• Aucun résultat trouvé

RÉFORMES TURQUIE. Digitized by

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "RÉFORMES TURQUIE. Digitized by"

Copied!
168
0
0

Texte intégral

(1)

RÉFORMES

EN TURQUIE

(2)

VR1S.

TYPOGRAPHIEDE GAITTET

7,Rl'KGIT-LE-CiKUB,7

(3)

VtkQk

RÉFORMES

EN

TURQUIE

PAR

EDMOND

CHEKTIER

PARIS

DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR

GAtFRIKIIORLÉANS(PALAIS-ROT Al)

1858

(4)
(5)

SA

MAJESTÉ IMPÉRIALE

LE

SULTAN

ABDUL MEDJID KHAN

HOMMAGE DU PLUS

PROFOND RESPECT

Dol'Auteur EdmondCHERT1ER

(6)
(7)

RÉFORMES

EN TURQUIE.

Au momentoù les conférencescomplémen- taires duCongrès de Paris se rouvrent pour vider lesquestionslaisséesen suspens en 1856, etoù lesexigencesdes puissanceseuropéennes sefontjourdenouveau àl’égardde l’Empire Ottoman,nous avons penséqu’il étaitopportun dedonnerlejouràunensemble de matériaux

,

que nous avionsrecueillisdepuisquelque temps, envuedes réformesquecet empire chercheà opérer.

Le systèmeque l’Europe sembleavoiradopté enversnotreanciennealliéenous a paru erroné delapartdecertainespuissances:ainsi laRussie

i

(8)

REFORMES ENTURQUIE.

etl’Autrichesuscitentà l’Empireottoman des embarrasinextricablessur les frontièresdel’Eu- ropeetdel’Asie.

Les armées decespuissances,eneffet, com- poséesdecoreligionnaires, sontunsoutienmoral pour lestentativessans cesserenaissantesdes rebellesqui agitentlesprovincesdel’Empire.

Obligéealorsdese tenir sur ladéfensivesurson propre territoire, la Turquie, loin de pouvoir s’occuperdeprojets'deréformes,dontlabonne exécution,entoustempsetentouspays,ne peut coïnciderqu’avecune paix profonde,estparfois

mêmeforcémentamenéeàpeserplusfortement surceux dontellevoudraitaméliorerlesort.

Ah1silesalliésavaientpuprévoirlemalaise, lamauvaisevolonté etlesintriguesquidevaient suivre cetteguerrede Grimée, oùila étédépensé tantdeforce ettantd’argentpourarriverau but quel’onseproposait,ilsauraientlaisséenOrient, dansl’intérêtbien entendu delaTurquie,un con- tingentarmé.Cecorps,quel'on auraitpuformer aussifaiblequ'oneûtvoulu,aurait étéuneforce morale immense pourcontenir lesaspirations coupablesetpour assurerlamise en œuvre du dernierhatti-humayoun,qui, fautedecettepré-

(9)

REIORMES ENTURQUIE. 3 caution salutaire et efficace,resteàpeu prèsà l'étatdelettremorte.

Laquestiond’Orients'estcompliquée, aulieu de se simplifier;avant laguerre, il s’agissait d’empêcherlaRussie de romprelafoidestraités etl’ordreeuropéen sousun vain prétexte reli- gieux:cerésultata étéenpartie atteintpourla Russie,ilest vrai, maisle danger n’apasété conjuré,ilasimplementétédéplacé;laguerre n’a rien guéri,ellen’aopéré qu’une métastase politique.

Aujourd’huilaRussieet l’Autriche sedisputent lasuprématiedanslesPrincipautés: cesont les intriguesautrichiennesquiy fomententtoutle désordre,disent lesjournauxrusses;c’estàla propagandepanslavistequetoutlemalestdû, reprendenmasselapresseautrichienne;etaus- sitôtl’Autriched’accumuler des troupes surles frontièresdelaBosnie,etdeproclamerquel’occu- pationdecette provinceet sonprotectoratsont unenécessitédumoment.

Leschrétiens grecsne possédaient qu’un pro- tecteur, laRussie,ilsen ontdeux aujourd’hui;et l’Autriche,quiestrestéeplacidement l’armeau braspendant que les alliés combattaientpour

(10)

i RÉFORMES ENTURQUIE.

l'inlégritéduterritoireottoman,seprépare àre- cueillirà sonprofitleprixdusangversé.

LaRussie,en voyant celtepositionnouvelle priseparl’Autriche,faitcausecommuneavecla France pourdemanderl’uniondes Principautés, parcequ’ellereconnaîtqueladivisionetl'anarchie de ces provinces sont favorables àl’ambition cauteleuse desa rivale, etqu’elleachance de reconquérir son influenceparl’agrégationd’une nombreuse population,environ dixmillionsde chrétiens grecs, quiluisont attachésparles liens delacommunautédefoireligieuse.

LeCzar,ilnefaut pasl’oublier,est lechef natureldelareligiongrecque,età cetitreiltrou- vera de grands éléments de succès dansunÉtat devenu fortparl'unitéetl’indépendance, pour étendre sadomination jusqu alamerNoire.La preuvedecet intérêtestdans laconformité de vues delaFrance etdelaRussie sur cepoint;

cettedernière puissanceasuparerl’union dont

ils’agitduprétexte flatteurde sympathieetde confianceenverslaFrance. Notrepaysn’estpas insensibleàla flatterie, etleCzar chercheaiusi à sebienplacerdansl’espritfrançais.

Ilimportededéjouer lesrusesdela diplo-

(11)

REFORMES EN TURQUIE, S matie moscovite,aussi bienquecellesde l'Au- triche.

D’ailleurs laFrance catholique,chevaleresque ettraditionnellementalliéedes Ottomans depuis FrançoisI",nedoitpas permettrequelespos- sessionsduSultanenEuropedeviennentla proie duchef delareligiongrecque, après une deces convoitisesardentesetcoupablesquionttantfait verserde sang.

Nousvenonsd'établirsuccinctementlerôleque nousparaissentjouerlesdifférentes puissances dansla questiond’Orient, et peu soucieux de nous mettre du côté du plus fort, nous nous déclaronslechampion dela Turquie.Loin de chercher àl’entraver,comme lefonttantd’au- tres,nous mettronsàson service lesquelques connaissancesqui nous,sont acquises par delon- gues étudeshistoriques,philosophiquesPtadmi- nistratives.

Cen’estpasque nous n'ayons quedu bienà diredelaTurquie.Dernièrement, aucontraire, enexaminantsesinstitutionsquilaissent tantà désirer, nous avions eulapenséed intituler ces pages: «Les quatre désorganisations de l’Empire Ottoman.»titrequiexprimaitassez bien, selon

(12)

6 RÉFORMES ENTURQUIE.

nous,l’étatdel’organisation politique, religieuse, judiciaireetadministrativedecegrandempire.

Mais nous noussommesbientôtravisé,etnous parlerons sérieusement decesquestionssérieuses.

Nous sommespersuadéquelaTurquie ne peut plus différer de mettre à exécutionlesprin- cipesde réformes contenus dansleHatti-Huma- younde1856.Elle seraitdoncladernière puis- sancemusulmanequi se refuserait à satisfaireaux légitimesexigences desnationscivilisées. Nous lisonseneffetdansleJournaldes Débats(n°du 28mars 1858)unarticlede M. J.Duval, au sujetdes réformes quelebey de Tunisvientde décréterdanscetteRégence:«Nousterminerons cetaperçu,ditcetécrivain,enconstatantquela Réformeestbeaucoup moins avancée danslesÉtats musulmans quirelèvent directementde laSu- blime Porteque dans ceux quiontconquisvis-à- vis d’elleune indépendance defaitou dedroit.

Le hatti-schérifde 1839, le hatti-humayoun de1856sontdépassésenEgypteeten Tunisie parla libreinitiativedeSaid-PachaetdeMa- hommed-Bey. DanscesdeuxEtals, non-seule- mentles institutions sontpluslibérales,maisles actesrépondent bienmieuxauxprincipes.Ici,ce

(13)

RÉFORMESFNTURQUIE.

que lepouvoirdécrète, ill'accomplit:cequ’il promet,illetient.»

Nousne partageons pas entièrementla mau- vaiseopinionqueM.J.Duvalprofessesurl’ave- nirdelaréformedans l’Empire ottoman

;etnous

exposerons,danslecourant dece travail,lesidées quipeuvent en assurerl’exécution.

