BPIFRANCE | DIRECTION DE L’EVALUATION DES ETUDES ET DE LA PROSPECTIVE - FICHE PAYS ARABIE SAOUDITE |
05/2022
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1Direction Evaluation, Etudes et Prospective
ARABIE SAOUDITE : FICHE PAYS – MAI 2022
SYNTHÈSE :
STRUCTURE DES ÉCHANGES
Catégorie OCDE (2022) :2/7
Notes agences (S&P / Moody’s / Fitch) : A- / A1 / A Change : Riyal saoudien (SAR) / Régime de change fixe arrimé à l’USD
Horizon de l’objectif de neutralité carbone : 2060
Évolution des risques : stable
Environnement macroéconomique et financier :
• Vulnérabilité de la croissance : Après une double crise en 2020 (sanitaire et pétrolière), la reprise de l’activité en 2021 (+3,2 %) a été essentiellement portée par le rebond du secteur hors hydrocarbures. La croissance serait élevée en 2022 (+7,6 % selon le FMI), en lien avec un fort rebond du secteur des hydrocarbures (hausse de la production et des exportations avec des cours élevés). A moyen terme, le déploiement du plan Vision 2030 (méga projets, privatisations, diversification de l’économie) sera un enjeu clé pour porter l’activité économique.
• Vulnérabilité des comptes publics : Dans un contexte de cours élevé du baril et de reprise de l’activité, l’Arabie Saoudite dégagerait un important excédent public en 2022 (+5,5 % du PIB selon le FMI), ce qui mettrait un terme à l’augmentation rapide de l’endettement public depuis 2015. Le Royaume continuerait donc de bénéficier d’une notation souveraine avantageuse.
• Vulnérabilité extérieure : L’Arabie Saoudite retrouverait un excédent courant à deux chiffres en 2022 (19,5 % du PIB selon le FMI). Par ailleurs, l’ouverture du pays aux investisseurs étrangers permettrait de stimuler les flux d’investissements, et contribuerait à alimenter à la hausse les très confortables réserves de change (24 mois d’importations).
• Vulnérabilité du secteur bancaire : Le système bancaire présente des fondamentaux solides.
Environnement politique et gouvernance :
• Stabilité socio-politique : M.B.S Al Saoud, héritier du trône, renforce son emprise sur la gestion du Royaume et cherche à moderniser le pays. La multiplication des affaires politiques (assassinat de Khashoggi, campagne anticorruption) et militaire s (guerre au Yémen) fragilise son image. Le pays tente néanmoins d’engager un dialogue pour apaiser les tensions régionales (retour des relations diplomatiques avec le Qatar, discussions avec l’Iran, avec qui les relations restent tendues). Les relations resteraient solides avec les Etats-Unis, en dépit d’une nouvelle administration moins conciliante.
• Climat des affaires : Les réformes se succèdent (loi sur les faillites, investisseurs étrangers majoritaires, privatisations, PPPs) et permettent au Royaume de se positionner au 62e rang au classement Doing Business.
Environnement et politique du climat :
• Vulnérabilité climatique : Les enjeux d’adaptation à la transition énergétique et environnementale pousse à terme à se libérer de la prépondérance des hydrocarbures par une diversification de l’économie. Ce processus devrait cependant prendre du temps.
