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Gestion de l'eau et des sels au sein d'une oasis du Sud tunisien

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Academic year: 2022

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HAL Id: hal-00649992

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tunisien

I. Ben Aïssa, F. Bouksila, A. Bahri, S. Bouarfa, C. Chaumont, W. Hichri

To cite this version:

I. Ben Aïssa, F. Bouksila, A. Bahri, S. Bouarfa, C. Chaumont, et al.. Gestion de l’eau et des sels au sein d’une oasis du Sud tunisien. Modernisation de l’Agriculture Irriguée - Projet INCO-WADEMED, Apr 2004, Rabat, Tunisie. 12 p. �hal-00649992�

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Modernisation de l’Agriculture Irrigu´ee Rabat, du 19 au 23 avril 2004

Gestion de l’eau et des sels au sein d’une oasis du Sud tunisien

Imed Ben A¨ıssa1, Fethi Bouksila1, Akissa Bahri1, Sami Bouarfa2, C´edric Chaumont2,Walid Hichri1

1 Inrgref, BP n 10, Ariana 2080, Tunisie

2 Cemagref, France E-mail :imed sam@yahoo.fr

esum´e - Les oasis du Sud tunisien font `a l’heure actuelle l’objet d’un ambitieux programme de modernisation des ´equipements d’irrigation et de drainage dans le but d’assurer leur durabilit´e, no- tamment sur le plan de la salinit´e, et afin d’´economiser l’eau. Ce programme intitul´e APIOS porte sur la majorit´e des oasis de la Tunisie (23 000 ha) r´eparties principalement dans trois gouverno- rats (Gab`es, Tozeur, K´ebili). La plupart des oasis sont sujettes `a des probl`emes de remont´ee de la nappe superficielle et de salinisation des sols, accentu´es par une mauvaise gestion de l’irrigation et du drainage. Pour accompagner et ´evaluer les performances des syst`emes collectifs oasiens, en 2001, l’INRGREF a mis en place un dispositif p´erenne de suivi de l’irrigation, du drainage et de la salinit´e des eaux `a l’´echelle d’une oasis de 140 ha (Fatnassa Nord, K´ebili) et d’une parcelle de 0,8 ha. Les premiers r´esultats du suivi obtenus en 2003 sont pr´esent´es, notamment une esquisse de bilan de l’eau et des sels `a l’´echelle de la parcelle cultiv´ee en palmier dattier. Plus de 900 mm d’eau ont ´et´e apport´es, ce qui correspond `a 28 t/ha de sels, cela montre l’importance cruciale du drainage pour contrˆoler la salinit´e dans le syst`eme oasien. Des mesures compl´ementaires sont n´ecessaires pour tenir compte des variations saisonni`eres du lessivage et de la complexit´e de la gestion de l’eau dans le syst`eme oasien, notamment le recours au pompage dans la nappe phr´eatique subaffleurante. Cette pratique, qui per- met l’irrigation de parcelles situ´ees en dehors du syst`eme collectif d’irrigation (extensions), a pour cons´equence la mobilisation d’une quantit´e de sels ´elev´ee.

Mots cl´es : bilan hydrique, bilan salin, drainage, eaux souterraines, gestion de l’eau, irrigation, moder- nisation, nappe phr´eatique, oasis, palmier dattier, performances, pompage, salinit´e, Tunisie, K´ebili.

1 Introduction

Les oasis tunisiennes connaissent une extension en superficie et une mobilisation accrue et pro- gressive des eaux d’irrigation. Actuellement, ces oasis sont aliment´ees `a partir des eaux de deux nappes fossiles : la nappe du complexe terminal (CT) situ´ee entre 60 m et 500 m de profon- deur et celle du complexe intercalaire (CI) situ´ee `a plus de 2 000 m de profondeur, fortement art´esienne et g´eothermale (70˚C). La salinit´e varie d’environ 2,5 g/l pour les eaux du complexe

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intercalaire `a presque 5 g/l pour celles du complexe terminal (Mamou, 1990[3]).

Les besoins en lessivage de ces sels apport´es par l’eau d’irrigation sont connus et des syst`emes de drainage sont mis en place dans ces oasis (CRUESI et UNESCO, 1970[1]). Ces techniques sont souvent associ´ees `a des apports r´eguliers en mat´eriaux sableux et en amendement organique pour controler les niveaux de salinit´e des horizons superficiels du sol.