Des auteurscompétents, entreautres M. le

Dr Beyran, médecin del’Ambassadeottomane àParis,qui veutsincèrement comme nous le bonheur delaTurquie,résume danssonlivre lesmoyenslespluspropres à atteindre cebut:

« Sil'onveutdonc parvenir à régénérerla Turquie,ilfautdesmesures de réformesénergi- quesdansl’institutiondu corps des ulémas au pointde vue desesprivilèges,de son cumulde fonctionsetdesesexemptions d'impôts

;aupoint de vue de l'indépendance civile etreligieusedes racesetnationsenTurquie,del’unitédelalé- gislationetenfindel'égalitédelajusticepourle Musulmanet leChrétien.Enséparantlareligion delalégislation,onaffranchit la liberté decon- science et lapropriétépourtout lemonde; on prépareau payslesélémentsdelarichesse,de lapuissanceetdelacivilisation.Toutescesraces

(14)

H RÉFORMES ENTURQUIE.

etcroyancesdiversesquiformentaujourd’huila population de cetempire, vivant alorssousla nouvelleloidegarantie universelledudevoiret

dudroit,aimerontleurpays etseconsidéreront commedescitoyenségaux qui doivent concourir ensembleà ladéfensedelapatriecommunelors- qu’elle esten danger.»(NoticesurlaTurquie.

Paris,1855, parJ.M.Beyran.)

Notre ouvrageseradonc enpartieledévelop- pementdes idéesdeM. Beyran, nous espérons quelaTurquie, dansl’intérêtdelaquellenous écrivons toujours,pourraretirerquelqueprofitde nos étudesspéciales. C’estnotre vœu leplus cher,car c’estleseulbutdetousnosefforts.

EdmondChertier.

l'.iri»,mars1R38.

(15)

STATISTIQUE

DE L’EMPIRE OTTOMAN.

LaTurquie necompte guère moins de100000 lieues carrées,enycomprenantlessolitudes qui l’entourent etsurlesquelles s’étend son protec- toratousadomination:elleadonc autantd e- tenduequetoutel’Europeoccidentale réunie.

Sasituation géographique estincomparable, carsa capitaleConstantinopledominetroismers, lamerdeMarmara, lamerNoireetlaMéditer- ranée; àses frontièresdu nordelleestencore limitéepartroisautresmers,legolfePersique, lamer RougeetlamerAdriatique.Les chaînes de montagnesqui laparcourent, les fleuvesqui latraversent, lesgrandslacs quibaignentl’inté-

(16)

10 RÉFORMES ENTURQUIE.

rieurdesterres,offrentunsystème tellementad- mirable,que nulautrepaysaumondene peut luiêtrecomparé pourses richesses naturelles.

Maissi lanatureesttoujours belle etbonne danssavariétésurce solprivilégié, sisescon- trastesaboutissent àunelinunique,laprospé- rité, il en esttout autrement des racesnom- breusesetvariées qui habitentl'Empireottoman:

cespopulationstoutesennemieslesunes desau- tresont gardé jusqu’à présentleur individualité tranchée,aucune fusionne s’est opérée entre elles.

Iln’ya pas destatistiqueen Turquie,puisque l’étatcivilyestinconnu;toutefoislegouverne- menta,danscesdernièresannées, tentéquel- quesessaisdedénombrement,et voicilesrésul- tats auxquels il est arrivé, sitant estque ses agentsofficielsaientpu eux-mémesserenseigner bien exactement.

(17)
(18)

1* RÉFORMES ENTURQUIE.

Lescatholiques nesontautresqu’unefaible' partiede lacommunautéarménienneconvertie danslesièclederniersouslenomd’Arméniens- unis, etdes Maronites.

Nousne prétendonspasquecetableau soit d’uneexactitudemathématique quant à ladi- visiondesracessouslerapportreligieux,nous l’avonsadopté néanmoins parcequ’iloffreaux yeux uneidéeplus nettedeclassification. Les tableauxstatistiques des auteursqui nous ont précédé présententtousséparémentlesrésultats réunisci-dessus,cequinepermet pasde voir aussifacilementlenombreet lerapportexistant entredesélémentsdivers,quel’onaen vue de fusionner.

Nous allons dire quelques mots des races dontsecomposelapopulationdel’Empireotto- man, avantd’entrerdans ledétaildesinstitu- tions.Cet ordrenous semble pluslogique,car, pourquelesbonnesinstitutions fassent les races fortes et4’empirepuissant, il est indispensable quellessoientadaptées àl’étatphysique,moral etintellectueldeshommesquelles doiventrégir.

(19)

REFORMES ENTURQUE. 13

LESOTTOMANS.

Nomqueportelaraceconquérante, deceluide son premiersultanOsman:lanouvelleécole his- torique établitqueletermeottomanestimpropre, etl’orthographe rationnelle estOsmanou Osmanli.

M.deHammer,en Allemagne, a réussi à faire adoptercetterectification; nous n'avons pas la prétentiondela faire passerdansnotre pays;

onditquelesFrançais sont changeants:pastrop pourtantàl’égard deserreurs littéraires.Mais revenonsaux Ottomans.

L’Ottomanadesqualités réelles, ilest sobre, patient,calme,probeethospitalier;ila l’ardeur guerrière,l'amourdelapatrieetdesa religion;

ilestphilosophehumanitaireen théorie, mais en pratiqueilest exclusif,nevoitquelislam, et ne modifienisescoutumes, ni ses mœurs, ni scs idées,quandtout setransformeautourdelui.

Ila troisprincipauxdéfautsouvicessociaux quileminent lentement: lapolygamie,l’exclu- sivismeet lefatalisme.

Lapolygamietaritlapopulationà sasource, accablel'hommedevicesetannulelafemme,qui

(20)

14 REFORMES ENTURQUIE.

remplitune missionsiimportantedanslesso- ciétéschrétiennes,enstimulantl'activitéde l’é- poux ou dupère.

L’exclusivisme musulman metobstacle àla cessationdel’étatde conquêteetàl’apparition d’unepatrieottomane jeuneetforte.

Lefatalisme estlecoup de grâcequidonne raisonàlafatalité: silesOttomansse retirent unjourforcément devantlesraceschrétiennes, c’estparcequ’ilsyauronttropcru;ilsvoientle maletnese soucientpasdeleguérir.Ilsdisent quesiDieuaordonné leurchute,ilss’évertueraient envain à laprévenir:oui,Dieusaitetpeuttout, mais quidoncleurdit que Dieu neveut pas qu’ils sesauventetqu'ilsprospèrent parlesvoies dutravailetdelajustice?Lefatalisme estuncercle .

vicieux,ensortqui veut; cette vérité estencore plusvraiepourunêtrecollectif,un peuple, que pourunindividu. Aide-toi,lecielt’aidera.

LESARMÉNIENS.

L’originede lanationArméniennese perd,

commecelledelaPerse,danslanuitdestemps:

(21)

REFORMES ENTURQUIE. JS etchoseremarquable, aprèsune longuesuitede sièclesde catastrophesetd'oppression, cettena- tionprésente encore desélémentsassez primitifs pour concourirpuissammentàlaformation d’une nouvelleTurquie.

Aurapportdetous lesvoyageurs,larace ar- ménienneestintelligente,hospitalière,attachée àsa religion,etpure demœurs, relativement surtoutaux autresnationsasiatiques dontelle estentourée.Elleadel’aptitudepour lecom- merce,l'industrieetlesopérationsfinancières.

Aussi lesArméniensont-ilstournéleur activité dans lesensdeces dernières qualités, et le

commerceintérieurde laTurquied’Asieestà peu près exclusivement dans leurs mains;ce sonteuxquidirigent lesprincipalesmaisons de banque,lesfabriqueslesplusimportantes, ils frappentlamonnaie,ilstravaillentlefer;sile gouvernement veut monter une manufacture na- tionale,c’estaux Arméniensqu’ils’adresse.

Maisl’intelligencenativedesArméniensaurait besoind’instruction, delibertéetdeconsidéra- tion pourse développer davantage; depuisle

commencementdecesiècle,un grandnombre decolesarméniennesse sont organisées,tantà

(22)

10 REFORMES EN TURQUIE.

Constantinople qu’en Asie, et mêmedans les paysétrangers, oùcellenations’estdisséminée.

