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Expérience d'un médecin interne dans l'encadrement bénévole d'enfants requérants d'asile : bénéfices réciproques

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Expérience d'un médecin interne dans l'encadrement bénévole d'enfants requérants d'asile : bénéfices réciproques

PERRIN, Anne

Abstract

Ce travail traite de l'expérience d'un jeune médecin dans l'encadrement bénévole d'enfants requérants d'asile, et a pour but d'identifier les bénéfices de cette expérience aussi bien pour ces enfants que pour le jeune médecin. Une vingtaine d'enfants migrants de 5 à 13 ans du foyer de requérants d'asile de Saconnex a été encadrée par une équipe de jeunes bénévoles pendant l'année scolaire 2012-2013, pour des activités de loisirs. Pour les enfants migrants, ces activités permettent de diminuer l'impact d'un passé et d'un quotidien difficiles, d'améliorer leur intégration et de favoriser leur capacité de résilience. Pour le jeune médecin, cette expérience permet de connaître les conditions de vie dans un foyer de requérants d'asile, et de développer des stratégies de communication pour pallier à la barrière linguistique et aux différences culturelles. Il peut ensuite utiliser ces compétences dans sa pratique médicale quotidienne et adapter sa prise en charge des patients migrants.

PERRIN, Anne. Expérience d'un médecin interne dans l'encadrement bénévole

d'enfants requérants d'asile : bénéfices réciproques. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2018, no. Méd. 10905

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:112286 URN : urn:nbn:ch:unige-1122863

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:112286

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(2)

Section de Médecine Clinique Département de Pédiatrie Service de Pédiatrie Générale

Thèse préparée sous la direction du Professeur Dominique C. Belli

EXPERIENCE D’UN MEDECIN INTERNE DANS L’ENCADREMENT BENEVOLE D’ENFANTS REQUERANTS D’ASILE : BENEFICES

RECIPROQUES

Thèse

présentée à la Faculté de Médecine de l'Université de Genève

pour obtenir le grade de Docteur en médecine par

Anne PERRIN

de Le Locle (NE)

Thèse n° 10905 Genève

2018

(3)

UNIVERSITE DE GENEVE

fae iiLli Dil tu1inE{;ru4 Secr6tariat des 6tudiants

DocroRAT EN MEDEcTNE

Thdse de

Anne

PERRIN

originoire du Locle (NE)

lntitul6e :

Exp6rience d'un m6decin inlerne dons I'encodremenl b6n6vole d'enfqnls requ6ronls d'osile : b6n6fices r6ciproques

Lo Focult6 de m6decine, sur le pr6ovis du Comit6 directeur des thdses, outorise l'impression

de lo pr6sente thdse, sons pr6tendre por ld 6mettre d'opinion sur les propositions qui y sont 6nonc6es.

Gendve, le l2 novembre 20]B Thdse no ,l0905

Henri Bounomeoux Doyen

La thdse doit porter la declaration

d pr6c6dente et remplir les conditions

de 6num6r6es

oao

i* Sr/ilacriaftl

N.B.

(4)

SOMMAIRE

INTRODUCTION ... 5

I. LA CROIX-ROUGE EN QUELQUES MOTS ... 5

II. QUELQUES DEFINITIONS ... 6

III. PROBLEMATIQUE DES ENFANTS MIGRANTS ... 7

IV. BUT DE LETUDE ... 8

METHODE / POPULATION ... 9

I. CONTEXTE ... 9

1. Lieu et période ... 9

2. Les bénévoles ... 9

3. Les activités de loisirs ... 10

II. POPULATION ... 10

1. Le médecin interne bénévole ... 10

2. Les enfants ... 10

III. RECUEIL DES DONNÉES ... 11

RESULTATS / CONSTATATIONS ... 12

I. OBSERVATIONS SUR LES ENFANTS... 12

1. Données démographiques ... 12

2. Contexte de vie dans un foyer de requérants d’asile ... 12

a. Hygiène ... 13

b. Sécurité... 13

3. Evolution des enfants sur l’année ... 15

a. Apprentissage du français ... 15

b. Evolution du comportement... 15

4. Différences de comportement en fonction de plusieurs facteurs ... 16

a. Conditions de vie dans le pays d’origine et expériences vécues ... 16

b. Milieu familial ... 17

c. Culture d’origine... 17

d. Capacité de résilience ... 18

II. BENEFICES POUR LES ENFANTS ... 18

1. Diminuer l’impact d’un passé et d’un quotidien difficiles... 18

2. Un œil médical ... 19

a. La grippe ... 20

(5)

d. Troubles mictionnels ... 21

e. Troubles du comportement ... 21

III. BENEFICES POUR LE MEDECIN INTERNE ... 22

1. Bénéfices universels du bénévole ... 22

2. Compétences de communication ... 23

a. Barrière de la langue ... 23

b. Différences de culture ... 24

3. Découvrir les bases de l’aide humanitaire ... 25

DISCUSSION ... 26

I. OBSERVATIONS SUR LES ENFANTS... 26

1. Données démographiques ... 26

2. Evolution des enfants sur l’année ... 27

a. Apprentissage du français ... 27

b. Evolution du comportement... 28

3. Différences de comportement en fonction de plusieurs facteurs ... 28

a. Expériences vécues ... 29

b. Milieu familial ... 29

c. Culture ... 30

d. Capacité de résilience ... 31

II. BENEFICES POUR LES ENFANTS ... 36

1. Diminuer l’impact d’un passé et d’un quotidien difficiles ... 36

2. Un œil médical ... 37

III. BENEFICES POUR LE MEDECIN INTERNE ... 37

1. Bénéfices universels du bénévole ... 37

2. Connaissance du contexte de vie dans un foyer de requérants d’asile ... 38

3. Compétences de communication ... 39

4. Découvrir les bases de l’aide humanitaire ... 40

CONCLUSION ... 41

BIBLIOGRAPHIE ... 43

(6)

INTRODUCTION

I. La Croix-Rouge en quelques mots

Le Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge prend son origine dans la bataille sanglante de Solférino en 1859, suite à laquelle Henri Dunant exige l’adoption d’une convention internationale garantissant la protection des victimes de la guerre et propose la création de «sociétés de secours» nationales, qui seraient chargées de former des volontaires pour soutenir le service sanitaire de l’armée en cas de guerre (1).

Le Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge exerce des activités diverses mais poursuit une finalité commune : prévenir et alléger les souffrances humaines, sans discrimination, et protéger la dignité de la personne. Son action repose sur les sept Principes fondamentaux de la Croix-Rouge, lesquels constituent la référence doctrinale commune à toutes les composantes du Mouvement. Ces sept principes fondamentaux consistent en la Neutralité, l’Humanité, l’Impartialité, l’Indépendance, le Volontariat, l’Unité, et l’Universalité. Ils représentent les principes humanitaires qui ne doivent en aucun cas être utilisés à mauvais escient. Ils constituent le socle sur lequel peuvent s’appuyer ceux qui s’engagent sous l’emblème de la Croix-Rouge (2).

Le Mouvement international de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge est constitué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de 186 Sociétés nationales, dont la Croix-Rouge Suisse (3). La Croix-Rouge Suisse est elle-même composée de nombreuses associations cantonales, dont la Croix-Rouge Genevoise, qui comporte une section Croix- Rouge Jeunesse pour les jeunes bénévoles de 16 à 30 ans (4).

