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MUSIQUE AUX ANTILLES. Zouk à la Mazouk

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Academic year: 2022

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MUSIQUE AUX ANTILLES

Zouk à la Mazouk

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Dessin de couverture : Jerry JALLIER

© L'Harmattan, 1999 ISBN : 2-7384-8420-4

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Maurice JALLIER Vivette JALLIER-PRUDENT

MUSIQUE AUX ANTILLES

Zouk à la Mazouk

L'Harmattan L'Harmattan Inc.

5-7, rue de l'École Polytechnique 55, rue Saint-Jacques 75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - CANADA H2Y 1K9

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Remerciements

Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés à réaliser cet ouvrage : parents, amis, collègues, musiciens, etc.

Les palmes vont à Marie-Josée Berthol qui, par affection et avec patience a composé et mis en page ce texte.

Ketty Roy-Camille, ex. Madame Éditions Caribéennes, a réécrit, corrigé, supervisé le manuscrit, l'a défendu et a jusqu'au bout apporté la touche professionnelle à l'édition

de l'ouvrage.

Un merci chaleureux pour la contribution photographique de Jules Henry, Fofo Fumey et... les autres.

A tous encore, mille fois merci.

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Du même Maurice Jallier avec Yollen Lossen

Musique aux Antilles (1), Ed. Caribéennes.

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AVANT PROPOS

A 18 ans, je perdis la vue, arrêtant aussitôt mes études. Mes parents m'offrirent une guitare, ce qui me permit dès 1947, d'entrer doucement dans le show-business : orchestre, associations, groupes folkloriques, composition. De nombreux prix dans les concours de la chanson créole, carnavals, émissions radiophoniques, spectacles... , etc. Et ceci, dans toute la Martinique.

En 1952, je rencontre, à Paris, Barrel Coppet, et m'affilie à la S.A.C.E.M. Débarrassé de mes études de kinésithérapie, mon diplôme en poche, je me mis à fréquenter assidûment les bals de la communauté antillo-guyanaise, les soirées musicales de la capitale, ce qui me donna l'occasion de côtoyer des musiciens, des chanteurs, des artistes de notre région.

Ma rencontre, dans les années 80, avec Yollen Lossen, dont le mari Serge jouait dans mon orchestre, a fait naître une idée qui me trottait dans la tête, et après de nombreuses discussions, nous décidâmes d'écrire ensemble, Yollen et moi, un livre sur la musique aux Antilles. Après une parfaite collaboration qui fut facilitée par notre voisinage à

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Cormeilles, Musique aux Antilles : Misik bô kay, vit le jour en 1985, aux Editions Caribéennes.

Je tiens à remercier, ici, Yollen Lossen qui m'a accompagné dans ma première expérience d'écriture, ô combien passionnante, encouragé en cela par mon ami Alex Roy Camille, directeur des Editions Caribéennes, trop tôt disparu.

Dans ce premier ouvrage, nous avons parlé de l'évolution de la musique aux Antilles, de Christophe Colomb à nos jours. Dix à quinze ans de réflexion, vaste programme, accouchement difficile, mais le résultat a été au-delà de nos espérances, puisque après ce premier ouvrage, Musique aux Antilles, surgirent des émules et, plusieurs ouvrages sur notre musique ont vu le jour.

Notre second volume, sur la musique aux Antilles, a pour sous-titre : Zouk à la Mazouk. Certes, nous avons sacrifié à la facilité, car au seul mot de Zouk, les portes s'ouvrent, les visages s'illuminent, les malades guérissent. Comme dit Kassav : " Zouk-la sé sèl médikaman nou ni "... Nous avons donc adopté à notre tour le mot zouk.

