins que l'on puisse dire с 'est qu 'ily a eu une confusion entre une opinion d'expert (basée norma­

lement sur un travail scientifique) et une opinion politique a proprement dite (basée sur des valeurs). Or, un articles 'opposant si clairement à la cause unique (...) fait croire que notre vote doit se baser sur une expertise таи pas du tout sur des valeurs, que les experts (ceux qui savent) pensent qu 'ilfaut, scientifiquement, voter non. Ces deux propositions sont complètement fausses.

Samuel lien Jaban, addidtant diplômé НЕС

P l u s s c i e n t i f i q u e

(...) S'agit-il ici d'un éclairage scienti­

fique sur la question ou d'une prise de posi­

tion politique? Le lecteur attentif se voit forcé de répondre: les deux ! (...) Chaque fou qu'un raisonnement scientifique

débouche sur un mot d'ordre politique, alors il n 'est plus purement scientifique.

(...) Et il est alors de mise, dans un maga­

zine d'information, de donner la parole à ceux qui font une autre interprétation des mêmes données, en l'occurrence en faveur de la cause unique.

Benoît Gaillard

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7 7

(6)

Pique-niques,

barbecues : gare aux bactéries de l'été

^\/ive L'été, ded pique-niqued et barbecued en plein air! Si elled pouvaient parier, certained

bactéried entonneraient, elled auddi, ce refrain.

Campylobacter, dalmonelled, dhigelled ou Edcherichia coli profitent de la chaleur pour de multiplier dand nod dandwiched

et nod grilladed mal cuited, provoquant ded gadtro-entérited. Led explication et led condeiU de deux chercheurd de

rUNIL pour d'en prémunir.

8 A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

(7)

Pique-niques, barbecues : gare aux bactéries de l'été

MEDECINE

Thierry Calandra, chef du Service des maladies infectieuses du CHUV et professeur à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL

I

nvariablement, chaque été apporte son lot de gastro-entérites d'origine alimentaire. Les courbes saisonnières des infections dues au campylobacter et aux salmonelles, dressées par l'Office fédé­

ral de la santé publique (OFSP), en témoignent: elles se caractérisent par des pics importants en juillet et en août. On pourrait en dire autant des troubles intes­

tinaux provoqués par les shigelles et les Escherichia coli.

Aucun doute n'est possible. Ces bac­

téries et quelques autres profitent de la saison chaude pour s'insinuer en nombre dans notre système digestif, provoquant des diarrhées qui peuvent s'accompagner d'autres symptômes. Des troubles tou­

jours déplaisants et qui, parfois, peuvent se révéler plus graves.

Chaîne du froid rompue

Mais pourquoi l'été? Question de cli­

mat, tout simplement. Lorsque la tem­

pérature atteint et dépasse 30 °C, ces micro-organismes s'épanouissent et pro­

lifèrent rapidement. Pour eux, «c'est la situation idéale, constate Thierry Calan­

dra, chef du Service des maladies infec­

tieuses du CHUV et professeur à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL. La température ambiante est alors proche de celle (37 °C) que l'on uti­

lise dans nos laboratoires pour faire pous­

ser ces germes.»

Nos habitudes estivales font le reste pour favoriser les contaminations. Ces micro-organismes sont véhiculés par les animaux domestiques - volailles et bovins notamment - et par l'eau. Ils se retrouvent ensuite dans la viande et les œufs crus ou insuffisamment cuits, ainsi que dans le lait non pasteurisé. Autant dire que si l'on rompt la chaîne du froid - ce qui est fréquent en été lorsque les sandwichs restent dans les sacs avant d'être consommés au terme d'une longue balade - ils ont tout le loisir de se multiplier.

Steak peu cuit, eau non bouillie...

Les déjeuners sur l'herbe ne sont tou­

tefois pas les seuls en cause. Les barbe­

cues sont, eux aussi, propices à l'appa­

rition des infections alimentaires. Le feu qui tarde à prendre, les invités qui s'im­

patientent et crient leur faim : il n'en faut pas plus pour que l'assemblée se préci­

pite sur des steaks ou des morceaux de poulet peu cuits et qui, de ce fait, peu­

vent être vecteurs d'infections.