La Croix-Rouge Jeunesse genevoise exerce des activités très diverses, auprès de populations différentes, telles que les jeunes, les personnes âgées, les personnes

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l’encadrement d’enfants migrants issus d’un centre de requérants d’asile, pour des projets éducatifs et de loisirs.

II. Quelques définitions

Il convient tout d’abord de rappeler quelques définitions et de clarifier les termes employés.

Réfugié : « Le réfugié est une personne qui craignant d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques, se trouve hors de son pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte ne veut, se réclamer de la protection de ce pays (…) »
Extrait de la Convention de Genève 1951, article 1 (5)

Il s’agit donc de personnes qui encourent un danger vital s’ils retournent dans leur pays d’origine, et qui sont protégées par la Convention de Genève relative aux réfugiés.

Requérant d’asile : Personne qui a quitté son pays et demande refuge dans un autre pays. La demande d’asile est examinée par l’office fédéral des migrations, et peut être acceptée ou refusée. (6)

Migrant : La définition de ce terme est plus sujette à varier d’une source à l’autre. En effet, la définition par le Haut Commissariat aux Réfugiés repose surtout sur l’opposition avec le terme de réfugié, et donc sur la composante volontaire de la migration :

« Les migrants choisissent de quitter leur pays non pas en raison d'une menace directe de persécution ou de mort, mais surtout afin d'améliorer leur vie en trouvant du travail, et dans certains cas, pour des motifs d'éducation, de regroupement familial ou pour d'autres raisons. Contrairement aux réfugiés (…) s'ils choisissent de rentrer chez eux, ils continueront de recevoir la protection de leur gouvernement. » Extrait de Point du vue du HCR, Adrian Edwards (7)

La Croix-Rouge opte pour une définition beaucoup plus large des migrants, afin d’englober toutes les dimensions humanitaires de la migration. Les migrants sont donc définis comme « des personnes qui quittent ou fuient leur lieu de résidence habituel

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pour se rendre ailleurs – généralement à l’étranger – en quête de possibilités ou de perspectives meilleures et plus sûres. La migration peut être volontaire ou involontaire.

La plupart du temps, elle procède d’un mélange de choix et de contraintes. Aussi, la présente politique vise-t-elle, notamment, les travailleurs migrants, les migrants apatrides et les migrants que les pouvoirs publics considèrent comme étant en situation irrégulière. Il regroupe aussi les réfugiés et les demandeurs d’asile. » (8)

Dans le cadre de ce travail, nous utiliserons le terme de migrant au sens large, comme défini par la Croix-Rouge.

III. Problématique des enfants migrants

La problématique de la migration en Europe est devenue prépondérante ces dernières années en raison de l’augmentation drastique de migrants arrivant en masse vers les pays occidentaux. En 2015, la barre des 65 millions de personnes déplacées dans le monde a été atteinte (représentant 24 personnes déplacées par minute au cours de l’année), dont 21.3 millions de réfugiés et 3.2 millions de requérants d’asile (9). Les 40 millions restants sont des déplacés internes à leur propre pays. Dans le monde, on constate surtout une augmentation des requérants d’asile originaires de la corne africaine : Erythrée (régime totalitaire, militarisation du pays, répression) et Somalie (guerre civile) (10), ainsi que du Moyen-Orient, en particulier de Syrie, en guerre depuis 5 ans (4.9 millions au total en 2015) (9), mais aussi d’Irak et d’Afghanistan (2.7 millions au total en 2015), où la guerre civile persiste (11). En Suisse, et en particulier à Genève, ces nationalités sont aussi les plus représentées parmi les requérants d’asile. Il persiste également une proportion importante de migrants provenant des Balkans, surtout du Kosovo et de Serbie (migration économique). (12,13)

De nombreux migrants quittent leur pays en famille, avec leurs enfants. Concernant les réfugiés en 2015, plus de la moitié ont moins de 18 ans, témoignant de la très grande proportion d’enfants dans ces populations.

Le processus de migration a un impact sur ces enfants pour de nombreuses raisons.

(9)

institutionnels connus, mais également la nécessité de s’intégrer dans une nouvelle société, l’apprentissage d’une nouvelle langue, d’une nouvelle culture. (14–17)

Les conditions de vie dans les foyers d’accueil de requérants d’asile représentent également un facteur pouvant avoir un impact sur la santé physique, mais aussi psychique, et sur le développement des enfants (risques d’épidémie (18), insécurité (19), violence (20)).

Enfin, selon les causes ayant motivé la migration de la famille, il existe des traumatismes liés aux expériences vécues dans le pays d’origine avant le départ. Ceci est le cas en particulier pour les migrants originaires de zones de conflits (21,22) ou ayant subi des agressions physiques ou sexuelles (23).

L’importance de l’impact psychique ou psychosocial ne peut néanmoins pas être prédit uniquement en fonction des expériences traumatiques vécues. En effet, chaque personne et chaque enfant a une capacité de résilience qui lui est propre, dépendant également de son contexte de vie sociale et familiale, tout particulièrement du soutien et de l’encadrement parentaux reçus par les enfants, mais aussi du soutien des pairs, de l’école, et de la communauté. (24)

IV. But de l’étude

Cette thèse traite de l’expérience d’un médecin interne dans l’encadrement bénévole d’enfants requérants d’asile dans un foyer d’accueil du canton genevois. Ce travail a pour but de déterminer si cette expérience comporte des bénéfices, aussi bien pour les enfants requérants d’asile que pour le médecin interne, et de les étudier.

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METHODE / POPULATION

I. Contexte

1. Lieu et période

L’expérience de bénévolat a eu lieu sur une période d’une année scolaire, de septembre 2012 à juin 2013. L’activité a consisté à encadrer les enfants du centre de requérants d’asile de Saconnex les mercredis après-midis, pour faire des activités de loisirs.

Le Foyer de Saconnex est le 2e plus grand centre d’accueil de requérants d’asile du canton de Genève. Il s’agit d’un foyer d’hébergement des familles en phase d’insertion (par rapport à Anières, 3e foyer du canton, qui est un centre de premier accueil, et aux Tattes, plus grand centre du canton, qui est un lieu d’aide d’urgence). En 2013, le foyer de Saconnex accueille alors 350 personnes, dont 132 mineurs, parmi lesquels 91 enfants de moins de 15 ans (19)(25). Il est à noter que ces dernières années la population du centre a beaucoup augmenté, dans le contexte de l’augmentation majeure de l’immigration.

2. Les bénévoles

Les encadrants bénévoles sont au nombre de 2 à 3 par mercredi (tournus parmi une équipe d’environ 5 bénévoles impliqués dans cette activité, selon les disponibilités). Ils sont tous des bénévoles de la Croix-Rouge Jeunesse genevoise, comprenant des membres de 18 à 30 ans, et provenant de milieux divers (fin du collège, étudiants à l’université, vie active avec professions diverses). Le degré d’implication au sein de la Croix-Rouge Jeunesse est variable, mais le suivi de l’activité d’encadrement des enfants requérants d’asile est régulier.

A noter que dans ce travail, les bénévoles sont mentionnés au masculin pour des raisons de facilité de lecture, mais que le groupe de bénévole comprend aussi bien des femmes que des hommes.

