Impact du climat et de la mise en valeur des terres sur les ressources en eau souterraine dans le Sahel Nigérien
M. Ibrahim 1,2, 3, G. Favreau1, 2, B. Ousmane3, Y. Nazoumou3, P. Genthon1, 2
1 IRD, Avenue de Maradi, BP 11416, Niamey, Niger
2 IRD, UMR HydroSciences, Maison des sciences de l’Eau, Université de Montpellier II, Place E. Bataillon, CC MSE, 34095 Montpellier, France
3 Université Abdou Moumouni, Faculté des Sciences, BP 10662, Niamey, Niger Email : maimouna.ibrahim@ird.fr
L’impact du changement d’occupation des sols et de la variabilité climatique sur les ressources en eau fait l’objet de recherches accrues à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest.
Comme pour l’ensemble des pays sahéliens, l’impact du changement climatique global sur la pluviométrie au Niger est incertain. D'importantes modifications du couvert végétal, d'origine anthropique (défrichement et mise en culture) ont été observées au cours du 20è siècle. Les processus de dégradation édaphique associés (encroûtement, érosion, salinisation) favorisent les écoulements de surface. Dans certaines régions sahéliennes, ce processus a engendré une montée significative de la nappe phréatique, en apparente contradiction avec la péjoration climatique observée depuis les années 1970. Dans d’autres régions, le défrichement a induit une diminution de l’évapotranspiration et une augmentation de la recharge des aquifères. L’impact de la combinaison des ces deux facteurs (anthropique et climatique) sur les ressources en eau, reste mal quantifié.
Notre objectif est d’évaluer l’impact du changement d’occupation des sols et de la variabilité climatique sur les flux surface-souterrain des sites représentatifs de la variabilité sahélienne au Niger (Sud-ouest, Centre-sud et Sud-est). Les travaux de thèse viseront à quantifier, par des mesures de profils de chlorure et de potentiel matriciel essentiellement, les modifications des flux hydriques de la surface vers le souterrain au cours des dernières décennies. Ces flux seront ensuite modélisés à l’aide du code de modélisation Hydrus 1D, à des fins prédictives (http://www.pc-progress.cz/Pg_Hydrus_1D.htm). Pour ce faire, l’échantillonnage considérera des sites naturels, jamais déboisés ni cultivés (forêts reliques, réserves traditionnelles, espaces réservés), des sites sous agriculture pluviale, et des sites de culture irriguée (poivrons). Le choix de sites avec des évolutions diachroniques de l’usage des sols (intensification du déboisement entre les décennies 1970 et 1990) et des densités de population différentes, permettra de proposer un schéma d’évolution des ressources en eau souterraine extrapolable à une grande partie des régions sédimentaires du Sahel. Nous établirons un schéma temporel pluridécennal de variation des flux surface-souterrain, en lien avec différents usages de sols.
En corollaire, l’étude des traceurs géochimiques permettra d’aborder également le point de l’impact du changement de l’environnement sur la qualité des ressources en eau, insuffisamment pris en compte dans les études actuelles, en comparaison des travaux menés sur les autres régions semi-arides du globe (SW US, SE Australie).
Dans le contexte actuel de réchauffement climatique global, les travaux programmés apporteront donc des résultats sur un compartiment hydrologique encore très mal connu.
L’intérêt majeur réside dans le couplage d’informations quantitatives et qualitatives sur l’évolution de la ressource en eau souterraine. Les résultats obtenus permettront également de proposer des règles de gestion de la ressource en eau, en lien avec les variations éventuelles de salinité dans le temps et l’espace, en fonction des changements d’occupation du sol observés.