Si, de surcroît, les convives veulent profiter de l'eau d'une rivière pour pré­

parer leurs boissons, ils risquent gros. En août2003, rapporte 1 OFSP, neufs jeunes recrues ont été victimes d'une entérite à campylobacter après avoir bu du thé infusé dans de l'eau de ruisseau non bouillie.

Sans compter que la saison chaude est par excellence celle de la convivialité.

Lors des fêtes et manifestations, de nom­

breuses personnes se trouvent réunies autour d'une même table. En plein air de surcroît, où il n'est pas toujours facile de se laver les mains. Promiscuité, manque d'hygiène : les facteurs sont réunis pour favoriser la transmission des infections de toutes sortes, d'origine alimentaire notamment.

Tout est affaire de quantité

En fait, ces bactéries, en soi, ne sont pas toutes pathogènes. «On mange des salmonelles tous les jours, souligne Jacques Bille, directeur de l'Institut de microbiologie médicale rattaché au CHUV et professeur de microbiologie à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL. Si l'on en consomme peu et que

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

La «bactérie du hamburger»

a provoqué plusieurs poussées épidémiques chez les mangeurs de viande hachée mal cuite

Y

nos défenses immunitaires sont intactes, on ne risque rien.» Les problèmes vien­

nent de l'importance de l'inoculum, c'est- à-dire de la quantité de micro-organismes ingérée. Pour être infecté par des salmo­

nelles, il faut en avaler plusieurs millions;

pour ce qui est des shigelles, quelques dizaines suffisent.

Lorsque les germes arrivent en nom­

bre dans l'estomac, les sucs gastriques sont débordés et ne peuvent plus détruire les intrus. «Les salmonelles passent alors dans l'intestin grêle. Là, elles peuvent suivre deux chemins différents, selon leur type. Celles qui causent des gastro-enté­

rites restent localisées dans la muqueuse intestinale. En revanche, les «S. typhi», qui sont des agents de la typhoïde, pénè­

trent dans les cellules intestinales; elles résistent au système immunitaire et pas­

sent dans la circulation sanguine, puis

disséminent dans les différents organes (foie, rate, etc.) », précise Thierry Calan­

dra. Fort heureusement, les cas de ty­

phoïdes restent rares en Suisse; la quasi- totalité est acquise dans les pays en développement.

Bactérie du hamburger

«Le tableau clinique est assez peu spé­

cifique», souligne pour sa part le micro­

biologiste du CHUV. Les salmonelles et les shigelles provoquent des diarrhées - dans lesquelles peuvent apparaître du sang ou des glaires - et parfois de la fièvre (lire en p. 14). Les campylobacter, qui sont responsables, en Suisse, du plus grand nombre d'infections alimentaires, causent d'ailleurs les mêmes symptômes, mais ceux-ci sont «plus marqués».

Quant à certains sérotypes d'Escheri- chia coli, ils induisent la fameuse turista

Les barbecues sont propices à l'apparition d'infections alimentaires. Les personnes les plus menacées sont les gens âgés et les enfants

(8)

P iq ue - il iq ue d, barbecued: gare aux bactéried de l'été M É D E C I N E

Le poulet cru e.it douvent porteur de germed. Il doit être bien cuit avant d'être consomme'

du voyageur. Mais d'autres, comme les colibacilles entérohémorragiques, sécrè­

tent des toxines qui peuvent avoir des conséquences beaucoup plus graves. De tels cas sont très rares en Suisse. En revanche, «ces bactéries du hamburger»

ont provoqué, aux Etats-Unis, plusieurs poussées épidémiques chez des consom­

mateurs de viande hachée mal cuite, alors qu'au Japon, c'est après avoir avalé des radis contaminés que de nombreuses per­

sonnes sont tombées malades.

Listeria: redoutables pathogènes

Un autre microorganisme mérite d'ê­

tre mentionné : la Listéria. Certes, celle- ci ne peut pas être considérée comme une «bactérie de l'été», dans la mesure où elle provoque des infections en toutes

saisons. Les cas de listérioses restent d'ailleurs «peu fréquents en Suisse», précise le spécialiste Thierry Calandra.

