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Contribution à la connaissance et au raisonnement des pratiques de protection sanitaire du vignoble dans le Bordelais (Bassin versant expérimental de Marcillac)

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https://hal.inrae.fr/hal-02610118

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Contribution à la connaissance et au raisonnement des

pratiques de protection sanitaire du vignoble dans le

Bordelais (Bassin versant expérimental de Marcillac)

Izza Benkirane

To cite this version:

Izza Benkirane. Contribution à la connaissance et au raisonnement des pratiques de protection sanitaire du vignoble dans le Bordelais (Bassin versant expérimental de Marcillac). Sciences de l’environnement. 2015. �hal-02610118�

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RAPPORT DE STAGE

Présenté par Izza Benkirane

Stage de 3 mois réalisé du 18 Mai au 14 Août 2015

GIAP 2015

BORDEAUX SCIENCES AGRO |1, Cours du Général de Gaulle, CS 40201, 33175 GRADIGNAN Cedex IRSTEA |50, Avenue de Verdun – Gazinet, 33612 CESTAS Cedex

Tuteur : Alexandre LEE

Maître de stage : Francis MACARY

Contribution à la connaissance et au

raisonnement des pratiques de protection

sanitaire du vignoble dans le Bordelais

(Bassin versant expérimental de Marcillac)

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Abstract

Vine-growing is the second most consuming farming sector of phytosanitary products. The use of these products is criticized for their impact on health and environment. Vine-growing thus sees itself deeply castigated by the public opinion for the pollutions it causes, such as surface water pollution, and the sanitary risk associated. The regulations on phytosanitary products’ use has tightened in answer to these criticisms. However these rules do not propose alternative solutions to the wine-growers in order to reduce their use of phytosanitary products. Therefore, it appears as necessary to estimate the impact of vine-growing on its environment and to determine if vine-growers have some flexibility over the changes of phytosanitary practices. These changes having to stay in agreement with wine producers’ socioeconomic expectations. These are the main goals of the PhytoCOTE project. This project gathers several research units and carries out its study on the experimental catchment basin of Marcillac: a wine-growing watershed. After a review established on about forty vine-growers surveyed into this study zone, cooperative members for the biggest part but also independent wine producers, we studied levers and brakes of action in the modification of the current practices towards environment-friendlier practices. It would thus seem possible to modify these practices on the condition of having a dynamic population ready to dedicate itself to these changes but also to help the vine-growers by supplying a financial compensation for yield losses caused by more respectful practices. Because of the existence of wide buffer zones, it also seems that the impact of the phytosanitary products on water in the experimental catchment basin of Marcillac could be low. All these hypotheses will be taken into account for the rest of the project.

Keywords: Phytosanitary products – Catchment basin- vine growing – margins of maneuver- risk of

transfer- Phytosanitary practices’ change - survey

Résumé

La viticulture est le second secteur des productions végétales le plus consommateur de produits

phytosanitaires. L’utilisation de ces produits est décriée pour leur impact sur la santé et l’environnement. La viticulture se voit donc à ce titre vivement fustigée par l’opinion publique pour les pollutions qu’elle engendre, notamment des eaux de surface, et le risque sanitaire qui lui est associé. La réglementation sur l’usage des produits phytosanitaires se resserre en réponse à ces critiques mais ne propose pas de solution alternative aux viticulteurs pour le réduire. Il apparaît donc comme nécessaire d’évaluer l’impact de la viticulture sur son environnement et de déterminer l’existence de marges de manœuvre en termes de changements de pratiques phytosanitaires qui resteraient en accord avec les attentes socio-économiques des viticulteurs. Ce sont là les objectifs principaux du projet PhytoCOTE. Ce projet rassemble plusieurs unités de recherche autour de ces objectifs et réalise son étude sur le bassin-versant expérimental de Marcillac : un bassin-versant viticole. Après un bilan établi sur une quarantaine de viticulteurs enquêtés sur cette zone d’étude, des coopérateurs pour la plus grande part mais aussi des indépendants, nous avons étudié les leviers et les freins d’action à la modification des pratiques actuelles vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Il semblerait donc possible de les modifier à condition d’avoir une population dynamique et prête à se consacrer à ce changement mais également d’aider les viticulteurs en fournissant une compensation financière aux pertes de rendements engendrées par des pratiques plus respectueuses. Il est également apparu que l’impact des produits phytosanitaires sur les eaux dans le bassin-versant expérimental de Marcillac pourrait bien être faible du fait de l’existence de larges zones tampons. Toutes ces hypothèses seront prises en compte dans la suite du projet.

Mots-clés : Produits phytosanitaires – Bassin-versant- viticulture- marges de manœuvre – risque de

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Remerciements

Je tiens à remercier mon maître de stage, Francis Macary, pour son soutien, ses conseils et les connaissances qu’il m’a transmises, ainsi que toute l’équipe de l’UR ETBX participant au projet qui m’a accueillie. Je tiens également à remercier Alexandre Lee pour l’aide et les conseils qu’il m’a apportés lorsque la situation était compliquée. Je remercie la cave coopérative « Les Vignerons de Tutiac » pour l’aide précieuse qu’ils nous ont fourni tout au long de nos enquêtes pour la prise de rendez-vous avec les viticulteurs ainsi que le Syndicat des Vins de Blaye. Et enfin, merci à Jérémy Pupier de m’avoir accompagné au cours de ces trois mois de stage.

Table des matières

INTRODUCTION ... 1

1 Les enjeux de la protection phytosanitaire en viticulture dans le contexte sociétal actuel : ... 2

1.1 Des attentes sociales et environnementales fortes dans un contexte de nécessaire protection du vignoble ... 2

1.2 Le projet PhytoCOTE : un projet de recherche dédié à l'usage des pesticides en agriculture et leur conséquences sur les écosystèmes ... 3

2 Un choix de la zone d’étude pour PhytoCOTE et réalisation des enquêtes ... 6

2.1 Choix de la zone d’étude ... 6

2.2 Réalisation des questionnaires d’enquête et de leur déroulement sur le terrain ... 10

3 Analyse des résultats ... 11

3.1 La viticulture sur le bassin-versant : une population vieillissante peut-être moins encline à mettre en place des changements de pratiques ... 11

3.2 Perception et gestion du risque de maladies par les viticulteurs : une gestion en accord avec des contraintes économiques ... 13

3.3 Risque de transfert de matière active vers les eaux sur le bassin-versant : un risque limité qui pourrait bien être inexistant ... 16

4 Discussion ... 18

CONCLUSION ... 20

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 22

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Table des illustrations

Figure 1 : Structuration du projet PhytoCOTE Figure 2 : Calendrier et déroulement du stage Figure 3 : Zone atelier de l'Estuaire en Gironde

Figure 4 : Modèle Numérique de Terrain pour le bassin-versant de la Livenne à Marcillac Figure 5 : Régime des cours d'eau de la zone d'étude

Figure 6 : Evolution des limites de la zone d'étude au 23 juin 2015 Figure 7 : Occupation des sols sur la zone d'étude

Figure 8 : Résultat de l'AFC recroisant les variables propres à la SAU en vignes sur l'exploitation et à l'âge de l'exploitant

Figure 9 : Le nombre maximal d'interventions par an, une question à laquelle les viticulteurs sont attentifs

Figure 10 : Les exploitations de grande taille moins disposées à repousser la date des traitements à la fin de la durée de rémanence

Figure 11 : Critères de choix des produits

Figure 12 : Un pulvérisateur à jet porté à aéroconvection (voûtes droites) Figure 13 : Type d'enherbement des parcelles

Figure 14 : Proximité des parcelles à un cours d'eau, une minorité de parcelles considérées comme connectées

Tableau 1 : La phase de vie des exploitations liée à l'âge des exploitants

Table des annexes

Annexe 1 : Le vignoble de Bordeaux : Le Blayais

Annexe 2 : Questionnaire d’enquête sur la connaissance des pratiques globales de l’exploitation

Annexe 3 : Questionnaire d’enquête sur la connaissance des pratiques à la parcelle

Annexe 4 : Schéma explicatif de l’acte décisionnel entrant en jeu dans la mise en œuvre d’un traitement

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INTRODUCTION

L’agriculture de façon générale et la viticulture plus précisément, sont constamment confrontées à la gestion d’enjeux économiques et environnementaux, souvent présentés en situation d'opposition.