Par ailleurs, certains exploitants de ces oasis ont recours `a une r´eutilisation des eaux de drainage ou de la nappe phr´eatique par pompage pour l’irrigation. Ces apports compensent les ´eventuels allongements du tour d’eau, les baisses de d´ebit ou la diminution de la dur´ee des irrigations.

Ces strat´egies sont principalement appliqu´ees pour l’irrigation des extensions illicites qui se sont d´evelopp´ees ces derni`eres d´ecennies en bordure des oasis (Kassah, 1996[2]).

Les oasis sont g´en´eralement dispos´ees en bordure de chotts, d´epressions topographiques sal´ees qui constituent l’exutoire naturel des eaux de drainage. N´eanmoins, dans de nombreux cas, les faibles d´enivel´ees entre les oasis et les chotts entraˆınent des difficult´es pour l’´evacuation des eaux.

En cons´equence, la plupart de ces oasis sont sujettes `a des probl`emes de remont´ee de la nappe superficielle et de salinisation des sols, accentu´es par une mauvaise gestion de l’irrigation et du drainage. Tous ces facteurs entravent le bon fonctionnement hydrosalin de l’oasis et fragilisent l’´equilibre du syst`eme oasien dont la durabilit´e est menac´ee.

Pour pallier ces probl`emes, un programme de modernisation des syst`emes d’irrigation et de drainage oasiens a ´et´e entrepris. Ce programme est en cours de r´ealisation sur 23 000 ha d’oasis dans le cadre du projet d’Am´enagement des p´erim`etres irrigu´es des oasis du Sud (APIOS). Le remplacement des s´eguias en terre par d’autres en b´eton et la mise en place d’un r´eseau enterr´e de drainage `a la place de l’ancien `a ciel ouvert, repr´esentent les principales interventions de ce projet.

L’INRGREF accompagne le projet par un volet recherche qui porte sur la mise en place d’un dispositif de suivi et d’´evaluation de l’efficience des syst`emes r´ecents dans le contexte oasien.

Cette action de recherche s’intitule “ Compr´ehension des relations entre gestion de l’eau et bilan hydrosalin `a diff´erentes ´echelles (oasis et parcelle) : suivi des pratiques culturales, des eaux et des solut´es (entr´ee-sortie), de la salinit´e du sol, des profils hydriques et de la nappe (niveau et salinit´e) ”.

Dans ce cadre, un dispositif exp´erimental p´erenne de suivi de l’irrigation et du drainage a ´et´e mis en place dans l’oasis de Fatnassa Nord (Gouvernorat de K´ebili). Cette oasis est limitrophe du chott El J´erid et confront´ee `a des probl`emes de remont´ee de la nappe et d’accroissement de la salinit´e. Elle a d´ej`a b´en´efici´e des interventions du projet APIOS.

Les principaux objectifs de cette exp´erimentation sont de :

– comprendre les relations entre gestion de l’eau, remont´ee de la nappe et salinit´e des sols (pratiques agricoles, groupements d’int´erˆet collectif, extensions, etc.) dans le milieu oasien ;

– v´erifier que les syst`emes de drainage enterr´es, jouent correctement leur role d’´evacuation des sels dans ce milieu oasien et ´evaluer leurs performances.

L’exp´erimentation se situe `a deux ´echelles : celle de l’oasis en int´egrant la diversit´e des pratiques d’irrigation, d’une part ; celle de la parcelle pour une meilleure compr´ehension des diff´erents processus, d’autre part.

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2 Mat´ eriels et m´ ethodes

2.1 Le cadre exp´erimental

L’oasis de Fatnassa Nord fait partie du Gouvernorat de K´ebili. Elle est limit´ee au nord-est par le village de Fatnassa, `a l’ouest par le chott El J´erid et au sud par l’oasis Fatnassa sud. La superficie totale de l’oasis est de 147 ha. Le palmier dattier est la culture principale dans l’oasis. Les cultures fourrag`eres (luzerne et orge en vert) repr´esentent la quasi-totalit´e de la strate herbac´ee. L’´etage moyen a presque disparu, sauf quelques pieds de grenadier et de figuier ´eparpill´es sur quelques parcelles. Par ailleurs, on note la pr´esence d’un p´erim`etre de serres g´eothermales en amont de l’oasis. Ce p´erim`etre, malgr´e sa superficie r´eduite par rapport `a celle de l’oasis, a de grandes r´epercussions sur le fonctionnement hydrosalin au niveau des parcelles se trouvant `a l’aval.

