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A propos des caractères sexuels secondaires: quelques considérations générales et quelques possibilités d'applications

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A propos des caractères sexuels secondaires: quelques considérations générales et quelques possibilités d'applications

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. A propos des caractères sexuels secondaires: quelques considérations générales et quelques possibilités d'applications. Archiv der Julius Klaus-Stiftung für

Vererbungsforschung Sozialanthropologie und Rassenhygiene , 1949, vol. 24, Festgabe zum 70. Geburtstag von Prof. Dr. Otto Schlaginhaufen, p. 321-330

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111815

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A PROPOS DES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES

(QUELQUES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET QUELQUES POSSIBILITÉS D'APPLICATIONS)

PAR

EUGENE PITTARD

SEPARATABDRUCK AUS:

ARCHIV DER JULIUS KLAUS-STIFTUNG FUR VERERBUNGSFORSCHUNG, SOZIALANTHROPOLOG IE

UND RASSENHYGIENE

Band XXIV .. 1949

FESTGABE FÜR

PROF. DR. OTTO SCHLAGINHAUFEN

DRUCK UND VERLAG: ART. INSTITUT ORELL FÜSSLI A.-G., ZÜRICH

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A }}ropos des caractères sexuels seconclaires

(Quelques considérations générales et quelques possibilités d'applications)

Pa.r

EUGÈNE PITTARD

A vcc 6 tableaux

Nos connaissances au sujet de l'architecture comparée du corps humain, celle-ci étant considérée dans le temps et dans l'espace, sont encore extrême- ment fragmentaires. Aussi bien lorsqu'un tel souci de connaître s'adresse aux diverses races humaines que, dans la même race, il s'adresse aux deux sexes. Parfois, surtout dans les dernières de leurs éditions, les Traités d'ana- tomie donnent quelques indications sur les variations de telle ou telle partie de cette architecture, observée sur les tables d'autopsie ou dans les labora- toires d'Anthropologie; (voir par exemple les notices annexes - d'ailleurs toujours importantes - de Manouvrier dans le Traité d'Anatomie humaine de POIRIER et ÜHARPY). Mais de telles indications ne peuvent être considérées que comme des apports préliminaires à la réalisation de nos désirs.

Les caractères sexuels secondaires présentés aussi bien par l'ensemble du corps vivant que par le squelette considéré seul (dans sa totalité ou dans l'une de ses parties) et aussi, par telles ou telles parties molles, sont encore à percevoir dans nombre et nombre de cas. Mais, pour que ces apports aient la valeur d'une démonstration générale, susceptibles de figurer dans les manuels, ils doivent être examinés non seulement - afin d'éviter les ,,cas exceptionnels" - chez quelques individus, non seulement dans tel ou tel groupe ethnique, mais dans les compartiments humains qui posséderont - d'aussi près que nous pourrons l'obtenir - la valeur de ,,races" proprement dites.

Cette recherche de base doit être obligatoirement envisagée, car, plus nous avançons dans nos études d'anthropologie systématique, plus nous sommes amenés à constater combien il est indispensable, lorsqu'on veut tenter n'importe quel genre de comparaisons, de pouvoir faire celles-ci en partant, chaque fois, d'un facteur égal ou quasiment égal. Autrement, nous demeurons dans le plus grand incertain.

Par exemple, nous ne savons pas si, au delà des fonctions hormonales - celles-ci étant considérées comme identiques partout - les manifestations diverses de la croissance, dans leurs relations quantitatives, se présentent

Archiv der Julius Klaus-Stiftung. XXIV. 21

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322 Eugène Pittn,rd

à égalité dans le monde entier, de la même façon selon les mêmes échelons d'âges, et selon les sexes et les milieux, et dans n'importe quelle race. Beau- coup de savants qui ignorent l'anthropologie et ses résultats, pourtant si captivants pour une meilleure connaissance de notre propre espèce, ont conservé l'habitude de considérer les hommes comme si, à la surface de la terre, ils étaient, grosso modo, identiques dans leurs caractéristiques mor- phologiques (ne parle-t-on pas couramment - et partout - d'une anatomie normale) et dans leurs comportements physiologiques et aussi pathologiques.

