MATRICES,
SUITES & PROBABILITÉS
I) Suites récurrentes
Différents types de suites définies par des relations de récurrence se ramènent à l’étude d’une suite de matrices colonnes
( )
Xnvérifiant une relation de récurrence du type
1
n n
X + = A X +B, où A est une matrice carrée et B une matrice-colonne.
1) Cas où B est la matrice nulle
P1 : Si une suite de matrices-colonnes
( )
Xnvérifiant une relation de récurrence du type
1
n n
X + = A X , où A est une matrice carrée, alors pour tout entier naturel n, Xn =AnX0. E1 : Exemple : Suites récurrentes d’ordre 2
Soit
( )
un la suite définie par u0=0 , u1=1 et, pour tout entier naturel n : un+2=0 4, un+1+0 6, un On définit la matrice-colonne1 n n
n
X u
u +
=
. a) Vérifier que la relation ci-dessus s’écrit alors :
1
n n
X + = A X
où A est une matrice carrée d’ordre 2.
b) Conjecturer avec la calculatrice la limite de An lorsque n tend vers l’infini, et la limite de
( )
un . D1 : La suite de matrices( )
Xn telle que n nn
X u v
=
, converge lorsque les suites
( )
un et( )
vnconvergent.
Plus généralement, on dit que la suite de matrices-colonnes
( )
Xn de taille p estconvergente lorsque les p suites formées par les termes correspondant à la même ligne
convergent.
La limite de cette suite est alors la matrice- colonne formée des p limites ainsi obtenues.
2) Cas général
P2 : Si une suite de matrices colonnes
( )
Xnvérifiant une relation de récurrence du type
1
n n
X + = A X +B
converge, alors sa limite X est une matrice- colonne vérifiant l’égalité : X= +A X B.
P3 : Soit I la matrice identité de même taille que la matrice carrée A.
Si la matrice I – A est inversible, alors pour toute matrice colonne B (de même taille que A), il existe une unique matrice X telle que
X= +A X B.
En effet, cette égalité peut s’écrire :
X− =A X B, i.e. I − =X A X B, i.e.
(
I−A)
X =B, i.e. X =(
I−A)
−1B.Conséquence : Si une suite de matrices colonnes
( )
Xn vérifiant une relation de récurrence du type1
n n
X + = A X +B converge, alors sa limite X ne dépend pas de l’état initial X0.
P4 : Si la matrice I – A n’est pas une matrice inversible, alors on admettra que :
• soit il n’existe aucune matrice-colonne X vérifiant X= +A X B et la suite
( )
Xnne peut être convergente.
• soit il existe une infinité de matrices colonnes X vérifiant X= +A X B dont l’une est
éventuellement la limite de la suite
( )
Xn . E2 : Exemple : Suites à récurrences simultanéesSoit deux suites
( )
un et( )
vn définies par :0 5
u = , v0= −2, et pour tout entier naturel n,
1 0 6 0 2 1
n n n
u+ = , u − , v + et vn+1=0 3, un−0 3, vn+4. a) Soit n n
n
X u v
=
. Vérifier qu’il existe une matrice carrée A d’ordre 2 et une matrice colonne B telles que les relations de récurrence ci-dessus
s’écrivent :
Pour tout entier naturel n , Xn+1= A Xn+B. b) On admet la convergence des suites
( )
un et( )
vn .Déterminer leurs limites.
II) Marche aléatoire – Matrice de transition D2 : On considère la variable aléatoire Xn prenant
les valeurs A ou B à l'étape n. On rappelle que A et B s'appellent les états de Xn.
Par exemple, X3=B signifie que la voiture est dans l’agence B à la fin de la troisième journée.
La suite de variables aléatoires
( )
Xn est appelée marche aléatoire sur l'ensemble des issues
A B,
, c’est-à-dire : l'état du processus à l'étape n + 1 ne dépend que de celui à l'état n, mais non de ses états antérieurs.D3 : Dans le cas d’une marche aléatoire à p états, on appelle matrice de transition des états, la matrice carrée d’ordre p dont le coefficient de la ligne i et de la colonne j est la probabilité de transition du sommet i vers le sommet j, ou encore la probabilité d’arriver en j sachant qu’on est parti de i.