Le bioclimat de l’oasis est saharien caract´eris´e par une forte amplitude thermique journali`ere et saisonni`ere, une pluviom´etrie irr´eguli`ere et tr`es faible (<`a 90 mm/an). L’´evapotranspiration est importante (1 800 `a 2000 mm/an). Les vents continentaux sont secs et froids pendant l’hiver, et secs et chauds pendant l’´et´e, avec en moyenne 120 jours/an de vents de sable et 40 jours/an de sirocco (Henia, 1993[4]).

La texture du sol est sableuse `a limono-sableuse. Le taux de gypse est g´en´eralement sup´erieur `a 40 %. Des encroˆutements gypseux sont observ´es `a une profondeur moyenne de 1 m (STUDI et BRL, 1999[6]).

L’exutoire naturel de l’oasis est le chott El J´erid, la pente du terrain est faible (3 `a 5 ‰).

Le niveau de la nappe sub-affleurante varie de 0,7 `a 1,8 m, mˆeme en pr´esence d’un r´eseau de drainage, et cette oasis est confront´ee `a des probl`emes d’hydromorphie (STUDI et BRL, 1999[6]).

Actuellement, les ressources en eau d’irrigation sont constitu´ees d’un forage art´esien dans le continental intercalaire (CI) de salinit´e moyenne de l’ordre de 2,2 g/l et de deux pompages dans le complexe terminal (CT) de salinit´e respective de 3,5 et 3,8 g/l (STUDI et BRL, 1999[6]). Ces trois forages alimentent les deux oasis de Fatnassa (Nord et Sud) avec un d´ebit de 144 l/s. Elles sont au pr´ealable m´elang´ees dans le trop plein d’un partiteur sur´elev´e ´edifi´e en 2002 en amont de l’oasis Fatnassa Nord, avant d’ˆetre r´eparties en six mains d’eau de 24 l/s chacune. Trois mains d’eau alimentent l’oasis de Fatnassa Nord et les trois autres sont v´ehicul´ees pour irriguer celle de Fatnassa Sud.

La gestion hydraulique dans l’oasis est assur´ee par un groupement d’int´erˆet collectif (GIC) qui controle et planifie le tour d’eau. L’eau est pay´ee `a l’heure d’irrigation 2,5 DT/heure (Dinard tunisien) et la recette collect´ee par le groupement doit couvrir les diff´erents frais et d´epenses (salaires, ´energie, entretien et maintenance, etc.).

L’oasis est actuellement desservie en eau d’irrigation par trois antennes : A1, A2 et A3, v´ehiculant chacun une main d’eau de 24 l/s allou´ee aux parcelles de l’oasis sous la forme d’un tour d’eau, et achemin´ee dans un r´eseau de s´eguias b´etonn´ees. Sur chaque antenne, on trouve une s´erie de bornes d’irrigation dont chacune irrigue un ensemble de parcelles formant un ˆılot d’irrigation (tableau 1).

2.2 Protocole

L’exp´erimentation consiste `a r´ealiser un suivi temporel des volumes et de la salinit´e des eaux d’irrigation et de drainage, et un suivi spatio-temporel du niveau de la nappe superficielle et de sa salinit´e `a l’´echelle de l’oasis (figure 1) et de la parcelle (figure2). La salinit´e des eaux est classiquement ´evalu´ee par la mesure de la conductivit´e ´electrique. Les volumes sont ´evalu´es par diff´erentes m´ethodes : int´egration temporelle de mesures du d´ebit dans les drains, ou jaugeage

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Tab. 1 – Gestion de l’irrigation dans l’oasis de Fatnassa Nord (d’apr`es les donn´ees du GIC de l’oasis, 2003).

