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4. Diagrammes binaires à miscibilité nulle à l’état liquide
Les diagrammes qui vont être présentés dans cette partie, ne concernent que des systèmes binaires pour lesquels
• Les deux constituants ne sont pas miscibles à l’état liquide
• Mais sont miscibles à l’état vapeur.
Expl : Composé organique peu polaire et eau.
Seuls les diagrammes isobares seront étudiés.
4.1. Expérience -
Description :On considère un mélange gazeux constitué d’eau et de cyclohexane. A l’état vapeur, ces deux constituants sont miscibles, mais ils ne le sont pas à l’état liquide.
On réalise la compression isotherme de ce mélange dans un piston dont les parois permettent l’établissement d’un équilibre thermique avec un thermostat extérieur.
-
Etat du contenu du piston à 4 moments de la compression : A : Etat initialB :Apparition d’un premier liquide C : Formation simultanée des deux liquides D : Fin de la compression
-
A retenir :Différence avec le cas de la miscibilité totaleMiscibilité liquide TOTALE Début ET fin de changement d’état SYNCHRONES pour A1 et A2.
Miscibilité liquide NULLE Début OU fin de changement d’état NON SYNCHRONE A1 et A2 (sauf cas particulier du mélange hétéroazéotropique)
4.2. Allure du diagramme binaire
a) Courbes et domaines du diagramme− Le diagramme fait apparaître deux domaines diphasés liquide-vapeur.
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− Différences entre azéotropie et hétéroazéotropie :
AZEOTROPIE HETEROAZEOTROPIE
Aspect synchrone des changements d’état ?
Segment horizontal Absent Présent
Nature des constituants dans les deux domaines
latéraux Liq-Vap
Identiques LA1+A2 + VA1+A2
Différentes avec 2 possibilités : LA1 + VA1+A2
ou LA2 + VA1+A2
Courbe de rosée Courbe 3 segments de droite
Propriétés du mélange
• Bout à température constante si P fixée
• Composition des deux phases LV identiques
Bout à température constante tant que l’un des deux constituants
liquides n’a pas disparu.
T
x2
b) Courbes d’analyse thermique
Domaine Constituants
physico-chimiques
Nature des phases
Equilibres LV établis
DDL avant fixation de P
DDL après fixation de P
Evolution de T à P cte ?
Vapeur A1(v) et A2(v) VA1+A2 0 3 2 Oui
Diphasé
gauche A1(ℓ), A1(v) et A2(v) LA1 + VA1+A2 A1(v) = A1(ℓ) 2 1 Oui
Diphasé droite A2(ℓ), A1(v) et A2(v) LA2 + VA1+A2 A2(v) = A2(ℓ) 2 1 Oui
Diphasé
liquide A1(ℓ) et A2(ℓ) LA1 + LA2 0 2 1 Oui
Segment
horizontal A1(ℓ) A2(ℓ) A1(v) A2(v) LA1 + LA2 + VA1+A2
A1(v) = A1(ℓ)
A2(v) = A2(ℓ) 1 0 Non
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− Courbes d’analyse thermique :
Considérons le chauffage d’un liquide dans les deux cas suivants :
• Mélange hétéroazéotropique :
• Mélange quelconque (hors mélange azéotropique) :
-23- Chauffage d’un mélange de deux liquides non miscibles :
Quelles que soient les proportions des deux liquides non miscibles :
• L’ébullition du mélange se fait toujours à la température de l’hétéroazéotrope
La température reste égale à celle du segment horizontal tant que l’un des constituants liquides n’a pas été entièrement vaporisé.
• La vapeur produite tant que les deux liquides sont présents est celle du mélange hétéroazéotropique.
c) Lecture du diagramme
− Les théorèmes établis précédemment (théorèmes « de l’horizontale » et des moments chimiques) sont toujours valables dans les domaines diphasés du diagramme :
5. Applications des diagrammes à miscibilité nulle
5.1. Hydrodistillation
− Intérêt :
Quand la distillation fractionnée ne parvient pas à séparer deux liquides miscibles…
Dans certains cas, la technique de distillation fractionnée ne permet pas de séparer convenablement les constituants d’un mélange liquide à miscibilité totale :
• Soit parce que les températures d’ébullition des deux composés sont trop proches ;
• Soit parce qu’elles sont trop élevées.
