A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION C
J ÉRÔME E. L OS
Dédoublement de courbes invariantes sur le cylindre : petits diviseurs
Annales de l’I. H. P., section C, tome 5, n
o1 (1988), p. 37-95
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Dédoublement de courbes invariantes
surle cylindre : petits diviseurs
Jérôme E. LOS Laboratoire de Mathématiques,
Université de Nice, Parc Valrose, 06034 Nice Cedex
Vol. 5, n° 1, 1988, p. 37-95. Analyse non linéaire
RÉSUMÉ. 2014 On s’intéresse à une bifurcation de dédoublement de courbes invariantes sur le
cylindre, qui provient
de l’interaction des bifurcations deHopf
et dedédoublement,
pour une famillegénérique
à deuxparamètres
de
difféomorphismes
deR3,
restreinte à sa variété centralesupposée
C~.On
généralise
à ce cas des résultats d’A. Chenciner sur la bifurcation deHopf dégénérée.
Enparticulier,
on retrouve une structure localeanalogue
de
l’espace
desparamètres :
à l’extérieur d’une infinité de bullesdisjointes
très
fine,
ladynamique
ressemble(dans
un sensprécisé
dans letexte)
àune forme normale.
Mots clés : Système dynamique, difféomorphismes, bifurcations locales, courbes invarian- tes, petits diviseurs, espace de Fréchet, conjugaison différentiable.
ABSTRACT. 2014 We
study
an invariant curvedoubling
bifurcation on thecylinder,
obtained from aHopf
and aperiod doubling
bifurcation interac- tion of ageneric
two parameterfamily
ofdiffeomorphisms
ofR3, by
restriction to it’s central manifold
supposed
to be C~. Wegeneralized
tothis case some results of Chenciner on
degenerate Hopf
bifurcation. We find inparticular,
ananalogous
local structure of the parameter space : except for aninfinity
of very thinbubbles,
thedynamics
looks like anormal form.
Classification A.M.S. : 57 R 50, 10 F XX, 42 A 50, 47 A 15, 35 B 32, 58 C 15, 49 A 51.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - linéaire -
38 J. E. LOS
TABLE DES MATIÈRES
0. Introduction...
I. Famille de difféomorphismes. Formes normales ...
Le problème réduit...
II. Bifurcation de dédoublement sur le cylindre ...
Courbes dédoublées pour la forme normale...
Persistance des courbes médianes et dédoublées ...
Domaines d’hyperbolicité et bassins...
III. Théorème de la courbe tournée...
Position du problème...
Réduction et mise en équation...
Le théorème de la courbe tournée...
Démonstration...
IV. Théorème de la courbe invariante ...
Reformulation et modifications ...
Estimations ...
Méthode de M. Herman ...
Estimations lipschitziennes ...
Courbe ~) _ ~ ...
V. Domaines de persistance et leurs complémentaires les bulles ...
Changement de variables et de paramètres ...
Diminution de la taille des bulles ...
Ressemblance avec la forme normale dans B~; U Bw ...
Conclusion ...
0. INTRODUCTION
Le
phénomène
des cascades de dédoublement deFeigenbaum-Coullet-
Tresser pour les orbites
périodiques
estaujourd’hui
biencompris.
Unequestion
encore ouverte est de savoir si une cascadeanalogue
peut existerde
façon générique
pour des tores invariants.Ce
problème,
traduit dans lelangage
de ladynamique
des familles dedifféomorphismes,
consiste à étudier une suite de dédoublements de courbes invariantes. C’est une des motivations àlong
terme de ce travail.Ce
projet
est sans doute hors deportée
actuellement et cet article enconstitue une
étape préliminaire :
l’étude de la bifurcation élémentaire.Pour être exact, nous ne
présentons
ici que lapremière partie
de cetteétude sur un cas
particulier (voir § I . 2),
exhibant toute lacomplexité dynamique
du casgénéral,
la secondepartie
suivra dans unprochain
article.
Une autre motivation est le fait d’entrer dans le domaine des bifurcations de
difféomorphismes
de codimensionsupérieure
à un, donc il n’existe pasde théorie
générale.
Par contre, les travaux d’A. Chenciner([3], [4], [5])
sur la bifurcation de
Hopf dégénérée,
ont ouvert une brèche dans cetteforteresse,
et nous ont fortementguidé
tout aulong
de cette étude. Laconcordance de nos résultats avec
[3]
nous laisse croire en lapossibilité
d’une telle théorie.
