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Crise sanitaire et confinement

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Academic year: 2022

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Mots-clés

• Crise sanitaire

• Confinement

• Handicap

• Travail

• Milieu protégé

• ESAT Keywords

• Health crisis

• Lockdown

• Disability

• Work

• Sheltered work

• ESAT

Juliette Hontebeyrie Université de Bretagne- Sud, Laboratoire d’Études et de Recherche en Sociologie – LABERS (UBO-EA 3149) juliette.hontebeyrie

@univ-ubs.fr

Crise sanitaire et confinement

Une occasion de reconsidérer le lien entre handicap et travail en milieu protégé (ESAT)

Juliette Hontebeyrie

RÉSUMÉ

En France, les établissements et services d’aide par le travail (ESAT) sont des établissements médico-sociaux dans lesquels des travailleurs handicapés, encadrés par des salariés et accompagnés par le biais d’un soutien médico- social et éducatif, exercent des activités à caractère professionnel à visée de production économique. En écho à leur fonctionnement en temps normal, les options choisies dans les ESAT en réponse au bouleversement provoqué par la crise sanitaire de mars 2020 et le confinement généralisé qui en a découlé ont montré des réalités contrastées. Interprétant différemment ce que recouvre la notion de handicap, les arguments développés par les enca- drants des ESAT les ont conduits à des solutions opposées: fermeture totale, fonctionnement avec les seuls salariés ou avec la contribution des travailleurs handicapés, dont le handicap constitue soit une contre-indication stricte au travail, soit un argument pour la continuité ou la reprise de leurs activités.

Par ailleurs, la nouvelle organisation des ateliers, sous contraintes sanitaires, a été l’occasion de se pencher sur certaines conditions de travail. Le regard porté sur les compétences des travailleurs handicapés dans ce contexte et la valorisation de leurs activités via l’attribution d’une prime ont montré que certains ESAT ont reconsidéré l’importance de leur contribution à la production réalisée.

ABSTRACT

Health crisis and lockdown: An opportunity to reconsider the link between disability and sheltered work (ESAT)

In France, establishments and services of assistance through work (ESAT) are medico-social establishments in which disabled workers – supervised by employees and accompanied by medico-social and educational support – carry out activities of a professional nature aimed at economic production.

Echoing their normal functioning, the options chosen in ESAT in res- ponse to the upheaval caused by the health crisis of March 2020 and its subsequent generalized lockdown showed contrasting realities. Relying on various understanding of what the notion of disability covers, arguments developed by supervisors led to opposite solutions: total closure, operation with employees only or with disabled workers. Which disability constitutes a strict contraindication to work or an argument for continuity or resumption of their activities. In addition, the new organization of workshops, under health constraints, was an opportunity to look at some working conditions.

The view taken of the skills of disabled workers in this context and the enhancement of their activities through the award of a bonus have showed that some ESAT reconsidered the importance of their contribution to the production carried out.

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Introduction

Le statut de “travailleur handicapé” est à la croisée des systèmes de normes du handicap et du travail et pose la question de leur articulation (Blanc & Stiker, 1998;

Lucas, 2015), très variable selon les modèles nationaux d’organisation du travail pro- tégé, les situations et les domaines (contrat, conditions de travail, protection sociale, hygiène et sécurité…) (Visier, 1998a, 1998b). En France, ces questions se déclinent en particulier au sein des Établissements et services d’aide par le travail (ESAT), qui appartiennent au milieu protégé. Pour sa part, le statut des travailleurs handica- pés d’ESAT est régulièrement discuté en termes juridiques (Canut, 2015; Joly, 2016;

Mananga, 2008; Poinsot & Joly, 2015), cependant le rapport entre handicap et travail fait peu l’objet d’analyses en situation.

Or au cœur du milieu protégé, en termes généraux comme dans des situations spécifiques, la prééminence accordée au handicap ou au travail est loin d’être immuable et peut mener à des options divergentes pour les travailleurs handicapés 1 concernés:

être privés de travail du fait de leur remplacement par les encadrants ou de la ferme- ture des ateliers; poursuivre leurs activités avec les ajustements nécessaires. Ainsi, la crise sanitaire liée à la Covid-19 et le confinement généralisé et inédit de mars 2020 ont pointé comment le handicap, ou a contrario le travail, constitue concrètement l’élément prédominant de la définition du statut de “travailleur handicapé” (I). Par ailleurs, les accommodements réalisés au cours de cette période ont pu être l’occasion de reconsidérer l’activité professionnelle de ces travailleurs.

Ainsi, les déclinaisons qu’a connues l’appellation “travailleur handicapé” dans cette situation exceptionnelle ont parfois conduit à repenser le rapport entre handicap et travail dans leur contribution à la production des ESAT (II).

Éléments de cadrage

La loi du 11 février 2005 pour “l’égalité des droits et des chances, la participa- tion et la citoyenneté des personnes handicapées” définit la notion de handicap comme

“toute limitation d’activité ou de restriction et participation de la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant”

(Code de l’action sociale et des familles (CASF), art. L. 114 issu de l’article 2 de la loi du 11 février 2005).

Les ESAT sont des établissements et services médico-sociaux (ESMS) et appar- tiennent au milieu dit protégé. Pour intégrer un ESAT, il faut avoir une capacité de travail inférieure ou égale au tiers de celle d’une personne valide, ou besoin d’un ou plusieurs soutiens médicaux, éducatifs, sociaux ou psychologiques (CASF, art. L. 344-1 à L. 344-7), sous réserve d’une orientation décidée au niveau départemental par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (ANSA, 2015), et qui vaut reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (CASF, art. R. 243-1

1. À partir de ce point, les travailleurs handicapés seront parfois simplement dénommés “travailleurs.”

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à R. 243-4; Tallier, 2011). Les travailleurs handicapés exercent au sein de l’ESAT “des activités diverses à caractère professionnel” et reçoivent “un soutien médico-social et éducatif afin de favoriser leur épanouissement personnel et social” (ANSA; CASF, art. L. 344-2; Roccasalva-Serrano, Bugada & Zribi, 2017). Le contrat passé entre la personne (usager) et l’ESAT est un “contrat de soutien et d’aide par le travail” (CASF, art. L. 243-4 et suivants), signé pour une année et renouvelable. Il précise les activités professionnelles et la mise en place du soutien.

