346. ETIENNE (Jean d’).
Mémoire sur li h'
’’aPPÜcation decemêmeciment à une
terrasse ,
d*C0UVerte d un cimei>t impénétrable à l’eau•
et sur W)-19 pp.;cartonnagebradelmodem*^
Souscrites
^tapîunie'de'l^pcqued^ns^es^^g^jg^
Editionoriginale. Rare.
Conlon 82: 1097.
200€
MÉMOIRE
SUR LA DÉCOUVERTE
D’ UN CIMENT
IMPÉNÉTRABLE A L’EAU;
ET SUR L’APPLICATION DE CE MÊME CIMENT
A
UNE TERRASSE DE LA MAISON DE L’AUTEUR.
Par M, D
}Etienne
, Chevalier de l'OrdreRoyal
&
Militaire de S. Louis, SCc. SCc.
Prix, trois
livres.A PARIS,
De 1Imprimerie de Ph.-D.
PIERRES,
Imprimeur Ordinaire du Roi, Et fevend chez i’Aoteur, ruede Mefnil-montant, prèsle Boulevard duTemple.
M.
D
C C. LX X X
I /.v.«H,
/f/T
cl
77
-<p"7 *7
/ ir
7
/
77 ^
A MONSIEUR
CASSINI DE THURY,
Directeur de l’Obfervatoire Royal
,de l’Academie Royale des Sciences de
Paris,& de toutes
cellesde l’Europe
,&c. &c.
M ONSIE UR
,Apres avoir fait hommage de ma
Découverte à S a Maj es
t é,je memprejfe de
lacommuniquer au Public
,appuyée de
l’autorité
SC de
l’expérienced’un Savant, dont
lenom SC
la réputationfont
l’élogede
tout ce qui
paroît fous
fes aufpices.Le goût
des Sciences ôC de l’AJlronomie
ejl Jigénéral
,qu’on ne fauroit
trop multiplier lesObferva-
toiresy
ÔC je regarderai
toujourscomme un
des
plus grands avantages de ma Découverte
,d’avoir contribué à remplir vos vues
,
pour
le
progrès d’une Science que vous
cultive[avec
tantde
célébrité ,ÔC dont vos Ancêtres ont
été les
Reflaurateurs en France
.Je
fuisavec
leplus
fincereattachement
,Monsieur
,
Votre très-humble
&
très-obéilïant ferviteur,d’Etienne,
MÉMOIRE
SUR LA DÉCOUVERTE D’UN CIMENT
IMPÉNÉTRABLE A L’EAU.
Les
qualitésque
ceCiment
réuniten
lui, fontla dureté, la folidité,
& une
très-grandeéconomie
fur tout autre
procédé qu’on
voudroitemployer
à la place.
Ces
avantages réels&
conftatés ferontfacilement
démontrés
par le détail ci-après. Il eftplus dur
que
le fer,&
l’on peut facilement s’enconvaincre par l’expérience fuiyante.
