B ERNARD J AULIN
Sur l’art de sonner les cloches
Mathématiques et sciences humaines, tome 60 (1977), p. 5-20
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1977__60__5_0>
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SUR
L’ART
DE SONNER LESCLOCHES*
Bernard
JAULIN**
Les airs de cloches sont
plus agréables
à entendrequ’à décrire.
On vatenter, cependant,
de raconter certains de leursaspects.
On
dispose
de n cloches numérotées1,2,...,n.
Deux cloches de la"batterie"
donnent des sons
différents,
onpeut
donc supposer que le numérod’une
clochedésigne
la"note" qu’elle joue.
Soit Tn l’ensemble
de tous les ordres totaux sur{1,...,n}.
Il y en a n !(3! = 6, 4 ! = 24,
..., 12! - 379 . 001.600).
Un élément t ET n définit
pour lessonneurs de cloches une salve ou volée
(en anglais
on utiliseparfois
le mot"change").
Si tE Tn on
ndésigne
part.
il le numéro de la cloche à lazéme place
pour
l’ordre
t et onécrit
t =tl.tz...tn.
Ainsi
si t = 2 4 3 15, jouer
cette volée de 5cloches, c’est jouer d’abord
lacloche
n°2 (le
ré parexemple), puis
la clochen°4 (le fa),
etc..Si t2 - k,
1
i on dit
que i
est laplace
de lacloche k
dans la salve t.-
l’ordre
naturel sur{1,...,n}
sera notéi.
Pour cet ordre on a i. -j.
J On
peut
alors poser la définitionsuivante
conforme à la tradition descampanologistes.
- Un air de cloche est une suite A =
t
1t2
..,tn’+1
de voléessatisfaisant
les troisconditions
suivantes :* Texte
d’un exposé
fait àl’A.P.M.
en Mars 1977.**Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales.
1)
Toute voléeapparaît
une et une seule fois dans la suite A sauf la salve i quel’on
trouve au début et à lafin
del’air 1.
2)
Une cloche sedéplace d’au plus
uneplace
dans deux voléesconsécutives.
3)
Une cloche ne doit pas rester à lamême place
danstrois
voléesconsécutives.
- les
conditions
2 et 3 sontliées, dit-on,
à desconsidérations d’esthétique.
La condition 1
répond
à unsouci
louabled’exhaustivité (ou d’égalité) qui
estcontraignant.
Eneffet,
pourjouer
les 40 320 salves surhuit cloches, il
fautà peu
près
24 heures(un
air surhuit
cloches a étéjoué
à Leeds en1741).
Ainsi
pourjouer
unair
sur neuf clochesil
faut 9jours,
10 cloches 3mois,
sur 11 cloches
près
de 3 ans et sur douze cloches une trentained’années.
Autant
dire
que de telsairs n’ont jamais
étéjoués
etpourtant,
lescampanologistes,
dès le17e siècle donnaient
des méthodes pour les sonner(un air
sur 4 clochess’appelle
un"single" ou"minimus",
sur 5 un"double",
sur6 un
"minor",
sur 7 un"triple",
sur 8 un"major",
sur 9 un"cater",
sur 10un
"royal",
sur Il un"cinque",
sur 12 un"maximus").
Ce sont ces méthodes
qui
nousintéressent
etqui témoignent,
comme on le verra,d’une certaine pratique
du groupeSn
despermutations
sur nobjets.
- Le terme
anglais "change" laisse
supposer que lescampanologistes
fontopérer
Sn sur Tn
parl’intermédiaire
desplaces
quel’on désigne
encore par les nombres1,...,n.
Onutilise
lanotation cyclique traditionnelle
pour les éléments deSn
et on note
multiplicativement
lacomposition
dansS .
n Ainsi sis =
(134) (25),
celasignifie
ques(l)
=3, s(3) = 4, s(4) = 1, s(2) = 5, s(5) =
2 ets(x) =
x pour toutx # 1,2,3,4,5
...Sn est n-transitif,
ilopère
surTn
parl’intermédiaire
desplaces
de lafaçon
suivante :
si,
parexemple,
t =241 365 et si s =(134) (25)
commeci-dessus,
alors
s(t) =
362 145 : lecycle (134)
de lapermutation
s a pour effet"d’envoyer"
la cloche enposition
1 à laposition 3,
celle entroisième place
va à la
quatrième,
et celle enquatrième place
vient enpremier.