En 2018, 1 500 ESAT, agréés pour 119 830 places (Bergeron & Dauphin, 2020), accueillent 125 700 personnes, majoritairement des hommes, la presque totalité (83 %) d’entre elles travaillant à temps plein (IGAS, IGF, 2019, données 2014).

En 2014 et en moyenne, les usagers d’ESAT ont 39 ans, avec des âges respectifs d’entrée et de sortie de 30 et 42 ans, pour une durée de séjour d’environ 13 ans.

En 2014 (et 2018), 69 % des usagers d’ESAT ont des déficiences intellectuelles, 23 % des troubles du psychisme, du comportement ou de la communication, 3 % une défi- cience motrice, 1 % une déficience sensorielle, moins de 1 % un polyhandicap et 4 % d’autres handicaps (Bergeron & Eideliman, 2018; Diallo & Leroux, 2020). Par ailleurs, l’IGAS et l’IGF notent une augmentation relativement récente, mais importante, des personnes manifestant des troubles psychiques.

L’accès à un ESAT se fait principalement selon une logique de filière, avec un fort recrutement en sortie d’institut médico-éducatif ou médico-professionnel, près de 30 % des admissions, et un pic d’entrées autour de 19-22 ans (41 % des entrées, données 2014). Tandis que 20 % des admissions concernent des travailleurs d’au moins 40 ans.

Dans les ESAT français, le taux d’encadrement est de 21,3 salariés équivalents temps plein pour 100 places (Diallo & Leroux, 2020), avec une place pour 550 habi- tants (IGAS, IGF, 2019).

Contexte et cadre de l’enquête

La crise de la Covid-19 et le confinement généralisé de mars 2020 ont for- tement affecté les ESAT, dont une partie a fermé. Ceux qui sont restés ouverts ont continué à fonctionner soit exclusivement avec des salariés, soit avec la contribution des travailleurs. Les règles et protocoles qui ont découlé de ce confinement consti- tuent un moment particulier pour l’observation de l’usage de normes relatives au handicap au sein du milieu protégé. En se focalisant sur différents aspects de la mise en œuvre de ce confinement, et en se plaçant du point de vue des encadrants d’ESAT, on peut ainsi interroger le lien entre handicap et travail, via des représenta- tions et pratiques variées, mettant en avant des systèmes de normes différents, voire incompatibles.

La recherche mobilisée ici visait à comprendre en quoi et comment la crise sanitaire et le confinement avaient pu être des facteurs de transformation du travail en milieu protégé. Étudier le travail en ESAT à l’épreuve de la crise sanitaire a conduit à se focaliser sur des établissements comprenant des ateliers de blanchisserie, de cuisine/restauration collective ou de maraîchage/espaces verts, et susceptibles d’avoir continué à fonctionner pendant le confinement. Initialement constitué de

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vingt-et-un entretiens 2 réalisés dans dix-neuf ESAT répartis sur toute la France, par téléphone ou en visioconférence en novembre et décembre 2020, pour une durée allant de dix-sept minutes à une heure et dix-huit minutes, le corpus étudié ici n’en comprend que dix-neuf. Neuf hommes et dix femmes issues de dix-sept ESAT ont été interrogé·e·s: sept directeur·trice·s, cinq directeur·trice·s-adjoint·e·s, cinq chef·fe·s/

responsables de service, une coordinatrice et un moniteur. Deux entretiens ont été éli- minés: l’un collectif, avec une éducatrice technique spécialisée et quatre travailleurs, l’autre du fait de réponses trop peu précises, donc inexploitables, sans doute en lien avec la faible expérience de la personne interrogée du fonctionnement concret des ateliers (une psychologue). Chaque ESAT comptabilise entre cinquante et deux cents travailleurs aux pathologies variées: des déficiences intellectuelles (tous les ESAT), des troubles psychiques (douze ESAT), des lésions cérébrales, traumatisme crânien, AVC… (un ESAT). 3 Parmi ces ESAT, quatre sont restés ouverts avec encadrants et travailleurs, onze sont restés ouverts avec uniquement des encadrants et deux ont totalement fermé (cf. annexe).

Handicap et travail:

comment penser le fonctionnement des ateliers?

Les entretiens débutaient toujours par une question sur la présentation générale de l’ESAT et son fonctionnement courant. Les discours et représentations des encadrants déclinent et entremêlent références au médico-social et au monde du travail, mais s’organisent autour de registres assez différents. Ainsi, l’éventail des dénominations oscille d’une dominante médico-sociale/handicap à des références économiques et de travail.

Au cœur de l’ESAT: de qui parle-t-on?

Lorsqu’ils décrivent le fonctionnement de l’ESAT dans lequel ils exercent, certains encadrants citent systématiquement le couple travailleur/encadrant, /moni- teur ou /salarié, comme si le premier était indissociable du salarié qui l’encadre et que son travail ne pouvait se disjoindre de son handicap et de l’encadrement y afférent.

Sont aussi parfois mobilisés les termes de personnes (accueillies) ou d’usagers, excluant ainsi toute référence à l’activité de production des travailleurs. Centrés sur le handicap, ces discours dominent dans les ESAT ayant fonctionné uniquement avec des salariés ou fermés pendant le confinement.

Dans les ESAT restés ouverts avec des travailleurs, les encadrants mobilisent un vocabulaire plutôt centré sur le travail, en accolant les termes travailleurs et handicapés, ou sans mention d’encadrement et/ou de handicap, parlant de travailleurs, d’ouvriers (“mes” ouvriers) ou d’équipes (de travailleurs). Et si l’un mentionne “130 travailleurs avec 23 encadrants,” c’est par opposition aux 15 salariés de l’entreprise adaptée qui

2. Cette enquête s’appuie sur une source secondaire, à savoir des entretiens menés dans le cadre du suivi d’un mémoire collectif de recherche de fin d’études réalisé par C. Aubry, M. Barraud, G. Hemmar et S. Mongis, étudiantes du Master 2 Intervention et Développement Social de l’Université Bretagne Sud. Qu’elles soient remerciées ici de leur contribution.

3. L’information manque pour trois ESAT.

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fonctionne en parallèle de l’ESAT, parlant ensuite simplement des travailleurs quand il détaille le fonctionnement des ateliers.