C'est heureux car, lorsqu'ils se mani­

festent, ces germes se révèlent être de

«redoutables pathogènes alimentaires», comme le dit son collègue microbiolo­

giste. On se souvient des cas de listé­

rioses qui avaient été provoqués, il y a une quinzaine d'années, par la consom­

mation de vacherins.

Les fromages à pâtes molles figurent en effet parmi les principaux vecteurs de ces bactéries, mais on les trouve aussi dans les produits carnés, les salades et les poissons - notamment iumés. Ubiqui- taires, les Listeria résistent de surcroît aux températures fraîches des réfrigéra­

teurs, aux fortes concentrations de sel et même aux milieux acides. Elles provo­

quent des gastro-entérites assez sé­

rieuses, qui peuvent s'accompagner de septicémies et de méningites chez les per­

sonnes les plus fragiles.

Intoxications alimentaires

Comme si cela ne suffisait pas, il faut e n c o r e a j o u t e r au t a b l e a u quelques bactéries responsables d'in­

toxications alimentaires, autrement dit de gastro-entérites affectant le tractus

Jacqued Bille, directeur de l'In.ititut de microbiologie médicale rattaché au CHUV et prof éditeur

de microbiologie à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL

digestif supérieur et provoquant nau­

sées et vomissements.

Tel est le cas notamment du staphy­

locoque doré et du Bacillus cereus, qui - tout comme la Listeria - peuvent sur­

venir tout au long de l'année et que l'on retrouve dans des aliments comme le riz frit et les desserts trop longtemps conser­

vés hors du réfrigérateur.

Tout rentre dans l'ordre

Si l'on rompt la chaîne du froid, ce qui edtfréquent en été lordane led .iandwiche.1 rotent dand led dacd avant d'être condomméd au terme d'une longue balade, led micro-organidmed ont tout le loidir de de multiplier

Les intoxications alimentaires durent de 24 à 48 heures. Quant aux gastro­

entérites provoquées par les bactéries de l'été, elles durent un peu plus longtemps mais, en général, «tout rentre dans l'ordre au bout de quelques jours», comme le souligne Thierry Calandra.

Les personnes qui ont le plus grand risque d'être infectées sont, comme c'est souvent le cas, les plus fragiles - gens

âgés, jeunes enfants et tous ceux qui sont immunodéprimés. Mais aussi, précise le médecin, «les personnes ayant une aci­

dité gastrique diminuée», car il est alors plus facile aux bactéries de résister à l'at­

taque des sucs gastriques.

La cuisson, c'est l'arme fatale

Pour ces populations à risque, mais aussi pour tout un chacun, un certain nombre de précautions élémentaires s'impose pour prévenir les infections.

Nos deux spécialistes recommandent d'abord de «maintenir la nourriture au réfrigérateur le plus longtemps possible et d'éviter de rompre la chaîne du froid», en transportant par exemple le pique- nique dans une glacière. Mais aussi de

«respecter les dates de péremption indi­

quées sur les aliments». Et surtout, de bien cuire les viandes, œufs et autres pro­

duits susceptibles d'être contaminés : «La cuisson est l'arme fatale contre les bac­

téries, car celles-ci ne résistent pas aux températures dépassant 60 °C», précise J a c q u e s Bille.

Contamination croisée

Il faut aussi éviter une autre source importante d'infections, la contamination croisée. Il suffit en effet de déballer et de couper un poulet cru contaminé, puis d'utiliser le même couteau pour prépa­

rer la laitue, pour retrouver des bacté­

ries sur les feuilles de salade. «Il est donc très important de laver les couteaux et autres ustensiles de cuisine avant de les réemployer», souligne le microbiologiste.

Si, en outre, on veille à l'hygiène et que l'on se lave régulièrement les mains, on pourra profiter pleinement des joies des pique-niques, barbecues et autres plaisirs de l'été, sans risquer la gastro­

entérite.

