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Microéconomie du consommateur

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Academic year: 2022

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Microéconomie du consommateur

Contents

1 Modéliser la consommation : préférences, choix, et biens 2

1.1 Une approche intuitive des choix individuels . . . 2

1.1.1 Le raisonnement microéconomique et les préférences individuelles . . . 2

1.1.1.1 Le raisonnement et les hypothèses microéconomiques de base . . . 2

1.1.1.2 Les courbes d’indifférence . . . 3

1.1.1.3 Le taux marginal de substitution . . . 4

1.1.2 La maximisation sous contrainte . . . 5

1.1.2.1 La contrainte budgétaire . . . 5

1.1.2.2 Le panier de consommation optimal . . . 6

1.2 Typologie des biens, élasticités, effet prix et effet revenu . . . 6

1.2.1 Catégoriser les biens avec le concept d’élasticité . . . 6

1.2.1.1 L’élasticité prix . . . 6

1.2.1.2 L’élasticité-prix croisée, biens substituables et complémentaires . . . 8

1.2.1.3 L’élasticité-revenu . . . 8

1.2.2 Effet-prix et effet-revenu . . . 9

2 La théorie de l’utilité 9 2.1 La fonction d’utilité . . . 9

2.1.1 La fonction d’utilité . . . 9

2.1.2 L’utilité marginale . . . 9

2.1.3 L’optimisation de la fonction d’utilité . . . 9

2.1.3.1 Utilité cardinale ou ordinale ? . . . 10

2.2 L’optimisation intertemporelle . . . 10

2.2.1 Optimiser ses choix dans le temps . . . 10

2.2.1.1 Les préférences intertemporelles . . . 10

2.2.1.2 La contrainte budgétaire intertemporelle . . . 11

2.2.1.3 Le choix intertemporel . . . 11

2.2.2 La cohérence intertemporelle . . . 12

2.2.2.1 L’utilité intertemporelle . . . 12

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2.2.2.2 Cohérence et incohérence temporelle . . . 12

2.2.2.3 Comment être cohérent dans le temps ? . . . 12

2.3 Le choix sous incertitude . . . 13

2.3.0.1 La représentation de l’incertitude . . . 13

2.3.0.2 L’utilité espérée Von Neumann-Morgenstern (VNM) . . . 13

2.3.0.3 L’aversion au risque . . . 14

2.3.0.4 Le paradoxe d’Allais . . . 14

2.3.0.5 La demande d‘assurance . . . 14

3 La rationalité, l’économie comportementale et les politiques publiques 15 3.1 La rationalité en économie . . . 15

3.1.1 Cohérence des choix . . . 15

3.1.1.1 Le paradoxe d’Allais . . . 15

3.1.1.2 Les préférences révélées . . . 16

3.1.1.3 Déviations par rapport à la rationalité . . . 16

3.1.2 Choix individuels et choix collectifs . . . 16

3.1.2.1 Le paradoxe de Condorcet . . . 16

3.1.2.2 Le théorème d’impossibilité d’Arrow . . . 16

3.2 L’économie comportementale, la neuroéconomie et les politiques publiques . . . 16

3.2.1 L’économie comportementale . . . 16

3.2.1.1 Les différents biais qui empêchent les individus d’être parfaitement rationnels 16 3.2.1.2 Altruisme et rationalité . . . 17

3.2.1.3 Motivations extrinsèques, intrinsèques et conflits intra-individuels . . . 17

3.2.2 Neuroéconomie et implications de la politique publique . . . 17

3.2.2.1 La manipulation des choix . . . 17

3.2.2.2 Stress et trappe à pauvreté . . . 18

3.2.2.3 Les implications pour la politique publique . . . 18

3.2.2.4 Trois niveaux de politiques publiques . . . 18

1 Modéliser la consommation : préférences, choix, et biens

1.1 Une approche intuitive des choix individuels

1.1.1 Le raisonnement microéconomique et les préférences individuelles 1.1.1.1 Le raisonnement et les hypothèses microéconomiques de base

Lorsqu’on approche le consommateur d’un point de vue microéconomique, l’idée est de comprendre comment un individu optimise ses choix de consommation dans la contrainte budgétaire qui lui est imposée et compte

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tenu de ses préférences. Pour modéliser le comportement individuel d’une telle façon, on établit deux hypothèses principales :

Hypothèse 1 : l’agent considéré n’a pas d’influence sur les prix : ces prix s’imposent à lui, il est « price-taker

». Cette hypothèse est à mettre en lien avec l’hypothèse de concurrence pure et parfaite (cf. chapitre sur la concurrence)

Hypothèse 2 : Les choix de consommation de l’individu n’ont pas de conséquence sur son revenu.

Par ailleurs, en microéconomie, il faut toujours raisonner selon le coût d’opportunité. Lorsqu’on choisit un bien, on le choisit au prix du renoncement à un autre bien (lorsque j’achète une Xbox, je renonce à la satisfaction que m’aurait apportée une playstation). Pourvu que l’on puisse l’exprimer dans une même unité, la satisfaction apportée par la consommation d’un bien doit être supérieure à son prix et supérieure à la satisfaction des autres alternatives disponibles avec l’argent à la disposition de l’agent.

En microéconomie, il faut également raisonner « à la marge ». Le raisonnement de l’agent porte sur chacune des unités qu’il consomme de façon séquentielle. Par exemple, lorsque j’ai soif, un premier verre d’eau m’apporte-t-il une satisfaction supérieure à son prix ? Le second verre d’eau également ? A partir du quantième verre d’eau, la satisfaction qu’il m’apportera sera inférieure à son prix ?

Il faut également distinguer les préférences des individus des choix qu’ils effectuent, bien qu’il soit possible de déterminer leurs préférences à partir de leurs choix.

1.1.1.2 Les courbes d’indifférence

Soit un panier composé de deux biens, notés X et Y (des pommes et des oranges par exemple). Par exemple, un panier peut être composé de 2 X et 1 Y, (noté (2,1)) ou bien 2 Y et 1 X. (noté (1,2)) Il y a une infinité de combinaisons dans l’absolu. La préférence est un concept abstrait qui permet d’ordonner les différents paniers de biens. On préfère par exemple le panier (1,1) au panier (0,0).

L’ordre établi par les préférences permet d’établir la notion d’indifférence. Un individu peut être indifférent entre deux paniers ((2,1) et (1,2) par exemple), parce qu’ils lui apportent la même satisfaction. On peut représenter l’ensemble des paniers de biens possibles sur le plan (Y,X). Et l’ensemble des paniers de biens pour lesquels l’agent est indifférent s’appelle une courbe d’indifférence, c’est l’ensemble des points sur le plan qui apportent la même satisfaction à l’agent.