. Noustouchonsiciune desplaiesde l’Arménie:

unepartiedecepeupleestdisperséeloindusol natal.

LesArménienssont sujetsdelaTurquie,de laRussie, delaPerse,del’Autriche,de l’Angle- terre etdelaHollande.Ceuxquirelèventdeces deux dernières puissances dansles Indesetles liesindiennes,étant affranchisd’un jougcom- presseur,prouvent,parleursqualitésnombreuses etremarquables,ceque pourraient devenirlesAr- méniens de la Haute-Asie dans desconditions analogues.

LaTurquie possèdetoutelapetiteArménieet une moitiéde lagrandeArménie;il estàdé- plorerque la Russieaitréussiàs’emparerde l’autremoitiéen 1828: car lesArméniensont peu gagné àcechangementde maître,ilssont pluslibresen apparence,mais enfindecompte lacorruptiondesfonctionnairesrussesquiran- çonnent àmerci lepaysan et le commerçant arrêtele progrèsdanssamarche: ilaurait été alors préférablequetoutel’Arméniefûtrestéeau pouvoir des Ottomans, qui, nous en sommes

(23)

REFORMES ENTURQUIE. 17 certain, reconnaîtront prochainement queleur salut résidedansuneharmoniesincèreavecles raceschrétiennesdeleurempire,etdiscerneront, enmême temps,quelesArméniens seulsleur offrentpourcetteœuvrederéparationunebase. solide.

LES GRECS.

Quelle différenceentrelesArméniens etles Grecspar rapport àlamissionde régénérationque les Chrétiensd’Orientnousparaissentappelés à remplirdansunavenir prochainILes Grecs,en- orgueillisparleurssouvenirsanciensourécents, sont des ennemis avouéset traditionnelsdela raceottomaneetne songentquareconstituerle Bas-Empire, dontlajusticedivinea permisla chute,ilyaquatrecentsans, en expiation deses crimesetdeses vices.

Rien ne ressemblemoins àunGrec envisagé sous sonaspect intellectuelqu’unautreGrecen- visagésous son aspect moral.LesGrecs,eneffet, sont intelligents;maiscette qualitédégénèresou- ventendéfaut.Ainsi,ilsontàunhaut degréla

2

(24)

18 REFORMES ENTURQUIE.

souplesse, la ruse et l’espritdemensonge,cequi n’exclutpas chezeuxtous lesdehors d’unepiété exagérée.Les Grecsd’Orientontbeaucoup plus de superstitionsetde fanatismequelesMusulmans, lesCatholiquesetlesArméniens.

Laplupartdes auteurs qui ontécritsurl’O- rient envisagent les communautés grecque et arméniennecommetirantleurorigineduschisme d’Eutychès,etenoutreilsconfondentle ritegrec avecleritearménien.C’estuneassertionerronée due sans doute aumanqued’examen sérieux des voyageurs qui ontvisitéces contrées.

Avons-nous besoin deprotesterdenotreim- partialitéen terminantce parallèledesdeuxraces, où nousfaisons la partsiinégale?Non,chacun nous comprendraetnous apprécierafacilement enseplaçantaupointdevue delaconsolidation de l’Empire ottoman,commenous l’avonsfait.

L’Europe veutlarégénérationdelaTurquie,non sa chute;quiconqueest sincèredanssesmoyens etdans son but nedoitpaspousserlaTurquie àcourird’elle-même àsaperteetàs’adresserà sesennemisplutôtqu’àsesamis.

« TimeoDamosetdonafer entes. » Traductionmoderne:

(25)

RÉFORMES ENTURQUIE. 19 Regardons àdeuxfois, avant demettreles Grecsàlatêtedelaréforme.

Danslederniersiècle,ilyavaitdes fonction- naires grecsen Turquie; etaumomentdel’in- surrection, lapluparttrahirentlacause desOtto- manspourfâvoriser celledeleurscoréligionnaires:

aujourd’huilesGrecsseraientencoremoins embar- rassésqu’autrefois dese rallieràun drapeau ennemi;ilsen ont deux pour un, d’abordcelui duroyaumede Grèce,etau besoinceluidel’Em- pirerusse: laracegrecqueaen Orient des espé- rances,despointsde repèreetdesaspirations quine permettentplusaux Ottomans de s’aban- donner àelle,siintelligentsque quelques Grecs puissentêtre.Laracearménienne,aucontraire, peut devenirentre lesmains delaTurquielebal- lond’essai,lepointdejonction, la transitionhu- mained’uneunion intimeentre lesChrétienset lesMusulmans,lesvainqueurs etlesvaincus.

Les Arméniens, eux,n’ont nipatrieniaspira- tions étrangères,ilsserontheureux d’aideràla prospéritédelapatriej)ttomane; etdupremier jouroùlevainqueur tendralesbrasavecfran- chiseàcesquatremillionsdesujets fidèles,ils s'yjetterontsansarrière-pensée.Souscerapport

(26)

20 REFORMES ENTURÜl’IE.

l’Arménieasiatique,chrétienneetlibresera peut- êtreprochainementl’ancredesalutdelaraceot-

tomane, et nous conseillons sérieusement au gouvernement deSaMajesté de tournerunregard deconfianceetd’amourverscepeuple,comme

verssonalliéleplussûretleplusdévoué.

LESJUIFS.

Cepeupleinfortuné estbien plusmalheureux danslescontréesquifurentson berceauque dans l’Europe, où il prendpeuàpeu son droitde.

bourgeoisie, voiremêmedeslitres de noblesse.

EnEurope au moins,leJuif,depuisqueles bûchers del’inquisitionsont éteints, n’estquel’ob- jetd’uneantipathie instinctive,dontlaraisontend et réussità détruire lesderniersvestiges:celte race restelesymbole delarapacité etdel’adora- tionidolâtreduveaud’or,mais on neluirepro- che aucunautre méfait.

EnOrient,leJuif estregardécommeletype abject d’une cruauté sans bornes;cesontdes cannibalesquinemangentpas de porc, il est vrai,mais quis’engraissentdusang des enfants

(27)

RÉFORMES ENTURQUIE. 21 chrétiensoumusulmansindistinctement,c'estau pointqu’à Constantinoplemême, quand unenfant disparaitde Stamboul, de Péra ou deGalata, la policevadroitauquartierdesJuifs,et,assistéepar lamasse de lapopulation furibonde,visiteles maisons delacaveaugrenier,plongelesyeux au fonddespuits,etsondean hasard delafourchette lamarmite des ménagèresjuives.Croquemitaine existepourlespapasetlesmamansdeConstan- tinople,c’estunJuif.

L’on s’imagine jusqu’oùva,sousl’influencede cetteétrange croyance, l’abomination des popula- tionspourcette racemaudite,etil nefaut rien moins quel’habitudetraditionnelledel’hospita- litéottomane pour quel’onconsente àlalaisser vivre tantbienque mal.

Il estpossibleàlarigueurquelesJuifsd’O- rient,traquésetpourchassésà l’instardesbêles fauves, soient,précisément à causedecetisole- mentetdeceshaines, restésàdemi-barbares;

mais delàau cannibalismeetauxatrocitésqu’on leurimpute, ily aloin.LaBible n'estpasun modèle de douceur, depaixetd’humanité,tant s’enfaut; toutefois elle n’autorise pas-les sacrifices humains.

(28)

22 RÉFORMES ENTURQUIE.

Ilconyientdereléguer cespréjugésabsurdes au rang descontesdePerrault,àcôtédel’Ogre dupetitPoucet,duloupdupetitChaperon-Rouge etduterribleBarbe-Bleue.

LESKURDES.

Les Kurdesconstituent unerace asiatique, guerrière,sauvageetindépendante.Campésentre l’Arménie,l’Asie-Mineureet la Perse,ilsn’obéis- sentqualeurspropresloisetsontsoumis nomi- nalement àl’autoritédelaPorte.

LESTCHINGANÈS.