Elidabetb Gordon

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

(9)

Pique-niques, barbecues: gare aux bactéries de l'été M E D E C I N E

Ces bactéries qui

Escherichia coli

C

ommunément nommée colibacille, cette bactérie est l'une des mieux connues des microbiologistes qui l'uti­

lisent couramment comme modèle expérimental. Son génome a d'ailleurs été décrypté en 1997. Escherichia coli

est naturellement présente dans la microflore intestinale de tous les ani­

maux à sang chaud, et notamment de l'être humain. Il en existe en fait quelque 2000 souches et, si la plupart d'entre elles sont inoffensives, certaines sont responsables de la turista, cette infec­

tion banale qui affecte de nombreux tou­

ristes dans les pays chauds et humides.

D'autres encore produisent des toxines virulentes et se révèlent très pathogènes.

Tel est le cas notamment des «E. coli»

entérohémorragiques ( E H E C ) , qui sont toutefois rares en Suisse où l'on ne compte que quelques dizaines de malades par an.

Où les trouve-t-on?

Les bactéries pathogènes - en parti­

culier les EHEC - se trouvent principa­

lement dans la viande de bœuf mal cuite ou consommée crue. Les «E. coli» enté­

rohémorragiques ont d'ailleurs été appe­

lées «bactéries du hamburger», depuis qu'elles ont provoqué plusieurs vagues d'infections aux Etats-Unis chez des consommateurs de viande hachée.

Symptômes

La bactérie du hamburger peut pro­

voquer un syndrome très particulier, appelé hémolitique-urémique. Les pre­

miers symptômes sont ceux d'une intoxication alimentaire - avec des diar­

rhées et de la fièvre - mais l'infection peut aussi conduire à la destruction des glo­

bules rouges et à des lésions rénales qui peuvent entraîner une insuffisance rénale.

Traitement

Lorsque des personnes sont infectées par des «E. coli» entérohémorragiques,

«on hésite à leur donner des antibiotiques car en éclatant, les bactéries libèrent des toxines et il taut veiller à ne pas exacer­

ber ce mécanisme». Que faire alors? «On soutient le patient en le réhydratant, en lui faisant des transfusions sanguines et l'on surveille sa fonction rénale», répond Jacques Bille.

Campylobacter

C

ette bactérie est de loin la plus fré­

quente: elle provoque chaque année en Suisse quelque 6000 infections alimentaires. Et il ne s'agit là que du nombre de cas notifiés à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), ce qui signifie qu'elle touche certainement un beaucoup plus grand nombre de per­

sonnes.

Les campylobacter, des bactéries Gram négatives, ont une forme originale : elles «ressemblent à des mouettes», com­

me le dit Jacques Bille, directeur de l'Ins­

titut de microbiologie médicale rattaché au CHUV et professeur de microbiolo­

gie à la Faculté de biologie et de méde­

cine del'UNIL.

Où les trouve-t-on?

Essentiellement dans les viandes blanches et la volaille.

Symptômes

Les campylobactérioses, comme l'on appelle les infections provoquées par cette bactérie, provoquent des gastro­

entérites assez violentes. Celles-ci se manifestent par des diarrhées dans les­

quelles on peut trouver du sang et des glaires, mais aussi par des nausées, des ballonnements et parfois de la fièvre.

«Lorsque l'on souffre d'une campylobac- tériose, on ne se sent vraiment pas bien et l'on consulte souvent son médecin», précise le microbiologiste.

Traitement

D'une manière générale, on traite sur­

tout les cas d'infections sévères; tout par­

ticulièrement s'il s'agit de jeunes enfants, de personnes âgées ou de patients ayant des défenses immunitaires diminuées. Le traitement passe par l'abaissement de la température, la réhydratation et l'admi­

nistration d'antibiotiques.

peuvent gâcher notre été

Shigelles

C

es bactéries en forme de bâtonnets vivent dans les sols ou les eaux; elles n'infectent que les êtres humains chez qui elles se révèlent pathogènes. Quelque 400 à 500 cas de shigelloses sont notifiés chaque année à l'OFSP.

Où les trouve-t-on?