En
frottant1
Decouverte d’un Ciment
delTus
une lame
de ferou
d’acier, il noircit aulïi-tôt
en
fechargeant
des parties détachéesdu
métal ,ainfi
qu’un
grès fur lequelon
afûteun
outil.On
n’en fera point étonné, dès
qu’on
fçaura qu’il effccompofé en
plusgrande
partie des matières lesplus dures
, ÔC fur lefquelles les
métaux
ne peuventmordre
qu’avecbeaucoup
d’art. Cettegrande
dureté eft déjàune
fortepréfomption
en faveurde
fa folidité; fes parties très-dures
, très-déliées
,
& fortement
unies ,ne donnant
point de prife aux corps qui pourroient tendre à fa deftruètion. Si l’ondémontre
aufïi qu’il eft impénétrable à l’eau,on ne
craindra pluspour
lui l’intempérie des faifons.L’humidité
feule qui pénétre les corps, occafionne leur dillolution
pendant
la gelée^ en dilatant les particules d’eau renfermées dans leurs pores. Si ce
Ciment ne prend
point l’eau, quelque
foit letems
qu’elle féjourne fur fa furface, il n’auradonc
rien à craindre des plus fortes gelées ; les brouil- lards
, les
tems humides
, les grolfes pluies , lagrêle
&
la neige ne lui feront, par lamême
raiion,
pas plus défavorables. Si les variations auxquelles la
température de
notre climat eft fujette,nont
impénétrable
a l’eau. 3pu
l’altérer enaucune
maniéré.Comme
lesmoyens
de
deftruélion ferontcondamment
lesmêmes
,quelque nombre
de fois qu’ils foient multipliés,
on
peuten
conclure qu’ily
réfiftera toujours aufli,
puifque fa compofition
&
fes principes le rendentégalement
indilfoluble à l’air, à l’eau&
aux plusfortes chaleurs de l’été ; c’eftce
que
l’expérience dé-montre
parfaitement.La
Terralfe deM.
d’Etienne,dont on
joint ici le plan &: lacoupe
(i), prife furlaHg
neAB
, traverfant,comme on
voit lebadin
C
y a étépendant deux
hivers (2) alternativement couvertede
neige&
de givre, continuellement lavée par les pluies : elle aéprouvé
les plus fortes gelées^ rien ne la garantit des vents les plus
impé-
tueux, des plus fortes chaleursdu
foleil.Le
(1) L’emprelfement de M. d’Etienne àfatisfaire la curiofité du Public, nelui ayant pas permis d’attendre que cette gravure foit terminée, avant de publier fon Mémoire, il prévient les Amateurs quelle paroîtra dans cinq ou lix femaines : elle fera gravée très-foigneufement en coloris
&
aulavis,
&
fe vendra féparément, comme objet d’agrément qui peut fe détacher du Mémoire.(2) On obfervera encore que M. d’Etienne n’a entrepris l’elTai de fa Terralfe
, qu’après la réulTite complette d’un réfervoir, fervant pour des bains
&
lieux alanglaife, éprouvé pendant deux années, ayant d’eflâyer fon Ciment fur fa nouvelle Terralfe.4 Découverte d’un Ciment
Ciment
qui lacouvre
n’a étéendommagé
enaucune maniéré
par toutes ces épreuves. C’eft cedont on
apu
fe convaincre par l’examenque
lePublic a fait de fa furface
du
delfous des plan- chers qui lacompofent: aucune
trace d’humidité,aucune décompofition
fur l’enduit extérieur.Une
plus forte conviétion
va
fuivre ; elle doit dilfipertous les doutes.
Les
pentesde
cette Terralfe font toutes dirigées vers le centreoù
eftun
balfinC,
qui reçoit toutes les eauxde
la pluie,
&
qu’unepompe y
adaptéeremplit, lorfque ces
eaux
font infuffifantes.Ce
baiïin ri’eft
compote que
d’un bâti de charpentelatté, &: recouvert
au fond, de
carreaux à plat,maçonnés
avecdu
plâtre.Les
côtés qui fontde
dix-huit à vingtpouces de
profondeur, font recou- verts avec des briques furchamp
,maçonnées de
même
: le tout eft enduit d’une légèrecouche de
Ciment. Ce badin
eft continuellement rempli;
&
quoiqu’il ait été gelé prefque jufqu’au
fond
, l’eau n’apu
fe faire lemoindre
jour à travers lacouche
d’une demi-lignede Ciment
qui enduit ces parois.Tout
lemonde
apu
vifiter les delfousde
la char- pente,
-
IMPÉNÉTRABLE
a l’eau. 5 pente,&
de l’aire de plâtre qui tient aux carreauxdu
fond, 6c reconnoître,non
fansétonnement,
qu’il n’y a pas la plus légère trace d’humidité.