Or il semble, ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse de travail, qu'il y a lieu de considérer les types humains - non les seuls individus, mais les groupes - répandus à la surface de la terre, du point de vue polygéniste, et non du point de vue monogéniste. Car, chaque race possède des caractéristiques diverses, morphologiques et descriptives qui lui sont propres et que nous devons étudier systématiquement dans tous leurs détails afin de pouvoir établir des comparaisons valables. Dans un certain nombre des groupes humains, dits civilisés, on constate, depuis au moins un demi-siècle, c'est-à- dire depuis que l'on possède des statistiques utilisables, que la taille aug- mente. Cette augmentation est-elle, comme fait général, réalisée partout à la surface de la terre? Aussi bien chez les groupes humains de très petite taille comme les Pygmées de l'Ituri que chez ceux de taille moyenne et chez ceux de haute taille comme les Sara du Logone, les Ecossais du Gallo- way ou les grands Nilotiques? Il semblerait que, chez les Pygmées afri- cains, cette augmentation puisse être envisagée - à condition qu'il soit permis d'utiliser les chiffres de la taille figurant jusqu'à présent dans les listes internationales (elles datent déjà!) pour les comparer à ceux de Gusinde qui viennent de paraître .. Je crois qu'il faut encore attendre.

Peut-on, pour essayer de comprendre la diversité des physiologies humaines, parler d'antagonismes raciaux basés sur une diversité des milieux intérieurs? Pourquoi, en dehors des variétés de la stature, le métabolisme basal n'est-il pas le même partout? Pourquoi le pouls des Amérindiens (HRDLICKA) n'est-il pas réglé comme celui des Blancs? Pourquoi tant de variations dans le ,,sex ratio"? Pourquoi (observations de Pales) le taux de glycémie est-il différent chez les Blancs et chez les Noirs? Pourquoi les atta- ques de la malaria et de la fièvre jaune chez les Blancs et les Noirs sont-elles, dans la même région, si loin de l'égalité? Dans un tel cas, la notion d'accou- tumance n'est-elle qu'un vocable commode pour cacher notre ignorance ou est-elle un argument à conserver? Quelle est, dans toute la variété des physiologies, le rôle du métissage?

Ces quelques considérations générales ne sont rappelées que pour indi- quer nos méconnaissances et la nécessité de serrer de plus près les problèmes que les diverses races humaines mettent sous nos yeux. Au surplus, et cette observation est ici même capitale, les deux sexes se présentent-ils dans

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A propos des caractères sexuels secondaires 323 telle ou telle race considérée, à égalité devant tous les phénomènes biologi- ques, créant en définitive l'individu? Nous ne le savons pas encore. Les manifestations de la croissance, très différentes dans les deux sexes, selon les échelons chronologiques du développement, ne sont-elles pas là, à elles seules, pour nous indiquer une route à suivre?

De tels indicatifa pourraient être facilement multipliés.

Préoccupé depuis longtemps de ces importants problèmes, j'ai, seul1 ),

ou en collaboration avec quelques anciens élèves, effectué diverses compa- raisons de morphologie corporelle, totale, ou seulement cranienne, entre les deux sexes et concernant différents groupes humains. Il est difficile d'étendre dans l'espace, comme il serait désirable qu'elles le soient, de telles comparaisons. Ceux d'entre nous qui ont fait des enquêtes ,,sur place"

peuvent se le rappeler. Déjà de nombreux groupes humains ont été mesurés, mais, souvent, les statistiques ainsi recueillies ne concernent que les hommes et, trop souvent, la quantité des individus examinés est trop faible pour qu'une moyenne valable puisse être exprimée. Et, fait à particulièrement regretter, les statistiques anthropologiques concernant les femmes sont in- comparablement plus faibles encore. A cause de cela même, la comparaison des caractères sexuels secondaires qui pourrait être tentée est souvent à peine approximative.

Ce que nous avons appris jusqu'à présent montre à l'évidence que les femmes possèdent, par rapport aux hommes de leur groupe ethnique (ou racial), des variations de grandeurs corporelles qui parfois sont de valeurs très différentes selon les segments du corps considérés. Sur un tel point, les documentations morphologiques qui pourraient être utilisées seraient d'autant plus intéressantes qu'elles auraient été recueillies par les mêmes observateurs, selon les mêmes techniques.

