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Les dieux augustes dans l'Occident romain : un phénomène d'acculturation

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Les dieux augustes dans l’Occident romain : un

phénomène d’acculturation

Alain Villaret

To cite this version:

Alain Villaret. Les dieux augustes dans l’Occident romain : un phénomène d’acculturation. Histoire. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2016. Français. �NNT : 2016BOR3ET01�. �tel-01439863�

(2)

Université Bordeaux Montaigne

École Doctorale Montaigne Humanités (ED 480)

THÈSE DE DOCTORAT D’ÉTAT EN « HISTOIRE ANCIENNE»

Les dieux augustes dans

l’Occident romain

Un phénomène d’acculturation

Présentée et soutenue publiquement le 12 Mai 2016 par

Alain VILLARET

Sous la direction de Jean-Michel RODDAZ

Membres du jury

Jean-Pierre BOST, Professeur, Université de Bordeaux III Montaigne. Michel CHRISTOL, Professeur émérite, Université de Paris I Sorbonne. Pierre COSME, Professeur, Université de Rouen.

Frédéric HURLET, Professeur, Université de Paris X Nanterre.

Jean-Michel RODDAZ, Professeur, Université de Bordeaux III Montaigne. John SCHEID, Professeur, Collège de France.

(3)

Table des matières

Table des matières

Table des matières ... 2

Table des figures dans le texte ... 12

INTRODUCTION ... 14

IèrePARTIE LES DIEUX AUGUSTES ET L’EMPEREUR ... 21

Chapitre I : Les dieux augustes, un moyen de diviniser l’empereur ou de le protéger ? ... 23

I - Les dieux augustes, un lien étroit avec l'empereur ? ... 23

A - Augustus désigne-t-il l'Empereur? ... 24

1 – Augustus, un synonyme de Sanctus? ... 24

2 - Spécificité des Dii augusti ? ... 29

B - Augustus/a, substantif ou épithète, génitif ou datif? ... 32

1 - Le Génitif certain ou probable : Aug(usti), Augg(ustorum) : ... 34

2 – La probabilité du datif ... 37

a) Augg, probable datif pluriel : Augg(ustis) ... 37

b) Aug, probable datif pluriel : Aug(ustis) ... 39

c) Aug., probable datif singulier : Aug(usto/ae) ... 40

3 - Le datif prédominant dans les inscriptions non abrégées : ... 40

4 - Augustus/a placé avant le dieu, substantif ou épithète ? ... 43

C - Qui est honoré, le dieu ou l’empereur? ... 47

1 - Les dieux augustes : des princes identifiés aux dieux? ... 47

a) Images de Princes en divinités et dieux augustes ... 48

b) Identifications de la famille impériale sans rapport avec l’augustalisation ... 54

c) Incarnation, flatterie, métaphore ? ... 59

2 – L’empereur, destinataire secondaire plutôt que privilégié ou unique ... 63

II - L'Empereur, protégé des dieux: dieux augustes et culte domestique de la famille impériale? ... 66

A – Au point de départ: Dieux Augustes et Lares Augustes à Rome ... 67

1 – Des dieux Augustes dans les compita romains ... 67

a) Les faits ... 67

b) Les théories traditionnelles ... 69

c) Une justification: la forte prégnance de la religion domestique ... 71

2 – Les dieux augustes sont-ils des Lares Augustes? ... 72

a) Identité des Lares Augustes: des Lares compitales augustalisés? ... 73

b) Les autres dieux augustes dans les compita romains: dieux du laraire impérial? ... 77

c) Dieux augustes à Rome, hors des Compita ... 80

B - Dieux Augustes et Lares Augustes en Italie et dans les provinces occidentales: des cultes associés ? ... 82

(4)

1 - Les Augustales sont-ils chargés des Lares augustes et des dieux augustes? ... 82

2 - Les Augustales, les Lares Augustes et les dieux augustes: une imitation des élites? ... 87

3 - Une impulsion venue de l’élite et relayée par les Augustales: ... 91

III – Les dieux augustes : des dieux protecteurs de la Domus Augusta? ... 92

A - Dieux augustes, Dii Conservatores Imperatorum? ... 93

B - Dieux augustes et vota impériaux officiels ... 99

C – Le choix des dieux : des protecteurs particuliers de la Domus augusta? ... 102

Conclusion du chapitre I ... 103

Chapitre II L'Empereur, médiateur des dieux: dieux augustes et légitimité ... 105

I – Les dieux augustes, une forme d’association entre l’Empereur et les dieux ? ... 106

A - Le cas emblématique des monuments lyonnais ... 107

B - Les dieux et l’empereur : une association omniprésente ... 112

1 - Les associations iconographiques : omniprésence de l’image impériale associée à celle des dieux ... 112

2 - Les associations épigraphiques : dédicaces juxtaposant l’Empereur et les dieux. ... 114

a) L’empereur sur le même plan que les dieux : un hommage divin ou honorifique ? ... 115

b) Dédicaces au dieu, au prince et à la cité ... 117

c) Dédicaces au prince seul ... 119

d) La dédicace du théâtre de Stobi ... 120

e) L’augusteum de Misène ... 122

3 - Des rapprochements entre ces associations et les dieux augustes ? ... 124

a) Dieux augustes associés au Numen impérial ... 124

b) Dieux augustes et Numen impérial présents en un même lieu ... 126

C - Un rôle actif de l’Empereur dans cette association : quelques exemples d’ actions conjointes ... 127

1 - Victoria Augusta, Pax Augusta, et quelques autres ... 128

2 - Ceres et Ops Augusta en 7 p.C. ... 130

3 - Concordia Augusta en 10 p.C. ... 131

4 - Mercure Auguste ... 132

5 - Diane Auguste à Patras ... 134

II – Les dieux augustes : un prince surhumanisé par sa fonction, instrument des dieux ? ... 136

A – Vertus de l’Auguste et dieux Augustes ... 137

1 - Le temple des Victoires de Caracalla à Dougga et les dieux augustes ... 137

2 - Les Vertus de l’Auguste, des facettes du Numen impérial ... 141

B – Numen impérial et dieux augustes ... 145

1 - Le Numen Aug. en Occident ... 145

2 - Le sens du Numen Aug. ... 149

a) Le Numen, une épiphanie divine ? ... 149

b) Numen et Genius de l’empereur: leurs différences ... 150

c) Numen Aug : une divinité personnelle ou fonctionnelle ? ... 152

III - Augustus ... 159

A - Un terme exclusif dans l'association de l'Empereur aux dieux ... 159

(5)

1 - L’inscription de Lepcis Magna ... 161

2 - Auguste, l'imperium et les auspices ... 167

a) Les Auspices de 43 a.C. ... 167

b) Ductu ... Auspiciis, actualité d'une formule ... 170

c) Auspicium et Augurium ... 171

C - D’Auguste aux Sévères, une continuité dans la relation entre auspices et dieux augustes ? ... 175

1 - Les auspices d’Actium et les dieux augustes ... 175

2 - Sous les Sévères, Liber et Hercule, dii patrii, dii auspicii, dii augusti ? ... 177

3 - Une contrépreuve : Victoria Sancta en lieu et place de Victoria Augusta à Augsbourg ... 179

D - Titre d'Auguste et sanction divine ... 180

1 - Augustus- auctus: ... 181

a) Les Anciens ... 181

b) Les Modernes ... 182

2 - Romulus Augustus ... 184

3 - Les dieux augustes : l’empire, l’empereur et le cosmos ... 187

Conclusion du chapitre II ... 189

Chapitre III Les dieux augustes : leur impact sur les croyances, dans l’espace et dans le temps ... 192

I - Portée religieuse: une part inégale des actes votifs ... 192

A – Pure convention routinière, loyalisme, autocélébration? ... 193

B – Un sentiment religieux, une foi réelle ? ... 194

II - Portée géographique : un phénomène occidental ... 195

A – Le contrepoint oriental ... 196

1 - Des dieux augustes en Orient: Un impact limité, mais une formulation semblable à celle d’Occident ... 196