Dès le début des années 90, la mazurka créole, née de la clarinette d'Alexandre Stellio, a retrouvé force et vigueur dans la production antillaise. Pas un album, pas un C.D ne sortent sans qu'une, deux ou trois mazurkas ne soient publiées. Nous aurions dû écrire : du zouk à la mazurka... mais " zouk à la mazouk " était une expression très répandue à notre époque. Comme l'on dit souvent: " Yé bap ", pris dans 6

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l'ambiance chaude, musicalement parlant, nous répétions souvent cette succession de mots aux sonorités faciles à retenir, "zouk à la mazouk", comme une sorte de mélopée.

Dix années se sont écoulées, depuis la sortie du premier livre et nous avons vécu une explosion musicale extraordinaire. La musique afro-antillaise, à la manière du jazz, du rock ou du reggae, a conquis ses lettres de noblesse... Les choses, depuis, ont beaucoup évolué : la technologie, les mass media, l'information ont donné, dans nos îles, comme partout ailleurs, une nouvelle dimension à la musique, et c'est cette nouvelle dimension musicale antillaise que je vais développer ici : la musique dans ses traditions, à travers ses artistes, ses vedettes, ses monstres sacrés et tout ce qui la touche de près ou de loin : les lieux, les supports, les secteurs professionnels. Quelques références seront faites au premier ouvrage. Enfin, vous trouverez de nombreuses photos, certaines inédites, ainsi que quelques interviews, des partitions et des textes de chansons.

Devant le grand bouleversement musical actuel, je me devais, à nouveau, de m'investir, pour aider à mieux comprendre ce phénomène et de mettre également entre les mains de la jeune génération des animateurs de radio, télévision ou spectacle, ou tout simplement, à la disposition de tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à notre culture, un ouvrage de référence comme le premier. Pour cette

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nouvelle aventure, j'ai demandé à Vivette Prudent d'être mon co-pilote, et de vous soumettre le résultat de nos investigations.

Nous n'avons pas fait d'études en musicologie et c'est sans prétention aucune que nous essaierons de parcourir avec vous, dans une promenade ludique, notre si passionnante et si complexe culture musicale.

Les auteurs tiennent à signaler que dans la mouvance de l'actualité, certaines situations se sont modifiées : des groupes se sont séparés, d'autres reformés. Depuis 4 ou 5 ans où le livre devait paraître, la musique a pris également une autre dimension.

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MUSIQUE AUX ANTILLES

La musique a été et restera toujours un art premier, mais dans le temps, elle n'était qu'un amusement, un passe-temps, et ne restait que dans le domaine du jeu ; ne disait-on pas : aller jouer, pour : faire de la musique... la télévision n'existait pas, la radio et le phonographe n'étaient réservés qu'à des privilégiés. La musique permettait de se distraire, de s'amuser en famille ou entre copains. On allait rarement au cinéma et au théâtre, et grâce à la musique, on pouvait s'exprimer, se faire entendre.

Elle était en même temps un palliatif aux vicissitudes de l'existence, elle tenait une grande place dans la vie de chacun. Dans tous les milieux socio-culturels, aux Antilles, les sérénades étaient monnaie courante : pour une naissance, un anniversaire, une réussite scolaire, un retour au pays. On jouait de la musique aux fenêtres des élus, pour des sociétés, et dans des associations sportives. Quant aux surprises-parties, toutes les occasions étaient bonnes pour en organiser et les orchestres jouaient bien souvent gracieusement. Il n'était pas rare d'apercevoir dans l'ombre, aux abords d'une maison d'où sortaient les

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flonflons d'une fête, des gens écoutant de la musique très tard la nuit. Le mot "fan" n'était pas usité à cette époque, mais nos musiciens exerçaient une réelle fascination dans le public.

Vers les années 60, aux Antilles, comme partout ailleurs, devant la vulgarisation de la radio, l'évolution du disque, le nombre grandissant de salles de spectacles, d'espaces de danses, on commença à gagner de l'argent avec la musique ; faire de la musique devint un travail, être musicien, un métier ! De ce fait, l'objectif principal de milliers de jeunes fut de se lancer dans la chanson, la musique, et ceux qui avaient déjà le pied à l'étrier, espéraient en faire un métier à part entière. Les médias faisaient étalage de la vie des vedettes du show-business, ils se faisaient l'écho de ces existences fastueuses, véritables miroirs aux alouettes. Qui pourrait résister à la tentation des voyages, du luxe et de l'argent ? Et ce fut la ruée vers l'or d'un nombre important de jeunes néophytes qui iront pour certains jusqu'à abandonner des études prometteuses, attirés vers ces métiers apparemment faciles. Hélas, peu d'élus seront à l'arrivée !

