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Censure et cinéma

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Appel à communications

Censure et cinéma

Colloque

V

èmes

rencontres Droit et cinéma : regards croisés 29 et 30 juin 2012

Université de La Rochelle

La cinquième édition des rencontres « Droit et cinéma : regards croisés », organisées depuis 2008 pendant le Festival International du Film de La Rochelle, sera consacrée au thème de la censure dans le 7ème art. Nous tenterons par une approche interdisciplinaire (juridique, économique, historique, littéraire et cinématographique) d'analyser la censure, tant ses formes sont multiples : « Elle émane du haut (ministres, dictateurs) ou du bas (ligues de décence, bombes anonymes) ; elle mutile, coupe (une phrase, une scène), interdit (aux mineurs, à tout le monde) ; elle s’opère avant le tournage (sur lecture de scénarios), pendant, ou après ; elle saisit, elle séquestre, elle brûle les négatifs ; elle se manifeste de façon plus ou moins franche, en coulisses, par des pressions feutrées, déguisée en ‘devoir de réserve’, en ’secret d’instruction’, ‘en secret d’Etat’ ou en ‘intérêt supérieur de la nation’ ; elle bafoue les droits d’expression, condamne les cinéastes, les tyrannise, les enferme, les tue. » (Douin, 2001:4)

La censure consiste, la plupart du temps, en une intervention étatique dans le champ de la production culturelle, à l'instar de la France où le cinéma est une politique publique révélant une activité contrôlée au niveau national par un système de visas, de classifications et de soutiens multiples - à la création, la production, la distribution, la diffusion et la promotion des œuvres cinématographiques - et localement avec l'utilisation des pouvoirs de police par le maire en cas de troubles à l'ordre public sous le contrôle du juge administratif.

Elle peut être exercée, suivant les époques et les pays, sous l’influence d’un parti politique (comme ce fut le cas en URSS sous Staline ou sousBrejnev), d’une religion (en Iran depuis la révolution islamique de 1979) ou de groupes religieux (se livrant à des actions violentes ou saisissant les juridictions), de l'industrie cinématographique elle-même (avec l'adoption par les majors américaines du Code Hays en 1934 amenant les scénaristes, réalisateurs et producteurs à s'autocensurer en matière de morale et de bonnes mœurs pendant près de 40 ans) ou du marché, empêchant toute production d'un film ou imposant ses vues, comme dans le processus de coproduction mis en place par les chaînes de

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télévision, voire réduisant à néant ses chances de distribution en salles.

Le colloque envisagé a une dimension plurielle. Il a ainsi pour ambition de retracer l'historique des censures, celles-ci étant concomitantes à la naissance du cinéma, et de dessiner les contours juridiques, économiques et esthétiques des processus de censure dans les cinématographies nationales.

Si les modalités de censure varient d'une époque ou d'un continent à l'autre - la politique culturelle iranienne encourageant la production cinématographique malgré la multiplicité des contrôles institués -, les motifs d’ire pour les censeurs semblent souvent identiques : les institutions, la religion, la violence (physique ou verbale) et le sexe, cet ensemble traduisant l'ordre moral et politique dominant d'une société donnée.

Quelles attitudes adoptent les scénaristes, réalisateurs, producteurs et distributeurs des films objet de polémiques ? Participent-ils de cette entreprise de censure, en acceptant que quelques dialogues soient réécrits, quelques scènes coupées, refusant la projection d'un film sur un territoire ou révélant une inventivité artistique, afin d'en contourner les interdits ?

Le corpus à étudier étant constitué des films traitant de la censure et/ ou objets de toutes les censures – qu'ils soient de fiction ou documentaires -, les communications s’inscriront naturellement dans toute l’histoire cinématographique et s’intéresseront à toutes les cinématographies nationales, sans exclusive.

* Bibliographie indicative

Raymond DEPARDON, L’être photographe. Entretiens avec Christian Caujolle, Ed.

de l’Aube, 2007.

Agnès DEVICTOR, Politique du cinéma iranien. De l'âyatollâh Khomeyni au président Khâtami, CNRS Ed., 2004.

Jean-Luc DOUIN, Dictionnaire de la censure au cinéma. Images interdites, PUF, 2001.

Laurent GARREAU, Archives secrètes du cinéma français 1945-1975, PUF, 2009.

Martine GODET, « Image et censure dans l'URSS de Brejnev : des contre- exemples », Champs visuels (11) oct. 1998, « L'image empêchée. Du côté de la censure ».

Marie-Thérèse JOURNOT, Le vocabulaire du cinéma, Nathan, 2002.

Pascal KAMINA, Droit du cinéma, Lexis Nexis, 2011

Natacha LAURENT, L'œil du Kremlin. Cinéma et censure en URSS sous Staline (1928-1953), Ed. Privat, 2000.

Jacques LEFEBVRE, « Les sentiers de la gloire », Cinémaction (103), « 50 films qui ont fait scandale », 2002.

Myriam TSIKOUNAS, « Le cuirassé Potemkine », Cinémaction (103), « 50 films qui ont fait scandale », 2002.

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Moshe ZIMMERMAN, « De plein gré et avec plaisir. La censure et le cinéma israélien », Champs visuels (11) oct. 1998, « L'image empêchée. Du côté de la censure ».

Cas Significatifs

- Interdictions municipales du Pull-over rouge de Michel Drach (France, 1979), de Je vous salue Marie de Jean-Luc Godard ((France, Suisse, 1984), de La dernière tentation du Christ/ The Last Temptation of Christ de Martin Scorses (E.-U, 1988) ou de Roberto Succo de Cédric Kahn (France, 2001).