2 - Un vaste espace de diffusion mais quelques ilots de concentration ... 199

a) des zones de concentration privilégiée ... 200

b) Des régions en contact avec l’Occident ... 205

c) Des cas isolés dans un milieu grec ... 207

3 - D’autres modalités de l’association de l’Empereur aux dieux en Orient ... 209

a) Apposition et qualification ... 209

b) L’association-juxtaposition ... 213

4 - L’originalité occidentale ... 215

B – Une répartition géographique inégale en Occident ... 217

1 - La part des dieux augustes, un poids provincial variable ... 217

a) Une grande diversité de situations ... 217

b) D’autres formes d’association ou de loyalisme en concurrence avec les dieux augustes? ... 223

2 - La répartition géographique des dieux augustes: une approche spatiale et chronologique de leur diffusion ... 226

a) En Afrique(cartes 2 & 3) ... 227

b) Dans les îles méditerranéennes (carte 4) ... 231

(6)

d) Dans le secteur gallo-germanique et breton (Carte 6) ... 235

e) Dans les provinces danubiennes (Carte 7) ... 238

III - Longue durée et évolution idéologique ? ... 244

A – Le commencement … ... 244

1 - À Rome et en Italie ... 244

2 - En Occident ... 248

a) En Afrique, une apparition précoce ... 248

b) Dans les autres secteurs provinciaux en fut-il de même? ... 251

3 - Les raisons d’une diffusion précoce ... 254

B - …et la fin ... 257

1 - Données chronologiques : ... 257

2 - Un rapport avec la « crise du IIIe siècle » ? ... 261

a) Impact des invasions ? ... 262

b) Des raisons économiques, sociales et civiques ? ... 263

c) A ceci faut-il ajouter des raisons religieuses ? ... 265

C – Une évolution difficile à cerner ? ... 270

Conclusion du chapitre III ... 274

Conclusion de la Ie Partie ... 276

IIe PARTIE: DIEUX AUGUSTES ET IDENTITÉS ... 278

Chapitre IV : Les dieux romains traditionnels et « orientaux » ... 280

I - Dieux de l’Etat et de l’empereur : ... 281

A - Le cas singulier de Jupiter et de la triade Capitoline ... 281

1 - Rareté de l’augustalisation : ... 281

2 - Les cas occidentaux ... 283

a) En Hispanie ... 284

b) En Gaule, Germanie et Bretagne ... 286

c) Dans les provinces de l’Adriatique et du Danube ... 287

d) En Afrique ... 289

3 - Junon et Minerve, déesses capitolines ou impériales : ... 292

a) Junon Auguste ... 292

b) Minerve Auguste ... 294

B - Les dieux de l’Urbs, anciens et nouveaux : ... 296

1 - Vesta Auguste ... 296

2 - Janus et Quirinus Augustes ... 297

3 - Roma Augusta ... 299

II - Les dieux personnels des Princes : ... 300

A - Les divinités augustéennes, julio-claudiennes et leur héritage: ... 301

1 - Apollon et Diane ... 301

a) en Hispanie ... 301

b) En Gaule ... 303

c) L’héritage postaugustéen: un Apollon dieu de la victoire et de la paix impériales ... 305

(7)

a) Des divinités dynastiques julio-claudiennes ... 310

b) Après les julio-claudiens, Mars et Vénus, divinités ancestrales garantes de la victoire ... 315

B – Les empereurs et quelques dieux augustes des IIe et IIIe siècles ... 319

1 - Hercule et les Antonins ... 319

2 - Hercule, Liber Pater et les Sévères ... 321

3 – Dieux augustes et empereurs après les Sévères ... 326

a) Hercule au IIIe siècle ... 326

b) Jupiter et Hercule tétrarchiques ... 326

c) Sol et les empereurs des IIIe et IVe siècles ... 327

C - Le cortège des « vertus » impériales ... 328

1 - La victoire et ses causes ... 329

a) Victoria Aug. ... 329

b) Fortuna Aug. ... 333

c) Bonus Eventus Aug. ... 334

d) Virtus Aug. ... 334

e) Pietas Aug. ... 334

2 - La victoire et ses conséquences : ... 335

a) Pax Augusta ... 335

b) Concordia Augusta ... 336

c) Salus Augusta ... 337

d) Autres entités ... 337

III - Dieux des communautés et des individus ... 338

A - Dieux poliades et civiques : ... 338

1 - Dii Patrii et Génies des cités : ... 339

a) Les Dii Patrii ... 339

b) Les Génies de cités ... 341

2 – Autres divinités en rapport avec la communauté civique ... 342

3 - Divinités des autres communautés ... 344

B - Dieux des activités économiques et des groupes sociaux ... 345

1 - Divinités de la nature et des activités agricoles ... 345

2 - Dieux protecteurs de groupes sociaux ou professionnels ... 350

a) Dieux des soldats et autres combattants ... 350

b) Dieux des artisans, des commerçants, des marins ... 354

c) Divinités des femmes ... 356

C - Dieux personnels, protecteurs des individus : ... 357

1 - Dieux salutaires ... 357

2 - Dieux des cultes à mystères ... 360

Conclusion du chapitre IV : ... 368

Chapitre V : Dieux Augustes et identités locales ... 371

I - L'interpretatio romana ... 372

A –Interpretatio romana et intégration des cités ... 374

(8)

II – Hispanie et Îles méditerranéennes ... 383

A - L’interpretatio en Hispanie ... 383

B - Dieux interprétés : divinités masculines: ... 385

1 - Hercule Auguste ... 385

2 – Les autres dieux ... 390

C - Divinités interprétées : les déesses ... 393

D - Dieux indigènes : ... 398

III –Alpes, Gaules, Germanies, Bretagne ... 400

A – Interpretatio romana ... 400

B – Divinités interprétées : les divinités masculines ... 405

1 - Mercure Auguste ... 406

2 - Mars Auguste ... 417

3 - Apollon Auguste : ... 431

4 - Jupiter Auguste ... 434

5 - Autres dieux : ... 438

C - Les divinités interprétées : les déesses : ... 439

1 - Tutela Augusta ... 439

2 - Minerva Augusta ... 441

3 - Les Nymphae Augustae ... 442

4 - Autres divinités ... 443

D – Divinités indigènes : ... 444

1 - Divinités féminines: ... 444

2 - Les divinités masculines ... 451

IV - Adriatique et Danube ... 457

A - Norique : ... 458

1 - Divinités interprétées : les dieux ... 458

2 - Divinités interprétées: les déesses ... 460

3 - Divinités indigènes ... 460

a) Les dieux ... 460

b) Les déesses ... 465

B - DALMATIE ... 467

1 - Divinités interprétées: les dieux ... 467

2 - Divinités interprétées: les déesses ... 470

3 - Divinités indigènes ... 474

C - Pannonies et Mésie supérieure: ... 475

1 - Divinités interprétées : les dieux ... 475

2 - Divinités interprétées: les déesses : ... 478

3 - Dieux indigènes en Pannonie ... 482

D - Y a-t-il une interpretatio en Dacie ? ... 482

V - Afrique ... 486

A – Interpretatio romana : ... 486

B – Les divinités interprétées ... 488

(9)

a) Saturne africain ... 488

b) Caelestis Auguste ... 491

c) Divinités masculines ... 496

d) Divinités féminines ... 509

C - Divinités indigènes ... 513

1 - Les Dii Mauri ... 513

2 - Autres ... 515

Conclusion du chapitre V. ... 515

Chapitre VI : Diversité régionale et absence de focalisation sur les dieux de l’Etat ... 518

I - Des hiérarchies divines différentes selon les provinces ... 519

II - La part des identités chez les divinités : ... 521

A - Dieux romains: ... 522

B - Dieux interprétés : ... 525

C - Dieux indigènes ... 527

III - la fonction des dieux : protection de l’Etat et de l’empereur ou protection des communautés et des individus ? ... 529

Conclusion du chapitre VI ... 533

Conclusion de la IIe partie ... 534

IIIe Partie - LES DIEUX AUGUSTES ET LA CITÉ ... 536

Chapitre VII : Dieux augustes, acculturation des cités et des individus, une approche ... 537