A propos d'un tel sujet, il vient de paraître (fin 1948), un très beau mé- moire. Il a pour objet les Pygmées africains. Son auteur, MARTIN GusrNDE2),

a vécu fort longtemps parmi ces petits hommes; il a capté leur confiance et a pu mesurer un mombre relativement très considérable d'hommes et de femmes. C'est la première fois, s'agissant d'un tel contingent humain, que la littérature anthropologique peut inscrire les mesures du corps entier et de ses parties de tant d'individus des deux sexes appartenant à un groupe humain qu'il n'est pas toujours facile d'aborder. J'ai calculé quelques rap- ports des dimensions mesurées par GusrNDE, selon la formule: si Hommes =

') EuG. PITTARD, Quelques comparaisons sexuelles de crânes anciens de la vallée du Rhône (Valais). L'AnthI"Opologie, Paris, rnoo.

2) MARTIN GusINDE, Urwaldmenschen am Ituri. Anthropo- biologische ...

usw., Wien, 1948.

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324 Eugène Pittard

100, Femmes = .... Voici quelques indications représentant les dévelop- pements relatifs de plusieurs régions du corps et de la tête. Elles sont choi- sies aux deux extrémités d'une colonne ordonnées selon la valeur numérique croissante des dits rapports.

Si Hommes (Pygmées de l'Ituri) = 100, Femmes= ... pour les diverses régions du corps que voici:

Largeur du nez . . Largeur du pied . . Longueur dn pied . Largeur des épaules Longueur du nez . . Longueur de la jambe Périmètre thoraeiqne . Longueur de la cuisse Taille totale . . . D. bizygomatiqt:c . .

m.2 01.3 02.7 03.S

o:ui

!l4.l

!l4.2

!14.:~

04.5

!l4.7

Longueur clu bras . . . . Longueur de la jarnbe pp. dite Largeur de la main .

D. transverse tête . . D. antéro-post. tête . Longueur de la main D. frontal minimmn.

Hauteur du buste . LaTgeur du bassin . .

!14.7 04.S

!).'5.5 96.2 9G.5 9G.7 07.1 D7.5 101.2

Ce tableau peut faire naître bien des observations. Comme chez les popu- lations dites civilisées, la petitesse absolue et relative du pied féminin appa- raît bien comme une réalité universelle (alors que d'autres régions du corps sont moins favorisées), de même la faible largeur des épaules (considérée comme étant le caractère morphologique secondaire qui éloigne le plus la femme de l'homme de son groupe ethnique). Les Pygmées, pour un tel carac- tère, peuvent venir s'aligner à côté des Blancs.

On remarquera à quel point le buste est développé chez les femmes pygmées. On verra plus loin la comparaison de cette hauteur avec celles des Turcs et des Tziganes.

Le rapport concernant la taille entière (94.5) apparaît comme une valeur relativement élevée. Les femmes pygmées sont, sous ce rapport - dévelop- pement total de la stature - plus rapprochées des hommes de leur groupe que les Européennes en général, et, pour ce qui concerne la présente enquête, que les Turques et les Tziganes.

J'inscris encore, toujours à titre d'exemple, car je dispose de peu de place, quelques valeurs comparées dans deux groupes humains dont les me- sures du corps et de la tête ont été effectuées selon les mêmes techniques.

Ce sont deux groupes d'origine asiatique, les Turcs1) et les Tziganes (il semble de plus en plus avéré que les Tziganes sont originaires de l'Indoustan du Nord-Ouest)2).

1) AFET. L'Anatolie, lo pays de la raco turque. Recherches sur les carac::- tères anthropologiques des populations de la Turquie (enquête sur G4 000 in- dividus.) Préface de Eual~NE PITTARD, Georg & Cie., Genève, l!J4L

2) EuaJ';]NE P1TTARD, Les Tziganes ou Bohémiens, recherches anthropolo- giques dans la Péninsule des Balkans, Genève, 1932.

