FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE
DE BORDEAUX
ANNÉE I 8 8 9 — 9 O N«
'
7DES
DÉMANGEAISONS
APPARAISSANT SANS
LÉSIONS CUTANÉES
DES
DÉMANGEAISONS
D'ORIGINE NERVEUSE EN PARTICULIERTHÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 18 décembre 1889
par
Bernard-Marie BOURSIAC
Élèvedu Servicedesantémilitaire
Né à Moissac (Tarn-et-Garonne), le 19 décembre1866
EX-A.3VLIISLATEIJ 1RS IDE HjA. THÈSE MM. PITRES, professeur, président.
DeFLEURY, professeur,
\
ARNOZAN, agrégé, > juges.
DURREUILH, agrégé, - )
LeCandidat répondraaux questions qui lui seront faitessur les diverses parties de l'enseignement médical.
BORDEAUX
Imprimerie VU" Cadoret
O — Rue Montméjan — 17
1889
FACULTÉ DE
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS :
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N.
DEN1GÈS.
Le Secrétaire de laFaculté, LEMAIRE.
« Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans
les
» Thèses qui luisont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs
» et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.»
A MES GRANDS PARENTS
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE
A MON FRÈRE
A MES PARENTS
A MES AMIS
p ; ;• ;
A Monsieur le Professeur MORACHE
Directeur du Service desantédu i8° Corps d'armée, Professeur de Médecine légale, Officier de la Légion d'honneur, Officier de l'Instruction publique,
Membre correspondant de l'Académie de Médecine.
A Monsieur le docteur ARNOZAN
Professeur agrégé à la Faculté de Médecine.
INTRODUCTION
Étudier les
principales variétés
dedémangeaisons dégagées
de toutes lésions cutanées, rechercher leurs divers caractères et surtout leurs
origines,
montrerquelle
peut êtreleur importance
au
point de
vueséméiologique, tel
estle
but que nous avonsessayé
d'atteindre
dans ce travail.Les
démangeaisons,
il faut enconvenir,
ont été un peu tropreléguées
au rangdes
symptômes sansimportance; elles
n'ontpas attiré outre mesure l'attention des
chercheurs;
aussi, les documentsqui
nous eussentpermis de compléter
etd'approfondir
cette étude nous ont-ils fait défaut.
La
pénurie d'indications précises, qui auraient
pu nous montrer la voie, nousguider dans la
recherche de lapathogénie
etde
la
signification
exacte de ce symptôme, nous ont forcé d'êtreincomplet,
etquelque
peusuperficiel.
Nos
juges,
nousl'espérons,
voudront bien tenir comptede
cetteparticularité,
pour nous accorder toute leurbienveillance,
toute leurindulgence.
Nous avons
pris
pourbase l'observation,
c'est elle seulequi
nous a fourni la
plupart des points importants de
ce travail.Avant d'aborder notre
sujet, qu'il
noussoit permis d'assurer publiquement de
toute notregratitude M. le professeur agrégé
Arnozan.C'est à lui que nous
devons l'idée
de cettethèse,
ses conseilsbienveillants et
précieux
ne nousont
pasfait défaut
unseul
instant.
Que M. le professeur Pitres veuille bien recevoir tous
nossincères remerciements pour
l'honneur qu'il
nousfait
enacceptant
la
présidence de
notrethèse.
Nous remercions
également M. le docteur Auché, médecin des hôpitaux
etM. Sabrazès, interne des hôpitaux,
pourles observa¬
tions
qu'ils
ontbien voulu
nouscommuniquer.
DES
DÉMANGEAISONS
APPARAISSANT SANS LÉSIONS CUTANÉES
DES
DÉMANGEAISONS
D'ORIGINE NERVEUSE EN PARTICULIERCHAPITRE PREMIER
DÉMANGEAISONS EN GÉNÉRAL
Définir la
démangeaison, donner
uneexplication d'un phéno¬
mène
qui n'en réclame
aucune,d'une sensation
que toutle monde
connaît pour
l'avoir ressentie,
paraît unetâche bien difficile dans
sa
simplicité.
Aucune définition ne satisfera
l'esprit
et necorrespondra
àl'idée que
chacun
sefait de la démangeaison.
Au début de ce travail, une
définition s'impose cependant; mais
nous laisserons de côté toute la
phraséologie des dictionnaires
: nous dirons quela démangeaison consiste
en unesensation
pour ainsi dire indéfinissable,désagréable, ordinairement localisée dans
les couches externes et
superficielles des
téguments, tenantdu fourmillement,
dupicotement
etde la brûlure légère.
Le caractère
important de la démangeaison
estd'obliger le
malade à se gratter pour y porter
remède.
