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FICHES D'AIDE À LA PRÉPARATION DE VOTRE VISITE

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Academic year: 2022

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CÉZANNE AU MUSÉE GRANET (NIVEAU -1)

FICHES D'AIDE À LA PRÉPARATION

DE VOTRE VISITE

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PAUL CÉZANNE ET LE MUSÉE GRANET

CÉZANNE, ÉLÈVE DE L'ÉCOLE DE DESSIN

L’École de dessin d’Aix est le premier véritable lieu de formaton artstsue frésuenté par Paul Cézanne. Il y est inscrit entre 1857 et 1862, alors qu’il est successivement lycéen, étudiant en droit puis employé dans la banque de son père après son premier séjour parisien. Il la fréquentera plus ponctuellement pendant les années suivantes lors de ses séjours aixois.

Là, Cézanne va apprendre les rudiments de son art. C’est, après tout, dans des écoles de ce genre que l’on apprend le méter, même si l’enseignement y est, en efet, parfaitement académisue. Paul Cézanne le sait bien, mais sa famille lui permet sans trop rechigner de fréquenter cet établissement de bon aloi et, en outre, gratuit.

À l’École de dessin, Paul Cézanne apprend les gestes de son art et rencontre des condisciples qui forment autour de lui un réseau d’amités et de fréquentatons actves : Philippe Solari, Auguste Truphème, Honoré Gibert, Numa Coste, etc.

Tous ces jeunes gens, Paul Cézanne en tête, rêvent d’être des artstes, avec tout ce que cela implique de compagnonnage et de solidarité. Mais Cézanne a toujours une certaine façon d’être seul parmi les autres.

Il tre toutefois le proft de ce que l’École de dessin peut lui apporter, mais, en même temps, il la considère avec tout le recul critque qui s’impose. Il éprouve par exemple pour Joseph Gibert (1806-1884), qui est en même temps le directeur de l’École et le professeur de dessin attré, un mélange de ressentment et de reconnaissance afectueuse. Gibert lui apprend les principes académiques, le culte de l’antque, le respect de l’autorité de David. Cézanne dira de lui « Gibert Pater, mauvais pictor » (Gibert père, mauvais peintre) mais reconnaîtra aussi qu’« avec ça, c’est sans doute celui qui s’occupe le plus et le mieux d’art dans une ville de vingt mille âmes ». Gibert est peut-être un mauvais peintre, mais il n’est pas un mauvais directeur.

Le musée d’Aix a été pour Paul Cézanne, comme pour tous les élèves de l’École de dessin, un lieu de formaton du goût artstsue, de confrontaton aux anciens, su’il s’agisse de maîtres ou de peintres mineurs.

ll n’est pas défendu de penser que les paysages de Paul de Bril, de François Marius Granet ou d’Emile Loubon aient pu infuencer la concepton des paysages chez Cézanne.

S’il ne faut pas exagérer l’infuence des collectons du musée d’Aix sur certains rapprochements, certaines convergences thématques ou plastques peuvent être efectuées entre des œuvres du Maître d'Aix et des toiles conservées au musée Granet.

1839-1860 : Une enfance aixoise

Paul Cézanne est né à Aix-en-Provence le 19 janvier 1839. Louis-Auguste Cézanne (1792-1886), son père, est chapelier, puis banquier en 1848. En 1859, il devient propriétaire de la bastde du Jas de Boufan. Sa mère, Anne Elisabeth Honorine Aubert, est ouvrière chez son père.