Par exemple, l’agent ne sera pas indifférent au panier (0,0) vu qu’il ne consommera rien, donc ce point n’est pas sur la courbe, of course.

On fait l’hypothèse que si l’agent a le choix entre deux paniers, où la quantité de Y est fixée, il préférera toujours le panier qui dispose de la plus grande quantité de bien X. On qualifie cette hypothèse de non-satiété, car elle exprime le fait que l’individu préfère toujours consommer plus.

Les courbes d’indifférences ont plusieurs propriétés : - Les courbes d’indifférence sont décroissantes dans le plan de consommation. En effet, comme on suppose la non-satiété, si les courbes d’indifférence étaient croissantes, cela signifie que le consommateur préférera toujours le point le plus de la courbe, et donc il ne serait pas indifférent sur cette courbe.

• Il existe plusieurs courbes d’indifférence correspondant à des niveaux de satisfaction différents. La satisfaction est croissante à mesure que les courbes sont plus éloignées de l’origine. On peut avoir une courbe qui reflète un niveau de satisfaction A, et une courbe sont plus éloignées de l’origine. On peut avoir une courbe qui reflète un niveau de satisfaction 1, et une courbe qui reflète un niveau de satisfaction 2 (2 > 1). La courbe CI 2 car le niveau de satisfaction est associé à la quantité de biens consommés.

• Les courbes d’indifférences ne se croisent pas. En effet, si elle se croisaient, cela voudrait dire qu’un panier avec moins de quantité peut apporter la même satisfaction qu’un panier avec plus de quantités (dans l’absolu, pas relativement à un bien). Or, cela contredit l’hypothèse de non-satiété.

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Figure 1: Courbes d’indifférences

• Le goût pour la diversité. Les courbes d’indifférences sont convexes, ce qui explique la forme de la courbe. Concrètement, lorsque l’on consomme exclusivement du bien X, on est prêt à renoncer à de nombreuses unités de ce bien pour obtenir une unité de Y. En revanche, passé un certain seuil, on est bien moins prêt à renoncer au bien X pour obtenir une unité de Y en plus. Et inversement pour Y.

Concrètement, le consommateur aime bien avoir des paniers de biens relativement équilibrés compte tenu de ses préférences.

1.1.1.3 Le taux marginal de substitution

Le taux marginal de substitution (TMS) est la quantité représentant le sacrifice du bien X qu’il faut consentir pour augmenter d’une unité la consommation du bien Y en restant au même niveau de satisfaction.

La valeur absolue de la pente des courbes d’indifférence représente ce taux marginal de substitution. Pour des courbes d’indifférences convexes, on a que le TMS(Y, X) diminue lorsque Y augmente. Concrètement, plus un individu consomme d’un bien, moins ce bien a d’intérêt relativement à l’autre, et inversement. Cela découle de la convexité de la courbe, et du goût pour la diversité. La rareté génère du besoin. On peut écrire le TMS de façon formalisée comme : T M S=∆XδY .

Le taux marginal de substitution du bien X au bien Y est égal à la quantité additionnelle de bien X dont le consommateur doit disposer pour compenser la réduction d’une unité de la consommation de bien Y l’utilité étant maintenue constante.

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1.1.2 La maximisation sous contrainte 1.1.2.1 La contrainte budgétaire

Il y a des contraintes qui limitent la liberté de choix d’un individu. Ces contraintes peuvent être soient des contraintes de temps, soit de budget. En microéconomie, on s’intéresse principalement à la contrainte budgétaire. L contrainte dépendra à la fois du budget de l’agent, et des différents prix des biens. On représente la contrainte budgétaire sous la forme de l’équation suivante :

R=pXX+pYY

Le revenu R est égal à la quantité consommé de bien X multiplié par le prix, et pareil pour Y. La droite de budget est l’ensemble des combinaisons de deux biens tel que les dépenses totales égalisent le revenu. Cela suppose que le revenu de l’argent est entièrement dépensé et qu’il n’y a pas d’épargne.

Afin de représenter la contrainte budgétaire, on peut réécrire cette égalité comme : Y =−PPX

XX+p1

YR

Figure 2: Contrainte budgétaire La pente de cette courbe est donnée par−ppX

Y . Le long de la droite de budget, le consommateur dépense moins sur un bien et plus sur l’autre. La pente de la droite de budget mesure le prix relatif du bien X en bien Y. La pente donne ainsi le taux auquel deux biens peuvent être substitués sans modifier la dépense totale.

L’ordonnée à l’origine représente le montant maximal de bien Y que l’on peut consommer avec le revenu R.

De même, le point d’intersection de la droite avec l’abscisse R correspond au montant maximal de bien X que l’on peut acheter avec le revenu R.

On appelle l’espace budgétaire l’ensemble des paniers de biens que l’individu peut consommer avec son revenu.

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1.1.2.2 Le panier de consommation optimal

Grâce à la contrainte budgétaire représentée, on peut identifier quels paniers de consommation sont disponibles pour l’individu. Avec la représentation des préférences de l’individu, on peut définir les paniers qu’ils préfère à d’autres. En réunissant ces deux graphiques, on peut déterminer la consommation de l’individu.

L’agent choisit de consommer le panier de consommation qui lui est accessible sur la courbe d’indifférence qui lui procure la satisfaction la plus élevée.

Les consommateurs choisissent les combinaisons de biens de manière à maximiser leur satisfaction, avec un budget limité. Le panier optimal doit satisfaire deux conditions : il doit appartenir à la droite de budget (le revenu doit être dépensé totalement) et il doit fournir au consommateur la combinaison préférée des biens et de services parmi celles accessibles. Le consommateur choisira un point sur la plus haute courbe d’indifférence qui soit aussi sur la droite de budget. En ce point, la pente de la courbe d’indifférence (-TMS) est égale à la pente de la droite de budget. Le point de consommation optimale est donc le lieu de tangence entre la courbe d’indifférence et la contrainte de budget.

Cette propriété correspond à l’équation : δXδY =ppX

Y.

Au point d’équilibre, le sacrifice en valeur de B est égal au gain en valeur qu’il réalise en augmentation sa consommation de C.

La satisfaction est maximisée lorsque le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix. Cette relation est vraie seulement au point optimal de consommation. Si le TMS est différent du rapport des prix, cela signifie toujours que le point choisi par le consommateur peut être modifié de sorte à atteindre un point sur une courbe d’indifférence qui lui apportera plus de satisfaction.