Le
phénomène
de dédoublement dont il estquestion correspond
essen-tiellement en la perte de stabilité d’une courbe
invariante, lorsque
l’un desparamètres
de la famille dedifféomorphismes
traverse unerégion critique, qui
engénéral
n’est pas unecourbe,
et donne naissance à un nouvel attracteur,composé
de deux courbesqui s’échangent (elles
sont doncinvariantes par l’itéré
second).
La perte de stabilité d’un
point
fixe se caractérisesimplement
par le spectre de la différentielle en cepoint
et,grâce
au théorème des fonctionsimplicites,
nous pouvons conclure(si
+ 1n’appartient
pas auspectre)
enla
persistance
d’unpoint
fixe et en l’unicité dupoint
de bifurcation dansl’espace
desparamètres.
Il en va tout autrement si nous étudions la perte de stabilité d’une courbe invariante(par exemple
pardédoublement),
nousne
disposons
en effetplus
d’une caractérisationunique,
d’où lesquestions (minimales) :
La bifurcation se
produit-elle
en ununique point
del’espace
desparamètres ?
Y a-t-il
persistance
d’une courbe invariante auvoisinage
de la courbequi bifurque ?
Vol. 5, n° 1-1988.
40 J. E. LOS
Les
réponses
à cesquestions
sontanalogues
à celles données par A. Chenciner dans[3] :
Dans
l’espace
desparamètres,
l’ensemble suivantlequel
la bifurcationse
produit
en ununique point
est un ensemble de Cantor(et
nonplus
unecourbe).
Les
régions
del’espace
desparamètres
où ladynamique
est non trivialeest une union
disjointe
de trèspetits
ouverts, ce sont les « bulles »(voir fig. 12).
C’est pour les valeurs des
paramètres
appartenant à l’une de ces bulles que lesystème
peutprésenter
unedynamique complexe,
comme, parexemple,
l’existence d’orbiteshomoclines,
ou d’ensembles invariants d’Au-bry-Mather (voir [4], [5]).
Les démonstrations de ces résultats s’articulent autour du très
puissant
théorème des fonctions
implicites
de R. S. Hamilton([8], [2]),
et de sonutilisation dans le contexte des
petits
diviseurs par M. Herman[9].
Il permet, entre autres, de démontrer unanalogue
au théorème de la courbe translatée de Rüssemann([15], [9], [11], [3]),
que nousappelons :
théorèm ede la courbe tournée
(voir § III, § IV).
Les résultats démontrés dans cetarticle ont été annoncés dans
[19].
DES NOTATIONS : 1
(Rn, xo) désigne
unvoisinage
de xo dans R".f : (A, a) ~ (B, b) désigne
uneapplication f
définie sur unvoisinage
de adans
A,
a valeurs dansB,
et telle quef (a)
= b.T" = est le tore de dimension n.
Ck ( E, R)
estl’espace
des fonctions de classe Ck surE,
à valeurs dans Rmuni,
si E est compact, de latopologie
de la convergence uniforme desdérivées jusqu’à
l’ordrek, Il
Diff~ (Tn)
estl’espace
desdifféomorphismes
de classe Ck deT", Ck isotopes
à l’identité
(préservent l’orientation).
I. FAMILLE DE
DIFFÉOMORPHISMES.
FORMES NORMALES
On peut naïvement construire un modèle de bifurcation de dédoublement de courbes
invariantes,
il suffit de considérer leproduit
direct d’une familleprésentant
une bifurcation deHopf
avec une familleprésentant
unebifurcation de dédoublement
(voir fig. 2).
Cetteapproche
permet de définirl’espace
dephase
ainsi quel’espace
desparamètres.
Il faut donc unefamille de
difféormorphismes dépendant
de deuxparamètres,
dansl’espace : (R2, 0)
x(R, 0).
Ladynamique
laplus simple
est schématisée surla
figure
2.Pour obtenir un cas
générique,
nous considérons une famille à deuxparamètres
construite paranalogie
avec le modèleprécédent :
soit
D~~ : ( f~3, 0)
-~( IF83, 0)
vérifiant :1.1. Formes normales
Un
difféomorphisme
formel :N = (N 1,
...,Nn) : 0)
-0)
departie
linéairediagonale :
est une forme normale si :
Vol. 5, n° 1-1988.
42 J. E. LOS
Tout
difféomorphisme
dont lapartie
linéaire estdiagonalisable
est formel-lement
conjugué
à une forme normale(voir [1]).
