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LES ENJEUX DE LA CROISSANCE DE L'ASIE DU SUD ET DE L'EST

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Academic year: 2022

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LES ENJEUX DE LA CROISSANCE DE L'ASIE DU SUD ET DE L'EST

L’Asie du Sud et de l'Est concentre plus de la moitié de la population mondiale avec près de 4 milliards d'habitants. Elle est la région où la croissance économique est aujourd’hui la plus forte mais aussi celle où l’on trouve le plus de pauvres et de mal-nourris.

Problématique : Quels sont aujourd’hui les enjeux de la croissance en Asie du Sud et de l’Est ?

I) Etude de cas : Mumbai, une ville entre modernité et inégalités A) Une mégalopole

> La première ville du pays

- L'agglomération de Mumbai compte 13 millions d'habitants. C'est la première ville d'Inde, loin devant New Delhi.

- Elle se situe sur l'île de Salsette à l'embouchure du fleuve Ulhas, une situation littorale qui lui permet d'avoir une interface maritime et donc d'être ouverte sur les échanges et le monde.

- Prise par les Portugais au XVIème siècle puis par les Britanniques elle est rapidement deve- nue un grand port colonial.

- Aujourd'hui, sa croissance démographique est très rapide (exode rural + fort accroissement naturel).

> Le coeur économique du pays

- Economiquement, Mumbai représente 42% du commerce maritime de l'Inde et 12% des emplois industriels. Le revenu moyen y est trois fois plus élevé que dans le reste du pays.

> Une ville marquée par de très fortes disparités sociales

- Les écarts de richesse sont très importants entre les quartiers aisés littoraux et les nombreux bidonvilles où le revenu moyen est de moins de 2 euros par jour.

B) La vitrine de l'émergence indienne

> Un centre d'affaires

- Les quartiers d'affaires sont construits sur le modèle des CBD des pays du Nord avec la pré- sence de nombreux gratte-ciel.

> Un centre d'échanges

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- La ville importe principalement des matières premières et énergétiques et exporte des pro- duits manufacturés en grande partie issus de la délocalisation industrielle. La ville est égale- ment un hub important qui assure 40% des vols internationaux partant de l'Inde.

> Un centre économique

- Mumbai abrite de nombreuses universités ainsi qu'un technopôle. Les principales FTN in- diennes y ont installé leur siège, comme par exemple le constructeur automobile Tata. C'est un centre financier et boursier important où siège la banque centrale du pays. Elle accueille enfin une multitude de plateformes téléphoniques et rayonne par sa culture avec les studios de Bol- lywood qui produisent 250 films par an.

C) L'importance des fractures sociales et spatiales

> Une ville soumise à une forte ségrégation

- Le principal défi posé à la ville est la question des bidonvilles qui regroupent 60% des habi- tants. Le bidonville de Dharavi compte à lui seul un million d'habitants. Ces quartiers infor- mels présentent un taux de chômage très élevé ainsi qu'une économie souterraine très déve- loppée (travail non déclaré, trafics...). Souvent, c'est la pauvreté qui pousse les populations ru- rales à s'installer en ville et non l'espoir d'y trouver un emploi. Mal intégrés aux réseaux ur- bains, ces quartiers sont également en marge de la scolarisation et des normes sanitaires.

> Une ville exposée à des défis écologiques et sanitaires. Mumbai souffre d'une saturation des transports et de nombreuses menaces écologiques (pollution des eaux, des sols, de l'air, me- nace sur les espaces naturels et la bioviversité, pollution sonore et visuelle). Au centre de l'ag- glomération, l'écosystème du parc de Sanjay Gandhi est fortement dégradé par l'arrivée mas- sive de ruraux. Les principaux défis sanitaires sont d'assurer la fourniture d'eau potable à tous ainsi que l'évacuation des eaux usées pour lutter contre les épidémies de choléra et de typhus.