Cesont lesBohémiens;cettecurieuseracea ététropsouventdécritedansles livresdesvoya- geursetdes romanciers,nous en avons vuassez dans noscampagnespour ne pas nousarrêterà décrire cepeuplenomade,traversant lesâgeset les.sociétés sansse mêler,sansse fixernulle part, sansprendreaucune desinstitutionsso- ciales;ilsviventsansliensdepatrie,defamille

(29)

REFORMES ENTURQUIE. Î3 dereligion.Maisaussil’Empire ottomann’a-î-ilpas

^compter aveccettetribu, véritableménagerie qui errepar troupeauxdanslessteppesdelaTurquie d’Europe.

Nous neparleronspas nonplusdes autres racesde cette partie dela Turquie, que l’on peutgénéralementassimileraux Grecs,tantpour lecaractèreque pour lestendances.

REMARQUE GÉNÉRALE.

Des auteursfortsérieux,etentreautresM. Henri Mathieuquinousestapparu,dans sonlivreLa Turquieetses différents peuples,commeunpen- seur ami de l'humanité, semble douter dans son premier volume, consacréà l’ethnographieetà l’histoiredes Ottomans, quelesraces soientsus- ceptiblesde transformations,etparconséquent

iln’apasconfiancedanslaréformeetdansl’a- venirde l’Empire ottoman, témoinces lignes:

«Ladiplomatie, pourprévenirunecriseim- minente, appelleen Orientlacivilisationàson aide,etcherchedans sonintérêtàl’inoculeraux Turcs,maistous seseffortsjusquace jour ont

(30)

24 RÉFORMES ENTURQUIE.

été inutiles, etilestprobablequ’elleneréussira pasmieuxàl'avenir. »

Noustrouvons qu’àcetégardM.Mathieuestplus fatalistequelesOttomanseux-mêmes:l’homme, quelqu’ilsoit,estperfectible;sonagglomération ensociétés distinctes, ses défauts héréditaires sont réellement desforcesderésistancedontl’intensité s’accroîtavecletempsetsousl’influencedecir- constances particulières, mais une race étant composéed’individus peut,commelesindividus prisisolément,se modifier,bienque plusdiffici- lement. Peu de chose suflitparfois àpareille œuvre:Dieun’aqu'àenvoyer soninspiration à unhomme de géniequi,sultanougrand-vizir, tiendra lesrênesdugouvernement,etqûelques générations parviendront, grâceauxinstitutions nouvelles,à métamorphoserlemondeoriental.

Quantà présent,chaque nationalitéselient sur la réserve.Nousne saurionsavoirlapréten- tion deprouverauxpartiesintéresséesquelles ont tort;l’espritpublicn’estpasné en Turquie,

il fautdonc d’abordlefaire naître, et com- ment?

Entravaillantàformulerun Codecivilunique, etune administration pourvue d’éléments de con-

(31)

REFORMES ENTURQUIE. 25 trôle efficaceàtous lesdegrés, sansdistinction derace nidereligion.

Dansce système lecorps désulémas d’une part,etlescommunautésreligieusesdel’autre

,

deviendront des corps exclusivementreligieux.

Sousl’empired’uneloiuniqueetd’uneadmi- nistrationcontrôlée,lesmœursvénalesdesfonc- tionnaires semodifierontpeuàpeu,les idées d’isolement setransformeront insensiblement en habitudeetenamourdel'union,d’oùdécouleront tantd’avantages réciproques.Les nouvellesin- stitutions,enunmot,,ferontde nouvellesmœurs, quirefléterontleur esprit.

Nousverronsledéveloppementetl’application deceftepensée à chacune desdivisionsdutra- vailquivasuivre.

(32)

GOUVERNEMENT.

Laformedugouvernement ottomanest celle d’unemonarchieabsolue.

Alamort d'unsultan, ce n’estpas sonfdsaîné, mais bienl'aînédelafamilleimpériale quimonte surletrône,en prenantletitrede padichahou empereur, roidesroisenlangue persane. «Le SultanesttoutenTurquie, aditM. leledoc- teurBeyran dans sonlivre:Notice surla Tur- quie,ilpeutinterpréterla loiàsougré,prendre desmesures pourintroduiredes réformesradi- cales:ilinvoquelaraison d'Etat,etcequipa- raissaitmonstrueux, impraticable laveille,est acceptéavecsoumission partous lesMusulmans.»

(33)

RÉFORMES ENTURQUIE. Î7 Bienque plusieurs Sultansaient étédéposés par lepeupleaux jourslesplustristesde l’Empire, ilssontcependant irresponsablesetsaventaube- soin fairejouerles ressortsélastiquesdesgouver- nements constitutionnels; le changement du grand-vizir (jadisc’étaitsonarrêtde mort)s’ac- complitinfailliblementàlavoixdel’opinionpu- blique,etcesacrificesuffità calmerlescolères delanation.»

Unpareilgouvernementestmerveilleusement doué pour ordonneretexécuterune réformecom- plète.Lesdécretsimpériaux portentlenomde hatt, l’écrit (rescriptum), et paramplification hatii-schérifou hatti-humayoun,l’écritsublime, l’écritauguste1

LeSultanréunitdonclesdeuxpouvoirslégis- latif etexécutif:deux grandsdignitaires corres- pondent àcesdeuxattributionsdel'autoritésou- veraine; l’un estlegrand-vizirqui représentele pouvoirexécutifdu Sultan;l’autre,lescheih'-ul- islamou grand-muftidirige les affaires religieuses etjudiciaires.

J.Les auteurs français ont écrit àtortjusqu’à présent tcheick;

c’estscheihpuscheich qu’il faut dire.

(34)

58 RÉFORMES ÉNTURQUIE.

Les questions importantessont discutéeset prisesparleDivan ouconseil privé, quisc tient deuxfoisparsemaine,commeenFranceleCon-

seildesMinistres. LeDivanest formé parles ministres etlesgrands dignitairesdel’Empire etprésidéparleGrand-vizirqui,onlevoit,offre quelque analogie aveclesPremiersministresde l’anciennemonarchie,telsquelesSully, lesRi- chelieuetlesMazarin.

Ily a égalementunConseild’Etatchargéd’é- laborer les projetsdeloi,etprèsde chaquemi- nistreunConseil spécialpourétudier lesques- tionsqui devront êtresoumisesàl’examendu Conseild’Etat.

Jusqu’ici toutvabien, etilsemblequevoilà uneadministrationcentralebienorganisée:mais allonsjusqu’aubout.

Lesdécisions prisesparleDivan ne sont ja- mais exécutées:dansleConseiltous lesmembres sontunanimespourvouloirlebien du peuple,et lesprojetsde réformeslesplusutilessortentde leurbouche.Maisilfaut croirequecen’estque dubout deslèvres,car leDivanestà peine sé- paréque chacunrentredansl’égoïsme et l’esprit deroutineaccoutumés.Sipar hasardilse trouve

(35)

REFORMES ENTURQUIE. *9 un membreconsciencieux,ses confrèresl’accu- senténergiquement prèsduSultanetleprivent desesmoyensd'action.Aussi,lanationnetient pluscompte desparoles etpromessesduDivan, quia perdutoutesonautorité.

RELIGION.

Iciserencontre unedes plaies dusystème gouvernemental delaTurquie.

Lescheih-ul-islamréunitletriplepouvoir de pontife musulman, degarde-des-sceauxetde grand-maître del’Université.

EnFrancelesservicesdelajustice,descultes etdel’instructionpubliquesesontparfoiscon- fondusdansunmêmedépartementministériel, maisce n’ajamaisétéquesouslerapportadmi- nistratif.

Rienn'estpluspernicieuxpourlaprospérité d’un Etat qui renferme danssonseindes adeptes dereligions différentesquelecumuldupouvoir

(36)

30 RÉFORMESEISTURQUIE.

spiritueletdupouvoir temporel. Lareligion est l’élément socialqui aleplusd’empire surl’esprit deshommesetqui aledon delespassionner davantage;lesang n’asisouvent coulé surla terre, aunom de lareligion, que parce qu'on n’avaitpasfaitlaséparationasseztranchéeentre

espirituel etletemporel.

Noussavons que,leKoranétantà lafoisun codereligieuxetcivil,leSultandoit,à l'instar des souverains d'Angleterreetde Russie,êtrele dépositairedelaloidans sonensemble,etgou- vernerceux deses sujetsquisontses coréligion- nairesau doublepointde vue desintérêtsdela terreetduciel;en Angleterreeten Russie, ou règnel’unitéde croyance,latâche estfacile.