Le Ciment
intérieurque
l’eau baigne continuellement,eh: fi
peu
fufceptible d’en être attaqué,
que
fi l’onvuide le badin
pour
le laver,
au bout
d’uneheure
il eh: parfaitement fec,
comme
le feroitun
vafede
grès
ou
de faïanceque
l’on lailferoit égouter.D’après cette expérience, il n’eh: guères. poilible
de
douter de fon impénétrabilité à l’eau,&
parconféquent de fon
triomphe
fur la gelée 6c fur toutes les températures.La
chaleurne
peut rien fur lui; 6c les matières qui le
compofent une
foismêlées, ne redoutent point fes effets.
Sa compo-
fition eft
on
ne peut pas plus fimple ; elle différémême
allezpeu
des autresCiments
connus.Son
application n’eh: point embarraffante , 6c fa répa- ration
, en cas
de
fraêlure, eft très-prompte 6c
très-facile.
Ce
qui rend ceCiment
fipeu coûteux
,
en com-
paraifon des autres propofés jufqu’à préfent, c’eft fon
peu
d’épailfeur, qui, réduite s’il eh: pohible àune
demi-ligne, n’alfureque mieux
fa réuhite, 6cB
6 Découverte d’un Ciment
empêche
Ion alteration.La
raifonqu’on en
peutdonner
, eft celle-ci. Plusune couche
deCiment
ordinaire eft epaifïe
,
plus le
volume
d’eauemployé pour
laformer
eft confidérable.Toute
cette eau doit s’évaporerpour que
leCiment
acquière ladureté nécellaire.
Les
autres matièresen
fe reffer- rantpour
remplir les vuides occafionnés par l'éva-poration
de
l’eau,forment
les gerçures de les crevalles auxquels ils font fujets. Celui-ci, au contraire, contenant
une
très - petite quantité d’eau, relativement à fa compofition de à fon
peu
d’épaiffeur
,
ne
doit pointéprouver de changement
ferifible par la déification
; ce qui arrive
en
effet,
puifqu’étant bien fait de appliqué avec foin , il n’eft
point fujet aux gerçures de au délit.
La
perfectionde
ceCiment
confiftedonc;
i° dans labonté
desmatières
employées pour
fa compofition;
2
° dansleur excellente préparation; q° dans la jufte pro- portion
ou
elles font lesunes
avec les autres ; de4
0 enfin dans l’adreffe de l’exaâitude des ouvriers qui
en
font l’application , laquelle doit etre encorefécondée
par l’intelligence de les foins de 1Artiftechargé de
leur direélion.impénétrable
al’eau, 7
Détail de la composition du Ciment
;
&
procédés pourfou
exécution.Il
n’entre dans la compofitionde
ceCiment,
rien autre choie
que
de lachaux, du
caillou &:de l’eau.
La chaux y
eftemployée de deux maniérés
très-differentes ,
& en
parties égales ; l’une ancien-nement
éteinte, l’autre vive
& en
poudre.Il faut avoir foin de choifir la meilleure polïible.