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A propos des caractères sexuelE secondaires 325

Pour les dimensions indiquées ci-dessous, si Hommes = 100, Femmes

1 Turcs 1 Tziganes

1 1 Turcs 1 Tziganes

Largeur du nez !H.2 00.0 Bizygomatique . . 03.!l 03.7 Taille totale 02.1 02.6 Ophryo-alvéolaire . 06.:3 !J0.5 Grande envergure !)2.7 !)2.6 Frontal mini:m !l6.:3 !l7.6 Ophryo-mentonnier 02.S SD.5 D. transv. crâne. 06.5 !)6.7 Longueur du nez !l3.l !l4.l D. ant. post. crâno !)6.0 05.2 Longueur bouche !)3.!) !)5.2 Biangulaire int. !)8.7 !JS.4

Quelques-unes de ces valeurs sont les mêmes dans les deux groupes ethni- ques: celles qui représentent la stature totale, la grande envergure, le dia- mètre bizygomatique et les deux dimensions horizontales principales de la tête. D'autres de ces valeurs éloignent l'un de l'autre ces deux groupes humains: ainsi, en premier lieu, la hauteur totale du visage (ophryo-men- tonnier) et la hauteur ophryo-alvéolaire. La construction de la face apparaît donc très différente dans les deux cas.

En considérant les caractères morphologiques par lesquels les femmes se rapprochent le plus des individus masculins de leur groupe ethnique, nous constatons que c'est tout d'abord par le diamètre biangulaire externe (qui peut représenter la largeur supérieure du visage), puis par les deux dia- mètres horizontaux principaux de la tête. Le fait de signaler chez ces deux groupes humains des rapports semblables à ceux qui viennent d'être exposés, n'est pas un résultat indifférent pour nos refiexions au sujet d'un monogé- nisme ou d'un polygénisme initial. Nous reviendrons un jour à la discussion de ce problème si captivant.

Pour terminer cette courte analyse comparative, nous rapprochons quel- ques chiffres des rapports calculés dans le groupe des Pygmées à ceux des Turcs et des Tziganes, représentant, naturellement les mêmes régions mor- phologiques. Nous les exposerons dans l'ordre que voici: Tziganes, Turcs, Pygmées.

Largeur du nez, 90.9; 91.2; 91.2. - D. bizygomatique, 93,7; 93.9;

94.7. - Longueur du nez, 94.1; 93.1; 93.9. - Haut. du buste, 95.0; 93.8;

97.5. - D. ant. post. de la tête, 95.1; 96.9; 96.5. - D. transverse, 96.7;

96.5; 96.2. - D. frontal, 97.6; H6.3; 97.1. - On voit que plusieurs de ces rapports ont des valeurs concordantes dans les trois groupes envisagés. Ce sont en tout premier lieu les trois dimensions horizontales du crâne. Une telle constatation est à retenir pour le jour où nous aurons le loisir d'élever le débat et de penser à des considérations philosophiques.

*

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326 Eugène Pittard

Il y a lieu, maintenant de jeter un coup d'œil sur les variations sexuelles secondaires pouvant conduire à des applications.

Je signalerai, seulement dans cet ordre d'observations, deux études dont les résultats peuvent conduire à des applications pratiques, l'une dans le domaine de la pédagogie, l'autre dans celui de la chirurgie. L'une considère le seul développement du corps dans ses deux parties principales, hauteur du buste et longueur des jambes; l'autre conduit à la nécessité d'envisager la construction différentielle du crâne lors de certaines opérations chirurgi- cales, en l'espèce la trépanation.

*

Les conclusions de la première de ces deux études est à considérer lors- qu'il s'agit de ,,coinstruction" (coéducation). C'est-à-dire de classes mixtes, où les petites filles et les petits garçons travaillent en commun. Ce qui est une habitude très fréquente dans les écoles primaires de la Suisse.

1. Applications 1wssibles

de l'anthropométrie pour une réforme des bancs scolaires

Il y a déjà bien ces années que, préoccupé par certains problèmes d'an- thropologie pédagogique, j'ai vitupéré contre deux obligations physiologi- ques imposées aux écoliers. Il s'agit tout d'abord de contraindre des enfants de constitution corporelle disparate - et quel que soit leur sexe - à s'assoir dans des bancs uniformes. Ensuite d'obliger tous ces enfants de construc- tion corporelle disparate à obéir aux ordres d'une gymnastique collective.