EnTurquie,pareilavantagen’existepas,et l’autoritéduSultan gagnerait singulièrement,s'il se servait,danslesensdelaséparationdespou- voirs, des rouagesadministratifsqui formentla base desoutrône.

Quenedélégue-t-ilaugrand-vizir l’intégralité des attributions civiles, et au scheih-ul-islam celledesaffairesreligieusesexclusivement”?

Les fonctionscumulativesduscheih-ul-islam proviennent decequelecode Mulléka, quirégit

(37)

REFORMES ENTURQUIE. 31 actuellementlessujetsottomans,embrasse,comme

leKoran,lesloiscivilesetreligieuses.Maisilest écritdansleKoran:Organise-toi, et tu seras àla têtedesnations.Desoncôté,leSultanaledroit de façonneretdecombinerlaloiàsongré,pourvu qu’iln’en altèrepasl’esprit.Qui s’oppose doncà cequ’on séparelesélémentsdiversqui sontcon*

fondusdanslecode Multéka,pour entirerdeux codes, l’un religieux, applicableauxsujetsmusul- mans,l’autrecivil,pourtous les sujetsottomans indistinctement?

Danslenouveau système,quandunedécision en matièrereligieusedevrait être prise,lescheih ul-islamenconféreraitavecleSultan,etc'està luiseulqueseraitréservéela missiondel’exé- cutiondelaloireligieuse

;maisilneconnaîtrait plus desaffaires civilesquiseraientpassées dans leressortdugrand-vizir.

Ceserait,dit-on,uncoupd’Etat, une innova- tiontellementcomplètequ’elle seraitundanger pourlegouvernement;lesMusulmansfidèles n’y consentiraientjamais.Ilestpossiblequecechan- gement, accompli d’une manière brusque, exaspé- rerait les esprits, etnouslaissons entière laques- tiondesavoirsil’onnedevraitpas préalablement

(38)

REFORMES ENTURQUIE.

3-2

les y préparerpar deslivrescomposés dansle sens delaréforme.Peut-êtrebienserait-ilpru- dentd’ypréparerlajeunessemusulmane,ensorte quecetteréformene précéderait pas,maissui- vraitcelledel’instruction publique. Cecin’est plusdenotrecompétence,ceque nous prétendons seulement,c’estqu’ilyautilitéàla faire.

Panslesdébuts del’applicationdelasépara- tiondespouvoirs,biendesconflitss’élèveraient entrelesdeuxjuridictions,mêléeshier, isolées aujourd’hui; l’on verraitse produirebiendes essaisd’empiétements delapartdela juridiction religieusepourtenterde reconquériruneportion duterrainperdu.

Nousallons faire connaître lesmoyensqui ont cléprisen Francepourarrêterlamarche des ahus decegenre:à savoir, l’institutiondel’appel commed’abus.

Endroit,ilyaabus,quandlapuissancespi- rituelleentreprend surlatemporelleoulatem- porellesurlaspirituelle,enun mot quandl’une ou l’autreexcède sonpouvoir. Gommechaque juridictiona ses juges, scs matières, ses règles et ses justiciables,quandl’unea entreprissurl’au- tre,lerecoursà l’autoritésupérieure nesaurait

(39)

RÉFORMES ENTURQUIE. 33 exister,lesupérieurétant aussiincompétent que l’inférieurdanscecas. Iladoncfalluprendre unevoieextraordinaire,l’appelcomme d’abus, quiconsisteà recourirausouverain, conserva- teurdel’ordredansl’empire,oudumoins à son Conseild’Etat,qui estletribunal administratif supérieur.

Lavéritéhistorique nous obligeàconstater quecetteinstitution,qui devintune des sauve- gardes deslibertéspubliques,futrendue néces- sairebienplusparlesenvahissements delajuri- dictionspirituelleque par ceux delajuridiction temporelle.

Lescasd’appelscommed’abusseréduisent à troischefs très-distincts:

1°L’excèsde pouvoir en matièrespirituelleou laviolationdesrèglesecclésiastiques;

2°L’abus en matière mixteoulaviolationdes loisetrèglementsdel’empire etdesdroitsdes citoyens.

Unematièreestmixte,quandc’est lespirituel quiaideàtroublerletemporelouviceversa; par exemple, quand unecclésiastiquevioleleslois del’empireoules droitsdescitoyens.

3

(40)

34 RÉFORMES EN TURQÜIE.

3°L’outrage,lesviolences et voiesdefaitdans l’exercicedesfonctions ecclésiastiques.

Par exemple,ilyauraitabusà ce chef,sides prêtresextorquaient,par ruseou parviolence, despapiers,titresdefamilleou depropriété, etc., pour selesapproprier, aprèsavoireffrayé les consciences.

L’onauraitgrandementde quoioccuperune section du Conseil d’Etat ottoman avec les appels d’abus qui luiseraientsoumis pourles derniersmotifssus-énoncés,contre desulémas ou desprêtres chrétiens:au bout d’uncertain temps onverraitlescitoyenstravailleurs etin- dustrieuxregagner surleursmosquéesetsurles communautéschrétiennesunepartiedesrichesses qui setrouvent aujourd’hui perduespourtoutle

mondeentre lesmains decesaccapareursspiri- tuelssiavides des hiens temporels.

Plusieurs des causes quirentrent dans les derniers chefs constituentdes délitspunissables parles loispénales:tellessont les voiesdefait

,

violences, etc.

Encetteoccurence,ledésir d’éviterlescandale etde ne pas compromettrelecaractère sacrédu prêtre,afaitétablirlajurisprudence suivante:

(41)

RÉFORMES ENTURQUIE. 38 Lesdélitsdontunecclésiastique serend coupable enabusant de son ministère ne peuvent, être poursuivis qu’aprèsquel’autorisationduConseil d’Etatenaétéobtenue; quant auxdélits qu’il commethorsdeses fonctions,aucunegarantie nelesépare destribunaux ordinaires, devant lesquelsilestrenvoyé deprime abord.

L’Etatetl’Eglisetrouventuneexcellentega- rantiedansl’institutiondel’appelcommed’abus;

ellepermetà l’undefairerespecter, sansvio- lence, laloitemporelle, et à l’autred’opposer une digueaux scandalespublicsquel’espritd’irréli- gionet l’espritde désordre chercheraientàpro- duire.

EnTurquie,l’appelcommed’abusseraitpour l’autoritégouvernementalel’armeefficace, desti- née àcontenir les clergés etleslaïques,chacun dans sondomainerespectif.

Nous nous sommes longuement étendu sur cettematière,car cen’estpastoutde proposer desréformes,ilestindispensabled’aideràleur réalisationparl’applicationdesprincipes quiont réussià fondercemêmeordrede choses dans une sociétémarchant régulièrement.

(42)

36 RÉFORMES ENTURQUIE.

EXAMEN

des articlesdu Ualti-IIumayoun quiont trait àlareligion.

«Touslesprivilègesetimmunitésspirituelles accordés ab antiquoetàdesdates postérieuresà toutes lescommunautéschrétiennes,ou àd’autres ritesnonmusulmansétablisdans monempire sous mon égideprotectrice, sont confirmés et maintenus.»

11eutétépréférablede lire: Ces privilèges etimmunités sontabolis,etuneégalitéparfaite dedroitsexistera entre lescommunautéschré- tiennes de mon empiredans la questiondes LieuxSaints.

Remarquezcesmotssousmonégide protectrice, ilsnesontpas mis là par surabondance;c'est qu'eneffet ledéploiement d uneforcearméemu- sulmanea toujours éténécessaireauxportesdu Saint-Sépulcre, non pour gênerleschrétiensdans la manifestation de leurssentiments religieux, mais pourlesempêcher desebattreetdes’ex- clurelesunslesautres. Cequ'il afalluquele Gouvernement ottoman dépensât deparoles et décritsdiplomatiques avectoutes lesCoursétran-

(43)

RÉFORMES ENTURQUIE. 37 gères pourcettedéplorablepommedediscorde estinimaginable.

A

quidonnerlaclefdetelle chapelle?

A

qui cetornement,cetterelique, cette poussière,cetatome,cenéant? Mais àtous in- distinctement, monDieu!sous l’égide protectrice duSultan,c'est-à-diresouslesyeux d’uneforte policearméequi,étant musulmane,possède le rareméritedel’impartialité.