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3. Les activités de loisirs

Le but de cette activité socio-éducative est d’apporter aux enfants de familles requérantes d’asile, souvent en situation difficile, des moments de divertissements en dehors du centre de requérants (ludothèque, bricolage, piscine, cinéma, cirque, magicien, équitation, patinoire, vivarium, musées…). L’objectif est également de donner l’opportunité aux enfants de pratiquer des activités auxquelles ils n’auraient pas accès avec leur famille dans leur situation actuelle. Ces activités, qui sont également un moment d’écoute et de stimulation, permettent de favoriser l’intégration et l’apprentissage du français. Chaque après-midi est ponctuée d’un goûter équilibré offert, partagé par les enfants. Enfin, ces après-midis de loisirs gratuits pour les enfants permettent d’offrir aux parents quelques heures de répit ou de disponibilité pour des tâches ménagères ou administratives. (26)

II. Population

1. Le médecin interne bénévole

Le médecin interne ayant accompli cette année de bénévolat est l’auteur de ce travail. Au moment de cette expérience en 2012-2013, il s’agit d’une médecin interne de 24 ans, diplômée depuis l’année précédente et ayant une année d’expérience dans la pratique de la médecine (médecine pédiatrique et adulte). L’activité bénévole prend place au cours d’une année sabbatique dont le but est d’élargir les champs d’intérêt et l’expérience de vie.

2. Les enfants

La population observée est constituée par les enfants du centre de requérants d’asile de Saconnex encadrés par les bénévoles de la Croix-Rouge genevoise pour les activités de loisirs pendant l’année scolaire 2012-2013. Il s’agit d’enfants âgés de 6 à 13 ans, encadrés par groupe de 12. La composition du groupe a changé partiellement pendant

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l’année scolaire, en raison des départs et arrivées de certaines familles en cours d’années en lien avec la situation d’immigration. Quand une famille quitte le centre, soit parce que le droit d’asile lui a été accordé et qu’un appartement lui a été attribué, soit parce qu’elle a été renvoyée dans son pays, d’autres enfants nouvellement arrivés peuvent donc être inscrits dans le groupe pour compléter les places libres. Les enfants ayant quitté le centre en cours d’année ont été perdus de vue. Il en résulte donc que certains enfants ont été suivis seulement sur une période de quelques semaines à quelques mois, et que d’autres enfants ont été suivis toute l’année.

A noter que dans ce travail, les enfants sont mentionnés au masculin pour des raisons de facilité de lecture, mais le groupe d’enfants ayant participé aux activités comprend à peu près autant de filles que de garçons.

III. Recueil des données

Le projet de thèse n’était pas en cours au moment de l’exercice des activités bénévoles, raison pour laquelle les données démographiques fournies dans ce travail sont celles recueillies par la Croix-Rouge dans le cadre de ses activités. La plupart des renseignements concernant les enfants ont été donnés par les parents (souvent avec les limites de la barrière de la langue) et par les enfants eux-mêmes, selon leurs propres connaissance et compréhension de leur situation. Il s’agit donc de données sous- optimales. Leur interprétation sera reprise dans la discussion.

Le reste des données et constatations consiste en les observations et reflexions de l’interne pendant cette expérience avec les enfants requérants d’asile, puis plus tard, lors de la mise à profit de ce bagage dans le cadre du travail de médecin dans un service de pédiatrie à l’hôpital.

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RESULTATS / CONSTATATIONS

I. Observations sur les enfants

1. Données démographiques

Il s’agit d’enfants âgés de 5 à 13 ans, vivant au centre de requérants d’asile de Saconnex, et ayant participé aux activités de la Croix-Rouge pendant l’année scolaire 2012-2013.

Le groupe était constitué de 12 enfants, mais une vingtaine d’enfants en tout a été suivie sur l’année, en raison des modifications de composition du groupe en cours d’année, liées aux départs et arrivées des familles.

Plusieurs fratries ont bénéficié des activités de loisirs cette même année.

La plupart des enfants se connaissent en dehors des activités avec la Croix-Rouge car ils partagent les espaces communs du centre ou vont à l’école ensemble.

Les enfants encadrés dans ce groupe sont d’origines diverses : Turquie, Syrie,

« Kurdistan » (pays exact inconnu), Macédoine, Kosovo, Côte d’Ivoire, Cameroun. De même, les motifs d’immigration des familles semblent différents selon les origines : motif économique ou sécuritaire (guerre, conflits ethniques). Le motif d’immigration n’est pas toujours connu. A leur arrivée dans le groupe Croix-Rouge, suivant de plus ou moins longtemps leur arrivée en Suisse, différents niveaux de français ont pu être observés. Il faut souligner que seuls deux enfants parlaient français avant leur arrivée (Côte d’Ivoire et Cameroun). De même, les niveaux d’éducation sont très variés, en tenant compte des différences d’âge (allant d’un niveau de lecture et écriture dans la langue maternelle semblant concordant au système scolaire suisse par rapport à l’âge, à une absence complète d’apprentissage de la lecture et de l’écriture à l’âge de 13 ans). Les enfants étaient tous scolarisés à l’école publique à Genève, en classe d’accueil. (27)

2. Contexte de vie dans un foyer de requérants d’asile

Cette expérience de bénévolat avec des enfants migrants permet de constater objectivement les conditions de vie dans un centre de requérants d’asile, et d’être

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directement confronté aux difficultés rencontrées par les enfants et leurs familles, détaillées ci-dessous.

a. Hygiène

Le foyer de Saconnex est organisé de sorte à ce que chaque famille occupe une seule chambre, (jusqu’à six membres), ou deux s’ils sont plus nombreux que six. Les cuisines sont partagées par étage entier, de même que les salles de bains et toilettes. Enfin, la buanderie et les espaces communs (halls, salle de réunion, « salle des fêtes ») sont partagés par l’ensemble des habitants du centre. Il en résulte que la plupart des espaces du centre sont fréquentés et partagés par un très grand nombre de personnes, et que la promiscuité est importante.

Dans l’ensemble du foyer, le mobilier et l’équipement sont réduits au strict minimum.

Le ménage des chambres mais aussi des parties communes est majoritairement de la responsabilité des habitants, qui ne sont pas tous impliqués de la même manière dans les tâches ménagères, ce qui peut être source de tensions et de désaccords.

En raison du fort taux d’occupation du centre, et donc de l’affluence importante dans les espaces communs, la propreté est difficile à maintenir, en particulier dans les toilettes, salles de bains, et cuisines. L’hygiène dans ces lieux communs est donc très incertaine, ce qui est éprouvant pour la plupart des résidents, en plus de représenter un risque sanitaire, notamment pour les plus fragiles.

Dans le contexte de cette cohabitation étroite, les enfants sont presque constamment exposés à la fumée passive (cigarettes, narguilés), mais également aux fumées de cuisine, ainsi qu’à la poussière.

b. Sécurité

Le centre n’est pas aménagé pour les enfants, et présente de nombreux risques pour leur sécurité.

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Une surveillance constante des familles nombreuses par les parents étant difficile, en particulier quand le logement se situe dans un ensemble aussi vaste, les enfants sont souvent laissés sans surveillance dans les espaces communs. L’entrée n’étant pas toujours surveillée, les enfants peuvent entrer et sortir à leur guise, et ont facilement la possibilité de quitter seuls l’enceinte du foyer.