Lecycle (25) échange
les cloches enposition
2 et 5. Les cloches aux autresplaces
nebougent
pas. Defaçon générale si s E Sn et
n tE Tn,
n alors(s(t))2=
its 2 . s(i)
Dans ces
conditions,
trouver unair
decloche, c’est-à-dire
unesuite
A =
tlt2. tn!+1 d’éléments
de Tsatisfaisant
auxconditions 1,2,3, revient
à
engendrer
le groupeSn de façon unicursale (condition 1)
enutilisant
despermutations particulières (condition 2)
et enrespectant
la condition 3.1 Dès que
na7, (7! = 5040,
8! =40320...),
sonner toutes les voléespossibles
est une
exigence difficilement compatible
avecl’endurance
des sonneurs de cloches. Dans ce cas, oncherche,
leplus souvent,
à sonner leplus
de voléespossibles
ou toutes les voléesd’un
certaintype.
Nous
retiendrons cependant
lacondition
1qui
a donc un caractère un peuthéorique
àlaquelle
sont liés lesproblèmes traditionnels
de lacampanologie
(cf. infra).
-
D’après
lacondition 2,
lespermutations
quel’on peut utiliser
sont cellesqui échangent
desplaces consécutives.Elles
sont doncd’ordre
2.(Si l’on désigne
parCn c Sn
leurensemble, Cn peut être défini
de lafaçon suivante.
Soit
s E Sn,
n si supp s ={i / s(i) # i}
etsi l’on appelle transposition
consécutive les
permutations
dont lesupport
est constitué de deux entiersconsécutifs
alorsCn
est leplus petit
sous-ensemble deS n
contenant lestranspositions
consécutives tel quesi sl,s2
ECn
et suppsf1
supps2 = 0
alors
s 1s 2e Cn.
°Ainsi
C3 - {(12),(23)}, C4= { ( 12) , (23) , (34) , ( 12) (34) }, C5= { ( 12) , (23) , (34) , (45), (12) (34), (12)’(45), (23) (45)}
etc. et iln’est
pasdifficile
de définir lafonction n
--Ic 1
ouJC ! 1 désigne
le nombred’éléments
deC .
’ n ’ n ° n
Ainsi
pour construire unair
decloche,
onutilise
un sous-ensemble X cC n
possédant
les deuxpropriétés
a et bsuivantes.
’
a)
Xpermet d’engendrer unicursalement S ,
nc’est-à-dire qu’il existe
unesuite xI,x2,...,xn! d’éléments
de X telle quea1)
Pour touts E Sn,
n ns 1n,
ilexiste
un seul p n! telque
s =xl,...,x .
pa2) x,...,x n. ,= 1 n , ln désignant l’identité
deSon.
La condition a
traduit
lacondition 1,
ladéfinition
deCn
lacondition
2 etla b
correspond
à lacondition
3.Notons, puisque x2=1 n
n pour tout x EC ,
n quedeux éléments
consécutifs
de lasuite
sontnécessairement
différents.D’autre part,
on remarquera que lacondition
b estéquivalente
à lacondition b’
suivante.
-
Caractériser
les sous-ensembles deC satisfaisant
aux conditions a et b ci-n
dessus
(la condition
bpeut être considérée
commeaccession cf infra)
est unproblème
difficile.Aussi
nousconsidérerons d’abord quelques exemples
desolutions
(ou méthodes) proposées
par lescampanologistes,
cequi
nous amènerad’ailleurs
à rencontrerd’autres aspects
de lacampanologie.
Quelques airs de cloches
Considérons
d’abord
le cas n =3, bien
que lescampanologistes n’en
fassentpas
grand
cas car il y a seulement deuxairs possibles.
On a
C 3 = { ( 12) , (23) } .
On a donc
l’air suivant :
et celui
obtenu en échangeant les rôles
despermutations (12)
et(23).
s.C S
n
désigne
le sous-groupe de Sn
engendré
parsi,s 29 ... !>s
il n n p
On voit
ici
queS 3
=D6
oùD désigne
le groupe dihédral à 2néléments,
ungroupe étant dihédral si et seulement si il
peut être engendré
par deux éléments depériode
2.-
Soit
maintenant n = 4. Un air sur 4 cloches est unsingle.