Sur ce graphique, vous pouvez voir que le point optimal est A (TMS = prix relatifs), et que n’importe quel autre point (B par exemple) où le TMS ne serait pas égal à la pente de la droite budgétaire peut être amélioré.

1.2 Typologie des biens, élasticités, effet prix et effet revenu

1.2.1 Catégoriser les biens avec le concept d’élasticité

L’élasticité de la demande mesure le degré de sensibilité d’un bien ou d’un service :

• aux variations de son prix de vente (l’élasticité-prix)

• aux variations des revenus des acheteurs concernés ou intéressés (l’élasticité-revenu) 1.2.1.1 L’élasticité prix

L’élasticité-prix est le rapport entre la variation relative de la demande d’un bien et la variation relative du prix de ce bien. Ce rapport est généralement négatif, car lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue et réciproquement (Q = Quantité, P = Prix). On peut la formaliser de la façon suivante :

e=

∆Q Q

∆P P

= ∆Q∆PPQ

On peut distinguer trois cas particuliers :

• L’élasticité est nulle : les variations du prix n’ont pas d’effet sur la quantité demandée. C’est notamment le cas des produits de première nécessité : bien que le prix augmente, la consommation se maintient, car il existe peu de produits de substitution ou les dépenses pré-engagées comme les loyers ou les

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Figure 3: Maximisation

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abonnements de téléphone. Une élasticité nulle à court terme peut toutefois s’avérer non nulle à long terme, car l’augmentation des prix peut pousser à la recherche de nouveaux produits de substitution. Le pétrole, par exemple, est un bien non-substituable à court terme mais sur le long terme, l’augmentation de son prix peut favoriser l’exploitation de nouvelles sources d’énergie et l’achat de voitures consommant moins et /ou des carburants moins chers.

• L’élasticité est négative : un changement des prix à la hausse conduit à une diminution de la quantité demandée.

• Quand l’élasticité est positive : un changement des prix à la hausse conduit à une augmentation de la quantité demandée. Ce qui peut paraître paradoxal. On distingue généralement les biens Giffen (les biens de première nécessité) : lorsque son prix augmente, cela réduit assez fortement le pouvoir d’achat des consommateurs. Ceux-ci sont donc forcés pour équilibrer leur budget de renoncer à d’autres biens, et de renforcer leur consommation du bien de nécessité pour maintenir leur utilité (l’apport calorique par exemple).

• Les biens Veblen : les biens de luxe. Lorsque le prix augmente, la demande augmente parce que la difficulté d’accès à ces biens fait leur prestige (une voiture de luxe ou un vin rare). Lorsque l’élasticité en valeur absolue est supérieure à 1, le bien est fortement élastique. Lorsqu’elle est comprise entre 0 et 1, elle est faiblement élastique, voire pas du tout. Et si elle est égale à 1, alors la quantité demandée varie proportionnellement au prix du bien.

1.2.1.2 L’élasticité-prix croisée, biens substituables et complémentaires

L’élasticité-prix croisée est définie comme le rapport entre le taux de variation de la quantité demandée d’un bien A et le taux de variation du prix d’un autre bien B. Selon le résultat de ce calcul, les biens A et B sont dits « de substitution » ou « complémentaires ». En effet, si l’élasticité-prix croisée est positive, cela signifie que l’augmentation du prix entraîne l’augmentation de la demande d’un autre bien. Les deux biens sont donc substituables. À l’inverse, lorsqu’elle est négative, l’augmentation du prix d’un bien entraîne la diminution de la demande d’un autre bien. Les deux biens sont alors dits complémentaires. Par exemple, l’augmentation du prix du carburant entraîne une diminution de la demande de voiture. Une élasticité-croisée nulle signifie une indépendance entre les deux biens. En politique de la concurrence, l’élasticité-croisée permet d’identifier à quel point des biens sont substituables pour déterminer s’ils appartiennent bien au même marché.

1.2.1.3 L’élasticité-revenu

L’élasticité de la demande par rapport au revenu est définie comme le rapport entre le pourcentage de variation de la demande d’un bien et le pourcentage de variation du revenu. Elle mesure l’impact d’une variation du revenu d’un consommateur sur sa demande pour un bien particulier.

Selon la classification d’E. Engel, on distingue trois catégories de biens :

• les biens inférieurs : les biens dont la part dans le revenu diminue lorsque le revenu augmente (et inversement).

• les biens normaux : les biens dont la demande varie dans les mêmes proportions que le revenu. On parle également de biens nécessaires. C’est le cas de la nourriture (prise dans son ensemble) et des biens de première nécessité.

• les biens supérieurs : les biens dont la part dans le revenu augmente quand le revenu augmente. C’est le cas de nombreuses dépenses de loisirs, de transport, de culture oud e santé. On peut parler de biens de luxes.

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1.2.2 Effet-prix et effet-revenu

Dans le cas d’une variation du prix d’un bien, on peut dissocier deux effets. Imaginons que le prix du bien C augmente; cela conduit à une hausse des coûts de consommation et donc à une baisse du revenu effectif : si on divisait le revenu par un indice des prix, celui-ci serait plus bas.

Dans le cas de biens normaux, une baisse du revenu doit conduire à une baisse de la consommation des deux biens ; on appelle cet effet, l’effet-revenu et il est négatif sur la consommation lorsqu’on considère des biens normaux. Le second effet est que le prix relatif du bien C augmente : donc, dans le cas de biens ordinaires, cela conduit à augmenter la demande du bien B et à diminuer celle du bien C; c’est l’effet de substitution.

2 La théorie de l’utilité

2.1 La fonction d’utilité

2.1.1 La fonction d’utilité

Il est possible de retrouver les propriétés des choix de l’individu en introduisant un nouveau concept appelé fonction d’utilité. Il s’agit d’un objet mathématique qui reflète les préférences de cet individu. La fonction d’utilité quantifie le niveau de satisfaction associé à la consommation de chaque panier de consommation, mais relativement à d’autres paniers de consommation. Les niveaux de satisfaction n’auront donc qu’une valeur relative afin d’établir un classement entre les différents paniers possibles.