Les escaliers ne sont pas équipés de barrières, et présentent un danger pour les jeunes enfants sans surveillance.

Les cuisines, qui se partagent par étage, peuvent devenir exigües lorsqu’elles sont fréquentées par plusieurs familles en même temps. De plus, l’aménagement étant modique, certaines familles installent des équipements de fortune à même le sol, qui représentent un important danger de brûlure ou blessure pour les enfants en bas âge.

Chaque famille partageant une seule chambre, la promiscuité intra-familiale entraine des conflits fréquents entre les fratries ou entre les parents et leurs enfants. Cette cohabitation serrée augmente le risque de maltraitance.

D’autre part, la promiscuité est grande entre les différentes familles, qui doivent partager tous les espaces communs, et ne s’entendent pas forcément sur la façon de les entretenir. Dans ce contexte, les conflits sont fréquents, et peuvent mener à des bagarres parfois violentes, auxquelles sont confrontés les enfants.

La cohabitation entre différentes ethnies est parfois difficile également, et des altercations peuvent survenir entre des familles dont les populations d’origine sont politiquement ou culturellement en conflit.

En une année, plusieurs enfants ont relaté des violences verbales ou physiques entre des membres de leur famille et d’autres familles du centre. Ces bagarres étaient en général causées par des désaccords sur le mode de cohabitation, ou des conflits raciaux ou ethniques. Au sein même du groupe d’enfants de la Croix-Rouge, certains refusaient initialement de faire des activités ensemble, sous prétexte de leurs ethnies respectives (Roms et Macédoniens par exemple), ou par loyauté envers leur famille, dans des situations de conflits survenus entre leurs parents, même s’ils n’étaient pas directement concernés.

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3. Evolution des enfants sur l’année

Au fil du temps, une évolution des enfants a pu être observée, surtout chez ceux qui ont été suivis tout au long de l’année scolaire.

a. Apprentissage du français

Une des observations les plus impressionnantes est la progression rapide dans la maîtrise de la langue française. En effet, tous les enfants sauf deux viennent de pays de langues non francophones, et ont donc dû apprendre leurs premiers mots de français en arrivant sur le sol suisse (aucun n’a séjourné auparavant dans un pays francophone dans le processus de migration). Ainsi, au début de l’année, ou à leur arrivée pour les enfants ayant débuté les activités en cours d’année, les enfants ont un niveau globalement très bas en français, bien que cela varie d’un enfant à l’autre. Après quelques semaines, de francs progrès sont déjà observés, avec une capacité à se faire comprendre. Après une année, voire parfois seulement quelques mois, la plupart des enfants parle couramment le français. Dans certaines familles, on peut même constater que la fratrie communique désormais en français aussi bien que dans leur langue maternelle. La différence de rapidité d’acquisition du français entre les enfants et les parents est flagrante. En effet, après quelques mois, les parents ne peuvent souvent exprimer que quelques mots très basiques, alors que les enfants sont capables de faire la traduction entre les bénévoles et leurs parents.

b. Evolution du comportement

Par ailleurs, une évolution du comportement des enfants a été constatée. Cette évolution concerne surtout l’adaptation au sein du groupe, mais également l’assimilation des règles de vie en groupe. En effet, que ce soit pour des raisons culturelles, ou d’éducation, ou en lien avec le traumatisme de la migration, la plupart des enfants présentait au

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conduite imposées par les bénévoles (savoir-être, sécurité, respect des autres, partage…) ainsi qu’à respecter l’autorité des bénévoles pour certains enfants. On a pu constater, au fil de l’année, une intégration des règles, ainsi qu’un certain plaisir à les appliquer et à les expliquer aux enfants nouvellement arrivés.

Il a été constaté également au fil des mois, un « apprivoisement » des bénévoles par les enfants, qui deviennent de moins en moins méfiants et au contraire de plus en plus confiants, et de plus en plus prompts à se confier ou à partager leurs soucis et leurs chagrins.

4. Différences de comportement en fonction de plusieurs facteurs

Au-delà de tout jugement de valeur, des différences de comportement entre les enfants ont été mises en évidence par leur observation régulière et l’interaction avec eux.

Différents paramètres semblent jouer un rôle dans ces variations, en dehors des différences d’âge et de caractère. Il est à préciser que le petit nombre d’enfants étudiés ne permet pas de tirer des conclusions formelles, et qu’il s’agit uniquement d’observations.

a. Conditions de vie dans le pays d’origine et expériences vécues

De manière générale, le comportement des enfants varie selon les expériences vécues dans le pays d’origine avant l’arrivée en Suisse. On peut constater que les enfants issus de pays en situation de conflits armés mettent un peu plus de temps que les autres à s’intégrer pleinement dans le groupe et à prendre confiance en eux. Dans le cas des fratries, les enfants ont tendance à se préoccuper beaucoup plus de leurs frères et sœurs. Ils parlent spontanément assez peu de leur pays, mais relatent occasionnellement des anecdotes en lien avec leur vécu, laissant parfois entrevoir des expériences traumatisantes.

(18)

b. Milieu familial

Le milieu familial semble également être un déterminant du comportement des enfants, comme on suppose qu’il pourrait l’être concernant des enfants suisses.

En effet, des différences de comportement peuvent être observées entre les enfants issus de familles nombreuses (cinq enfants ou plus) en comparaison avec les enfants uniques ou les fratries de deux. Les enfants les plus âgés ont tendance à prendre naturellement en charge leurs frères et sœurs plus jeunes. Peu d’enfants uniques ont été inclus dans le groupe, mais ces derniers semblent avoir un peu plus de difficultés à s’intégrer. Néanmoins, cela était peut-être dû à leur arrivée plus tardive dans un groupe en partie déjà constitué.

Les différents niveaux d’éducation des parents, influençant celui des enfants, paraissent jouer un rôle, notamment dans leur approche d’activités culturelles telles que la visite de musées ou même le cinéma. On peut aussi constater des différences dans les sujets de discussions ou de questionnement.

c. Culture d’origine

Bien qu’il ne s’agisse encore une fois pas d’un jugement de valeur, des attitudes et réactions assez différentes ont été observées chez les enfants suivant leur culture d’origine.

Ainsi, les enfants d’origine turque ou macédonienne paraissent par exemple nettement plus turbulents que ceux d’origine syrienne, kurde, ou ivoirienne. Les enfants syriens rencontrés se montrent particulièrement respectueux envers les adultes et leurs pairs.

En revanche, il a été observé que les enfants Roms du groupe sont très dissipés et ont de grandes difficultés à respecter l’autorité, ce qui est corroboré par ce que les enfants eux- mêmes rapportent avec spontanéité de leur comportement à l’école.

Bien entendu, le nombre d’enfants observés ne permet absolument pas de tirer des conclusions définitives à ce sujet. De plus, les autres facteurs, tels que le milieu familial ou les traumatismes liés à la migration, représentent probablement un biais d’évaluation.

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d. Capacité de résilience

Tous les enfants sans exception, de quelque origine, de quelque pays, de quelque milieu familial que ce soient, montrent d’étonnantes facultés d’adaptation à leur situation actuelle. Et surtout, en présence des bénévoles, aucun enfant ne s’est jamais plaint de sa situation. Ils racontent tous, à un moment ou à un autre, des anecdotes et des histoires concernant leur pays, leur famille, leur vécu, sans jamais émettre de regrets ou d’amertume. Tout au plus certains enfants ont parfois émis une nostalgie de leur pays d’origine, de leur famille restée sur place, de leurs amis. En revanche, beaucoup expriment leurs espoirs quant à l’évolution de leur situation à Genève (acquisition d’un appartement pour la famille, obtention d’un travail pour les parents, scolarité et formation future).