On a
C4
=(12) (34) (23) (12) (34)
On sait que
S4 n’est
pasdihédral:
ce quel’on peut
voir de lafaçon suivante.
Comme
Is 41
=24,
onaurait S4
=D24’ c’est-à-dire qu’il existerait
deux élémentss,ls2
depériode
2 dont leproduit
s =s 1s2 serait d’ordre
12.Or
l’ordre d’un
élément de54
est auplus d’ordre
4.La solution retenue par les
campanologistes généralise
lasolution qui s’impose lorsque
n = 3. ° Elle consiste à utiliserDS-{14}
8 4 =D*
8puis
les classes latérales deD 8
dansS4*
CommeD8
à huitéléments,
il y a deuxclasses latérales et
l’on peut espérer
passer del’une
àl’autre
àl’aide d’un
élément deC 4« C’est
cequi
seproduit :
soit en effetsI
=(12)(34) z2
=(23).
Alors s =s 1s2
=(1342)
estd’ordre
4. DoncG(Sl,S2)
estdtordre 8
et est donc
égal à D 8* Soit enfin
s3 = (34)
de telle sorteque X
=
{sl,s 2’s3
On constate alors que la
suite
de volées obtenue enappliquant
sur la salvecanonique
lesfacteurs-gauches
duproduit [(s]s2)3s]s3]3
est un air decloche. En
d’autres
termes, cet airs’obtient
encommençant
parappliquer s1
sur la salvecanonique puis s 2
sur la salveobtenue, etc.,
et àarrêter
cette alternance pour
utiliser
s 3
avant le moment où onreviendrait
à lasalve
canonique, c’est-à-dire appliquer s 3
sur la salve(s 1s2)3s1 (i3
"s~(i~)
car
(s1s2)4
== 1 et~~2~ ~
=S2’
et recommencer, etc.Regardons
ce quel’on
obtient :
Cet
air
estparticulièrement simple
àconduire.
Larègle
est lasuivante : :’
on
utilise
s1
ets2
en alternance sauflorsque
la clochen’i revient
enpremière position, auquel
cas onutilise
lapermutation s3.
La
condition
b estsatisfaite
car supps 1 = {1,2,3,4}
etdonc,
pour deuxpermutations consécutives
s2,s2+1
i i 1 de lasuite,
on a supps.
i U supps i=1
i= i{1,2,3,4}.
La condition a
l’est également.
Eneffet, l’ensemble
des facteursgauches du,
L’ensemble
des facteursgauches
deDe
même
on constate quel’ensemble
des facteursgauches
deD8
U243 D8
U(243)2 DS’ Ainsi
lescampanologistes utilisent
ladécomposition
suivante
deS4
en classesdisjointes. n
n’
-
Soit
maintenant n = 5. Unair
surcinq
cloches est un"doubles".
On aLà encore, les
campanologistes
ont cherché à étendre laprocédure utilisée
pour n = 4. Seulement
S5 n’admet
pas dedécomposition
detype 1, c’est-à-dire
queS~
nes’écrit
pas sous la forme de réunion de classesdisjointes
dutype :
p étant
l’ordre
de. supp supp
En effet
si
s ES5, l’ordre
de s estinférieur
ouégal
auplus grand
p.p.c.m.L’ordre d’un
élément deSS
est doncinférieur
ouégal
à 6.Par
suite
sisl,s2E C5, G(sl,s2)
a auplus
douze éléments. Il faudrait donctrouver un élément
s3E C tel
quet2= s2s3
soitd’ordre
10 pour obtenir àl’aide d’une décomposition
detype (1)
les 120 éléments deS5*
Cequi, d’après
ce
qui précède,
estimpossible.
Il y a
plusieurs généralisations
naturellesd’un
telprocédé. Indiquons
uncadre dans
lequel
laplupart
des méthodesproposées
par lescampanologistes
s’insèrent.
-
Soit
X = 1 un sous-ensemble deCn ayant p+2 éléments.