«Chaque communautéchrétienne oud’autrerite nonmusulmansera tenue,dansundélaifixe et avecleconcours d’unecommission forméea<lhoc dans sonsein,deprocéder, avecmahauteappro- bation, etsous lasurveillancedemaSublime Porte,àl’examen desesimmunitésetprivilèges actuelsetd’ydiscuteretsoumettreàmaSublime Portelesréformesexigéesparleprogrèsdes lu-

.mièresetdutemps.»

«Les pouvoirs concédés auxpatriarches etaux évêques desriteschrétiens parlesultanMaho- hometIIetsessuccesseursserontmisenhar- monie aveclaposition nouvellequemesinten- tionsgénéreusesetbienveillantes assurentà ces communautés. Leprincipe delanominationà viedes patriarches, aprèslarévisiondesrègle- ments d’élection aujourd’hui en vigueur, sera

(44)

38 RÉFORMES ENTURQUIE.

exactement appliqué, conformément àlateneur deleursfirmansd’investiture.»

«Les patriarches, lesmétropolitains,arche- vêques, évêquesetrabbinsserontassermentés à leurentréeenfonctions, d’aprèsuneformulecon- certéeencommunentremaSublime Porteetles chefs spirituelsdesdiverses communautés.»

«Les redevances ecclésiastiques,dequelque formeetnature qu’elles soient, seront suppri- méeset remplacées parlafixationdesrevenus tlespatriarches et chefsdescommunautés,etpar l’allocationdetraitementsetdesalaireséquita- blement proportionnésà l’importance,au ranget àla dignitédesdiversmembres duclergé.»

«Ilneseraportéaucuneatteinteauxproprié- tésmobilièresetimmobilièresdes divers clergés chrétiens;toutefois, l’administrationtemporelle des communautéschrétiennes oud’autres rites

nonmusulmans sera placéesouslasauvegarde d’uneassembléechoisiedansleseinde chacune desdites communautés parmi les membres du clergé etdeslaïques.»

Ces commissions parcommunauté religieuse expriment des vœux qui,assimilés àceux de nos Conseils généraux,seront les pointsderepère

(45)

RÉFORMES ENTURQUIE. 39 des réformes quel'ontentera leplusimmédia- tement.

Maislesarticlesci-dessusconserventladivi- sionparcommunautésouslerapport del’admi- nistration civile:ilyauradonc autant de codes que derites;d'oùune confusionetune gêne que lestribunauxmixtessontimpuissants àfairedis- paraître.

Cemêmearticlemetaussifinàlavénalitédes patriarchesde chaquecommunauté,qui,souspré- textedel’entretienduculte, pressuraient leurs coreligionnaires, afin d’entasser des richesses, avantle moment de leur déposition par leur conclave: l’argent qu’ils avaient extorqué,leur servaitplus tard à racheter lesvotesdans une réunionultérieuredu conclave etàreprendrela placeàleur successeur.

Désormaisl’aviditédespatriarches etdeschefs immédiatement au-dessous diminuera enraisonde leur inamovibilité;mais,étanttoujourschargésde l’administrationtemporelle dela communauté, bien que sous lecontrôle d’une assemblée de prêtresetde laïques,leprincipede corruption neserapasdétruitetsedéveloppera d’uneautre manière. L’assembléemixtesera choisieparle

(46)

40 RÉFORMESF,NTURQUIE.

patriarche,quiseraalorsjugeet parties,etles malheureusesbrebisdu troupeau decedigne pas- teur n’en serontpasmoins tondues qu’auparavant.

Oninvoquerala piété des fidèles, l’insuffi- sanee dessalairesdel’Etatqui seramêmeaccusé deviserà l’abaissement desritesnon musulmans parcenouveaumoyen, etles donsvolontaires remplaceront danslescoffresduclergéleproduit des anciennes dîmes.Toutefoisledonvolontaire n’arrivantpas à combler entièrementledéficit, ilseratrafiqué delajusticeencore plusimpu- demment,sicela estpossible.

Cequiconviendraitàl'Orientoùlasimonieet laprévaricationsontdevenuesforced’habitude, chezlesMusulmanscommechezlesChrétiensin- distinctement,ceseraitd’enleverauxchefsdes communautéschrétiennes, comme on leferait pourlePontifemusulman,toute parcelledu pou- voirtemporel,qui doitappartenirsans partageà l’Etat.s

- i

(47)

RÉFORMES EN TURQUIE. 41

LEKORAN AVEC LA RÉFORME.

Onapeut-être tropaccuséleKorandetreun grandobstaclepourlacivilisationdes Ottomans.

CependantleKoran,qui est plutôtun livrede préceptesphilosophiquesque dedogmesreligieux, aulieu d’être interprété selonl’intérêt général dupays,nelefutjusquaprésentque conformé- mentà celuides ulémasquiobservèrenttoujours fidèlement ceprécepteégoïste

: que lacharité bienordonnéecommencepar soi-même.Desorle quel’espritd’oppositiondece clergé est certaine- mentun obstaclebienplusdifficileàsurmonter queleKoranlui-même:

«Sachezquela viedecemonden'estqu’un jeuet unefrivolité; c'estuneparure,c’est un sujetde vainegloireparmivous.L'accroissement desbienset un grand nombre d’enfantssont

commelapluie; les plantes qu’elleanimeplai- sentauxinfidèles, maisbientôt ellessefanent, ettu les verrasjauniretdevenir des fœtusdessé- chés. Et au bout de toutcela, dans l’autre monde, lesupplice terrible. »(Koran;chapitre leFer.)

(48)

42 REFORMES ENTURQUIE.

«Ne prenez pas Dieupour point de mire quandvousjurez d’ètre vertueux,de craindre

i

Dieu,etd’établirlaconcordeentreleshommes.

Dieusait etentendtout.

«Pointde contrainteen religion. Lavraie route sedistingue assez de l’erreur. Dieu sait tout.

«Vous commandez desbonnesactionsaux autres, tandis que vous vous oubliez vous- mêmes.

«Nerevêtezpaslavéritédelarobedumen- songe; ne cachezpointlavéritéquandvousla connaissez.

«Lapiéténeconsistepointà tourner vosvi- sagesducôtéduLevant ouduCouchant.Pieux sontceuxqui croientenDieuet-au jourdernier, aux anges, aux Livres etauxprophètes,qui, pour l’amour de Dieu, donnent des secours àleurs proches,auxorphelins,aux pauvres,aux voya- geursetà ceuxqui demandent;qui rachètent lescaptifs, quiobserventlaprière,quifont l’au- mône, remplissent lesengagementsqu’ilscon- tractent,qni sontpatients dansl’adversité,dans les tempsdurs et danslestemps deviolence.

Ceux-là sontjustesetcraignentleSeigneur.

(49)

REFORMES ENTURQUIE. 43

«Lavie decemondeestpour ceux qui ne croientpasetqui semoquentdescroyants.

«Dieu extermineral’usureetferagermerl’au mône.

«Nedissipezpoint vos richessesen dépenses inutilesentrevous;nelesportezpasnon plus aux juges danslebut deconsumer injustement lebiend’autrui..,

«Toutce qui estdanslescieuxet sur la terre appartientàDieu; que vousproduisiezvosac- tionsaugrandjourouque vouslescachiez, il

vous endemanderacompte;ilpardonneraà qui

ilvoudra, etpuniraceluiqu’ilvoudra.Dieuest tout-puissant. »(Koran;chapitre laVache.)

Dans untemps oùilyaeu confusionentre la religionetlapolitique, lesulémas s’emparèrent decette -situationquileur a servi à merveille,et en imposèrentàlanationcommeau gouverne- mentlui-même, eninterprétantleKorancomme

étant incompatible avectoute espèced'innova- tionsdansl’ordre1socialetpolitique. C’estainsi que l’Empire ottomanestrestédansunétatsta- tionnairemalgrélesprogrès qu’accomplirentau- tourdeluilesautrespays.

Eneffet,deuxcastesprédominantesparaissent,

(50)

U

* REFORMES ENTURQUIE.

àcelteépoque,à côtédel’ancienpeuple,celle des guerriers etcelle desprêtresmusulmans.