Les exploitants se voient souvent confrontés à faire des choix qui ne peuvent pas toujours concilier tous les aspects de ces deux enjeux.

Pour produire des aliments sains et répondre à la demande d’une population croissante, il est nécessaire d'assurer la protection sanitaire des cultures. Cette protection passe le plus souvent par l’emploi de produits phytosanitaires chimiques ou organiques, qui ont un impact avéré sur l’environnement et la santé.

Ainsi, la préoccupation environnementale a changé la donne de façon radicale. L’utilisation de ces produits, notamment de synthèse, est décriée et dénoncée par la presse. La viticulture a vu de nombreux scandales médiatiques récents éclater autour de la problématique des produits phytosanitaires, particulièrement dans le Bordelais. Ces scandales aboutissent à la mise en place de lois contraignantes pour les viticulteurs et qui poussent à un changement du modèle agricole actuel, sans pour autant apporter de réelle solution.

La profession viticole se retrouve donc acculée et doit faire des choix pour améliorer son impact environnemental d’une part mais également son image, sans pour autant sacrifier son économie.

La recherche peut l’y aider en essayant de comprendre les mécanismes en place autour des pratiques de protection des vignobles et les possibilités d'optimisation, voire de changement de systèmes.

Le stage « Contribution à la connaissance et au raisonnement des pratiques de protection sanitaire du vignoble dans le Bordelais » proposé par Francis Macary pour le projet PhytoCOTE du LabEx COTE vise à étudier de telles problématiques et tente d’y répondre sur un bassin-versant donné. Deux stagiaires de Bordeaux Sciences Agro ont travaillé sur ce stage, moi-même et Jérémy Pupier, conjointement avec une ingénieure agronome en charge du SIG.

A travers l’étude des pratiques mises en œuvre sur le bassin-versant viticole expérimental de Marcillac, le stage devait répondre aux objectifs d’évaluation de la pression phytosanitaire due à la viticulture et fournir des pistes quant à l’impact des pratiques de protection des vignes sur les milieux aquatiques. Le stage avait également pour objectif de déterminer s’il existe des marges de manœuvre en termes de changements de pratiques de protection sanitaire du vignoble. Ceci tout en préservant le niveau de revenus des viticulteurs.

Tous ces objectifs se rassemblent autour d’une même problématique à savoir s’il existe ou non des leviers ou des freins d’action à la modification des pratiques actuelles vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Les enjeux de la protection phytosanitaire en viticulture dans le contexte sociétal actuel ne sont pas des plus évidents, comme nous le verrons dans une première partie. Dans une seconde partie, nous discuterons du choix de la zone d’étude et de la méthode utilisée pour répondre aux objectifs du stage : l’enquête. Puis dans un troisième temps, nous analyserons les résultats avant de les discuter avec les perspectives et les limites du stage.

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1 Les enjeux de la protection phytosanitaire en

viticulture dans le contexte sociétal actuel :

1.1 Des attentes sociales et environnementales fortes dans un

contexte de nécessaire protection du vignoble

En France, la viticulture occupe 3 % de la Surface Agricole Utile (SAU). Ces 3 % de SAU sont exploités par un total de 87 400 exploitations, soit 18 % des exploitations agricoles françaises (Agreste, novembre 2011). Qui plus est, la valeur de la production viticole représente 14 % de la production agricole française (César, 2002). En tenant également compte du fait que la viticulture est le deuxième principal secteur d’exportation en France (Mandou, 2014), elle apparaît comme une composante essentielle de l’agriculture française.

Les viticulteurs se sont pendant longtemps concentrés sur les résultats économiques et productifs de leur secteur d’activité. En effet, l’enjeu principal de la viticulture pour ces chefs d’exploitation est d’apporter, à terme, un produit de qualité qui puisse satisfaire les consommateurs, tout en garantissant leurs propres revenus. Or, la production de ce que l’on pourrait appeler un « bon » vin passe, pour les viticulteurs, par la récolte de raisins sains.

Les bio-agresseurs réduisent les rendements et altèrent la qualité des vendanges (Ricci

et al., 2011). Ils représentent une menace pour les producteurs. Cela implique donc que les

exploitants doivent se prémunir contre les multiples bio-agresseurs de la vigne. La protection des vignobles est donc nécessaire pour les viticulteurs. Cette protection passe par de nombreuses pratiques sanitaires, parmi lesquelles, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques1 organiques et/ou de synthèse issus de l’industrie agrochimique.

Ainsi, sur l’ensemble de la France, la viticulture consomme jusqu’à 20 % en volume de produits phytopharmaceutiques et applique en moyenne une vingtaine de traitements par an (Aubertot et al., 2005). L'Indice de Fréquence de Traitement (IFT) 2 moyen Vigne calculé en Aquitaine à partir d'enquêtes culturales 2016 est de 18 (DRIAAF, 2010). Cela fait de la vigne le second secteur des productions végétales le plus consommateur de ce type de produits (Agreste Aquitaine, 2012).

Qui plus est, la pulvérisation de produits phytosanitaires s’accompagne en grande partie de pertes. En effet, au cours de la pulvérisation, le stade de développement de la plante, la technique d’application et les conditions climatiques peuvent susciter des pertes par dérive du produit. Ainsi entre 1 et 10 % du produit appliqué est perdu. Ces pertes se font

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Ce sont « les produits, sous la forme dans laquelle ils sont livrés à l’utilisateur, composés de substances actives, phytoprotecteurs ou synergistes, ou en contenant, et destinés à l’un des usages suivants :

a) protéger les végétaux ou les produits végétaux contre tous les organismes nuisibles ou prévenir l’action de ceux-ci, sauf si ces produits sont censés être utilisés principalement pour des raisons d’hygiène plutôt que pour la protection des végétaux ou des produits végétaux ; b) exercer une action sur les processus vitaux des végétaux, telles les substances, autres que les substances nutritives, exerçant une action sur leur croissance ;

c) assurer la conservation des produits végétaux, pour autant que ces substances ou produits ne fassent pas l’objet de dispositions communautaires particulières concernant les agents conservateurs ;

d) détruire les végétaux ou les parties de végétaux indésirables, à l’exception des algues à moins que les produits ne soient appliqués sur le sol ou l’eau pour protéger les végétaux ;

e) freiner ou prévenir une croissance indésirable des végétaux, à l’exception des algues à moins que les produits ne soient appliqués sur le sol ou l’eau pour protéger les végétaux. » - Source : article 2 du RCE n° 1107/2009

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IFT : Indice de Fréquence de Traitement représente le nombre de doses homologuées apportées / ha / an. Il peut être calculé pour des parcelles, une exploitation, un territoire.

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principalement par volatilisation dans l’air, ruissellement ou lixiviation dans les eaux de surface et souterraines ou peuvent se stocker dans les sols (Van der Werf, 1996).

En ce qui concerne la présence de produits phytosanitaires dans les eaux, l’Institut Français de l’Environnement avance que ces molécules peuvent se retrouver à des concentrations susceptibles de perturber les milieux aquatiques et leur écosystème ou de dépasser les normes admissibles pour la production d’eau potable (IFEN, 2007, CGDD, 2010). Les observations montrent que 91% des points de mesures en eaux de surface contiennent des pesticides et 55% dans les eaux souterraines.

Ainsi, le mode de protection des cultures est à l’origine de pollutions environnementales diffuses ou ponctuelles et notamment d’une pollution des eaux.