On note la fonction d’utilité U(x,y), avec x et y la consommation de biens x et y. Cette fonction doit ordonner les paniers de consommation en proposant un classement entre les différents paniers. Pour ce faire, la fonction associe à un nombre à chacun des paniers (ce nombre pouvant être le même pour certains paniers). On fait également l’hypothèse de non-satiété : l’utilité est croissante en chaque argument. Plus on consomme d’un bien particulier (à valeur donnée de l’autre bien), plus on augmente l’utilité (le niveau de satisfaction relatif). La forme d’une fonction d’utilité peut être du type : U(x,y) = x + y (ici, les deux biens sont substituables, au vu de la symétrie).

Dans le cas d’une fonction d’utilité, certains paniers de biens procurent le même niveau de satisfaction.

On peut construire les courbes d’indifférence sen représentant l’ensemble des paniers qui apporte un niveau d’utilité constant.

2.1.2 L’utilité marginale

La clé de compréhension de toute la microéconomie est que ce n’est pas tant le niveau d’utilité (l’utilité totale), mais sa variation par rapport aux changements de consommation. Le raisonnement fondamental est le suivant : que se passe-t-il si j’augmente la consommation d’un bien de l’autre des deux ?

L’utilité marginale est définie par la variation induite par la consommation d’une unité supplémentaire d’un bien (quelle est utilité supplémentaire apportée par un verre d’eau ? Par le second ? . . . par le n-ième ?). La fonction d’utilité a des rendements décroissants : plus un individu consomme, plus ses besoins sont satisfaits, et donc moins la consommation supplémentaire apportera une utilité supplémentaire (si je continue de boire de l’eau après avoir étanché ma soif, le verre d’eau aura de moins en moins de valeur).

2.1.3 L’optimisation de la fonction d’utilité

L’agent cherche à maximiser son utilité et il est soumis à une contrainte budgétaire. Il est donc soumis au problème de maximisation suivant :

maxx,yu(x, y)s.c.pxx+pyy=R

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On peut trouver le maximum de cette fonction de deux façons : en ré-exprimant le bien x comme fonction du bien y en réécrivant la contrainte budgétaire, ou en utilisant la méthode du lagrangien. On exclura la méthode du lagrangien. On a : x=rp1

xppy

xy

On peut donc remplacer x par une valeur de y, et dériver la fonction par rapport à y. On sait que le maximum de la fonction est atteint au point où la dérivée s’annule. Après des calculs peu pertinents pour ce cours (mais disponible dans n’importe quel autre manuel), on obtient :

U(y) U(x)= ppy

x

Le ratio des utilités marginales, qui est la pente de la courbe d’indifférence, est égal au ratio des prix, lorsqu’un individu choisit la consommation optimale du bien B et C.

L’interprétation est simple : pour que le panier de consommation soit optimal du point de vue de l’agent ; le bénéfice relatif qu’apport un bien doit être égal au coût relatif de ce bien. Par exemple, si le consommateur accepte de payer deux fois plus cher pour le bien x, c’est que le bien x lui apporte marginalement deux fois plus d’utilité. Si le bien x lui apportait moins de satisfaction relativement à y que le prix relatif de x par rapport au bien y, alors il aurait intérêt à diminuer sa consommation. On revient à l’idée qu’à l’optimum : le gain marginal doit être égal au coût d’opportunité. Concrètement, si le coût d’opportunité de ne pas consommer une certaine quantité de bien x était supérieur au gain marginal de consommer y, je réduirais ma consommation de y. Et inversement.

2.1.3.1 Utilité cardinale ou ordinale ?

L’approche d’une fonction d’utilité qui classe les préférences provient de V. Pareto. Il introduit la notion d’utilité ordinale en opposition au concept d’utilité cardinale précédemment admis par les marginalistes.

L’utilité cardinale revient à donner une valeur objective à la consommation d’un panier de bien. Or, pour Pareto, il n’existe pas d’échelle objective de mesure d’utilité, le consommateur peut simplement classer ses préférences individuelles.

2.2 L’optimisation intertemporelle

Beaucoup de décisions individuelles comme l’épargne, l’éducation ou encore la retraite ont une dimension intertemporelle. Comment l’analyse microéconomique permet d’analyser l’intertemporalité des décisions ?

2.2.1 Optimiser ses choix dans le temps 2.2.1.1 Les préférences intertemporelles

Supposons que l’on doive choisir entre consommer 100 aujourd’hui ou consommer 100 dans un an, la plupart des gens choisirait 100 aujourd’hui. Mais si le choix était entre 100 et 1000, là l’impatience serait moins grande. Comme le choix est influencé par la somme proposée dans le futur, il doit exister un niveau de consommation future pour lequel une personne donnée sera indifférente entre le présent et le futur. Ce montant dépendra vraisemblablement de la personne.

Soit r le pourcentage qui rend une personne donnée indifférente entre consommer 100 aujourd’hui ou 100 x (1+r) demain. Plus r est élevé, plus la personne est impatiente. D’un point de vue psychologique, 1+r est le prix implicite (ou psychologique) du présent. Plus r est élevé, plus le présent a de valeur pour cet individu.

Ce taux d’impatience varie selon les individus et les situations. Si r = 0, l’agent est infiniment patient.

D’un point de vue microéconomique, 1+r correspond au taux marginal de substitution entre la consommation aujourd’hui et la consommation dans un an. Ce nombre représente le coût d’opportunité de retarder la consommation présente pour consommer dans le futur.

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On peut faire comme si la consommation dans le présent et la consommation dans le futur étaient deux biens distincts, qui forment un panier de consommation, dont on peut représenter les possibilités par des courbes d’indifférence. La pente de la courbe sera de 1+r.

2.2.1.2 La contrainte budgétaire intertemporelle

Cependant, l’agent est contraint par ses ressources présentes et futures. On aura donc une contrainte de budget qui dépendra des revenus de chaque période. On peut noter le revenu présent et le revenu gagné dans le futur. Ce profil de revenus peut refléter, par exemple, le revenu tout au long du cycle de vie. On fait également l’hypothèse (très forte) que lesmarchés financiers sont parfaits : il est possible d’emprunter ou d’épargner à la période 1, et ce au même taux dans un cas comme dans l’autre, taux que l’on note i.

Si un agent emprunte 100 aujourd’hui, il devra rembourser 100(1+i) dans le futur, alors qu’il récupérera 100(1+i) s’il épargne. On peut noter la contrainte budgétaire intertemporelle de la façon suivante :

C2=R2+ (R1C1)(1 +i)

La consommation future est égale au revenu plus la quantité éventuellement épargnée. Par exemple, si l’individu ne consomme pas pendant la seconde période, il bénéficiera de l’intégralité de son revenu épargné, multiplié par le taux d’intérêt. La pente de la contrainte budgétaire est -(1+i), qui est le prix de la consom- mation aujourd’hui par rapport à demain. On peut réécrire la contrainte :

C1+1+iC2 =R1+1+iR2

Cette nouvelle écriture permet d’introduire quatre définitions :

• La valeur actualisée des revenus. Si l’individu consomme son revenu présent et futur dans la première période, l’intégralité du revenu disponible estR1+1+iR2. C’est la valeur actualisée de tous ses revenus.