Dans les deux cas les pédagogues commettent cette impardonnable erreur d'oublier que sous le nom d'écoliers on a devant soi des enfants. La confu- sion est grave. Et c'est à l'anthropologie à montrer le danger de cette faute d'optique.

Pour essayer de convaincre les autorités scolaires il fallait mettre sous leurs yeux les preuves du péril qu'il y a, pour l'individu et pour la race, à cet oubli du disparate morphologique.

C'est la raison pour laquelle ma collaboratrice Mlle MARG. DELLENBACH (aujourd'hui Mme LoBSIGER) et moi avons entrepris des enquêtes anthro- pologiques dans les écoles de Genève1 ). Nos observations étant tout d'abord limitées aux mesures de la taille debout et de la taille assise. Cette dernière mesure permettait d'obtenir l'indice skélique dont la connaissance est d'une importance capitale pour le but que nous poursuivons.

Une première enquête réunit les documents relatifs à 400 enfants: 200 de chaque sexe.

1) EUGÈNE PrTTAliD et MARG. DELLENBACH. Documents pour l'étude de la crois·

sance pendant l'âge scolaire. Arch. suisses d'Anthrop. génér., Genève, 19:30.

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A propos des caractères sexuels secondaires 327 La répartition des indices skéliques (méthode de MANOUVRIER) donna le tableau que voici en

%-

Hyperbrachyskèles . Brachyskèles Sous- brachyskèles Môsatiskèles Sous-macroskèles Macroskèles . . . Hypermacroskèles

Garçons

0.ô 0.ô 1.1") 25.5 :38.5 2fi.i3 8.0

En groupant les types extrêmes nous obtenions:

Types brachyskèlos . . . . 1

Types macroskèles . . . .

2.5 72.0

Filles

0.5 0.5 5.5 :m.,;

41.0 17.0 6.0

6.ô 64.0

Une telle enquête, dont les résultats n'étaient pas négligeables ne pou- vait être que provisoire. Il fallait la poursuivre selon les groupes d'âges.

Notre deuxième enquête a porté sur 1032 élèves, 4 79 garçons et 553 filles de 9 à 14 ans1).

Voici les échelons de la croissance (en mm) selon les âges exa,minés - on pourra apprécier du coup la différenciation sexuelle.

Accroissement de la taille

de \)à 10 ans.

de 10 à 11 ans . de 11 à 12 ans . de 12 à rn ans . de 13 à 14 ans .

Garç:ons

r;3 41 51 :3ô 48

Filles

7G ôl 57 64 21

Deux choses sont à com;tater: tout d'abord les accroissements relative- ment très forts de la taille des petites filles de 9 à 10 ans et de 12 à 13 ans.

A ces moments-là, les petits garçons sont nettement dépassés. C'est, ensuite,

rJ ans Hl ans 11 ans 12 ans 1:3 ans 14 ans

Indices skéliques selon les mêmes échelons d'âges

Garçons Filles

85.% 87.10

SD.25 !)0.78

!Hl.60 D2.14

U2.8fi !ll.0:3

!)4.15 !)2.70

11a.ss 112.50

1 ) EuG. Pl'J'TAltD et MARG. DBLLBNBAUH. L'indice skélique selon Io sexe. l'âge et la taille, C, H. XV Congr. int. d'Anthr. et d'Archéol. préhist. Portugal 19:30, Puris 19:31.

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328 Eugime Pittard

qu'à l'âge de 14 ans les petites filles ont acquis une taille plus élevée que celle des petits garçons de même âge. La différence sexuelle secondaire est donc, à deux reprises, très marquée.

Pour le but que nous nous étions proposé, les valeurs de l'indice skélique prenaient la première place.

Les garçons et les filles ne viennent pas, à âge égal, se placer sur le même rang.