L’utilisation de produits phytopharmaceutiques présente donc une menace pour la qualité et la potabilité de l’eau. Ce fait représente une préoccupation pour trois Français sur cinq (Service de l’observation et des statistiques, 2014).

De plus, utiliser des produits phytosanitaires expose également les utilisateurs à un risque d’intoxication et pose un problème de risque de présence de résidus sur les raisins et dans le vin (Bélis-Bergouignan et Cazals, 2006).

D’après un sondage mené par le CSA pour la fédération France Nature Environnement, il apparaît que près des ¾ des Français se disent inquiets face à l’éventuelle présence de produits phytosanitaires dans les produits qu’ils consomment (CSA, 2012).

La lutte chimique engendre donc une contestation grandissante dans l’opinion publique et les viticulteurs se retrouvent souvent pointés du doigt. Cette controverse a abouti à la mise en place de réglementations contraignantes en matière d’usage des produits phytosanitaires (Ricci et al., 2011).

Il apparaît donc comme nécessaire d’apporter une solution pour concilier attentes sociales et environnementales aux objectifs de production des viticulteurs, sans pour autant entacher l’économie viticole. Les différents travaux de recherche conduits sur cette question tentent de trouver des solutions.

1.2 Le projet PhytoCOTE : un projet de recherche dédié à

l'usage des pesticides en agriculture et leur conséquences sur

les écosystèmes

C’est dans ce cadre-là que se positionne le projet PhytoCOTE. Ce projet de recherche découle de la réflexion des chercheurs du LabEx COTE. Il s’agit d’un laboratoire virtuel de recherche de l’Université de Bordeaux et d’instituts de recherche. Parmi ceux-là, l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (IRSTEA). L’IRSTEA est un établissement public à caractère scientifique et technologique dont les recherches sont tournées vers le soutien aux politiques publiques.

Le centre de Bordeaux est composé de deux unités de recherche (UR) : l’UR Ecosystèmes aquatiques et changements globaux et l’UR Environnement, territoires et infrastructures (ETBX). Cette dernière mène des recherches sur les dynamiques territoriales qui sont en lien avec le renouvellement des enjeux environnementaux et le changement climatique.

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Le projet est coordonné par Francis Macary, chercheur à l’IRSTEA et intégré à l’UR Environnement, Territoires et Infrastructures.

La thématique globale de phytoCOTE est « Les phytosanitaires dans le LabEx COTE :

utilisation dans les agrosystèmes, transferts et impacts sur les écosystèmes ».

PhytoCOTE vise donc à évaluer, à travers l’étude des pratiques mises en œuvre sur un bassin-versant viticole : la pression phytosanitaire due à la viticulture et l’impact des pratiques de protection des vignes sur les milieux aquatiques, les sols et l’air.

Il vise également à déterminer s’il existe des marges de manœuvre en termes de protection sanitaire du vignoble. Ces dernières doivent permettre de modifier les pratiques de façon à réduire leur impact environnemental. Ceci tout en préservant le niveau de revenus des viticulteurs.

Le projet s’étalera sur trois ans et s’organise en trois groupes de tâches (figure 1). La première tâche permettra de définir la zone d’étude et de déterminer la pression anthropique à travers la caractérisation des pratiques phytosanitaires actuelles sur le bassin-versant choisi.

Cette caractérisation s’est faite par des enquêtes et apporte les bases à la définition des marges de manœuvre potentielles. C’est sur cette tâche que notre travail s’est focalisé. Elle mènera à terme à la réalisation d’un SIG renseignant, entre autres, les indices de fréquence de traitements (IFT) pour toutes les parcelles culturales de la zone d’étude, mais également, à l’évaluation du risque de transfert des pesticides vers les eaux de surface et de leur potentiel toxique sur le biote.

Figure 1 : Structuration du projet PhytoCOTE

Source : LabEx COTE, appel à projets de recherche, 2014

PhytoCOTE

Tâche 3

 Modélisation du comportement décisionnel des acteurs

 Définition et évaluation bioéconomique de scenarii de changement de pratiques phytosanitaires

 Prévision des conséquences environnementales

Tâche 1

 Délimitation et description du site d’étude

 Caractérisation initiale

o des pratiques agricoles o de la pression phytosanitaire o du potentiel toxique sur les

écosystèmes

Tâche 2

 Devenir des pesticides dans les sols

 Transferts des pesticides (via eau et air) dans le continuum agrosystèmes et écosystème estuarien

 Bioaccumulation

 Evaluation du potentiel toxique

So u s-tâ ch e s So u s-tâ ch e s

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Nous sommes principalement intervenus sur la tâche 1. Nous avons œuvré à la réalisation des questionnaires et des enquêtes auprès des exploitants de la zone d’étude et de viticulteurs hors bassin-versant pour élargir l’éventail des pratiques recueillies.

Nous avons également récupéré, auprès des enquêtés du bassin-versant, l’assolement de leur exploitation et l’emplacement de leurs parcelles afin d’aider à la cartographie du territoire d’étude.

Le travail mené constituera un socle pour la réalisation des deux autres tâches. En effet, la seconde tâche se focalisera sur les transferts et l’impact des produits phytosanitaires dans le continuum écosystème agricole-écosystème estuarien par la prise d'échantillons dans le cours d’eau et à la parcelle. Ces mesures se feront au moyen d’échantillonneurs passifs spécifiques pour les pesticides et d’analyses d'eau en ponctuel. La tâche 1 aura permis de déterminer les parcelles les mieux connectées et de s’enquérir de la disposition des viticulteurs à la prise de telles mesures sur leur terrain.

La troisième tâche s’intéresse à l’évaluation des répercussions économiques d’un éventuel changement de pratiques sur les viticulteurs de la zone d’étude au travers de scénarii. Une partie des données nécessaires à la mise en place de ces scénarii auront été récoltées au cours de la tâche 1.

Le projet a été officiellement lancé le 4 juin 2015, suite à une conférence menée par Francis Macary, Marie-Hélène Devier et Jean-Marie Lescot. Les enquêtes ont commencé le 22 juin 2015 et se sont étalées sur un peu plus d’un mois. Ce décalage dans le planning que nous nous étions fixés en début de stage ne nous a pas permis de remplir tous les objectifs liés à la tâche 1 (figure 2), mais cela a pu être compensé par une Ingénieure d'étude en CDD durant 4 mois à la même période.

La première partie du projet s’est donc articulée autour du choix de la zone d’étude et la

réalisation des enquêtes.

15 juin : lancement du projet

22 juin : début des enquêtes

Repérage sur le terrain, contact avec les acteurs et vérification des limites du bassin-versant

Mai Juin Juillet Août

18 Mai 14 A

o

û

t

Enquêtes Saisie et traitement des données récoltées

Préparation du terrain

Tâches qui n’ont pas pu être accomplies durant le stage par

manque de temps

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2 Un choix de la zone d’étude pour PhytoCOTE et

réalisation des enquêtes

2.1 Choix de la zone d’étude

La zone d’étude devait se situer dans la zone atelier « Estuaire » du LabEx COTE (figure 3) et avoir une connexion hydrologique avec l’estuaire de la Gironde. Le premier choix pour la zone d’étude s’était porté sur le bassin-versant d’Etauliers. Cependant, après une visite de terrain, il est apparu que la zone, très plane, ne permettait pas d'évaluer des flux hydrologiques sur un bassin-versant. En effet, Etauliers étant proche de l’estuaire de la Gironde, la pente y est très faible et l’écoulement des eaux se fait uniquement à travers des canaux.

Figure 3 : Zone atelier de l'Estuaire en Gironde Source : IGN

Or, un des buts de ce projet est de modéliser, à terme, les transferts de produits phytosanitaires dans les cours d’eau. La pente est, avec la proximité du lieu d’application au réseau hydrographique, la pédologie et la pression phytosanitaire, un des indicateurs de sensibilité du milieu qui participe à ces transferts de matières actives et qui entre donc dans cette modélisation (Macary et al., 2013, 2014). Le choix de la zone d’étude s’est alors reporté sur un bassin-versant un peu plus à l’intérieur des terres, situé sur la commune de Marcillac dans le Blayais (figure 3), dont le cours d'eau aval, La Livenne débouche à l'estuaire.

