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RéAC : un registre au service des praticiens, au bénéfice des patients

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16 | La Lettre du Cardiologue • N° 510 - décembre 2017

MISE AU POINT

RéAC : un registre

au service des praticiens, au bénéfice des patients

RéAC: a registry in practitioners’ services for the patients’

benefit

J. Escutnaire 1, 2 , C. Vilhelm 1, 2 , V. Baert 1, 2 , P.Y. Gueugniaud 2, 3 , G. Helft 4, 5 , H. Hubert 1, 2

1

Laboratoire de santé publique de Lille, EA 2694, ILIS, université de Lille.

2

Registre électronique des arrêts car- diaques (RéAC), Lille.

3

Pôle URMARS, hôpital Édouard- Herriot, HCL, Lyon.

4

Institut de cardiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.

5

Fédération française de cardiologie (FFC), Paris.

Épidémiologie et enjeux

L’arrêt cardiaque (AC) est une problématique majeure de santé publique et est considéré comme la plus extrême des urgences. Il mène généralement au décès immédiat ou à très court terme du patient si celui-ci n’est pas pris en charge dans les plus brefs délais par les témoins puis par les services de secours spécialisés (1). Au-delà du risque élevé de décès, le patient peut également présenter de très lourdes séquelles neurologiques. En effet, en plus d’être associé à une forte mortalité et à des coûts de prise en charge qui peuvent se révéler importants, l’AC serait responsable de 4 à 6 mil- lions de décès par an dans le monde, soit près de la moitié de la mortalité imputée aux maladies cardio- vasculaires (2). On dénombre environ 275 000 AC par an en Europe (3) dont 40 000 à 50 000 AC en France avec un taux de survie à 30 jours d’environ 5 % (4). Bien qu’il ne soit dorénavant plus irréver- sible, son pronostic reste très péjoratif, en particu- lier lorsque celui-ci survient en dehors du contexte hospitalier, soit dans environ 85 % des cas (4).

De la nécessité

d’encadrer les pratiques : les recommandations internationales

Dans ce contexte, des recommandations de prise en charge de plus en plus précises et structurées sont nées. L’International Liaison Committee On Resusci- tation (ILCOR) a été créé en 1993 afin de permettre aux différentes sociétés scientifiques de travailler de concert à la création de recommandations harmo- nisées au niveau international. Ces règles ont pour

objectif ultime d’améliorer les chances de survie du patient via 7 aspects : la réanimation cardiopul- monaire de base (RCPB), la RCP spécialisée (RCPS), le traitement du syndrome coronarien aigu (SCA), la RCPB et la RCPS pédiatriques, la RCP néonatale, l’éducation/formation/implémentation des premiers intervenants (EIT) et l’organisation des prompts secours.

L’ILCOR a pour vocation de proposer des recomman- dations qui soient en accord avec la littérature scien- tifique, mais également qui prennent en compte les spécificités organisationnelles, géographiques, cultu- relles, économiques et systémiques de chaque pays.

Dans ce cadre, il est apparu nécessaire de réaliser un travail important d’optimisation des pratiques et de réduction des coûts de prise en charge, d’éducation et de formation, de déploiement de moyens et de développement de réseaux ressources.

Toutefois, avant de pouvoir réaliser cette étape cru- ciale dans le but d’améliorer la survie des patients, il est nécessaire de connaître l’existant puisqu’on ne peut améliorer que ce que l’on connaît (measure, improve, check, measure, improve, check; etc.). Cet état de fait a mené la Resuscitation Academy dans son ouvrage Ten Steps for Improving Survival from Sudden Cardiac Arrest à définir 10 étapes cruciales afin de remplir cet objectif au coût le plus faible pos- sible. La première de ces 10 étapes est donc l’analyse de l’existant. La solution clairement préconisée est l’implémentation de registres sur l’AC.

