HAL Id: hal-00882719
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Submitted on 1 Jan 1990
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Zonation biogéographique des Alpes dauphinoises à partir de l’étude comparative des sapinières à Abies alba
et des pessières à Picea abies
M Oberlinkels, G Cadel, G Pautou, B Lachet
To cite this version:
M Oberlinkels, G Cadel, G Pautou, B Lachet. Zonation biogéographique des Alpes dauphinoises à
partir de l’étude comparative des sapinières à Abies alba et des pessières à Picea abies. Annales des
sciences forestières, INRA/EDP Sciences, 1990, 47 (5), pp.461-481. �hal-00882719�
Article original
Zonation biogéographique des Alpes dauphinoises
à partir de l’étude comparative des sapinières
à Abies alba et des pessières à Picea abies
M Oberlinkels G Cadel G Pautou 1 B Lachet
1 Université Joseph
Fourier, laboratoiresd’écologie végétale,
BP 53X;2CEA/CENG, département de recherche
fondamentale/groupe informatique,
BP 85X, 38041 Grenoble cedex, France(Reçu
le 23 février 1989; accepté le 5avril 1990)
Résumé — Si les
biologistes
s’accordent pourdistinguer
3 entitésphytogéographiques
principalesdans
l’arc
alpin(Alpes
externes,Alpes
intermédiaires,Alpes internes)
cette unanimitédisparaît
quand il s’agit d’en fixer les limites respectives. Les auteurs abordent ce problème dans lesAlpes
dauphinoises, à la latitude de Grenoble. Les interprétations proposées reposent sur un traitementstatistique
effectué sur 274 relevésphytoécologiques
et plus de 300 espècesligneuses
et herba-cées. Ces relevés appartiennent à des
hêtraies-sapinières
etsapinières-pessières
et se distribuentsur un transect W-E
depuis
la Chartreusejusqu’au Briançonnais.
Ce choix sejustifie
par le fait que le hêtre, le sapin etl’épicéa
sont largement représentés dans lesAlpes dauphinoises
et constituent les espèces majeures dans la plupart des peuplements montagnards.Des AFC** et des CAH*** effectués sur ce corps de données ont conduit les auteurs à préciser
les
caractéristiques phytogéographiques
de chaque type de peuplement. En outre, une analyse des relevés par la méthode de l’information mutuelle a débouché sur une caractérisation des différents secteurs et sous-secteurs à l’aided’espèces
herbacées ayant une distribution et uneécologie
bienaffirmées.
Les auteurs discutent la validité des
découpages
qu’ils avaient proposés dans un travail antérieur (Cadel et Pautou, 1984) : la division desAlpes
internes en 2 sous-secteurs est confirmée par les analysesmultidimensionnelles;
en revanche, la partition desAlpes
intermédiaires en 2 sous- secteurs nes’impose
pas avec la même netteté.Abies alba /
Alpes
occidentales / analysestatistique
/ espèce indicatrice /phytoécologie
/Picea abies
Summary — Biogeographic
zonation of theDauphiné Alps
based on a comparativestudy
ofAbles alba fir
plantations and Picea abies spruce plantations.Biologists
havedistinguished
3phytogeographical
areas in thealpine
range: the external Alps, intermediate and internal Alps; how-ever, their respective limits have not yet been determined. This problem has been
studied in
theDauphiné Alps,
on a latitude with Grenoble.The
interpretations
put forward are based on a statistical analysis of 274phytoecological
samplesand over 300 herbaceous and ligneous species. These samples involved beech - fir and fir- spruce stands and were distributed
along
a W-E transect from Chartreuse toBriançon.
This selection was*
Correspondance
et tirés à part.** AFC : analyse factorielle des correspondances.
*** CAH : classification ascendante
hiérarchique.
made due to the fact that the beech, the fir and the spruce are heavily
represented
in theDauphiné Alps
and constitute the mainspecies
found in most mountainouspopulations.