Il ne peut pas consommer R1+R2 car il devra rembourser son emprunt, donc on divise son revenu futur par le taux d’intérêt.

• La valeur future des revenus. À l’inverse, s’il ne consomme pas en première période, il bénéficiera de son revenu présent multiplié par le taux d’intérêt, et du revenu futur. On parle de la valeur future du revenu.

• (1+i) (toujours > 1) est le prix relatif de la consommation présente par rapport à la consommation future

• (1/1+i) (toujours < 1) est ce qu’il faut placer aujourd’hui pour obtenir un euro dans le futur. C’est le prix relatif du futur.

2.2.1.3 Le choix intertemporel

Pour connaître le choix optimal, on combine comme précédemment les courbes d’indifférences avec la con- trainte budgétaire. L’individu consommera au point qui lui apporte le plus de satisfaction, donc sur la courbe d’indifférence la plus élevée possible compte tenu de sa contrainte budgétaire. Cette courbe d’indifférence sera tangente à la contrainte budgétaire : 1+r = 1+i.

Cette relation indique qu’au point optimal, le prix psychologique du futur (1+r), c’est-à-dire le coût psy- chologique de la consommation future, doit être égal au prix réel du futur 1+i, où i est fixé par le marché.

Une baisse du taux d’intérêt sera une incitation à l’emprunt (le prix du futur diminue) alors qu’une hausse incitera à l’épargne (le prix du futur augmente).

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2.2.2 La cohérence intertemporelle 2.2.2.1 L’utilité intertemporelle

On peut représenter les choix intertemporels avec une fonction d’utilité. La fonction d’utilité intertem- porelle a comme arguments la consommation présente (C1) et la consommation future (C2) tel qu’on note : U(C1, C2) =v(C1) +δv(C2), avecδ <1.

Cette fonction doit refléter que les périodes ne sont pas équivalentes pour les individus. Comme les agents sont impatients, le futur doit avoir une valeur plus faible pour eux. On dit qu’ils escomptent le futur. On note traditionnellement :

Le paramètreδ (<1) est le taux d’escompte psychologique : il reflète le poids psychologique plus faible du futur par rapport au présent. est l’utilité instantanée de la consommation dont on fait l’hypothèse qu’elle est la même à chaque période. La maximisation de cette fonction sous la contrainte budgétaire implique un résultat classique : UU(C(C12)) =δvv(C(C12)) = 1 +i

La valorisation du futur, avec le paramètre delta, aura une influence importante sur la valeur du taux d’intérêt.

P. Samuelson a introduit une représentation de l’utilité intertemporelle avec une infinité de période. On a : U(C1, C2, C3, ...., Cn) =v(C1) +δV(C2) +δ2v(C3) +...+δnv(Cn)

Comme delta < 1, l’escompte psychologique devient plus faible, car tout paraît loin. Il faudrait énormément d’argent dans 50 ans pour renoncer à 10 euros dans le présent par exemple.

2.2.2.2 Cohérence et incohérence temporelle

Si un individu décide de ce qu’il fera aujourd’hui, demain, et après-demain, dans la perspective de la formule de Samuelson, le choix fait hier pour demain sera toujours optimal, il ne changera pas d’avis.

Pourquoi ? Parce que la valeur relative d’une période à l’autre est invariante dans le temps : le TMS entre deux périodes adjacentes (période 1 et période 2, période 2 et période 3, . . . , période n-1 et période ,) est toujours égal àδ, par le jeu des puissances. Cela signifie que l’individu ne se déjugera pas par rapport à ses décisions passées sur le choix de la séquence de consommation optimale.

Or, dans la réalité, on sait très bien que ce n’est pas vrai. On reporte à demain en se disant qu’on le fera, puis on reporte une nouvelle fois à demain, sans jamais finir. Cela signifie que le présent est survalorisé.

Si on noteγ, >1, la valeur du présent (c’est-à-dire de la consommation au moment présent), le TMS entre le moment présent et la période suivante est de γδ. L’agent est donc moins patient qu’il ne l’aurait été en période 1 vis-à-vis du futur.

2.2.2.3 Comment être cohérent dans le temps ?

Comment quelqu’un qui établit un plan optimal pour ses décisions futures peut-il s’assurer qu’il respectera bien son plan quand demain viendra ?

Il existe deux solutions données par la mythologie, analysées par J. Elster (Ulysses and the Sirens, 1979).

Dans l’Odyssée, Ulysse apprend l’existence des sirènes dont le chant mélodieux procure une satisfaction immense à tel point que les marins se jettent à la mer pour les suivre et se noient. En termes économiques, on peut dire que le plan est d’aller dans la mer, écouter les sirènes et revenir vivant. Sachant qu’il ne pourrait pas résister au chant des sirènes, Ulysse demande à ses hommes de l’attacher de sorte à être sûr de ne pas se jeter dans la mer quand il écoutera le chant. Il utilise ce faisant une technologie de contrainte qui réduit l’ensemble des choix possibles dans son propre intérêt, intérêt bien sûr évalué à la période 1.

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La seconde solution pour résister est de ne pas savoir : les marins d’Ulysse se bouchent les oreilles avec de la cire. Économiquement parlant, ils se privent d’informations pour leur propre bien-être. Ainsi, il peut être rationné de vouloir se priver d’information.

Exemple de la politique monétaire. Les gouvernements ont longtemps été responsables à la fois de la politique fiscale et de la politique monétaire. Un parti politique peut être tenté de créer de la monnaie et d’augmenter les dépenses afin de stimuler la croissance temporairement (ce qui générera de l’inflation dans le futur). Cela permet de garantir la réélection à court terme, et il ne faudra faire face aux effets de l’inflation qu’une fois la réélection assurée. Pour s’éviter cette tentation, les gouvernements se sont liés les mains en se retirant de la gestion de la politique monétaire, laissée maintenant à des banques centrales indépendantes dont l’objectif principal est la lutte contre l’inflation.