°Le
problème consiste
à trouver unedécomposition
deSn
en classesdisjointes
dela forme
satisfaisant
lesconditions 8
et y suivantes :On
peut
dans ces conditions associer à une telledécomposition
un air de clochedécrit par le dessin ci-dessous où p est
l’ordre
de s =(C’est
aussil’ordre
des’ =
1 car
s1et s2
sontd’ordre 2.)
Ajoutons
unpetit discours
pour clarifier celong dessin.
On passe de la salve
2kp+l
à la salve2kp+2
en utilisant soitsl
1soit s2.
Si
l’on utilise
sj,
,, parexemple,
la salve2kp+3
est obtenue àpartir
de la salve2kp+2
enutilisant s2
et on continue cette alternancejusqu’à
la salve2(k+l)p.
Dans ces
conditions,
comme(s2s1) =1, sl(s2s1) = s ~ - 2
=s 2 et
la salveest la transformée de la salve
2kp+l
par lapermutation s2.
Onutilise
alors lapermutation sk
pour obtenir la salve2(k+l)p+l. Ainsi hk+2=
Le même
procédé
est alors recommencé et conduit à la salve2(k+2)p.
Si cettefois-ci,
on a commencé en utilisants2, c’est-à-dire
si la salve2(k+I)P+2
est obtenue en
appliquant s2
sur la salve2(k+l)p+],
on constate, par lemême
raisonnement
queprécédemment
que la salve2(k+2)p s’obtient
àpartir
de lasalve
2(k+I)P+l
enappliquant
sur celle-ci lapermutation sl.
Dans ce casdonc,
on a
h k+3 = slsk+2hk+2.
Ainsi les conditions(a),(~),(~y) précédentes
assurentque la
suite
de salves ainsi obtenue est un air de cloche. Enanglais,
lasuite
des
2p-1
salvescomprises
entre les salves2kp+l
et2(k+l)p s’appelle
un"lead".
Un leadcorrespond
donc àl’action d’une
classe latérale(à droite)
de
G(sl,s2)
sur la salvecanonique,
ou,plus précisément,
un lead est obtenuen
appliquant
àpartir
de la salve2kp+1
les éléments deG(sl,s2)
dans un desordres naturels que l’on obtient en
appliquant sl
1 ets2
en alternance eten commençant soit
parslsoit
pars2. (Ces
deux ordres sontd’ailleurs inverses
l’un
del’autre).
Lespermutations particulières s2
utilisées pour passerd’un
i
lead à l’autre
portent,
dans lacampanologie traditionnelle,.des
noms :bobs, singles, shunts,
etc.qui
sont liés à laparité
ou à la structure decycle
de cespermutations.
Parextension,
un leadqui
est suivid’un
bobs’appelle
un boblead,
etc.Cette formulation
permet
de définir des formesparticulières d’air
de cloche :on dira
qu’un
air de cloche estcanonique
sil’une
desconditions y(I)
ouy(II)
et une seulement est utilisée. Cela veut donc dire que
chaque
lead est obtenuen
parcourant G(sl,s2) toujours
dans lemême
sens.Notons,
dans ce cas quela condition
(3)
del’introduction
ou la condition(b) n’est
pasastreignante
dès que n est
pair.
Eneffet, il existe
s EG2n
tel que supp s ={!,...,2~},
à
savoir
s =(12) (23) (45)
...(2n-1.2n).
Par
suite
toutes les conditions sur lessupports
sontautomatiquement vérifiées
si
l’on
choisit cet élément deCn
commepremier
élément pourengendrer G(s,,,s 2
La seule condition
posée
par lescampanologistes
etn’ayant
pas un caractère local à savoir la condition(3)
del’introduction
ou la condition(b)
est doncfacile à satisfaire dans ce cas ...
Un air de cloche est
semi-canonique
sis1 si hi.
1 il ilimplique
i -b+2 2 -z,+ 1c’est-à-dire
si deux leads consécutifs sont obtenus enparcourant G(sl,s2)
dansdes sens différents.