On
fait qu’elle doit être faite avec des pierres dures,
pleines
,
&
d’un grain fin. Elle doit êtrerécemment
cuite : elle eft infiniment meilleure fion
l’éteinten
fortantdu
four.Quoique
laméthode dont on
fe fertcommu-
nément
icipour
éteindre lachaux ne
foit pas lameilleure, ceux qui trouveront plus
commode de
s’en fervir
,
pourront
le faire fansaucun
inconvé- nient, puifque leCiment
de la Terraffede
l’Auteureft
compofé
avec de lachaux
éteinte, fuivant-
«c4{y
f/L*-* créc*-
' iJh*~
8
Découverte d’un Ciment
l’ufage ordinaire
dans
nos batimens.Ceux
quideT.rero.ent porter leurs opérations
fur cet objet a la plus
grande
perfection,
pourront
l’éteindre par leprocédé
fuivant (i).Il faut faire
un
entoifé de lachaux
fortantdu
four, la couvrir d’une
couche
de fable affez épaifTepour empêcher
lafumée
de s’exhaler,&
jetter furle fable
de
1 eauen
allezgrande
quantité,pour que
lachaux
fe fufe delTous fans fe brûler, ayant foin
de reboucher
amefure
les crevafles qui pour- roient fe faireau
fable&
lailler échapper lafumée.Comme
il eft effentiel icique
le fable donton
cou- vriroit lachaux pour
l’éteindre, ne fe
mêle
pointavec
elle, il faudroit interpofer entre la
chaux
&
le fable , fur toutes les furfaces de l’entoifé,des claies d’ofier très-ferrées
,
ou
des nattes deol paille
ou de
jonc.On
ne découvriroit alors cettechaux
qu’à meflire,
&
la quantité feulement qu’on*
^ voudroit en
etnployer; mais il faudroit au
moins
é tpi’elle eût quinze jours
de
fufion; le refte fe
c
tC'-? (71*-
17*-
tr *
(x) Il eft indiqué au premier livre de l’Architeélure de Philibert de G.«Mtorrne.
On
le rapporte ici pour la commodité de ceux quinont pointc.e livre fous la main.
—
- conferveroitX)OL
•7x7^ -
a.
.^5 l/UlA
aY
itu (rO
C-Ut C
{jtdr
‘<-7
1
UcotarA/'
A
' Cer/tlx<rix<r«
/
éc-c /(x-2.es
Uc /Kj€ Zf~^cT<ï
I* tnr
Cf<2*4.* ,//<. 1t
/'JL4A.-
* g ‘ t
ire A f
7
i
_ cjl.
//.te
9
X
*/té*
s
'
impénétrable
a l’eau.conferveroit fous le fable aulTi long-tems
qu’on
voudrait,&
fansaucun
defféchement.La
plusanciennement
éteinte fera la meilleure.La chaux
vive doit être pulvérifée& employée,
s’il eft poffible
, aufïï-tôt après fa cuiffon. Si l’on vouloit en conferver
pendant un
certain efpacede tems,
en pierreou
en poudre, il fau droit avoir Jfoin de l’enfermer dans des
tonneaux bouches
bienhermétiquement
, afinque
fes efprits&
les parti-cules ignées quelle contient,
ne
puiiTent point0
v
<
s’évaporer.
Le
caillouou
gravier doit être très-dur,&
fans 'aucun mélange
de parties terreufes , d’argile,
0 '
~~ 7
.Vf
U, O
(
£uo6U
.
, **Je/«•
’/mioA# °4-
't '
Ut /*«
ou
de craie. Il ferabon
de le faire prendre 48 Bau bord
des rivières, parce qu’il eh: ordinaire-
ment purgé de
toutes ces matières,
&
l’onpeut encore le laver
une
foispour
plus de sûreté.Celui
qu’on
trouve dans les terres,comme
pierre-à-fufil, pierre de
roche ou
meuliere, feroit égale-
ment bon
, étant bien choifi, en s'affiliant
de
fa dureté ,&
le dépouillant de fes parties terreufes.La
pierre tendreou
le grès ne vaudroit rien; l’eau pénétré trop facilement la première7
&
le fécondC
/«A
, ,
J?
7 .
9
/ a/7 O. e(_c.
tywc
i
o Découverte d’un Ciment
ne
fe lie pas allez bien avec la chaux.On
pourroitencore
fe fervir, avecbeaucoup de
fuccès,de
labrique ou du
tuileaude Bourgogne. Mais
ilfaudroit être bien alluré
de
fa qualité,
&
veillertrès -
exa&ement
à cequ’on
n’yen
mêlât point d’autre.Il faut
que
ce cailloude
riviere, pierre très-dure, ou
tuileau, fuivant le choixqu’on
en fera, foit pilé&
réduiten poudre
très-line, fans êtreimpalpable.