En 1852, le jeune Paul entre au Collège Bourbon (actuel collège Mignet). Il se distngue partculièrement en grec et en latn, mais aussi en mathématques ou en science. Au collège, il fait la connaissance d’Émile Zola, fils d’un architecte d’origine vénitenne qui construit un barrage pour alimenter Aix en eau. Unne amité fraternelle les unit et le futur écrivain parlera très tôt d’une « fraternité de génie ». Avec Baptitn Baille, ils sont surnommés les « troii iniéparablei » et arpentent chaque pouce de la campagne aixoise dans de folles orgies de plein air. De 1857 à 1862, Cézanne fréquente l’École gratuite de deiiin de la ville,

adjointe au muiée, et y obtent un second prix de peinture (1859). Zola est malheureusement obligé de regagner Paris en 1858 pour retrouver sa famille dans une difcile situaton financière depuis la mort prématurée de son père. Le futur écrivain échoue au baccalauréat, tandis que Cézanne est reçu à la deuxième cession avec menton "assez bien". La même année, Cézanne commence des études de droit, qu’il abandonnera en 1861. Malgré les rétcences de Louis-Auguste Cézanne, Zola n’aura de cesse de faire venir son ami dans la capitale afin d’accomplir ensemble leur rêve de gloire.

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1861-1870 : la période « couillarde »

Cézanne va partager ion tempi entre Parii et la Provence. Après un bref passage dans la banque paternelle, il se consacre entèrement à la peinture, dans un ityle iurprenant et choquant pour le bourgeois. Les icènei d’enlèvementi, d’orgiei, de violi et de meurtrei alternent avec dei portraiti dei membrei de ia famille ou de iei amii, dei petti payiagei et quelquei naturei mortei.

L’agressivité et la brutalité de sa manière de peindre heurtent tout autant que le choix de ces thèmes. Tout cela lui vaut d’être systématquement refuié à l’Ecole dei Beaux-Arti et aux Saloni ofcieli. La peinture de Cézanne est alors denie et épaiiie, travaillée au couteau à palete (1865-1866), ce qui l’amène à une simplificaton du geste et de l’efet pictural.

Il va déjà à l’essentel des diférents plans, « sculptant », littéralement la matère au tranchant du couteau.

Expressionniste avant la lettre et en avance sur son temps (l’Expressionnisme historique naît dans le nord de l’Europe au début du XXe siècle), Cézanne recherche la puiiiance évocatrice de la couleur au iervice de la itructure iimplifée du tableau. Avec Zola, Cézanne est convaincu qu’à l’origine de la créaton, il y a le « tempérament ». Ses références sont diverses. Il est transporté par les talents de coloriite de Delacroix, atré par le réaliime de Courbet et impressionné par la modernité de Manet qui s’impose à lui par le scandale du Déjeuner sur l’herbe. Le sens du baroque chez Cézanne se mêle indéniablement à ion intérêt romantque. Est-ce pour équilibrer ces tendances foisonnantes qu’il se tourne vers le modèle classique de Poussin en copiant le tableau des Bergers d’Arcadie en 1864 (oeuvre disparue) ? La rente mensuelle de 150 francs que lui sert son père lui permet, modestement, de vivre pour sa peinture. À Paris, Cézanne fréquente l’Académie Suisse qui propose, pour peu d’argent, des modèles vivants masculins et féminins, sans enseignement, sans correcton, en toute liberté. Il y rencontre quelques uns des futurs impressionnistes, Francisco Oller, Antoine Guillemet, Armand Guillaumin, Camille Pissarro, mais aussi Achille Emperaire, autre aixois « monté » à Paris pour embrasser la carrière des arts.

Nombreux iont cei compatriotei, qui forment une pette « colonie » aixoise d’artstes, peintres comme Cézanne, sculpteurs comme Philippe Solari, écrivains comme Zola ou Valabrègue, et se retrouvent dans les cafés de la capitale ou à la campagne, sur les bords de Seine, comme à Bennecourt.

Zola i’inipirera de cete période exaltée de leur jeuneiie pour ion roman ’’OEuvre, publié en 1886.

Cézanne rencontre, dans le milieu artstque parisien d'avant-garde, Claude Monet, Edgar Degas, Auguste Renoir, Fantn-Latour et Manet, notamment au café Guerbois. Dans ce café, l’artste aixois fait vraisemblablement la connaissance d'un autre peintre provençal, Adolphe Montcelli. En 1869, Cézanne rencontre dans la capitale Hortenie Fiquet ; originaire du Jura, elle devient sa compagne. Pendant la guerre de 1870, le peintre se cache à L’Estaque pour éviter d’être enrôlé dans la Garde natonale. Il peint des paysages étonnants dans lesquels la ligne du dessin créée un univers ondulatoire, où le graphisme le dispute à la peinture.