II) L'Asie du Sud et de l'Est : les défis de la population et de la croissance A) Le premier foyer de peuplement au monde

> Le poids du nombre

- L'Asie du Sud et de l'Est regroupe 4 milliards d'habitants, dont 1,4 milliard en Chine et 1,3 milliard en Inde. C'est une zone où la transition démographique est presque terminée (baisse du taux de fécondité avec un taux de mortalité faible). La croissance continue mais moins vite qu'en Afrique et qu'au Moyen Orient. Les taux de fécondité sont très variables d'un pays à l'autre : on compte 3,5 enfants par femme au Pakistan et seulement 1,1 à Singapour.

> L’inégalité du peuplement

- C'est l'espace le plus densément peuplé du monde. Les zones littorales et les vallées des grands fleuves (ex : Yangzi en Chine, Gange en Inde) sont, pour certaines à la limite du sur- peuplement.

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- Les villes s'affirment de plus en plus. Bien que le taux d'urbanisation ne soit que de 42%, cela représente tout de même plus de 2 milliards d'habitants, surtout que l'exode rural se pour- suit (sauf au Japon et en Corée où le taux d'urbanisation est déjà très élevé avec plus de 80%

de citadins). Six mégalopoles ont plus de 20 millions d'habitants (Tokyo, Pékin, Mumbai...).

La mégalopole japonaise qui va de Tokyo à Hiroshima regroupe à elle seule plus de 105 mil- lions d'habitants.

- Paradoxalement, d'autres espaces sont des déserts humains : désert de Gobi, Tibet, Hima- laya.

> La démographie apparaît-elle comme un atout ou comme une contrainte ?

- La Chine et l'Inde ont mis en place une politique de contrôle des naissances. Dans les deux pays, l'avortement fréquent des filles a conduit à un déficit en femmes (le sex ratio y est de 120 hommes pour 100 femmes environ). Autre péril, la baisse de la fécondité entraîne un vieillissement de la population au Japon et en Chine. Pour lutter contre ce phénomène, la les autorités chinoises ont décidé d'abandonner en 2015 sa politique d'enfant unique qui existait depuis 1979.

- Les écarts sociaux restent très importants dans toute la région. La classe moyenne est extrê- mement réduite en Inde et en Chine (15% de la population). La caractéristique principale reste la pauvreté (50% des Indiens vivent avec moins de 2 euros par jour).

B) Une région pleinement intégrée dans la mondialisation

> Un espace de croissance

- Au Japon, le développement économique remonte à l'ère Meiji (fin du XIXème). Au XXe siècle, son industrialisation a été caractérisée par une production et une exportation de pro- duits à faible valeur ajoutée puis par une reconversion dans une industrie high tech en partie délocalisée dans les pays voisins à main d'œuvre bon marché (Dragons, Tigres, BRICS). Dans les années 1970, les Dragons (Taïwan, Singapour, Hong Kong et la Corée du Sud) ont copié ce modèle de développement avant d'être eux-mêmes suivis par la Chine dans les années 2000.

- L'émergence de ces pays a permis l'accroissement des flux marchands mais également finan- ciers : les bourses de Tokyo et Shanghai ont une place importante dans le monde de la finance, les IDE sont en forte croissance. Aujourd'hui, le Japon, la Chine et l'Inde investissent partout dans le monde (exemple du géant automobile chinois Geely qui a racheté Volvo).

> La nouvelle «usine du monde»

- La production industrielle est au cœur de la croissance : haute technologie au Japon et en Corée ; produits à faible coût compétitifs en Chine, produits pour le commerce intérieur en Chine et en Inde (automobiles Geely et Tata). Partout, les délocalisations industrielles en pro- venance du Nord et attirées par les faible coût de la main d'oeuvre stimulent la production.

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- Partout, l'industrie a été littoralisée de manière à optimiser les coûts de transport et à réduire les délais. Ainsi, de grandes zones industrielles et portuaires ont été aménagées à Singapour, Shenzen (Chine), et Tokyo (Japon).

