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L. Poncet, "Terres romandes"

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Academic year: 2022

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Bibliographie.

Chanoine L. Poncet : « Terres Romandes ».

Les éditions de l'Oeuvre St-Augustin, à St-Maurice, offrent a u lecteur, dans un volume imprimé et présenté avec goût, Terres romandes, le d r a m e de M. le chanoine L. Poncet, qui avait précédemment emporté, a u x fêtes civiques d'Agaune, la faveur d'un vaste audi- toire. Epreuve t o u j o u r s un peu critique, nous le savons. Les mots jetés a u x quatre vents de la place publique, pour être saisis au vol p a r une foule en liesse, apparaissent générale- ment déformés et trahis sur la page méditée, par un lecteur sourcilleux, dans le loisir et l'intimité d e la bibliothèque. N o u s n'ignorons pourtant pas que le théâtre grec, et certains mystères du moyen âge...

Sans nous attarder à évoquer Arnould Gréban, nous constaterons que ce « d r a m e » vient, par filiation lointaine, des vieux « mystères », et, toute proche, de ce « théâtre chrétien "

tel que l'a renouvelé, avec un talent non moins vigoureux que sa foi, H e n r i Ghéon, accueilli, honoré, applaudi en la royale abbaye où M. le chanoine Poncet a sa place au chœur. C'est le même mélange d'éternel et de quotidien, de profane et de sacré, où la farce côtoie la sainteté, où l'on passe sans transition d u chant ravissant des anges au r i r e trivial du bouf- fon, de la laus perennis aux truculences de l'ivrogne Theudebert. Le chevauchement des

« genres-» à l'image terre à terre de la vie et à la fantaisie ailée du poète, n'est pas pour nous gêner. Il ne dépare p a s le « Songe d'une nuit d'été » et je l'admets aussi bien chez le

« Jongleur de N o t r e - D a m e ». Mais, dans l'espèce, on souhaiterait que le bon Theudebert, p a r exemple, sommeillât plus souvent. D a n s le « P r o l o g u e " aussi, le docte cuistre Mona- chus Eripa, bien qu'assez plaisamment, rappelle un peu longuement H e r Trippa, le « vieulx fol » rabelaisien, les controverses de la science... m u n i c h o i s e et les récents calembredaines sur les origines et la pureté de la race... babylonienne. E t l'on voudrait, amicalement, rap-

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peler à m a î t r e P i e r r e Odet, abbé d e la Confrérie de la Basoche et initiateur de ces j e u x , que c'est l'excès, l'envahissement de l'élément comique auquel sont dus a r r ê t s d u parlement, interdiction des Confrères d e la Passion, et m o r t du théâtre religieux populaire.

La pièce que voici, cependant, est bien vivante, Dieu merci ! « T e r r e s romandes », — le titre est vaste e t beau, c o m m e le sont les ambitions de l'auteur. Ses intentions, ce généreux appel à l'« unité », à la proscription des « factions », à la défense contre les « contacts d e l'étranger », à l'« a m o u r d e s a t e r r e », au maintien des simples vertus, de la « flamme ardente » brillant, de p è r e en fils, a u x yeux de « l'homme libre », nous les comprenons, d'autant qu'on prend soin de les faire sonner a u x échos de l'épilogue. D e même, nous comprenons celles du prologue évoquant le goût de l'Agaunois pour les « joyeuses faran- doles », le théâtre, et les exercices d u Noble jeu de Cible (le spectacle a vu le j o u r à l'occa- sion du T i r cantonal à St-Maurice). Il y a là un souci de rattacher le présent au passé, de découvrir et m a r q u e r des « correspondances », qui n'était pas sans habileté, ni sans utilité.

Mais ne conduit-il pas à hausser un peu le ton, à forcer les promesses de l'enseigne ? L'union des races rhodaniennes, des « terres r o m a n d e s », sous la bannière, croisée contre l'hérésie arienne, du saint roi Sigismond, n'a des rapports qu'assez lointains avec celle des cantons romands fédérés sous la croix helvétique. A tout prendre, « T e r r e s r o m a n d e s » est plus justement un « St-Sigismond » dans la lignée des St-Alexis, St-Jacques o u S t - M a u - rice, de Ghéon, précisément. L'auteur ne se l'est pas dissimulé d'ailleurs, et a m a r q u é le caractère et la p o r t é e véritables de son « drame » dans le sous-titre : ou « Les malheurs du Grand Roi Sigismond ». C'est dans cet esprit qu'il convient d e lire et d'apprécier l'œuvre.