Pour passer du cas formelaux cas concrets il suffit de remarquer que la
conjugaison
formelle estobtenue en effectuant une suite infinie de
changements
de variablesqui,
en
général,
ne converge pas[1] (d’où
le termeformel).
Si nous nouscontentons d’un nombre fini de tels
changements
devariables,
le difféomor-phisme
enquestion
sera alorsconjugué
à la somme d’une forme normalepolynomiale, tronquée
à un ordrefini,
et d’uneperturbation
d’ordresupérieur,
et ce pour toute classe de différentiabilité.(a) Hypothèse
de non-résonanceforte
En considérant une forme normale
tronquée
à l’ordreN,
nous suppose-rons
toujours
que lecouple
de valeurs propre : de lapartie
linéairede
Doo ( 1)
neprésente
pas de résonancesfortes,
cequi signifie :
Dans ce cas, la forme normale
tronquée
à l’ordre N ne comporte que des termes provenant des résonances triviales :Ces termes sont de la forme :
où
ze(C, 0)
etye(R, 0)
sont les coordonnées sur les espaces propres associésrespectivement
aux valeurs propres :(10, lo)
et -1. Ceciimplique
que la forme normale est
équivariante
sous l’action du groupe des rotations duplan
propre associé aucouple fo).
(b) Déformations
Nous cherchons maintenant à écrire
l’expression
de la familleD~,~,
C~en
(u, v) E (R2, 0)
annoncée en( 1),
endéployant Doo.
Les arguments sont
classiques (voir
parexemple [3], [6]),
nousn’y
reve-nons donc pas. Il est
peut-être
bon derappeler
que pour assurer la différentiabilité(et
donc lacontinuité)
par rapport auxparamètres,
ladéformation doit
préserver
lessymétries
de la forme normalepolynomiale.
Donc, les coefficients des
polynomes (équivalents
des invariants deBirkhoff),
sont «simplement » remplacés
par des fonctions C~ en(!~~ v) E (R2~ ~)~
Pour une écriture
plus agréable,
nous donnonsl’expression
de la familleen coordonnées
cylindriques :
z =(R2 _ ~ 0 ~ ^-_’ T1
x R+) :
N~~
est la famille de formes normalestronquée :
et
P~~
est laperturbation :
Dans ces relations a,
P,
y, sont despolynomes
enr2, y2,
dedegré n (2 n + 1 N)
et de valuationsupérieure
à1,
leurs coefficients sont Coo en(Jl, v). A,
B, G sont desapplications
Coo en leurs arguments et peuvent s’écrire :ces estimations étant uniformes en
(8,
~,,v) E Tl
x(R2, 0).
On remarque que si Mo est
irrationnel,
on peut choisir n aussigrand
que l’on veut, mais
fini, puisque
laconjugaison
n’est que formelle.(c)
Forme normale restreinte auplan y=O
Le
plan y
= 0 estglobalement
invariant par la formenormale,
et, dansce
plan
nous avons unesimple
bifurcation deHopf.
L’invariance par rotation
implique
que les courbes invariantes sont des cercles dont le rayon ro est solution del’équation :
Hypothèse générique. -
Fixons la condition « d’attractivité vague »(voir [14]),
enimposant :
Vol. 5, n° 1-1988.
44 J. E. LOS
Dans ce cas, l’existence d’un cercle invariant pour est assuré
lorsque ~, >__ 0 (fig. 2),
ce cercle est attractif et son rayon est donné par :I. 2. Le Problème réduit
Dans
[12]
G. Iooss démontre l’existence d’une variété centrale C~(polynomiale), isotope
à uncylindre,
invariante pour la forme normale.Par abus de
langage,
nousappellerons
une telle variété uncylindre
invariant pour la forme normale. Par des arguments
classiques d’hyperboli- cité,
il est clair que la familleD~~
=N~~
+possède également
uncylindre invariant,
pourchaque
valeur desparamètres
dans une certainerégion
deleur espace. Cette
région
est déterminée par la conditiond’hyperbolicité
normale de l’ensemble
invariant,
elleprend
la forme suivante :(voir [12]),
où K nedépend
que de l’ordre( 2 n + 2)
de laperturbation.
Mais les méthodes liées à
l’hyperbolicité
ne nouspermettent
que detrouver une variété invariante de classe Ck
(k fini).
Or la perte de différen- tiabilité est une descaractéristiques majeure
desproblèmes
depetits
divi-seurs
( voir [9], [10], [11]) qui
nous concernent dans la suite de cette étude.C’est
pourquoi
nousimposons
une condition forte de différentiabilité C~.Cette
hypothèse
serasupprimée
dans l’articlequi
fera suite à celui-ci.(a) Hypothèses
Pour la suite de cette
étude,
nous supposeronstoujours
vérifiées les conditions( 1), (2), (5)
et nousajoutons l’hypothèse
suivante :(H 1)
Pour~, >_ o, il
existe uncylindre
invariant pourD~~.