FORCES
• 25 % des réserves de pétrole mondiales
• Niveau très élevé de réserves de change
• Projet Saudi Vision 2030 pour diversifier l’économie
• Leader géopolitique dans la région
• Fonds souverains fortement dotés
FAIBLESSES
• Economie fortement dépendante des hydrocarbures et des dépenses publiques
• Tensions régionales
• Gouvernance de mauvaise qualité
• Main d’œuvre locale peu qualifiée
•
Principaux partenaires commerciaux + France
Exportations Importations
1 Chine 13,6% 1 Chine 23,8%
2 Japon 10,8% 2 Singapour 14,4%
3 Etats-Unis 10,7% 3 Japon 8,9%
4 Singapour 7,7% 4 Thaïlande 5,7%
29 France 0,6% 17 France 1,2%
Sources : CNUCED
Part moyenne des échanges de marchandises entre 2015 et 2019 (% du total)
Principaux produits échangés
Exportations Importations
Combustibles 20,3% Machinerie méca. 15,7%
Huiles 10,5% Combustibles 13,7%
Machinerie méca. 5,4% Machines élec. 11,7%
Véhicules 4,9% Fer, acier 6,1%
Fer, acier 4,4% Plastiques 5,1%
Sources : ITC
Part des échanges de marchandises en 2019 (% du total)
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2TABLEAUX DES PRINCIPAUX INDICATEURS
ARABIE SAOUDITE
2017 2018 2019 2020 2021 (e) 2022 (p) STRUCTURE ECONOMIQUEPIB (Mds USD, courant) 689 817 804 703 834 1 040
Rang PIB mondial 20 18 18 21 19 19
Population (Mns) 32,6 33,4 34,2 35,0 35,5 36,2
Rang Population mondiale 41 41 41 41 41 40
PIB / habitant (USD) 21 114 24 438 23 485 20 089 23 507 28 759
Croissance PIB (%) -0,7 2,5 0,3 -4,1 3,2 7,6
Inflation (moyenne annuelle, %) -0,8 2,5 -2,1 3,4 3,1 2,5
Part exportations manufacturées (% total exp.)* 16,7 16,3 16,6 20,3 NA NA
FINANCES PUBLIQUES
Dette publique (% PIB) 17,2 18,3 22,5 32,4 30,0 24,1
Solde public (% PIB) -9,2 -5,7 -4,4 -11,3 -2,4 5,5
Charge de la dette publique (% recettes budg.)* NA NA NA NA NA NA
POSITION EXTERNE
Solde courant (% du PIB) 1,5% 8,8% 4,8% -3,1% 6,6% 19,5%
IDE (% du PIB)*** -0,9% -1,8% -1,1% 0,1% -0,5% NA
Réserves (en mois d'importation B&S) 29,8 27,1 32,8 27,1 23,9 29,8
Dette extérieure totale (% PIB) 19% 19% 23% 34% 30% 24%
Dette extérieure CT (% PIB)*** 6,4% 4,8% 6,0% 6,5% 5,7% 4,7%
Taux de change** 3,75 3,75 3,75 3,75 3,75 3,75
SYSTÈME BANCAIRE
Fonds propres / actifs pondérés 20,4 20,3 19,3 18,6 19,1 19,6
Taux de NPL** 1,6 2,0 1,9 2,2 2 NA
ROE 12,9 13,8 12,1 8,6 10,9 NA
SOCIO-POLITIQUE
Rang gouvernance Banque Mondiale (214 Pays)* 116 113 119 119 NA NA
Rang doing business (190 pays)* NA NA NA 62 NA NA
CLIMAT
Rang émissions de CO2 par hab. (145 pays)a 8 12 NA NA NA NA
Rang ND-Gain (181 pays)b 70 72 72 NA NA NA
Rang politique climat (58 pays)c NA NA 50 31 40 40
Légendes : (p) prévisions. Sources : FMI (WEO Avril 2020), *Banque Mondiale,**SAMA,***Oxford Economics a : Agence Internationale de l'Energie, b : Notre Dame Global Adaptation Initiative, c : Germanwatch
Agriculture; 2,3%
Secteur extractif; 38,2%
Secteur Manufacturier;
11,9%
Electricité, gaz et eau; 1,3%
Construction;
4,5%
Commerce; 9,3%
Transport &
commmunication;
6,2%
Services financiers; 4,9%
Immobilier; 5,4%
Autre; 16,0%
Arabie Saoudite : ventilation sectorielle du PIB en 2019
Sources : GAS
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31. SITUATION ECONOMIQUE
• De la crise en 2020 au rebond en 2021 Le PIB s’est contracté de -4,1 % en 2020, avec un fort repli du PIB pétrolier (-6,6 %), en réaction à l’écroulement du prix du pétrole1 et à la baisse orchestrée de la production par les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole élargie (OPEP+). Par ailleurs, un confinement entre avril et mai et de fortes restrictions sanitaires jusqu’en septembre ont pesé sur l’activité du secteur non pétrolier (-2,4 %).