Antennes d’irrigation A1 A2 A3 Oasis

Nombre parcelles g´er´ees par le GIC 245 111 111 467 Surface moyenne par parcelle (ha) 0,15 0,35 0,32 0,15 `a 0,35

Nombre de bornes d’irrigation 11 9 8 28

Main d’eau (l/s) 24 24 24 72

Tour d’eau planifi´e (Nombre jours) 25 27 25 25 `a 27 egularit´e du tour d’eau egulier 27 j `a 35 j 25 j `a 30 j 25 j `a 35 j

Nombre d’extensions illicites 0 28 10 38

automatique dans les canaux d’irrigation b´etonn´es.

L’exp´erimentation a ´et´e mise en place au mois d’avril 2003. Neuf stations de mesure ont ´et´e install´ees et r´eparties de la fa¸con suivante :

– 3 stations pour la caract´erisation et le suivi de l’eau d’irrigation : 1 sur le partiteur pour controler l’entr´ee `a l’´echelle de l’oasis (d´ebit, salinit´e et distribution) et 2 sur les seguias S1 et S2 pour controler le tour d’eau et l’entr´ee `a l’´echelle de la parcelle (d´ebit, temp´erature) ;

– 4 stations pour la caract´erisation et le suivi de l’eau de drainage : 1 sur le regard de drainage pour mesurer le d´ebit et la salinit´e de l’eau drain´ee `a la sortie de la parcelle et 3 au niveau des trois rejets de l’oasis (R1, R2 et R3) pour le suivi de la salinit´e et du d´ebit de l’eau drain´ee `a la sortie de l’oasis ;

– 2 stations de suivi pi´ezom´etrique (Pi´ezoB1 et Pi´ezoB2) install´ees `a la parcelle pour d´eterminer la relation entre le d´ebit et la charge au-dessus du drain et suivre la dyna- mique de la nappe en fonction des importations et des exportations hydriques au niveau de la parcelle. Le pi´ezom`etre B1 est situ´e `a 2 m du puits (pompage de 6 m) afin de suivre l’impact des pr´el`evements qui y sont effectu´es.

Le suivi de la pi´ezom´etrie et de la salinit´e de la nappe a d´emarr´e depuis l’ann´ee 2001 avec 27 pi´ezom`etres install´es sur l’ensemble de l’oasis. Ces mesures sont compl´et´ees par des observations sur le terrain.

3 R´ esultats et discussion

Dans ce qui suit, nous nous limitons `a pr´esenter les premiers r´esultats relatifs aux mesures collect´ees `a l’´echelle de la parcelle en vue de comprendre les relations entre la gestion de l’eau et le bilan des sels.

3.1 L’irrigation et son impact sur la profondeur de la nappe

Deux mesures de la profondeur de la nappe superficielle sont r´ealis´ees en continu sur la parcelle au pas de temps de dix minutes. Depuis le mois d’avril 2003 jusqu’au mois d’octobre 2003, sept irrigations (ou ´episodes d’irrigation) ont ´et´e r´ealis´ees avec une fr´equence variant entre 23 `a 30 jours refl´etant l’irr´egularit´e du tour d’eau sur la parcelle. Les volumes d’eau et quantit´es de sels apport´es sont pr´esent´es sur le tableau2.

En r´eponse `a chaque apport hydrique, on enregistre une remont´ee rapide de la nappe superficielle (figure3). Cette recharge de la nappe par l’eau d’irrigation est suivie d’un tarissement progressif

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Fig.1 – Dispositif exp´erimental `a l’´echelle de l’oasis.

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Fig.2 – Dispositif exp´erimental `a l’´echelle de la parcelle.

Fig.3 – Evolution temporelle de la profondeur de la nappe, de la salinit´e (CE, conductivit´e ´electrique) et du d´ebit des eaux de drainage en fonction des irrigations au niveau de la parcelle.

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sous l’effet conjugu´e du drainage et de l’´evapotranspiration.

Bien que la dose et la fr´equence des irrigations soient presque constantes dans le temps, on observe que le niveau atteint par la nappe apr`es les irrigations est fonction de la demande climatique (figure3). La nappe est affleurante apr`es la premi`ere irrigation mi-avril et ne remonte qu’`a 50 cm de profondeur `a la cinqui`eme irrigation mi-aoˆut. Ce r´esultat s’explique par l’effet de d´estockage de l’eau du sol li´ee `a l’´evapotranspiration.