Le Blayais est situé sur la rive droite de la Dordogne entre l’estuaire de la Gironde et la Charente-Maritime (annexe 1). Cette région représente un vignoble d’une superficie de 6000 ha en rouge et 250 ha en blanc et groupe environ 700 viticulteurs. Le premier aspect intéressant de cette zone d’étude est que le cours d’eau apporte une connexion hydrologique avec l’estuaire de la Gironde, condition du choix de sa localisation, eu égard aux enjeux du LabEx COTE en sciences de l'environnement.

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De plus, l’activité économique à Marcillac est dominée par la viticulture en appellation Blaye-Côte de Bordeaux. Cela s’explique notamment par l’impulsion que crée la cave coopérative « Les Vignerons de Tutiac », anciennement « Les Hauts-de-Gironde ». La coopérative de Tutiac a été créée en 1974. Elle regroupe 550 vignerons et est le leader des Côtes de Bordeaux (Blaye-Côtes de Bordeaux et Côtes de Bourg). Elle est le premier producteur de vin d’appellation d’origine contrôlée en France.

De plus, depuis 2008, la coopérative et ses adhérents sont engagés dans la démarche 3D (Destination Développement Durable). C’est dans cette lignée d’action en faveur d’un développement durable et d’une préservation de l’environnement mais également dans l’objectif d’ECOPHYTO 2018 et de leur certification AGRICONFIANCE environnement que «Les Vignerons de Tutiac » cherchent à trouver des solutions alternatives visant à la réduction des intrants phytosanitaires. L’étude menée au cours de notre stage leur permettrait de déterminer l’étendue d’une marge d’action possible pour mettre en place ces solutions sans perdre de rendement.

Toutefois, il se pourrait que ces marges de manœuvre soient faibles en restant dans un système de viticulture conduit en mode raisonnée étant donné que la coopérative et ses adhérents ont déjà commencé à réduire les doses de produits phytosanitaires utilisés.

La cave constitue donc une interlocutrice privilégiée des chercheurs ; par ailleurs les contacts ont été facilités du fait que Francis Macary avait dimensionné et suivi les travaux de construction de leur station de traitement des effluents vinicoles. Ce fait a grandement influé sur le choix de la zone d’étude. En effet, les viticulteurs de Marcillac sont principalement des coopérateurs. La cave diffuse auprès d’eux les bonnes pratiques agro-environnementales au travers, notamment, de formations imposées et du type de contrat choisi par le viticulteur.

En effet, la cave s’est dotée d’une politique de rémunération se basant sur la quantité et la qualité des raisins apportés et sur les cahiers des charges associés aux différents contrats. Ces derniers s’appliquent à l’échelle de chaque parcelle. L’éligibilité d’une parcelle à un contrat plus ou moins rémunérateur se fait en fonction des qualités pédoclimatiques de celle-ci. Le cahier des charges imposé par un contrat devient de plus en plus strict avec le degré de rémunération qui lui est associé. Si un viticulteur ne respecte par son cahier des charges, il se voit déclassé vers un contrat inférieur et touche donc une rémunération moins importante.

Les contraintes des différents cahiers des charges se focalisent principalement sur les travaux en vert, les mesures prophylactiques et l’emploi ou non de certains produits pour l’ébourgeonnage ou l’épamprage chimique. Il est toutefois à noter que les programmes de traitements phytosanitaires ne dépendent pas des contrats.

L’intervention de la cave coopérative en notre faveur pour fixer les rendez-vous nous a permis de rencontrer la grande majorité des viticulteurs de la zone. Cela représente près de 44 coopérateurs sur les 50 viticulteurs possédant des parcelles à Marcillac.

Le syndicat des vins de Blaye – Côtes de Bordeaux a également joué un rôle prépondérant dans la prise de contact avec les viticulteurs indépendants.

Après que la zone d’étude ait été choisie pour ses spécificités énoncées ci-dessus, un Modèle Numérique de Terrain (MNT) a été établi sous ArcGIS au sein de l'équipe pour définir précisément les délimitations du bassin-versant expérimental de Marcillac (figure 4).

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Des vérifications sur le terrain auront été menées afin de valider les informations apportées par ce MNT et pour redessiner les contours du bassin-versant en fonction de l’orientation des pentes. Ces vérifications auront également été l’occasion de contrôler l’écoulement des eaux sur la zone d’étude. Ainsi, deux cours d’eau permanents traversent la zone d’étude : la Livenne au Sud et le ruisseau des Souches (figure 5). Les autres cours d’eau sont non-permanents et correspondent, la plupart du temps, à des fossés collecteurs.

Figure 4 : Modèle Numérique de Terrain pour le bassin-versant de la Livenne à Marcillac

Source : BD Carthage, BD Alti, réalisé par Karen Tinland à IRSTEA

Figure 5 : Régime des cours d'eau de la zone d'étude Source : BD Carthage, réalisée par Karen Tinland à IRSTEA

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L’écoulement des eaux s’y fait toutefois naturellement du fait de la différence d’altitude entre le Nord du bassin-versant et le Sud, où coule la Livenne (figure 4). De fait, les eaux des fossés et du ruisseau des Souches se jettent dans la Livenne.

Les limites de la zone ont été arrêtées le 23 juin 2015 en intégrant les écoulements de surface autour de la distillerie des sous-produits de la vinification à l'entrée Ouest du village de Marcillac. Les parcelles de vigne en amont de ce dernier font désormais également partie du bassin-versant (figure 6).

Les enquêtes se sont donc focalisées sur l’ensemble des viticulteurs de Marcillac, y compris les retraités ou double actifs cultivant une parcelle de vigne. La délimitation du bassin-versant a été choisie en fonction du découpage des sous bassins-versants, du modèle numérique de terrain, des cours d’eau et de leur écoulement et des routes. Cela explique pourquoi, à l’extrême Sud-Ouest de la zone d’étude, une partie de la Livenne a été ignorée.

En effet, le cours d’eau se sépare en deux bras qui se recoupent en deux points au niveau des biefs3 d'anciens moulins à farine ayant arrêté leur activité dans les années 1980 (figure 5). L’écoulement et la distribution des eaux y est donc trop difficile à modéliser pour être pris en compte, ce d'autant que cet écoulement est aujourd'hui biaisé du fait de l'arrêt des moulins : les biefs recueillent les eaux en amont et le cas échéant réalimentent la Livenne, au contraire de leur création à l'origine.

Là où le choix de la zone d’étude s’est basé, principalement, sur un modèle numérique de terrain, l’élaboration du questionnaire d’enquête s’est faite via une méthode empirique.

3 Un bief est un canal qui sert à conduire les eaux à la roue du moulin

Figure 6 : Evolution des limites de la zone d'étude au 23 juin 2015

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2.2 Réalisation des questionnaires d’enquête et de leur

déroulement sur le terrain

C’est sur cette étape de la tâche 1 que nous sommes le plus intervenus. En effet, l’élaboration d’un questionnaire d’enquête constituait le premier pas vers la réalisation des objectifs de l’étude. Deux questionnaires ont été créés : un questionnaire se renseignant sur les pratiques globales de l’exploitation (annexe 1) et un questionnaire se renseignant sur les pratiques à la parcelle (annexe 2). Au cours de chaque enquête, les calendriers de traitements pour l’année culturale n-1, c’est-à-dire l’année 2014, étaient demandés. Ces calendriers seront utiles dans la modélisation des transferts de produits phytosanitaires puisqu’ils vont nous permettre d’avoir une idée de la pression phytosanitaire sur le bassin-versant (Macary et al., 2013, 2014).