FAA
(factorial
agreement analysis) and HAC(hierarchic
ascendingclassification)
carried out onthe total data resulted in the determination
of phytogeographic
characteristicsof each
typeof popula-
tion. In addition,
sample
analysis via the mutual information method resulted in a characterization of the various sectors and subsectors using herbaceousspecies
with a well established distribution andecology.
The validity of the divisions which the authors had
proposed
in a former study is discussed(Cadel
and Pautou, 1984): the division of the internal
Alps
into 2 subsectors is corroborated by multidimen- sionalanalysis;
however, the division of the intermediate Alps into 2 subsectors is not as clear-cut.Abies alba / western Alps / statistical analysis / indicator
species
/phytoecology
/ Picea abiesINTRODUCTION
Les
phytogéographes alpins
reconnais-sent l’existence de 2 entités
phytogéogra- phiques majeures
dans la chaînealpine :
celle des
Alpes
externes et celle desAlpes
internes.
Depuis
unequarantaine
d’an-nées, plusieurs
auteurs delangue
germa-nique
et notamment Kuoch(1954)
ont pro-posé
d’invidualiser une zone desAlpes
intermédiaires ouZwischenalpen
dans lesAlpes
centrales et orientales;plus
récem-ment
Mayer (1963, 1974)
a, pour lesmêmes
régions,
réexaminé en détail cettequestion.
Dans les
Alpes occidentales,
Ozenda(1966)
fut lepremier
àdistinguer
une zonedes
Alpes
intermédiaires. Plus récemment Cadel et Pautou(1984)
ontproposé
pourle
Dauphiné
undécoupage phytogéogra- phique
en 5 niveaux(fig 2),
lesAlpes
inter-médiaires et les
Alpes
internes étant cha-cune subdivisée en deux sous-secteurs.
On
pourrait
le faireégalement
pour lesAlpes
externes mais les deux sous- secteurs ainsiindividualisés
seraientplus
le reflet de
caractéristiques édaphiques
que
climatiques;
c’est la raison pour la-quelle,
les auteurs considèrent que lesAlpes
externes constituent une seule enti- té.Rappelons rapidement
lesgrandes
ca-ractéristiques phytogéographiques
des 5niveaux retenus :
Alpes
externesElles
comprennent
lesPréalpes
calcaireset les versants ouest de Belledonne et du Taillefer sur roche mère acide. Le charme et le hêtre y trouvent leur
optimum
mais lesapin
etl’épicéa jouent
aussi ungrand
rôledans la
dynamique
des séries.Alpes
intermédiairesBien
représentées
au niveau du bassin deBourg
d’Oisans, elles sont caractérisées par l’absence du charme dans le collinéen, laprésence
du hêtre, dusapin,
del’épicéa
dans le
montagnard;
dans lesubalpin, épi- céa, pin
à crochets etpin
cembropeuvent
être
présents
dans l’ensemble de la zone(Pautou
et al,1986).
Deux sous-secteurs sontdistingués.
Sous-secteur ouest
Le charme a
disparu,
les hêtraies sèchesoccupent
les adrets(Gillot, 1981). Dans
les ubacs le rôle
principal
estjoué
par unehêtraie-sapinière
dont lacomposition
floris-tique
est intermédiaire entre l’Abieto-Fagetum
et l’Abietetum albae. Les groupe- mentssubalpins
sont voisins de ceux desAlpes
externes sur roche mèreacide,
en raison notamment de l’absence du mélèze.Sous-secteur est
L’étage
collinéen étant trèsréduit,
c’est auniveau du
montagnard
que ce sous- secteur s’individualise le mieux. Le hêtreest rare et le
pin sylvestre
domine sur lesadrets. En
ubac,
lesapin
etl’épicéa
for-ment des forêts
proches
de l’Abietetum albae décrit par Kuoch(1954),
associationencore riche en
espèces
desFagetalia syl-
vaticae. Le mélèze est
présent
dans lemontagnard
et lesubalpin
inférieur(Du-
chaufour et
Fourchy, 1952).