Les shigelles n'infectant pas les ani­

maux, l'homme est leur réservoir natu­

rel. On ne les trouve donc pas dans les aliments, sauf lorsque ces derniers ont été contaminés par les bactéries présentes dans les selles des malades. On peut aussi être infecté après avoir bu de l'eau souillée.

W i k i p e d i a / C e n t e r s for D i s e a s e C o n t r o l and P r e v e n t i o n , U S D p t of H e a l t h and H u m a n S e r v i c e s

1 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

Salmonelles

C

es entérobactéries du genre Salmo- nella doivent leur nom au vétéri­

naire américain Daniel Elmer Salmon qui, le premier, les a décrites à la fin du XIXe siècle. En Suisse, elles affectent 4000 à 5000 personnes par an, selon l'OFSP.

Où les trouve-t-on?

Surtout dans les œufs - donc aussi dans tous les aliments préparés à l'aide de ces derniers, comme les desserts et les pâtisseries - ainsi que dans les viandes, en particulier les volailles.

Symptômes

Les salmonelloses se manifestent par des symptômes analogues à ceux des campylobactérioses, mais atténués.

Traitement

Faut-il ou non traiter les salmonel­

loses? «La décision est complexe, répond J a c q u e s Bille. On a en effet constaté qu'en administrant des antibiotiques aux personnes infectées, on prolongeait leur état de porteurs sains. Dans la mesure où les salmonelles restent longtemps dans les selles, on augmentait ainsi le risque de réinfection.» Il est donc d'usage de réserver la prescription d'antibiotiques aux personnes particulièrement fragiles.

Elisabeth Gordon

Symptômes

Localisées essentiellement dans le gros intestin, les germes s'y multiplient et provoquent une inflammation de la muqueuse. Les shigelloses s'accompa­

gnent des mêmes symptômes que les sal­

monelloses.

Traitement

On traite habituellement les shigel­

loses avec des antibiotiques, car ces médi­

caments diminuent la sévérité de l'infec­

tion et la durée de la maladie. Il faut cependant être attentif au développement de résistances des bactéries aux antibio­

tiques dans les pays où les infections sont endémiques.

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7 1 5

(10)

Dans le couple,

en famille, au travail voici ce qui a

( u n peu) changé depuis

les années 1960

f^jit 2007, les hommes au foyer ne sont

phié dédùpérêd, mais ils restent rares.

Ces «exceptions statistiques» seront néan moins récompensées le 17 juin prochain, puLique la Suuse célébrera la première Fête des pères. Quant aux femmes quidiri gent des entreprises, une étude réalisée à

l'UNIL montre qu 'elles sont exagérément félicitées quand ça marche, et exagérément critiquées lorsque les objectifs ne sont pas atteints...

-

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

(11)

Dand le couple, en famille, au travail... voici ce qui a (un peu) changé depuis led année,! 1960 S O C I É T É

P

apa est au travail, maman à la maison.

Elle élève ses deux enfants et s'occupe de son ménage. Quand il rentre le soir, il plonge sur son journal et dans ses charen- taises. Il sirote son apéritif tandis que le poulet rôtit gentiment dans le four. Les enfants sont en robe de chambre, déjà bai­

gnés grâce à la diligence de leur mère.

Cette image de la famille traditionnelle a été glorifiée aux Etats-Unis dans les années 1950 et 60, puis importée chez nous. Elle atteint son sommet dans les publicités de l'époque pour les appareils ménagers, ceux-là mêmes qui permet­

taient à Maman d'accomplir sa destinée avec efficacité.

Le quotidien des années 1960

A l'Université de Lausanne, l'édition 2007 des «Mystères de l'UNIL» (1) per­

mettra aux enfants - et à leurs parents - de se plonger dans les années 1960, par le biais de divers stands et animations. Au pro­

gramme, on trouve notamment une expo­

sition, «Dans la peau de Jeanne... dans la peau de Jean», au gré de laquelle chacun pourra revisiter sa vie en prenant conscience de ce qui aurait été différent s'il, ou si elle, avait appartenu à l'autre genre.

Des événements historiques, l'introduc­

tion du droit de vote pour les femmes par exemple, ou l'arrivée de la pilule sur le mar­

ché, rappelleront ce qu'était le quotidien du «sexe faible», comme on disait alors.

