Cerveau et Musique
vers une nouvelle science de l’apprentissage
Yougoslavia, Traditionnel - Summertime, Gershwin
Apprendre à jouer de la musique n’est pas chose aisée, que l’on soit enfant ou adulte. Pourtant cet apprentissage est à la fois une question intemporelle et universelle, puisque retrouvée dans les pratiques pédagogiques de tout temps et dans toutes les civilisations. Mais c’est aussi un domaine d’une brûlante actualité, sans doute l’un des sujets d’étude les plus fascinants à l’interface de la pédagogie et des neurosciences. Peut-être encore plus surprenante, la démonstration toute récente que la musique agirait comme une thérapeutique pour certaines pathologies du cerveau, en particulier chez l’enfant.
La vie en rose, Louiguy - Fantaisie-Impromptu, Chopin La veuve joyeuse, Lehar
LE CERVEAU DU MUSICIEN : UN MODÈLE DE PLASTICITÉ CÉRÉBRALE
Le terme clé, dans toutes ces études scientifiques : plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à changer de forme et de structure avec l’apprentissage de la fonction. Le musicien professionnel est certainement le modèle humain le plus éloquent pour comprendre les mécanismes de cette plasticité. Dans cette première partie, seront exposées et illustrées les principales données de la recherche démontrant la singularité du cerveau du musicien : des zones de l’audition à celles de la motricité, mais peut-être plus encore les connexions entre ces zones, jusqu’à une fois et demie plus développées que chez un non musicien. Comment cela a-t-il été possible? Des réponses commencent à se faire jour.
El Once, Tango - Tico-Tico brésilien Près des remparts de Séville, Bizet
NEURONES-MIROIR, MUSIQUE ET DANSE : UN CERVEAU PRÊT À ÉCHANGER AVEC « L’AUTRE » Ces mêmes travaux nous apprennent que ce qui fait que la musique sculpte le cerveau, ce n’est pas tant le fait d’écouter, que le fait de bouger! C’est la motricité, ou plutôt le lien entre le moteur et le sensoriel, qui est le véritable agent de façonnage du cerveau, et donc d’apprentissage : écouter et bouger à la fois, telle est la condition pour que la musique puisse changer notre cerveau. Or, il existe au sein des régions motrices du cerveau, des neurones très particuliers, les ‘neurones-miroirs’, dont la fonction première est d’échanger l’information entre deux cerveaux.
Découverte majeure du XXe siècle, c’est elle qui nous permettra de comprendre le lien subtil entre le son, l’action et l’émotion, à travers l’exemple privilégié d’un autre art majeur : la danse, qui nous fait de nouvelles révélations sur le cerveau.
Ah ! Vous dirai-je, maman, Mozart (arrangement) - Le cygne, Saint-Saëns
APPRENDRE LA MUSIQUE ET LA MUSIQUE POUR APPRENDRE : QUELQUES APPLICATIONS RÉCENTES POUR LES ENFANTS QUI SOUFFRENT DE TROUBLES D’APPRENTISSAGE.
Depuis quelques années, un groupe de chercheurs, à Marseille, collabore avec des neurologues pour les aider à comprendre pourquoi les enfants souffrant de dyslexie ou d’autres troubles d’apprentissage, tout en étant parfaitement intelligents, se retrouvent en bute avec leurs apprentissages fondamentaux, et en quoi l’enseignement de la musique pourrait changer fondamentalement leur condition. Basée sur les données des neurosciences, une méthode destinée à apprendre aux dyslexiques à jouer de la musique malgré leurs difficultés, va re-sculter leur cerveau, reconnecter entre elles des zones cérébrales qui avaient des difficultés à se reconnaître mutuellement et à échanger leurs informations.
Premiers résultats et perspectives.