- Cette réussite économique a été facilitée par les liens étroits existants entre les grandes entre- prises et les Etats. Les FTN (keiretsus japonaises, chaebols coréens) comme Toyota, Sony ou Samsung, stimulent les échanges et les investissements. De leur côté, les Etats encouragent la création de zones franches (ex : Zones Economiques Spéciales en Chine) et constituent des fonds pour investir à l'étranger (ex : la Chine achète des terres et négocie des concessions mi- nières et pétrolières en Afrique).

> Un espace ouvert

- Les interfaces maritimes de l'espace asiatique sont parmi les plus actives du monde. Les lit- toraux japonais, coréens et chinois forment aujourd'hui une immense aire de croissance large- ment ouverte sur le reste du monde.

C) La croissance de l'Asie : limites et inégalités

> Des espaces inégalement intégrés

- Le Japon appartient à la Triade. Le PIB par habitant y est très élevé.

- Les Dragons (Corée du Sud, Taiwan et Singapour) sont aujourd'hui des pays industriels dé- veloppés.

- Les Tigres (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines et Vietnam) sont sur la bonne voie du développement. Certains comme la Thaïlande et le Vietnam profitent notamment d'une forte attractivité touristique.

- Chine et Inde sont deux géants économiques en pleine expansion.

- Par contre, certains pays restent en difficulté. Il s'agit des PMA comme le Kampuchea, le Laos ou encore le Bangladesh.

> Des espaces soumis à des tensions

- Les tensions géopolitiques restent nombreuses : revendications territoriales de l'Inde et du Pakistan sur le Jammu et le Cachemire ; revendication de Taïwan par la Chine ; expansion- nisme chinois en mer de Chine (îles Parcaels et Spratlys) ; rivalités entre la Chine et le Japon au sujet des îles Diaoyu/Senkaku.

> Des espaces fragilisés

- La région souffre d'une très forte dépendance énergétique à l'égard du Moyen Orient (impor- tation d'hydrocarbures). Elle est également très dépendante de ses exportations, ce qui est un risque majeur en cas de crise économique.

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- Surtout, la croissance rapide s'est faite sans respect pour l'environnement avec l'utilisation massive du charbon et l'explosion du trafic automobile ce qui a conduit à la formation de nuages de pollution (smog) dans toutes les grandes villes.

- Les catastrophes naturelles restent nombreuses : inondations au Bangladesh, séismes en Chine et au Japon, tsunamis (dans l'océan indien en 2005 et au Japon en 2011) avec des conséquences parfois imprévues comme l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon en 2011.

III) Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales A) Deux puissances au rayonnement mondial

> Des géants économiques

- Le Japon est membre de la Triade. Son PIB global est de 4000 milliards de dollars (3ème après les USA et la Chine). Son PIB/hab est très élevé (38 000 dollars) de même que son IDH (0,9). Il participe à toutes les réunions internationales (G8, G20). Les facteurs de sa puissance sont multiples : avance technologique en téléphonie et en informatique, infrastructures perfor- mantes (train à grande vitesse : Shinkansen), façade portuaire active, puissance financière (bourse de Tokyo). Enfin la mégalopole est l'ensemble le plus dense et le plus peuplé du monde (105 millions d'habitants étirés sur 800 km).

- La Chine est une nouvelle puissance économique avec un taux de croissance de 6%. C'est la première industrie mondiale en volume produit. Elle a multiplié par cinq ses exportations en 30 ans. Son PIB est de 16 000 milliards de dollars (2ème mondial) mais le PIB/hab reste faible.

Elle a su se faire une place parmi les grands en participant au G20 et à l'OMC. Sa façade ma- ritime est impressionnante avec des villes ultramodernes comme Shanghai (quartier des af- faires à Pudong). De nouveaux défis économiques sont lancés avec la mise en valeur du terri- toire (ex : construction du barrage des trois gorges en Chine), la course à l'espace, la produc- tion automobile, la haute technologie.

> Des puissances politiques inégales

- La puissance politique chinoise est importante. La Chine fait partie des cinq membres per- manents du Conseil de Sécurité de l'ONU. Elle possède l'arme nucléaire et son armée est la plus nombreuse du monde.