1871-1877 : Cézanne et l’Impressionnisme

Durant une longue période presque exclusivement parisienne, Cézanne se lie d’amité avec Camille Piiiarro et va travailler auprèi de lui, notamment à Pontoiie (1873), où il expérimente les découvertes de tout un groupe d’artstes : les futurs « impreiiionniitei ». Ils peignent sur le motf au contact étroit avec la nature, d’une palette claire et aux couleurs vives : pettei touchei juxtapoiéei du pinceau qui ie fondent à l’oeil du ipectateur, tons purs pour iaiiir lei nuancei fugacei de la lumière iuivant lei heurei du jour. Ils veulent être les peintres de leur époque : oublier les « jus » sombres et le clair-obscur de l’art ofciel, oublier les nymphes et déesses d’un Olympe bien lointain pour porter un regard nouveau sur le monde qui les entoure.

Cette posture nouvelle, dans un premier temps, rebute la société dominée par une bourgeoisie qui s’est approprié les dépouilles stylistques du passé. À Auvers-sur-Oise, le Docteur Paul Gachet (qui sera l’ami et le Paul Cézanne, Sucrier, poires et tasse bleue,

1865-1866 Paris, musée d'Orsay, déposé au musée Granet

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médecin de Vincent van Gogh) s’intéresse au travail de Cézanne et lui achète des tableaux. En 1872, Hortense Fiquet donne naissance à son unique fils, prénommé Paul, comme son père. ’a première expoiiton du groupe (Degas, Renoir, Monet, Sisley, Pissarro, Cézanne), emmené par Claude Monet, a lieu en 1874 dans les ateliers du photographe Nadar, boulevard des Capucines (Cézanne ne partcipera plus qu’à la troisième expositon en 1877). Pissarro et Monet imposent Cézanne au sein même du groupe, dont certains membres trouvent sa peinture trop provocatrice.

Cézanne ie diitngue de iei amii impreiiionniitei par le choix de iei iujeti, dont certains sont encore teintés de romantsme, et par sa manière très personnelle

d’interpréter les thèmes de Manet et la leçon des peintres du plein air. Piiiarro reconnaîtra pour cete période une infuence réciproque avec Cézanne. De retour en Provence en 1876, le peintre aixois cache l’existence de sa compagne et de son fils à sa famille et partculièrement à son père, de crainte de perdre la maigre pension qu’il lui sert.

1878-1888 : Le dépassement de l’Impressionnisme

En revenant plus fréquemment en Provence et notamment à L’Estaque, Cézanne i’éloigne de l’impreiiionniime pour i’intéreiier moini à la traducton d’un initant qu’à la recherche d’une permanence dei choiei. ’a pette touche juxtapoiée impreiiionniite devient plui « itructurante » et conitructve. Selon la volonté de l’artste, elle s’oriente en vertcales, horizontales ou diagonales – qui solidifient le paysage – fait ressortr son ossature, son squelette géologique qu’habille la chair des couleurs.

Zola penie que Cézanne n’aura pai le courage d’aiiumer ion génie et le coniidère comme un artite « raté ». La publicaton de son roman L’OEuvre en 1886, dans lequel il raconte la fin misérable de Claude Lanter, un peintre ne pouvant accoucher de son oeuvre, marque la fin de leur relaton. Le mariage de Cézanne avec Hortense, le 28 avril 1886, fait figure de régularisaton tardive, alors que leur fils Paul a quatorze ans. Désormais, le peintre vivra souvent éloigné de sa femme et de son fils.