- Interventions du Conseil d’Etat à l'exemple de Baise-moi de Virginie Despentes et Coralie Trinh-Thi (France, 2000) dont le Conseil d'Etat censura la décision du ministre de la Culture de l'interdire aux moins de 16 ans assorti pourtant d'un avertissement « Ce film, qui enchaîne sans interruption des scènes de sexe d'une cruauté appuyée et des images d'une particulière violence, peut profondément perturber certains des spectateurs » aboutissant à l'adoption du décret du 12 juillet 2001 interdisant le film aux moins de 18 ans, sans pour autant l'inscrire sur les listes prévues aux articles 11 et 12 de la loi n° 75-1278 du 30 décembre 1975 (classement X) ; mais aussi d'Antichrist de Lars Von Trier (France, Italie, Pologne, Danemark, Suède et Allemagne, 2008) dont le visa d'exploitation du ministre de la Culture interdisant le film aux mineurs de moins de 16 ans a été contesté devant le Conseil d'Etat et annulé pour insuffisance de motivation : CE, 25 novembre 2009, Asso. Promouvoir, Asso. Action pour la dignité humaine, req. n° 328677 et 328769, avant une nouvelle décision ministérielle identique sur le fond mais davantage motivée quant à la forme. V.

- Censure politique à l'exemple du Cuirassé Potemkine de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein et Grigori Alexandrov, (URSS, 1925) interdit, au motif de sa propagande, pendant un quart de siècle en France, Royaume-Uni, Italie et au Japon ou distribué dans une version abrégée aux Etats-Unis, Pays-Bas, en Finlande et en Suède. V. De même Valéry Giscard d'Estaing, bien qu'ayant financé la production de la première partie de 50,81% de Raymond Depardon du temps où il était candidat, et proclamé la fin de la censure politique une fois devenu président de la République, s'opposa personnellement à la sortie du film pendant près de trente ans. Sur les péripéties de 1974, Une partie de campagne de Raymond DEPARDON (France, 2000).

- Censures morales : l'affiche et le film Baby Doll d’Elia Kazan (E.-U., 1956) furent interdits par les ligues de décence et le cardinal Spellman, la jeune femme en nuisette dans un lit-cage d’enfant suçant son pouce lui permettant d’y voir « une fellation digitale très marquée », cité par Jean-Luc DOUIN, 2001, p. 45.

- Censure pour motif religieux dont Suzanne Simontin ou La religieuse de Jacques Rivette (France, 1966) constitue l'archétype.

- Censure pour motif de violence physique (les films violents et d’horreur par exemple sont censurés à certains égards : les films de Gaspar Noé, tous interdits au moins de 16 ans ; également la série des Zombies) ou verbale (classement aux Etats-Unis du film Les Choristes, interdisant le film aux moins de 13 ans en raison de la grossièreté du vocabulaire des adolescents).

- Acceptations ou détournements de la censure : L'Auberge rouge de Claude Autant-Lara vit le scénario de Jean Aurenche réécrit sur quelques phrases prononcées par le moine. De « Qu'est-ce qu'un gendarme... Rien... un grain de poussière (…) Deux grains de poussière... », la censure proposa « Qu'est-ce que c'est, un gendarme, dans l'immense, dans le gigantesque appareil de la société ! Le gendarme, il ne fait qu'arrêter les personnes », proposition acceptée par le producteur (Laurent GARREAU, 2000, p. 102-103). C'est le cas

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de la scène de l'entonnoir dans Le deuxième souffle de Jean-Pierre MELVILLE qui a été coupée par le réalisateur sur suggestion du président de la commission de contrôle des films cinématographiques. Comme l'absence de demande de visa d'exploitation en France pour Les sentiers de la gloire/ Paths of Glory de Stanley Kubrick (E.-U., 1958) et la décision du même réalisateur du retrait d'Orange mécanique (E.-U., 1958) des écrans anglais à la suite de plusieurs meurtres et d'une violente campagne de presse.

Calendrier

Les propositions de communications devront comporter : - 6 000 signes maximum ;

- le titre de la communication, sa problématique, le corpus filmique ;

- une petite notice biographique du contributeur ;

et être transmises avant le 1er mars 2012 aux adresses des trois organisatrices (ci-dessous).

La liste des propositions retenues par le comité scientifique sera communiquée le 20 avril 2012.

Le colloque se tiendra à La Rochelle les 29 et 30 juin 2012.

Comité scientifique

Danièle André, maître de conférences en civilisation et culture populaire nord-américaines, Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA), Université de La Rochelle

Xavier Daverat, professeur de droit privé, Université Montesquieu Bordeaux IV

Lucile Desmoulins, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, CNAM DICEN EA 4420, Université Paris Est Marne-la-Vallée IFIS

Lionel Miniato, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles au Centre universitaire Jean-François Champollion, Institut de droit privé de l’Université de Toulouse I Capitole.

Jean-Marie Tixier, maître de conférences en littérature et cinéma, Université Montesquieu Bordeaux IV

Comité d'organisation

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Magalie Flores-Lonjou, maître de conférences en droit public, Université de La Rochelle, CEREGE LR-MOS, mflores@univ-lr.fr

Eve Lamendour, maître de conférences en sciences de gestion, Université de La Rochelle, CEREGE LR-MOS, LEMNA,

eve.lamendour@univ-lr.fr

Stéphanie Peltier, maître de conférences en sciences de gestion, Université de La Rochelle, CEREGE LR-MOS, stephanie.peltier@univ-lr.fr

Références

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