II. Bénéfices pour les enfants

1. Diminuer l’impact d’un passé et d’un quotidien difficiles

De manière générale, cette prestation proposée par la section Jeunesse de la Croix- Rouge genevoise permet aux enfants vivant dans un centre de requérants d’asile de pratiquer gratuitement des activités de loisirs. Ces enfants n’auraient pas forcément accès à ces activités en-dehors de ce cadre, pour des raisons souvent financières, mais aussi par manque d’intégration de ces familles qui sont parfois à Genève depuis très peu de temps, ainsi que par manque de disponibilité des parents qui doivent faire face à une situation de demande d’asile.

La grande majorité des activités a lieu à l’extérieur du centre de requérants, donnant aux enfants l’occasion de passer une demi-journée de loisirs en-dehors de ce lieu de vie relativement précaire. C’est également une opportunité d’immersion dans la vie quotidienne locale, avec par exemple la possibilité d’emprunter les transports en commun.

Certaines de ces activités (cinéma, équitation, piscine, musées), « banales » pour les enfants suisses, constituent pour certains enfants immigrés une toute première

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découverte. Pour d’autres, il s’agit d’activités déjà pratiquées dans leur pays d’origine, ou même en Suisse, mais auxquelles ils ont actuellement peu accès pour les motifs économiques et pratiques mentionnés ci-dessus.

Des activités aussi simples que des jeux au parc ou à la ludothèque permettent également aux enfants d’avoir des expériences à partager et à discuter par la suite, avec leurs familles, mais aussi avec leurs camarades d’école.

Les enfants qui vivent dans un centre de requérants d’asile ont tous des expériences de vie difficiles, quel que soit le motif ayant poussé la famille au départ de leur pays d’origine (violences, précarité). Ils subissent tous également le vécu dans un centre de requérants, qui implique promiscuité, insécurité, salubrité incertaine.

Les activités de loisirs proposées par la Croix-Rouge permettent aux enfants de s’évader le temps d’une après-midi, par le biais du jeu et du divertissement, mais aussi par la sortie du centre, et d’être ainsi des enfants comme les autres. Il s’agit donc d’une opportunité de diminuer l’impact d’un passé et d’un quotidien difficiles. C’est également l’occasion pour les enfants de partager entre eux des expériences semblables et de s’exprimer librement sur leur vécu, et d’évoquer spontanément leurs difficultés actuelles ou passées.

2. Un œil médical

Chaque bénévole apporte dans son fonctionnement les particularités de sa personnalité, et le bagage professionnel qui lui est propre. Il s’agit-là d’un des avantages mis en avant par la Croix-Rouge concernant la diversité des bénévoles, qui contribuent tous de manière différente et complémentaire au bon déroulement des activités. Ainsi, un bénévole étudiant en sciences de l’éducation, ou un musicien, ou un comptable, n’auront pas le même fonctionnement ni la même vision des choses, même si leur formation n’est pas directement mise en jeu dans leur fonction de bénévole. Un bénévole médecin pourra par exemple avoir un intérêt particulier pour les aspects médicaux rencontrés au jour le jour, même si sa tâche en tant que bénévole n’est pas médicale ni thérapeutique.

Il sera également plus sensible à la survenue de problématiques de santé, et pourra

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Ainsi, pendant l’année effectuée au centre de Saconnex, différents problèmes de santé ont été détectés, en parallèle des activités réalisées avec les enfants.

a. La grippe

Une épidémie de grippe est survenue pendant l’hiver, touchant de nombreuses familles, incluant les enfants et les parents. Ce diagnostic a été purement anamnestique, car aucun participant ni aucun membre de leurs familles n’ont évidemment été examinés ni investigués puisque là n’était pas le rôle du bénévole encadrant les enfants. Aucune mesure thérapeutique n’a non plus pu être mise en application. Néanmoins, des recommandations de base d’hygiène et de prise en charge symptomatique ont pu être évoquées avec les enfants et leurs parents. La question de l’indication à la vaccination saisonnière dans les foyers de requérants d’asile pourrait se poser, étant donnée la promiscuité considérable d’un très grand nombre de personnes de tous âges.

b. L’impétigo

De même, un impétigo a été diagnostiqué par l’inspection de lésions du visage chez un des enfants du groupe. Cela a permis de rassurer l’inquiétude des parents, mais surtout de les adresser vers une consultation médicale afin d’obtenir le traitement adéquat. Des conseils d’hygiène ont également pu être donnés afin de diminuer le risque de transmission aux frères et sœurs, mais aussi aux autres enfants dans le contexte de promiscuité importante. Il a été tenté d’expliquer également à des parents d’autres familles qu’il ne s’agissait pas, en dépit de leur croyance, d’une varicelle, et qu’il fallait donc éviter de mettre leurs enfants en contact rapproché.

c. La varicelle

Une épidémie de varicelle a bel et bien eu lieu pendant l’année, reconnue cliniquement par l’observation des enfants. Des mesures symptomatiques avaient déjà été mises en

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place par l’infirmière du centre. Par contre, la participation aux activités des enfants atteints a été évitée le temps de la contagiosité, en raison de la présence dans le groupe d’enfants plus grands n’ayant a priori jamais eu la varicelle (d’après eux ou les parents).

d. Troubles mictionnels

Une petite fille de 6 ans a développé en cours d’année une énurésie secondaire associée à une incontinence diurne intermittente selon les observations faites et les éléments rapportés par l’enfant elle-même ainsi que ses sœurs. Plusieurs épisodes sont survenus pendant les activités de la Croix-Rouge, quand l’enfant était accaparée par ses occupations. Il s’agissait d’une famille nombreuse récemment arrivée en Suisse, dont le reste de l’entourage, notamment les grands parents, était resté dans le pays d’origine.

L’enfant était régulièrement punie par ses parents ou grondée par ses sœurs aînées en cas d’accident. Les parents ne parlant pas français, il n’a pas été possible de discuter avec eux de ce problème. Par contre, ce sujet a été abordé avec la petite fille ainsi que ses grandes sœurs, à qui il a été expliqué que les réprimandes n’étaient pas adaptées. Les mesures comportementales préventives de base ont également pu être évoquées de façon succincte, mais il est difficile de savoir ce qui a finalement été transmis aux parents. Il a été demandé aux grandes sœurs de transmettre aux parents qu’une consultation chez un pédiatre était indiquée. Il n’a malheureusement pas été possible de savoir avec certitude si cette recommandation avait été suivie.

e. Troubles du comportement

Différents troubles du comportement ont également été soupçonnés chez certains enfants dans le cadre d’une observation régulière, sans pour autant pouvoir poser un diagnostic certain, en l’absence d’expertise spécialisée.

Plusieurs enfants présentaient probablement, à des degrés divers, un trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention. Un jeune adolescent présentait un comportement constant d’opposition, associé à une hétéro-agressivité, et des comportements à risque pour lui-même et les autres. Le contexte psychosocial n’a pu

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familiaux, en association avec le très faible niveau d’éducation de ce jeune et de sa famille, laissaient craindre une possible évolution défavorable avec le temps en l’absence totale de suivi.