Ces deux premiers tableaux ne sont pas suffümmmcnt démonstratifs pour les fins que nous poursuivons. Aussi ces 1032 élèves ont-ils été répartis selon les trois groupes principaux d'indices skéliques. Nous avons maintenu 6 échelons d'âges.

1

Brachyskèles

1

Mésatiskèles

1

Macroskèles Garr;orn;

1 Filles Garçons

1 Filles Garç~ons

1 Filles

n an~. 28.85 3;).() 40.38 :37.5 30.77 27.5

10 ans . 12.51 8.11 3!l.28 32.43 48.21 50.46

11 ans. 8.08 :3.77 36.26 25.47 55.66 70.75

12 ans . :3.77 4.17 22.64 24.:31 7:3.5!l 71.52

1:3 ans . 1.80 4.28 18.!l2 25.71 7\J.28 70.01

14 ans . 5.46 5.81 16.30 31.4 78.18 62.71

On voit combien peuvent être accentuées, à certains moments de la vie, les différences dans la construction générale du corps Lhez les enfants des deux sexes. Aux mêmes moments de leur existence respective les uns et les autres sont loin, afin d'établir l'architecture de leur corps, de réagir de la même façon.

De telles constatations ne doivent-elles pas être soigneusement enre- gistrées pour le jour oü les parents et les éducateurs auront à cœur un éle- vage plus rationnel des enfants?

Placer sur un même banc scolaire un individu brachyskèle et un individu macroskèle, c'est enfreindre les lois de la nature, c'est instituer ipso facto de l'indiscipline, parce que ces deux enfants ne pourront s'accorder pour que cha- cun d'eux puisse trouver une assiette convenable pour travailler; c'est créer les malformations corporelles, les déficiences oculaires et toutes leurs séquelles.

En dehors des anthropologues - et peut-être de quelques médecins et de quelques pédiatres - qui? - j'ose poser la question - qui s'occupe de ces variations sexuelles secondaires de la croissance pour les appliquer au meilleur bénéfice de la vie scolaire? Or, la santé des enfants, pendant la durée des âges scolaire::; (elle est longue et s'accomplit dans des moments de gravité physiologique) est-elle indifférente, d'abord aux enfants eux-mêmes, aux parents et, en définitive, à la société qui, elle, ne paraît pas songer à mieux préparer la santé de ceux qui la composeront?

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A propos des caractères sexuels secondaires 329 Pour que nos démonstrations soient visibles d'un seul coup d'œil, nous avons construit des graphiques représentant, à âge égal, la taille totale et aussi les valeurs de l'indice skélique des élèves masculins et féminins selon les groupes scolaires. Ils sont cruellement démonstratifs. Leur examen suffit pour contraindre les autorités pédagogiques à envisager une réforme des bancs scolaires; d'un côté, en faveur des filles; de l'autre, en faveur des gar- çons, et notamment quand il s'agit de classes mixtes comme il en existe beaucoup dans les écoles primaires de notre pays.

Et ce qui vient d'être dit au sujet des bancs scolaires est entièrement valable pour ce qui concerne la gymnastique collective. Obliger des individus construits, parfois très différemment les uns des autres, à obéir aux mêmes obligations d'une leçon de gymnastique, qu'elle soit spécialement destinée aux filles ou qu'elle soit spécialement destinée aux garçons, est un non-sens physiologique.

II. Recherche d'un schéma géométrique pour un diagnostic chirurgical En limitant les observations à un groupe ethnique restreint (nous disons bien ethnique et non racial), dans lequel nous trouvons les deux types cra- niens extrêmes: la brachycéphalie et la dolichocéphalie, il est possible de tenter quelques recherches comparatives. Le résultat de ces observations pourrait avoir une portée pratique, par exemple aider dans son diagnostic géométrique le chirurgien chargé de pratiquer une trépanation. La littéra- ture connaît plusieurs schémas proposés pour ce diagnostic géométrique, ainsi ceux de KocHER et de KRONLEIN. Le fait même de ce désaccord exis- tant entre les méthodes et dont la gravité n'échappe à personne, a incité un de mes élèves, le Dr méd. Azrz SEYLAN1 ), à entreprendre des recherches comparatives sur une série de crânes brachycéphales et dolichocéphales (55 masculins et 42 féminins) appartenant au même groupe ethnique, afin de fixer plus exactement, sur les uns et les autres, les points qui pourraient servir de départ au trépan.