Elle suscite le respect, la sympathie, l'intérêt. Ces cinq actes sont rapides, divers, bien articulés, pleins de vie et de péripéties, montrent des personnages et des sentiments, u n décor et des costumes qui n o u s tiennent d e près. Ils sont comme une g r a n d e image d'Epinal d'un temps de notre histoire. C'est en d i r e le m é r i t e et la limite, Les caractères sont d'une pièce, plus linéaires qu'en profondeur. O n retrouve sans surprises la reine intrigante et altière, la jeune fille t i r a n t vengeance d'un amour dédaigné, le j e u n e prince chevaleresque, fier et vertueux, le bon saint évêque, le conseiller félon. Le fond de leur cœur, comme le bord de leurs lèvres, ne livrent r i e n que d'attendu. On n'est ébloui d'aucune trouvaille.

Mais, par ces voies simples et ce ton sincère, on a r r i v e finalement à l'émotion, et parfois à la véritable beauté : On la touche devant le reclusoir de la pure Rihlindis, dans la solitude de Vérossaz (cet aperçu de la vie des frères Sigismond, Enemode et P r i o t a i n — j'allais y joindre frère Genièvre — respire l'innocence et la joie supérieures d'un chapitre des

« Fioretti »), au camp d'Orléans, dans le moment que l'âme de Sigismond, agenouillé devant le bourreau, s'élève au ciel dans le chant du magnificat. La naïveté des moyens du vieux peintre ajoute souvent à la touchante et vive grâce de l'enluminure.

Mais, précisément, ce sur quoi je chicanerai parfois aimablement le peintre, c'est, ici, de trop laisser paraître qu'il n'est pas aussi « vieux » qu'il conviendrait ni sa vision assez

« naïve », sa représentation assez « v i v e » et directe. L'illusion du «recul », le « climat » du passé manquent à être recréées par les sortilèges de l'imagination et d e l'incantation a r t i s - tique. J'ai le sentiment d'une r e s t a u r a t i o n plutôt que d'une évocation originale. A cause, vraisemblablement, de certaines touches qui sentent trop leur temps, — le nôtre, hélas ! — il me paraît douteux qu'en l'an 522 (522, songez-y) on pût déclarer tout naturellement ve- nir à bride a b a t t u e pour « ne point manquer le panégyrique des M a r t y r s thébains », assis- ter, au jour de leur « fête », à « l'office pontifical », « prendre conseil d u grand soldat qui, de son sépulcre de m a r b r e en la crypte abbatiale veille s u r la terre des B u r g o n d e s ».

Il me gêne qu'au VIe siècle le seigneur parle chez nous de chasser le « cerf dix c o r s » , l'enfant de « jouer au t o u r n o i » et de c o m b a t t r e en l'honneur d'une « n o b l e D a m e » , l'a- moureux de prendre rendez-vous près des « g r a n d s peupliers » bordant un Rhône apparem- ment endigué. J e cesse de « croire », d'entrer dans le jeu, quand, à l'époque des sanglantes, aveugles et confuses furies des combats entre saliens et wisigoths, des expéditions fran- ques, burgondes o u gallo-romaines des barbares tueries familiales (des Childebert, Clo- taire, Thierry, Clodomir), j ' e n t e n d s parler d e « servir le parti », représenter à une dame de l'entourage de la reine : « le parti compte s u r vous », vanter le « désarmement » et p r o -