I – Dieux augustes et statut des cités ... 538

A - Réception des dieux augustes selon le statut des cités (Fig. 15) ... 538

B - Augustalisation et promotion municipale ... 542

II – Dieux augustes et acculturation onomastique des individus : Une onomastique principalement romaine ou romanisée ... 544

A – Une méthode : des blocs onomastiques ... 544

B – Une nomenclature très romaine ... 549

C - Des composants également bien romains ? ... 551

1 - En Hispanie ... 552

2 - En secteur danubien ... 554

3 - En Afrique ... 557

4 - Gaules, Germanies, Bretagne ... 561

D - Un bilan : les blocs onomastiques : ... 562

Conclusion du chapitre VII ... 565

Chapitre VIII: Des élites municipales très impliquées ... 567

I - Méthode : ... 569

A - Comment identifier la catégorie sociale du dédicant ? ... 569

B - Comment déterminer la signification de l’acte religieux ? ... 574

1 - le caractère public ou privé de l’acte ... 574

2 - les motivations de l’acte religieux ... 576

(10)

A - Absence de l’empereur ? ... 578

B - Fonctionnaires ou officiers militaires sénatoriaux et équestres : une place modeste. ... 579

1 - Contrastes provinciaux ... 580

2 - Une expression secondaire du loyalisme ? ... 585

a) Le taux d’augustalisation ... 585

b) Actes publics ou privés ? ... 590

C – De rares affranchis impériaux : ... 593

III – Prédominance des élites municipales : ... 594

A - Composition et position économique par secteur provincial ... 594

1 - En Afrique (Tab. 6a, b, c, et 11, Ann. III) ... 596

a) composition sociale ... 596

b) Origines et liens familiaux ... 602

c) Position économique ... 605

2 - En Hispanie ... 609

a) Composition sociale (Tab.8 &12, Ann. III) ... 609

b) Origines et liens familiaux ... 612

c) Position économique ... 614

3 - En Gaule, Germanie et Bretagne ... 617

a) composition sociale ... 617

b) Origines et liens familiaux ... 621

c) Situation économique ... 622

4 - Dans les provinces danubiennes ... 623

a) Composition sociale ... 623

b) Origines et liens familiaux ... 627

c) Situation économique ... 628

5 - Des élites très présentes dans l’augustalisation ... 632

a) Leur poids global ... 633

b) Des communautés civiques absentes? ... 633

c) Des notables du plus haut rang et d’autres en quête de reconnaissance ? ... 638

d) Une grande diversité d’origine, une culture municipale commune ... 642

e) une diversité économique favorisant les contacts avec les catégories inférieures ... 643

B – Signification du culte pour les élites municipales ... 645

1 - La part élevée de l’augustalisation ... 645

2 - Culte public ou culte privé ? ... 649

a) Une dimension largement publique en Afrique ... 649

b) Peu de traces apparentes d’un culte officiel ailleurs? ... 651

c) Quels dieux sont choisis ? ... 653

3 - Autoreprésentation ou piété personnelle ? ... 654

a) L’autoreprésentation, une évidence ... 655

b) Sous la piété affichée, une foi personnelle ? ... 664

Conclusion du chapitre VIII ... 669

(11)

I – Les catégories intermédiaires : d’autres élites ? ... 672

A – De riches civils, des collèges, des communautés locales ... 673

1 – La situation économique et sociale par secteurs provinciaux ... 674

a) En Afrique ... 674

b) dans les îles méditerranéennes ... 682

c) En Hispanie ... 682

d) Dans les Gaules, les Germanies, la Bretagne ... 686

e) Dans les provinces danubiennes ... 690

f) Un bilan : Des catégories en retrait ... 695

2 - Le sens de l’augustalisation pour les civils des catégories intermédiaires : ... 701

a) Part de l’augustalisation ... 701

b) Entre autoreprésentation et piété personnelle ... 703

c) Une augustalisation inspirée des élites ... 713

d) Autoreprésentation ou piété personnelle ... 718

B - Militaires, la différence ? ... 722

1 - Répartition : du centurion au troupier ... 722

2 - Une augustalisation en retrait ... 724

3 - autoreprésentation ou piété personnelle ? ... 728

II – Couches populaires de l’infima plebs ... 731

A – Une composition difficile à cerner ... 731

1 - Situation par province ... 731

2 - Bilan ... 736

B - Portée du culte pour les couches inférieures ... 738

1 - Un taux d’augustalisation bien en deça des élites ... 738

2 - Une démarche religieuse et personnelle ? ... 742

III – Et les femmes ? ... 747

A – Un rôle effacé ? ... 747

B – Avant tout, des femmes de l’élite municipale : ... 749

Conclusion du chapitre IX ... 756

Chapitre X : Les dieux augustes dans l’espace de la cité ... 759

I - Espace rural ou espace urbain? ... 759

A - Une définition délicate des sites ... 760

B – Les dieux augustes absents des campagnes? ... 762

C - Prédominance de la localisation urbaine : ... 768

II – Les dieux augustes au cœur des villes ... 769

A – Investissement des centres civiques et poliades ... 770

1 - Le centre civique recherché ... 771

2 - Le temple principal du forum, un site privilégié. ... 772

3 - L’area du forum et son environnement ... 778

a) au centre de l’area ... 778

b) Sur le pourtour du forum ... 778

(12)

d) Empereurs et dieux associés, une évidence ... 788

B - Dans des pôles religieux hors de l’espace civique principal ... 789

1 - Les sanctuaires poliades ... 789

2 - Des sanctuaires municipaux du culte impérial ... 797

3 - Les sanctuaires provinciaux du culte impérial et leurs abords ... 800

III – Une diffusion dans l’ensemble du tissu urbain ... 803

A – Présence dans les édifices de loisirs ... 804

1 - Dans les théâtres ... 804

2 - dans les amphithéâtres ... 805

3 - Dans les thermes urbains ... 806

B - Les dieux augustes dans les quartiers et le périurbain ... 808

1 - Dans les quartiers ... 808

a) petits sanctuaires et temples plus importants ... 808

b) Dans les scholae des collèges ... 812

3 - Dans les demeures ... 815

4 - Aux limites de la ville : portes, suburbium et proche campagne (le périurbain) ... 816

a) L’entrée en ville ... 816

b) Le suburbium ... 816

IV – Dans les camps légionnaires et auxiliaires: ... 821

A – Les principia ... 822

B – Dans le reste du camp ... 826

1 - Bâtiments à usage public ou semi-public : ... 826

2 - Bâtiments privés ... 827

C – A l’extérieur du camp ... 828

V - En marge des villes et des camps : sites militaires et administratifs ... 832

A - Les stationes (militaires et douanières) ... 832

B - Edifices administratifs dans le centre ou ailleurs ? ... 833

VI – Une logique dans la géographie urbaine des dieux augustes ? ... 834

A – Le cas de Munigua ... 834

1 - Dans ce municipe marginal, un ensemble religieux exceptionnel ... 835

a) Le centre civique ... 836

b) Le sanctuaire ... 838

2 – Idéologie et rites ... 842

a) Un message idéologique? ... 842

b) Une liturgie associant l'Empereur aux dieux? ... 844

B – Une Intégration des dieux augustes dans les cérémonies du culte impérial ? ... 845

1 - Sur de grands axes processionnels intra-urbains? ... 846

2 - Autres parcours processionnels possibles ... 849

3 - Les dieux Augustes des quartiers sollicités lors des grandes fêtes impériales ? ... 850

Conclusion du chapitre X ... 851

Conclusion de la IIIe partie ... 854

(13)

