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Appel à Contribution de la revue Afrique contemporoine
< Révolution des données > en Afrique : mythe ou réalité
?
Etat des lieux et enjeux de la statistique africaineDossier spécial coordonné par : Florent Bédécarrats (AFD), Jean-Pierre Cling (MAEDI) et François Roubaud (lRD/DIAL)
En 2OL3,l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique publiait un
article sur l'état de la
statistiqueen Afrique au titre retentissant'Africo's
stotistical tragedyl (Devarajan,2OIg). L'auteur y brossait unportrait
particulièrement alarmiste de la situation. Au-delà du diagnostic, il s'intéressait aux raisons de cet état de fait, selon lui avanttout
politiques, et aux moyens d'y remédier.Ce diagnostic est
loin d'être
isolé.ll
reprend notamment lefer porté
par l'historien del'économie Morgen Jerven dans une série de publications, notamment dans son fameux ouvrage Poor Numbers
paru en
201.3, ainsique
dansle
numéro spécialde la
Revue canadienne d'études du développement qu'il a coordonné en2Ot4. La réévaluation du PIB du Ghana de 60% en 20L0, permettant à ce pays d'acquérir lestatut
de pays à revenu intermédiaire,a mis le feu aux
poudres conduisantce
chercheurà
considérer qu'à quelques exceptions près (Afrique du Sud, Botswana, etc.),il était
impossible de classer les pays africains selonleur
niveaude
PIB/habitant. La même incertitude entache leschiffres de croissance en Afrique selon Jerven (2010). A
partir d'une
exploration serrée des données du Botswana, du Kenya, de la Tanzanie et de la Zambie, ce chercheur est alléjusqu'à émettre l'hypothèse qu'on ne
connaissaitpas plus les
véritablestaux
de croissance du PIB (Jerven, 2010).Parallèlement, la statistique publique africaine connait depuis une vingtaine d'années une
forme
de contestation plus insidieuse, mais non moins redoutable. La prolifération desbases
de
données internationalesdans les
domainesles plus divers
(gouvernance, démocratie, qualité des institutions, planification familiale, accèsà
l'eau, aux soins, ouencore aux
services financiers,etc.), et de la part de toutes sortes
d'institutions (universitaires, ONG internationales, agences d'aide, entreprisesde
consulting privées,instituts de
sondages mondialisés, agencesde notation, etc.) est
venueremettre
en question le monopole defait
qu'elle exerçait dans son domaine. lnitialement cantonnées dans des basesde
données fondées sur des dires d'experts, les nouvelles statistiques produites horsde
la sphère publique nationale s'étendent maintenantà
des enquêtesauprès des
ménagesou des
entreprises,autrefois périmètre
réservédes
instituts nationauxde la statistique. La multiplication des
évaluationsd'impact
randomiséesconduites à l'aide de
protocoles d'enquêtesod hoc s'inscrit
également dans cettedynamique. Le Big Dota pourrait être le dernier avatar de ce mouvement
de marginalisation et de privatisation partielle de la statistique publique.1 Ce titte parodie l'article éponyme d'Easterly et Levine (1997) qui lui aussi a falt date.Il prétendait démontrer que
< la tragédie de la croissance ) en Aftique trouvait son origine dans la diversité ethnique du continent. Il déjà
mobilisait des statistiques sur la "fractionnalisation ethno-linguistique" produites hors du champ de la
statistique publique.
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Cette déstabilisation
de la
statistique publique enAfrique
depuisle
Nord, qu'elle soit vécue comme une attaque en règle ou considérée comme conquête progressive de parts du marchéflorissant de I'information statistique, a suscité un certain nombre de réactions critiques. Au-delà des doutes émis sur les compétences techniques de Jerven en matière de comptabilité nationale (voir par exempleRaffinot,2Ot4;
Tedou, 2OI4ou
encore le débat organisé autour de son livre et publié dans le numéro L33 de Politique africaine en mars 20L4),la
ripostea
pris untour
plus politique. Un certain nombre de statisticiens africainset
non des moindresy ont vu
I'empreinted'un
nouveau colonialisme visant àdénigrer les initiatives locales d'envergure'. La dernière décennie a en effet été marquée par des tentatives notables de réappropriation du leadership en matière statistique
(
parles Africains
et
pour les Africains >. La Stratégie pour l'Harmonisation des Stotistiques enAfrique (SHaSA) lancée sous l'égide conjointe de la CEA
et
la BADet
de I'Union Africaine est la plus emblématique, mais loin d'être la seule (création ou renforcement de services statistiques au sein d'institutions régionales, etc.).Plus largement,
la statistique n'a jamais été autant
convoquéepar la
communauté internationale pour piloter les politiques de développement.Le
tournant pris au début
des années 2000 avec les Objectifsdu
Millénairepour
ledéveloppement (OMD)
et les
nouvelles stratégies internationalesde lutte contre
lapauvreté (Cling
et olii,
2003)est
aujourd'hui conforté,voire
accentué. La montée en puissancedu
paradigme de I'evidence bosed policieset
du monogingby
results, scandé partoute
une série de jalons fondateurs (de la Déclaration de Paris en 2005, à celle de Busan en 2011) a conduit les agences d'aide àmettre
la mesure statistique au cæur du suivi et de l'évaluation de I'aide publique au développement. Paris2L, le bras armé de lacommunauté internationale dans le champ statistique du développement, a poussé à la
généralisation des Stratégies Nationales pour le Développement de la Statistique (SNDS).