En 2021, l’activité économique a rebondi (+3,2 %), renouant avec le niveau d’activité pré-pandémie en fin d’année. Epargnée par de fortes nouvelles vagues de Covid-19 et lancée dans une campagne de vaccination rapide2, l’Arabie Saoudite a relâché les mesures sanitaires, ce qui a favorisé le rebond de l’activité hors hydrocarbures (+4,9 %), particulièrement rapide pour le secteur manufacturier (+11,6 %). Dans un contexte de reprise de la consommation privée (hausse de 33 % du salaire minimum)3, les activités de service (commerce, transport) ont également enregistré un rebond important.
Le PIB pétrolier a enregistré une croissance légèrement positive en 2021 (+0,2 %). Avec le relâchement des quotas OPEP+4 et la remontée des prix du pétrole5, le rebond de l’activité pétrolière au S2 2021 (+9,8 % en g.a) a en définitive plus que compensé le repli enregistré au S1 2021 (-9,4 % en g.a).
• Croissance élevée en 2022
En 2022, la croissance du PIB serait comprise entre +6,8 et +8 % selon les instituts de prévisions. L’amélioration sur le marché de l’emploi (baisse du taux de chômage, en lien avec la « saoudisation » de l’emploi6) irait de pair avec un renforcement de la consommation privée. Par ailleurs, l’investissement privé (qui intègrerait les investissements du fonds souverain, le PIF, selon les
1Provoquée par la hausse drastique de la production en Arabie Saoudite (11,7 Mls b/j) pour gagner des parts de marché et amener les membres de l’OPEP+ à la table des négociations.
2 65 % de la population avait achevé un cycle complet de vaccination fin 2021 et 30 % a reçu une 3e dose en mai 2022.
3+9,7 % en 2021, après -6,3 % en 2020.
données officielles) se montrerait particulièrement dynamique, dans le secteur de la construction (logements), de la chimie et de l’automobile (véhicules électriques) et de manière générale via le déploiement de la stratégie Vision 2030 (cf. ci-dessous).
Dans la continuité des bons chiffres du T1 2022 (croissance du PIB de +9,6 % en g.a, +2,2 % en t/t), l’activité serait principalement portée par un fort rebond du secteur des hydrocarbures (supérieur à +11 % en 2022 selon les différents instituts de prévisions). La poursuite du relâchement des quotas OPEP+ stimulerait de +16 % la production et un prix du pétrole élevé (prix moyen du baril de Brent de 103,4 USD en 2022, selon EIA) boosterait les exportations d’hydrocarbures.
Malgré un contexte de resserrement des conditions de financement, la Banque centrale (SAMA) ayant relevé ses taux +75 pdb entre janvier et mai 2022 (cf. Partie 3), les perspectives restent favorables pour les secteurs hors hydrocarbures (croissance de près de + 4 % selon le FMI), portés par une demande interne dynamique.
• Perspectives favorables à moyen terme A moyen terme, le royaume s’appuiera sur Vision 2030 comme feuille de route afin de diversifier son économie (transport et logistique, ENR, santé, tourisme, infrastructures numériques) et renforcer son attractivité.
Le déploiement de Vision 2030 nécessitera d’importants investissements (7 200 Mds USD), financés à hauteur de 66 % par l’Etat, le fonds souverain (PIF) et les retombées de dividendes des sociétés cotées. Les prévisions d’investissement, et celles notamment liées aux IDE dans les nouvelles zones économiques spéciales, semblent néanmoins très ambitieuses.
Un prix du baril élevé offre des marges budgétaires pour accélérer la réalisation des principaux mégaprojets (Neom, Red Sea, Qiddiya, Amaal), qui stimuleraient le
4 La production du Royaume est passée de 8,2 Mls b/j en janvier 2021 à 9,9 Mls b/j au T4 2021.
570,7 USD en moyenne 2021, contre 41,6 USD en 2020.