Le grattage est
le corollaire de
cettesensation,
à cepoint
que l'onpourrait expliquer la démangeaison
parle
grattage, etdire simplement-en guise de définition,
que toutesensation
anormalequi
porte à segratter est unedémangeaison.
Le
prurit,
terme synonymedu phénomène
que nous venons dedéfinir etque nous
emploierons
souvent à saplace dans
cetravail,
présente, comme nousle
verrons parla suite, des formes
diffé¬rentes, des
degrés, dans
sonorigine,
salocalisation
et son inten¬sité.
Nous passerons en revue ces
différentes
variétés et ces diverscaractères du
prurit
pour entrer tout àfait
dans l'étude de la variétéspéciale qui fait le principal objet de
notreétude;
mais auparavant,les démangeaisons
engénéral doivent
nous arrêter un instant : nous devons leur consacrerquelques détails,
car ce sont ellesqui forment malgré
toutle fond de
ce travail.Il va sans dire que
le prurit,
en tant que symptômevulgaire,
n'a pas été sans
attirer l'attention
des médecins anciens etmodernes; cette remarque nous sera une occasion de faire ici un court
historique de la démangeaison
engénéral, si l'on
peut tou¬tefois donner ce nom aux
quelques lignes qui suivent.
Hippocrate, dans
sesAphorismes, désigne
sousle
nom de Suc^oç toutesles affections prurigineuses.
Galien est
plus précis quoique
sesexplications
soient encorebien vagues, comme
l'on
peut enjuger
par sadéfinition
de ladémangeaison,
que nousreproduisons
ici. Ils'exprime ainsi
:«
Dolorifica voluptas
m cuteexcitata
ab acri solso ichose tenui,sine exsulceratione. »
Plineet Avicenne nerestentpas
étrangers
àla question du prurit..
V - I5 -
Mercurialis,
au XVI0siècle, s'applique
à établir une différenceentre le
prurit maladie
et leprurit
symptôme.A. Paré attacha lui aussi son nom à l'étude de ce
phénomène.
Pourêtre
complet, il
nous faudraitajouter
encore bien des noms à tous ceux que nous venons de citer pourarriver
aux dermato-logistes contemporains qui
se sontplus particulièrement
occupésde la
question. Parmi
ces derniers, il nous suffira de.citer entretous, les noms de Hébra et de
Hardy dont
nous aurons l'occasionde
reparler dans le
cours de cette étude.Habituellement,
comme chacun le sait parexpérience, le prurit
neconstitue pas une
affection;
ilestsimplement
gênant, ennuyeux, etpar-dessus
tout énervant. Lesdémangeaisons n'agacent
pas seulement parla
sensationdésagréable qu'elles font
éprouver; cequi les rend intolérables,
c'est le peude
résistance quel'on
peut leur offrir, c'est leurpersistance
tantqu'on
neleur
a pasaccordé
le remède, le
soulagement qu'elles réclament toujours
et partout d'unefaçon impérieuse, le
grattage.Malgré cela, les démangeai¬
sons ne méritent pas
généralement le
nom d'affections.Mais dans certaines circonstances il en est bien autrement; il
est des cas où, relié à des maladies
chroniques,
àdes diathèses,
le
prurit
constitue unsupplice véritable;
dans certaines affections,les
démangeaisons arrivant
par accès sonttellement
violentes que le maladeobligé de
se gratter avecfurie
pour trouver unsoula¬
gement,
obligé de
selacérer les
chairs avec lesongles
pourobtenir
un
calme,
une satisfactionrelative,
éprouve unevéritable
torturedont les conséquences sont
parfois terribles.
Le malade
privé de
sommeil, et c'est àKaposi
que nous emprun¬tons ces détails,
perd l'appétit, maigrit;
son système nerveuxs'exalte,
ses facultés éprouventle
contre-coupdu
symptômeinsupportable qui lui rend l'existence si
difficile.Il ne peut
sortir, il
est forcé de se cloîtrer pour ne pass'expo¬
ser à violer les
règles de la bienséance
en se grattant partout oùil se trouvera. — On lefuit, il
souffre, il prend la vie
endégoût
et le suicide peut
venir
couronner sessouffrances.
De tels cas sont rares, et nous avouons
n'en avoir
pas, pour notre part,rencontré d'exemples; dans
cescirconstances, le prurit n'est plus alors
unsimple symptôme secondaire, il
passeau
premier plan,
etprend
unetelle importance qu'il constitue
une affection véritable dont nous ne nous occuperons pas
ici.