Intérêt des registres

L’intérêt du registre par rapport à l’élaboration d’une mesure à un temps donné est sa capacité à pouvoir permettre une analyse en continu et de facto de déterminer si l’implémentation d’une mesure Le Pr Hubert déclare avoir des

liens d’intérêts, en tant qu’expert, avec le groupe Alliance 7.

Le registre électronique des arrêts cardiaques reçoit des financements de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), de la Fédération française de cardiologie (FFC) et de l’Université de Lille Droit & Santé.

Les autres auteurs n’ont pas

précisé leurs éventuels liens

d’intérêts.

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» Ne pouvant améliorer que ce que l’on connaît, les sociétés savantes reconnaissent que l’implémentation d’un registre est la première étape pour améliorer les prises en charge. C’est pourquoi la France s’est dotée d’un registre national sur l’arrêt cardiaque (registre électronique des arrêts cardiaques [RéAC).

» RéAC est le seul registre à proposer une évaluation des pratiques professionnelles entièrement auto- matisée. Aucun travail supplémentaire n’est requis en dehors de la participation au RéAC.

Pratiques professionnelles Santé publique

Highlights

» Cardiac arrest is a major public health issue responsible for 40,000 to 50,000 deaths per year in France.

» Every five years, international guidelines for cardiac arrest care are updated. Despite these guidelines, survival rates remain very low (around 5%

at day 30).

» Being able to improve only what we know, international learning societies agree that cardiac arrest registries are the first step to improve care and survival rates. Hence, France implemented a national cardiac arrest registry (RéAC).

» RéAC is the only registry to offer a fully automatized post- event debriefing tool world- wide. No supplementary work is required, except the center participation to the registry.

Keywords

Cardiac arrest Registry Assessment Professional practices Public Health d’amélioration a réellement eu un effet bénéfique

sur un critère donné. Le but est de pouvoir ensuite identifier de nouveaux leviers et de nouvelles pistes d’amélioration possibles, d’implémenter ceux qui sont judicieux (analyse du coût humain, organisa- tionnel, financier) et de mesurer à nouveau si l’effet escompté est réel.

Cette collecte d’informations relatives à l’AC fondée sur le concept de la roue de Deming (5) permet de déterminer quels sont les besoins découlant d’un état des lieux afin de renforcer chaque maillon de la chaîne de survie. Einsenberg soulignait l’intérêt de l’implémentation d’un registre de l’AC dans le cadre d’une prise de température du système de prise en charge de l’urgence préhospitalière dans son intégralité (6).

En France, un registre est défini par l’arrêté du 6 novembre 1995 relatif au Comité national des registres comme “recueil continu et exhaustif de données nominatives intéressant un ou plusieurs événements de santé dans une population géogra- phiquement définie, à des fins de recherche épidé- miologique et de santé publique par une équipe ayant les compétences appropriées”. En ce sens, il faut voir l’implémentation d’un tel outil comme un moyen efficace et fiable pour identifier si le système est performant ou s’il nécessite des évolutions. De plus, cet outil permet également de déterminer spé- cifiquement les cas dans lesquels le système réussit à remplir son objectif et dans lesquels des ajustements sont requis (7).

Au niveau international, l’American Heart Asso- ciation (AHA) a reconnu l’importance primordiale de l’implémentation de registres de l’AC en 2010 (8).

Vers la nécessité d’harmoniser le recueil d’informations : le style d’Utstein

Les recommandations éditées par l’ILCOR se voulant applicables auprès du plus grand nombre de systèmes de prise en charge possible, il est vite apparu nécessaire de réaliser une veille quant à la thématique, au plus près des réalités du terrain. Les registres peuvent tenir ce rôle. Ainsi, il est devenu

fondamental de travailler sur une méthode de recueil qui soit simple, reproductible et assez précise pour que le maximum d’aspects de la thématique de l’AC extrahospitalier soit étudiable. Le mode de recueil retenu est le style de recueil uniformisé de l’in- formation relative à l’AC, dit “style d’Utstein” (9).