Remarque
l. - Parcontinuité,
la composante radiale de cecylindre
satisfait :
comme c’est le cas pour la forme normale.
Remarque
2. - A deschangements
de variables C°°près,
on peut seramener au cas d’un
cylindre
«droit »,
c’est-à-dire de rayon constant :v) = C ( ~,) 1 ~ 2,
C étant une constantepositive.
’
(b)
Leproblème
réduitEn
restreignant
la familleD~~
à cecylindre
on se ramène à l’étude locale de la famille :définie par :
Fixons les
notations, d’après (3), (4), (5), (7)
nous avons :Pour ce
qui
est desperturbations P~~
nous les considérerons de la forme suivante :Cette estimation
provient
effectivement du casgénéral (5)
si nousimposons
une contrainte sur les
paramètres,
de laforme : ( v ~ C Ill,
où C estune constante
positive.
Cette conditioncorrespond
en fait aux domainesd’hyperbolicité
ducylindre invariant,
dansl’espace
desparamètres.
IL BIFURCATION DE
DÉDOUBLEMENT
SUR LE CYLINDRE La famille des formes normales étant invariante par le groupe desrotations,
la bifurcation de dédoublement pourN~~
est caractérisée parl’apparition
de deux cerclesC +, C’, qui s’échangent
parN~,~.
Ces courbessont donc invariantes par
N~~~
=N v 0 N~~.
Nous
appellerons
courbes dédoublées pour uncouple
de courbesfermées invariantes par
D~~~
=D~,~ ~
et non par C+ et C - sontdonc des courbes dédoublées pour
N .
Pour la forme
normale,
le cercley = 0
estinvariant,
nousappellerons
courbe médiane invariante par une courbe invariante
proche
dey = 0 (dans
latopologie C~).
Pour un choix convenable des
premiers
invariants de Birkhoff(les premiers
coefficients de la formenormale),
la bifurcation seproduit
commesur la
figure
3.Vol. 5, n° 1-1988.
46 J. E. LOS
II. 1. Courbes dédoublées pour la forme normale
Commençons
par calculer l’itéré second de la formenormale, puis
fixonsles
signes
pour trouver les courbes invariantes deN~~~,
nous nous limiteronsaux termes de
plus
basdegré.
La recherche des courbes invariantes par
N~~~
seramène, grâce
à l’inva-riance par
rotation,
à résoudrel’équation :
où
Hypothèse générique. - b3 (0, 0)
=(0, 0) # 0,
parexemple:
à
~y~)
La bifurcation sera alors celle de la
figure
3 et la solutionqui
nous intéresseest donc :
II. 2. Persistance des courbes médianes et dédoublées
Nous cherchons les domaines de
l’espace
desparamètres
pourlesquels
la famille
D~~
« ressemble » à une forme normale.DÉFINITION
(voir [3]).
- Nous dirons que lafamille D~~
ressemble à uneforme
normaleN~.~., (p, v) v’)
siD~~ ~ D~~
etN~,~, ~ N~.~. possèdent
lemême nombre d’ensembles invariants, du même type, et la même
décomposi-
tion locale en bassins d’attraction et de
répulsion.
Dans ce
paragraphe
nous définissons unvoisinage
r de larégion
debifurcation ~ v = 0,
dansl’espace
desparamètres,
en dehorsduquel
nous pourrons conclure à la ressemblance de
D~~
avecNJlv,
par un argu-ment
d’hyperbolicité
normale.NOTATIONS : 1
où nous avons
posé :
i
Les cercles cercles invariants de la forme normale
N~~~
sont donc obtenuscomme solutions de
l’équation :
Considérons, d’après (9’)
les termes deperturbation, qui
sont pour chacune des composantes, de la forme :Parmi
ceux-ci,
leplus gênant,
celuiqui
détermine la taille de laperturbation
est :
y), qui
engénéral
ne s’annule paseny==O.
Si nous bornons la composante normale
(suivant y)
deP~~
par uneperturbation
invariante par rotation :P~~ (6, y) _ ~ 0 ; ± (~,p + y2 p) ~ ,
lescourbes invariantes de
N~~~
etD;v 0 D~
sont données par :qui
définissent trois surfacesM°,
que nous pouvonsreprésenter
localement dans R3 par les coordonnées
(y,
u,v) puisqu’il
y a invariance par rotation( fig. 4).