Nous ne
pouvions
nousempêcher de signaler cette particula¬
rité d'un
symptôme
quetout le monde connaît et regarde
ordinairement comme sans
gravité, quoique toujours il soit
exces¬sivement
désagréable
et gênant.CAUSES DES DÉMANGEAISONS
Les causes des
démangeaisons
sontdes plus multiples, et les
rechercher serait tout à fait sortir de notre
sujet. Il faudrait
pour cela passer en revue ungrand nombre d'affections qui n'ont rien
de commun avec notre étude
spéciale.
a. Lesdémangeaisons cependant sont généralementliées
àdes affections cutanées.
C'est en étudiant les affections de la peau que
l'on
ale plus
souvent l'occasion de les rencontrer et de les observer;
aussi,
pour
éclairer
notresujet, devons-nous ici dire quelques mots du prurit
en rapport avecles lésions cutanées. Cette question ayant
été souvent traitée et étant bien connue, nous
n'insisterons
pas outre mesure.—Nous ne ferons queciter
pourmémoire les affec¬
tions présentant
du prurit
aunombre de leurs symptômes.
i7 ~
Dans les
dermopathies, signalons-le
avant d'allerplus loin,
le
prurit
constitue un des symptômessubjectifs les plus impor¬
tants : d'une
façon générale,
nous pouvonsdire qu'on le
rencontre presquetoujours dans
toutes leséruptions s'accômpagnant
dephénomènes
inflammatoires. Nous neparlerons
pas ici desvariétés d'intensité que peut
prendre le prurit
dans les diverses affections cutanées où nous allons le retrouver. Nous ne ferons quesignaler
sa présence et saplus
ou moinsgrande
intensité.Les
érythèmes
diffus,annulaire, marginé, circiné,
dont les lésionsprimitives
consistent en maculescongestives
ou inflamma¬toires, s'accompagnent
souvent d'unprurit
d'une violence extrême.Nous dirons de même pour
le prurigo
etle strophulus simple,
etsurtout
prurigineux.
Les diverses variétés delichen, l'urticaire, l'erythème papuleux arthritique, n'apparaissent
presquejamais
sans
démangeaisons;
dansquelques lichens
elles sont assezlégères.
Nous les retrouvons enfin avec desdegrés
variables dansl'herpès, dans
l'eczéma où elles sontparfois
violentes aupoint
d'occasionner de vastes ulcérations parle
grattagequ'elles
néces¬sitent,
dans lepemphigus qui prend le
nom deprurigineux.
Dansles affections huileuses et squameuses, nous trouvons rarement des
démangeaisons
au nombre des symptômessubjectifs.
Disons enfin pour être
complet,
que toutesles
affections dites parasitairess'accompagnent généralement
dedémangeaisons
violentes. Nous ne donnerons pas
ici la
liste de tous lesparasites
habitant exclusivement outemporairement
la peaude l'homme,
et
qui produisent
indirectement ceprurit
:cela
ne rentre pasdans
notre cadre.
Voilà donc en
quelques
motsles
lésions cutanées présentantcommesymptôme
le prurit; voilà
les casprincipaux dans lesquels
on rencontre le
plus habituellement
le symptômedémangeaison.
3 B
b. 11 existe d'autres variétés de prurit.
Mais il
n'y
a pas quedans les affections cutanées qu'il existe
du
prurit
:il n'est
pasnécessaire qu'il y ait une lésion apparente
pourrencontrer
le symptôme dont nous nous occupons et que nous
avons trouvé en rapport avec
les principales affections cutanées.
11 y a
du prurit sine materia, il existe des démangeaisons appa¬
raissant sur des
régions dépourvues de lésions et présentant
toutes les apparences
d'un état sain. Dans ces cas quelle est
la cause à
laquelle
nousdevons reporter les démangeaisons? Est-
ce à une causelocale dont les
manifestations se-nsibles, apparentes,
ne nous sont révélées par aucun
symptôme extérieur? Ce prurit
est-il l'avant-coureur d'une
affection qui
aura poursiège la région
sur
laquelle
nousle trouvons?
oubien la cause de ce symptôme
dont
l'apparition étonne le malade par sa spontanéité est-elle
une cause
générale? Ce prurit n'est-il qu'un symptôme éloigné
ayant pour
origine
uneaffection organique, une maladie générale,
une diathèse? Nous
répondrons à toutes
cesquestions : nous
rechercherons tour à tour les
origines
etles caractères de
cesdémangeaisons
sanslésions.
Disons d'abord que
dans les
casde prurit sine materia, la cause du.phénomène semble devoir être recherchée soit :
i° Dans une altération du sang;
2° Dans un trouble du système nerveux.
DÉMANGEAISONS
LIÉES
A UNEALTÉRATION DU SANG
Les maladies
générales dans lesquelles la constitution normale
du sang
varie, dans lesquelles les altérations de ce liquide consti¬
tuent un des
symptômes les plus importants, sont le diabète,
l'urémie et l'ictère..