En effet, lors d’une distillation fractionnée, l’ébullition du mélange s’effectue à une température comprise entre les deux températures d’ébullition des deux composés. Si jamais celles-ci sont trop élevées (supérieures à 150°C), on risque de dégrader les molécules.
− Principe :
On ajoute volontairement un liquide non miscible au mélange à séparer (de l’eau quand on veut séparer deux liquides organiques miscibles) de façon à obtenir un binaire liquide/vapeur à miscibilité nulle entre le constituant à isoler et l’eau.
Attention : l’hydrodistillation ne sert pas à séparer deux composés non miscibles. Pour cela, on utilise les ampoules à décanter. Ici, on crée un mélange de deux liquides non miscibles car, lors de son ébullition, la vapeur produite (mélange hétéroaéotropique contenant eau + composé orga) permet d’extraire le composé du milieu.
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− Montage :
On utilise un montage de distillation simple pour l’hydrodistillation. On rajoute simplement de l’eau dans le bouilleur en plus du mélange organique.
La technique est très utilisée en parfumerie pour obtenir des huiles essentielles : on place alors dans le bouilleur de l’eau et le végétal dont on souhaite extraire l’huile (par exemple, des peaux d’orange).
Expl : On dispose d’un mélange de deux composés organiques O1 et O2, totalement miscibles à l’état liquide. On souhaite les séparer. On ajoute donc de l’eau au mélange O1 + O2. L’eau forme avec O1 un mélange binaire avec hétéroaézotrope.
Comment isole-t-on O1 ?
réfrigérant droit : liquéfaction du mélange
hétéroazéotropique
distillat : eau et composé organique non miscibles bouilleur :
liquide à extraire + eau
eau
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− Utilisation en synthèse organique : Montage de Dean-Stark
Souvent utilisé pour extraire l’eau formée par une transformation chimique dans le but de déplacer l’équilibre.
Expl : Acétalisation
OH O H O
O O OH2
+
[H+]+
On ajoute dans le milieu du cyclohexane, solvant organique non miscible avec l’eau. Le diagramme binaire isobare eau-cyclohexane est donné ci-dessous :
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5.2. Entraînement à la vapeur
-
Dans le cas de composés extrêmement fragiles, on peut procéder à un entraînement à la vapeur ; le principe est rigoureusement identique à celui de l’hydrodistillation, mais au lieu de rajouter de l’eau au mélange O1 + O2 et de chauffer le mélange, on injecte de la vapeur d’eau dans le mélange O1 + O2.Comme le mélange eau-O1 bout à une température inférieure aux deux températures d’ébullition de l’eau et de O1, la température de la vapeur d’eau est généralement suffisante pour entraîner l’ébullition du mélange et formation d’une vapeur constituée par le mélange hétéroazéotropique.
Il est alors souvent inutile de chauffer le mélange O1 + O2 ce qui évite toute dégradation thermique des composés.
-
Montage :6. Diagrammes binaires avec miscibilité partielle à l’état liquide
Expl : Mélange binaire eau−isobutanol
T (°C) P = 1 bar
110
100
x(isobutanol)
0 0,07 0,66 0,74 1,00
: vapeur homogène (eau + isobutanol)
: solution d’isobutanol dans l’eau (une phase homogène) : solution d’eau dans l’isobutanol (une phase homogène)
: solution saturée d’eau dans l’isobutanol + solution saturée d’isobutanol dans l’eau (deux phases) : vapeur + solution saturée d’eau dans l’isobutanol
: vapeur + solution saturée d’isobutanol dans l’eau
réfrigérant droit : liquéfaction de l’hétéroazéotrope
eau générateur de
vapeur d’eau
distillat : eau et composé orga non miscibles bouilleur :
liquide à extraire
chauffage léger (éventuel)
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7. Diagrammes binaires à Diagrammes binaires à Diagrammes binaires à Diagrammes binaires à miscibilité miscibilité miscibilité totale miscibilité totale totale à l’état solide totale à l’état solide à l’état solide à l’état solide
7.1. Présentation
-
Mélanges binaires étudiés : on étudie les changements d’état solide-liquide de mélanges de deux constituants, notés A1 et A2, inertes chimiquement l’un vis-à-vis de l’autre (la composition globale du système reste donc constante).-
On considère deux cas :Miscibilité totale à l’état solide (1 seule phase homogène à l’état solide) Miscibilité nulle à l’état solide (2 phases distinctes à l’état solide)
Coupe de granit, solide constitué de plusieurs solides non miscibles
Les liquides seront systématiquement considérés comme totalement miscibles en toutes proportions.