On peut
interpréter
ces surfaces en terme d’ordre degrandeur comparé,
entre la forme normale et la
perturbation.
Eneffet,
dans lesrégions
définies par : ou
Mn-+ 1 >__ o,
les termes deperturbation
sontnégligeables
devant ceux de la formenormale,
ladynamique
normale estdonc la même. De
plus
la distance entre les nappes voisines M + etM -, correspond
à la taille que doit avoir levoisinage
surlequel
est définie lacourbe invariante cherchée. On constate alors que les
difficultés, lorsque
Vol. 5, n° 1-1988.
48 J. E. LOS
les ordres de
grandeurs
de la forme normale et de laperturbation
sontcomparables,
ne peuvent avoir lieuqu’au voisinage
de l’axe des ~.Nous allons montrer l’existence de courbes invariantes par
D~~~,
norma-lement
hyperboliques, proches
de celles de la forme normale. Nousappli-
querons à
plusieurs reprises
laproposition
1suivante, qui
estclassique,
etdont la démonstration consiste à construire une transformation contrac- tante dans un espace de Banach convenablement choisis
[un
sous-espace deCk
T 1 xR)],
c’est la méthode de transformée degraphes ( voir [6], [ 13], [ 16]).
PROPOSITION 1
(voir [13]).
- SoitF~~ :
T1 x[-1, 1]
- T1 x[-1, 1 ]
unefamille
locale[en (p, v)]
dedifféomorphismes
de classeCk, qui s’écrit,
pour(p,
v,y)
dans unvoisinage
de(0, 0, 0) :
( 1 g)
où i = i
v) >_
0 est leparamètre d’hyperbolicité normale,
continu en(0, 0)
avec i
(0, 0)
=0,
p est unepuissance
strictementsupérieure
à1,
II et r sontdes
fonctions 1-périodiques
en 8 et bornéesuniformément [en v)]
dans unvoisinage
de T 1x ~ ~ ~ .
Alors il existe un
Eo > 0
et unvoisinage Wo
de T1x ~ 0 ~ ,
tel que,pour tout
0 i Eo, possède
une courbefermée
invariante dansWo, lipschitzienne,
attractive, dont la taille du bassin d’attraction est bornée parune constante
indépendante
de i, ~,, v.Remarque
1. - Laproposition
1 n’est pas formulée dans un cadre abstraitgénéral,
mais est suffisante pour lesapplications
que nous voulonsen faire.
Remarque
2. - La continuité de la fonction iv)
entraîne l’existence d’un ouvertUo
del’espace
desparamètres
surlequel s’applique
le résultat de laproposition.
Complément. - F~~
étant de classeCk,
il existe unefiltration : Uo ~ Ui
=3 ... =3Uk,
tel que si(p, v)
EUm,
m= o,1,
...,k,
alors pos- sède une courbe invariante de classe Cm.Remarque
3. - La démonstration étant basée sur le théorème dupoint
fixe dans un espace de
Banach,
sous-espace deCk
T1 xR),
nous nepouvons pas étendre le résultat
jusqu’à
la différentiabilitéCOO, puisque
C~
(M),
M étant compact, n’est pas un espace de Banach.(A) Région v 0
Afin
d’appliquer
laproposition
1 àD~~~,
on effectue une transformation d’échelle :où a est un
paramètre
que nous déterminerons. Par abus denotation,
écrivons :nous obtenons alors :
f
et g sont lesperturbations
provenant de(10), explicitons
les termesimportants :
La relation
(20)
est sous la forme(18)
si l’on pose rL=v et si onimpose
une condition du type :
50 J. E. LOS
On vérifie
qu’alors
tous les termes de laperturbation
satisfont une estima-tion du même
ordre,
c’est-à-dire :où C est une constante
positive, indépendante
desparamètres.
Ceci est bien vérifié
puisque
laperturbation
initiale est bornée en normeCk,
pour tout k.Donc,
dans larégion
del’espace
desparamètres
définie par :nous pouvons
appliquer
laproposition 1,
etp = 2,
cequi
montre l’existence d’une courbe médiane invariante par
D~~~.
Remarque
1. - Nous avons mis la relation(19)
sous la forme(18), grâce
à la condition(21),
cequi
revient à choisirp = 2,
mais nous aurionspu
choisir p plus petit,
cequi
auraitaugmenté
la taille du domaineH;.