L'agenda
post
2015est
aujourd'hui entrain
d'accoucherd'un
< monstre >, puisqu'il avocation à couvrir l'ensemble du développement durable dans ses
dimensions économique, sociale et environnementale. L'univers en expansion des futurs Objectifs du Développement Durable (ODD) est ainsi en passe de connaître son Big Bang:
en l'état actuel des négociations (qui déboucheront en septembre 2015 avec la fixation par l'ONU de la liste définitive de ces objectifs), aux 17 objectifs sont associésL79 cibles et plusieurs centaines d'indicateurs statistiques. Alors que les pays africains peinaient déjà à assurer laproduction des 60 indicateurs de suivi des OMD, on sait déjà qu'ils ne seront pas à même
de
suivre les indicateurs associés aux ODD,du fait de leur
contraintesde
ressources humaines et financières. Les coûts additionnels d'enquêtes ont été estimés à 300 millions de dollars par an (Demombynes et _Sandefur, 2014).C'est dans
ce contexte qu'a été
lancél'appel à une révolution des
données (Dato Revolution)par
un groupe d'experts réunis par le Secrétaire général des Nations unies (lEAG, 2Ot4). Le rapport sur la révolution des données prend acte du besoin croissant de statistiques dans le monde et du fossé de plus en plus large entre pays développés et enI - I - I
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développement
en matière
d'accèsà l'information. Le rapport formule
plusieursrecommandations pour mobiliser l'innovation technologique et les ressources financières en faveur des statistiques dans le cadre d'un partenariat entre tous les acteurs.
Soutenir et participer à cette
< révolution> est un enjeu pour l'ensemble de
lacommunauté internationale, en particulier pour venir en appui aux pays africains où les besoins
sont
les pluscriants.
Alors que sa politique de coopération statistique pour le développement a été longtemps un fer de lance reconnu à l'échelle internationale (Clinget
Roubaud, 200611, la France consacre de moins en moins de moyens à cette politique, tandis que ses compétences techniques se tarissent. Ce déclin nous place en porte-à-fauxpar rapport
aux Britanniques (DflD)et
aux agences internationales (Banque mondiale, Eurostat, etc.), dont les moyens et les capacités d'intervention ont décuplé pourfaireface aux nouveaux enjeux.Bref,
le
hiatus n'a jamaisété
aussi grand en Afriqueentre la
demandede
statistique, symbolisée par le nouveau maître-mot de la révolution des données, et la production de données fiables par la statistique publique.C'est sur cette base que ce dossier spécial de la revue Afrique contemporaine, coordonné par trois spécialistes issus d'univers différents (AFD, MAEDI, IRD), appartenant au monde
de la
rechercheet
des bailleurs de fonds, des producteurset
des consommateurs, sepropose d'asseoir sa réflexion. Cette dernière, déclinée au présent comme au passé, peut
être
abordée sousde
nombreux angleset du point de vue d'un
large spectre de disciplines des sciences sociales.Plusieurs axes de recherche pourront être explorés
- la qualité des données n'étant pas nouvelle (Naudet, 1999; Razafindrakoto
et
Roubaud, 2OO2't,on
peut s'interroger pour savoirsi
la situation s'est amélioréeou
détériorée aucours de la période récente
et
si les pays africains peuventet vont
réussir le défi de la< révolution des données > dans l'agenda post-2O1-5. De ce point de vue, les innovations
récentes, notamment dans le champ des
nouvelles technologiesde
I'information changent-elles la donne ?- la
réflexionpeut
naturellementêtre
poursuivieautour de
l'économie-politiquede
la(
mesure> et de relations
internationales,les chiffres ayant toujours servi
comme instrumentde
légitimation des pouvoirsà
différentes échelles. Sommes-nousà
l'aube d'un nouveau < surveiller et punir > en Afrique ?- ce faisant, on débouche inévitablement sur une sociologie de la statistique, sachant que la statistique africaine attend toujours son
(
Desrosières > (2000et
2OL4l, qui d'ailleursestimait que c'était dans les
PED,donc en particulier en Afrique, que le
potentield'innovations statistiques
était
le plus élevé, comptetenu
du bas niveau de départ dans ce domaine. Une réflexion notamment sous l'anglede la
sociologie des sciences peut donc être envisagée.- - I - -
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Conditions de soumission
Faire acte de candidature en envoyant une courte
note d'une
page (problématique dutexte,
exposédu déroulé de l'argumentaire,
exposédes
données,des
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Envoi de la proposition d'article : le 30 septembre 2OI5.
Réponse
de la
rédaction d'Afrique contemporaine auxauteurs: le
10 octobre 2015 au plus tard.Envoi d'une première version des articles présélectionnés : le 2 janvier 2016 Publication du numéro : septembre 2016.
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J.P.,Razafindrakoto M., Roubaud F. (eds), op cit, chapitre Xl, pp. 3L3-338.
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