Alpes
internesElles débutent à l’est des Grandes Rousses et des
premières
crêtes du mas-sif des
Ecrins;
onpeut
aussi les subdiviseren 2 sous-secteurs.
Sous-secteur ouest
II
correspond
à la Haute-Romanche et auVénéon. Le climax des adrets est difficile à
imaginer
à cause du fort déboisement ac- tuel. Enubac, pessières
et mélézeinsconstituent la totalité des forêts en raison de la
disparition
totale du hêtre et dusapin.
Lesespèces
desFagetalia sylvati-
cae, sont encore nombreuses. Les es-
pèces
desBetulo-Adenostyletea
sont bienreprésentées
dans les mélézeins à hautes herbes.Sous-secteur est
C’est la
partie
laplus xérique qui
corres-pond
auBriançonnais (Cadel
etGilot, 1963).
Dans lemontagnard,
les adrets sontoccupés
par despinèdes sylvestres, plus
rarement par despinèdes
à crochets.Les ubacs sont
également
le domaine despinèdes
mais aussi des mélézeins(Duchaufour
etFourchy,
1952; Ozenda etCadel, 1981);
les essences sociales ex-ternes sont absentes
(hêtre)
ou rares(sapin, épicéa).
Dans lesubalpin d’adret,
le
pin
à crochetsrègne
en maître. En ubac, lepin
à crochets, lepin cembro,
lemélèze,
etplus
rarement lesapin,
se par-tagent l’espace;
lesgroupements
ont unetonalité assez sèche car les
espèces
demégaphorbiaie
sont absentes.L’objectif
de laprésente
étude est detester la validité du
découpage proposé
par une
analyse quantitative
de donnéesfloristiques
etécologiques.
Dans cetteétude,
nous avonspris
commedescrip-
teurs les
sapinières
et lespessières.
Cechoix se
justifie
par le fait que ces groupe- ments sontprésents,
presque sans dis-continuité, depuis
la Chartreuse et le Ver-cors
jusqu’en Briançonnais.
Mais ce choixest bien sûr restrictif et ne saurait à lui seul caractériser
chaque
zone dans saglobali- té;
ilpermet,
néanmoins, d’observer lelong
du transect
étudié,
la modification d’unécosystème
forestier clef pour lacompré-
hension de la
végétation
desAlpes dauphi-
noises.
Nous nous proposons de
répondre
auxquestions
suivantes :- le
découpage proposé
résistera-t-il à uneanalyse quantitative reposant
sur unéchantillonnage phytoécologique
homo-gène
effectué lelong
d’un transectpartant
de la Chartreuse,pôle
d’humidité des Pré-alpes
et se terminant dans leBriançon- nais, pôle
de sécheresse desAlpes
in-ternes ?
- Le passage d’un secteur en
position
ex-terne à un secteur
plus
continental se tra- duit-il par deschangements qualitatifs
ouquantitatifs
de lacomposition floristique ?
Sont-ils de faible ou de forteampleur ?
In-terviennent-ils de
façon
brutale ou progres- sive ?- Dans le cas des
sapinières
et des pes- sières, combien detypes
degroupements
seront validés par les
analyses statistiques
et
quel
est ledegré
de liaison de chacun d’entre eux avec les différentes entitésphytogéographiques proposées ?
- Peut-on individualiser un lot
d’espèces
différentielles de chacun des secteurs et
ayant,
par lamême,
unesignification
sur leplan biogéographique ?
- La
productivité primaire
dessapinières
etdes
pessières présente-t-elle
des valeurs différentes dans chacun des secteurs, sion se
place
dans des conditions station- nellescomparables ?
Dans ce cas, les es-pèces
individualisant les secteursbiogéo- graphiques pourraient
aussi êtreconsidérées comme des
descripteurs
dufonctionnement des
écosystèmes
de mon-tagne.