Les premiers, suzerainsde tousles biens par leur valeur, ainsiquelesanciensFrancs ouNor- mands;lesseconds,influentssurlesespritsde tous, privilégiésparlesloisqued’ailleursilsfai- saient eux-mêmes.Ilssurentainsimaintenir et lesseigneursetlespeuples sousl’omnipotence sacerdotale,en mettantl’immobilitéàl’ordredu jour de lanation,aumoyendedeux puissants auxiliaires,lefanatismequinecréequelaruine etlefatalismequiaboutitaunéant.

C’estencoredecesystèmeà lafoisreligieux, civil etpolitique, fatalesolidarité,que résulte l’isolementdessujetschrétiens, qui,représen- tantlaraceconquise,furentconsidérés comme desétrangersdanslepaysoùilsétaientnés; dès lorstoute fusionentre la raceconquiseetlarace conquéranteestdevenue impossible,etde plus ce défautd’union, cette hostilité entre les citoyens issusdelamêmepatrie,tout enprivantlepays d’unegrandepartiedesesdéfenseursnaturels, a conduit l’Empireàunétatdeprostrationcomplète.

LeKoran, bienqu’exclusifsousles rapports religieux,civilet politique, laissepourtant un

(51)

REFORMES ENTl'RQlIE. 4.1

joura»progrès,uneporteouverteàl’espritde modérationetderéconciliationen accordant aux sultanslafacultédepromulguer des ordonnances dans des casqui exigentune nouvelle mesure dans l’intérêtcommun du pays. Seulement,il

poselaconditiondelessoumettre préalablement àlasanctionduConseilprivé;cetteformalité remplie,ellesont forcedeloi. C’est du reste decette manière queleTanzimat, ouorgani- sationcivile, administrative et politiquede la Turquie,dontl’idéeremonteau règnedu Sul- tanMahmoud,futpromulgué, en 1839, parS.M.

leSultan Abdul-Medjid.Acelteépoque, Réchid- Pacba,ministredesaffairesétrangères,adonné lecturedu Tanzimat devantlepeupleréuni,à Gulhané, en présence deSaIlaulesseétdetous lesdignitairesde l’Empireottoman.

Onpeutdireque lecommencementdes re- formes importantes enTurquie remonte àcette époque depromulgationdu Tanzimat; que s’il avait étégénéralement observécommeprincipe et mis en pratique il faciliteraitl'introduction d’autresréformesdanscetempire.

Lacivilisation setrouvedonc engermedans uncoinduKoran;lemalheura étéqu’aulieu

(52)

40 RÉFORMES ENTURQUIE.

de faire levercegerme les parties intéressées l’ontconstammentétoufféjusqu'àprésent.Ilim- portederemarqueraussique,malgrétoutes les entravesquelesulémas cherchentàapporterà sonautorité,leSultanesttouten Turquie,etil

peut par une raison d’État quelconque prendre des mesures pourfaciliter l’introductionde ré- formesradicaleset ledéveloppement dela civilisa- tionde son peuple.

Tandis que, d’unepart, les ulémasinterpré- taient le Koran selon leurpropre intérêt, ils cherchaient,d’unautrecôté,d’accordavecquel- ques hauts personnages, à donnerà ceLivreun sens conformeàleurspassions,telque,s’ilétait généralement adopté,ilnuiraitbeaucoupàlaci- vilisationdes Musulmans:jeveux parlerdela polygamie.Ce n’estque danslaclasse aiséeet surtoutchezlesgrandspersonnagesque Tonvoit des doublesmaisonsattenantes,dont l’uneest destinéeauxhommesetl’autreaux femmes, qui entraînentunluxededomestiquesextraordinaire etunedouble dépense.Chezlepeuple, on ne voit qu’uneseule maison etun seul ménage;

laplupartn’ont qu’unefemme. Pourquoidonc chaquemusulman ne se rangerait-il pas sous

(53)

RÉFORMES ENTURQUIE. 47 cette condition sociale

, puisqueleKoran,qui autoriselapolygamie, conseilleenmêmetemps den’avoirqu’uneseulefemme;et d’ailleurs,la polygamie nedevient-ellepasunobstaclenon- seulementà la civilisation,maisà l’accroissement delapopulation musulmane? Ce mode d’exis- tencesansliennicondescendance,n’a-t-ilpas, eneffet,cegraveinconvénientd’êtrecause des avortementsprovoquéssirépandus chez lesmu- sulmanes.VoicidurestecommentleKorans’ex- prime àce sujet.

«Les femmes sont votrechamp,cultivez-le

comme vousl’entendrez, ayant faitauparavant quelqueactededévotion.CraignezDieuetsa- chezqu’un jour vousserezensaprésence...

«Craignez Dieuqui vousacréés tous d’un seul individu;ilcréadeluisacompagne,etpuis decesdeuxêtresilfitsortirtantd’hommesetde femmes.Ohommes!craignezleSeigneur,aunom duquel vous vousfaitesde mutuellesdemandes, etrespectezles entraillesquivous ontportés.

«Sivous craignezde ne pasêtreéquitables enversles orphelins, n’épousez,parmilesfemmes quivousplaisent,que deux,troisouquatre.Si vouscraignezencored’êtreinjustes,n’enépousez

(54)

4S RÉFORMES ENTURQUIE.

qu'uneseule,ou uneesclave.Celteconduitevous aideracertainementàne pasêtreinjustes.

«Si vousdésirezchangerunefemmecontre uneautre(répudierunefemmepour en épouser uneautre),etque vouslui ayezdonnécentdy- nars,neluienôtez rien...

«Siledivorce estfermementrésolu,Dieusait etentendtout.

Les répudiéeslaisserontécouler letemps de troismenstrues avant deseremarier.Cesfemmes ne doiventpointcacherceque Dieu acréédans leursein...Ilestplus équitablequeles maris les reprennent quandellessontdanscetétat, s’ilsdésirent lebien.Lesfemmesàlegardde leursmaris,cesderniersà l’égarddeleursfem- mes, doiventseconduirehonnêtement...

« 11-vousest interditd epouser vos mères

,

vosfilles,vossœurs, vostantes, vosnièces,vos nourrices,vossœurs delait,lesmères de vos en- fants, les fillesconfiées à votre tutelleetissues desfemmesaveclesquellesvousauriez cohabité...

n’épousez pasnon pluslesfillesde vosfilsque vous avez engendrés,ni deux sœurs.Silefait estaccompli, Dieuseraindulgentetmiséricor- dieux.»(Koran;chapitre laVache.)

(55)

REFORMES ENTURQUIE. 49 LeKoran, bien que sévère enverslesautres religions, tolère néanmoinslechristianismeet laisseunmoyendeconciliationentre lesMusul- manset lesChrétiens.

«Nousvousavonsenvoyé desapôtres,accom- pagnés designes évidents;nousleuravonsdonné

lelivreetlabalance,afinqueleshommesobser- ventl’équité.Nousavonsfaitdescendred’enhaut lefer.Enluiilyaunmalterrible,maisaussi del’utilitépourles hommes. Ilvousl’adonné pour savoir qui d’entre vous l’assistera ainsi que son apôtre avecsincérité.Dieuestpuissant etfort.

«Nous envoyâmes Noéet Abraham,etnous établîmesledonde prophétie dansleurs des- cendants, ainsiqueleLivre, lesEcritures;tel parmi euxsuitlavoiedroite, mais!a plupart sontdespervers.

«Nous envoyâmesaussi sur leurs tracesd’au- tresapôtres,commeJésus,filsde Marie, à qui nousdonnâmesl’Évangile;nousmimesdansles cœurs desdisciplesquilesontsuivis ladouleur, lacompassion;la viemonastique,cesonteux- mêmesqui l’ont inventée (désapprobation de Mahomet).Nousn’avonsprescritqueledésirde

4

(56)

30 RÉFORMES ENTURQUIE.

plaire àDieu;mais ilsnel’ont point observé commeilsledevaient.Nousavonsdonnélaré- compense àceuxd’entreeuxquiontcru,mais laplupartsontdespervers.

«Ocroyants! craignezDieuetcroyezàson apôtre...(Koran

;

chapitreleFer.)

«N’engagez des controverses avecleshommes desEcrituresque delamanièrelaplushonnête, à moinsquecenesoientdeshommesméchants.

Dites:nous croyons aux Livres qui nous ontété envoyés,ainsiqu’àceuxquivous ontétéenvoyés.

Notre Dieuetlevôtresontun,etnous nousré- signons entièrement à sa volonté.(Koran

;

cha- pitre l’Araignée.)

