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Qui devra assumer le coût de l’innovation en orthopédie ?

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

15 décembre 2021

2159

Qui devra assumer le coût de l’innovation en orthopédie ?

Pr ALAIN FARRON et Pr DIDIER HANNOUCHE Il y a 2 millions d’années, Homo habilis inventait

le premier outil en bois pourvu d’un silex taillé en biface, beaucoup plus efficace pour tuer le gibier. Il faudra ensuite attendre près de 1,8 million d’années pour qu’Homo sapiens, du fond de ses cavernes, développe une gamme complète de pierres façonnées et adaptées aux divers besoins quotidiens. Cette première évolution technologique majeure a ainsi donné à nos ancêtres des outils apportant gain de perfor­

mance, au bénéfice de la domination de notre espèce.1 Soixante mille générations successives d’humains auront toutefois été nécessaires pour développer la taille des pierres !

Malgré l’immensité du temps, la course à l’innovation technologique était lancée. Elle caractérise le genre humain et n’a depuis lors cessé de s’accélérer et de prendre peu à peu possession de tous les pans de nos activités.

La médecine, en passant progressivement de croyance à science, a suivi cette évolution.

Les guérisseurs des périodes antiques ont imaginé et conçu des outils leur permettant de soigner leurs semblables. Puis, tout au long des millénaires, sans relâche les médecins les ont perfectionnés, leur permettant d’exercer un art toujours plus performant. Là aussi, la cons­

tante course à l’innovation technologique fût l’indispensable moteur de notre réussite.

Née au 17e siècle, l’orthopédie des débuts avait pour but de corriger les déformations de l’appa reil locomoteur des enfants.2 Les orthopédistes d’antan, ni barbiers ni chirur­

giens, ont inventé et conçu multitudes d’orthèses correctrices destinées à redresser rachis et membres déformés par les affections congénitales et les troubles de la croissance.

L’avènement de la chirurgie en orthopédie, puis son essor fulgurant, a ensuite conduit à la création des dispositifs internes et des prothèses articulaires. Leur remarquable effi­

cacité a permis que les nouveaux dispositifs soient aussi utilisés pour remplacer les struc­

tures usées par les affections dégénératives.

Cette évolution graduelle a conféré à l’ortho­

pédie le statut que nous lui reconnaissons actuellement : celui d’être une science médicale permettant à des centaines de millions d’êtres humains de conserver un appa reil locomo­

teur fonctionnel garant d’indépendance.

L’orthopédie du 21e siècle peut s’enorgueillir de progrès considérables : les procédures chirurgicales deviennent moins traumatiques et mini­invasives ; les développements de l’anesthésie favorisent les prises en charge ambulatoires ainsi que la rééducation accé­

lérée ; les prothèses articulaires se perfec­

tionnent grâce aux dernières avancées en matière de bio­ingénierie. Mais surtout, l’orthopédie actuelle a osé faire le pas de la digitalisation : imagerie tridimensionnelle ; planification chirurgicale à l’aide de logiciels spécifiques utilisant l’intelligence artificielle ; création d’implants personna­

lisés ou adaptables permettant de faire face aux situations les plus complexes. Et les plus récents développements suivent tous cette évolution : positionnement des prothèses par le biais de guides individualisés et imprimés en 3D ; aide à l’implantation grâce à la navigation chirurgicale et la réalité augmen­

tée ; assistance robotique durant certaines étapes cruciales de la chirurgie.

L’histoire orthopédique reste indissociable de l’innovation, portée par des générations de concepteurs, ingénieurs, fabricants, cliniciens, chirurgiens et autres chercheurs. Ces déve­

loppements technologiques nécessitent évi­

demment de gros investissements financiers.

Renoncer au progrès ne semble actuellement pas d’actualité. Il convient dès lors de déter­

miner qui devra assumer les coûts de l’inno­

vation : les bénéficiaires ? Les développeurs ? Les assureurs ? L’État ou les contribuables ? Les stratégies sont encore en cours d’analyse3 et le débat reste ouvert. Dans l’attente de clari­

fication, certains établissements hospitaliers restreignent l’utilisation des technologies de pointe. D’autres institutions, si elles en ont la possibilité, envisagent de reporter les coûts directement sur les seuls patients dotés de moyens financiers suffisants pour les supporter. En matière de technologies innovantes, la médecine à deux vitesses pointe son nez. Une prise de position des autorités politiques, visant à garantir l’égalité d’accès aux soins à tous les bénéficiaires, constitue une priorité ! La pérennité d’un système de santé considéré comme étant l’un des meilleurs au monde le justifie.

Articles publiés sous la direction de

ALAIN FARRON Service universitaire d’orthopédie et de traumatologie CHUV et Université de Lausanne Lausanne

DIDIER HANNOUCHE Service universitaire d’orthopédie et de traumatologie HUG et Université de Genève, Genève

EN MATIÈRE DE TECHNOLOGIES INNOVANTES, LA

MÉDECINE À DEUX VITESSES POINTE SON NEZ

Bibliographie 1

Evolution: The Human Story. Alice Robert, Ed.

Dorling Kindersley.

2011;ISBN 978-1-4654-7408-8.

2

L’orthopédie ou l’art de prévenir et de corriger dans les enfans, les difformités du corps. Le tout par des moyens à la portée des pères &

mères, & de toutes les personnes qui ont des enfans à élever. de Bois-Regard Nicolas, Conseiller du Roy.

Bruxelles : Chez George Fricx, 1743.

3 Shepherd M.

Orthopedic device price strategies: who is going to pay for it?

Orthopaedic Design and Technology 2017; www.

odtmag.com/

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