Disparaissant la même année, ’ouii-Auguite Cézanne laiiie à iei troii enfanti une fortune évaluée à 1,6 millioni de franci. Unne rente financière à vie formée essentellement d’actons permet à son fils d’être à l’abri du besoin. Cette décennie, dans sa vie personnelle comme dans son art, marque une étape décisive. Confirmant les expériences passées, la période de Gardanne, fn 1885-1886, qui ne dure que quelquei moii, montre l’ampleur dei progrèi pour ie libérer de la manière impreiiionniite. La touche devient une zone colorée plus ample et transparente, notamment par l’expérimentaton du « non-fini » et l’exploraton parallèle de la technique de l’aquarelle. Le blanc de la toile résonne de plus en plus lumineux sous la couche picturale ; celle-ci s’allège et apparaît entre lei touchei qui deviennent dei tachei coloréei. Le thème de la

montagne Sainte-Victoire s’impose et illustre parfaitement l’évoluton stylistque du peintre au cours de ces années.

1889-1899 : « Une harmonie parallèle à la nature. »

Unn début de reconnaissance s’opère dans ces années. Pendant l’Expositon universelle de 1889, qui voit la onstructon de la Tour Eifel, l’Expositon centennale de l’Art français présente La Maison du pendu de Cézanne.

Son intenton de vivre en Provence i’accomplit dani cete décennie. Il cesse de fréquenter la vallée de l’Arc, ainsi que Montbriand (au sud-ouest d’Aix, où sa soeur avait acheté une propriété) et Bellevue, pour se rapprocher de la montagne Sainte-Victoire. Il loue un cabanon au Tholonet en travaillant dans les carrières de Bibémus et fréquente les environs de Château-Noir (1893-1899). À Paris, en 1899, il se rend tous les après-midi au Louvre ou au musée de Sculpture comparée du Trocadéro afin de préparer la séance du lendemain. Le travail, le labeur lent et réféchi doit traduire « ia pette ieniaton », elle-même ensemble Paul Cézanne,

Portrait d'Émile Zola, vers 1862-1864 Musée Granet

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complexe de perceptons de ses sens et expression de son « tempérament ». Témoins de modernité dans la recherche plastque, certains sujets comme les Joueurs de cartes ou les Fumeurs s’inscrivent dans la grande traditon de l’histoire de l’art, au même ttre que le thème des baigneurs et baigneuses, ou celui des natures mortes.

À la suite du décès de la mère de Cézanne en 1897, le Jas de Boufan est vendu le 18 septembre 1899. Avec la douleur d’un véritable déchirement, il s’installe en ville, rue Boulegon où il fait aménager un pett atelier dans les combles.

1900-1906 : Les dernières années

La première expositon personnelle de Cézanne à Paris – l’artste a alors cinquante-six ans – est organisée par le jeune marchand Ambroiie Vollard en 1895. Elle marque un début de reconnaissance. ’a jeune génératon rend hommage au Maître d’Aix et reconnaît ion œuvre. Cézanne sera le phare de cette génératon de créateurs qui, à divers égards, fait figure d’avant-garde artstque. Il se sent le « primitf » d’un art nouveau, mieux compris et donc mieux disposé à accueillir ses jeunes admirateurs. En novembre 1901 arrive le futur « fauve » Charles Camoin, l’ami de Matsse, qui fait son service militaire à Aix.

Émile Bernard, de retour d’un voyage en Egypte, débarque à Marseille et s’arrête à Aix (février 1904). Il va sur le motf à Château-Noir et Sainte- Victoire et travaille pendant un mois avec Cézanne, qui met à sa dispositon une salle au rez-dechaussée de son atelier. Sur le motf, Cézanne accepte à iei côtéi de jeunei artitei aixoii, teli Joieph Ravaiiou, Barthélémy Niollon et ’ouiie Germain. Les expositons chez Vollard contnuent comme en 1901. Au salon d’Automne à Paris, en 1904, une salle entère est consacrée à son oeuvre : 31 tableaux et 2 dessins. En décembre 1904, Monet constate « l’emballement général » des prix des tableaux de Cézanne. Cézanne achète au chemin dei ’auvei, au nord de la ville, une pette propriété où il fait construire son atelier. ’ei grandi thèmei de cette période sont dans les paysages de Château-Noir et Sainte- Victoire vue du chemin dei ’auvei, lei baigneuri et baigneuiei qui deviennent lei Grandei