BIBLIOGRAPHIE ... 860

TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE

Fig.1 - Augustus au datif et au génitif dans les inscriptions non abrégées des dieux et vertus augustes. 41 Fig. 2 - Représentations de princes en divinités et dieux augustes en numismatique 50 Fig. 3 - Dieux Augustes et formule pro salute imp(eratoris), D(omini) N(ostri) 97 Fig. 4 - Le Numen impérial en Occident. 145 Fig. 5 - Les dieux augustes en Orient. 196 Fig. 6 - Formes orientales de l’association de l’empereur aux dieux 209 Fig. 7 - Taux d’augustalisation en Occident 220 Fig. 8 - Jupiter, IOM et la triade capitoline (sans le titre Auguste) en Occident. 225 Fig. 9 - Les premiers documents datés des dieux augustes. 246 Fig. 10 - La fin des dieux augustes (épigraphie). 261 Fig. 11 – Répartition chronologique des dieux augustes. 274 Fig. 12 : Classement des quinze premiers dieux augustes dans les panthéons provinciaux 520 Fig. 13 - L’identité des dieux augustes. 522 Fig. 14 - Fonctions des dieux augustes. 531 Fig. 15 - Dieux augustes et statut des cités 539 Fig. 16 - Nomenclature des dédicants des dieux augustes. 549 Fig. 17 - Composants onomastiques des noms des adeptes de l’augustalisation 551 Fig. 18 – Classement des fidèles par blocs onomastiques 562 Fig. 19 - Hauts fonctionnaires et dieux augustes 580 Fig. 20 - Taux d’augustalisation des hauts fonctionnaires 586 Fig. 21 - Elites municipales et dieux augustes. 595 Fig. 22 - Taux d’augustalisation des notables municipaux 647 Fig. 23 – Catégories intermédiaires et dieux augustes. 675 Fig. 24 - Taux d’augustalisation des Humiliores. 704 Fig. 25 - La part des couches inférieures d’Humiliores adeptes des dieux augustes. 735 Fig. 26 - Taux d’augustalisation des humbles : Sondage sur quelques provinces 741 Fig. 27 - Femmes et dieux augustes. 749 Fig. 28 - Les dieux augustes dans les sites ruraux. 763 Fig. 29 - Répartition des dieux augustes dans les sites urbains. 769 Fig. 30 - Répartition des dieux augustes dans l’espace urbain. 773 Fig. 31 - Répartition des dieux augustes dans les sites militaires. 822

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LES DIEUX AUGUSTES DANS L’OCCIDENT ROMAIN.

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INTRODUCTION

Est-il besoin de consacrer une recherche approfondie aux dieux augustes, aspect particulier du « culte impérial » si largement étudié par ailleurs1 ? Le « culte impérial », expression controversée2 mais commode ne signifie pas autre chose que l’insertion de l’empereur et de son pouvoir dans le cadre de la religion romaine traditionnelle et c’est ce que réalisent précisément les dieux augustes en Occident. Bien que ces dieux aient été étudiés par des chercheurs, tels R. Etienne, D. Fischwick ou W. Van Andringa, dans le cadre de travaux importants consacrés au « culte impérial » ou à la religion provinciale, ils n’y occupent en général qu’une place secondaire3. Pourtant nous rencontrons assez souvent les dieux augustes dans certaines provinces occidentales, ce qui permet de soupçonner leur importance idéologique. Ils continuent d’ailleurs d’intriguer divers auteurs qui, à travers certaines études4 viennent ajouter une nuance au schéma général. Les opinions continuent à

être partagées et certains ont pensé même que le titre n’avait rien à voir avec l’Empereur. Il n’est donc pas inutile de tenter de faire une synthèse sur ce sujet, de voir si l’on peut accorder des opinions différentes, en réexaminant l’ensemble des sources de la façon la plus exhaustive possible afin de les intégrer dans un système explicatif global. Cette tentative d’ « histoire totale » des dieux augustes ne prétend pas apporter un point de vue révolutionnaire mais devrait permettre d’envisager l’ensemble des possibilités et d’arriver à une conclusion plausible.

Définition du sujet : Nous devons au préalable nous entendre sur le concept

de dieux augustes. On désigne traditionnellement par ce terme des divinités dotées de l’épithète Augustus/a dès le règne du premier empereur et jusqu’au IVè s. Le port du titre

1 Les bibliographies alignent des listes impressionnantes de titres, celles de Herz 1978a ou de Fishwick ICLW

II/2, 1992, sans compter les plus anciennes de Cerfaux et Tondriau 1957 pour ne citer que les plus connues.

2 Beard-North-Price 1998/2006, 330, préfèrent employer le terme de « rites impériaux » qui ne sont pas

séparables du reste de la religion romaine, estimant que « le « culte impérial » n’existe pas ». Lierz 1998, 210, Scheid 2001, 89 : « Même si le bénéfice politique de ces hommages (hommages égaux à ceux des dieux conférés à Auguste) est évident, et que ce privilège exprimait de manière rituelle la surhumanité de l’action d’Auguste, le culte impérial n’était donc ni une usurpation d’honneurs divins, ni une divinisation pure et simple, mais un partage particulier des honneurs accordés sur terre à ceux qui paraissaient (ou voulaient) dépasser la condition et le pouvoir humains » et sur la modestie religieuse du « culte impérial », Id, 2005, 65-70.

3 Etienne 1958/1974, 319-349, Fishwick ICLW II/1, 1991, 446-474., Van Andringa 2002, 164-167. 4 Tout récemment Panciera 2003 pour Rome, Gregori 2009 pour l’Italie, Kantirea 2003 pour l’Achaïe.

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impérial semble indiquer une relation particulière entre ces divinités et l’empereur, la famille impériale ou le pouvoir impérial. Mais quelles divinités doit-on considérer comme entrant dans cette catégorie ? On doit logiquement retenir toutes les divinités traditionnelles qui ont une existence propre en dehors du cadre du « culte impérial ». Apollon, Vénus, Mars, Mercure, Victoire peuvent être des divinités augustes. En revanche il est tout naturel d’exclure les « divinités » qui, tout en possédant le titre Auguste, servent à définir plus particulièrement un aspect de la personnalité surhumaine de l’empereur. Il s’agit de Genius Augusti, du (des)

Numen/ina Augusti/orum, des vertus Augusti/orum, qui ne sont pas des divinités autonomes

hors de l’existence du Prince. Ainsi les dieux augustes seront compris comme des divinités « de plein droit », existant hors de la sphère impériale, que l’attribution du titre « auguste » relie cependant à l’empereur.

Il convient maintenant de fixer les limites de cette recherche dans le temps et dans l’espace. Le terminus post quem est facile à déterminer. Les dieux augustes – au sens où nous les entendons – ne peuvent avoir existé avant 27 a.C., date à laquelle le Sénat conféra à Octavien ce cognomen religieux d’Auguste pour marquer la fin des guerres civiles après Actium et la mise en place d’un novus status, cette « monarchie masquée » selon l’heureuse expression de R. Turcan1, que le titre servait à définir de façon subtile. Le terminus ante quem est constitué par les dernières inscriptions datées qui sont attestées en 362-363. Mais, nous le verrons, la proportion des dieux augustes diminue fortement après les Sévères. Leur présence en Occident témoigne donc d’une belle longévité de trois siècles et demi. Dans l’espace les dieux augustes sont une forme du « culte impérial » propre à l’Occident romain. Même s’ils apparaissent en Orient ils n’y présentent nullement la même ampleur. Nous consacrerons donc nos efforts aux provinces d’Occident qui forment un ensemble relativement homogène partageant la langue latine : Afrique, îles méditerranéennes, Hispanie, provinces gallo-germaniques (des Alpes à la Bretagne), danubiennes (du Norique et de la Dalmatie à la Dacie). Nous laisserons de côté Rome et l’Italie pour rester dans le cadre provincial. Certes les dieux augustes sont bien présents en Italie, curieusement un peu moins à Rome2 où pourtant ils se sont manifestés d’abord. Aussi nous ne manquerons pas d’établir des comparaisons avec cette région centrale de l’Empire.