L’adoption d’un style standardisé de recueil devrait permettre une meilleure compréhension de l’AC, faciliter les comparaisons intra- et intersystèmes et faire bénéficier chacun des forces et des faiblesses de chaque organisation pour finir par devenir un outil reconnu d’amélioration continue de la qualité.

Registre national des arrêts cardiaques (RéAC)

Le registre national français de l’AC (registre élec- tronique des arrêts cardiaques [RéAC]) a vu le jour en 2011 sur les bases d’un projet datant de 2009.

Il a d’abord été testé dans les 2 services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) rattachés aux centres hospitaliers universitaires de Lille et de Lyon, pour être ensuite progressivement déployé natio- nalement dès le second semestre 2012.

Objectifs du registre

Ses objectifs principaux ont été définis en cohérence avec les opportunités conceptualisées, notamment par l’American Heart Association (AHA) [8], l’Euro- pean Resuscitation Council (ERC) [10] ou encore par Gueugniaud et al. en France (7) :

➤ l’analyse de la survie globale des victimes d’arrêts cardiaques extrahospitaliers et de leur prise en charge ;

➤ l’évaluation de l’efficacité de la chaîne de survie et de chacun de ses maillons ;

➤ l’évaluation des RCPB et des RCPS ;

➤ la création d’indicateurs de qualité de la prise en charge ;

➤ l’identification de zones et de périodes “à haut risque d’arrêts cardiaques” ;

➤ le développement d’un groupe de recherche et

de support à la recherche épidémiologique sur la

thématique.

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MISE AU POINT

RéAC : un registre au service des praticiens, au bénéfi ce des patients

Figure 1. Répartition géographique des centres investigateurs du registre au 1

er

juin 2017.

Ces objectifs répondent à la problématique des faibles taux de survie constatés dans l’AC. Ainsi, par l’analyse des données épidémiologiques, il serait possible d’améliorer les pratiques de prise en charge et donc les taux de survie des patients. Au-delà de ces objectifs généraux, des objectifs ponctuels peuvent s’ajouter, par exemple pour aider les pou- voirs publics à prendre les décisions les meilleures possible face à la problématique.

Population concernée

Compatible avec le style d’Utstein, le RéAC recense les arrêts cardiaques survenant chez tous les patients présentant un AC extrahospitalier, quel que soit leur âge, leur sexe ou encore l’étiologie de l’arrêt dès lors qu’un déclenchement SMUR a eu lieu (4) .

Recueil des données

Le recueil des données est réalisé par les SMUR dont la participation au registre est volontaire.

À chaque déclenchement SMUR dont le motif est un AC ou pour tout autre motif aboutissant à un AC,

l’équipe doit remplir une fi che d’intervention spé- cifi que organisée suivant les différentes étapes du style d’Utstein et en accord avec l’organisation de la chaîne de survie en France (4, 9) . Elle est composée de 6 parties : les données sociodémographiques du patient, les données concernant les temps et durées d’intervention, l’anamnèse de l’AC, la description de la RCPB (témoins et secours professionnels), la des- cription de la RCPS et les données relatives au devenir immédiat du patient. Lorsque le patient a été admis en vie à l’hôpital, un suivi à 30 jours est réalisé. Ce suivi concerne principalement la survie à 30 jours du patient et son devenir neurologique (évalué par les Cerebral Performance Categories ) [CPC]. Il est égale- ment reporté en ligne.

Naturellement, l’ensemble de cette démarche a été approuvé par les autorités éthiques, le Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) et par la Commission nationale informa- tique et libertés ([CNIL], n° 910946).

Au 1

er

juillet 2017, 94 SAMU et 294 SMUR répartis en 161 réseaux de saisie ont permis l’inclusion d’environ 75 000 patients ayant eu un arrêt cardiaque avec un rythme moyen de 1 500 inclusions par mois (fi gure 1) .