Les op´erations de pompage r´ealis´ees par l’agriculteur, soit pour irriguer sa parcelle, soit pour fournir de l’eau `a une parcelle situ´ee `a la p´eriph´erie de l’oasis (extension) sont tr`es ais´ement rep´erables sur le pi´ezom`etre B1, situ´e `a 2 m du pompage (figure 4). A proximit´e du puits, la nappe r´eagit instantan´ement au pompage pour s’abaisser sous la cote de la sonde de mesure (situ´ee `a une profondeur de 1,85 m). A l’arrˆet du pompage, elle remonte, soit `a son niveau initial, soit `a une cote inf´erieure si le pompage est prolong´e.

3.2 Le drainage `a la parcelle

Les d´ebits de drainage enregistr´es pr´esentent une ´evolution coh´erente avec les occurrences d’ir- rigation et la dynamique de la nappe. On observe un pic de d´ebit concomitant avec les apports d’eau (figure3). Des perturbations de d´ebit sont ´egalement observ´ees en liaison avec la mise en route du pompage (figure 4).

Fig.4 – Evolution temporelle de la profondeur de la nappe, de la salinit´e (CE, conductivit´e ´electrique) et du d´ebit des eaux de drainage en fonction des irrigations et des exportations au niveau de la parcelle.

La mesure de la conductivit´e ´electrique (CE) `a la sortie du drain pr´esente ´egalement des allures coh´erentes. Les variations au cours de la saison et en fonction des ´episodes d’apport hydrique mettent en ´evidence les effets de dilution de l’eau de drainage par l’eau d’irrigation nettement plus douce.

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Le coefficient de passage de la conductivit´e ´electrique vers la teneur en sels dissous dans l’eau exprim´es en g/l a ´et´e ´etabli (figure5). Une ´etroite corr´elation est obtenue (R2= 0,995) incluant l’eau d’irrigation, ce qui t´emoigne que l’origine de la nappe de surface est constitu´ee par l’eau d’irrigation. Le coefficient de passage est de 0,72, il sera utilis´e dans les analyses suivantes pour traduire les conductivit´es ´electriques en taux de sels dissous.

Fig. 5 – Relation entre conductivit´e ´electrique et quantit´e de sels dissous dans l’eau de nappe et dans l’eau d’irrigation de l’oasis de Fatnassa (analyses r´ealis´ees `a l’INRGREF).

D’apr`es ces r´esultats, on constate que le drain enterr´e `a 1,2 m de profondeur pr´esente un fonction- nement normal rep´erable par la variation imm´ediate de son d´ebit en fonction des importations et des exportations hydriques r´ealis´ees sur la parcelle. La question est cependant de d´eterminer si, `a l’´echelle de l’ann´ee, en int´egrant la variation saisonni`ere, le drainage souterrain ´evacue bien la quantit´e des sels apport´ee par l’irrigation.

Cet objectif n’a ´et´e que partiellement atteint, en raison d’une part de la mise en place r´ecente de l’exp´erimentation et, d’autre part, des nombreuses donn´ees de d´ebit manquantes dues `a un probl`eme technique. Seuls deux ´episodes d’irrigation I2 (25 mai au 12 juin) et I5 (19 aoˆut au 5 septembre) b´en´eficient de suffisamment d’informations pour y parvenir.

3.3 Estimation des bilans hydrique et salin `a la parcelle sur deux ´episodes Les bilans hydriques et salins sont ´etablis pour les deux ´episodes I2 et I5 et qui correspondent chacun `a une dur´ee d’environ 20 jours. En revanche, les quantit´es d’eau d’irrigation et de sels import´ees correspondantes ont pu ˆetre estim´ees sur l’ensemble de la p´eriode de suivi (tableau 2).