Nous ne nous arrêterons pas
ici
à rechercher si l'altération du sang estla
conséquence oula
cause de la maladie danslaquelle
nous
l'observons;
nous ne ferons que constaterqu'il existe
dansces affections des
démangeaisons violentes apparaissant
sans lésion ; nousrechercheronss'il existe un rapportentre ces déman¬geaisons
etles altérations du
sang.Nous nous occuperons tout d'abord de
l'ictère,
lesdémangeai¬
sons étant très communes dans cette affection.
Prurit des
ictèriques.
Nous savons que
dans l'ictère
tous les tissus ont un aspectjaune-verdâtre, dû
à une infiltration d'éléments biliaires ; nous laisserons de côté le mécanisme de cephénomène
pour en arriverà
l'analyse du
sangdans
cettemaladie.
C'est en effet par
l'intermédiaire
du sang que sefait
cette distri¬bution d'éléments biliaires, d'où naturellementaltération du
liquide
générateur servant de véhicule à ces éléments.Voici
quelle
estd'une façon générale
et succincte lacomposition
de ce sang
altéré
:les globules
rouges ont diminué et ont étéremplacés
pardes matières
grasses et dela
cholestérine en excès.Le sérum est teinté de
jaune pâle
parle pigment
biliaire.Ceci posé, voyons ce que sont
les démangeaisons
dans l'ictère.Après les avoir étudiées,
nous verronsquel
rapportd'origine il
peutêtre établi entre elles et l'altération du sang que nous venons de
signaler.
«Le
prurit vient quelquefois compliquer l'ictère, dit Strauss (Th.
d'agrégation, 1878); il
enconstitue
alors un symptôme tenace et souventinsupportable
».Ces
démangeaisons, d'après le
même auteur, sont ordinaire¬ment
généralisées, mais
elles ont souvent poursiège la
paume— 20 —
des mains, la
planté des pieds;
onles
rencontre entreles orteils.
Le soir elles sont
plus intenses; la chaleur, le
grattage, une nour¬riture excitante les exagèrent.
Ce prurit
apparaît sanslésions
pour
Hebra
etHardy, bien
queTilbury Fox l'ait observé
avec de l'urticaire; mais onsait
quel'urticaire
accompagne souventle
grattage et en est une conséquence
fréquente;
onobserve du
reste dans l'ictère
quelques phénomènes inflammatoires, qui
sont desimples lésions de
grattage.Et maintenant devons-nous trouver dans l'altération du sang
spéciale
àl'ictère la
causede
cetrouble?
Bien que
Graves ait
vu apparaître cesdémangeaisons
une pre¬mière fois dix
jours,
et unedeuxième fois deux mois
avantla
coloration
jaune de la.
peau,il
est reconnud'une façon générale
quele
prurit
accompagnel'ictère; aussi
neconsidérons-nous les
casde
Graves que comme
des exceptions
que nousenregistrerons
sans en tirer de conclusions.Cependant,
sans êtreaffirmatif,
étant donnéles nombreuses
opinions qui
ont étéémises,
nousdirons
avant d'allerplus loin
quela
causedes démangeaisons réside dans la
présencedu pigment biliaire dans la
peau.Si nous ne sommes pas
plus affirmatif, c'est
queles hypo¬
thèses
qui
ont étéfaites
sontplausibles
:elles n'enlèvent d'ailleurs
au
prurit rien de
son caractère,elles
enfont simplement
unprurit d'ordre
nerveux, unprurit d'ordre réflexe. Le prurit des ictériques n'étant
pas un symptôme constant,disent les traduc¬
teurs de
Kaposi,
nefaudrait-il
paschercher ailleurs
quedans le pigment biliaire
sa cause? nes'agit-il
pasd'un
agentpatholo¬
gique particulier?
ne peut-on pasconsidérer
ceprurit
comme unprurit réflexe
àfoyer hépatique?
Hardy,
pourqui la persistance
etl'apparition de raies
rouges faites sur la peau,dans les
casde prurit, semblent
êtreles
caracté¬ristiques de la
névrose cutanée, a constatéque cesraies
rougespersistantes pouvaient
êtredéterminées chez les ictériques atteints
de
démangeaisons; il
asignalé
que ces raies rouges tranchaientsur la teinte
jaunâtre des
téguments; aussi pourlui la
consé¬quence
semble s'imposer; le prurit des ictériques doit
être rattachéà une névrose de la peau : mais,
ajouterons-nous,
où faut-ilchercher la cause de cette névrose? Ne
peut-elle
pas être occa¬sionnée par
la
présence de ces éléments biliaires étrangers,infil¬
trés, portés par
le
sang : en résumé, enenvisageant de
cettefaçon la question, l'altération
du sangn'est-elle
pasla
causepremière?