Un registre est cependant commun à tous les ESAT: la distinction entre travail- leurs (handicapés) et moniteurs, salariés, encadrants ou professionnels. Les appella- tions des personnels d’ESAT se rattachent toujours clairement au monde du travail, même si les fonctions ne sont pas toujours explicitées.

Pour sa part, le confinement généralisé et inédit de mars 2020 a reconfiguré le fonctionnement de ces ESAT. Les ateliers de blanchisserie, de restauration collec- tive ou de cuisine, d’espaces verts ou de production horticole sont souvent restés ouverts, malgré leur fermeture dans certains ESAT. D’autres ateliers, variés et moins nombreux, ont aussi fonctionné (fabrication d’armatures, de palette et menuiserie en bois, maintenance et hygiène des locaux, de sous-traitance, ferme pédagogique, fromagerie, échoppe). Faisant écho aux discours décrivant le fonctionnement normal des ESAT, le confinement a créé une sorte de dichotomie au sein du couple “tra- vailleur handicapé.” D’un côté le handicap domine avec ses supposées spécificités inhérentes; de l’autre, la logique du travail l’emporte, opposant fermeture totale et fonctionnement au plus près de la normale. Les décisions de fermer l’ESAT, de faire fonctionner les ateliers exclusivement avec des encadrants ou avec les travailleurs reposent ainsi sur des argumentaires différents et articulant handicap et travail selon des logiques spécifiques.

Une lecture stricte des consignes:

le handicap prédominant, le travail en suspens

En tant qu’ESMS, les ESAT suivent les réglementations édictées par les Agences régionales de santé (ARS), deux ESAT justifiant ainsi leur fermeture totale, d’autres la seule éviction des travailleurs. “Alors on a tout fermé pour le premier confi- nement. […] C’est l’ARS. C’est l’ARS qui nous a demandé.” (K., cheffe du service éducatif, fermé). 4 Malgré des consignes strictes parfois considérées comme abruptes.

“On nous a dit: ‘Tout le monde confiné, plus d’usagers!’ […] On a eu l’ARS qui nous a dit:

‘Bon, voilà, vous confinez vos personnes parce que voilà, elles sont en situation précaire, etc., donc vous confinez.’ Donc nous en fait, on suit les directives. […] Nous nos financeurs, c’est l’ARS, donc on ne peut pas de notre propre chef aller à l’inverse des préconisations.”

(M., chef de service, ouvert, salariés)

Dans cette perspective, leur handicap interdit aux travailleurs de contribuer au fonctionnement des ateliers, provoquant la fermeture de l’ESAT ou leur rem- placement par des salariés. La dimension “handicap” prédomine, avec un éventail large de caractéristiques associées: vulnérabilité, précarité, émotivité… Ainsi, “les travailleurs ont été confinés chez eux parce que considérés comme des personnes à risque” (U., directrice-adjointe, ouvert, salariés). Le fonctionnement des ESAT avec la seule contribution des salariés repose alors, comme l’évoquent d’autres direc- teurs-adjoints sur du “réalisme” (D.), sur la volonté de “prendre le moins de risques possible” (F.) ou de protéger les travailleurs puisque “l’injonction gouvernementale

4. En annexe figurent la fonction de la personne interrogée et les caractéristiques de l’ESAT concerné:

ouverture/fermeture de l’ESAT, avec travailleurs ou encadrants, localisation géographique, effectif, types de handicap, ateliers, ateliers restés ouverts. Les verbatim ne reprennent qu’une partie de ces éléments.

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a été de considérer mes travailleurs comme des personnes vulnérables” (H.). Dans l’ESAT où travaillent des personnes cérébro-lésées…, il s’agit de “ne pas accueillir les personnes […] pour les préserver” et pour éviter “qu’il y ait un choc émotionnel fort [au retour] des personnes [qui] reviennent au travail. […] Là on risquait d’avoir, de créer une difficulté […] émotionnelle sur la reprise des travailleurs.” (I., respon- sable de service, ouvert, salariés). Pourtant, les injonctions de l’ARS peuvent être lues moins strictement.

Une lecture souple des consignes: le handicap compatible avec la réalisation d’activités essentielles

Faisant le choix de rester ouverts avec des travailleurs, deux directeur·trice·s interprètent ces consignes de manière souple, comme si les différents arguments évo- qués plus haut, du financement à la vulnérabilité, au risque ou aux émotions, n’étaient pas suffisants. “Si on écoutait l’ARS, enfin si j’étais un directeur qui avait peur, on aurait vite arrêté, et hop! tout le monde à la maison et on n’en parle plus.” (A.).

“Je pense qu’il y a beaucoup d’ESAT qui ont organisé leur fonctionnement pour per- mettre à tous les travailleurs de rester chez eux. Ça a pas été notre cas à nous.” (P.).

Le choix de continuer à faire fonctionner leurs ateliers sous contrainte de confine- ment s’inscrit dans une logique proche de celle qui prévaut dans les descriptions du fonctionnement général de l’ESAT. Dans un cas comme dans l’autre, la référence c’est le travail, tandis que le handicap est mis au second plan. Les ateliers sont décrits à l’aide de la formulation “on a un atelier de…,” sans référence aux encadrants, ni au handicap des travailleurs (A.). Pour l’autre ESAT, sont dénombrés des activités, des ateliers, des sites, puis pour réparer un oubli: “un petit pressing dans une ville à côté […]. Donc ça, c’est un tout petit atelier, il y a deux moniteurs, c’est au cœur de la cité” (P.), alors que quand il s’était agi de parler des activités intra-muros, les moniteurs n’avaient jamais été cités.

Pour fonctionner avec des travailleurs, les ateliers ont dû s’adapter: effectifs réduits, volontariat, absence de comorbidités, possibilité d’accès à l’ESAT (trans- port). Un directeur précise que “de continuer à faire fonctionner les ateliers avec des travailleurs, on l’a décidé nous-mêmes. Et après, on a eu la demande de l’ARS à 15h30 le vendredi pour nous dire de fermer le lundi. […] Enfin [l’ARS] laisse toujours un peu une porte, mais elle nous demandait de fermer, oui.” (A.). Une interprétation relativement souple des consignes de l’ARS apparaît comme concevable, leur lecture stricte loin d’être impérative, ouvrant ainsi des occasions d’adaptation.