Afin de réaliser les questionnaires, nous nous sommes basés sur les travaux de Marandet en 2006, Fargeot en 2010 et de Léger en 2008 dont les thématiques générales étaient assez proches de la nôtre. Nous avons également utilisé un questionnaire de l’Agreste sur les pratiques phytosanitaires en viticulture en 2011 et des guides techniques CEP-VITI d’Ecophyto 2018. Les questions communes à chaque questionnaire ont été regroupées et un tri a été effectué en fonction de la pertinence de ces dernières. Ce tri a servi à réduire la taille du questionnaire sachant que nous avions une contrainte de temps d’une heure et demie par enquête. Les questions ont été sélectionnées de façon à répondre au mieux aux objectifs du stage, c’est-à-dire de pouvoir recueillir les pratiques phytosanitaires des viticulteurs et les comprendre, ainsi que les arbitrages agronomiques, écologiques et socio-économiques qu’ils adoptent dans leurs décisions. Plusieurs versions du questionnaire ont été élaborées et revues avec Francis Macary, Jean-Marie Lescot et Adeline Ugaglia.

Une fois validé, il a été saisi sous le logiciel Sphinx, un logiciel de saisie et de traitement et analyse d’enquêtes, intéressant de par sa facilité d’utilisation, sa maniabilité et les retraitements qu’il propose. J’ai d’ailleurs réalisé une fiche méthodologique explicative de l’utilisation de Sphinx pour le projet.

Pour ce qui est des entretiens auprès des coopérateurs sur la zone d’étude, la cave « Les Vignerons de Tutiac » a pris l’initiative de fixer les rendez-vous afin de faciliter notre travail. En effet, comme nous l’avons précisé ultérieurement, les enquêtes ont débuté le 22 juin 2015. Or, à cette période de l’année les viticulteurs sont occupés dans les vignes avec les travaux en vert. De plus, l’année 2015 a été synonyme d’attaques de mildiou et de black-rot particulièrement virulentes après les forts épisodes pluvieux des 1er et 8 mai 2015, pour les viticulteurs qui avaient, en majorité, suivi les conseils techniques du Bulletin de Santé du Végétal (BSV) et n’avaient pas réalisé leur premier traitement de protection à temps. Qui plus est, le sujet abordé qui se rapporte aux produits phytosanitaires reste un point sensible auprès des viticulteurs qui se voient bien souvent fustigés par la presse et l’opinion publique.

Ainsi, sans l’appui de la cave coopérative, les entretiens n’auraient pas eu lieu ou auraient été délicats à mener. Il en va de même pour le soutien que le Syndicat des vins de Blaye-Côtes de Bordeaux nous a témoigné en nous fournissant les coordonnées des viticulteurs indépendants prêts à nous recevoir. Les rendez-vous auront été pris par Francis Macary afin de gagner du temps. Nous avons, de fait, été bien accueillis par les viticulteurs qui ont répondu à une grande partie de nos questions. En plus des viticulteurs de la zone d’étude, nous avons élargi la liste de nos entretiens afin de rencontrer des viticulteurs en agriculture biologique ou en biodynamie hors du bassin-versant –essentiellement des indépendants. En effet, seul un agriculteur était engagé en agriculture biologique sur la zone d’étude, les autres étant tous soit en agriculture conventionnelle soit en agriculture raisonnée.

(18)

11

Nous avons également rencontré un agronome-conseil en Charente sur les indications de quelques viticulteurs, qui s'est spécialisé dans la mise au point et fabrication de produits visant à traiter les pathologies chez les animaux et les plantes suivant le principe de l'isothérapie. L’isothérapie est ainsi une technique homéopathique visant à améliorer la tolérance de l'animal (ou de la plante) vis-à-vis des allergènes responsables de leurs maux en employant son propre agent causal. Pour cela il est dilué et dynamisé comme pour tout remède homéopathique. Peut-être qu’à terme nous pourrions considérer cette méthode comme une solution alternative aux pratiques de traitements phytosanitaires actuelles.

Ces entretiens, en plus d’amener des éléments de réponse au projet, ont donc été, à mon sens, très formateurs pour nous.

Durant ces enquêtes, nous avons interrogé un total de 42 exploitants dont 35 sur la zone d’étude. Plus de quatre viticulteurs sur cinq sur le bassin-versant sont coopérateurs, ce qui renforce l’idée que la cave coopérative est un acteur phare de la zone d’étude.

Les données recueillies au cours des enquêtes ont par la suite étaient intégrées et traitées sous Sphinx. Elles ont abouti à la production d’une synthèse de 38 pages sur tous les résultats. L’analyse de ces données et des travaux de Marandet en 2006 ont d’ailleurs permis de dégager un schéma décisionnel pour la mise en place des pratiques phytosanitaires (annexe 3). L’analyse des résultats nous aura permis de dégager trois grandes problématiques sur le territoire du bassin-versant expérimental de Marcillac qui seront présentées ci-après.

3 Analyse des résultats

3.1 La viticulture sur le bassin-versant : une population vieillissante

peut-être moins encline à mettre en place des changements de

pratiques

Le bassin-versant expérimental de Marcillac représente une surface totale de 830 ha, dont 75 % sont cultivés. La surface agricole utilisée (SAU) est essentiellement occupée par de la vigne à presque 75 %. Le quart restant étant des prairies permanentes, hormis quelques parcelles en maïs et asperges. Historiquement, la zone d’étude était essentiellement spécialisée dans l’élevage et la polyculture. L’impulsion générée par la cave coopérative à partir de son implantation sur le territoire en 1974, a vu un changement de l’orientation technico-économique du bassin-versant qui s’est peu à peu orienté vers la viticulture.

Ainsi, les exploitations sur le bassin-versant sont essentiellement viticoles. En termes d’occupation des sols, nous retrouvons donc principalement des parcelles de vignes et des prairies, mais également, des bois (figure 7). Nos enquêtes ont alors été très orientées vers des pratiques et des systèmes d'exploitation viticoles. Sur le bassin-versant expérimental, les parcelles sont conduites en agriculture conventionnelle suivant un mode raisonné ; quelques parcelles sont conduites en agriculture biologique. Sur l’ensemble des exploitants enquêtés l’écrasante majorité a déclaré ne pas souhaiter modifier son mode de conduite.

Nous avons enquêté à l'extérieur du bassin-versant expérimental, dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres, 6 viticulteurs en mode biologique ou biodynamique. En ce qui concerne la SAU des exploitations sur le bassin-versant expérimental (figure 7), plus de la moitié d’entre elles ont une SAU inférieure à 30 ha. Ces dernières sont donc principalement de petites et moyennes exploitations avec de petites surfaces en vignes. Un tiers des exploitations ont de 5 à 20 ha de vignes.

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12

Qui plus est, nous avions remarqué au cours de nos enquêtes qu’une grande majorité des parcelles de moins de 5 ha appartenaient à des retraités. Ce constat s’est vu vérifier par l’analyse factorielle des correspondances (AFC) qui recroise ces deux variables (figure 8). En effet, il est apparu plus tard que la MSA autorise les retraités agricoles à continuer d’exploiter une parcelle de subsistance de 1,5 ha4.

En ce qui concerne l’âge des enquêtés, deux viticulteurs sur cinq ont entre 35 et 44 ans et un quart des exploitants ont plus de 55 ans.

4

La superficie de cette surface de subsistance est calculée de façon à ce qu’elle soit dans la limite maximale de 1/5ème de la superficie minimale d’installation qui est de 9 ha pour la viticulture en AOC Blaye-Côtes de Bordeaux. En 2015, ce système de calcul a été modifié.