-
Notion d'alliage :-28-
7.2. Tracé du diagramme isobare dans le cas idéal
-
Tracé à partir de courbes d'analyse thermique, par exemple de refroidissement à P = cste de mélanges liquides de compositions différentes :T
Corps pur A1 Mélange A1 + A2 Corps pur A2 t
-
Allure du diagramme binaire isobare idéal (après report des températures de début et de fin de changement d’état pour chaque composition de mélange) :7.3. Lecture du diagramme
T
-
Les courbes tracées se nomment courbes de solidus et de liquidus : P = cste Solidus : Frontière entre domaines solide et solide-liquideLiquidus : Frontière entre domaines liquide et solide-liquide
x2
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-
Les théorèmes « de l'horizontale » et des moments chimiques s’appliquent dans le domaine diphasé SL de la même manière que pour l'étude des binaires LV :T P = cste T P = cste
x1 w1
7.4. Différents types de diagramme
-
On retrouve des cas de fuseaux simples et de fuseaux doubles :Fuseau simple : Fuseau double :
Point de concours du liquidus et du solidus = Point indifférent Théorème de l’horizontale :
Pour tout point M représentant l’état du système dans un domaine liquide-solide diphasé, le tracé de l’horizontale passant par M permet de déterminer la composition des phases en présence :
Composition de la phase liquide : se lit à l’abscisse de l’intersection de l’horizontale avec le liquidus Composition de la phase solide : se lit à l’abscisse de l’intersection de l’horizontale avec le solidus
Théorème des moments chimiques :
Abscisse molaire : formulation en quantité de matière Abscisse massique : formulation en masse ns.MS = nℓ.ML ms.MS = mℓ.ML
-30- Propriétés fondamentales du mélange indifférent :
• Lors du changement d’état du mélange indifférent, la phase solide et la phase liquide ont la même composition.
• Le mélange indifférent change d’état à température constante si P est fixée.
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C’est l'analogue du point azéotrope dans le cas des binaires L/V et présente donc les mêmes propriétés.8. Diagramme binaire avec miscibilité nulle à l’état solide
8.1. Tracé du diagramme binaire isobare
-
Les courbes d’analyse thermique permettant le tracé du diagramme binaire sont identiques à celles obtenues dans le cas d’un diagramme liquide-vapeur :T
Corps pur A1 Trois mélanges A1 + A2
t
-
La justification de l’allure des courbes par calcul de variance se fait de manière rigoureusement identique au cas liquide- vapeur.Expl :
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8.2. Lecture du diagramme
a) Courbes et domainesPoint E = Eutectique
Propriété fondamentale du mélange eutectique :
Le mélange eutectique fond à température constante (si P est fixée) tant que l’une de deux phases solides n’a pas disparu.
Chauffage d’un mélange de deux solides non miscibles :
Quelles que soient les proportions des deux solides non miscibles :
• La fusion du mélange se fait toujours à la température de l’eutectique
La température reste égale à celle du segment horizontal tant que l’un des constituants solides n’a pas entièrement fondu.
• Le liquide produit par fusion a la composition du mélange eutectique tant que les deux soldes existent.
b) Lecture du diagramme
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Chauffage d'un mélange solide figuré par le point M0 :-32- c) Théorèmes applicables :
-
Les théorèmes « de l’horizontale » et des moments chimiques s’appliquent toujours, pour tout point appartenant à un des domaines diphasés :
8.3. Applications
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Intérêt : abaissement du point de fusion à une température inférieure à celle des deux corps purs :• Soudure
• Salage des routes : binaire eau – sel (TE = −21,6°C) T
0°C
− 21,6°C
0,085 x(NaCl)
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2.4. Composé défini
Expl : Mélange magnésium-zinc T
x(Zn)
0,67
Composé défini à fusion congruente :
• Définition : Composé solide constitué des 2 constituants A1 et A2 qui fond en un liquide de même composition à T constante sous P fixée. Le solide est stable jusqu’à sa fusion.
• Formule chimique du composé défini : s’obtient à partir de la fraction molaire du composé défini
• Equation chimique décrivant la fusion du composé défini :
• Courbe d’analyse thermique pour le composé défini :