On aura
foin qu’il foit divifé bienégalement,
en
le faifant palfer parun
tamis lin, &:
on
l’enfer-mera dans
des facs pareils à ceuxdu
plâtre; ilscontiennent
un
pied& demi cube
,& chacun
d’euxpourra
fournir, étant bienemployé,
fept à huit toifesde
fuperficie.L’eau
de
riviere eft préférable à celle de puits;
elle divife
mieux
lachaux, &
lie davantage lesmatières
qu’on
veutmêler
avec elle.Lorfqu’on pourra
s’en procurer avec autantde
facilité,on devra
plutôt s’en fervir.On
obfervera cependantque
leCiment
de la Terrallè,compofé
avecde
l’eau
de
puits, a parfaitement réulfi;& h
l’onen
impénétrable
a l’eau.II
fait diflinélion, c’efl
pour
fatisfaireau goût de
ceux qui font jaloux d’opérer avecméthode,
6c precifion.Voici la proportion dans laquelle les trois
matières détaillées ci-dellus doivent être
employées pour
faire debon Ciment. Ce
fontau moins
cellesqui ont toujours
conftamment
réulfi, 6cdont
lerapport eft le plus fimple.
On
auraune mefure quelconque
; parexemple,
un
vafe qui contiendra environ troisou
quatre pouces cubes(
une mefure beaucoup
plusgrande
feroit
une
tropgrande
quantitéde Ciment
, 6c ildeviendroit trop dur dans l’auge
pour qu’on pût
l’employer en entier ),
on mêlera une mefure de chaux
éteinte avecune mefure
6cun
tiers d’eau,&
on
la broiera avec la truelle jufqu’à ceque
lachaux
foit parfaitement divifée, 6c
forme un
laitfans
aucun
peloton : cettechaux
bien délayée,
on y
jettera cinqmefures
6cun
tiers de cailloupillé,
ou
tuileau,ou même un mélange de
cesdeux
matières,
comme
trois parties de caillou,
6c
deux un
tiers de tuileau;
on mêlera
encore parfaitement ces matières avec lachaux
délayée.12 Découverte
d’unCiment
On y
ajoutera enfinune mefure de chaux
vive&
bien pulvérifée,&
l’on appliquera aufii-tôt leCiment,
après l’avoir bienremué
avec la truelle.Préparation
IMPÉNÉTRABLE
al’eau.
13Préparation du Plancher
pour
recevoir le Ciment.Le Plancher
deftiné àformer
la Terrafïè, doitêtre d’une force proportionnée à la
charge
qu’il aura à foutenir, bien aflèmblé&
étrefillonnéde
fix pieds
en
fix pieds, avec des tafleaux dans les
entrevoux, afin
de
lier toutes les folives enfemble.On
lattera enfuite avecde
fortes lattes clouées,
jointives fur les folives
?
ou du
bardeau.On
établira&
dirigera fes pentes fuivant le local&
l’égoutdes eaux avec
un
aire de plâtre, à raifon
de neuf
àdix lignes de pente par toife au plus
,
&
l’on feracarreler fur ces pentes avec
de
très-bon plâtrepur
&
fans poufliere& du
carreau ordinaire (1).(1
) Ou mieux encore ducarreau enforme de brique, &c fabriqué exprès, pour être plus dur
&
former une meilleure liaifon. On trouvera de ces carreaux-briques&
touslesmatériauxnécelTaires àlafabrication du Ciment, préparés avec le plus grand foin, au feul Dépôt approuvé par l’Auteur, rue Copeau, au coindecelle neuve SaintEtienne, près le Jardin du Roi:
chezM. Lavandier ,audit Dépôt
, qui indiquera aufli des Ouvriers au fait
de1’emploi dece nouveau Ciment.