Retour d’information :

une valeur ajoutée immédiate de l’information récoltée

Afi n de permettre un retour d’information immédiat et en temps réel aux différents centres participant, RéAC a développé des outils d’analyse statistique.

Ils sont disponibles en ligne et organisés suivant 3 niveaux d’accès :

➤ Accès public : la vocation de ce niveau d’accès est de mettre à disposition de l’ensemble de la popu- lation des statistiques de base concernant l’AC. Ce niveau d’accès a été conçu pour permettre au plus grand nombre de prendre conscience de l’enjeu de santé publique que constitue l’AC (fi gure 2) .

➤ Accès investigateur : ce niveau d’accès est réservé aux investigateurs (SMUR) du registre. Il est naturellement sécurisé. Il permet à chaque centre l’obtention de statistiques personnalisées relatives à leur propre activité de prise en charge. Les variables présentées sont présélectionnées et les statistiques sont générées de façon entièrement automatisée (fi gure 3) .

➤ Accès investigateur “avancé” : ce niveau d’accès

est réservé aux investigateurs ou aux chercheurs

(4)

La Lettre du Cardiologue • N° 510 - décembre 2017 | 19

Figure 2. Exemple de statistiques publiques.

Figure 3. Exemple de statistiques privées.

habilités à utiliser les données du RéAC. Il permet la production d’analyses statistiques adaptées aux contraintes des études cliniques ou épidémiolo- giques.

Évaluations des pratiques professionnelles

L’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) est une des modalités d’autoévaluation et un premier pas vers la culture de l’excellence. Les EPP permettent d’évaluer par un moyen valide et fiable la qualité des soins et ses variations dans le temps et l’espace. Le registre RéAC a élaboré un système d’EPP entièrement automatisé, disponible en ligne et en temps réel. Ce système ne nécessite que la participation du centre au registre. Cette EPP est classiquement construite en 2 parties :

➤ la première évalue la qualité du recueil des données par le centre. Les variables, jugées comme importantes dans la constitution d’un dossier complet et exploitable de prise en charge d’un AC, ont été sélectionnées. Cette première étape permet d’évaluer la qualité et la traçabilité de l’information recueillie ;

➤ la seconde partie analyse les pratiques pro- fessionnelles. Les pratiques du centre sont com- parées aux données nationales, avec un rappel des recommandations internationales lorsqu’elles existent.

Une comparaison dans le temps est également dispo- nible. Elle permet notamment aux centres d’évaluer l’impact d’une mesure corrective (figure 4, p. 20).

Ces différents outils permettent aux acteurs de l’urgence de disposer de différents leviers d’améliora- tion de la prise en charge des arrêts cardiaques dans l’objectif d’améliorer les taux de survie des patients.

Ces évaluations réalisées à l’échelle d’un centre

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MISE AU POINT

RéAC : un registre au service des praticiens, au bénéfice des patients

Période 1 Période 2

Zone de texte pour analyse des résultats

Recommandations internationales

En bleu, les résultats

du centre En gris, les résultats nationaux

Figure 4. Exemple de la présentation d’une variable de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP).

peuvent être mises en œuvre à plus grande échelle, par exemple à l’échelle régionale, permettant ainsi d’orienter de façon pertinente les politiques de santé publique en matière de prise en charge de l’AC. Le registre devient alors un outil au service des prati- ciens et au bénéfice des patients.

Chiffres de l’arrêt cardiaque en France

Les données présentées sont issues du registre RéAC entre le 1

er

juillet 2011 et le 5 mai 2017.

Nous avons étudié tous les patients victimes d’arrêt cardiaque en excluant les interventions pour constat de décès. Sur cette période, 64 332 patients ont été inclus.

L’incidence de l’arrêt cardiaque extrahospitalier est de 61,5 pour 100 000 habitants (soit environ 46 000 AC en France par an) avec une valeur 2 fois plus élevée chez les hommes (100,3 pour 100 000) que chez les femmes (52,7 pour 100 000).