Axe 1 (66.09%) Axe 2 (25.77%) Moins de 25 ans 25-34 35-44 45-54 55-64 65 et plus moins de 5,00 de 5,00 à 20,00 de 20,00 à 50,00 50,00 et plus

Figure 8: Résultat de l'AFC recroisant les variables propres à la SAU en vignes sur l'exploitation et à l'âge de l'exploitant

Figure 7 : Occupation des sols sur la zone d'étude

Source : Enquête PhytoCOTE, Scan 25, Parcellaire de la coopérative « Les vignerons de Tutiac », réalisée par Karen Tinland à IRSTEA

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Nous constatons donc que le bassin-versant possède une population vieillissante. La moitié des exploitations sont

aujourd’hui en vitesse de croisière, c’est-à-dire qu’elles sont dans une phase de vie optimale aux yeux de l’exploitant et où peu de changements majeurs interviennent. Là où, un tiers d’entre elles sont proches de l’arrêt ou de la succession. Cette dernière observation se corrobore au fait que près d’un quart de la population enquêtée est proche de la retraite ou déjà retraitée comme le confirme le test significatif du Chi2 (p-value =0.016) effectué sur le croisement des questions « âge de

l’exploitant » x « phases de vie de l’exploitation » (tableau 1).

Sur ce tiers d’exploitations, plus de la moitié sont plus proches de l’arrêt que de la succession. Il y a toutefois une possibilité de reprise des parcelles viticoles par certains grands exploitants du bassin-versant qui sont dans une démarche d’agrandissement perpétuel.

Le bassin-versant se caractérise donc par de petites ou moyennes exploitations viticoles avec une population vieillissante et des exploitations proches de l’arrêt. On peut supposer que cette frange de la population semble être donc moins encline à mettre en place des changements dans ses pratiques. Il faudra attendre un éventuel repreneur pour tenter d’instaurer une démarche différente, dès lors que l'agriculteur n’a pas lui-même de successeur sur son exploitation.

3.2 Perception et gestion du risque de maladies par les

viticulteurs : une gestion en accord avec des contraintes

économiques

Au cours des entretiens, il est apparu que les pratiques sur le bassin-versant étaient sensiblement toujours les mêmes pour chaque exploitant. Ces pratiques de protection phytosanitaire varient principalement dans le nombre de traitements réalisés au cours d’une année culturale en fonction de la pression parasitaire. C’est le cas notamment de l’année 2015 où cette pression a été très forte. Ainsi, contrairement à l’année 2014 où les programmes de traitement n’avaient pas été bouleversés, tous les viticulteurs touchés par le mildiou ont dû revoir leurs calendriers et resserrer voir rajouter des traitements. Ceci a conduit à un sur-traitement par rapport au calendrier prévu par les techniciens phytosanitaires.

Les maladies sont donc perçues comme un problème important sur les exploitations auquel la seule réponse possible serait la mise en place de traitements pour s’en préserver. Toutefois, la protection du vignoble contre les bio-agresseurs, bien qu’essentielle aux yeux des viticulteurs, représente un coût important.

Ainsi, la grande majorité des enquêtés affirme être attentive au nombre maximal d’interventions phytosanitaires par année culturale (figure 9).

Tableau 1 : La phase de vie des exploitations liée à l'âge des exploitants

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14

Les exploitants cherchent donc, pour la plus grande partie, à restreindre ces dépenses en limitant le nombre de traitements. Et en seconde lieu, à limiter leur impact sur l’environnement et préserver leur santé.

Les viticulteurs déclenchent les traitements en fonction d’un certain nombre de bases de décisions parmi lesquelles les plus importantes pour eux sont le climat, les observations de bio-agresseurs et les avertissements agricoles (annexe 4). Ainsi, en cas de beau temps et donc de pression parasitaire faible, il arrive que les viticulteurs ne traitent pas leurs parcelles une fois la durée de rémanence de la matière active précédente achevée.

Lors d’un entretien, un des viticulteurs qui possède une surface viticole conséquente et qui met donc plus de temps à traiter l’ensemble de son exploitation, a précisé qu’il était réticent à ne pas traiter en fin de rémanence pendant une longue période. Ceci s’expliquait par son manque de réactivité dû au temps de traitement trop long. Nous avons cherché à vérifier cela pour d’autres exploitants et avons réalisé une analyse factorielle multiple recroisant « Temps de traitement » x « Surface agricole utile de l’exploitation »x « possibilité de non

traitement en fin de rémanence ». Il apparaît effectivement que les exploitations avec une

SAU et un temps de traitement importants sont moins réactives en cas d’intempérie et sont donc moins enclines à ne pas traiter après que la durée de rémanence d’un traitement soit achevée (figure 10).

Figure 9: Le nombre maximal d'interventions par an, une question à laquelle les viticulteurs sont attentifs

Figure 10: Les exploitations de grande taille moins disposées à repousser la date des traitements à la fin de la durée de rémanence Oui Non moins de 5,00 de 5,00 à 20,00 de 20,00 à 30,00 de 30,00 à 50,00 de 50,00 à 100,00 de 100,00 à 200,00

Moins d'une demie journée Une demie journée

Une journée

Deux journées Trois journées et +

Axe 1 (18.01%)

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15

La durée de rémanence des produits, avec leur mode d’action et leur prix, est d’ailleurs l’un des principaux critères intervenant dans le choix des produits qu’achètent les viticulteurs de la zone d’étude. C’est en partie à cause du prix des traitements qu’une part des coopérateurs interrogés a affirmé se fier aux conseils de la cave coopérative pour le choix des produits à employer (figure 11).

Ainsi, les viticulteurs doivent faire un arbitrage entre pression parasitaire et donc risque de perte de rendement et coût important des produits phytosanitaires et du matériel qu’ils mobilisent pour les traitements.

Le pulvérisateur est le facteur qui va déterminer l’emplacement des produits de protection des plantes au cours de la pulvérisation. Les deux types de pulvérisateurs principalement utilisés par les viticulteurs enquêtés

sont les pulvérisateurs à jet porté (à aéroconvection - figure 12) –du fait de leur simplicité d’utilisation- et les pulvérisateurs pneumatiques. Les vignes sont majoritairement traitées en face par face, ce qui réduit le risque de pertes dans l’atmosphère. Les exploitants modifient les réglages de leurs pulvérisateurs en cours de campagne en fonction de la hauteur de la végétation, notamment pour éviter les pertes de produit dans l’environnement et une perte d’argent inutile. L’utilisation de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs pour les premiers traitements afin de limiter ces mêmes pertes n’est toutefois pas très répandue sur la zone d’étude.

Les exploitants du bassin-versant s’engagent dans des démarches agroenvironnementales. Seul un viticulteur sur dix interrogé déclare ne pas être ou ne pas avoir été engagé dans une démarche agroenvironnementale.

Cependant, si nous effectuons un croisement entre les démarches environnementales et les raisons de l’engagement des viticulteurs, nous remarquons que la majorité des personnes impliquées sont des coopérateurs. Les deux démarches principales dans lesquelles ils s’engagent, à savoir Agriconfiance et le projet agroécologique en cours de développement sont mis en place à l’initiative de la cave coopérative. Cet engagement des viticulteurs pour de telles démarches est surtout motivé par le respect des enjeux environnementaux mais aussi par des contraintes économiques.

Figure 11 : Critères de choix des produits

Figure 12 : Un pulvérisateur à jet porté à aéroconvection (voûtes droites)

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En effet, le système de la cave coopérative fait que le non-engagement dans les démarches environnementales qu’elle soutient entraîne des pénalités sur le revenu final des viticulteurs. En opposition à cette politique, les coopérateurs ont indiqué que, du fait de leurs contrats avec la cave, il était difficile pour eux d’initier des pratiques environnementales. En effet, le temps passé et l’argent investit ne seraient pas directement rétribués dès lors que cela ne fait pas partie des contrats spécifiques conclus avec la cave, voire de MAE 5 qui auraient pu être souscrites par ailleurs avec les services déconcentrés du Ministère en charge de l'agriculture.