Maintenir tel ou tel atelier ouvert a reposé sur les mêmes critères que pour le monde économique et le milieu ordinaire, laissant de côté les représentations envisa- geant le handicap et ses déclinaisons comme inconciliables avec la réalisation d’une activité à caractère professionnel. Certaines activités considérées comme essentielles ont été maintenues. “On a décidé de garder tout ce qui était… alors on va pas dire essentiel, puisque ce mot-là est un peu galvaudé maintenant, mais c’est-à-dire ceux pour qui…, si on arrêtait de travailler, nos clients étaient dans la difficulté et aussi sur le fait qu’on rende, la notion de service. […] Le reste de nos clients n’avait pas une urgence vitale. […] Il y a une vraie utilité sociale.” (A.). “On a continué de travailler sur la blanchisserie et la cuisine centrale car on était un secteur essentiel.” (O., directrice, ouvert, travailleurs).

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“Parce qu’on a des ateliers qui sont essentiels en fait à la vie de l’association, par exemple la cuisine centrale, la blanchisserie, la maintenance et hygiène des locaux. Et on a aussi des ateliers qu’on ne pouvait pas arrêter, par exemple l’équitation. […] Les chevaux, la ferme pédagogique c’est pareil, il y avait des animaux. Et la fromagerie on a pu la main- tenir, là c’était un choix, puisqu’on produisait un bien dit nécessaire puisque c’est un bien alimentaire.” (P.)

La référence à ces activités essentielles n’est pas la seule. Dans une sorte de retour- nement, au lieu de l’interdire, le handicap vient parfois, au contraire, justifier l’activité à l’ESAT. Elle est une solution face aux difficultés rencontrées par les travailleurs du fait du confinement. “Il y avait certains travailleurs qui n’étaient pas bien chez eux, qui ont mal vécu le confinement. À tour de rôle, […] ils sont venus une journée avec le moniteur pour pouvoir travailler.” (O., directrice). Au cœur de la mission des ESAT, la dimension de soutien apportée par leur activité professionnelle se voit attribuer un nouvel objectif, celui de lutter contre les méfaits du confinement. En complément des ateliers dits “essentiels” où l’activité avait déjà repris, elle justifie de faire revenir d’autres travailleurs.

Un autre renversement s’est opéré, cette fois en référence à la solidarité nationale.

Ce n’est alors pas tant le travail en soi et sa valeur productive qui sont mis en avant que sa dimension solidaire.

“Il a fallu leur rappeler qu’ils font partie de la société et que l’effort national, ils devaient aussi y participer. Donc que certains pouvaient pas et qu’eux pouvaient, et donc ‘quand on peut, on fait.’ Voilà, donc on leur rappelait les règles, les règles de la solidarité. Ils en profitent toute l’année de cette solidarité. […] Pour leur rappeler que la solidarité, ça pouvait être dans les deux sens et que là, c’était à eux que l’on demandait d’être solidaires. […] Ça les a valorisés aussi.” (Q., directrice, ouvert, travailleurs)

Vus comme redevables de la solidarité dont ils sont bénéficiaires en période nor- male, dans cette période exceptionnelle et selon un principe de réciprocité, les tra- vailleurs sont supposés devenir fournisseurs de cette solidarité à hauteur de leurs possibilités, à savoir en réalisant leurs activités.

Finalement, la composition du couple handicap/travail, au fondement de l’exis- tence du statut de travailleur handicapé, est loin d’être perçue de manière uniforme.

La réponse à un même impératif, celui du confinement généralisé, laisse entrevoir des solutions parfois opposées, sans que les caractéristiques des ESAT (ateliers, patho- logies, taille…) puissent les expliquer. Autant de points de vue qui interrogent la diver- sité du profil des directeur·trice·s (-adjoint·e·s) qui ont décidé, eu égard au handicap des travailleurs avec ses complications considérées comme indissociables, d’interdire la reprise de l’activité de travail; ou, au contraire de permettre, voire de justifier le retour à l’atelier. En outre, ce retour a été permis conjointement par la prééminence accordée au travail et à la production dans des dimensions variées (économique, essen- tielle, utile socialement, de soutien, contributive et solidaire), la référence au handicap passant alors en second plan.

Organiser le fonctionnement de ces ateliers dans les contraintes imposées par le confinement, avec ou sans travailleurs, a également été l’occasion d’interroger l’acti- vité à caractère professionnel de ceux-ci.

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Le confinement, une opportunité pour repenser le travail en milieu protégé?

Deux axes distincts permettent d’aborder la question du travail réalisé par les travailleurs: d’une part l’influence du confinement sur leurs conditions de travail;

d’autre part ses conséquences sur la valorisation de leur travail.

Une occasion d’améliorer les conditions de travail de façon pérenne?

Le fonctionnement des ateliers sous contraintes sanitaires a conduit des enca- drants à s’interroger sur les conditions de travail au sein des ateliers, en ce qui concerne par exemple les tenues ou le matériel dont disposent les travailleurs. Dans certains ateliers, les travailleurs ont reçu des équipements ou du matériel personnel. Le nombre des tenues et la fréquence de leur lavage ont augmenté, des étiquettes nominatives ont permis leur individualisation. Ainsi, les contraintes sanitaires ont pu être “un moyen de finaliser un mouvement qui était engagé, que tous les ateliers soient dotés de tenues professionnelles spécifiques à chaque atelier, marquées au nom de chacun […]. Donc ça, c’est des choses qui vont rester.” (D., directeur-adjoint, ouvert, salariés).

Et même si, eu égard à la situation, les salariés en ont parfois profité les premiers, ces changements sont vus de manière positive par les encadrants.

“En fait on a équipé nos professionnels de travail pour pas que leurs vêtements soient contaminés par le virus au sein de l’association ou qu’eux ramènent des vêtements conta- minés et du coup le virus avec eux. […] Pour les espaces verts, on a acheté du matériel de chantier individuel. Donc par exemple un harnais par personne, un casque anti-bruit par personne, etc., une paire de gants par personne pour rien qu’ils se prêtent, voilà. […]

Par exemple pour les tenues etc., c’est vrai qu’ils sont beaucoup plus équipés, même en équipement de protection par rapport aux tâches qu’ils ont à réaliser.” (E., responsable de service, ouvert, salariés)

“On avait avant deux travailleurs, sur l’entretien des locaux, sur le même chariot de ménage et du coup, on est passé à une personne par chariot ménage par exemple. Mais ce qui est quelque chose de positif parce que du coup, ils travaillent plus en autonomie.”