Baigneuiei, les ultmes et somptueuses naturei mortei ainsi que les portraits, notamment de Vallier, le jardinier de son atelier. Les observatons, les moyens picturaux valent pour une montagne comme pour un corps ou un objet. La synthèse opérée par le peintre n’est pas seulement synthèse des formes, géométrisaton ou simplificaton. L’ambiton est immenie d’ordonner le chaoi dei ieniatoni, lei « aiiiiei géologiquei » d’un paysage mais aussi d’un portrait ou d’une nature morte. L’oeuvre est paradoxale, porteuse de tensions contraires, riche de la multplicité des logiques qui pourtant fusionnent sur la toile.

Cézanne i’arrête aux portei de l’abitracton, en homme encore trop ancré dans l’humanisme du XIXe siècle.

Par fdélité au motf, il réiiite aux tentatoni de l’abitrait, ce que plui d’une oeuvre « non fnie » laiiie pourtant voir.

Aux côtés d’aquarelles lumineuses s’impose une oeuvre plus sombre que l’on oublie souvent. Est-ce l’approche de la mort ? Dans les derniers temps de sa vie, c’est un retour à des visions plus tourmentées, à des épaisseurs de matère que l’on ne croyait plus possibles. ’e thème du crâne, du memento mori, revient en force dani lei naturei mortei comme dans autant de « vanités » des siècles passés. Les atteintes du diabète se font plus graves et Cézanne parle de « troubles cérébraux ». Les derniers mois sont marqués par la soufrance de son état physique, la recherche de la fraîcheur près de la rivière de l’Arc comme un retour aux sources de l’enfance. À l’automne, sous la pluie, en peignant, il est pris d’un malaise. Le lendemain, il peint un portrait de Vallier à l’atelier. Le 22 octobre Madame Brémond télégraphie à sa femme et à son fils que le peintre est au plus mal. Ils arriveront trop tard. Cézanne meurt le 23 octobre à sept heures du matn

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ÉTUDE D'OEUVRES

Analyiei d’une iélecton d’œuvrei de Paul Cézanne expoiéei au muiée Granet, Atenton certainei de cei œuvrei peuvent être abientei de noi cimaiiei le jour de votre viiite.

’e Baiier de la Muie est un tableau peint en 1857 par Félix-Nicolas Frillié, artste français appartenant à la mouvance romantque. Après avoir été exposée au Salon l'année de sa réalisaton, la toile est envoyée au musée d'Aix par l'Etat. C'est peu de temps après son entrée dans les collectons, vers 1859, sue Cézanne réalise cete copie.

La scène représente un poète endormi dans sa mansarde. Une muse, fgure féminine ailée et drapée de blanc, se penche vers lui pour l'embrasser et l'inspirer dans son sommeil. Lorssue Cézanne réalise cete copie de l’œuvre de Frillié, il est encore élève à l'école gratuite de dessin d'Aix, qui forme alors avec le musée un seul et même établissement. Bien que ne faisant pas l'objet d'un enseignement direct à l'époque, la pratque de la copie est considérée comme la base de l'enseignement artstque. La peinture de Cézanne est d'ailleurs relatvement fdèle à l’œuvre de Frillié, de par son format quasi conforme à l'original et le rendu métculeux de chaque détail. Certaines diférences sont toutefois perceptbles, et la copie exécutée ici par l'artste trahit un certain mansue d'assurance propre à une œuvre de jeunesse.