Remarque
2. - La méthode de transformée degraphes
utilisée pour démontrer laproposition 1,
définit unvoisinage
de x = 0 dont la taille estd’ordre 1 dans les variables
(8, x). D’après
lechangement
de variablesVi,
nous obtenons un
voisinage
dey = 0,
dans les variables(8, y)
dont la tailleest d’ordre v.
(B) Région
des v >_ 0Dans ce cas la forme normale
N~,v~ possède
trois courbes invariantesy = 0,
y =+ yo, il
faut donc étudierséparément
lapersistance
de chacuned’elles.
(B. 1)
Persistance de la courbe médianeLe
cercle y
= 0 estrépulsif
pourN~~~, lorsque
v >_0,
il faut donc étudier ledifféomorphisme
inverse(D~) ’ ~
pour avoir une contraction.Supposons
la condition
(21) satisfaite,
nous pouvons alors écrire :D~~~ (8~ x) _ ~ O2~ x2 ~
localement,
nous pouvons inverser cette relation :Or cette
expression
estégalement
sous la forme( 18)
de laproposition 1,
ce
qui
montre l’existence d’une courbe médianeinvariante,
pour des para- mètres appartenant à larégion :
( B . 2)
Persistance des courbesdédoublées,
nouvelle localisation Nous faisons ici une étudelocale,
auvoisinage
de y = yo( l’ autre
cas estidentique).
Pourcela,
considérons lechangement
de variables :où a est un
paramètre
que nous déterminerons.Rappelons
que yo est solution del’équation K~~ (y2) = o.
Calculons chacune des composantes par lechangement
de variables(25) :
Effectuons un
développement
deTaylor
sur chacune des composantes :avec :
pour v suffisamment
petit.
52 J. E. LOS
Les
applications A’, F’, S,
T sont Coo en leurs arguments, dans unvoisinage
del’origine.
Pourappliquer
laproposition 1,
nous posonsa =
v1~2,
étudions les termes deperturbation qui
ne sont pas immédiatementsous la forme
( 18) :
Comme dans le cas
précédent,
le terme leplus gênant
est celui ensi nous supposons à nouveau que les
paramètres (J,1, v)
satisfont l’estima- tion(21),
nous pouvons alors écrire :Les
applications Q
et R ont toute larégularité nécessaire,
elles sontCk-
uniformément
bornées, l’expression (30)
est donc bien sous la forme(18)
et nous pouvons lui
appliquer
laproposition
1.D’après
lechangement
devariables
(25),
la taille duvoisinage
surlequel
est définie la courbe inva-riante est d’ordre v, dans les variables
(8, y).
II. 3. Domaines
d’hyperbolicité
et bassinsRésumons un peu notre connaissance du
système perturbé.
Nous avonsdans le
plan
desparamètres
différentesrégions
définies par(21)
et ce dansun
voisinage
del’origine.
L’hypothèse
initiale d’existence d’uncylindre invariant, impose : ~, >_ 0
et
1 v _ C (n) ~,,
en regroupant toutes cesestimations,
nous définissons les domainesd’hyperbolicité
normal :Si n est suffisamment
grand,
ces domaines ont l’allure donnée sur laf igure
5.Les domaines
H:
etH;
ont la forme ci-dessuslorsque
les relations(31)
déterminent un contact au moinsquadratique, n
doit donc êtresupérieur
à5,
mais nous avonsdéjà remarqué
que la relation(21)
et donc(31)
n’est pasoptimale.
Dans levoisinage
del’origine,
nous définissons lecomplémentaire
1/ deH:
UH;,
c’est unvoisinage
effilé de la courbe debifurcation
(v=0) qui
est strictementanalogue
à celui étudié par A. Chenciner dans[3].
C’est pour ces valeurs de(Jl, v)
que les comporte-ments
dynamiques compliqués
peuventexister,
comme l’existence d’orbiteshomoclines,
ce que nous n’étudierons pas ici(voir [4],[5]).
Bassins d’attraction et de
répulsion
Reprenons
lafigure 4,
dont nous allons considérer une coupeJl = Cte.
D’après
cequi précède,
les difficultés seprésentent
pour les valeurs desparamètres
tels que etMri +
1 _ 0. Si nous définissons comme sur lafigure,
avec laperturbation (17),
nous obtenons une taille d’ordrequi correspond
à(21)
sip = n + l.