Pour notre part, nous le croyons et, comme nous l'avonsdéjà dit,
nous nous arrêterons à cetteopinion;
nous nous demanderons si ce sangaltéré n'agit
pasd'une façon toxique
sur le système nerveuxpériphérique
pourproduire le prurit; le
sangsurchargé d'éléments étrangers
sera pour nousla
causepremière
du trouble que nous venons
d'essayer d'expliquer.
Prurit des
urèmiques.
Une citation de
Jaccoud
nous servira de transition et nous amènera àparler
aprèsle prurit des ictériques, du prurit des albu- minuriques.
« De même, dit-il dans son Traitéde
pathologie interne (Paris, 1872,
t.II),
quela diminution
oula suppression de la fonction
du foie crée un état morbide
particulier,
parsuite de la rétention
dans le sang
des matériaux qui auraient dû servir
àla fabrication
de la
bile,
de même la diminution oulasuppression de la fonction
des reins
engendre
un étatpathologique particulier
parsuite de
l'accumulation dans le sangdes produits
usésde la nutrition qui
auraient dû être éliminés par
l'urine.
»Cet état
pathologique particulier
a unretentissement général
sur
l'organisme
;les
voies d'élimination, reins, poumons et peau serontatteints;
il seproduira là
pour nous unevéritable intoxica-
— 22 —
tion locale dont les conséquences se
traduiront
pardivers
symp¬tômes, diverses
lésions.
Aunombre de
ces symptômes, nous rangeonsle prurit
sanslésions. Le prurit des albuminuriques est
un
phénomène qui
estloin d'être
rare,mais c'est
undes phéno¬
mènes cutanés de l'albuminurie
qui
ontle moins attiré l'atten¬
tion : on ne l'avait
jamais décrit seul,
onl'avait
presquetoujours
associé aux lésions inflammatoires de la peau
observées dans le
cours des maladies des reins. A notre avis, on n'a pas assez
envi¬
sagé
les démangeaisons
commefait primitif
etles lésions
comme fait secondaire, commerésultant
souventdu
grattageviolent auquel elles
ontdonné lieu. On sait
eneffet
avecquelle facilité
s'enflamment les tissus œdématiés des
brightiques;
onsait
com¬bien il faut tenir compte
de l'état de déchéance dans lequel l'organisme entier
se trouveplacé, de l'intoxication générale à laquelle il
estsoumis.
Au nombre des auteurs
qui
ontdans
cesderniers
tempsétudié
la
question,
nousdevons citer
enpremière ligne Peter, Lancereaux,
Dieulafoy
et sesélèves. De
cesdiverses études il ressort
quele prurit intervient très souvent
au coursdes néphrites et
quede plus
il peut
affecter des formes très pénibles. 11 peut précéder
ouaccompagner
les accidents urémiques. Il est enfin
reconnu, commele mentionne M.
Persy dans
sathèse inaugurale, qu'il est l'apa¬
nage
de la néphrite interstitielle
commune.D'après Dieulafoy, le prurit
estprécoce et cette précocité du
symptôme
démangeaison peut aider à diagnostiquer le brightisme
au début.
M.
Persy donne
encoredans
sathèse certains caractères de
ceprurit généralisé;
nousles résumons ici
:Les démangeaisons
débutent ordinairement par
la ceinture, la face
externedes
mem¬bres
supérieurs; les plis articulaires sont généralement respectés,
ainsi que
le
cou etle visage. Les démangeaisons augmentent
d'intensité le soir et le matin.
23 —
On le voit, les détails n'abondent pas et
les observations du prurit urémique dégagé de lésions
ne sont pasnombreuses,
oudu
moins n'ont pas
donné lieu
àde grandes recherches.
Revenons enfin à l'altération du sang
qui semble devoir
être regardée comme une des causes de ces manifestations cutanées.Gubler a étudié d'une
façon remarquable les altérations du
sang
dans l'albuminurie, dans
sonarticle Albuminurie du Dic¬
tionnaire
encyclopédique;
nous nesaurions
résumercetarticle
sansle tronquer et
lui enlever
toutcaractère
: nous y renvoyons.Pour le docteur Cuffer
qui
atraité
cettequestion dans
sathèse inaugurale (1878),
cettealtération résulte de l'action
surles glo¬
bules
sanguins, des matières extractives
retenuesdans le
sang,ou du carbonated'ammoniaque, qui diminuent
cesglobules, les
para¬lysent
etles empêchent d'absorber l'oxygène.
D'après
cettedéfinition
ce sera unevéritable dénutrition des
tissus
qui devra suivre
cettealtération essentielle du
sang,il
seproduira
unevraie mortification.