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c l a m e r : « un tel acte serait une généreuse contribution à l'idéal de la paix générale », ou encore : « il faut à tout prix é p u r e r l'arrière », ou enfin : « la p a t r i e sera sauvée ». Ces occupations o u préoccupations, ces usages, ces figures, cette langue répandent à un état religieux, politique, social, infiniment plus avancé, sinon m ê m e contemporain. J e crois ou- v r i r la gazette plutôt qu'une ancienne chronique. J'entends bien qu'on doit aller vite, qu'on veut t i r e r comparaison et leçon des événements du passé, se faire comprendre des bourgades, transposer. C'est parfait, et j'applaudis à la transposition hardie qui d'un terme nouveau fait jaillir le sens, l'image et le « s o n » antiques, dirais-je, qui nous restitue une vérité plus fidèle que le réel. Mais prenons g a r d e que le décalage ne devienne ana- chronisme, que les perspectives n e soient faussées, que les personnages ne semblent dégui- sés, que la saveur de l'ingénuité n e se fonde et le p a r f u m de la poésie ne se perde en chemin.

A la vérité, le spectacle savait disposer de la magie de la musique pour soulever d'un soufle sacré ces chœurs u n peu prosaïques, de celle de la mise en scène, de la lumière et du coloris, de la voix et d u geste, pour animer ces personnages un peu sommairement dé- coupés ! Ainsi la g r a n d e voix d e l'orgue emplit d'un frisson mystique la nef à la froide architecture, et les faisceaux du soleil font, à t r a v e r s le vitrail, palpiter les rois et les saints immobiles.

Telle qu'elle est, cette œuvre, conçue avec u n amour évident, noblement pensée, soi- gneusement écrite, et dont le succès n'est pas épuisé, prend une place honorable, à côté de

« L'avalanche », des « Rogations » et de « L'Auberge du Génépi », du même auteur, et après le « Jugement dernier » et la « Tragédie d'Abel », de M. W . Ebener, dans l'histoire de ce « T h é â t r e populaire valaisan » dont M. J. B. B e r t r a n d n o u s a si méritoirement donné l'attachante monographie l. Elle rappellera utilement de g r a n d s souvenirs, — millénaires et tout récents. Jean Graven.

Louis Delaloye : « L'évolution du Vieux P a y s ». — (Editions V . Attinger, Neuchâtel).

Ce livre devait être écrit.

L'évolution, de notre canton depuis quelques décennies est en effet si patente qu'elle est presque une révolution. I l convenait d'en m a r q u e r les étapes et d'étatblir la comparaison en- tre le passé, le présent e t l'avenir, quoique relativement à celui-ci certains vers de Victor H u g o gardent leur actualité.

Sujet vaste, m ê m e compliqué, car tant de facteurs entrent en jeu dans la vie et la civi- lisation d'un peuple ! E t lorsqu'on en veut entreprendre la description sous toutes ses faces, le danger est grand d'être prolixe ou incomplet, inégal ou aride. M. Delaloye a-t-il évité ces écueils ? D a n s ce compte-rendu, je ne partagerai ni l'admiration béate de tels de ses bibliographes, ni la sévérité féroce de tel autre. J ' a d m i r e le sentiment qui l'a guidé et l'effort qu'il a fourni, j'apprécie la ferveur et l'esprit de méthode qui respirent en ces pages, mais, en toute franchise, l'intention et la conception m'ont paru plus heureuses que l'exécution.

La partie historique, où l'écrivain passe en revue les conditions de vie économique et sociale du « V i e u x P a y s » laisse à désirer. Quand on a le privilège d'être fonctionnaire de l'Etat, d'avoir son bureau à proximité des archives et de la bibliothèque cantonales, on peut, que diable ! découvrir et exhiber des m a t é r i a u x inédits et ne recourir qu'accessoire- ment a u x citations des Stumpf, Simler, Schiner, Bridel, F u r r e r , etc. Depuis trente ans, les recherches historiques se sont multipliées et ont mis au j o u r des renseignements abon- dants et variés. J e pense, par exemple, à l'Evolution du droit pénal valaisan, de M . Jean Graven que M . Delaloye a u r a i t consultée avec fruit pour engraisser son chapitre : Extrait de quelques lois, car la législation est le principal reflet de la culture d'un peuple. D'autres chapitres : habitation, alimentation, habillement, coutumes, hygiène, sont à mon humble avis t r o p sommaires et méritaient mieux que des e x t r a i t s d'auteurs archi-connus et qui

1 Archives suisses des traditions populaires. T . X X X I / X X X I I , 1931.

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