6 Phénomène consistant à promouvoir l’emploi de la main d’œuvre locale, en instaurant des quotas par secteurs et tailles d’entreprises et en taxant les expatriés et leur famille.
-32%
-24%
-16%
-8%
0%
8%
16%
24%
32%
3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Production pétrolière Arabie Saoudite Mls barils / jour G.A. (%) (éch. droite)
Sources : OPEC, EIA, Refinitiv
-12 -9 -6 -3 0 3 6 9 12
Croissance du PIB réel en Arabie Saoudite
Secteur non pétrolier Secteur pétrolier
Total Secteur public
Sources : General Authority for Statistics, Datastream GA %
secteur de la construction, des transports, et du tourisme. Par ailleurs, le pays compte également développer d’autres secteurs : tech, éducation, santé, finance. Pour le secteur financier, cela s’est notamment traduit par l’ouverture de 1,9 % du capital d’Aramco et par l’intégration de la bourse locale (Tadawul) à des indices financiers de référence (FTSE, MSCI).
Le renforcement du climat des affaires constitue un pilier central de cette stratégie afin d’attirer les investisseurs étrangers. Une nouvelle brique a été apportée en juillet 2021 avec l’introduction d’une loi sur la privatisation et les PPPs, qui vise à augmenter la part du secteur privé dans l’économie de 50 % actuellement à 65 % d’ici 2030.
D’autres réformes devront toutefois être menées pour garantir la réussite du plan, notamment concernant l’accumulation des arriérés de paiement de l’Etat (qui ont mené à des faillites d’entreprises d’envergure du secteur de la construction par le passé), l’évolution du code du travail ou encore les plafonds pour les prises de participations des entreprises étrangères (cf. Partie 4).
• Secteur bancaire stable
Le secteur bancaire affiche des ratios solides (solvabilité, liquidité et rentabilité). Le niveau de prêts non performants est bas (2 % des prêts totaux) et ne devrait que faiblement augmenter, du fait d’une activité soutenue en 2022 et du prolongement du programme de prêts assortis de garantie publique jusqu’à mars 2023.
La création de la Saudi National Bank, fruit de la fusion de la NCB et Samba Bank en 2021, doterait le pays d’un champion bancaire afin de rivaliser avec les grandes banques concurrentes de la région (E.A.U, Koweït).
2. FINANCES PUBLIQUES
L’endettement public a rapidement augmenté7 en deux phases. La première est intervenue à la suite de la chute des prix du pétrole à partir de 2015, menant à d’importants déficits publics8, qui se sont toutefois réduits en 2018-20199. La seconde phase correspond à la crise du Covid en 2020 (déficit de -11,2 % du PIB), nécessitant le relèvement du plafond d’endettement de 30 à 50 % du PIB. Le creusement du déficit aurait pu être plus prononcé sans le triplement du taux de TVA (15 %) et le versement d’un dividende de 75 Mds USD de la compagnie nationale pétrolière Aramco.
Si un redressement des finances publiques a été amorcé en 2021 (déficit public de -2,5 %), le pays dégagerait son très probable premier excédent budgétaire depuis 10 ans en 2022 (+5,5 % du PIB selon le FMI). Une conjoncture plus favorable (cf. Partie 1) permettrait d’augmenter les recettes de +23 % en 2022. Si
71,6 % du PIB en 2014, 30 % en 2021.
8-13 % du PIB en moyenne entre 2015 et 2017.
initialement de nouvelles coupes dans les dépenses de -3,5 % devaient être consenties en 2022, un prix du pétrole au-delà de l’hypothèse retenue dans le Budget 2022 (77 USD le baril) offre des marges budgétaires importantes, pour ne pas nécessairement accentuer l’effort de consolidation. Ces marges permettraient par ailleurs d’augmenter certaines catégories de dépenses (sous forme de transferts) afin de protéger le pouvoir d’achat de la hausse des prix (transports, alimentaires).