(K., cheffe du service éducatif, fermé). Autre effet collatéral de la pandémie, la diver- sification de certaines activités susceptible d’enrichir les compétences des travailleurs.

Prenant en compte le changement d’habitudes du mode de consommation de ses clients, un ESAT s’est saisi de nouvelles opportunités (Cret & Jaubert, 2014). Il s’est converti à la vente en ligne et au click and collect afin de continuer son activité de vente.

Cependant, ces transformations montrent aussi en creux l’existence antérieure de pratiques peu “professionnelles”: faible nombre de tenues de travail, partage de matériels supposés être individualisés (gants, casques anti-bruit), protection moindre, caractère transitoire des nouvelles pratiques. Ainsi, pour D. (directeur-adjoint, ouvert, salariés), si le confinement a nécessité de “fonctionner aujourd’hui avec un lavage très augmenté des tenues de travail, c’est pas quelque chose qu’on maintiendra de manière permanente.” En outre, rien n’assure que ces changements se diffuseront dans les ateliers ou ESAT restés fermés. Pas plus qu’on ne peut affirmer qu’en temps normal les professionnels auraient accepté de travailler dans de telles conditions (partage de matériels, tenues peu nombreuses, protection réduite). Pourtant, c’était auparavant le cas pour les travailleurs. De telles évolutions auraient-elles été envisageables hors

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temps de crise? Les difficultés des travailleurs à exprimer et transmettre des informa- tions relatives à leurs conditions de travail ou à la qualité de vie au cœur des ateliers conduit à en douter (Fournier, 2000). Elles pointent ainsi indirectement la capacité et/ou la volonté des directions à s’emparer de ces questions, tout comme cela a été le cas à propos du port du masque.

Le port du masque, un indicateur de statut au sein des ESAT?

Dans certains ESAT s’est opérée une distinction au détriment des travailleurs, en lien avec leur handicap. Les masques ont été réservés aux professionnels, au prétexte d’une protection “transitive” (des salariés vers les travailleurs) ou de pédagogie (la distance ou le lavage des mains, réputés plus simples donc plus accessibles), auxquelles s’est parfois agrégé l’argument de conditions de travail différenciées.

“On en avait très peu, donc on a fourni des masques aux professionnels pour qu’ils puissent (hésite) protéger les personnes. […] Les premiers temps, j’ai demandé aux personnes de pas porter le masque pour qu’elles puissent apprendre à garder les distances, à se laver les mains, etc. […] Ensuite, on leur a fourni des masques en tissu pour des moments précis de la journée.

Pour qu’ils puissent se déplacer, arriver à l’ESAT, poser leur masque que quand ils étaient sur place, quand ils étaient à leur poste. Donc y’avait des personnes qui devaient les porter jusqu’à ce qu’elles soient assises. Par contre à l’horticulture, on n’imposait pas le masque parce qu’ils étaient debout, ils sont en déplacement tout le temps. […] On pouvait pas leur imposer de porter le masque en tissu toute la journée, c’est juste insupportable, c’est pas possible. Donc voilà, on avait des différences de traitement, ils comprenaient pas pourquoi certains devaient le porter, d’autres pas le porter, enfin c’était compliqué pour eux. C’était compliqué pour nous et c’était compliqué pour eux.” (Q., directrice, ouvert, travailleurs)

Les travailleurs apparaissent comme peu susceptibles d’appréhender les enjeux liés au port du masque. Quelle que soit l’activité, le handicap est vu comme un obs- tacle majeur à sa réalisation sous contraintes sanitaires, sans pour autant l’interdire totalement.

À l’inverse, certains ESAT ont refusé toute forme de discrimination, impliquant parfois les travailleurs sur le sujet.

“On a eu un débat très violent dans l’association. Enfin violent, ça a été compliqué, […]

on a reçu des injonctions contradictoires qui disaient que les moniteurs, enfin tout ce qui était encadrement, devait être avec des masques chirurgicaux et les travailleurs d’ESAT devaient être en masque tissu. Et donc on nous a envoyé du siège des consignes avec écrit:

‘pour l’encadrement, masque chirurgical parce que c’est plus performant et pour les tra- vailleurs, masque en tissu.’ […] C’est juste qu’ils ont interprété les textes. […] On a eu un débat assez houleux sur cette question en disant qu’on pouvait pas avoir des règles sanitaires différentes qu’on soit travailleur d’ESAT ou moniteur d’atelier, encadrant.” (A., directeur, ouvert, travailleurs)

“Quand on a eu des injonctions contradictoires de l’ARS nous disant que seuls les profes- sionnels devaient porter le masque et pas mes ouvriers, j’ai dit: ‘C’est hors de question. Si je fais ça, ils vont perdre cette habitude qu’ils doivent avoir. Et ils ne seront plus… (s’arrête) du moins les stages en milieu ordinaire, ils ne pourront pas les faire.’ […] Et je leur ai expliqué ça et on a voté des règles aussi, hein! […] L’ARS nous a dit: ‘Vous pouvez enlever les masques des personnes vulnérables, seuls les accompagnants doivent porter le masque.’

Moi je leur ai posé la question, on a fait un référendum, on a voté les règles qui vont avec et là, les règles sont affichées.” (H., directrice adjointe, ouvert, salariés)

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Les travailleurs sont traités en quelque sorte indépendamment de leur handicap, ou en tout cas en mettant l’accent sur leur activité productive. Leur contribution au fonctionnement de l’ESAT, dans les ateliers ou en stage à l’extérieur, est vue comme centrale et justifie un traitement identique à celui des professionnels. Pourtant, si le poids accordé au handicap ou à l’activité amène à des choix opposés en termes de port de masque, il n’apparaît pas comme mécaniquement lié à la présence des travailleurs pendant le confinement et de nombreuses variables sont susceptibles d’avoir joué:

types de handicap ou d’ateliers, profil de l’encadrant…

De manière comparable, la question de la rétribution des travailleurs renvoie à des choix mettant en jeu le rapport travail/handicap.