Dans le cas dont nous nous occupons, ce sont ces matières
nocives
qui
«feraient effort
surla
peau » pouremployer l'expres¬
sion du docteur Cuffer.
C'est en cherchant à s'éliminer par cette
,voie, qu'elles agiront
en
quelque
sortemécaniquement,
et serontla
causepremière du prurit
etdes lésions
quel'on observera.
On a trouvé en effet à la surface de la peau
de l'urée
éliminéepar
celle-ci,
uréequi
peutêtre transformée dans les tissus
en carbonated'ammoniaque
et êtreainsi le point de départ de
nom¬breux désordres.
Les troubles cutanés dans le mal de
Bright
ont étéétudiés
par M. Collin dans sa thèseinaugurale;
pourlui, les lésions
obser¬véessont bien les conséquences
de l'altération du
sang;il donne
denombreux cas de lésions inflammatoires cutanées avec observa¬
tions à
l'appui
;mais il n'insiste
pas surle prurit il
seborne
à lesignaler.
Dans le cas
qu'il
aobservé, il
y aaussi des pustules ecthyma-
teuses, mais le
prurit
estindépendant
de cette lésion etsiège dans
d'autres
régions. Nous donnons ci-après le
résuméde l'observa¬
tion
personnelle, publiée
parM. Collin
dans sa thèse, seule observation danslaquelle
noustrouvions desdémangeaisons.
OBSERVATION (résumée).
Thèse Collin
F. Aug., 50 ans. — Le 11 mars 1867, refroidissement suivi de fièvre;
paupières et face enflées troisjours après.
Entre àl'hôpital Necker; au bout de trois semaines œdème de la verge et desjambes. — 10 mois detraitement. Sort guéri.
En 1873, fièvretyphoïde. En 1878, sans cause appréciable, pris devives
démangeaisons aux jambes. Dans les points où il se grattait fortement apparaît une éruption.
Pustules.d'ecthyma.
Traitement. Prurit disparaîtavecl'œdème.
En1878, il entre àla Charité. Pointde côté; démangeaisons; œdèmedes membres etde la face; pustulesecthymateuses;œdème pulmonaire;urines albumineuses; vue trouble.
Le 15mars : amélioration. Œdème disparaît. Démangeaisons persistent
au ventre, auxcuisses.
Avril (5-9): Amélioration. Prurit disparaît. L'amélioration ne persiste
pas.
10-14: Urinesde nouveau albumineuses. Quelquesdémangeaisons.
Cette observation semble confirmer ce que nous avons avancé
plus haut,
à savoir d'une part queles lésions
cutanées ont tropattiré
l'attention,
auxdépens du prurit qui semble
être lephéno¬
mène
primitif.
Nous venons devoir,
eneffet, qu'une éruption
avaitsuivi le grattage
violent;
d'autre part, nous avons remarqué que25 —
les
démangeaisons disparaissaient
avecl'œdème,
cequi semble¬
rait encore bien prouver
qu'elles étaient
liées à la présence duliquide qui infiltrait les tissus, liquide chargé des
matières nocivesqui n'avaient
pu êtreéliminées
du sang.Mais cette
opinion n'est
pasla
seule, et dans ces derniers temps,d'autres explications qu'il
nousfaut signaler
ontétédonnées.Diverses
critiques
ont étéfaites
à la manière de voir que nousadoptons.
Pour Peter ce sont aussi lesprincipes
excrémentiels du sangqui, excitant
les terminaisons nerveuses,produisent
leprurit.
Mais reprenant cette
opinion,
comment sefait-il,
ditDieulefoy, qu'il
yait quelquefois
à la surface de la peau un vraigivre d'urée,
sans
qu'il existe
deprurit?
Lancereaux ne voit pas
dans le prurit
un effet de lanéphrite
interstitielle.Pour
Pesy
cettenéphrite
étant l'aboutissant de nombreux étatspathologiques, parmi lesquels il faut
faire entrer l'arthritisme enpremière ligne, le prurit
sera une manifestation de cesdivers états.On le voit la
question de l'étiologie du prurit
dans l'albuminurieest loin d'être résolue,
cependant
nous nous arrêterons àl'opinion qui rattache le prurit
àla
présence des matières nocives dans le sang.Comme précédemment
dansl'ictère,
ces matières nocivesproduiront
d'unefaçon mécanique le prurit,
enagissant
sur les terminaisons nerveusespériphériques
aveclesquelles
elles sont en contact.Prient des
diabétiques.