Les airs de cloches
canoniques
etsemi-canoniques
sont, dès quel’on connaît sl
et
s2 (et également
lapremière permutation utilisée)
entièrementdéterminés
par la suite des
s’. c’est-à-dire
lasuite
des"bobs" ou"singles",
etc., utilisés.-z,
Il
existe
des conditions naturelles quel’on peut imposer
à cette suite. Parexemple
on diraqu’un
air de clochecanonique
estrégulier (on
suppose ici que les leads sont obtenus encommençant
parsl)
si il est construit parbloc,
c’est-à-dire si l’on
pose etc. et ordre t.=r.alors la suite des
sE
est de la forme :~
En
d’autres
termes un air de clochecanonique
estrégulier
si pour passerd’un
lead au suivant on
utilise d’abord s’
1 autant de foisqu’il
estpossible
c’est-à-dire rl-1
1 fois cartz=s2si
1 estd’ordre rI...
On obtientainsi
unpremier
groupe de
r~
leads. Ce groupe on le translate 1 fois àl’aide
des2
car lapermutation qui fait
passer de lapremière
à la dernière voléed’un
groupe est(ss’) -1 s=s(. On peut
donc utiliser r-1 fois s’
pour obtenir leads
(s2 SI) 1 s2=sj.
Onpeut
doncutiliser .r2-1
1fois s2
pour obtenir 1 leadscar
sls2
estd’ordre r2,
etc.Donnons un
exemple d’air
de clochecanonique régulier,
dans le cas de n=6.On
utilise
sl -
1(12) (34) (56)
et comme suppsi
1 ={1,2,...,6},
nousn’avons
pas, pour le choix des autres
permutations,
à nouspréoccuper
de lacondition (3)
de
l’introduction.
Soit
s2= (23) (45).
Alors
(135642)
estd’ordre
6. Parsuite G(s,s) = D12
le groupedihédral à douze éléments.
Soit sl - (34) (56).
Alorstl - s2s~ - (24653)
est depériode
5. Onobtient
doncles
cinq premiers
leads dont onindique
icisimplement
lespremières
etdernières
volées.
et
l’on constate que sil’on
utilisaits; après
lasoixantième
salve onobtiendrait
la salvecanonique, et, d’autre part
que lapermutation qui fait
passer de la
première
à la soixantième salve est biens’ = (s s’)2 s .
p p 1 2 1 2
On utilise alors
s’ = (23) (56).
Dans cesconditions
t2 - s’s’ = (234)
est de2 2 1 2
période
3. On va donc obtenirtrois
groupes decinq
leads dont onindique
iciles
premières
etdernières
volées.premier
groupe decinq
leadsdeuxième groupe de
cinq
leadstroisième
groupe decinq
leadset
l’on
constate commeprécédemment
que si l’onutilisait s2 après
la salven°180
onobtiendrait
la salvecanonique
ou encore que lapermutation -qui
faitpasser de la
première
volée à la dernière volée d’un bloc de trois groupes ests’ =
2(s’
1 1s’)r2-1 s’.
2 1 Il seraitagréable
de trouver maintenant unélément s’
3 EC 6
6 tel quet3 - s2 s3 soit
depériode
4 etpermettant
de translater sans.
répétition quatre
fois ce bloc. On constate ques3 - (12) (34) répond
àla
condition désirée. On a
t3 - s2 s3 - (1243) (56)
et on obtient les voléessuivantes :
premier
bloc dequinze
leadsdeuxième bloc de
quinze
leadstroisième
bloc dequinze
leadsquatrième
bloc dequinze
leadsLe choix des éléments
sl,s2,sj,s2’s;
deCn
pour construire un air de clochecanonique régulier n’est
pas conditionnéuniquement
par desconsidérations
. ,,,
sur les
périodes
des élémentss’s , t2=s’
12
Il faut en effet que la
décomposition (a)
soit en classesdisjointes. Or,
pour que deux classes latérales
h.G
et h.G soientdisjointes,
il estnécessaire
etsuffisant
que q-1
G. Onpourrait expliciter
cettecondition
pour ladécomposition correspondante
à un air de clochecanonique
régulier.
Ainsi on démontrequ’il n’existe
pasd’air
de clochecanonique
régulier
pour n = 5. Parcontre,
en1640,
Stedman a donné un air de clochesemi-canonique
dans ce cas.Indiquons-le :
Si on pose
est
d’ordre
5.Soit
On constate que ces dix classes sont
disjointes.