Quelle prise en considération de l’activité professionnelle réalisée par les travailleurs handicapés?

Dans le même esprit que pour les primes attribuées en milieu ordinaire pour la réalisation d’activités essentielles (Ordonnance n°2020-385 du 1er avril 2020 modifiant la date limite et les conditions de versement de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat) ou au sein des ESMS (Décret n°2020-711 du 12 juin 2020 relatif au versement d’une prime exceptionnelle aux personnels des établissements et ser- vices publics sociaux et médico-sociaux de la fonction publique hospitalière, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique de l’État dans le cadre de l’épidémie de Covid-19), la question d’une reconnaissance financière de l’activité des travailleurs mobilisés pendant le confinement a parfois été posée. Avec une contrainte forte: les travailleurs d’ESAT ne sont pas des salariés. Leur rémunération, différente d’un salaire, est constituée d’un montant fixe, dont une part versée par l’État (CASF, art. R. 243-5 à R. 243-7), cumulable avec plafonnement avec l’Allocation aux adultes handicapés (AAH). L’enjeu est d’importance. En effet, le versement d’une prime ris- quait de conduire à la diminution d’une partie des ressources des travailleurs, comme dans un jeu à somme nulle. En l’absence de prime systématique, ce sont les structures gérant les ESAT restés ouverts qui ont fait le choix de l’attribuer ou non, à l’issue de négociations ou de débats pour la reconnaissance de la contribution des travailleurs.

“Il y a eu des primes dans le cadre du covid qui ont été versées. […] Ils ont réussi aussi justement à faire en sorte que les travailleurs ESAT […] puissent en avoir une, mais sans que ça n’impacte leurs autres ressources comme l’AAH ou ce genre de choses.”

(B., encadrant).

“On a eu le droit à la prime et d’ailleurs, nos travailleurs qui ont continué de travailler, on leur a donné la prime covid. […] Ce n’est pas l’ARS qui a payé, mais notre association a donné la prime covid à ceux qui ont continué de travailler. Ils n’étaient pas éligibles au début alors qu’ils sont venus travailler au même titre qu’un salarié. Ils ont eu la prime en récompense.

[…] En plus on a valorisé par une prime comme les salariés.” (O., directrice)

“Les salariés de nos établissements ont eu une prime, donc on a cherché une façon pour récompenser ceux qui ont travaillé sur la première vague. […] Cette reconnais- sance, on va leur offrir [aux travailleurs] sous forme de prime en fin d’année.” (Q., directrice). De manière concordante, l’accent est mis sur l’activité réalisée par les travailleurs, en gommant les différences de statut handicapé/encadrant. À la nuance près que valoriser la contribution des travailleurs comme pour les salariés aurait porté préjudice aux premiers. Impossible donc de faire abstraction de la dimension

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“ handicap” des travailleurs, et en conséquence de les assimiler à de “simples” travail- leurs ou professionnels.

Cependant, le confinement a conduit certains encadrants à repenser leur appré- ciation du rapport handicap/travail, et en particulier la contribution des travailleurs à la production de leur ESAT. En lien avec la participation des travailleurs, cette appréciation se décline en trois modalités distinctes.

Dans un premier ensemble d’ESAT, les compétences techniques des travailleurs sont estimées connues, la crise sanitaire ayant eu pour unique effet de les rendre plus visibles. Ainsi, “le confinement ne nous a pas amenés plus de surprises au regard de la motivation ou de la spécificité des publics à venir travailler ici ou pas” (H., directrice adjointe, ouvert, salariés).

“[Les encadrants] ont fait leur boulot [des travailleurs] durablement. Ils ont vu les compétences qu’ils [les travailleurs] avaient, mais ils les connaissaient. […] Je pense que ce regard-là et ce respect-là, ils y étaient. Les personnes qui sont là savent pourquoi et savent leur utilité. […] Il y a des espaces verts qui sont allés faire de la blanchisserie, il y a des moniteurs de la sous-traitance qui sont allés faire de l’entretien des locaux. Il y a eu ce croisement-là. […] Ils ont découvert des métiers, ils ont découvert la réalité. Donc ça c’est sûr que ça a valorisé à leurs yeux ce que faisaient les travailleurs, mais ils savaient déjà. […] Ce n’est pas pareil de faire de temps en temps une heure comme ça, de faire à leur place, et le faire sur plusieurs jours. Effectivement, ça remet en valeur ce qu’ils font au quotidien, les travailleurs, mais sans non plus tomber des nues, quoi. Ils le savaient, ils le savaient.” (F., directeur-adjoint, ouvert, salariés)

Avoir remplacé les travailleurs n’a pas fondamentalement modifié le regard des salariés, déjà censés être au fait des qualités requises pour la réalisation de leurs activités.

Dans d’autres ESAT, la crise a constitué une occasion unique pour mettre au jour de nouvelles compétences ou les capacités d’adaptation des travailleurs. Que les travailleurs aient contribué à la production, ou que seuls les encadrants aient été mobilisés, l’utilité des premiers, la pénibilité de leurs activités, les compétences qu’elles supposent et la fatigue qu’elles engendrent sont mieux appréhendées, tout comme le caractère essentiel de leurs activités.

“D’une façon générale, les professionnels de l’ESAT, notre regard sur les personnes a fait qu’on s’est tous dit: ‘Wahou, quand même avec tout ce qu’on leur demande aujourd’hui, le port du masque, la désinfection, la réorganisation, les circuits qui sont pas pareils, eh ben n’empêche, ils assument quand même.’ Et ça, c’est un regard général qu’on a tous. Parce que mine de rien, ils ont déjà leur handicap, ils ont déjà leurs angoisses, on leur en demande encore plus.” (T., coordinatrice, ouvert, salariés)

D’autant que les travailleurs “ont vraiment été confrontés au plus près [à la crise sanitaire]. Sans eux, on n’aurait pas pu tourner. Donc il y a une vraie utilité sociale.

C’est notre conception de ce qu’on leur apprend, on les a fait monter en compétences pour justement dire qu’ils ont un métier comme tout le monde et qu’ils font partie du maillon global.” (A., directeur, ouvert, travailleurs).