Problématique : L’adoption en Occident des dieux augustes venus de Rome pose

d’emblée le problème de l’acculturation des Provinciaux. Il convient d’abord de nous

1 Turcan 2015.

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entendre sur le sens de cette « acculturation »1 ou de ce que l’on appelle plus communément la « Romanisation »2, un concept ambigu et flou, marqué par le contexte colonialiste de sa

naissance, contesté aujourd’hui comme inadéquat3! Faut-il voir dans la Romanisation une

acculturation totale, à sens unique, subie par des Indigènes passifs avec la complicité des élites4, et que P. Le Roux désigne comme la « romanification »5 ? Cette notion semble bien

1 Wagner 1993, 445-463, tente une typologie des formes de contact culturel, distinguant la diffusion culturelle

(intégration) de l’acculturation, qui peut être imposée, spontanée, et agit à travers divers processus : l’intégration (les éléments étrangers s’incorporent dans le système local), l’assimilation (l’adoption d’éléments étrangers s’accompagne de l’élimination des traditions propres), avec des situations intermédiaires : le syncrétisme (réinterprétation et recherche d’équivalences entre éléments externes et internes), hybridisme (mélange fondé sur l’accumulation ou la combinaison d’éléments culturels divers), avec disjonction ou métissage. L’acculturation peut être superficielle (diffusion), moyenne (déstructuration et/ou adaptation), profonde (restructuration), totale (transculturation ou mutation). La réponse positive aux échanges culturels est l’assimilation ou l’intégration ; la réponse négative est la contracculturation (inertie culturelle/traditionnalisme ou à l’inverse évasion, rupture ou agression)

2 Barrett 1995, 51-65, voit la romanisation comme un processus par lequel des communautés diverses, avec des

expériences diverses, reconnaissent dans l’Empire, dans lequel ils veulent s’intégrer, un idéal de destin commun qu’ils veulent partager. Woolf 2001, préfère parler de « révolution culturelle romaine », culture impériale, forgée sur des traditions grecques et romaines réinterprétées et promues par Auguste en culture d’un empire unifié. Pour une redéfinition récente de la « romanisation » et la critique historiographique du concept, voir Cecconi 2006, 81-94 et Inglebert 2005 et 2002 qui analyse et critique modèles diffusionnistes, dualistes et complexes. Pour lui, le fait de se définir comme romain fut une réalité dans l’empire (mais avec des phases chronologiques différentes). L’imposition de l’ordre romain fut le point de départ incontournable d’une « romanisation contrainte ou subie » (à finalité politique, administrative, sociale mais non culturelle), en apportant des mutations essentielles. Les interactions culturelles dans un empire qui favorisait les contacts de population, l’imitation de Rome par des élites locales soucieuses de maintenir ou d’accroître leur pouvoir et capables de réinterpréter et d’intégrer des éléments de la culture locale au modèle romain. Si une identité romaine impériale (fondée sur la pratique cultuelle, la participation à une civilisation matérielle et culturelle comme les ludi) s’impose, la pluralité des identités provinciales ou locales demeure, la dualité identitaire étant la norme (la théorie cicéronienne des deux patries, naturelle et politique). Cette cohabitation d’identités multiples peut d’ailleurs expliquer la longévité de l’empire romain.

3 Le Roux 2004, fait une analyse critique du concept et de son interprétation dans l’historiographie et plaide pour

le maintien du terme. Dernièrement Le Bohec 2008, propose de substituer « Romanité » à « Romanisation ». Ce terme, qui n’existe pas en latin, est apparu au milieu du XIXè s. et relève d’une pensée colonialiste (pour

Mommsen, Rome a voulu civiliser les barbares) dépassée – Syme le jugeait déjà anachronique - car Rome n’a pas voulu imposer la romanisation et ne l’aurait pu (aussi Hopkins 1996); et s’il n’est pas correct de parler de « résistance », les nombreuses survivances montrent que Rome n’a pas cherché à effacer les cultures antérieures. Voir aussi Alföldy 2003/2005. Webster 2001 passe en revue et critique les diverses conceptions de ce phénomène en Bretagne et en Gaule romaines dans l’historiographie britannique. Les vues de ces historiens britanniques ont été marquées par le contexte eurocentrique de l'Europe coloniale des XIX-XXè s. Pour Haverfield, la Romanisation est l'acculturation totale des indigènes, détruisant les traditions locales dont on ne relève que quelques survivances. Pour Collingwood, elle est une culture synthétique, hybride adoptée par les élites avec dissémination de quelques éléments aux pauvres. Pour Millett 1995, 93-100, la Romanisation est un processus spontané accepté volontairement (pour d'autres sur intervention délibérée de l'Etat) par les élites indigènes à qui Rome a laissé le pouvoir, progressivement adopté par les couches inférieures ensuite en vertu d'un processus d'émulation progressive. Ainsi l'adoption de la Romanisation par les élites leur permettrait de renforcer leur identification à Rome et d’assurer leur pouvoir sur les couches inférieures, conception renouvelée par Woolf (1998, 2001) qui voit dans la culture romaine un marqueur de statut, non d'identité. Ces conceptions traditionnelles ignorent le concept de sous-culture et de contre-culture. Voir aussi Alvar 1990, Webster 1997, 165-182 et 1995a, et dernièrement Le Roux 2004, et 2006, Cecconi 2006, 82-83, (avec bibliographie p. 11-17), Traiana 2006, 151-158, D’Encarnaçao 1993b, Lambrino 1965.

4 Brunt 1976, 161-173, qui souligne les avantages qu’elles en tiraient : confort et agrément certes, mais surtout

garantie de l’autonomie locale, ordre social, renforcement de leur pouvoir et opportunité de promotion. Révolte et résistance sont des phénomènes marginaux, ce qui ne signifie pas que les traditions culturelles aient été abolies comme le montre la longue pratique des langues vernaculaires même après la chute de l’Empire (p. 170-172).

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obsolète1. Ou, à l'inverse, n'était-elle qu'un mince vernis dissimulant mal une réalité indigène capable de « Résistance » active, théorie elle-même bien criticable2? Doit-on enfin

comprendre la romanisation comme une culture synthétique, hybride3? C’est vers cette

dernière conception que s’orientent aujourd’hui les chercheurs car elle permet de rendre compte du caractère mixte des cultures provinciales, résultat d’interactions mutuelles, de l’existence de doubles identités4 et P. Le Roux souligne que chacun peut devenir Romain « à sa manière »5 et voit l’Histoire romaine comme « une acculturation permanente »6. Or c’est une conception que traduit parfaitement le phénomène des dieux augustes.

Dans le contexte d’une acculturation politique, déterminer la nature des dieux augustes, leur signification intrinsèque7 s’impose au premier chef. Si ces dieux, comme leur

épiclèse le laisse penser, ont un rapport avec l’empereur et le « culte impérial », il convient de se demander s’ils ne représentent pas une forme de légitimation du pouvoir : identification de l’empereur aux dieux à la manière orientale ? Protection divine des empereurs inspirée entre autres du modèle romain du culte domestique des Lares ? Ces théories classiques se heurtent à quelques difficultés et il nous semble possible de présenter une autre explication. Le phénomène de l’ « augustalisation » des dieux – ainsi le nommerons-nous par commodité - n’exprimerait-il pas la médiation que l’empereur, Tutela praesens, exerçait entre les dieux et

1 Woolf 2001, 173-183.

2 Sur le concept de « Résistance », Benabou 1976, pour qui la Romanisation n'est qu'un vernis sur une réalité

indigène, conception qui n'explique cependant pas les aspects hybrides. Thébert 1978, critique cette conception dualiste de romanisation-résistance, estimant que les Africains – bien intégrés avant la conquête romaine dans une civilisation méditerranéenne - sont les agents volontaires et actifs de leur propre romanisation, les différences tenant à la diversité de la société.

3 P. ex. Whittaker 1995, 1997. On parle d’hybridation (Bendala Galan), de transculturation (Fear 1996, 267-269,

qui note, en Bétique, le maintien d'éléments traditionnels dans la culture des élites elles-mêmes, adoptant seulement par opportunité les apparences de la culture romaine (noms, magistratures), voire de « créolisation (Webster 2001, par référence à un phénomène semblable étudié dans la société créole caraïbe et américaine après la conquête espagnole du XVIe siècle. Concept repris par Häussler 2008, 16).