Onobtient
doncainsi
6 x 10volées. On
vérifie
demême
que lacondition
sur lessupports
estvérifiée
carOn constate alors que
P(sl,s2,sl) - AS
le groupe alterné surcinq éléments.
Eneffet,
a 60 éléments et estengendré
par 1qui appartiennent
àAS
... Ilsuffit
donc pourobtenir S5
de translater une fois àl’aide d’une permutation impaire appartenant
àC5.
Les seulespossibles
sont(12), (23),
(34)
et(45).
Poursatisfaire
la condition sur lessupports,
il faututiliser
S’ 2 = (12). Regardons
ce quel’on obtient ci-contre.
On
pourrait continuer
ce débutd’herbier d’airs
de cloche.Il existe en effet de nombreuses autres méthodes dont
certaines
sontpratiquées depuis
le 17ème siècle : méthode deGRANDSIRE,
PLAINBOB, ERIN, GLASGOW,
HUDDERSFIELD,
DOUBLENORWICH,
etc.Nous
reviendrons
surcertaines d’entre
elles à propos dequelques problèmes mathématiques
que nous allonsconsidérer maintenant.
ASPECTS
MATHEMATIQUES
Le
problème
decaractériser
les sous-ensemblesd’un
groupepermettant
d’engendrer
unicursalementcelui-ci
est unproblème difficile qui,
à maconnaissance, n’a
pas desolution complète.
R.A.
Rankin
dans"A campanological problem in
grouptheory"
donne unecaractérisation lorsque (XI - 2.
Ses résultatsutilisent
unegénéralisation
d’un argument
de W.H.Thompson, théoricien
de lacampanologie, qui
vers 1880résolvait le
problème
de savoir si l’onpouvait,
avec la méthode deGrandsire, sonner
toutes les volées sursept
cloches en utilisant seulement des"plains"
et des
"bobs leads".
Donnons un aperçu de cette méthode
qui
malheureusement ne segénéralise
pas pourIXI -
nquelconque.
Soient G un groupe fini et
a,~
deuxéléments
de G. On dit que Gpossède
lapropriété
ou r EIN -{0}
si il existe unepartition
de G en rchaînes
tels que ou bien pour tout p,
Le
problème
que seposait Thompson revient
àsavoir si A6 (le
groupe alternésur six
éléments) possède
lapropriété
ou a =(35764), ~ = (274)(356).
Ici
S6
estconsidéré
comme le groupe despermutations
surl’ensemble f2,3,4,5,b,7~.
En
effet,
dans la méthode deGrandsire qui
est une méthodecanonique,
le groupeG(sl,s2)
à 14 éléments ets2s1 -
a =(35764)
ets2sZ = 8 = (274)(356)
ous’
1 ets2
sont
respectivement
le"bob"
et le"plain"
quel’on peut utiliser
pour passerd’un
lead àl’autre.
On
voit
donc que lespremières
salves des leadsd’un
Grandsiretriple,
si il...
b d 7 ! t 6
360 Q.""
existait,
seraient au nombre de2 -
2x72’ -
2 360 et comme aet appartiennent
àA6,
leproblème
deThompson revient
àsavoir si
onpeut engendrer
unicursalementA6
àl’aide
de a et8.
Laréponse
est non.Voyons pourquoi.
Soit y
=a-18 d’ordre
n, aet 8
étantrespectivement d’ordre 1
et m de telle sorte que si N estl’ordre
deG,
les
indices
des sous-groupescycliques A,B,C
de Gengendrés
parrespectivement.
Soit 6 E G. Ondésigne
parQ(6), c’est
la notation deThompson,
la classe à droite de A contenant 6 :Supposons
que Gpossède
lapropriété c’est-à-dire
que G sedécompose
en r
chaînes
dont lesopérateurs
sont a et 8. On a alors leLEMME 1
(W.H. Thompson)
Si
il existe
x EQ(6)
tel que x estopéré
par a, alors tout élément deQ(6)
estopéré
par a.En
effet,
soit x =y 6. L’élément suivant
x dans lachaîne
àlaquelle
ilappartient
est parhypothèse
Ory a-l lô.