Les mesures prophylactiques sont également le reflet de l’influence de la cave. Les viticulteurs, par la mise en place de telles mesures, contrôlent la vigueur de leur vigne : ce qui revient à essayer de limiter le risque d’apparition des maladies et donc à limiter les interventions phytosanitaires. Ainsi, neuf viticulteurs sur dix déclarent mettre en œuvre des mesures prophylactiques. Sur les pratiques effectuées, nous avons en premier l’effeuillage puis l’ébourgeonnage et l’épamprage. Ces pratiques ont été les plus citées. Cependant, cela peut être dû au fait que certains contrats plus rémunérateurs de la cave coopérative imposent d’effeuiller, d’ébourgeonner et d’épamprer les vignes. Les raisons principales qui ressortent chez les viticulteurs à la mise en place de telles mesures sont de limiter les maladies et de garantir la propreté des vignes. Les contrats de la cave ont donc une influence sur la mise en œuvre de ces mesures qui, si elles ne sont pas respectées, entraînent une pénalité.

Comme nous avons pu le mentionner, la perte de rendement est un sujet prégnant pour les viticulteurs. Ainsi, la majorité des exploitants ne tolèrent pas ou peu de perte de rendement. Les raisons avancées par beaucoup d’entre eux est le manque à gagner s’ils acceptaient trop de pertes. Les viticulteurs tentent donc de s’assurer le plus possible une rémunération équivalente à celle prodiguée par le rendement maximal de l'appellation. En effet, en AOC Blaye-Côte de Bordeaux, la valorisation est inférieure à celle des Grands Crus. Il est donc compréhensible que les exploitants aient une certaine aversion à la perte. Pour aller plus loin dans les démarches environnementales et changer les pratiques, une piste possible serait d’inciter les exploitants à tolérer une perte plus importante.

De fait, il est apparu qu’une grande part des viticulteurs non-tolérants à la perte a déclaré spontanément qu’ils en accepteraient davantage si leurs efforts vers une démarche plus écologique étaient compensés par une rémunération suffisante et/ou reconnus par l’opinion publique.

3.3 Risque de transfert de matière active vers les eaux sur le

bassin-versant : un risque limité qui pourrait bien être

inexistant

Les parcelles sur le bassin-versant sont pour la plus grande part enherbées un rang sur deux ou trois (figure 13). De plus, les tournières sont également majoritairement enherbées.

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17

L’enherbement est principalement géré par le travail mécanique. En effet, près des deux tiers des parcelles sont, en tout ou partie, travaillées mécaniquement. De façon générale, les viticulteurs nous ont expliqué qu’ils travaillaient le rang et qu’ils désherbaient chimiquement sous le rang. De la même façon, les deux tiers des parcelles ne sont pas épamprées ou éclaircies chimiquement. L’épamprage chimique est interdit sur certains contrats de la cave coopérative.

L’emploi de produits chimiques supplémentaires aux produits de traitements fongicides et insecticides est donc limité sur le bassin-versant.

La moitié des pulvérisateurs qui interviennent sur le bassin-versant ont 10 ans et plus. Ils sont étalonnés tous les 5 ans, mais cela reste tout de même du vieux matériel. Cependant, les viticulteurs sont très satisfaits de la qualité de pulvérisation de leur pulvérisateur sur la végétation. Ils avouent avoir quelques pertes de produits, mais restent tout de même satisfait dans la grande majorité et estiment ne pas trop impacter sur l’environnement. Qui plus est, les viticulteurs traitent en grande partie à dose réduite. Cela dit le projet PhytoCOTE visant à apprécier également les transferts de matières actives dans l'atmosphère devrait apporter quelques éléments complémentaires à cette appréciation.

De plus, les viticulteurs déclarent principalement traiter leurs eaux de rinçage dans des phytobacs ou les épandre sur une parcelle viticole après dilution, en fin de traitements, afin de diminuer le risque de perte à forte concentration de produits dans l’environnement.

Ainsi, l’enherbement et l’emploi limité de produits chimiques, couplés à la réduction des doses de produits phytosanitaires initiée par la cave et par les viticulteurs, réduisent les risques de pollution environnementale6.

La figure 14, montre qu'un peu plus d’un tiers des parcelles sont riveraines d' un cours d’eau sur le bassin-versant, mais distantes suivant une large tournière enherbée.

Les ¾ des parcelles sont plus ou moins reliées à un cours d'eau ou à des grands fossés collecteurs, de façon indirecte par des fossés.

Cependant, l’écoulement de l’eau n’y est pas toujours permanent. Il est toutefois important de noter que l’eau de ces fossés se jette dans les biefs des anciens moulins à eau.

Ceci permet une dilution des eaux

durant le transfert et de leur éventuelle charge en matières actives avant qu’elles ne rejoignent la Livenne. Des analyses chimiques de ces eaux sont prévues dans le projet PhytoCOTE pour 2016. La distance entre les parcelles et le cours d’eau a été évaluée par les viticulteurs. Ainsi, il apparaît que pour les parcelles connectées, 26 % d’entre elles sont entre 30 m et 50 m d’un cours d’eau et que 21 % d’entre elles sont situées soit à moins de 10 m soit entre 10 et 20 m d’un cours d’eau.

6 Sous-réserve de l’étude des IFT sur le bassin-versant et de la toxicité des molécules actives employées Figure 14: Proximité des parcelles à un cours d'eau, une minorité de parcelles considérées comme riveraines

(25)

18

De plus, les bandes enherbées entre les parcelles et le cours d’eau, pour plus de la moitié, ont une largeur supérieure à 7 m. Cependant, pour plus d’un tiers des parcelles enquêtées proches d’un cours d’eau, les tournières jouent le rôle de bande enherbée. Des structures protectrices sont présentes entre les parcelles et le cours d’eau : des fossés qui sont des infrastructures agroécologiques, des prairies et des bois. Ces prairies et ces bois entre les parcelles et le cours d’eau, notamment, forment des zones tampons très larges à l'aval du bassin-versant expérimental, entre la route et la Livenne. Leur présence permet donc de fortement diminuer le risque de transfert de produits phytosanitaires vers les eaux superficielles. Ainsi, dans le bassin-versant expérimental de Marcillac, il n’y a pas de transition directe entre la parcelle et le cours d’eau : il possède une bonne protection face aux transferts de flux de matières actives vers les eaux de surface.

Les mesures analytiques qui seront effectuées en 2016 dans le groupe de tâches 2 du projet, permettront, de répondre précisément à la question de l'existence ou non de ces transferts de contaminants et tout au moins, de comprendre le rôle joué par ces zones tampons.

4 Discussion

Les enquêtes que nous avons mené ont donc permis de dégager plusieurs leviers et freins d’action à un éventuel changement de pratiques.

La coopérative pourrait, par exemple, soutenir financièrement les démarches individuelles qui s’orientent vers une préservation de l’environnement ou accepter de compenser les pertes de rendements dans la mise en place d’une démarche environnementale commune. Pour cela, il faudrait que la cave crée un contrat qui prenne en compte le nombre de traitements, les doses appliquées, les investissements mis en œuvre et les produits utilisés afin de garantir aux coopérateurs qui s’engagent dans une telle démarche un revenu proche ou équivalent aux contrats actuels.

C'est peut-être l'occasion d'une discussion dans le cadre de la mise en place de leur projet agroécologique. Pour que cela soit réalisable, il faudrait que le marché des consommateurs soit ouvert à la rémunération de l’effort effectué. C’est-à-dire, que les clients doivent être prêts à payer plus cher pour un vin produit de façon écoresponsable. C’est d’ailleurs l’argument de vente des produits en agriculture biologique ou en biodynamie.

De plus, une des possibilités à long terme serait éventuellement d’aller vers un subventionnement plus important d'une forme d'agriculture écologique En effet, ce n’est pas par la mise en place d’une politique de taxation par l’Etat des produits phytosanitaires qu’il y aura une forte diminution de l’utilisation de ces produits. Au contraire, du fait de la nécessité de ces traitements pour la viticulture, seule une très faible diminution serait constatée (Lescot

et al., 2014). Cela aurait également pour effet pervers de défavoriser les petites exploitations

viticoles pour lesquelles les produits phytosanitaires représentent déjà une lourde charge. Ces leviers et freins pourront être utilisés dans la mise en place des scenarii lors de la phase 3 du projet. Il faut toutefois noter que le principal biais d’une enquête est qu’elle se base sur la cohérence et la sincérité des enquêtés. Il nous est donc impossible de remettre en cause les réponses obtenues.