2.3 Le choix sous incertitude

2.3.0.1 La représentation de l’incertitude

La représentation la plus classique et la plus utilisée dans la théorie microéconomique d’un environnement incertain est la loterie. Un agent est confronté à une alternative, chacun des résultats est parfaitement connu (gagner le gros lot ou perdre), et l’occurrence d’une situation ou d’une autre est incertaine au moment du choix, mais la probabilité d’occurrence de chaque situation est parfaitement connue.

On distingue, depuis F. Knight (Risk, uncertainty and profit, 1921), le risque (les différentes branches de l’alternative sont proababilisables) de l’incertitude (les probabilités ne sont pas connues). L’analyse mi- croéconomique se fait en situation de risque, mais on parle indifféremment de « risk » ou d’« uncertainty

».

Une loterie est une liste (p1, p2, ..., pn) avec la probabilitépi que le résultat se réalise, et tel que Σni=1pi = 1.

.

Lorsque les résultats associés aux différentes branches de la loterie peuvent être exprimés sous forme moné- taire, on peut calculer l’espérance de gains associée à la loterie. L’espérance de gain d’une loterie correspond à l’espérance mathématiques des gains monétaires. On a : EV = Σni=1pixi. Dans le cas d’un ticket à gratter par exemple, si on a une probabilité de 90 % de perdre 2 euros (le prix du ticket) ou bien une proabilité de 10 % de gagner 4, on trouvera aisément une espérance moyenne de gain de -0.05.

2.3.0.2 L’utilité espérée Von Neumann-Morgenstern (VNM)

Plus l’espérance de gains d’une loterie est élevée, plus l’agent sera susceptible de choisir cette loterie. L’agent a donc des préférences en les différentes loteries, et il les hiérarchise. On postule également l’axiome d’indépendance : « si la loterie A est préférée à la loterie B alors quelle que soit la loterie C et quelle que soit la probabilité p, la loterie, la loterie [A(p) ; C(1-p)] est préférée à la loterie [B(p);C(1-p)]. [A(p), C(1-p)] désigne une méta-loterie dans laquelle on joue la loterie A avec la probabilité p, et la loterie C avec la probabilité (1-p).

On peut associer à une relation de préférence une fonction d’utilité U(.) définie sur l’ensemble des loteries et qui à chaque loterie associe une valeur donnée U(L).

On dit qu’une fonction d’utilité U définie sur l’ensemble des loteries possède une représentation sous forme d’utilité espérée de VNM s’il existe un ensemble de nombres que l’on peut associer aux n résultats de la loterie L tels que :

U(L) = Σni=1uipi

En gros, la fonction d’utilité espérée correspond à l’espérance mathématique des utilités associées aux ré- sultats possibles de la loterie. Chacun des résultats va m’apporter une utilité, et chaque résultat survient avec une certaine probabilité. L’utilité « moyenne » espérée est définie par cette espérance mathématique.

Cependant, le critère de classement est l’utilité, et non pas l’espérance de gains.

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2.3.0.3 L’aversion au risque

Lorsqu’un agent peut recevoir l’espérance de gain avec certitude, il sera plus satisfait (son utilité sera plus grande) qu’en ayant à jouer la loterie pour obtenir le même gain. Cela veut dire qu’un individu préfère avoir 1000 euros de façon certaine plutôt qu’avoir une espérance de gain de 1000 euros (par exemple, obtenir 400 avec une probabilité d’un demi, ou 1600 avec une probabilité un demi, ce qui fait une espérance de 1000).

Un individu avec type de préférences refuse les jeux « équitables ». On dit qu’il est averse au risque. On peut calculer l’équivalent certain, c’est-à-dire la somme R qui rendrait l’individu indifférent entre cette somme perçue avec certitude et la loterie initiale.

Une individu averse au risque est caractérisé par une utilité marginale de la richesse décroissante. La perte potentielle d’un montant x pèse plus que le gain potentiel d’un montant x. A l’inverse, lorsqu’un individu aime le risque, son utilité marginale de la richesse est croissante : plus il obtiendra un gain important de façon incertaine, plus il sera satisfait. Lorsque l’individu a une préférence pour le risque, sa fonction d’utilité est convexe, alors qu’elle est concave lors qu’il est averse pour le risque.

2.3.0.4 Le paradoxe d’Allais

La fonction d’utilité VNM est-elle cohérente avec les comportements adoptés par les agents confrontés à une situation incertaine ? Dans de très nombreuses situations, oui. Cependant, certains paradoxes connus montrent les limites de la théorie de l’utilité espérée.

Le paradoxe d’Allais remet en cause l’axiome d’indépendance. Intuitivement, cet axiome présenté au-dessus paraît naturel : si on demande à l’agent de mélanger une loterie C soit avec A soit avec B, avec une probabilité identique p dans les deux cas, on doit s’attendre à ce qu’il choisisse celle qu’il préfère, soit par hypothèse, A.

Pourtant, l’expérience, mise en évidence par M. Allais (1952) montre que la présence d’un gain qui devient très incertain dans l’alternative proposée conduit un grand nombre de personnes à ne pas se conformer à cet axiome.

Par exemple : si on préfère en général la loterie A (10 000 euros, avec 100 % de probabilité) à la loterie B (15 000, avec 90 % de probabilité, et 0 avec 10 %), au vu de la certitude du gain. Cependant, entre la loterie C (10 000 avec 10 % de probabilité, et 0 avec 90 %) et la loterie D (15 000 avec 9 % de probabilité et 0 avec 91 %), les individus auront tendance à choisir la loterie D, parce qu’elle procure un gain important pour une probabilité de non-gain à peine plus forte que la loterie C.

Or, l’axiome d’indépendance aurait stipulé que les agents choisissent C, car la présence de D pourrait modifier la préférence de la loterie A pour la loterie B, dans le cas d’une loterie composée de B et D par rapport à celle composée de A et D. M. Allais démontre expérimentalement que lorsque le risque est extrême, le joueur se focalise davantage sur la prime de risque que l’utilité espérée.

2.3.0.5 La demande d‘assurance

Les agents averses au risque sont prêts à payer pour réduire le risque auquel ils sont confrontés. Les situa- tions de risque concernent généralement un grand nombre d’individus. Si les probabilités d’occurrence d’un évènement fâcheux sont indépendantes d’un individu à un autre alors les agents peuvent mutualiser le risque pour améliorer leur situation.

La mutualisation des risques peut être faire par un assureur centralisé (Sécurité sociale) ou via le marché de l’assurance.