III. Bénéfices pour le médecin interne

1. Bénéfices universels du bénévole

Comme chaque personne qui exerce ou a exercé une activité bénévole le sait, le bénévolat n’est pas seulement un don de soi ou de son temps, mais plutôt un partage, où chaque individu impliqué bénéficie d’un enrichissement.

En règle générale, la pratique d’une activité utile entraine une sensation de valorisation de soi et de ses compétences personnelles. Ce sentiment est d’autant plus important que l’activité est exercée de façon purement volontaire et non lucrative.

Le principal moteur d’une telle activité volontaire et non rémunérée est le plus souvent le plaisir éprouvé, que ce soit dans l’exercice même d’une activité, ou au contact des gens côtoyés. Par exemple dans ce cas précis, un futur pédiatre apprécie le contact avec les enfants, et a du plaisir à travailler avec eux, quel que soit le travail effectué. La satisfaction éprouvée par les enfants dans leurs activités se répercute ensuite directement sur leurs encadrants.

Les rencontres effectuées, parmi les autres bénévoles ou parmi les bénéficiaires, peuvent également être source de plaisir. De plus, la création de nouveaux contacts peut devenir une ressource importante pour le futur, tant personnel que professionnel.

L’activité bénévole permet le développement de nouvelles compétences et l’acquisition d’une certaine expérience dans le domaine concerné. En plus d’améliorer l’estime de soi par l’enrichissement du savoir et de l’expérience personnelle, ces nouvelles compétences peuvent s’avérer utiles dans d’autres contextes. Elles pourront être mises à

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profit aussi bien dans la vie personnelle que dans la pratique professionnelle, comme cela est discuté plus loin.

2. Compétences de communication

Le travail avec les enfants migrants et leurs familles, dont la langue et la culture sont souvent très différentes des nôtres, nécessite la mise en place de stratégies de communication.

a. Barrière de la langue

Une petite minorité des enfants migrants côtoyés pendant cette année ont le français pour langue maternelle. Tous les autres sont de langues étrangères.

Certains enfants ont déjà commencé l’apprentissage du français avant de participer aux activités de la Croix-Rouge, et leur progression est très rapide. Avec ces enfants, la communication est donc toujours possible par le langage, avec parfois la nécessité d’adapter le vocabulaire ou la syntaxe à leur niveau de connaissances. Tout échange peut alors être prétexte à perfectionner leur niveau de français.

Certains enfants, en revanche, n’ont encore aucune connaissance de la langue française, souvent en raison de leur arrivée très récente en Suisse. Avec ces enfants non francophones, il est nécessaire de développer des stratégies de communication complètement différentes, afin de se comprendre mutuellement. Pendant la pratique des activités, la désignation des objets, ou le mime de situations, permettent de faire comprendre rapidement des choses simples. Dans le même temps, la verbalisation en français du vocabulaire en question, avec répétition par les enfants, permet de développer rapidement leurs connaissances lexicales.

Quand cela est possible, l’utilisation du dessin peut permettre également d’exprimer une question, une consigne ou une règle du jeu.

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Le dessin et le mime sont également fréquemment utilisés pour la communication avec les parents, dont les compétences linguistiques en français sont souvent très inférieures à celles de leurs enfants. La communication avec les parents est néanmoins nécessaire de façon régulière pour transmettre des explications sur les activités prévues, ou des informations telles que des lieux et horaires de rencontre. La vérification de la compréhension par l’autre est parfois difficile, et peut nécessiter la répétition du mime ou d’un dessin par les parents.

Des stratégies dans le but d’améliorer la compréhension réciproque doivent être mises en place.

Les idées que l’on veut transmettre par ces techniques doivent toujours être simples et concises, car le surplus d’informations nuit à la bonne compréhension. Il est toujours préférable de ne transmettre dans un premier temps que les informations primordiales, afin d’éviter de tomber dans la confusion. Il est donc aussi parfois nécessaire d’accepter le fait de n’avoir pas tout compris, ou de n’avoir pas réussi à transmettre la totalité de sa pensée.

En cas de difficultés de compréhension, la proposition de différentes possibilités exprimées par le mime ou le dessin, peut permettre à l’autre de valider quelle est l’information qu’il veut nous transmettre.

Enfin, la compréhension est toujours plus aisée si on se montre attentif, impliqué et motivé dans le processus de communication avec l’autre. De même, le maintien d’une voix calme, rassurante et chaleureuse, même si les paroles ne sont pas comprises par l’autre, peut aider à créer un climat de confiance et de calme, facilitant la communication.

b. Différences de culture

Dans chaque culture il existe des façons différentes de communiquer et d’exprimer des émotions.

Que ce soit du côté des bénévoles ou des migrants, l’ignorance de ces subtilités verbales et non verbales peut amener à des incompréhensions ou à des malentendus. On pourrait

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citer en exemple la tonalité souvent énergique de la langue arabe, qui en l’absence de compréhension du sens des mots, est parfois perçue à tort par les francophones comme des paroles agressives.

De même, la signification et l’interprétation de certaines formules ou idées peuvent être très différentes d’une culture à l’autre, car elles font référence à des représentations complètement différentes. Par exemple, l’utilisation par une bénévole de l’expression

« vous mangez comme des cochons ! » pendant un goûter particulièrement animé a bien évidemment été interprétée comme insultante par la majorité du groupe constituée d’enfants de confession musulmane. Néanmoins, la discussion qui a suivi cette maladresse a permis de partager tous les points de vue, et a été particulièrement enrichissante pour les enfants comme pour les bénévoles.

L’expérience acquise par la fréquentation de personnes d’une certaine culture permet donc de détecter certaines de ces différences et d’améliorer les capacités de communication. Comme il n’est jamais possible de parvenir à une compréhension facile et parfaite, il est important de toujours garder ce paramètre à l’esprit, et de se rappeler que l’interprétation des informations peut être très différente de ce qui est réellement exprimé.

3. Découvrir les bases de l’aide humanitaire

La médecine humanitaire est une des façons de pratiquer qui s’offre à tout médecin, pour une carrière entière ou pour un temps donné. Les formations de base obligatoires pour devenir bénévole à la Croix-Rouge permettent un aperçu de l’action humanitaire et des principes sur lesquels elle repose. Cela peut permettre de développer de nouvelles perspectives de travail, et peut inciter à entreprendre de nouvelles expériences telles que la participation à une mission humanitaire médicale.

Cette expérience avec la Croix-Rouge genevoise permet également de sensibiliser sur les situations d’urgences sociales et de dénuement extrême survenant à côté de chez soi, qu’elles aient trait à la problématique des migrants ou à la population locale. Cette constatation ouvre des perspectives sur la possibilité de pratiquer une activité à dimension humanitaire dans son propre pays.

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DISCUSSION

I. Observations sur les enfants

1. Données démographiques

Les renseignements démographiques concernant les enfants sont partiels car d’une part le recueil de données n’était pas en cours au moment où s’est déroulée cette activité, et d’autre part car il s’agit des informations données spontanément par les enfants eux- mêmes. En raison de la barrière de la langue et du jeune âge de certains enfants, il a souvent été difficile d’obtenir des informations claires sur le pays d’origine, le motif de migration, le parcours migratoire, la date d’arrivée en Suisse, la profession des parents.