Donc
ya-1 à
nepeut
pasêtre opéré par 8 si l’on
veut éviter lesrépétitions,
par
suite ya-lé
estopéré
par a. On endéduit
que tous les éléments deQ(6)
sontopérés
par a.- Ainsi on constate, si dans la
partition
en rchaînes
de G on a utilisé U fois aet V
foins 8
commechaque
classeQ(6)
contient néléments,
que U = n u et V = n v.- La
suite
del’argument
deThompson
estplus
délicat.Soient
Q(6 ),
...,Q(6v)
les v classes àdroite
de A dont les éléments sontopérés
parS.
Considérons les éléments de
l’une
de cesclasses, soit Q(6
parexemple.
La méthode de
Thompson consiste
à étudier le nombrer’
dechaînes appelées
par lui
"round blocks"
quel’on aurait,
si au lieu dej3,
onopérait
avec asur les éléments de
Q(8 )
et il montre queIr-r’l
estpair. Ainsi si l’on part
en utilisant seulement a, comme dans la méthode de Grandsire a estd’ordre 5,
’ on2013-2013
= 72"round blocks" initiaux
et on nepeut
pasarriver
à une seule chaîne enéchangeant
a parS.
De
même si l’on part
p enutilisant seulement 8,
’ on a360
3 = 120chaînes
initiales et là encore en
échangeant certains
par a on nepeut
pas arriver à une seulechaîne.
Cf. infrap . 18 .
Présentons,
defaçon plus précise,
lagénéralisation
due àRankin
de cetargument.
,Dans les r
chaînes
dedé eart,
les éléments deQ(ôl) apparaissent dans h
chaînes. Désignons
par yx
S
lepremier
élémentappartenant
àQ(ô ) apparais-
sant
après y x61
1 dans lachaîne
oùcelui-ci
se trouve. Ondéfinit ainsi
unepermutation
admettant
h cycles.
Soit
S(g
rj6 )
1 lapartie
de la chaîne dont lepremier
élémentest y 6
1 et.
g
. , .le
dernier ygx,61"
Dans chacun de cessegments,
iln’ya qu’un
seul élémentappartenant
àQ(61)
à savoir ledernier
élément et tout élement deQ(ol)
estle dernier élément
d’un
etd’un
seul de cessegments.
Un
petit
dessin : ’Soit
a = a yS
s de telle sorte quea -
0 a et 1--
On va construire à
partir
dusystème
de rchaînes précédent,
unsystème
derl
1chaînes
parrapport
auxopérateurs a,B,as+J
danslesquels
les éléments deQ(61)
seront
opérés
para8+1.
pour ce
faire,
onplace,
pourchaque x, x =
1an’ S(x,61) après
le segmentS(g s+x-l 6) (où
s+x est icicompris moduZo n).
De cette
façon,
ledernier
élément deS(x,6 1) qui
esty 6 est suivi
par lepermier
élément deOn obtient ainsi un
système
de~l chaînes
danslesquelles
lesopérateurs
utilisés
sont Dans cesr chaînes,
desn1
classes latérales à droitede
A,
les éléments de ud’entre
elles sontopérés
par a, v-1par 8
et leséléments d’une classe,
à savoir ceux deQ(6 1)
sontopérés
paras+l.
On vaévaluer
Commeprécédemment
on constate quesi h
1 est le nombre dechaînes parmi
cesr, qui
contiennent des éléments deQ(6,),
querl-hl= r-h
et que
hl
est le nombre decycles
de lapermutation
On a donc
= g0(61). TS
où i est lapermutation
circulaire T =(1
...~z).
Une
propriété élémentaire
de T =T n T n-
1 ...T2
ouTp
=(1p),
montre,appliqué
s
fois,
quelh-h,l - moduZo
2.On a donc
1 r-r, 1
= 2.On
opère
ensuite de lamême façon
avecQ(ô2),...,Q(ôv)
et on obtient desarrangements
de G enr 2er39*’*9rv chaînes
avec àchaque
foisOn en déduit
Ainsi dans
l’arrangement
enrv chaînes
deG,
on a u classes àdroite
de A dontles éléments sont
opérés
par a et v classes dont les éléments sontopérés
paras+1.