Au cours de ces années, Cézanne se trouve un temps au croisement de la poésie et de la peinture, hésitant d'ailleurs sur le chemin à prendre. Dans une letre adressée à son ami et datée du 1er août 1860, Zola écrit :

« Fais moi oublier le Lamartne naissant par le Raphaël futur [...] Oui mon vieux, plus poète que moi, plus vrai [...] tu as pris le pinceau et tu as bien fait ». C'est donc la muse de la peinture que Cézanne décide fnalement de suivre, encouragé par sa mère. Toute sa vie, celle-ci gardera le tableau dans sa chambre, elle qui, sans comprendre l'oeuvre de son fls, le comparera naïvement : « Il i'appelle Paul, comme Véronèie et Rubeni. »

Paul Cézanne a vingt ans lorsque son père, Louis- Auguste, banquier à Aix, acquiert la propriété du Jas de Boufan en 1859. Domaine campagnard et protecteur, ce site est pour le maître d’Aix le lieu de l’apprentssage de la peinture de plein air. Il y aménage un atelier et y peint dès les années 1860, à la faveur de ses fréquents allers-retours entre Paris et la Provence. Le Jas de Boufan est avant tout un lieu d'apprentssage pour l'artste, qui va au fl du temps y metre en place toute une série de recherches sur le paysage. Cézanne se situe dans la traditon des paysagistes qui traitent la représentaton du paysage non comme simple décor d’une peinture d’histoire, mais comme un thème pictural à part entère. Dans une letre de 1866 Paul Cézanne, Le Baiser de la

Muse, (vers 1860)

Paul Cézanne, Vue du Jas de Boufan, 1875-1876

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adressée à son ami Zola, il écrit d'ailleurs que : « Les tableaux faits à l’intérieur, dans l’atelier, ne vaudront jamais les choses faites en plein air ». La toile Vue du Jas de Boufan représente un coin du parc : le pan de mur sur la droite structure la compositon, en soutenant un feuillage qui tente d’envahir le centre du tableau. Chemin, champ, muret apportent des lignes horizontales d’une force implacable. On peut observer que la pette touche colorée de Cézanne s’oriente en vertcales, horizontales ou diagonales afn de structurer la compositon et de renforcer son ésuilibre. Ces pettes touches légères permetent à Cézanne d'éclaircir sa palete, de dynamiser l'espace du tableau tout en lui conférant une architecture interne et des couleurs vibrantes. En revenant plus fréquemment en Provence à partr de la fn des années 1870, Cézanne se libère ainsi peu à peu de la manière impressionniste au cours d’une période de transiton.

Le Portrait de Madame Cézanne date des années 1885-1887.

Le peintre utlise alors peu de modèles professionnels, préférant faire appel à des proches ou à des membres de sa famille. Il exécute en tout vingt-sept portraits de son épouse, qui devient ainsi l’un de ses modèles de prédilecton. Cézanne est avant tout un peintre laborieux, pour qui la réalisaton d’un portrait demande beaucoup de temps. Il atend par ailleurs des modèles une immobilité absolue au cours de ces longues séances de pose. Très exigeant quant à la pratque de son art, il déclare auprès d’Ambroise Vollard, son marchand : « L'aboutssement de l'art, c'est la fgure. » in Cézanne (Conversatons avec), sous la directon de P.M. Doran, 1978 Madame Cézanne apparaît ici comme une fgure imposante et massive, dont le visage est vidé de toute expression. La rigoureuse frontalité du modèle est cependant légèrement adoucie par l’inclinaison de sa tête. Avec le temps, la peinture de Cézanne évolue, l’artste n’essayant plus de ratacher son modèle à un contexte précis, mais bien à rendre de celui-ci une vision générisue et archétypale, indépendante de circonstances partculières. Cete toile est donc empreinte d’une grande simplicité, qui l’éloigne netement des portraits plus classiques de la grande traditon famande et italienne. Cézanne fait de son modèle une sorte d’icnne monumentale, dans un portrait qui n’est ni photographique, ni même sociologique. Il aborde sa peinture avec une rigueur évidente, et se concentre avant tout sur la constructon du tableau, basée sur l’étude du rapport entre forme et couleur car, comme il le dit lui-même, « suand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude ». Propos rapportés par Joachim Gasquet, in Cézanne (Conversatons avec), sous la directon de P.M. Doran, 1978 Avec le temps, la touche cézanienne devient progressivement plus ample et transparente, notamment par l’exploraton parallèle de la technique de l’aquarelle. Le blanc de la toile résonne de plus en plus lumineux sous la couche picturale qui s’allège et apparaît entre les touches. Dès lors, la peinture de Cézanne tend moins à traduire des impressions fugitves plutnt que la permanence des choses. Certains thèmes, comme le portrait, le paysage ou la nature morte, illustrent alors parfaitement l’évoluton stylistque du peintre au milieu des années 1880. Répondant à un véritable désir de synthèse, la touche constructve et structurante du peintre cède progressivement la place à des plans colorés sui annoncent les facetes du cubisme de Brasue et de Picasso, grands admirateurs de Cézanne. Associée à la simplifcaton des formes, elle annonce ici un nouveau mode de représentaton, celui des avant-gardes du début du XXe siècle.