Nous ne pouvons continuer de parler de cette musique qui nous tient tant à coeur, sans vous présenter les deux groupes qui sont au départ du show-business antillais. A Paris, dans les années 40, la famille Légitimus et aux Antilles, la famille Debs.

Le père Légitimus s'était lancé dans l'action sociale. Ses quatre fils, eux, avaient choisi le culturel.

Ils étaient dans la musique. Leur mère, elle aussi,

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était artiste musicienne. Le XVème arrondissement était leur fief, quartier de prédilection des antilloguyanais à Paris, et dans la grande salle de la mairie, sous le patronage de l'Association Solidarité Antillaise, les quatre frères, Gustave, Théo, Gésip et Clément organisaient deux grandes soirées annuelles, en février : l'élection de Miss Antilles et une grande soirée de prestige : le gala des îles, où le Tout-Paris, by night, se donnait rendez-vous. On y rencontrait du beau monde : hauts fonctionnaires en vacances, étudiants, militaires de carrière. Ils venaient voir et applaudir artistes et vedettes consacrés de nos îles : André et Henri Salvador, Gilles Sala, Moune De Rivel, Stella Félix, Jenny Alpha. En 1952, Gérard La Viny, David Martial, accompagnés de Maurice Jallier, y firent leurs premiers pas. Ces soirées étaient la porte ouverte pour tous nos jeunes compatriotes, voulant embrasser la carrière artistique. Les grands musiciens comme Eugène Delouche, Al Lirvat, Robert Mavounzy se produisaient également dans ces soirées, ainsi que certains orchestres étrangers en vogue à cette époque : Los Matecoco, Eddy Warner, Ben et sa tumba, Célino Sanchez et sa formation cubaine...

Toujours à cette époque, la famille Légitimus avait la main mise sur tout le show biz antillais : la mère, devenue Miss Darling, jouait au théâtre, comme au cinéma. Les fils animaient et dirigeaient plusieurs cabarets, dans la capitale métropolitaine : 11

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le Jet Club, la Savane, l'Ajoupa Club et le Tropicana.

Naturellement, tous les musiciens antillais ont défilé dans ces boîtes : Childebert, Emilien Antile, les pianistes Michel Sardaby, René Abran, le trompettiste Célestine, les frères Frédérique de la Guyane et bien d'autres musiciens qui profitaient de l'orchestre Légitimus et de leurs boîtes, pour faire leurs armes, apprenaient un répertoire, se formaient à la manière d'orchestre école et pouvaient ensuite se lancer.

Miss Darling vit encore aujourd'hui. Elle a été très honorée, en recevant, à plus de 80 ans, en 1983, le grand prix d'interprétation, à la Mostra de Venise, pour le rôle de Man Tine dans le film d'Euzhan Palcy : " Rue cases-nègres ", qui y a obtenu le Lion d'or. Elle a également côtoyé les grands du cinéma franco-américain : Yves Montant, Simone Signoret, Marlon Brando...etc Théo fit du théâtre, suivi par son fils, Pascal, le comique national bien connu, membre à part entière des Inconnus, comédien, auteur de films et aussi metteur de scène. Reste enfin, Gésip, qui est toujours dans l'audio visuel, producteur de l'émission " Le calendrier d'Outre Mer ", sur RFO, ainsi que de la première émission black télévisée hebdomadaire : " Pulsation ". Dans cette grande émission ont débuté : Jimmy Cliff, Manu Dibango et Philippe Laville... Enfants de la balle, la descendance des fils assure la relève, outre Pascal déjà cité, David se lance dans la chanson.