“Déjà il y a cette notion d’utilité. […] Pendant le premier confinement, on a dû maintenir des ateliers qui étaient nécessaires à la société. Et peut-être que ça a été effectivement l’oc- casion de se dire que sans eux, on n’aurait pas mangé, […] se dire que sans eux, ça aurait été peut-être beaucoup plus compliqué. […] Les salariés ou les travailleurs dans le restaurant, on peut avoir une image d’eux: ‘Bah ouais, eux ils sont cool, ils ne bossent pas,’ mais non, ils ne sont pas cool.” (P., directrice, ouvert, travailleurs)

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Le regard a donc évolué, malgré, parfois, des difficultés à le reconnaître.

“Non, le regard n’a pas changé sur les travailleurs. […], on n’a pas de changement de regard sur le travailleur. Et puis ça confirme que le travailleur malgré tout, malgré son handicap, il arrive à surpasser une difficulté. Et là, face aux mesures barrières, je ne pensais pas que ça allait se faire aussi naturellement. Bien sûr qu’il a fallu répéter, prendre le temps d’expliquer les choses, mais il faut, tout ça c’est récent et les moniteurs appréhendaient au départ, se dire: ‘Oh la la! ils ne vont pas respecter, on va avoir le covid!,’ mais en fait non. C’est ça la différence, se dire qu’en fait ils sont vraiment capables même dans une situation aujourd’hui où il y a du stress, de l’anxiété ambiante partout, les travailleurs arrivent à surmonter ça en fait, même plus parfois que des gens dits normaux sans pathologie, quoi.” (O., directrice, ouvert, travailleurs)

Le parallèle avec le milieu ordinaire est fort et les discours très centrés sur la pro- duction réalisée, qu’ils concernent le contenu du travail, la capacité d’adaptation ou le service rendu à la collectivité. Les travailleurs handicapés sont avant tout des travailleurs et leur handicap ne les empêche pas de répondre à des exigences accrues.

Enfin, un dernier groupe inscrit cette découverte dans une perspective plus large. En réalisant les activités des travailleurs, les salariés prennent non seulement conscience de la difficulté de leurs conditions de travail, mais également s’interrogent sur des possibilités d’amélioration, voire sur des opportunités qui pourraient s’offrir à des travailleurs qui en étaient jusque-là exclus.

“[Les moniteurs] se sont rendu compte pour certains des compétences qui étaient dévelop- pées dans cet atelier [de cuisine], en fait, et les difficultés qu’ils pouvaient avoir. […] C’est une prise de conscience un petit peu. […] On a changé un peu le regard. [Dans le cadre des mises à disposition], là où on prenait que des, entre guillemets, ‘bon niveau,’ même si c’est très péjoratif comme manière de formuler les choses, on avait des personnes qu’on estimait

‘capables de.’ Et là on va plus loin, même des gens pour qui il aurait pu y avoir des ques- tions, on se dit qu’une journée à l’extérieur, c’est peut-être faisable et on réfléchit un peu différemment. Je sais pas si c’est complètement lié au confinement, enfin lié à la situation, mais je pense que ça a fait réfléchir quand même un petit peu. […] Moi je pense que oui, y’a une certaine prise de conscience des capacités professionnelles des travailleurs, mais liée probablement au covid notamment. Oui, la cuisine et la blanchisserie.” (R., directrice, ouvert, salariés)

Finalement, objectiver l’activité professionnelle concrète réalisée par les travail- leurs ainsi que leurs conditions de travail, en les ayant remplacés ou encadrés sous contraintes sanitaires, montre un éventail large du point de vue des salariés impliqués.

Leur appréciation des capacités, compétences et ressources que les travailleurs sont susceptibles de mobiliser n’est, pour certains, pas affectée par les contraintes imposées par la crise sanitaire, tandis que d’autres révisent leur position et valorisent les capacités professionnelles de ces travailleurs, voire projettent ces derniers dans de nouvelles perspectives professionnelles.

Conclusion

Le statut de travailleur handicapé en ESAT combine, de la part des encadrants, des représentations variées du rapport handicap/travail, avec un poids relatif de l’un ou de l’autre, allant d’une place dominante à l’arrière-plan. En temps normal comme en

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période de pandémie, la dénomination “travailleur handicapé” renvoie à des réalités contrastées. Ainsi, l’interprétation de ce que recouvre le handicap s’observe dans la description du fonctionnement général des ESAT et dans la situation très particulière et inédite de la crise de la Covid-19. Elle montre des positions, des solutions et argu- ments différents et très hétérogènes qui font écho à la construction administrative du handicap (Baudot, 2016). Sur le terrain ou d’un point de vue administratif, la définition du handicap repose sur une pluralité de normes et les représentations et pratiques variées qui en découlent.

Le handicap et les déclinaisons qui lui sont associées constituent aussi bien une contre-indication stricte au travail qu’un argument pour continuer ou reprendre les activités, selon que sont mobilisés les caractéristiques supposées inhérentes à celui-ci (fragilité, vulnérabilité, précarité, émotivité…), les effets délétères du confinement ou le recours au statut juridique des ESAT. Pour sa part, le travail peut être considéré comme primordial dans une exigence de contribuer à la réalisation d’activités quali- fiées d’essentielles ou considérées comme activité de soutien, ou dans sa dimension contributive et de solidarité, justifiant alors le maintien ou la reprise d’une activité qui fait passer le handicap au second plan.

Cependant, le confinement débuté en mars 2020 invite à appréhender avec pru- dence les conséquences à long terme des transformations observées. Autant pour les évolutions des conditions de travail, leur pérennisation ou leur diffusion dans les ateliers ou les ESAT restés fermés, qu’en ce qui concerne la valeur monétaire asso- ciée à la production réalisée par les travailleurs handicapés; ou encore à propos de la transformation des représentations des encadrants quant au travail réalisé sous leur direction, ou aux compétences et capacités d’adaptation des travailleurs handicapés (Ducret-Garcia, 2011). Pourtant, malgré les difficultés à apprécier les conditions de travail en ESAT (Rachedi et al., 2009; Vidal-Gomel et al., 2012), ou à y mettre en œuvre des dispositifs visant à la valorisation des compétences (Boulissière, 2013), ces questions restent centrales pour “l’avenir du travail protégé” (Revillard, 2019;

Zribi, 2019).