La distanceséparant
et est d’ordre O Or pour
(p, v)
vérifiant(21),
laproposition
1 définit unvoisinage
d’ordre 0(v)
pour chacune des courbesinvariantes,
etd’après (21)
Les
voisinages
surlesquels
sont définies les courbes invariantes étantplus grands
que larégion
entreM + 1
et nous pouvonsconclure,
en recollant ces
voisinages,
que pour(Jl, v)
dansH:
UH;
la familleD~~
ressemble à la famille des formes normales
N~~, puisque D~~~
etN~~~
ont54 J. E. LOS
le même nombre de courbes
invariantes,
et la mêmedécomposition
uni-forme en bassins.
Remarquons,
en passantl’avantage
de la méthode detransformée de
graphes
sur des méthodesplus
abstraites du typepoint
fixe
(Schauder, ...),
eneffet,
elle nous permet d’une part, d’avoir une estimation duvoisinage
de définition de la courbeinvariante,
et d’autre part de connaître ladynamique
auvoisinage
de celle-ci.THÉORÈME 1 . - Soit
D~~ :
T1 x R -x R, définis
par(8), (9), (9’)
etvérifiant l’hypothèse générique ( 11 ),
soientHn
etHn définis
par(31).
Si in > 5 est
fixé,
il existe unvoisinage Un
de(0, 0)
dans leplan
desparamètres,
et un
voisinage W n
de 0 dans R ayant lespropriétés
suivantes :(i)
Si i(p,
et siy E Wn
alorsx Wn
pour tout8 E
T1,
etD~~ possède
une courbefermée
invariante,lipschitzienne,
normale-ment
hyperbolique
et attractante, dont le bassin d’attraction contientWn.
(ii)
Si(~, v)
EUn
(~Hn
et y Ewn,
alorsD~~~ (9, y)
=D~~ ~ D~~ (8, y)
appar-tient à T1 x
Wn
etD~~~ possède
trois courbesfermées
invariantes,lipschitzien-
nes, normalement
hyperboliques,
et dont la réunion des bassins d’attractionet de
répulsion
contientWn.
Parmi ces trois courbes une estmédiane,
lesdeux autres
forment
uncouple
de courbes dédoublées.Complément. -
Il existe unefiltration :
dans le
plan
desparamètres,
tel que : siv)
EH"
nUn, k
alors les courbes invariantesdéfinies
par(i)
et(ii)
sont de classe Ck.III.
THÉORÈME
DE LA COURBETOURNÉE
III. 1. Position du
problème
Nous étudions dans ce
paragraphe,
ainsi que dans lesuivant,
l’existence d’une courbe médianeinvariante,
pour des valeurs desparamètres
apparte-nant à j/
( fig. 5).
La difficulté dans ~’provient
du défautd’hyperbolicité qui
nousconduit,
ens’inspirant
des théorèmes du typeKAM,
à chercherune courbe
invariante, proche
dey=O
surlaquelle
la restriction du dif-féomorphisme
estconjuguée
à une rotationdiophantienne.
Une démonstra-tion directe d’un tel résultat est
probablement délicate,
c’estpourquoi
nous utilisons une
étape intermédiaire, analogue
au théorème des courbestranslatées de
Rüssmann ([15], [9], [11], [3]).
La différence est que nousconsidérons,
non pas une translation de lacourbe,
mais une rotation.Nous cherchons donc une
courbe,
invariante par lacomposée
deD~~
avecune
« petite » rotation,
ce résultat estappelé :
théorème de la courbe tournée.Dans ce
paragraphe,
nous démontrons une versionsimplifiée
duthéorème,
que nous affinerons auparagraphe suivant,
dansl’optique
d’annuler la
rotation,
et donc de trouver une courbe invariante.III. 2. Réduction du
problème
et mise enéquation
Cherchons dans un
premier
temps àsimplifier
l’écriture de la compo-sante
angulaire
de la familleD~~,
par unchangement
de variables.(A) Changement
de variablesReprenons
l’écriture de la familleD~~
donnée par(9), (9’) :
avec :
LEMME 1. -
Supposons
a2(0, 0) ~ 0,
parexemple :
J56 J. E. LOS
Il existe un
difféomorphisme
localement C°° pour(p, v) suffisamment petits :
tel que :
ou l’on a :
On remarque que
l’hypothèse (32)
estanalogue
au « twist monotone »pour les théorèmes du type KAM
([3], [11]).
Démonstration. - Réécrivons
l’expression
de0,
sous la forme :où cp est une
application
Coo pour(Jl, v)
dans unvoisinage
del’origine.