Caractéristiques des arrêts cardiaques La population des victimes d’AC en France est majo- ritairement masculine (65,6 %). L’âge médian est de 69 ans. Les sapeurs-pompiers arrivent sur les lieux généralement avant le SMUR (respective- ment 10 [5;14] mn et 19 [12;27] mn). Les durées médianes de no-flow et de low-flow sont respec- tivement 6 (0;13) mn et 17 (7;30) mn. Les AC sont majoritairement d’origine médicale (88,8 %). En ce qui concerne le lieu de l’AC, 71,5 % ont lieu à domicile, 20,7 % dans un lieu public et 7,8 % dans un établissement médicosocial ou de santé.

Si l’on compare les caractéristiques des patients vic- times d’AC d’origine médicale (ACM) et ceux d’origine traumatique (ACT), on constate que la population des ACT est plus masculine (64,3 versus 75,8 % ; p < 0,001). Les victimes d’ACM sont plus âgées (71 versus 47 ans ; p < 0,001). Aucune différence signifi- cative n’est retrouvée en ce qui concerne les durées de no-flow et de low-flow. Le lieu de l’AC est majoritaire- ment à domicile pour les ACM, il est majoritairement dans les lieux publics pour les ACT (tableau I).

Prise en charge

Les victimes bénéficient dans 44,3 % des cas d’une réanimation par le témoin et dans 85 % des cas d’une réanimation par les sapeurs-pompiers (SP).

Le témoin réalise un massage cardiaque seul dans 61,5 % des cas, et dans 38 % des cas on constate un massage cardiaque associé à du bouche-à- bouche. Le témoin utilise un défibrillateur dans 13,1 % des cas. Lorsque les SP initient une réani- mation, dans 96 % des cas un massage est réalisé et dans 89,1 % des cas une ventilation est prodi- Tableau I. Caractéristiques des populations victimes d’un arrêt cardiaque.

Population totale ACM ACT p

Sexe (hommes) [%] 65,6 64,3 75,8 < 0,001

Âge (années) 69 (55 ; 81) 71 (58-82) 47 (32-63) < 0,001

Délai d’arrivée des SP (mn)* 10 (5-14) 10 (5-14) 9 (5-13) < 0,001 Délai d’arrivée du SMUR (mn)* 19 (12-27) 19 (13-27) 18 (12-25) < 0,001

Durée du no-flow (mn)* 6 (0-13) 6 (0-13) 7 (0-13) 0,102

Durée du low-flow (mn)* 17 (7-30) 17 (7-30) 17 (6-30) 0,352

Étiologie (médicaux) [%] 88,8 – –

Lieu < 0,001

– Domicile (%) 71,5 74,9 43,7

– Lieu/voie publique (%) 20,7 16,5 53,8

– Établissement de santé/

médicosocial (%) 7,8 8,6 2,5

ACM : arrêt cardiaque médical ; ACT : arrêt cardiaque traumatique ; no-flow : délai entre l’heure de la survenue de

l’arrêt cardiaque et l’heure de la première réanimation cardiopulmonaire ; low-flow : délai entre l’heure de la première

réanimation cardiopulmonaire et l’heure de la fin de réanimation cardiopulmonaire.

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La Lettre du Cardiologue • N° 510 - décembre 2017 | 21 guée. Le défibrillateur est utilisé dans 89,7 % des

cas par les SP.

Le SMUR initie une réanimation dans 72,1 % des cas.

Le rythme cardiaque enregistré à l’arrivée du SMUR est très majoritairement (80,9 %) l’asystolie. Si l’on compare les populations d’ACM et d’ACT, une réani- mation est plus souvent débutée chez les ACM (par le témoin 45,7 versus 33,3 % ; p < 0,001 ; par les SP 85,9 versus 78,1 % ; p < 0,001 ; par le SMUR 72,4 versus 70,2 % ; p < 0,001). Lorsqu’une réanimation est initiée, la seule différence réside dans l’utilisa- tion d’un défibrillateur. Il est utilisé plus souvent pour les ACM (par les témoins 13,5 versus 9,8 % ; p < 0,001 ; par les SP 89,9 versus 87,8 % ; p < 0,001).