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Interview de Gésip Légitimus. Février 1995

M.J :

Vous étiez quatre frères, issus d'une famille de musiciens ?

G.L :

Nous étions 4 frères : Théo, moi, Gésip. Ma mère a été élevée en Amérique Latine au Vénézuela.

Donc tout jeune, on s'est trouvé baigné dans cette ambiance, nous avons été envers et contre tout, imprégnés de cette musique. On a appris la musique malgré nous. Lorsque mon père organisait ses soirées antillaises, à la mairie du XV ème à Paris, tout naturellement, on s'est trouvé à diriger l'orchestre qui animait ces galas.

M.J :

Je vous ai connus, toi et ta famille, à mon arrivée en France en

1952. Le XVème était

votre fief, et toutes les grandes soirées antillaises y étaient organisées par la famille Légitimus.

G.L :

On organisait traditionnellement, en février, l'élection de Miss Antilles, quelques mois

après, le grand gala des îles, qui était le couronnement de Miss Antilles. Le public était assis, comme à l'Olympia et assistait à un spectacle de variétés antillaises, disons Outre-Mer.

M.J :

C'était la méga scène du show biz'antillais à l'époque et toutes nos vedettes, débutantes ou confirmées, s'y produisaient. Exemple ?

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G.L :

Je nommerai les musiciens: Eugène Delouche, Al Lirvat, Robert Mavounzy, les chanteurs Stella Félix, Gilles Sala, Célia, Moune De Rivel, plus

tard, Joby Valente, Gérard La Viny.

M.J :

C'est là d'ailleurs, qu'il a démarré. Je me souviens, j'accompagnais sur scène, David Martial, qui faisait aussi ses premiers pas dans la chanson à Paris. C'était en 1952, et Gérard arrivait de sa Guadeloupe natale...

G.L :

Je me souviens très bien lors de ce gala des îles, tu jouais une comédie créole avec David Martial. Tu étais, Maurice, déguisé en femme.

M.J :

Ma spécialité a toujours été la comédie créole, le comique...Mais revenons à ces galas, où j'ai vu les prestations de l'orchestre Benny Bennet,

Los Matecoco, Ben et sa tumba.

G.L :

Ils furent nombreux ceux à qui nous avons donné une chance : les orchestres Pacolo, Célino Sanchez et son orchestre Cubain.

(Nota :

Gésip est le diminutif de " Hégésippe "

(prénom du père) )

M.J :

Personnellement, j'ai joué avec

André

Salvador, le frère de l'autre.

G.L :

Oui, c'était le frère d'Henri, d'ailleurs Henri Salvador a, lui aussi, participé à un gala des îles, avec beaucoup d'artistes et d'orchestres.

M.J :

A cette époque, vous aviez la main mise sur le show bizness antillais. Vous dirigiez, en parallèle avec la mairie, trois cabarets.

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G.L : Exact, même 4 : le Gésip Club, la Savane, l'Ajoupa Club et le Tropicana ; et là, tous les musiciens antillais défilaient, tels que Childebert Mourinet, Emilien Antile, les pianistes Georges Rabol, Michel Sardaby, René Albron, le trompettiste Célestine, Télémaque, saxo alto; il y a eu, que je me souvienne, Géro et Gesner Frédéric de la Guyane, ainsi que Gaston Lindor, le bassiste Sylvie Mamy et j'en passe. Nous avions un orchestre éclectique, une espèce d'orchestre école. Ainsi, lorsqu'un musicien arrivait de son pays, il venait nous voir, nous le prenions dans l'orchestre pour le former, pour lui apprendre le répertoire, et après, il pouvait s'évader, il pouvait s'assumer...

M.J : De Légitimus & Co, qui reste-t-il ?