Paul Cézanne, Portrait de Madame Cézanne, 1885-1887

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Dès les années 1870, Cézanne peint de nombreux tableaux de paysage ayant pour sujet le nu féminin. Il fait notamment plusieurs variantes autour du thème des baigneuses, changeant à chaque fois la dispositon des personnages. Ce tableau, réalisé vers 1890, est sans doute une des préfguratons de la célèbre compositon des Grandes Baigneuses qui occupa le peintre jusqu’à la fn de sa vie. Dans cete œuvre d’imaginaton, Cézanne délaisse l’aspect sensuel des nymphes et autres Vénus des maîtres anciens pour mieux se concentrer sur la compositon et le rendu des attudes. Les baigneuses se répartssent en deux groupes distncts, de forme pyramidale, qui se détachent à l’avant du tableau. Leurs corps s’épanouissent dans un paysage idyllique, sorte d’Arcadie méditerranéenne qui doit beaucoup à la traditon classique. Dans ce lieu hors du temps, également enraciné dans ses souvenirs de jeunesse, le peintre fait jaillir la lumière grâce à un chromatsme orienté vers des tonalités riches présidées par un subtl mélange de rose, de vert, de jaune et de bleu. La légèreté de la touche confère par ailleurs à cete huile sur toile des efets de transparence propres à l’asuarelle. En revenant plus fréquemment en Provence à partr des années 1870, Cézanne se libère peu à peu de la manière impressionniste au cours d’une période de transiton. La pette touche juxtaposée devient plus constructve et s’oriente en vertcales, horizontales ou diagonales afn de structurer la compositon, de renforcer son équilibre, de la dynamiser tout en lui conférant une architecture interne et des couleurs vibrantes. Le bleu du ciel et le vert des arbres se retrouvent dans les carnatons des personnages féminins, créant ainsi un jeu de correspondances colorées au sein du

tableau. Pour Cézanne, « le dessin et la couleur ne sont point distncts ; au fur et à mesure sue l’on peint on dessine ; plus la couleur s’harmonise, plus le dessin se précise. Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude. Les contrastes et les rapports de tons, voilà le secret du dessin et du modelé. » Propos rapportés par Joachim Gasquet, in Cézanne (Conversatons avec), sous la directon de P.M. Doran, 1978 La grande ambiton du peintre est d’aboutr à la pleine fusion de la fgure humaine et du paysage, dans des tableaux où les notons de sujet, d’objet, de partculier et d’universel, tendent ici à se confondre.

Les baigneuses sont ainsi traitées comme des éléments du paysage à part entère, Cézanne faisant du corps féminin une sorte d’artefact dénué de toute sensualité ou psychologie. Leurs corps sont traités comme des blocs ou des forces d’énergie, tandis que la touche constructve et structurante matérialise en quelque sorte un nouvel espace visuel au sein du tableau. Ces Baigneuses révèlent donc l’apogée d’un style qui, dans les années 1890, s’est depuis longtemps détaché de l’impressionnisme pour exalter par des moyens nouveaux, formes et couleurs en peinture.

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