Les victimes d’un ACT présentent statistiquement plus souvent une asystolie à l’arrivée du SMUR (79,9 versus 89,1 %) [tableau II].

Survie

En ce qui concerne la survie (tableau III), 22,4 % des victimes d’un AC ont une reprise d’activité circu- latoire spontanée (RACS) sur place, 17,5 % des vic- times sont admises en vie à l’hôpital. Finalement, à 30 jours seuls 5,2 % des victimes survivent. Parmi les patients vivants à 30 jours, 83,7 % ont un bon pronostic neurologique (Cerebral Performance Categories [CPC] 1-2). Si l’on compare ACT et ACM, la survie en termes de RACS, d’admission en vie à l’hôpital et de survie à 30 jours est significativement plus faible pour les ACT (respectivement 23,1 versus 16,9 % ; p < 0,001 ; 18,0 versus 13,8 % ; p < 0,001 ; 5,7 versus 1,6 % ; p < 0,001).

Trente jours après l’AC, les patients qui présen- taient un ACM ont significativement un meilleur pronostic neurologique que ceux qui présentaient un ACT (84,6 versus 58,2 % ; p < 0,001). ■

Remerciements

Le registre national des arrêts cardiaques (RéAC) est soutenu par la Société française de médecine d’urgence (SFMU), la Fédération française de cardiologie (FFC), la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), l’université de Lille 2 et la faculté d’Ingénierie et de Management de la Santé, la région Hauts-de-France.

Tableau II. Prise en charge des patients victimes d’un arrêt cardiaque.

Population totale ACM ACT p

RCPB initiée par le témoin 44,3 45,7 33,3 < 0,001

Si oui,

– MCE seul (%) 61,5 61,6 60,3 0,382

– BàB seul (%) 0,5 0,5 0,6

– BàB + MCE (%) 38,0 37,9 39,2

Utilisation d’un DEA par le témoin (%) 13,1 13,5 9,8 < 0,001

RCPB initiée par les SP (%) 85,0 85,9 78,1 < 0,001

Si oui,

– MCE (%) 96,2 96,2 96,2 0,757

– Ventilation (%) 89,1% 89,1 88,9 0,612

Utilisation d’un DEA par les SP (%) 89,7 89,9 87,8 < 0,001

RCPS initiée (%) 72,1 72,4 70,2 < 0,001

Rythme initial

– Asystolie (%) 80,9 79,9 89,1

– Rythme sans pouls (%) 5,9 6,0 4,8

– FV/TV (%) 7,4 8,1 1,4

– Activité spontanée (%) 5,8 5,9 4,7

ACM : arrêt cardiaque médical ; ACT : arrêt cardiaque traumatique ; MCE : massage cardiaque externe ; BàB : bouche- à-bouche ; DEA : défibrillateur entièrement automatisé ; RCPB : réanimation cardiopulmonaire de base ; SP : sapeurs- pompiers ; RCPS : réanimation cardiopulmonaire spécialisée ; FV/TV : fibrillation ventriculaire/tachycardie ventriculaire.

Tableau III. Taux de survie à la suite d’un arrêt cardiaque.

Population totale ACM ACT p

RACS (%) 22,4 23,1 16,9 < 0,001

Survie à l’admission à l’hôpital (%) 17,5 18,0 13,8 < 0,001

Survie à 30 jours (%) 5,2 5,7% 1,6 < 0,001

– Si oui, CPC 1-2 (%) 83,7 84,6 58,2 < 0,001

ACM : arrêt cardiaque médical ; ACT : arrêt cardiaque traumatique ; RACS : reprise d’activité circulatoire spontanée ; CPC : Cerebral Performance Categories.

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Références bibliographiques

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