4 Wallace-Hadrill 2008, 3-37, contestant le concept de « créolisation ». Hopkins 1996. Keay 2001.

5 En ce sens aussi, Mattingly 2004, 5-24, soulignant que dans la même province, chaque groupe de population,

chaque individu construit sa propre identité, qui d’ailleurs peut évoluer selon les circonstances et la modification de la situation du groupe ou de l’individu. Ce n’est pas parce que l’on utilise le latin et d’autres éléments de la culture romaine que l’on devient Romain. Les identités provinciales sont forcément diverses et hétérogènes. Pour Lassère 2015, 246-249, en Afrique, la romanisation c’est « rendre non pas semblable, mais comparable aux Romains ». « Tout en conservant leur originalité, [les citoyens d’Afrique] pouvaient adhérer à une communauté de culture ».

6 Le Roux 2006, 161. France 2001, fait cependant remarquer que dans les régions sans structures civiques, dans

les Gaules et les Germanies notamment, l’Etat impérial fut un « agent actif et intentionnel de l’urbanisation et de la municipalisation » et donc d’une « véritable politique de romanisation » assez souple pour s’adapter « aux traditions et aux identités indigènes ». Hingley 2005 souligne la stratégie flexible d’incorporation du pouvoir impérial, certes favorable aux élites, définissant les relations avec ses sujets afin d’encourager leur dévelopement pacifique le long de voies indigènes. Ce qui a conduit à des identités fractionnnées, des différenciations régionales s’intégrant au sein d’un système-monde global. Le concept d’acculturation a un défaut : il « occulte la dynamique des processus acculturatifs » et nie « l’importance des relations de pouvoir qui peuvent conditionner deux structures sociales en contact » (Sebaï 2005, 51-52).

7 Sur cette problématique : Etienne 1958/1974, 319-349, Fishwick ICLW II/1, 1991, 446-474, Le Glay 1983,

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les hommes ? C’est la thèse que nous souhaitons défendre. Cette médiation est suggérée par la coopération de l’empereur et des dieux sans cesse rappelée par l’image et le texte, une coopération entre deux puissances supérieures mais inégales celle des dieux au sommet de la hiérarchie et celle de l’empereur disposant d’un numen, mais en position intermédiaire entre les Immortels et les hommes. Dans cette situation n’est-il pas logique de penser que l’empereur pouvait apparaître comme l’agent des puissances supérieures, capable de dispenser leurs bienfaits sur terre. La notion d’auspices, élément essentiel de la souveraineté, et attachée au titre d’Augustus, pourrait confirmer cette médiation. L’idée d’une véritable synergie entre le Prince et les dieux, reposant sur des notions bien romaines, suppose une double acculturation politique : celle des Romains de souche assimilant le nouvel ordre politique et celle, plus difficile, des Pérégrins ou des Néoromains, acceptant à la fois l’ordre politique et une expression culturelle venus de Rome. L’augustalisation a-t-elle rencontré une large adhésion, a-t-elle été un aspect de ce consensus tant recherché par le Principat1 ? L’examen de sa diffusion dans l’espace et le temps pourra donner une première réponse.

L’adoption des dieux augustes en Occident peut être un bon test de l’acculturation, religieuse d’abord, de ces provinces. L’augustalisation a-t-elle imposé partout des dieux romains proches du pouvoir ? A-t-elle gommé ou au contraire préservé, voire exalté les identités multiples qui caractérisaient l’immense Occident romain2. L’analyse de l’identité des divinités sera une approche capitale pour déterminer si les Provinciaux ont subi une acculturation totale de la part de Rome ou ont choisi une intégration volontaire laissant la place aux traditions. L’examen des fonctions divines sera utile pour préciser la nature même des dieux augustes : représentent-ils seulement des symboles du pouvoir ou sont-ils proches des préoccupations communautaires ou personnelles des hommes ?

Enfin pourra être abordée la place des dieux augustes dans les cités. Sont-ils à chercher dans les seules cités de statut privilégié, et dans une population romanisée ? Quelles couches de population ont-ils le plus attirées ? Les hauts fonctionnaires proches du pouvoir ? Les élites municipales en mal de loyalisme ? Les humiliores, et notamment les plus riches d’entre eux, ont-ils adhéré à ce culte ? Une analyse approfondie, à la fois sociale, prosopographique, économique est indispensable pour cerner ces dévôts, sonder leurs intentions. Enfin une géographie des dieux augustes dans l’espace de la cité peut illustrer puissamment l’image, la mise-en-scène d’un pouvoir proche des dieux et bien présent au cœur de celle-ci.

1 Hurlet, 2014.

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Sources et méthode : La documentation historique à notre disposition permet-elle de

répondre à toutes ces questions ? Nos sources sont en effet limitées et nous serons frustrés dans les réponses qu’elles daignent nous apporter :

La littérature est largement muette sur les dieux augustes. Hormis les vertus augustes telles Pax ou Victoria, seuls les lares augustes sont mentionnés. Elle n’est cependant pas avare d’informations sur le « culte impérial », sur ses notions constitutives comme le Numen ou le

Genius qui d’une façon ou d’une autre touchent aux dieux augustes et peuvent servir à les

éclairer ; on fera donc de la littérature un usage indirect. En numismatique si les « vertus » augustes sont présentes dès Tibère, avec Salus Augusta, dans le monnayage d’Etat les « dieux » augustes proprement dits apparaissent sous Claude avec Ceres Augusta, mais sont assez rares. Ils se multiplient au IIè s. Mais les divinités dont les images sont gravées sur les revers – sans être qualifiées d’augustes ou même nommées – ne sont-elles pas systématiquement associées à l’image de l’empereur à l’avers et de ce fait implicitement augustes ? On ne peut que le soupçonner sans pouvoir en faire état dans notre étude. Quoi qu’il en soit les légendes monétaires relèvent largement de la « propagande » – promotion d’une politique, de valeurs représentées symboliquement par des divinités - et non du culte, même si certains textes ou images se réfèrent à des cultes réels. Nous ne pourrons donc utiliser cette source qu’avec prudence et à titre secondaire. Les œuvres iconographiques et surtout sculptées sont rarement associées à des dieux augustes. Mais certaines représentations de dieux dotés des traits d’un prince ou d’empereurs munis d’attributs divins ou représentés en posture de divinités ne pourraient-elles, sans le dire, traduire la notion de dieux augustes ? La question mérite d’être posée.

L’épigraphie en définitive est la source principale et sera la base de notre travail1. La

documentation sera analysée dans des tableaux ou notices placées dans des annexes2, analyse qui nous amènera à utiliser des abréviations3. Nous disposons d’un nombre d’inscriptions satisfaisant 27224 dont 1593 pour la seule Afrique5. On peut certes s’interroger sur leur représentativité étant donné les faibles chances de survie des monuments inscrits antiques6.

1 Le Glay Com. Hum. Litt. 104, 263-267, soulignait la valeur documentaire irremplaçable des inscriptions latines. 2 Les trois annexes, mises sur CDRom, correspondent, chacune, à l’une des trois parties de la thèse. Un relevé

des inscriptions douteuses non retenues mais qui pourraient mentionner des dieux augustes ou au contraire des isncriptions incertaines mais acceptées en raisons du contexte épigraphique et chronologique se trouve dans le CDRom.

3 Le sens de ces abréviations est donné par une fiche placée dans le CDRom.

4 Y compris une dizaine d’inscriptions connues trop tardivement pour avoir été prises en compte dans les

statistiques. Elles figurent cependant dans les tableaux, mais sans numéros d’ordre. Certaines inscriptions dont la restitution du terme Augustus est douteuse n’ont pas été retenues ; d’autres, mutilées, ont été gardées quand la restitution de l’épiclèse est hautement probable (du fait du contexte épigraphique notamment ; voir « Documents incertains » dans CDRom).

5 Afrique : 1593 ; Îles méditerranéennes : 14 ; Hispanie : 199, Gaule, Germanie, Bretagne : 312 ; Provinces

danubiennes : 604.

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Les lacunes du matériel à notre disposition risquent de rendre les résultats bien aléatoires et soumis à révision1. Nous demanderons à la méthode statistique, que M. Le Glay appelait de

ses vœux2, le moyen d’évaluer au mieux cette représentativité. Certains cas privilégiés de

cités où les conditions ont permis la conservation d’un maximum de textes nous serviront de tests. La plupart des textes présentent malheureusement une formulation stéréotypée3 dont on ne peut tirer que peu d’enseignements directs sur la nature des dieux augustes mais beaucoup plus sur les dons, le culte, les dédicants, les lieux… Aussi sera-t-il essentiel de repérer les infimes précisions, les ajouts significatifs… Aussi sera-t-il profitable de bien replacer les documents dans leur contexte (épigraphique, archéologique, monumental) pour éclairer le sens des dieux augustes.