Cette recherche, qui eut l'assentiment du prof. de chirurgie ALE. JENT- ZER, conduisit à des résultats fort intéressants (ils mériteraient d'être repris sur de beaucoup plus grands nombres de crânes, appartenant à des groupes ethniques [et raciaux] variés).

Nous rappellerons quelques-uns des résultats obtenus par le Dr SEYLAN

en citant simplement un ou deux passages de sa thèse, et en limitant ces citations à ce qui nous a paru nécessaire pour une facile démonstration de notre présent point de vue.

,,Ces observations concernant les crânes masculins peuvent être rappelées

') HAYRI-Azrz SEYLAN, Recherehes de moTphologie cranienne comparative avec applications possibles à la chirurgie cérébrale, Genève, 1939.

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330 Eugène Pittard

telles quelles lorsque nous considérons les crânes féminins. De telles varia- tions sexuelles doivent donc nous retenir. Peut-il être indifférent, pour un opérateur, d'avoir sous les yeux un crâne féminin ou un crâne masculin, même s'ils sont tous deux, par exemple, brachycéphales? Dans notre tableau, les différences moyennes sexuelles sont de S mm. 4 à gauche et de !) mm.

9 à droite au détriment des crânes féminins. Quant aux variations indivi- duelles de ces derniers, elles sont de 17 mm à gauche et de 19 mm à droite.

La différence sexuelle des valeurs maxima sont de S mm à gauche et de 11 mm à droite." (p. 30.)

,,Cette constatation relative aux crânes dolichocéphales nous conduit aux mêmes observations que celles faites ci-dessus en étudiant les crânes brachycéphales. Quant aux crânes féminins, ils présentent à peu près les mêmes variations quantitatives (17 mm à gauche, 10 mm à droite)." (p. 31.) ,,A l'encontre de ce qui est indiqué dans le chapitre de topographie cranio-cérébrale des Traités d' Anatomie humaine, notamment dans celui de POIRIER, CHARPY, NICOLAS, nous avons constaté, sur la majorité des crânes examinés, des asymétries bilatérales, droites et gauches. Les variations sexuelles, toujours en faveur des crânes masculins, lorsque nous les consi- dérons quantitativement, atteignent souvent, pour les dimensions de faible grandeur, la valeur de 1à2 cm. Déjà en 1909, IsIUKAWA (nous n'avons pas pu prendre connaissance de ce travail, ignoré au moment où nous avons com- mencé nos recherches) aurait montré, qu'à cause même des variétés ethniques, le schéma de KRONLEIN, pour l'établissement de la scissure de ROLANDO, et celle de SYLVIUS, n'était pas applicable, sans modifications, aux Japonais."

,,La construction que nous avons utilisée d'après le schéma de KRONLEIN nous permet de constater que selon les formes céphaliques extrêmes, brachy- ou dolichocéphales, et pour chacune de ces formes, selon les sexes, les repères osseux craniométriques ne sont pas à égale distance du point S." (p. 55.) ,,Le trajet supposé du sillon prérolandique, obtenu par la méthode de KomrnR, se trouve indifféremment en avant ou en arrière du trajet supposé de la scissure de ROLANDO, obtenu par la méthode KRONLEIN. Les deux points S et S' sont confondus dans certains cas, et, dans d'autres, ils sont très éloignés l'un de l'autre. La plus grande différence de SS' se rencontre sur les crânes brachycéphales. Chez les crânes masculins de ce groupe les valeurs individuelles atteignent 50 mm et chez les crânes féminins 42 mm."

,,En résumé, il paraît nécessaire de répéter que, dans une recherche de la nature de celles indiquées ci-dessus (méthodes de KoOHER et de KRONLEIN) il est indispensable de tenir compte de la race (morphologie céphalique) et du sexe envisagé. Il ne semble pas qu'un schéma type, applicable sans dis- tinction à tous les individus, en n'importe quelle partie du monde, puisse être retenu." (p. 56.)

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