On peut à l'occasion de ce retour dans le passé se pencher sur le chemin par­

couru. En un peu plus de 45 ans, tout n'a- t-il pas radicalement changé dans les rap­

ports hommes/femmes et dans la vie de ces dernières? Garçons et filles n'ont-ils

pas aujourd'hui la même vie, les mêmes opportunités, les mêmes choix?

Business women et nouveaux pères

Il suffit pour s'en convaincre de lire dans les médias actuels les exploits de ces businesswomen qui dirigent d'une main leur entreprise et changent les couches du cadet de l'autre. Ou de ce père qui a réduit son temps de travail pour s'impliquer complètement dans l'éducation de ses enfants - pour lui rendre hommage, on a même créé la Fête des pères (le 17 juin cette année en Suisse).

Abusé par ces exemples très médiati­

sés, le citoyen de l'an 2007 pourrait pen­

ser que les années 1960 sont bien loin et que les rôles respectifs de l'homme et de la femme ont fondamentalement évolué aussi bien au travail qu'à la maison. «Ce n'est de loin pas le cas pour la majorité des gens», nuance Eric Widmer, socio­

logue à l'Université de Lausanne. Le cher­

cheur rappelle en effet que dans 70% des familles avec enfant, c'est le modèle tra­

ditionnel qui prévaut: «La femme ne tra­

vaille pas (36%) ou très peu (33%), et c'est l'homme qui ramène l'essentiel du salaire.»

L'égalité, c'est avant les enfants.

Mais après...

Eric Widmer explique le parcours clas­

sique : «Avant d'avoir des enfants, le couple est relativement égalitaire : la femme et l'homme travaillent tous deux, généralement à temps plein, et les tâches domestiques sont assez bien réparties.

C'est clairement au moment où ils devien­

nent parents que le déséquilibre apparaît.

Car, dès que l'enfant naît, la mère aban­

donne son emploi ou réduit drastiquement son taux d'occupation.»

Ensuite, elle assume, forcément, l'es­

sentiel des soins aux enfants, surtout tout ce qui concerne les soins de type hygiène ou nourriture. Et elle se retrouve bien plus impliquée que son conjoint dans l'en­

tretien de l'appartement ou de la maison, la lessive, la préparation des repas, etc.

Eric Widmer, sociologue à l'Université de Lausanne

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

En 2007, on ne dit plu.< «femmes au foyer», mai) «Desperate housewives».

Entre la série TV à succès du XXIe siècle (à gauche) et le quotidien des années 1960 (ci-dessous), la révolution n'est pas spectaculaire

Beaucoup de mères de 2007 ressemblent à celles de 1960

Les chiffres de l'Office fédéral de la sta­

tistique parlent d'eux-mêmes: dans les familles avec enfant, les femmes consa­

crent en moyenne près de 60 heures par semaine aux tâches ménagères ou éduca­

tives, contre 33 heures pour les hommes.

Lesquels se réservent d'ailleurs plus volon­

tiers la partie de foot au parc le samedi après-midi que les devoirs au quotidien...

Bref, après quelques années d'indépen­

dance, la femme devient mère et fait...

exactement comme dans les années 1960.

«Pour ces mères qui ne sont pas engagées dans la vie professionnelle, ou très peu, il est difficile, même une fois les enfants grandis, de retrouver un emploi avec des responsabilités et de renouer avec une véritable carrière», poursuit Eric Widmer, avant de souligner que les femmes qui concilient emploi conséquent et maternité ne sont que 5% environ.

Les «nouveaux pères»? Ils sont moins de 2 %

Peu de choses ont donc changé pour elles. Et pour les hommes? Les «nouveaux pères» ont-ils bouleversé le rôle tradition­

nellement dévolu au mari? Pas vraiment.

Ils sont en réalité «si peu signifiants sta­

tistiquement», comme le dit Eric Widmer, que c'est comme si on les avait rêvés: ces

a.

A L L E Z S A V O I R ! / № 3 8 M A I 2 0 0 7

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