D
14 Découverte d’un Ciment
Si I
on mele un peu de
fuiede cheminée
dans leplâtre
, il deviendra infiniment plus dur , de le carrelage
en
fera meilleur.On
choifira aufïidu
carreau dépoli
;
on
feramême
biende
le retourner, afin d’avoiren dehors
la furface la plus poreufe.Il faut
que
le dellusdu
carreau foit parfaitementbien
dreffé.En
cas de balevresou
petites éminences,il faudroit l’unir avec
un
grès biendur
, mais à fec.
On
fera très-bien après le carrelage, d’attendrequ’il foit parfaitement fec
, de qu’il ait
éprouvé
,
ainfi
que
le plancher , tous les petits taflemensdont
il fera fufceptible.
C’ed: fur ce plancher ainfi carrelé, dreffé de féché
,
qu’on
appliquera leCiment
par augées faitesà mefure
, de dans la proportion ci-delliis indiquée, après avoir
hume&é
le carreau avecun peu
d’eaumife au pinceau
ou
avecune
éponge.On
fe fer-vira
pour
ce, d’une petite truelle d’acier
,
pointue de fléxible, afin
de
fentir l’épailfeurqu’on donne
à la
couche
deCiment,
qui n’aura, s’il efi: polfible,qu’une demi
- ligne , de fera bien égale ; mais ellene
doit jamais excéderune
ligne : c’efl fur cetteépaifleur la plus forte,
qu’on
acompte, lorfquon
impénétrable
al'eau* iy
a dit plus haut
qu’un
fac de caillou pile fourniroit environ feptou
huit toifes deCiment.
Si l’adrede des ouvriers peutne donner
par - toutqu’une demi
- ligne d’épaideur, avec la
même
quantitéon
couvriraune
fuperficiedouble, &
par confé-quent
de quinze à feize toifes, ce qui deviendroit très-peu difpendieux. Il faut garantir ceCiment, pendant
fon application, &C
même
jufqu’à cequ’il foit entièrement fec
, des
rayons du
foleil& du
haie des vents , ainfique de
la pluie ; cequ’on
peut pratiquer facilementpendant
les tra-vaux
, avecun
paraventou
des nattes.Comme
il eft très-mince, il lui faut très-peu de
tems pour
durcir
&
évaporer l’eau.Lorfque
toute laTer
rafleferafinie
,
on y
appliqueraune couche
d’huilegrade
bien purifiée, afin qu’elle féche
promptement;
ce qui ne dure guères plusde
trois à quatre heures parun beau
tems.On pourra
renouveller cette opération tous les ans au printems, après avoir
fait au
Ciment
les petites réparationsque
le talle-ment du
Plancher,
ou
quelqu’autre caufe indépen- dante de fa nature pourroient exiger.On
voit parla maniéré
de
l’appliquer,que
les crevadèsou
i 6
Decouverte d’un Ciment
frallures
qu
il pourroitéprouver
, feroient réparées dans 1 efpace
de deux
heures, avec la plus
grande
facilité.
On
obviera à ces inconvéniens,en
ayant foinde
bien conftruire d’abord fon plancher.On
pourroit peut-être
même employer
avec fuccès, ces planchers en fers,
annoncés
dans lesJournaux,
&
préfentés àl’Académie Royale
d’Archite&ure.Le
butde
celui qui les aimaginé
, eft très-louable.
Il mérite affurément
qu’on en
falle l’eflai;&
toutesles conjeélures doivent être
en
faveur de cette utile invention.Voilà
l’énoncéde
tous les procédésdont
il fautfe fervir
pour compofer & employer
leCiment
que M.
d’Etienne expofe au Public, après avoirfait
au Roi l’hommage de
cette découverte.Cet honneur
eft fansdoute
larécompenfe
la plusflatteufe
de fon
travail; de il s’applaudira
chaque
jour d’avoir pourfuivi, avec opiniâtreté^des recher-ches
pénibles ,mais couronnées
parun
fucces audiéclatant.
Son
but, en publiant cette invention y n’eft pointde
dépriferaucunement
les productions&
le talent des Artifhes qui l’ont précédé dansla
même
carrière. Il s’emprelTe au contraire deleur
impénétrable
A l’eau.T7
leur rendre la juftice qui leur eft due.