La méthode qui sera précisée pour chaque chapitre repose sur le recoupement des sources, des faits en relation avec les dieux augustes.

Malgré leur insuffisance les sources permettent d’éclairer les divers thèmes évoqués ci-dessus. Ils donneront lieu à nos trois parties :

I – Les dieux augustes et l’Empereur. II – Dieux augustes et identités. III – Les dieux augustes et la Cité.

1 Deux exemples : Munigua/Mulva (Bétique) où l’on ne connaissait aucun exemple de divinité auguste en a livré

6 dans les fouilles des années 60 et 70 (AE 1966, 183, 184 ; 1972, 251-254 ; CILASé, 1054-5, 1057, 1060-61) ; par chance seul un village minier et non une ville s’installa à proximité. La colonie de vétérans de Baeterrae (Narbonnaise) n’a fourni à ce jour aucune divinité auguste alors qu’on y connaît des flamines aug, des seviri aug. Mais presque toutes les dédicaces religieuses viennent du sanctuaire suburbain du Plateau des Poêtes, d’origine indigène, et non du forum et autres espaces publics dont les pierres furent probablement remployées dans la cathédrale St-Nazaire ou les églises de la Madeleine et de St-Aphrodise.

2 Le Glay 1983, 166.

3 Les textes sont plus développés en Afrique mais donnent davantage de renseignements sur les dédicants, les

(22)

I

ère

PARTIE

LES DIEUX AUGUSTES ET

L’EMPEREUR

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Que les dieux augustes, apparus en même temps que le Principat, portent un des titres majeurs de la titulature impériale pose d’emblée la question du rapport entre ces derniers et l’empereur et donc celle de l’acculturation politique. Encore faut-il être sûr qu’Augustus désigne bien le souverain ou la famille impériale. Si c’est le cas ces dieux ne sont-ils pas une forme de légitimation de ce nouveau régime ? Doit-on voir en eux une manière orientale d’identifier le souverain aux dieux, tradition courante dans les monarchies hellénistiques1, pourtant méprisée par Octavien dans sa lutte contre Antoine et Cléopâtre ?

Ou, plus probablement, leur signification repose-t-elle sur des notions bien romaines, plus respectueuses de la fiction républicaine du Principat ? Le culte domestique si bien récupéré par Auguste a-t-il servi de modèle pour assimiler ces dieux augustes à des Lares de l’empereur ou en tout cas à en faire ses protecteurs et ceux de sa dynastie pour le salut desquels on prononce précisément des vœux au début de chaque année ? Ou bien leur signification est-elle ailleurs et pourquoi pas dans l’affirmation de l’empereur comme un intermédiaire, un médiateur entre dieux et hommes, médiation qui ne pouvait qu’attirer sur terre les bienfaits divins. Possesseur d’un numen, d’auspices supérieurs il avait les moyens de cette fonction. L’augustalisation exprimerait donc cette situation d’interface vécue par l’empereur en synergie avec les dieux que nous nous efforcerons de retrouver dans l’iconographie mais surtout dans les inscriptions. Ces dernières nous permettront aussi d’apprécier la portée religieuse de cette conception et l’ampleur de sa diffusion dans l’espace occidental et dans le temps.

1 L’influence des monarchies hellénistiques sur le culte impérial romain a jadis été surestimée (Cerfaux,

(24)

Chapitre I : Les dieux augustes, un

moyen de diviniser l’empereur ou de

le protéger ?

La signification des dieux augustes a suscité de nombreuses questions chez les chercheurs. L’épigraphie n’est en effet guère explicite à ce sujet. Il nous a semblé indispensable de partir d’observations simples et de recoupements permettant d’éliminer ou de nuancer fortement les explications les moins probables, de lever certaines incertitudes. Appliqué aux dieux le titre Augustus désigne-t-il l’empereur ou est-il, plus banalement, le synonyme de sanctus ? Est-il une épithète du dieu ou un substantif au génitif exprimant l’appropriation du dieu par l’empereur ? En utilisant cette expression épigraphique veut-on identifier l’empereur au dieu ou s’adresse-t-on avant tout à la divinité elle-même ? Si le premier cas est peu probable en Occident, que signifie donc la collation du titre impérial aux dieux ? Désigne-t-il ces derniers comme les Lares domestiques de la famille impériale ou du moins ses protecteurs ? L’analyse épigraphique permet d’esquisser quelques réponses.

I - Les dieux augustes, un lien étroit avec

l'empereur ?

Il convient avant toutes choses de définir l’emploi historique du titre Augustus en rapport avec des divinités et de préciser les formules épigraphiques désignant les dieux augustes. Cette approche est nécessaire pour déterminer d’abord la valeur du terme Augustus, en particulier son « coefficient impérial » et ensuite la forme grammaticale par laquelle il est joint aux divinités, forme qui peut être révélatrice de la nature de la relation que l’empereur entretient avec le divin.

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A - Augustus désigne-t-il l'Empereur?

1 – Augustus, un synonyme de Sanctus?

La première incertitude à lever est celle de savoir si le titre Augustus/a appliqué aux divinités met de facto celles-ci en relation avec l’Empereur ou la famille impériale. L’idée vient naturellement à l’esprit dans la mesure où ce titre a été solennellement accordé par le Sénat à Octavien le 16 janvier 27 a.C. lors d’une séance mémorable au cours de laquelle était redéfinie la situation du fils de César dans une « République » qu’il venait de rétablir1. C’est le titre d’Augustus qui finit par s’imposer et contribua si bien à exprimer l’auctoritas du prince et le novus status qu’il fut porté sans exception par les successeurs d’Auguste. Il apparut dès lors systématiquement dans les titulatures impériales gravées sur les monuments ou sur les monnaies. Il fut employé pour nommer les hauts fonctionnaires comme les legati

Aug. pro praetore ou les procuratores Aug. Augustus devint de toute évidence une référence à

l’empereur.

Pourtant, appliqué aux dieux, ce titre renvoie-t-il obligatoirement à l’empereur ? Ne faut-il pas y voir tout bonnement un synonyme de sanctus ? H. Fugier constate que, dans la littérature, dès l’origine sanctus sert à qualifier les dieux. Calqué sur le grec αγιος, il signifie à la fois « cultuel », « consacré (à un dieu)», « qui appartient (à un dieu) », « numineux, qui est dieu »2. Il a été cependant rarement utilisé dans la littérature3.

Cicéron emploie souvent augustus comme synonyme de sanctus ou de religiosus4. Mais Tite Live y a recours, dans des circonstances étrangères au premier empereur, en opposition à

humanus, pour commenter toutefois la valeur religieuse du nouveau titre accordé à Octavien5. Dans l’Orient grec son équivalent Σεβαστος, n’était pas familier. Il n’apparait pas dans la littérature avant Auguste et demeure d’un emploi rare sauf en référence à la famille impériale6.

Malgré tout est-il pensable que dans les innombrables dédicaces aux dieux augustes le dédicant ait songé précisément et en permanence au souverain ? Bien des chercheurs en

1 Suétone Aug., 7, Dio Cassius 53, 16, 8, Ovide Fast. I, 587-616.

2 Fugier 1963, 270-292. Les lauriers – arbres de la victoire et d’Apollon - placés sur les montants de la porte de

la maison d’Auguste en 27 p.C. signalaient « la gloire militaire acquise sous la protection d’Apollon Actiacus », « conféraient à la résidence…un caractère sacerdotal et sacré correspondant au surnom Auguste » (Scheid 2007, 89).

3 Haverfield 1915, 249-250. On rencontre numen augustum deae et autres numina deorum (Th. L.L. col. 1381),

mais dans ces cas augustum qualifie le numen du dieu, non le dieu lui-même.

4 Th.L.L. col. 1379 et autres occurrences dans la littérature col. 1379-1381. 5 Taylor 1918, 159. On ne peut donc parler que de connotation.