En outre, la diversité des discours questionne le profil des personnes interrogées, leurs position et trajectoire, la diversité des situations de handicap dans lesquelles se trouvent les travailleurs, les types d’ateliers au sein des ESAT… La multiplicité de ces variables constitue un obstacle pour définir leur contribution respective aux arguments mobilisés. Elles ouvrent néanmoins des perspectives: enrichir les connaissances en fonction de ces profils, postes, trajectoires et types de handicaps pour mieux appré- hender la variabilité des réactions, (ouverture/fermeture, port du masque, dimension pécuniaire, regard), en lien avec les contours d’une norme “handicapé” qui permet- trait ainsi d’éclairer plus précisément les modalités du rapport handicap/travail et leurs conséquences sur la pratique concrète des activités à caractère professionnel des travailleurs handicapés d’ESAT.

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Annexe. Contexte de l’enquête et profil des personnes enquêtées Pour chaque exemple ci-dessous sont indiqués: Personne anonymisée / Fonction / Ouverture-fermeture avec travailleurs ou encadrants / Localisation géographique / Effectifs / Types de handicap / Ateliers / Ateliers restés ouverts.

A / Directeur / ESAT resté ouvert en présence des travailleurs et encadrants / 56 / 143 / Déficiences intellectuelles et troubles psychiques, troubles du comportement / Blanchisserie industrielle, traiteur, atelier cuisine, conditionnement, sous-traitance, déconstruction d’archives, conserverie, métallerie / Blanchisserie industrielle.

B / Encadrant / ESAT resté ouvert en présence des travailleurs et encadrants / 56 / 144 / Déficiences intellectuelles et troubles psychiques, troubles du comportement / Blanchisserie industrielle, traiteur, atelier cuisine, conditionnement, sous-traitance, déconstruction d’archives, conserverie, métallerie / Blanchisserie industrielle.

C / Directeur adjoint / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement (à partir de début avril) / 56 / 57 / Déficiences intellectuelles / Espaces verts, sous-traitance, restauration, conditionnement alimentaire / Espaces verts.

D / Directeur adjoint / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 23 / 90 / Déficiences intellectuelles légères à moyennes et troubles psychiques, troubles autistiques / Fabrication d’armatures, fabrication de palette et menuiserie en bois, sous-traitance, numéri- sation, destruction d’archives physiques, recyclage de déchets électroniques, conditionnement, restaurant, blanchisserie, espaces verts / Bois, blanchisserie.

E / Responsable du service qualité développement / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 67 / Inconnu / Pas de réponse / Blanchisserie, espaces verts, condi- tionnement, hygiène-propreté / Blanchisserie.

F / Directeur adjoint / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 81 / 143 / Pas de réponse / Atelier de services, espaces verts, entretien de locaux, repassage/blan- chisserie, sous-traitance / Blanchisserie.

G / Chef de service / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 12 / 76 / Déficiences intellectuelles, troubles psychiques / Menuiserie, blanchisserie, entretien des locaux, espaces verts, reprographie, conditionnement / Blanchisserie.

H / Directrice adjointe / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 27 / 62 / Troubles psychiques, déficiences intellectuelles / Espaces-verts, sous-traitance, condi- tionnement, maintenance et hygiène des locaux, atelier de production horticole / Ateliers de production horticole.

I / Responsable de service / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 56 / 50 / Types de lésions cérébrales, traumatismes crâniens, AVC, anoxie cérébrale / Produc- tion horticole, entretien et nettoyage d’espaces verts, blanchisserie industrielle / Production horticole.

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J / Directrice / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 94 / 160 / Pas de réponse / Restauration collective, conditionnement, entretien des locaux, espaces verts, blanchisserie / Restauration collective.

K / Cheffe de service éducatif / ESAT fermé / 76 / 67 / Déficiences intellectuelles, troubles psychiques / Sous-traitance, prestations de services, cuisine, repassage et entretien des locaux, espaces verts / Aucun.

M / Chef de service / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 12 / 110 / Retards mentaux, handicap psychique / Blanchisserie, sous-traitance (routage, condition- nement), couture / Blanchisserie.

O / Directrice / ESAT resté ouvert en présence des travailleurs et encadrants / 27 / 130 / Pas de réponse / Blanchisserie, cuisine centrale, carterie, espaces verts, conditionnement / Blanchisserie cuisine centrale, puis espaces verts.

P / Directrice / ESAT resté ouvert en présence des travailleurs et encadrants / 59 / 180 / Déficiences intellectuelles, troubles du spectre autistique, troubles du comportement, troubles psychiques / Espaces verts, horticulture, maraichage, floriculture, centre équestre, cuisine cen- trale, blanchisserie, maintenance et hygiène des locaux, restauration commerciale / Espaces- verts, horticulture, maraichage, floriculture, centre équestre, cuisine centrale, blanchisserie, maintenance et hygiène des locaux.

Q / Directrice / ESAT resté ouvert en présence des travailleurs et encadrants / 24 / 200 / Déficiences intellectuelles, handicap psychique et troubles du comportement / Sous-traitance, menuiserie, entretien des locaux, blanchisserie, station-service, espaces verts, maraichage, éle- vage, boucherie / Sous-traitance, menuiserie, blanchisserie, maraichage, élevage, boucherie, échoppe.

R / Directrice / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 16 / 118 / Déficiences intellectuelles, troubles psychiques et troubles du handicap social / Blanchisserie industrielle, maçonnerie, ferronnerie artisanale et industrielle, sous-traitance, emballage ali- mentaire, espaces verts, restauration / Blanchisserie industrielle, restauration.

S / Directeur / ESAT fermé / 75 / 153 / Handicap psychique, handicap mental, handicap social / Menuiserie, café/restaurant, couture, conditionnement, rénovation, entretien des locaux, biscuiterie, atelier artistique (poterie, peinture…) / Aucun.

T / Coordinatrice / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 16 / 118 / Déficiences intellectuelles, troubles psychiques et troubles du handicap social / Blanchisserie industrielle, maçonnerie, ferronnerie artisanale et industrielle, sous-traitance, emballage ali- mentaire, espaces verts, restauration / Blanchisserie, cuisine.

U / Directrice adjointe / ESAT resté ouvert en présence des encadrants uniquement / 67 / 185 / Handicap mental et handicap psychique / Conditionnement montage de paraboles, blanchisserie, menuiserie, espaces verts, montage, cuisine / Blanchisserie, cuisine.

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