Les termes du bilan sont exprim´es pour les deux ´episodes d’irrigation (tableau 3). Les doses d’irrigation apport´ees sont d’environ 156 mm pour I2 et 110 mm pour I5. Les quantit´es de sels

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apport´ees par ces eaux sont de 4,7 t/ha pour I2 et 3,5 t/ha pour I5. A la suite de ces irrigations, le r´eseau de drainage a permis d’´evacuer une lame d’eau de 36 mm pour I2 et 12 mm pour I5 et une quantit´e de sels d’environ 3,6 t/ha pour I2 et 1,3 t/ha pour I5 (figure 6). La fraction de lessivage d´eduite de ces r´esultats est de 23 % et de 10 % respectivement pour les deux p´eriodes d’irrigation I2 et I5. Pour un sol l´eger analogue aux conditions de notre parcelle, la fraction de lessivage g´en´eralement recommand´ee est de l’ordre de 15 % (NEA, 1983[5]) La variabilit´e temporelle de la fraction de lessivage ne permet pas de raisonner `a l’´echelle d’un seul ´episode et met en ´evidence la n´ecessit´e de raisonner la question du lessivage `a l’´echelle annuelle.

Tab.2 – Quantit´es d’eau et de sels correspondantes apport´ees par irrigation au niveau de la parcelle.

Episode d’irrigation Volume d’irrigation (m3) Sels apport´es (kg)

I1 953 2 901

I2 1 274 3 946

I3 1 140 3 559

I4 935 2 880

I5 878 2 834

I6 1 127 3 518

I7 939 2 895

Total 7 246 22 533

Tab.3 – Bilan hydrosalin `a l’´echelle de la parcelle pour les deux ´episodes I2 et I5.

Bilan ´episode I2 25 mai au 12 juin

Bilan ´episode I5 19 aoˆut au 5 septembre m3

d’eau/ha

kg de

sels/ha

m3 d’eau/ha

kg de

sels/ha

Entr´ee : irrigation 1 565 4 734 1 096 3 543

Sortie : drainage 363 3 600 118 1 299

Balance (irrigation - drainage) 1 203 1 134 979 2 244

Fraction de lessivage et 23,2 % 76 % 10,7 % 36,6 %

proportion de sels ´evacu´es

Le bilan de sels (entr´ee - sortie) estim´e est positif pour les deux p´eriodes consid´er´ees. Si 76 % des sels sont ´evacu´es lors de l’´episode I2, cette proportion tombe `a seulement 36 % pour l’´episode estival. Il est donc probable que le bilan est exc´edentaire pour l’ensemble de la p´eriode ´etudi´ee, entre avril et octobre 2003. En effet, malgr´e les probl`emes d’acquisition de mesure, la figure3 illustre la r´egularit´e du comportement des diff´erentes variables suivies et les r´esultats obtenus nous sembles extrapolables, du moins qualitativement.

3.4 Influence du pompage

Les conclusions de la section pr´ec´edente sont `a pond´erer par l’importance consid´erable que semblent constituer les pompages sur le r´egime hydrique et salin de la parcelle. Jusqu’`a pr´esent, cette ´evaluation des pompages n’est que qualitative car le d´ebit de la pompe n’a pas ´et´e mesur´e.

Seuls les d´emarrages et les arrˆets des pompages ont pu ˆetre comptabilis´es grˆace `a la mesure pi´ezom´etrique (figure 6).

Durant la p´eriode de mesure du 15 avril au 22 octobre 2003, le temps de pompage effectif est

´

evalu´e `a 470 h. Nous avons effectu´e une premi`ere estimation du d´ebit sur la base des d´eclarations de l’agriculteur qui estime le d´ebit de la pompe `a environ 5 l/s. Ce d´ebit, multipli´e par le temps de

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pompage, ´equivaudrait `a un volume pomp´e d’environ 8 500 m3, soit environ 1 000 mm pomp´es

`

a l’´echelle de la parcelle sur l’ensemble de la campagne. Hormis le volume drain´e, ce volume pomp´e exc`ede d´ej`a les irrigations apport´ees, ´evalu´ees `a un volume de 7 250 m3, soit 906 mm (tableau2). Ce d´ebit n’est donc pas r´ealiste et n´ecessite une mesure particuli`ere, notamment en terme de r´egime de pompage. De plus, sur ce volume tr`es important, nous ne connaissons pas la proportion r´einject´ee dans la parcelle et celle d´evi´ee vers l’extension.