Bénéficiant d’une notation souveraine avantageuse, l’Arabie Saoudite a financé l’essentiel de ses déficits par des levées obligataires, surtout à long terme et sur les marchés internationaux des capitaux. Par ailleurs, l’Arabie Saoudite, à l’instar d’autres pays du Golfe, a intégré les indices obligataires émergents de JP Morgan en 2019, permettant au pays de profiter de l’appétit des investisseurs en quête de rendements.
3. POSITION EXTÉRIEURE
Avec la chute du prix du pétrole10, le solde courant est devenu déficitaire en 2020 (-2,8 % du PIB) avant un excédent +6,6 % du PIB en 2021. En 2022, une hausse de l’activité domestique entrainerait une augmentation des importations, qui serait plus que largement compensée par le sursaut des exportations. En effet, l’excédent courant retrouverait des niveaux pré-baisse des prix du pétrole de 2014 (près de 19 % du PIB, selon le FMI). En outre, après deux années de restrictions, la réouverture partielle du tourisme religieux va contribuer à stimuler les recettes touristiques. A moyen/long terme, les perspectives pour le secteur touristique, au-delà même du tourisme religieux, permettraient de réduire le déficit de la balance des services.
A ce stade, le maintien de l’ancrage du riyal à l’USD n’est pas remis en cause, et est garanti par la politique de la SAMA, qui consiste à calquer ses hausses de taux d’intérêt sur celles de la Fed. Dans un contexte de faible inflation, cette politique a tendance à augmenter les taux d’intérêt réels et ainsi à renforcer l’attractivité du pays pour les investisseurs. Une situation qui semble concorder avec le processus d’ouverture du Royaume et sa volonté d’attirer les investisseurs étrangers. L’objectif
9Avec l’introduction de la TVA et de taxes sur les expatriés.
10Les hydrocarbures pèsent 80 % des recettes d’exportations.
-25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 (p) Solde budgétaire en % du PIB - Arabie Saoudite
Solde budgétaire Solde budgétaire primaire
Source : FMI WEO 04/22
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5étant d’augmenter les flux entrants d’IDE à 5,7 % du PIB d’ici 203011. Cette stratégie vise à moins dépendre des recettes d’hydrocarbures pour alimenter les réserves de change, qui se sont contractées de -40 % depuis 2014.
Elles atteignent néanmoins un niveau très confortable de 23,9 mois d’importations et se redresseraient en 2022.
4. ASPECTS POLITIQUES
• Un homme fort à la tête du Royaume
En 2017, Mohammed Ben Salmane Al Saoud (MBS, fils du roi actuel) a été nommé premier héritier de la couronne à la place de son cousin Mohammed ben Nayef Al Saoud, et est devenu l’homme fort du pays. Un tournant historique, qui a provoqué une scission plus forte avec les autres clans de la dynastie Saoud. Sous l’impulsion de MBS, l’Arabie Saoudite entre dans une nouvelle ère, avec une volonté de changer le fonctionnement économique du pays en profondeur.
Sont visés une moindre dépendance au secteur pétrolier, l’inflexion du modèle d’Etat Providence et un allègement de la lourdeur bureaucratique.
• Chômage et gouvernance médiocre
Le plan Saudi Vision 2030 cherche à revenir sur le modèle d’Etat Providence (réduction des subventions énergétiques, encadrement de la masse salariale publique), un pilier majeur au sein du royaume pour préserver le climat social. Dans un contexte de chômage certes en baisse mais élevé12 et d’inégalités fortes, les autorités maintiendraient leur politique active de l’emploi dans le secteur public au risque de rogner sur les objectifs visés par Vision 2030 (taux de chômage de 7 % chez les locaux d’ici 2030). En termes de gouvernance, l’Arabie Saoudite obtient des résultats médiocres aux indicateurs de la Banque Mondiale (liberté d’expression, la stabilité politique et la qualité de la règlementation) et se situe derrière les autres pays du Golfe.