G.L. : Il reste ma mère, Darling Légitimus qui fut interprète, musicienne, qui a joué dans de très nombreuses pièces de théâtre et dans des films. Elle a remporté de nombreux prix, distinctions et trophées, le dernier étant " Le Grand Prix d'interprétation " à la Mostra de Venise, en 1983, pour le rôle de " Man Tine ", dans le film d'Euzhan Palsy, " Rue Cases Nègres ", ce film a remporté le Lion d'Or... Aujourd'hui, elle est à la retraite, elle a plus de 80 ans...

Il y a mon frère, Théo, qui fait du théâtre, après avoir fait de la musique. Gustave, le petit frère, chef d'orchestre est mort. Moi, Gésip, j'ai toujours mes activités radio et télévision.

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M.J. :

Je me souviens de cette première série d'émissions télé que tu produisais, " Pulsation " et qui a eu un fort impact...

G.L :

Absolument, c'était la première émission black, qui consistait à faire un panorama de la musique noire, la musique de rythme, quelle que fût son origine : Afrique, Amérique, Antilles.

M.J :

Vous avez été, les Légitimus, les précurseurs de toute l'évolution de la musique actuelle.

G.L :

Exactement, nous avons eu des gens comme Jimmy Cliff, Manu Dibango, tous ces artistes qui sont passés dans " Pulsation " ; même Philippe Lavil a fait ses premiers pas chez nous.

M.J :

Encore un grand Légitimus, Pascal le fils de Théo, qui fait une carrière fracassante. Il débute au " Petit Théâtre de Bouvard ". Il est ensuite à l'origine du groupe des "Inconnus ", gros succès.

G.L :

Maintenant, il écrit des films, dans lesquels il joue, il a sa maison de production, de disques et de films ; il fait de la mise en scène ; il a fait la dernière mise en scène de Pierre Palmade,

tout baigne pour lui...! Indépendamment de Pascal, j'ai un fils, David Légitimus, vedette en Suisse qui

chante, une fille assistante de production à la télé allemande, une autre fille Bélinda Parker, reine du soka à Londres. Nous sommes très répandus en Europe. Nous sommes ce que l'on peut appeler des "

Euro-black ", c'est-à-dire, la diaspora noire en

Europe.

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Si la famille Légitimus a bien occupé le terrain culturel et musical à Paris, nous ne pouvons occulter la famille Debs, en Guadeloupe qui, dès les années 50, a joué un rôle de détonateur pour la musique antillaise.

Le père Debs était Syrien, ou peut-être d'une autre nationalité, mais aux Antilles, les premiers arrivants de ces régions : Syrie, Liban, Iran étaient appelés par ignorance, Syriens ; tout comme nous appelons restaurant chinois, magasin chinois, tout ce qui est asiatique, sans distinction.

Donc, M. Debs, petit commerçant ambulant comme tous ses compatriotes, a 5 fils et une fille. Si Gésip dirigeait la " tribu " Légitimus, c'est Henri qui bien vite devient le leader de la " smala Debs ".

Commerçant par hérédité, il se lance dans le commerce et joue dans les orchestres guadeloupéens, le soir.

Le premier vendeur de disques en Guadeloupe est Marcel Mavounzy, frère de Robert. Vers la même époque arrive sur le marché guadeloupéen Célini. En Martinique, la " Maison des Meringue " dirigée par Balthazar sort ses premiers disques, suivi de la maison Lalane, rue Lamartine. C'est alors que parviennent , en Martinique, les premiers disques d'Henri Debs qui sont de gros succès : Paul Blamar, "

Moin sé en maléré ", Manuela Pioche, Jacques Bracmord, Daniel Forestal, Casimir Létang, Joseph Lacide, Georges Tinedor, Max et Henri. Les disques

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Debs envahissent les marchés guadeloupéens et martiniquais, leur ascension est vertigineuse. Il devient le premier en Guadeloupe ; d'abord un magasin, puis il monte son studio d'enregistrement, et suivent de nombreux autres magasins. Les chanteurs et musiciens antillais viennent enregistrer dans son studio. En 1965, il installe son frère Georges, à Fort de France. Tous les frères et soeur dirigent une unité. Le studio se modernise, Henri s'entoure de techniciens, d'ingénieurs professionnels.