MÉTHODES
Recueil des données sur le terrain Deux cent soixante-quatorze relevés réunissant
plus de 300 espèces constituent le support de l’information. Pour traiter cette masse de don- nées, notamment dans son aspect quantitatif,
nous avons tout d’abord fait
appel
à 2 méthodes de calcul multidimensionnelles couramment em-ployées en
phytoécologie :
l’analyse factorielle descorrespondances (AFC)
et la classification ascendantehiérarchique
(CAH). Une troisième méthode, l’Information mutuelle nous aapporté
des
précisions supplémentaires
(Daget et al, 1972).Les relevés de végétation se répartissent
ainsi : -
Alpes
externes : Chartreuse(Bartoli,
1962; Richard, non publié); Vercors (Faure, 1968); Belledonne et Taillefer (Cadel et al, non publié; Ferrand, 1984). - Alpes intermédiaires : Oisans (Oberlinkels, 1987; Pautou, Cadel et Gillot, non
publié). - Alpes
internes : Massif des Ecrins(Oberlinkels,
1983; Meyer, 1981); Brian- çonnais et Queyras(Cadel,
nonpublié).
Les relevés ont été effectués en ubac dans les
étages montagnard
etsubalpin
inférieurentre 640 et 2 060 m.
Le corps de données comporte des relevés
sur roche mère acide et sur roche mère carbo- natée. Dans la pratique, un
échantillonnage
sys-tématique
n’a pu être totalement réalisé dans les zones où les roches calcaires sont peu re-présentées
(cas des Alpes intermédiairesOuest) et dans celles où les forêts sont rares ou
absentes (cas des Alpes internes Ouest). En définitive, chaque entité biogéographique est re-
présentée
par le nombre de relevés suivants :Alpes
externes : 59;Alpes
intermédiaires Ouest : 77; Alpes intermédiaires Est : 72; Alpes internes Ouest : 23; Alpes internes Est : 43.Les
disproportions qui
existent entre ceschiffres sont donc le reflet de la variabilité des surfaces occupées par les
sapinières
dans cha-que zone (fig 2).
Chaque
relevé estaccompagné
d’informa-tions
topographiques
et géographiques : alti- tude, pente,exposition,
type d’humus, roche- mère, coordonnées Lambert III.Traitement des données
Analyse
factorielle descorrespondances
L’AFC porte sur une table de contingence, c’est-
à-dire un tableau rectangulaire de nombres dont les sommes ont un sens tant en lignes qu’en co-
lonnes. Dans notre cas, les 2 entrées en sont,
respectivement,
les espècesvégétales
et les re-levés de
végétation. Chaque
élément du ta- bleau à étudier n’est autre que laproportion
moyenne du recouvrement d’une
espèce
dansun relevé effectué selon la méthode définie par Braun-Blanquet.
Un relevé est
représenté
par 1point
dans unespace comprenant autant de dimensions que d’espèces. L’AFC met en évidence des direc- tions
privilégiées
de cet espace. Par projectionsur les
plans
qu’elles définissent, on obtient unereprésentation
du nuage depoints originels.
Laméthode permet de
représenter également
lesprojections
des espèces.Classification ascendante
hiérarchique
On remarquera que, dans la table de contin- gence, les lignes comme les colonnes représen-
tent des histogrammes de fréquences relatives
correspondant
à des modalitésqualitatives.
Lagrandeur statistique du χ2 convient pour mesu-
rer la distance qui sépare 2 lignes ou 2 co-
lonnes : 2 relevés ou 2 espèces. Le programme de l’ADDAD* (Fénélon, 1982), que nous avons utilisé, procède par l’agrégation successive
d’éléments qui sont les plus
proches.