Remarque : Les probabilités de transition du 1er sommet vers chacun des sommets du graphe constituent la première ligne de la matrice, les probabilités de transition
du 2e sommet vers chacun des sommets du graphe constituent la deuxième ligne, etc.
D4 : La somme des coefficients de chaque ligne est donc égale à 1 : on dit que la matrice T est une matrice stochastique selon les lignes.
P5 : Pour tout entier naturel n,
1
n n
U + =U Tet Un=U0Tn.
P6 : Si une marche aléatoire à p états, de matrice de transition T, converge, alors la suite ( )Un
converge vers U vérifiant U T =U.
E3 : Une entreprise de location de voitures propose de louer des voitures à la journée.
Elle possède deux agences A et B dans lesquelles un client peut indifféremment déposer en fin de journée le véhicule loué le matin.
On constate que : 70 % des voitures qui ont été louées à l’agence A le matin sont rendues en A, les autres étant restituées à l’agence B, et 85 % des voitures louées à l’agence B sont restituées en B, les autres étant déposées en A.
Les données de l’énoncé peuvent être traduire par le schéma ci-dessous appelé graphe.
Les points A et B sont appelés sommets du graphe. On appelle matrice de transition associée à ce graphe la matrice T :
( ) ( ) ( ) ( )
vers vers
de de
A A
B B
A B
p A p B A
p A p B B
→
→
A) 1) Écrire la matrice de transition T de ce graphe.
2) On choisit au hasard un véhicule dans cette flotte de voitures et on suit ses déplacements au cours du temps. Pour tout n entier naturel, on notera Xn la variable aléatoire donnant l’état du véhicule à la fin de la n-ième journée.
L’état A (respectivement B) étant « le véhicule
est dans l’agence A (respectivement B) ».
Pour tout n¸ on représente par Un=
(
an bn)
la loi de probabilité de Xn.
La loi de probabilité initiale (c’est-à-dire représentant la répartition initiale des véhicules entre les agences A et B) est donnée par
( )
0 0 0
U = a b .
a) On note An (respectivement Bn) l’événement :
« la n-ième journée, le véhicule est dans l’agence A (respectivement B) ». On a donc An =(X =an) et p A( n)=an. Faire un arbre pondéré faisant apparaître les événements An, Bn, An+1 et Bn+1. b) En déduire un système permettant d’exprimer
1
an+ et bn+1 en fonction de an et bn.
c) Vérifier que ce système peut s’écrire sous la forme Un+1=UnT.
B) 1) On suppose que 0 1 2 3 3
U
= .
Calculer U1et U2. Que peut-on dire de Un ? 2) On suppose que U0=
(
0 75, 0 25,)
.a) Donner, grâce à la calculatrice, les valeurs approchées de U7, U14 et U28.
b) Toujours à l’aide de la calculatrice, conjecturer le comportement des suites ( )an et ( )bn
quand n tend vers +. Interpréter.
3) Mêmes questions qu’au 2) avec U0=
(
0 4, 0 6,)
puis U0=
(
0 9, 0 1,)
.Quelle conjecture peut-on émettre ? 4) Démonstration de cette conjecture :
Connaitre l’expression de an et bn permettrait de déterminer les limites des suites ( )an et ( )bn . On a vu que pour tout n, Un=U0Tn.
Il faut donc calculer T n, ce qui peut se révéler compliqué. Soit 1 0 3
1 0 15 S ,
,
= − . a) Justifier que S est inversible et calculer
D=S−1 T S. Que peut-on dire de la matrice D ? b) Calculer Dn.
c) Montrer que pour tout entier naturel n non nul,
1
n n
T = S D S−
d) En déduire les coefficients de Tn puis les limites des suites ( )an et ( )bn .