Soient deux situations possibles : l’état favorable (b) et l’état défavorable (m). L’agent a un revenu R, mais il subit une perte au moment de l’état défavorable, qui peut survenir avec une probabilité p. Soit le contrat d’assurance le plus simple possible. L’individu paie une primeγ par unité d’assurance souscrite dans tous les cas, dans le bon comme le mauvais état de la nature. Dans le mauvais état de la nature, la compagnie lui

(15)

paie une compensation d’un euro par unité souscrite : si l’individu souscrit A unités d’assurance, il recevra A et paiera une prime d’assurance.

Quelle sera la consommation de l’individu dans chaque état de la nature ? Dans le bon état, la consommation de l’indiivdu sera son revenu brutRb moins sa prime d‘assuranceγAtel que : Cb=RbγA.

Dans le mauvais état, la consommation Cm sera son revenu brut Rm moins sa prime d’assuranceγAplus sa compensation A :Cm=RmγA+A

On peut représenter la situation sous forme d’une fonction d’utilité : maxAUe=pU(Cm) + (1−p)U(Cb)

En remplaçant les consommations de chacun des états, maxAUe=pU(RmγA+A) + (1p)U(RbγA)

La condition du premier ordre (c’est-à-dire l’annulation de la dérivée en A) donne (en réécrivant):

pU(Cm)

(1−p)U(Cb) = 1−γγ

On suppose que le marché des assurances est concurrentiel, et donc que les profits de la compagnie d’assurance sont nuls, ce qui implique (voir la démonstration dans d’autres manuels) que la prime d’assurance est égale à la probabilité du risque. Doncp=γ

D’où UU(C(Cmb)) = 1

Cela signifie que dans le contexte où le coût unitaire de l’assurance est égal à sa probabilité d’accident, les agents choisissent un niveau d’assurance leur permettant d’avoir exactement le même niveau de consomma- tion dans chaque état de la nature : on dit alors que l’assurance est parfaite. S’assurer complètement, c’est se garantir d’avoir son revenu moyen en toutes circonstances. En achetant une assurance, l’agent cherche donc à opérer un lissage de son revenu entre les différents états de la nature en raison de son aversion au risque.

Grâce à la fixation parfaite d’une prime à partir de la probabilité du risque, il y parvient parfaitement.

Si le marché fonctionne imparfaitement (asymétries d’information, marché non concurrentiel, . . . ) alors l’assuré ne sera que partiellement couvert, et il ne pourra bénéficier que d’une compensation partielle de son revenu.

3 La rationalité, l’économie comportementale et les politiques publiques

3.1 La rationalité en économie

3.1.1 Cohérence des choix 3.1.1.1 Le paradoxe d’Allais

On peut résumer le paradoxe d’Allais comme suit : face à deux loteries où l’espérance de gain est faible, on préfère celle où l’espérance est la plus faible en se disant qu’au moins si on gagne on a la plus grosse même, alors même qu’on est averse au risque et qu’on préfère l’issue la plus certaine. Cela remet en cause la théorie traditionnelle de l’utilité espérée.

Ce paradoxe souligne qu’il faut distinguer les préférences des choix. Les choix sont les décisions que prennent les individus ; les préférences, traduites en termes de fonction d’utilité, forment un concept sous-jacent qui permet de décrire et de rationaliser ces choix. Les préférences permettent alors de décrire des choix rationnels au sens intellectuel, sans pour autant décrire les choix réellement effectués par les individus. Il est donc possible à partir des choix de retrouver les préférences des individus.

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3.1.1.2 Les préférences révélées

Concrètement, si je choisis A au détriment de B, c’est que je préfère A, et que je ne choisirais jamais B si j’ai la possibilité d’avoir A. Je révèle donc ma préférence. L’idée est que l’on peut reconstruire les courbes d’indifférence à partir de certains choix des individus que l’on ordonne.

3.1.1.3 Déviations par rapport à la rationalité

D. Kahneman et A. Tversky ont montré que les individus ne sont pas toujours rationnels. Ces derniers peuvent être victimes d’un « biais de jugement ». Ces biais résultent d’« heuristiques » c’est-à-dire de raisonnements qu’ils appliquent de manière routinière, aux situations quotidiennes sans vérifier s’ils sont pertinents. Par exemple, beaucoup vont préférer une augmentation de salaire de 1 500 euros avec 5 % d’inflation au lieu d’un gain de 600 euros sans inflation, alors même que l’inflation annule le gain obtenu. De plus, ces auteurs montrent également que les individus surestiment les probabilités faibles, et sous-estiment les probabilités fortes, ce qui permet d’expliquer le paradoxe d’Allais. Enfin, d’autres facteurs que la rationalité peuvent jouer : la douleur psychique, les considérations éthiques, . . .

3.1.2 Choix individuels et choix collectifs 3.1.2.1 Le paradoxe de Condorcet

Condorcet met en évidence la non-transitivité de la majorité. Au sein d’un même électorat, il est possible qu’une majorité préfère A à B, qu’une autre préfère B à C, et qu’une troisième préfère C à A. Les décisions de la majorité prises seraient incohérentes par rapport à une décision individuelle. Par exemple, lors de l’élection présidentielle de 2007, ce paradoxe a trouvé une application très simple : Sarkozy était préféré à Royal, mais Bayrou était préféré à Sarkozy.

3.1.2.2 Le théorème d’impossibilité d’Arrow

K. Arrow a montré qu’il n’est pas possible de trouver une fonction d’agrégation des préférences individuelle en préférences sociales, à supposer que celle-ci respecte certains critères simples et indiscutables : l’universalité (la fonction doit être définie pour toutes les préférences possibles des agents.), l’indépendance des alternatives non-pertinente (la fonction de choix social doit classer toute paire d’options en tenant uniquement comptes des préférences individuels pour cette paire, et en ignorant les préférences individuelles pour d’autres options), la non-dictature (il ne doit pas un exister un individu tel que pour tout profil de préférence de la population, si cet individu préfère une option à une autre, la fonction de choix social ait la même préférence.), et la Pareto-efficacité (si tous les individus préfèrent une option à une autre, alors la fonction de choix social doit préférer cette option.)

3.2 L’économie comportementale, la neuroéconomie et les politiques publiques

3.2.1 L’économie comportementale

3.2.1.1 Les différents biais qui empêchent les individus d’être parfaitement rationnels

• Le bias de sur-optimisme. On surestime ses propres capacités à agir.

• L’aversion à la perte. La perspective de gains apporte moins d’utilité en valeur absolue que la désutilité de la perspective de perte pour une même somme donnée.