Il s’agit de l’interprétation de leur propre situation par les enfants, dépendant de la compréhension qu’ils en ont en fonction de leur âge, de leur vécu, de l’influence de leur culture et des explications données par leurs familles. Ainsi, concernant la fratrie originaire du Kurdistan, il n’a pas été possible de connaître le pays géographique d’origine, leur réponse à la question « de quel pays venez-vous ? » étant invariablement

« du Kurdistan ».

De plus, les enfants n’ont pas été soumis à des interrogatoires fastidieux, le but même de la Croix-Rouge étant de leur offrir des loisirs, indépendamment de leurs origines et de leur histoire. Comme une petite fille macédonienne de 8 ans l’a très bien verbalisé au sujet du processus en cours de demande d’asile, et de la possible expulsion prochaine de sa famille, il s’agit là de problèmes dont elle n’avait pas à s’occuper « car elle est une enfant et ce sont des problèmes d’adultes ».

De même, il a souvent été difficile de caractériser précisément les raisons ayant poussé les familles à la migration, hormis pour la fratrie originaire de Syrie qui verbalisaient clairement le fait d’avoir fui la guerre. Pour d’autres enfants il semblait y avoir en jeu des menaces à leur sécurité, sans que leur nature ait pu être clarifiée.

On peut constater que l’évolution rapide de la situation géopolitique mondiale, qui sous- tend les causes et les circonstances de la migration de masse, a entrainé des

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modifications sur les dernières années, puisque les pays représentés majoritairement dans ce groupe d’enfants ne sont pas les mêmes que ceux dont viennent actuellement la majorité des migrants arrivant en Suisse. Bien qu’il s’agisse d’un petit groupe n’étant pas représentatif de la population générale de requérants d’asile à Genève, on observe par exemple l’absence d’enfants somaliens, érythréens, irakiens ou afghans, nations qui sont désormais très fortement représentées dans les centres de migrants.

2. Evolution des enfants sur l’année

a. Apprentissage du français

Il est évident que la maîtrise de la langue est un facteur d’intégration essentiel. (28–30) Un rapport du service de recherche parlementaire européen de 2016 a mis en évidence trois composants principaux de l’éducation des jeunes migrants : l’accès à l’éducation, la participation (rester dans le cursus scolaire, éviter les « décrochages »), et les performances.(28) Tandis que les activités de la Croix Rouge Genevoise n’ont pas d’impact direct sur le premier composant, qui repose surtout sur la politique de l’éducation, elles peuvent avoir une influence directe sur les performances, à travers l’amélioration des compétences linguistiques. En effet, ce rapport, de même que le rapport indépendant du réseau européen d’experts en sciences sociales de l’éducation (NESSE) de 2008 (29) démontrent l’importance capitale de la maîtrise de la langue d’accueil dans les performances scolaires, en soulignant les plus grandes difficultés scolaires chez les enfants migrants de plus de 12 ans, par rapport aux plus jeunes, en lien avec une difficulté accrue d’apprentissage d’une deuxième langue.

On peut également penser que l’acquisition d’une meilleure maîtrise du langage a un impact indirect sur la composante de la participation scolaire, puisque les difficultés linguistiques sont un des facteurs déterminants du décrochage scolaire.

Ce rapport insiste sur l’importance des classes de transition, dont le but initial est l’apprentissage de la langue, et le but final de permettre au plus vite l’intégration du système scolaire normal. Il est d’ailleurs probable qu’en Suisse la scolarisation en classe d’accueil soit le principal facteur favorisant l’apprentissage du français.

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Néanmoins, le rapport du service de recherche parlementaire insiste également sur l’importance des programmes extra-scolaires (tels que les activités proposées par la Croix Rouge à Genève) dans l’apprentissage de la langue, mais également dans l’immersion au travers d’activités culturelles et sportives. Ces activités proposées par la Croix-Rouge aux enfants migrants, avec la nécessité de communiquer en français avec les bénévoles et avec les autres enfants de langue différente, constituent donc un appui non négligeable à l’apprentissage du français et à leur intégration, comme en témoigne d’ailleurs la progression rapide et considérable de leur niveau de français au cours de l’année.

b. Evolution du comportement

Chacun à leur rythme, les enfants font preuve d’une excellente capacité d’adaptation, que ce soit entre eux ou avec les bénévoles. Malgré des débuts parfois difficiles au sein du groupe, une grande partie des enfants étant même indisciplinés et désobéissants, les règles de conduite sont petit à petit assimilées et respectées. On observe une évolution du comportement des enfants, permettant un déroulement plus paisible des activités.

Cette évolution positive se traduit par un épanouissement au fil du temps, et un plaisir toujours plus grand à faire partie du groupe et à participer aux activités.

3. Différences de comportement en fonction de plusieurs facteurs

Rappelons que les différences de comportement rapportées en fonction des expériences vécues dans le pays d’origine, du milieu familial et de la culture d’origine reposent sur l’interaction avec un petit groupe d’enfant, et qu’il s’agit donc de simples observations, mais en aucune façon d’un jugement de valeur. Même l’observation d’un très grand nombre d’enfants ne permettrait pas de tirer des conclusions objectives, car les différents facteurs exposés, ainsi que de nombreux autres facteurs (âge, personnalité individuelle, éducation parentale et en milieu scolaire) interagissent entre eux et sont tous des composants à part entière du comportement d’un enfant, comme autant de

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biais. Ces mêmes facteurs socio-économiques et démographiques influencent d’ailleurs le comportement des enfants suisses. (31)

a. Expériences vécues

Le comportement des enfants migrants peut être influencé par de nombreux facteurs, notamment les expériences traumatiques vécues dans le pays d’origine, en particulier dans les zones de conflit, avec des risques très important d’exposition à la violence de la guerre (comme victime directe ou spectateur), mais aussi aux violences sexuelles et à la précarité extrême.

Ensuite, les conditions de vie dans un foyer de requérants d’asile (promiscuité, vie en communauté, précarité), ainsi que le stress associé aux longues procédures de demande d’asile, aux réponses négatives et aux rapatriements forcés, ont un impact sur le comportement de ces enfants, leur aptitude d’apprentissage, leur capacité d’adaptation et leurs compétences sociales. (32)

Enfin, à plus long terme, le déracinement entrainant la perte des repères culturels connus, et les difficultés d’intégration dans leur société d’accueil sont naturellement des facteurs qui ont un impact sur le comportement, voire la santé mentale des enfants migrants. (14–17)

b. Milieu familial

Bien entendu, comme pour des enfants de toute origine, leur comportement a tendance à être influencé par des facteurs démographiques tels que le nombre d’enfants dans la fratrie (enfant unique, familles nombreuses), la situation parentale (famille monoparentale, parents en conflits, etc.), l’éducation et la culture des parents.