Nous voici enfin arrivé aux
démangeaisons
observées dans lecours du diabète : dans cette
maladie,
cephénomène, qui
est loind'être rare, n'a pas manqué
d'attirer
l'attention desobservateurs;
pour ne rien omettre nous serions forcé de dire ce
que nous avons 4 B
déjà dit des caractères et de la violence des démangeaisons dans
lescas
précédents;
nous nele répéterons
pas.Dreyfous, dans
sathèse, Pathog. et accidents
nerveuxdu
diabète sucré, Paris,
1883, étudie
avec unsoin particulier les
accidents nerveux du diabète sucré. 11 s'arrête peu au
prurit
:il
constate
simplement
saprésence parmi les symptômes du diabète.
Nous relevons dans sa thèse
plusieurs observations de diabétiques
présentantdu prurit. Nous les publions ci-après.
Trousseau avait remarqué
la sensibilité extrême des diabétiques.
Leroux,
Martineau
etPeter
ontétudié
sansdonner de grands
détails le
prurit chez les diabétiques;
onpourrait dire qu'ils l'ont simplement signalé
:leurs observations
ontété consignées dans
la thèse de
Dreyfous;
ce sontelles
que nouspublions ci-après.
Nous devons
signaler parmi les
travauxoù le prurit des diabéti¬
ques a
été relevé et mis
enlumière, les thèses de Crauffon
\Affec¬
tions cutanées du diabète, Bordeaux 1881, et de
Mary, Th. de
Paris, 1881.Nous voyons
d'après
ces travaux quele prurit des diabétiques,
comme celui des
albuminuriques,
est unprurit généralisé, entraî¬
nant à sa suite des lésions de grattage, revêtant
parfois
un carac¬tère de
gravité exceptionnelle. Ici
encore nousdevons rappeler
que
l'état de déchéance, de cachexie générale des tissus, des
éléments
anatomiques,
est unecondition favorable à l'éclosion de
toutes ces lésions : il suffira de
rappeler
avecquelle facilité
appa¬raissent les
phénomènes gangréneux chez les malades dont
nousnous occupons
actuellement. On
a cru remarquer quele prurit
des
diabétiques avait
unsiège d'élection;
etqu'on le rencontrait
plus fréquemment
autronc et
auxmembres inférieurs.
Nous arrivons maintenant à la
question de pathogénie de
cettevariété de
démangeaisons.
Comme dans l'ictère et dans l'albuminurie,
l'adultération du
sang sera
la
causepremière incriminée
:c'est
enelle
quenous
27 —
rechercherons
l'explication des démangeaisons
:le
sucre que contient le sang etqui imprègne
tousles
tissus sera parlui-même
ou par ses modifications la cause du
prurit
:Nous disons par ses
modifications,
car le sucre ne tarde pas àse modifier : il passe à
l'état aigre
ou acide : c'est ce passage,cette transformation
qui constitue
l'acescence : l'acescence pourra donc être la cause duprurit;
cette transformation du sucre, nous la constatons,et nous la voyonssuivie
deprurit.
Voici dansquelles
circonstances :
On sait que
le prurit génital n'est
pasrare chez lesdiabétiques
:il est si
fréquent qu'il
est souvent une des causesqui font recher¬
cher au médecin l'existence du sucre dans les urines.
Ce
prurit
est dû à la présencedu
sucre dont sontchargées les
urines.
Ces urines ainsi
altérées,
résidantplus
oumoins
dans lerepli
du prépuce ou
dans
le vestibulebulbaire,
ysubissent
une trans¬formation
acide, acétique
oulactique; des
sporesde
mucédinéess'y développant agissent
commedes ferments.
Il nous estpermis
de rapporter ce
phénomène
et ses conséquences au sangchargé
de sucre dont tous les tissus sont
imprégnés,
etd'expliquer ainsi
le
prurit violent qui
tourmentesi
souvent lesdiabétiques. Peut-
être enfin pouvons-nous supposer
qu'il n'est
pas nécessaire ausucre du sang
de subir l'acescence
pour provoquer cesdéman¬
geaisons;
peut-êtrefaut-il voir dans
la présence seule du sucre lacause de ce
phénomène.
Cette
explication plausible donnée, il
en est une autre quenous ne devons pas passer sous
silence.
Nous avons
déjà
vu pourl'ictère
etl'urémie
que tout en ratta¬chant le
prurit
àl'altération générale du
sang,il était permis
dese demander si un état
particulier des nerfs périphériques
neservait pas
d'intermédiaire
entre cette altération du sang etla
démangeaison.
— 28 —
On peut se poser
la
mêmequestion à
proposdu diabète, mais
onpeut
sinon la résoudre d'une façon complète, du moins
enfaire
entrevoir la solution. Tandis que pour
l'ictère
etl'urémie, la
lésion ou l'irritation des nerfs
périphériques
reste àl'état d'hypo¬
thèse, la névrite a été démontrée chez les
diabétiques.