On
peut maintenant,
au lieu detravailler
sur les classes latérales de A dont les éléments sontopérés
par~,
considérer cellesqui
sontopérées
par a. On obtientainsi,
sidésigne
lapropriété
pour le groupe Gd’être arrangé
enr
chaînes
en utilisant U foisl’opérateur
a et Vl’opérateur S,
le résultatsuivant :
THEOREME
(R.A. Rankin)
Si
G est un groupe finipossédant
lapropriété
alors si ndésigne
l’ordre de y = a P
moduZo
2 et Gpossède
lapropriété
moduZo
2 et Gpossède
lapropriété
De ceci on déduit immédiatement un
corollaire
utile pour lesapplications
à lacampanologie.
COROLLAIRE
(W.H. Thompson -
R.A.Rankin)
Si G
possède
lapropriété P(a,8,r)
et si nl’ordre
de estimpair, alors
r =
1 1 E ml(mod 2)
où1
1 etm sont
les indices dans G des groupesengendrés
par a
et $ respectivement.
Il suffit pour obtenir ce
corollaire
àpartir
du théorèmeprécédent
defaire,
comme
Thompson,
s = -1 et t = 1 dans le résultatprécédent.
En effet un
arrangement
de Gcorrespondant
à lapropriété P(a,a,U,U,r’)
consiste
évidemment dans les classes à droite de A dans Get par
suiteDe
même si t =
1 alorsr"
=nI.
. Parsuite,
comme n estimpair,
onobtient
lecorollaire
précédent.
L’exemple indiqué plus
haut et traité parThompson
vers 1880 relatif àl’impossibilité
dejouer
sursept
cloches en utilisant la méthode deGrandsire (Grandsire triples)
avecuniquement
des"plains"
et des"bobs leads"
en est uneconséquence numérique.
En effet dans ce cas a =(35764), ~ = (274)(356)
y =
(25764)
et legroupe
considéré Gest U 6 d’ordre
360. Comme11=72,
777 -
120 et que n = 5 ondevrait
avoir 1 = 72 = 120moduZo
2 cequi
estimpossible
,On
pourrait
donnerd’autres applications
à lacampanologie
de ce résultat. Lelecteur en trouvera dans
l’article original
deRankin,
ainsid’ailleurs
que des résultats concernant le parcours unicursald’un
groupe G par deux éléments aet ~ tels que le sous-groupe A
engendré
par y =a 1~
est normal. ,(Dans
ce cas lathéorie précédente
sesimplifie notablement).
REMARQUES
FINALESCette introduction à la
campanologie
est évidemmentbien incomplète.
Elle estinsuffisante par la liste des méthodes que nous avons
évoquées
et surtout par ladescription
que nous en avons donnée : lescampanologistes s’intéressent
notamment au chemin
suivi
parchaque
cloche(une
méthode estparfaite
sichaque
cloche fait le même
"travail")
et,d’autre part,
définissent très souvent uneméthode,
parexemple Stedman, Grandsire,
etc.indépendamment
du nombre decloches,
ce que nous
n’avons
pas faitapparaître.
En outre, nous aurions puégalement
mentionner certains
problèmes
ouverts de lacampanologie (existe-t-il
unStedman
triples
utilisant seulement troissingles,
etc.?),
nous intéresserà différents
problèmes mathématiques spécifiques (existence d’air canonique régulier,
nombre minimum de bobs ousingles nécessaires, etc.)
et à leurrapport
avecd’autres problèmes classiques
comme celui de Hamilton pour le parcours desarêtes d’un isocahèdre
sans repasser deux fois par lemême sommet, l’algorithme
deTarry,
etc. Nousespérons revenir
sur cessujets
à une autre occasion.
Le lecteur pourra trouver dans les manuels
traditionnels
et dans les articlescités
de labibliographie
desindications
sur cesaspects
de lacampanologie. Ainsi
on pourra se rendrecompte
que lescampanologistes,
dèsle 17ème
siècle, pratiquaient
defaçon
non trivialecertains
groupes depermutations
et que leurthéoricien,
au 19èmesiècle,
W.H.Thompson,
utilisaitune
notation,
introduisait des notions et desarguments qui
relèvent de lathéorie moderne des groupes.
BIBLIOGRAPHIE