De plus, il semble qu’au-delà des expériences de vie de l’enfant lui-même, le fait que les parents aient eux aussi vécu des traumatismes (en lien avec des conflits armés notamment), est un facteur de risque pour les enfants de développer les mêmes traumatismes. Par exemple, une étude a montré que les enfants dont les parents souffrent de syndrome de stress post-traumatique (PTSD), sont eux-mêmes plus à

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dépression. Il n’est pas clair si la génétique est en cause, avec une susceptibilité pour ces affections plus importante dans certaines familles, ou si le fait d’être élevé par un ou plusieurs parents atteints de PTSD rend les enfants plus sensibles au développement de troubles semblables.

c. Culture

La culture se définit comme l’ensemble de savoirs et de pratiques (langue, religion, cuisine, musique, arts, pratiques sociales) qui s’acquièrent et se transmettent socialement au sein d’un groupe donné, et indiquent la façon d’aborder le monde sur les plans cognitif et émotionnel, ainsi que la manière de s’y comporter. Cet ensemble de savoirs partagés permet aux membres d’un même groupe social de communiquer, travailler et vivre ensemble. (34) Il s’agit d’un processus dynamique en constante transformation. Un même individu bénéficie de cultures multiples (ethnique, familiale, religieuse, professionnelle, institutionnelle). Ainsi pour Claudia Strauss et Naomi Quinn, professeurs d’anthropologie, « chaque personne est un point de jonction pour un nombre infini de cultures en partielle superposition ». (35)

On peut donc penser qu’il n’existe pas un enfant migrant mais une multitude d’enfants migrants, avec des comportements et des réactions propres à chacun, qui les distinguent entre eux et également d’avec les enfants ayant grandi en Suisse. La prise en charge de ces enfants nécessite donc une approche individualisée, que ce soit dans le milieu scolaire, de la santé ou globalement dans leur intégration sociale. Il n’est pas possible de déterminer de façon systématique un protocole de prise en charge de ces enfants en fonction de leur origine ou des traumatismes vécus, et il revient aux membres des systèmes éducatifs et de santé d’adapter leur pratique à chacun. Au vu de la grande proportion de patients migrants accueillis dans les hôpitaux suisses, une sensibilisation des soignants à cette problématique existe, et est très bénéfique pour les patients migrants, mais aussi pour les soignants, qui sont souvent démunis face à des patients issus d’une culture très différente de la leur.

Parmi les dispositifs visant à aider les soignants dans leur prise en charge de patients migrants, la consultation transculturelle aux HUG (36), est basée sur la formulation culturelle. Le guide de formulation culturelle figure en appendice du Diagnostic and

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Statistical Manual of mental disorders IV (DSM-IV) (37). Cet outil permet une aide précieuse pour une prise en charge du patient intégrant son individualité, sa culture et ses croyances, tout en l’impliquant dans la compréhension des soins et dans les processus décisionnels le concernant. Il s’agit de comprendre l’impact de la culture (aussi bien celle du patient que celle du soignant) sur les soins. En effet la culture influence l’entièreté de la prise en charge clinique du patient : le type de plainte et sa formulation, le seuil de tolérance des symptômes, la compréhension des causes de la maladie et du pronostic, les attentes envers les soignants, les croyances concernant le traitement. Le guide de formulation culturelle permet d’obtenir toutes ces informations de la part du patient, tout en prenant en compte son groupe culturel de référence, son contexte familial et psychosocial (sources de tension ou de soutien), l’histoire de la migration, son implication dans sa culture d’origine mais aussi dans la culture hôte. La formulation culturelle consiste, grâce à ces informations, à identifier les problématiques du patient et leur implication dans la prise en charge clinique.

De plus, il ne faut pas négliger la culture du soignant, ainsi que la culture médicale locale, qui influencent notre façon d’appréhender la maladie, et par conséquent notre prise en charge. Il est également important de faire le point sur la dimension culturelle de la relation soignant-patient, c’est-à-dire les divergences de leurs deux cultures, la connaissance de la langue et de la culture de l’autre, l’implication de l’Histoire et de la politique. (34,38,39) La formulation culturelle permet aux soignants, même s’ils ne sont pas spécialisés en approche transculturelle, de donner du sens à la problématique du patient, et de construire avec lui une alliance thérapeutique.

d. Capacité de résilience

Il existe de très nombreuses définitions de la résilience. La Fondation pour l’Enfance de Paris la définit en 2000 : « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, et à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères. » (40) En d’autres termes, il s’agit de l’accession à une adaptation émotionnelle (coping) et des objectifs sociaux souhaitables, malgré l’exposition à un risque considérable. Ce risque

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plupart des gens comme un facteur de stress majeur ou une détresse émotionnelle pouvant altérer le fonctionnement normal. (41,42) La résilience représente la capacité à réussir dans des tâches développementales données. Les enfants exposés à des risques importants peuvent présenter différents niveaux de compétence de coping dans différents domaines. Ils peuvent donc développer des stratégies d’adaptation pour survivre à la situation difficile dans laquelle ils se trouvent, mais ne sont pas forcément pour autant complètement en bonne santé sur le plan affectif. Ainsi, certains auteurs remettent en question la pertinence d’une notion de résilience globale (40), et préfèrent rattacher la résilience à chaque domaine spécifique dans lesquels la stratégie d’adaptation est fructueuse (on parle alors de résilience académique, résilience sociale, résilience émotionnelle, etc.) (41)

La capacité de résilience repose sur des facteurs protecteurs et des fonctionnements protecteurs. Les facteurs de protection ou de vulnérabilité sont des caractéristiques inhérentes à chaque enfant. On peut citer par exemple le genre, les filles semblant moins susceptibles que les garçons à réagir aux difficultés psychosociales par des troubles du comportement ou des troubles émotionnels. L’intelligence représenterait également un facteur de protection, car elle sous-tend une meilleure capacité à développer des solutions et des stratégies d’adaptation en évaluant les comportements les plus adéquats. De plus, l’intelligence facilite la réussite scolaire, qui est elle-même un processus protecteur. Un autre facteur est le locus de contrôle interne, c’est-à-dire la tendance d’un individu à croire que les événements de la vie sont déterminés par ses propres efforts, et non par une force extérieure sur laquelle il n’a pas de contrôle. En effet, la sensation de garder le contrôle est associée à moins de stress et des expériences plus positives. Les compétences sociales sont également un facteur important, puisqu’elles permettent de rechercher l’assistance des pairs. (41,42)

Un autre argument appuyant cette composante « génétique » de la résilience est apporté par plusieurs études qui se sont intéressées à la survenue plus fréquente de différentes pathologies chez les patients migrants de certaines origines par rapport à d’autres, suggérant des différences inhérentes à l’origine, et non pas seulement au processus de migration. Il semblerait par exemple qu’en Angleterre, les adolescents migrants originaires de l’Inde de l’ouest présenteraient un taux d’hospitalisation plus élevé pour des troubles du comportement et de l’identité que les adolescents originaires du reste de l’Inde ou du Pakistan. (43)

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Mais la résilience n’est pas qu’un trait de personnalité déterminé par la génétique, il s’agit plutôt d’un processus dynamique, influencé par l’interaction entre ces facteurs génétiques et l’environnement global d’une personne ainsi que son contexte de vie. (44) Il existe par conséquent un ensemble de processus protecteurs pouvant être sources de soutien dans l’adversité : le milieu familial, le groupe des pairs, l’école, la communauté, mais aussi la religion, l’environnement culturel et le système politique.

La figure ci-dessous représente le modèle socio-écologique du développement décrit par Bronfenbrenner en 1979 (45), permettant de déterminer pour chaque enfant les facteurs de risque et de protection pour son développement normal dans son contexte psychosocial.

Modèle socio-écologique du développement de l’enfant, Bronfenbrenner 1979

Références

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