Leurs Mémoires &
leurs Eftais lui ontbeaucoup
fervipour compofer
fonCiment, dont
la théorie autantque
l’expérience confirment la folidité.Telle eft la
marche
des Arts&
des Sciences :elle fe fait à pas lents,
& chacun
füivant le fentierqu’un prédéceflèur ardent lui a trace
, a quelque-
fois le
bonheur
de le devancer. S’il s’en applaudit,il doit encore,
pour
le progrès des Arts, fouhaiter qu’un autre l’atteigne&
ledevance
aufli dans lamême
carrière.Tel
eft levœu de
l’Auteur : ilefpere qu’il fera rempli.
Déjà même
iléprouve
la fatisfaêtion de voir
que
plufieurs Artiftes fe font appliqués à fuivre fonprocédé &
à l’ana- lyfer.Leurs
utiles obfervations ont étendu leMémoire
qu’il préfente,
&
leurs expériencesvont
achever de
donner
à ceprocédé,
ledegré de
perfection
dont
il eft fufceptible.Chaque
Propriétairepourra donc
jouir bientôt fur faMaifon
, de l’agrément d’un Jardin pareil à celui deM.
d’Etienne.Le goût
des Artiftesen
variera les
formes &
les diftributions à l’infini.Ces
Terraflès favoriferont les obfervations desE
i8 Découverte d’un Ciment
Aflronomes. Chaque Maifon
offriraun
afpeétdifferent,
ou une vue de
plusou moins détendue:
elle preTentera
elle-même
, à volonté, des objets curieux
&
intéreffans.On
fera entrer dans leur décoration, des baffins, des bofquets, des treil-lages.
La
Sculpture&
la Peinturepourront
s’ydifputer le prix,
&
s’uniront avec le Jardinagepour
flatteragréablement
la vue. Quelles ref fourcespour
les Fêtes&
les Réjouiffances publi-ques
!Les
illuminations qu’elles occafionnentpeuvent
devenirmagiques
, étant bien dirigées :
leurs bifarreries
-même
,
&
leur irrégularité,
peuvent
aufli fe trouver très-piquantes.Qu’on
fe repréfentemaintenant
lecoup
-d’œil féduifant qu’offriroitune
chaîne de maifons,dont chaque
Terraffe fer oit variée deforme
,&
enrichiede
verdure.Quel
féduifant effet!
que
d’avantages multipliésen
réflilteroient encore,indépendam-
ment
de lavue
pittorefque îUn
air plus pur circule-roit dans les villes.
Chaque
Propriétaire acquerroitle terrein d’un jardin égal à la fuperficie de fes
bâtimens. Il épargneroit ,
en
conflruifant , ladépenfe
d’un toît, objet trille
&
difpendieux,
impénétrable
a l’eau.19
non-feulementpour
l’établifïèment, mais
encore pour
l’entretien. Il feroit infinimentmoins
expofé aux incendies, ayant la facilite de fecourir lui-
même
famaifon
par fa Terrafle,& pouvant
auflîpratiquer
un ou
plufieurs réfervoirs. L’épargnedu
bois de charpente,dont
le prixaugmente
tousles jours , eft
un
avantage très-confidérable, en
ce qu’on peut faire fervir tous ces bois à d’autres ufages.
La confommation du plomb que nous
tirons de l’Etranger
, feroit
beaucoup
diminuée.Nous
jouirions enFrance
d’unagrément qu’on
avoit cru jufqu’à préfent réfervé
pour
l’heureufeItalie. Enfin cet ufage des
Anciens
y renouvelle de nos jours
, honoreroit fans doute ce fiécle
,
où
les Vertus fur leTrône,
cherchent la vérité^protègent les Arts
,
&
lailfent au génie le librepouvoir d’étonner l’Univers.
FIN.
«