Le positionnement du puits en bordure de la parcelle est ´egalement `a prendre en compte. La nappe capt´ee par ce puits est donc pr´elev´ee pour partie dans la parcelle voisine. Cette nappe est recharg´ee par des irrigations non comptabilis´ees dans le bilan.

L’influence des pompages se r´epercute sur l’ensemble des variables mesur´ees. La diff´erence de cote pi´ezom´etrique entre le pi´ezom`etre proche du forage (B1) et celui localis´e `a environ 50 m du forage (B2) s’accroˆıt avec la progression de la campagne en saison estivale et l’intensifica- tion des pompages. Quasiment confondues au cours des mois d’avril et de mai, les deux cotes pi´ezom´etriques pr´esentent au mois d’octobre une diff´erence de cote syst´ematique de plus de 20 cm.

L’effet des pompages sur les autres variables mesur´ees, d´ebit de drainage et conductivit´e

´

electrique, est ´egalement perceptible (figures 3 et 4). Toutefois, en l’absence de donn´ees re- latives `a l’´evolution du stock d’eau et de sels dans le sol, il est difficile de d´eterminer le poids de ce pompage sur le bilan d’eau et des sels `a l’´echelle de la parcelle.

4 Conclusion

L’estimation des bilans hydrique et salin a ´et´e effectu´ee `a l’´echelle d’une parcelle, du mois d’avril au mois d’octobre 2003. Au cours de cette p´eriode, plus de 900 mm d’eau ont ´et´e apport´es, ce qui correspond `a 28 t/ha de sels. Ce chiffre traduit l’importance du drainage pour controler la salinit´e.

Si le r´eseau de drainage r´epond de mani`ere coh´erente aux ´episodes d’irrigation, la quantit´e de sels

´

evacu´ee par drainage durant la p´eriode examin´ee est cependant bien inf´erieure `a celle import´ee par l’eau irrigation. Pour ˆetre exhaustive, cette ´evaluation devra porter sur l’ann´ee enti`ere en raison de la forte variation saisonni`ere de la fraction de lessivage.

Sur la parcelle consid´er´ee, le pompage traduit une gestion complexe de l’eau entre l’oasis et les extensions et il est n´ecessaire de mieux estimer le poids de cette gestion dans l’´etablissement du bilan. En revanche nous pouvons d’ores et d´ej`a supposer que l’effet du pompage est sans doute d’un ordre de grandeur significatif par rapport `a celui du drainage et contribue probablement `a r´e´equilibrer le bilan salin.

R´ ef´ erences

[1] CRUESI et UNESCO, 1970. Recherche et formation en mati`ere d’irrigation avec les eaux sal´ees. Rapport technique 1962-1969, Paris, France, 243 p.

[2] Kassah A., 1996. Les oasis tunisiennes : Am´enagement hydro-agricole et d´eveloppement en zone aride. Tunis : Edition CERES, S´erie g´eographique n˚13, 346 p.

[3] Mamou A., 1990. Caract´erisation, ´evaluation et gestion des ressources en eau du sud tunisien.

Th`ese de doctorat d’Etat. Universit´e de Paris-Sud, Orsay, France, 541 p.

[4] Henia L., 1993. Climat et bilan de l’eau en Tunisie. Essai de r´egionalisation climatique par les bilans hydriques. Th`ese de doctorat. Facult´e des Sciences Humaines et Sociales de Tunis.

381 p.

(12)

Fig.6 – Evolution temporelle de la profondeur de la nappe (cm) et de la quantit´e des sels ´evacu´es par drainage (kg) au niveau de la parcelle pendant les ´episodes I2 (A) et I5 (B).

(13)

[5] NEA, 1983. Projet de r´enovation et de cr´eation d’oasis dans la Nefzaoua. Donn´ees de base , volume 1 : Param`etres de l’irrigation. Minist`ere de l’Agriculture, Tunis, Tunisie, 40 p [6] STUDI et BRL Ing´enierie, 1999. Projet d’am´elioration des p´erim`etres irrigu´es dans les oasis

du Sud. Projet de K´ebili. Premi`ere tranche, phase I, volume 2, oasis de Fatnassa. Edition d´efinitive, 21 p. et annexes.

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