Cherchons maintenant
~(6, ~ v)
solution del’équation :
D’après
le théorème des fonctionsimplicites, )
existe pourv)
suffisam-ment
petits,
et est de classeL’équation analogue
pour la forme normale admet~=0
commesolution,
avec laperturbation (9’)
nous pou-vons estimer l’ordre de
grandeur
de :~=0(j~~),
posons :l’expression analogue
pour la forme normale estidentiquement
nulle.Effectuons maintenant le
changement
de variables :z==~2014~,
nous obte-nons
alors,
en utilisant(34)
et(35) :
où nous avons
posé : ~=(~-~)[1
+ O et finalement posons :ce
qui
est licite dans unvoisinage
de(0, 0) d’après (32).
Lechangement
de variables :
V°~ (8, y) _ (9, x)
est bien undifféomorphisme local,
dansun
voisinage
de et pour(Il, v) proche
del’origine. Écrivons
l’expression
de la familleD~~ après
lechangement
de variableV°,
nousobtenons
(par
abus denotations) :
avec :
et : o
Nous pouvons condenser cette
expression,
en acceptant deperdre
une unitéd’ordre de
grandeur
pour la formenormale,
nous obtenons finalementl’expression (33)
du lemme.(B)
Formulation duproblème
Le but de ce
paragraphe
est de trouver une courbe invariante parD~~,
suffisamment
proche
de x=0(en topologie
C~ parexemple).
Nous lachercherons comme
graphe
d’uneapplication B)/
de C°°(T1). Écrivons l’équation
fonctionnelle que doit vérifier traduisant l’invariance parD~~
de la courbe
{ ( 9, ~r ( 6),
L’analogie déjà
citée avec les théorèmes de courbes invariantes([9], [3]),
nous incite à chercher une solution de cesystème
enimposant
audifféomorphisme,
restreint à sa courbeinvariante,
d’êtreconjugué
à unerotation
diophantienne.
Notations. - Soit
Diff~
le groupe desdifféomorphismes
ducercle,
de classe
Ck, qui préservent
l’orientation. NotonsR~
la rotation du cercle :Rco:
T 1 ~Tl, =8+0,
et la rotation ducylindre,
Nous cherchons donc 03C8 satisfaisant
(39)
et h dansDiff +
vérifiantl’équation
deconjugaison :
58 J. E. LOS
(C) Conjugaison
locale à une rotationL’expression (39)
montre quef
est undifféomorphisme
du cercle de classeC~,
ord’après Arnold, Herman,
Y occoz([1], [10], [18]),
pour étudier laconjugaison
à unerotation,
nous devons considérer son invarianttopologique :
le nombre de rotation.Malheureusement,
contrairement aux cas[3], [9], f dépend quadratiquement
de’II,
donc en fixantf et
par la mêmeson nombre de
rotation,
la fonction inconnue W n’est pas déterminée. Cequi
nous conduit à modifier lastratégie,
et à «ajuster » f
pourqu’il
aitun nombre de rotation fixé.
D’après
M. Herman(voir [10], chap. III),
nous avons :
PROPOSITION 2. - Soit 0) un nombre
irrationnel,
et p :Diff° (T1) -~ T1, l’application
continue « nombre de rotation ».Il existe un
voisinage
W de(0,0)
dans(T1)]2,
tel que pour toutg°)
dans
W, il existe ~,~,
dans T1vérifiant :
De
plus l’application :
est continue pour laCk- topologie.
Si nous supposons maintenant que 03C9 est non seulement
irrationnel,
maiségalement
satisfait une conditiondiophantienne (voir (43)),
alorsd’après
le théorème local de
conjugaison d’Arnold,
oud’après
le théorèmeglobal
de Herman-Y occoz
([10], [18]),
nous avons laproposition
suivante :PROPOSITION 3. - Soit ~ un nombre
diophantien (satisfaisant (43)),
ilexiste un
voisinage
W’ de(0,0)
dans(T1)]2
tel que pour tout(~, go)
dans
W’,
il existe~,w
dans T1 ethw
dansDifft (Tl)
tel quede
plus l’application :
est
différentiable,
c’est même une bonneapplication
de classe Ci(au
sensde Hamilton
[8]).
Cette dernière
proposition
réalise exactement le programme annoncé pour cequi
est de laconjugaison :
il existe unparamètre qui
«ajuste »
lenombre de rotation à 00. La fin de la
proposition
concernant la bonneapplication
de classe Ci ne découle pas directement du théorèmed’Herman,
mais nous la montrerons, au passage, à la fin de ceparagraphe.
Notons que la
stratégie,
pour trouver une courbeinvariante, qui
consisteà