Après " Emmanuel, rosé jadin la ", Henri triomphe avec les Aiglons. Il devient un des premiers producteurs de toute la Caraïbe. C'est le " Barclay "

des Antilles. Il est auteur-compositeur, chante avec son ami, Max Séverin, joue au piano, puis ouvre sa boîte de nuit, tout lui réussit. André, lui, ouvre son magasin à Paris, rue du Faubourg Poissonnière.

Georges, à la Martinique connaît un succès fulgurant, il monte sa maison de productions, les " Disques Jojo

" et prend son indépendance.

Il découvre et lance des chanteurs et orchestres martiniquais. Il ouvre un deuxième, puis un troisième magasin, à Fort de France, et enfin une boutique à la Maison des Antilles, Place de la Nation à Paris ; il fait de l'ombre à Henri et devient à son tour le plus gros producteur de succès dans la région caraïbéenne. Georges Debs ne se livre jamais, pourtant il a accepté de le faire pour

Musique aux Antilles

et nous l'en remercions.

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Interview de Georges Debs. Janvier 1994

G.D : Mon frère Henri a commencé à produire en 1959, et devant la réussite de son affaire, il décide d'ouvrir un second magasin à Pointe à Pitre, en 1963. Je laisse alors l'école pour travailler dans cette boutique. En 1965, je suis invité par Marius Cultier que j'avais connu dans le studio d'Henri. Il m'invite au Carnaval à la Martinique et j'y suis resté. Cela fait 30 ans.

M.J : Vous avez ouvert, Henri et toi, dès le mois d'août de cette année 65, votre boutique de disques.

G.D : J'ai eu la chance que, toi, Maurice Jallier, tu sois l'ami de mon frère, Henri, et que tu lui aies proposé de lui louer le magasin du 43, rue Isambert

à Fort de France, et j'en ai pris alors la direction.

M.J : Tu as découvert et produit de nombreux groupes martiniquais ?...

G.D : Ce fut un concours de circonstances. Henri étant au sommet de la gloire et très sollicité, il y avait de très nombreux artistes et une liste plutôt longue de gens à enregistrer ; c'est que la musique dans les années 80, a fait un bond ; je lui conseillai de laisser certains artistes déjà lancés, pour donner à d'autres leur chance. Comme Henri voulait rester fidèle à ses amis, en guise de boutade, il m'a répondu : " Tu n'as qu'à produire toi-même ! ". Je le

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pris au mot et produisis - et produis toujours - des artistes, que lui ne produisait pas.

M.J :

Quels sont les grosses pointures que tu as lancées ?

G.D :

J'ai commencé par Magma, puis Difé, Dédé St Prix ; j'ai enregistré presque tous les artistes de haut niveau antillais, de Kassav à Malavoi, de Ralph Tamar à Jean-Philippe Marthely, d'Edith Lefel à Ronald Rubinel presque tous les Martiniquais, à l'exception de Mona. Il est venu me proposer son dernier album " Mango vè ", mais j'étais dans ma période sombre, j'ai refusé.

M.J :

En 10 ans et plus, tu es devenu un des plus gros producteurs dans la région. Tu as même dépassé ton frère Henri.

G.D :

Je ne pense pas avoir dépassé Henri ; simplement certains artistes avec lesquels je travaillais, marchaient un peu plus. Après, il a eu la chance d'avoir Expérience 7, Zouk Machine, Tania Saint-Val et bien d'autres...

Je pense que la maison Debs, depuis plus de 30 ans, a joué un grand rôle dans l'histoire de la musique antillaise. Je voudrais rappeler qu'avec Henri , nous avions créé la marque " Vacances " en

70,

nous avons enregistré les grosses pointures de la Martinique, La Sélecta, Vikings de la Martinique, Géno Exilie, La Perfecta.

M.J :

10 années de période faste, 4 magasins dont un à Paris et puis, la dégringolade.

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