«Quelques-unsd’entreeuxtorturentlespa- rolesdesEcrituresavecleurlangue,pour vous fairecroirequece qu’ils disent s’ytrouveréelle- ment.Non,cecine fait point partie des Ecri- tures.Ilsdisent: cecivientde Dieu.Non,cela nevientpointde Dieu.Ilsdisentdesmensonges surDieu,etilslesavent.

«Convient-ilquel’hommeàquiDieuadonné

leLivreetlasagesseetledon de prophétiedise aux hommes : Soyez nos adorateursenmême temps queceux de Dieu.(Il s’agit icidesChrétiens:

(57)

REFORMES EN TURQUIE. 51 Mahomet nous reproched’adorerJésuscomme unDieu.)(Koran;chapitreFamille d’Imran.)

«CeuxquinecroientpasenDieuetàses apôtres,ceux qui veulentséparer Dieu descs apôtres,quidisent:nous croyons aux uns, mais nous ne croyons pasauxautres...Ceux-là sont véritablementinfidèles.

«Leshommes des Ecriturestedemanderont defairedescendreunlivredu ciel. Ils avaient demandéàMoïse quelque chosedeplus;ilslui disaient : Fais-nous doncvoirDieu distincte- ment;mais une tempêteterriblefonditsureux en punition deleurméchanceté. Puisilsprirent pourobjetdeleuradorationleveau...

«Ilsn’ontpoint cruàJésus; ilsontinventé contreMériem(Marie)un mensongeatroce.

« Ilsdisent:nous avons mis àmortleMessie, Jésusfilsde Mériem,l’envoyéde Dieu.Non,ils

nel’ontpointtué,ilsnel’ontpointcrucifié;un hommequiluiressemblaitfutmis àsa place...

Ilsnel’ontpointtuéréellement; Dieul’aélevé àlui,etDieu estpuissantet sage.»(Koran; chapitrelesFemmes.)

Telssont lesprincipauxpointsdu Koranrela- tifsauchristianisme.

(58)

32 RÉFORMES ENTURQUIE.

Si cette toléranceduKoranest restéesans fruitetquelesserviteursduChristontététant defoispersécutés,c’estencore auxinterprétations plusoumoinsfausses qu’ilfautenattribuer la cause.

«Ehbien! s’écrieM.Emile de Girardin

, si

le catholicismeafléchi, si l’extermination des hérétiquesn’estplusprêchéeenchaire,ni for- mulée enédits,silesbûchers del’inquisitionse sontéteints,sila civilisationetlalibertél’ont enfinemporté surlasuperstition et l’intolérance, malgréleserment encore actuellementexigédes évêques,pourquoi leprogrès quis’estopéréen Occident nes’accomplirait-ilpasen Orientsous lapressiondesmêmesnécessitéssociales?(Ques- tiond'Orient.)

Ilestévidentquelacivilisation,d’oudépend

lesalutdupays, nedoitpasêtreentravéeparle Koranquia servideprétexte jusqu'iciàl’inertie;

ilfautdoncécarter toutes lesinterprétationsqui empêchentlaréforme,etentrerfranchementdans lavoienouvelleen rapport avecleprogrèsetla civilisationeuropéenne.

(59)

RÉFORMESENTURQUIE. 38

INSTRUCTION PUBLIQUE.

Nousfaisonspasserl’instructionpublique avant lajustice, parcequec’esten suivantlesystème des médressésturcsquel’onpeut seulement com- prendre quels sontlesmagistratsottomans.

Jusqu’en 1845toute l'instruction dérivades ulémas,ou corps deslettrés,etnon desprêtres, confusionquefontgénéralementlesOccidentaux àce sujet.

Prenonsl’enfantottomanau berceau

;lepère, lorsqueson filsaatteint lagede cinqousix ans, l’envoiedansunmektebouécole;ily ap- prend,moyennantunerétributionplusquemo- dique,lesélémentsdesa religion, etc'esttout: ilypasseraitsa vie qu'ilensortiraitsanssavoir épeler :d’ailleurs,commentépeler unelangue quin’apasde voyelles?

Quantà récriture, elleestsicompliquéeque de longues étudessontindispensablespour en ac- quérirlaconnaissance, même imparfaite.

Laplupartdes enfants, presquetousmôme

s’arrêtentàl’instructiondonnée danslesmektebs;

ceux qui se destinent aux carrières libérales

(60)

54 RÉFORMES ENTURQUIE.

serendentdansune grandeville,et entrentdans unmédressô,écoleattenante aux mosquées,où l’instruction estgratuite, grâce auxrichesdota- tionsdecesétablissements.

Là, l’enseignement comporteplusieursdegrés;

maisilrouleentièrement sur la lecture, l’écri- tureetla littérature deslangues orientales, et principalementsurleKoranetses interprétations.

Lesétudiants (softas)que rebutentles longs travaux ou qui sont moins ambitieuxsecon- tententdupremierdegré etdeviennent imams (ministresducultemusulman).

Lesecond rangdes ulémasdans l’échelledo l’instructionformelescadisou jugesordinaires.

Le troisième rangse composedesmuderris (professeurs).

C’estdanslequatrième rangqueseprennent lesmollahs(magistratsdel’ordresupérieur).

Unlongstageséparechacun decesdegrés,de tellesorte qu’il fautàun uléma unepatiencede trenteansau moins pour prétendre aux premiers emplois delamagistratureetdel’administration.

Cette organisation étaitbonneaupointdevue exclusifdelaconquêtemusulmane,etdelapré- dominance du Korancommeinstrumentcivilet

(61)

REFORMES ENTURQUIE. «5 religieux;maiselleétaitcomplètement impropre àassocier les populations aux bienfaitsd’un enseignement national. Ce mode d’instruction pèche parsabase;l’ulémarepousse systématique- menttout cequi n’estpasleKoranoula tradi- tionmusulmane,ilenest restéà la médecine arabe, ilnesesoucienullementduprogrèsdes sciencesetdesartsenEurope;lesmathématiques, laphysique,lachimie,lamécanique,età plus forteraisonlesapplicationsdecessciencesdi- versesauxartsindustriels,à la guerre, à lama- rine,à l’agriculture,neparaissentpas dignes de fixerl'attentiondesvraiscroyants,quisechar- gentnéanmoinsd’êtreseulslesadministrateurs, lesjugesetlesprofesseursdela nation.

L’instructionpublique, entre les mains du clergé musulman, seul corps enseignant,étant limitéeàl'étudedelareligionou dela littérature religieuse,ilrésultadecesystèmeuniformed’en- seignementdanslesécolesditesmektebetme- dressé,oùlajeunessemusulmanepassait laplus grandepartiede savie,de graves inconvénients pourlepays.Et,d'abord,une foissortisdeces écolesroutinièresetmonotones oùilss’abrutis saient,lesjeunesgens n’avaientnilesnotions

Références

Documents relatifs

Nous allons vous rencontrer et vous accueillir à la frontière, puis vous partirez pour la ville de Sheki.. Vous visiterez le Panoramique View, le magnifique

c’est pour cela que l’on peut poser l’hypothèse selon laquelle La Boîte verte est porteuse d’une idée originale que Marcel duchamp se faisait de la place de l’art dans la

Vous  passerez  la  journée  à  visiter  la  Cappadoce,  fabuleuse  région  de  paysages  lunaires,  résultat  de  l'activité  volcanique  produite  il  y  a 

Alors que les Etats-Unis et l’Europe, mais aussi leur allié turc, avaient à tort misé sur une chute rapide de Bachar al Assad, il apparaît que la fin des hostilités en Syrie

Enfin, dans les quelques petites régions calcaires du sud et du sud-est du pays, la corrosion de ces terrains asso- ciée à l'érosion mécanique par les eaux d'infiltration et

L’arménien classique s’est développé avec l’apparition de l’écriture arménienne au début du V e siècle, pour évoluer progressivement vers l’arménien

Concours de la Francophonie du 20 mars au 13 avril Le 20 mars, la journée internationale de la Francophonie 2021, nous avons lancé le Concours de la Francophonie pour les

Face à un tel intérêt pour la langue et la culture françaises, Bertrand Bareilles s’aperçoit qu’on pourrait les leur apprendre dans leurs propres pays. Il se rend compte que