On savait
depuis longtemps qu'ils étaient sujets
àdes troubles
de nutrition des extrémités et en
particulier
àdes
mauxperforants (Laffon, Société anatde Bordeaux, 1885),
àdes troubles de
sécrétion cutanée, tels
qu'on
en rencontre souventdans les
névrites
périphériques. Or
cesnévrites viennent d'être démontrées
par
M. Auché, dans
unmémoire inédit (Prix Godard, Fac-ulté
de Bordeaux,
1889) dont il
abien voulu
nouscommuniquer les
conclusions.
On voit donc d'une part
les diabétiques sujets
àdes névrites,
d'autre part ces mêmes
malades
présentantdes démangeaisons;
on voit même ces dernières, dans une observation que nous résu¬
mons
plus loin, prédominer dans les points
où sedéveloppent
des lésions
trophiques
:il
estlogique d'admettre, d'après
ces cas,qu'une lésion
nerveuse peut être unintermédiaire
entre l'altération du sang etle phénomène prurit. Il
estdonc possible qu'un jour
oul'autre
toutes cesdémangeaisons, ictériques, urémi-
ques,
diabétiques, viennent
se ranger à côtédes démangeaisons
purement nerveusesqui font l'objet principal de
notretravail;
mais, comme pour
elles, l'influence
nerveuse abesoin de démons¬
tration
plus complète
etplus fréquemment contrôlée;
nous nous contentonsaujourd'hui de signaler "cette possibilité,
etbornant
nos considérations à des faits
plus certains,
nous passons auchapitre plus important
pour nous, àcelui des démangeaisons,
dont la seule cause au
point de
vueclinique,
comme aupoint de
vue anatomo-
pathologique,
est untrouble fonctionnel
ou unelésion du système nerveux.
OBSERVATION I {SociétéAnatomique.— Martineau).
En août, polydipsie et polyphagie-polyurie (5 à 6 litrespar jour). Amai¬
grissement considérable. Dès le début : fourmillements, faiblesse dansla moitié gàuche du corps ; il traîne lajambe gauche et se sertdifficilement
de la main du même côté. Les symptômes disparaissent au bout de trois mois.
A une nouvelle rentrée à l'hôpital : Maigreur, affaiblissement, séche¬
resse delà peau, démangeaisons, polydipsie; polyurie moins abondante qu'au début, polyphagie, impuissance depuis dix-huit mois. Rêves, cauche¬
mars; assezgrande quantité de sucre dans les urines.
Mort le 10juin.
A l'autopsie, le quatrième ventricule présente une légère altération; la
substance cérébrale surtout au niveau du calamusscriptoris, présente une coloration grisâtre assez prononcée ; injection très accentuée de cette substance.
OBSERVATION II (Peter, Clinique Médicale, t. II).
X...,64 ans, balayeur, ancien instituteur; c'est depuis deux ans qu'il a
subicette déchéance sociale; ilaperdurécemmentsa femmeetsesenfants.
Depuis deux ans il gagne à peine de quoi vivre; c'est vers cette époque qu'il commença à éprouver des démangeaisons intolérables sur toute la
surface du corps ; le prurit était intense, éruption polymorphe, soif impé¬
rieuse, glycosurie (10 gr. par litre).
— 30 —
OBSERVATION III (Thèse Leroux).
Jeune fille de 12 ans, diabétique : peausèche, squameuse, prurit géné¬
ralisé, dents cariées, eczéma à l'orifice de l'urèthre et à la grande lèvre gauche.
Morte dans le coma.
OBSERVATION IV
(Résuméde l'observationcommuniquéepar M. Auché).
Diabète sucré.
M. P. Adr., paveur, 59 ans, entré le 20 août 1889 dans le service de M. le professeurVergely.
Antécédents héréditaires : Nuls.
Antécédentspersonnels: Pas de maladies graves, pas de syphilis, pas d'alcoolisme. Service militaire : employé à Bayonne pendant quelque temps. Vient à Bordeaux où il estdepuis vingt ans.
Il y a six ans, affection de poitrine ; reconnu diabétique après avoir con¬
sulté un médecin pour des symptômes bizarres; il entre plusieurs fois à l'hôpital.
Il y rentre de nouveau le20août: faiblesse excessive et douleur dans les
jambes.
Polydipsie et polyphagie abondantes depuis cinq ans. Actuellementces
symptômes ont quelque peu diminué d'intensité. Plusieurs dents sont tombées. Pas de gingivite actuellement.
Estotnac : Rien d'anormal.
Intestin: Depuis sixans fonctionnenormalement,saufdiarrhéespressan¬
tes précédées de légères douleurs. Le maladeest obligé de se satisfaire
aussitôt.