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Par exemple, les individus ayant des acheté des actions dont la valeur a augmenté acceptent volontiers de les vendre. Pour celles dont la valeur a baissé, l’idée d’encaisser la perte est suffisamment désagréable pour qu’ils souhaitent les conserver en dépit de toute rationalité. Lors de la crise de 2007, les vendeurs de biens immobiliers refusaient d’accepter la baisse de la valeur de leurs biens et le volume des transactions immobilières a baissé de façon très importante, alors que les prix des transactions réalisées n’ont baissé de quelques pourcents : les individus préféraient voir la valeur de leur bien se dégrader plutôt que d’accepter une baisse du prix par rapport au plus du marché avant la crise.

• Le « framing effect » : la façon dont on présente les choses influence les décisions.

• Biais du statu quo : on préfère conserver un choix adopté dans le passé plutôt que de le réoptimiser.

• le sunk cost : on accepte le prix de nos erreurs, car on refuse de les admettre.

3.2.1.2 Altruisme et rationalité

Certaines expériences de laboratoire ont mis en évidence certains phénomènes concernant l’altruisme. - Le jeu du dictateur (D. Kanhman, J. Knetsch, R. Thaler, Fairness and the Assumption of Economics, 1986).

Lorsqu’on donne une certaine somme d’argent à un individu, on lui propose de donner anonymement une partie à un autre individu qu’il ne connaît pas (absence de conséquence du don). L’expérience montre qu’en moyenne 20 % des dotations initiales sont distribuées sans contrepartie. L’altruisme fait donc partie de la fonction d’utilité des individus.

• Le jeu de l’ultimatum (W. Güth et al., 1982). L’agent qui reçoit une somme doit faire un don (pouvant être de 0 euros) à un autre agent. Ce dernier peut accepter ou refuser le don, et s’il refuse, aucun des agents n’obtient d’argent. L’expérience montre que près de 40 % de la dotation est donnée en moyenne.

En dessous d’un certain seuil de don, les receveurs refusent systématiquement le don, le considérant comme injuste. Ce mécanisme force les joueurs à donner des sommes minimales, et « justes ».

3.2.1.3 Motivations extrinsèques, intrinsèques et conflits intra-individuels

Pour R. Bénabou et J. Tirole, nos actions remplissent deux rôles : remplir nos objectifs « classiques » (comme les arbitrages entre deux biens) mais aussi révéler nos qualités et nos préférences, que ce soit aux autres ou à nous-mêmes. Concrètement, comme l’individu ne se connaît pas lui-même, il essaie de se définir par ses actes. Les individus ont deux types de motivations (ou incitations) :

• les motivations extrinsèques : celles qui poussent à agir en réaction à des stimuli extérieurs, dont le plus évident est l’incitation monétaire (motivation des actions classiques)

• la motivation intrinsèque : celle qui est faiblement influencée par les données extérieures, reposant sur les centres d’intérêts, les principes, la morale ou les idéaux (motivation des actions qui nous révèlent) Ces incitations peuvent s’opposer. Ainsi, rémunérer le don du sang a un effet contre-productif : lorsque les individus donnent leur sang, ils le font pour des principes moraux et non pour une rétribution financière. La rémunération du don du sang conduit à une diminution du nombre de dons. De même, le fameux exemple de la crèche de Jérusalem : lorsqu’on sanctionne les retards des parents, le nombre de retards tend à augmenter.

Les parents ne voient plus le retard comme une faute morale, mais comme un service supplémentaire fourni par la crèche.

3.2.2 Neuroéconomie et implications de la politique publique 3.2.2.1 La manipulation des choix

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L’hypothèse microéconomique de base fait de l’individu un être rationnel, exerçant son libre-arbitre. Cepen- dant, il existe de nombreux processus neurocognitifs qui lui échappent, et biaisent ses décisions.

Des chercheurs ont évalué les zones actives du cerveau lorsque les individus de l’étude doivent gérer un portefeuille d’actions et réaliser des transactions. Les gains ou les pertes avaient des impacts différents : certaines zones s’activaient spécifiquement en cas de gains, notamment le cortex préfrontal et pas dans le cas de pertes, indiquant ainsi une asymétrie. Dans les sensations de l’individu.

3.2.2.2 Stress et trappe à pauvreté

J. Haushofer et E. Fehr ont montré le lien de causalité réciproque entre pauvreté et mauvaises déci- sions économiques. Les mauvaises décisions sont également causées associés au stress lié à la pauvreté et l’incertitude. Ils montrent que la pauvreté est associée à un stress, mesuré par le taux de cortisol dans l’organisme. Par exemple, des sujets vivant au Kenya reçoivent aléatoire un transfert en espèce de 0, de 400 ou 1500 dollars. Seul ceux qui reçoivent 1500 voient leur taux de cortisol baisser.

3.2.2.3 Les implications pour la politique publique

• L’incohérence temporelle des agents doit inciter à mettre des plans de retraite obligatoire pour être sûr que les agents épargnent pour leur futur

• Une politique de la lutte contre la pauvreté devrait parvenir à aider les individus à prendre de bonnes décisions qui ne soient pas influencées par l’incertitude et le stress.

• Cependant, il y a une question politique : quel doit être le degré de « paternalisme de l’état » ? Tout va reposer sur la définition de ce qu’est le bien-être de l’individu et à quel point l’État devrait s’investir.

Cela dépend naturellement des situations, du principe de précaution (pour les OGM par exemple, vu qu’on ne connaît pas les conséquences, . . . )

3.2.2.4 Trois niveaux de politiques publiques

R. Thaler, C. Sunstein, Nudge, 2008. Pour ces auteurs, il est possible d’influencer le comportement des individus ou des acteurs économiques sans contraintes supplémentaires (politiques de type 1), et sans changer directement les incitations économiques (politiques de type 2). Il existe un troisième niveau, le nudge qui doit être le résultat d’une intervention peu onéreuse et simple visant à suggérer de meilleurs choix.

Par exemple, concernant la politique environnementale : - Une politique de type 1 consisterait à diminuer la consommation d’électricité des foyers par un quota de consommation pour chaque ménage - Une politique de type 2 consisterait à mettre une taxe sur la consommation d’électricité - Une politique de type 3, ou un nudge, consisterait à informer les agents de leur consommation d’électricité, en ajoutant un smiley leur indiquant s’ils dépassent la moyenne de consommation des alentours, afin de les inciter à diminuer leur consommation. Les auteurs défendent un « libertarian paternalism » : des incitations qui laissent tout de même le plus de liberté possible.

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