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doutent et ne croient pas que les dieux augustes recèlent un quelconque « coefficient impérial »1. P. Herz2 a une position plus mesurée en estimant que dans le cas des dieux de

l’Etat et des divinités dynastiques, Augustus fait référence à l’Empereur tandis que dans celui des divinités locales, il reprend son sens de « saint » et n’est autre qu’« ein unverbindlichen Ehrentitel ». Ruggiero pensait déjà que Augustus gardait son sens traditionnel quand il était le qualificatif attitré de certains dieux comme Caelestis, Saturne, Silvain ou dans le cas des dieux topiques et faisait référence à la Domus Augusta dans la majorité des autres cas3. Cette pratique serait d’une grande ambiguïté, difficilement compatible avec la précision des dédicaces dans lesquelles les donateurs souhaitent définir avec justesse le champ d’action du dieu auquel ils s’adressent. M. Le Glay4 hésite lui aussi sur la validité d’un rapport direct et

permanent entre l’Empereur et le grand dieu africain Saturne immanquablement affublé du titre Augustus. Il doute que dans tous les cas on ait voulu appeler la protection du dieu sur l’empereur et pense que le sens de Sanctus devait demeurer très présent. Peut-être Augustus, devenu synonyme de « royal », d’ « impérial », qualifiait bien ainsi un dieu considéré comme un Maître tout puissant, sans que l’on doive songer obligatoirement à un lien entre Saturne et l’Empereur5. Mais, par ce titre, le dieu et l’empereur se renforcaient mutuellement6. M. Beard, J. North et S. Price pensent également à une relation réciproque des deux termes : la divinité locale s’intégrait dans le monde romain et elle protégeait l’empereur7. Ainsi l’emploi du titre d’Auguste semble entâché d’une certaine ambiguïté ou même de confusion. Cela n’est guère satisfaisant et l’on peut penser à une évolution du sens du mot. Toutefois il est possible d’avancer plusieurs arguments pour reconnaître un « coefficient impérial » dans le terme

augustus/a.

1 Expression de Dunand dans BSF 41, 1963, 349. Malaise 1972, 183-184, ne croit pas à la « résonance

impériale de ce titre ». Dorcey 1988, 133. Pour S. Saint-Amans 2004, 131-132, l’épithète « introduit n’importe quelle divinité…non pas dans le panthéon privilégié de l’empereur régnant à proprement parler, mais au-delà, dans le cycle même et dans les plus hautes sphères de la religion romaine ».

2 Herz 1975, 79, 104 et id. 1978. Le Glay 1983, 166, qualifie cette distinction de « subtile et difficile à établir ». 3 Ruggiero Augustus in Diz.1886, I, 926, fait cette distinction de sens en estimant cependant que, dans la majorité

des cas, le terme s’applique à des dieux liés à la Domus Augusta..

4 Le Glay 1966, 129 et 1983, 166-167, qui critique la distinction proposée par Herz comme « subtile et difficile à

établir ».

5 Dans ce sens également Benseddik, Lochin 2005b, 266, qui voient dans les traditions royales numide et

punique « l’explication du rapide succès du culte impérial et de l’attribution au grand dieu de l’Afrique du titre impérial par excellence ». Mais dans ce cas le terme peut faire redondance notamment dans une inscription de Belli (Proconsulaire, A327) où l’on peut lire Regi Saturno Aug(usto).

6 Voici le texte de Le Glay 1983, 167: « Il me parait probable que dans une expression comme Aecorna Augusta

ou Saturnus Augustus les deux entités évoquées s’enrichissent mutuellement: Aecorna et Saturnus de l’idée de primauté, de puissance et de sainteté contenue dans Augustus, et l’Auguste régnant de la valeur et du prestige des deux divinités aux yeux des gens d’Emona et aux yeux des Africains. Ce qui ne veut pas dire qu’un

Emoniensis ou un Africain de l’époque impériale établissait une relation directe de sa déesse ou de son dieu à

l’empereur de Rome chaque fois qu’il s’adressait à Aecorna Augusta ou à Saturnus Augustus ».

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Peut-on croire que par son emploi routinier au seul usage de l’empereur, dans sa titulature, dans la désignation de ses mandataires ou fonctionnaires, Augustus ait fini par ne signifier autre chose qu’ « impérial », « souverain », terme désormais totalement détaché de toute référence à l’empereur régnant ? Cela parait difficile quand on voit à quel point les princes sont châtouilleux dans tout ce qui les concerne. Le cognomen Augustus n’est guère diffusé chez les particuliers1. Il devait être largement considéré comme réservé à l’Empereur comme le pense D. Fishwich2. Ajoutons quelques observations tirées de l’épigraphie.

Une première constatation s’impose: c’est la quasi absence de l’épithète

Augustus/a sous la République, notamment en épigraphie3 avant l’adoption de ce titre par

Octavien en 27 a.C. Certes en Italie, un texte épigraphique la met en connection avec une divinité avant Auguste. Un monument trouvé à Sabioneta, daté incontestablement de 59 a.C., mentionne des [A]ug(ustis) Laribus4. C’est un cas unique. Reconnaissons cependant avec I. Gradel que l’abréviation [A]ug(ustis) dans cette inscription implique un usage répandu sans doute dans les formules rituelles. Il faut donc admettre que la pratique existait avant 27 a.C.5 Mais cet unique cas épigraphique fait figure d’exception même si les dédicaces républicaines et notamment celles où les dieux sont dotés d’une épithète sont peu nombreuses en regard des dédicaces impériales. Aussi l’exception ne confirme-t-elle pas la règle d’une référence majoritaire au souverain de l’épithète auguste? D’ailleurs dans la littérature républicaine,

Augustus/a n’est pas utilisé comme titre de divinité mais sert à qualifier des sanctuaires ou

des objets rituels6. Sous l'Empire, le premier exemple daté d'utilisation de l'épithète Auguste pour qualifer une divinité remonte à 13 a.C. avec la fondation de l'Ara Pacis Augustae (Amit.,

Ant. 30 janv.)7. Les « vertus augustes » reçoivent précocement ce titre à Rome8 mais aussi en province: un autel de Narbonne consacré Paci Aug(ustae) par un particulier, T. Domitius

1 Haverfield 1915, 250 note 1, qui donne les références du CIL et explique cette rareté par la crainte de

poursuites pour atteinte à la maiestas du Prince. Cependant le cognomen, sans être très répandu, n’est pas inexistant. On relève 53 cas en Europe occidentale d’après l’Onomasticon et 7 Augusta et aucun Augustus en Afrique dans le seul CIL 8.

2 Fishwick ICLW II/1, 1991, 446-454

3 Haverfield 1915, 249-250, voir Th. L.L. 2, 1393-1402

4 C. 1, 753= C. 5, 4087= ILLRP, 200 (Betriacum/Sabioneta, ager de Mantoue), le monument est consacré par 19

esclaves portant tous des noms grecs ou orientaux. Il pourrait provenir de Rome (Zaccaria 2008a, 223, n. 8) ; mais un texte plus récent semblable Augustis Laribus (C 5, 4865, I°-II°s. p.C.) vient de Toscolano Maderno (Brixia). Voir aussi Gregori 2009, 316, qui doute de l’interprétation traditionnelle de cette supposée dédicace de Betriacum perdue.

5 Gradel 2002, 113-114.

6 Chez les poêtes latins on n'en trouve pas trace d'après Carter 1902, TH.L.L. col. 1379-1381. Sous l’Empire on

rencontre des exceptions. Ainsi Apulée désigne Isis comme un Numen Augustum (Métam., 11, 22), et écrit Solis

Augusti (Met., 2, 28) sans qu’il y ait ici de rapport avec l’empereur. L’emploi d’augustus dans le sens de sanctus

pour désigner un objet consacré aux dieux est attesté en 1 p.C. dans la dédicace d’un propbable magister vici à une série de dieux, iussu Iovis aram augustam posuit (C 6, 30975= ILS 3090 ; Pouthier 1981, 307).

7 Cum.,Vict. Aug. en 43 a.C.

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