- Le Japon n'a pas une telle puissance : vaincu lors de la Seconde Guerre Mondiale il n'a plus vraiment d'armée mais seulement une force d'autodéfense (100 000 hommes). Ce n'est pas non plus un membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Mais depuis les années 2000, il revient sur la scène internationale (ex : casques bleus japonais missionnés au Soudan du Sud).

> Des puissances culturelles

- Le Japon depuis la fin du XIXème siècle a su se moderniser tout en conservant son identité culturelle sur laquelle il a développé un véritable «soft power» qui passe par la diffusion de la culture japonaise traditionnelle (ex : mangas, dessins animés, arts martiaux, jeux vidéo).

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- La Chine développe également un puissant «soft power». Elle a par exemple impressionné le monde avec la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et avec l'organi- sation de l'exposition universelle de Shanghai en 2010. Le cinéma chinois connait un vif suc- cès en Occident avec la diffusion des arts martiaux chinois (kung-fu).

- L'influence chinoise passe aussi par la diaspora importante de la population (35 millions) que l'on retrouve en Asie (ex : Singapour : 80% de la population est chinoise) mais aussi dans les pays du Nord (ex : Chinatown à New York).

B) Deux pays en concurrence pour le leadership en Asie

> Le Japon reste la «locomotive économique» de la région de par ses investissements et ses délocalisations industrielles.

- Il a entrainé le décollage économique de ses voisins qui ont copié son modèle de développe- ment (développement en vol d'oies sauvages). C'est également lui qui a contribué à l'émer- gence de la puissance chinoise en étant la principale source d'IDE et le premier investisseur en Chine.

- Cette croissance japonaise est soutenue par l'Etat grâce au METI (Ministère de l'Economie du Commerce et de l'Industrie).

- L'essentiel des pouvoirs se concentrent dans la mégalopole qui abrite de grandes villes comme Tokyo, Osaka,ou encore Nagoya.

> Depuis les années 2000, le Japon doit cependant faire face à la concurrence de la Chine.

- Le décollage économique de la Chine s'est opéré à partir de 1978 avec la création des pre- mières Zones Economiques Spéciales (ZES) qui ont été ensuite élargies à tout le littoral. Ces choix ont conduit à l'émergence de la façade maritime chinoise (interface majeure mondiale) et à l'extraversion économique du pays.

> Des tensions géopolitiques

- Des rivalités économiques et politiques freinent l'intégration de la zone : opposition pendant la guerre (1937-1945) avec la conquête de la Chine par le Japon (massacres, expériences mé- dicales de l'unité 731), appartenance à deux blocs différents pendant la guerre froide. Ces ten- sions continuent à exister car le Japon a tendance à minimiser les massacres qu'il a commis pendant la guerre (sac de Nankin de 1937 : 200 000 morts). Enfin, des conflits territoriaux existent en mer de Chine (revendications chinoises sur des îles japonaises).

C) Deux puissances limitées

> Atouts et faiblesses de la Chine

- Le PIB important de la Chine cache des disparités importantes : sur 1,4 milliards d'habitants, seulement 150 millions appartiennent aux classes moyennes et supérieures, le reste étant une

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population rurale vivant dans la misère. La politique de l'enfant unique abandonnée en 2015 a engendré un vieillissement de la population et un fort déséquilibre hommes-femmes. Enfin, le système politique reste très répressif : depuis les manifestations sur la place de Tiananmen en 1989, les opposants sont emprisonnés ; l'accès à internet est contrôlé ; l'information est censu- rée.

> Un Japon en voie d'effacement ?

- Le Japon est l'Etat le plus endetté du monde. Très lié à l'économie américaine, il a été frappé de plein fouet par la crise depuis 2008 et souffre de la concurrence chinoise. Le taux de fécon- dité y est très faible et le vieillissement s'accélère. La population commence donc à diminuer dans un pays qui est traditionnellement fermé à l'immigration. Enfin, les catastrophes natu- relles ont posé les limites au modèle que les japonais considéraient jusqu'alors comme in- faillible (ex : tsunami à Fukushima en 2011).

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