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19

De plus, les enquêtes et le terrain auront également permis de dégager les caractéristiques très particulières du bassin-versant expérimental de Marcillac qui vont influer sur les hypothèses de travail de la phase 2. Ainsi, comprendre le rôle des zones tampons du bassin-versant est un nouvel enjeu du projet. Toutefois, s’il apparaît que ces zones n’ont pas l’influence que nous leur prêtons en termes de limitation des transferts, il faudra réfléchir à la mise en place éventuelle d’infrastructures agro-écologiques supplémentaires sur les zones à risque, comme des haies par exemple.

Les résultats que nous avons obtenus grâce à l’enquête auraient toutefois dû, à mon sens, être exploités conjointement avec ceux des pratiques de traitements phytosanitaires. En effet, cela nous aurait permis d’avoir une grille de lecture complète de l’impact et de la réflexion de la viticulture sur le bassin-versant expérimental de Marcillac.

Cependant, bien que nous étions deux stagiaires sur le projet, fait indispensable qui nous aura permis de réaliser beaucoup d’enquêtes de terrain en un mois, le manque de temps nous aura empêché de traiter les données de traitements phytosanitaires durant le stage. De plus, durant les enquêtes, nous nous sommes également rendu compte que certaines questions que nous avions jugées être pertinentes ne l’étaient pas ou étaient redondantes aux deux questionnaires, comme par exemple une question ayant trait à la fréquence à laquelle les maladies posaient le plus de problèmes aux viticulteurs.

Qui plus est, je regrette de ne pas avoir eu des compétences et connaissances plus poussées vis-à-vis de ma spécialisation de 3ème année car j’estime qu’elles auraient été un plus dans mon analyse des résultats.

Les rencontres supplémentaires que nous avons effectuées auprès de viticulteurs indépendants, hors du bassin-versant expérimental de Marcillac, en agriculture biologique ou en biodynamie nous ont également fourni de nombreuses pistes de réflexions en termes de changements de pratique. Cependant, il faut tenir compte du fait que sur un plan environnemental, le bio ou la biodynamie ne sont pas forcément la panacée même si elles semblent plus respectueuses. En effet, l’utilisation intense du cuivre comme fongicide en viticulture pendant des décennies a entraîné une saturation des sols de l’Aquitaine. Or, à forte concentration, le cuivre a des effets néfastes sur les sols (Navel, 2011). Certes, actuellement les doses sont limitées à 6 kg / ha pour le bio et 3 kg/ha en biodynamie.

La rencontre avec l’agronome-conseil en Charente et la découverte des principes de l’isothérapie mènent à prendre en considération ce type de méthode comme une éventuelle solution alternative aux pratiques de traitements phytosanitaires actuelles.

Ce projet a donc pleins de perspectives d’avenir que ce soit du point de vue environnemental, économique ou social mais aussi du point de vue de la recherche, puisqu’il permet de mettre en œuvre de multiples disciplines et de faire travailler ensembles plusieurs équipes de chercheurs d’instituts différents.

(27)

20

CONCLUSION

Le début de mon stage coïncidait avec le lancement sur le terrain du projet PhytoCOTE du LabEx COTE. La phase initiale nécessitait de choisir un bassin versant d'étude qui serait un bassin versant expérimental pour les trois ans puis destiné à être pérennisé pour les chercheurs du LabEx COTE. Le bassin-versant expérimental de Marcillac a été retenu compte tenu du relief permettant des écoulements vers le cours d'eau de la Livenne à l'aval, ayant pour exutoire l'estuaire de la Gironde.

La présence de la cave coopérative « Les Vignerons de Tutiac » à Marcillac et de son projet agroécologique en cours a été un argument déterminant sur un plan socio-professionnel. Les responsables de cette cave ont accueilli très favorablement le projet PhytoCOTE et nous ont très largement facilité l'organisation des enquêtes de terrain qui ont été effectuées sur une période de cinq semaines durant les trois mois de stage, au sein de l'UR ETBX d'IRSTEA.

Ces enquêtes nous auront permis de dégager trois grandes problématiques sur le territoire du bassin-versant expérimental de Marcillac. La première est que la population de la zone d’étude est vieillissante et que les exploitations de cette part des enquêtés ne sont pas loin de l’arrêt. Ainsi, les exploitants retraités ou proches de celle-ci ne souhaitent pas s’engager dans des démarches supplémentaires ou changer de pratiques. Il faudra donc attendre que les exploitations ou les parcelles soient reprises par une population plus jeune et prête à s’investir.

La seconde est que les viticulteurs ont une forte aversion au risque. Cette crainte liée directement à l’éventualité d’une diminution de rendements et donc de revenu pousse les viticulteurs vers la limite de leur possibilité de réduction de l’emploi de produits phytosanitaires. Toutefois, ces produits étant coûteux et les viticulteurs ayant conscience de leur impact sur l’environnement et la santé, nous voyons apparaître des pratiques visant à en réduire l’usage lorsque les risques de perte sont faibles.

De la même façon, l’engagement des viticulteurs dans des démarches environnementales se fait principalement sous la menace de contraintes économiques. Les exploitants du bassin-versant essayent donc de gérer le risque de façon à limiter au maximum les pertes économiques. Cependant, les viticulteurs tiennent à s’engager pour l’environnement et la réduction des produits phytosanitaire dans la mesure où, les pertes de rendement seraient compensées financièrement pour leur garantir un revenu suffisant.

Cette idée commune à une grande part des viticulteurs, ainsi que les rencontres que nous avons réalisées hors bassin-versant, ouvrent la voie à l’élaboration de scénarii de changements de pratiques pour la phase 3.

La troisième est que le risque de transfert de matière active sur le bassin-versant expérimental de Marcillac est certes existant, car il y a des pertes de produits phytosanitaires dans l’environnement au cours de la pulvérisation, mais qu’il semble assez limité et pourrait être fortement réduit du fait des caractéristiques physiques de la zone d’étude, notamment les zones tampons importantes en bord de parcelles de vigne.

Les enquêtes ont donc permis de mettre en lumière un nouvel enjeu au projet. Celui-ci se focalise sur la phase 2 du projet : évaluer le rôle de ces zones tampons dans le transfert éventuel de flux de produits phytosanitaires.

(28)

21

Les enquêtes auront apporté de nombreux éléments de compréhension des problématiques présentes sur le bassin-versant expérimental de Marcillac. Ainsi qu’une lecture de l’acte décisionnel qui entre en jeu dans le déclenchement des traitements par les viticulteurs. Ces éléments pourront être complétés par l’analyse des traitements phytosanitaires.

Pour ce qu’il en est de mon expérience personnelle, le stage m’aura permis d’avoir un aperçu du milieu de la recherche et de l’organisation à mettre en place sur des projets de recherche comme PhytoCOTE. Il aura été très formateur, autant du point de vue de mes connaissances en viticulture que sur les problématiques qui peuvent être inhérentes à un bassin-versant ou dans la façon d’appréhender un entretien sur un sujet sensible avec des agriculteurs. Ceci pourra m’être très utile dans ma vie professionnelle puisqu’un ingénieur agronome spécialisé en gestion de l’espace agricole est amené à aborder des problématiques plurielles auprès d’acteurs aux objectifs très souvent divergents. Le stage m’aura également permis d’avoir un aperçu du milieu de la recherche et de l’organisation à mettre en place sur des projets de recherche comme PhytoCOTE.

Figure

Figure 1 : Structuration du projet PhytoCOTE
Figure 2: Calendrier et déroulement du stage
Figure 3 : Zone atelier de l'Estuaire en Gironde  Source : IGN
Figure 4 : Modèle Numérique de Terrain pour le bassin-versant de la Livenne à  Marcillac
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Références

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