• Renforcement du climat des affaires
L’ouverture du capital d’Aramco aux investisseurs et la fin de la règle des 51/49 pour les investisseurs étrangers dans les secteurs non stratégiques (commerce de gros
et de détail) constituent des étapes clés pour renforcer le climat des affaires, qui s’est amélioré avec l’introduction d’une loi sur les faillites et les privatisations. Toutefois, les entreprises étrangères rencontrent des difficultés avec la « saoudisation » de l’emploi et rechignent à embaucher la main d’œuvre locale, mal formée et jugée peu efficace. De plus, les grandes sociétés étrangères opérant dans le Golfe ont jusqu’à 2024 pour relocaliser leur siège régional en Arabie Saoudite, au risque sinon de ne plus pouvoir répondre aux appels d’offre.
La perception du risque sécuritaire (attentats des Houthis du Yémen contre divers cibles) et surtout politique peut également peser sur le climat des affaires, comme cela fut le cas lors des vagues d’arrestations opaques dans le cadre d’une enquête anti-corruption en 2017 et surtout avec l’assassinat de J. Khashoggi.
• Tensions dans la région
Les négociations pour mettre fin au conflit au Yémen pourraient mener à un dégel des relations avec l’Iran, voire laisser entrevoir un rapprochement à moyen terme.
Les relations avec le Qatar s’améliorent, l’Arabie Saoudite ayant rompu son embargo (après une rupture des liens diplomatiques entre 2017 et 2020). Le pays n’est en revanche pas signataire des accords Abraham avec Israël, contrairement aux E.A.U et à Bahreïn.
La guerre en Ukraine constitue une source de tensions avec les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite s’accordant avec la Russie dans le cadre de l’OPEP+ à ne pas accélérer la hausse de la production de barils. Malgré une volonté de diversifier son approvisionnement en matériel militaire (Russie, Chine, UE), la dépendance militaire de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des Etats-Unis laissent à penser que leurs relations resteraient solides.
5. CLIMAT ET ENVIRONNEMENT
L’Arabie Saoudite fait face à un risque physique modéré lié au changement climatique, selon les indicateurs du ND-Gain (fragilités pour l’habitat et l’eau, atouts en termes de santé et surtout d’infrastructures). L’Arabie Saoudite fait en revanche face à un risque de transition non négligeable. Sa forte spécialisation dans les hydrocarbures pourrait constituer un frein important à sa transition. Si les émissions de gaz à effet de serre décélèrent depuis 2014, le pays se classe dans les pires pays au monde en termes d’émissions de CO2/habitant.
Le pays est signataire des accords de Paris et vise la neutralité carbone à horizon 2060. Le plan Saudi Vision 2030 intègre une dimension énergétique et environnementale, qui consiste à financer le développement des ENR (énergie solaire) pour qu’elles représentent 50 % de la production d’électricité d’ici 2030. Un objectif très ambitieux étant donné que la part de la production est actuellement proche de 0 %.
111,1 % du PIB en moyenne durant les années 2010 et 2,8 % en 2021, chiffre « doppé » par l’ouverture du capital d’Aramco.
1211 % chez les locaux, près de 30 % chez les jeunes, sachant que les moins de 30 ans représentent 70 % de la population.
1,2% 1,2%
0,5% 0,6% 0,8%
2,3%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Arabie Saoudite : flux d'investissements entrants
IDE
Invest. de portefeuille Autres investissements
Source : SAMA
% PIB
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6D
IRECTION DESE
TUDES,
DE L’E
VALUATION ET DE LAP
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Economie Internationale et Risques Pays
Anne-Sophie Fèvre Afrique de l’Ouest, Afrique australe, CEI & Russie as.fevre@bpifrance.fr Adriana Meyer Amérique Latine, Asie du Sud & Inde, Afrique de l’Est adriana.meyer@bpifrance.fr Victor Lequillerier MENA, Turquie, Chine, ASEAN victor.lequillerier@bpifrance.fr
Global trends, Pays Développés, Conjoncture France
Sabrina El Kasmi Responsable /Global trends, Pays développés, pétrole sabrina.elkasmi@bpifrance.fr Laetitia Morin Macroéconomie France, Europe, conjoncture PME laetitia.morin@bpifrance.fr Thomas Laboureau Macroéconomie France, conjoncture ETI Thomas.laboureau@bpifrance.fr
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