On obtientainsi une arborescence graphique. La classifica- tion part d’éléments parfaitement individualisés et finit par les rassembler tous. En effectuant des coupures dans l’arborescence, on individua- lise des classes pertinentes et on établit des cor-
respondances avec la
représentation
fournie par l’AFC.Information mutuelle et
profil écologique
indicéLes 2 méthodes d’analyse multidimensionnelle ont conduit à une première classification des re-
levés et des
espèces.
Le butprincipal
de notreétude étant de
quantifier
les modifications du couvert végétal au sein des sapinières d’ouesten est, nous avons effectué une troisième ana-
lyse statistique à l’aide de la méthode de l’infor- mation mutuelle. Cette dernière avait pour objet
de
préciser
larépartition quantitative
desprinci- pales espèces
herbacées etligneuses
le longdu transect.
L’information mutuelle est une méthode sta-
tistique analytique
qui
permet d’étudier l’attrac-tion des espèces vis-à-vis d’une variable écolo-
gique (Daget
et al, 1972). Elle traite une table decontingence qui
croise lesespèces
avec lesmodalités de la variable considérée.
L’information mutuelle est faible
lorsqu’une espèce
est presquetoujours présente
ou pres- que toujours absente,quelles
que soient les mo- dalités adoptées par la variable. Elle est au contraire élevéelorsqu’elle
manifeste unepréfé-
rence ou une
répulsion
pour certaines modalités de la variable. Il est ainsi possible d’individuali-ser les
espèces
dont l’écologie est bien affir-mée.
Le
profil écologique
indicé dechaque espèce complète
les apports de l’information mutuelleen testant leurs sensibilités respectives à cha-
cune des modalités de la variable écologique (Gauthier et al, 1977). L’inconvénient de cette méthode réside dans le fait que seul le carac- tère
présence-absence
estpris
en considération* ADDAD : Association pour le développement et la diffusion de l’analyse des données, 22, rue Char- cot, 75013 Paris, France
et non
plus
les abondances comme dans l’AFC et la CAH. Nous avons utilisé les programmes mis aupoint
par le CEPE**. Nous n’avons rete-nu que les 130
espèces
les mieuxreprésentées
sur le transect. Certaines
espèces typiquement
externes mais ne figurant que dans quelques
relevés ont été exclues.
La validité de ce choix a été testée par une nouvelle AFC
qui
aporté
sur les 274 relevés et les 130espèces
considérées(tableau II).
RÉSULTATS
Commentaire des
plans
factoriels(fig 3
et4)
Nous nous bornerons à la
description
duplan
1-2qui
seprête
le mieux à une inter-prétation phytoécologique
car lesespèces s’y disposent
selon un étalement maximum et fontapparaître
desgradients significa-
tifs.
Les 4
premiers
axesexpliquent
13% dela variation
totale;
cette valeur est faible mais courante dans les étudesphytoécolo- giques (Lacoste, 1972).
Axe 1
Cet axe
répartit
lesespèces
selon un gra-dient,
reflet du niveau d’activitébiologique
de l’humus. Les
espèces
les mieux corré- léespositivement
lelong
de cet axe sont :Acer
pseudoplatanus, Adenostyles
allia-riae,
Cicerbitaalpina,
Galiumodoratum;
toutes, sauf la
dernière,
sont desmésohy-
grophiles
de mull.Du côté
négatif figurent : Melampyrum sylvaticum,
Vacciniummyrtillus, V
vitis-idaea, Homogyne alpina,
Festuca flaves-cens; il
s’agit
làd’espèces mésophiles
de moder.Axe 2
Les
espèces
se distribuent selon un gra- dient altitudinal assez net.Du côté
positif figurent :
Larixdecidua,
Viola biflora, Picea abies, Rumex
arifolius, Adenostyles
alliariae. Du côténégatif
s’in-dividualisent : Abies
alba, Fagus sylvatica,
Galium odoratum, Festuca
sylvatica.
Axe 3
Les
espèces
sont distribuées selon uneorientation à peu
près nord-sud, opposant
lesespèces
desPréalpes
duNord,
scia-philes
etplus
ou moinsacidophiles
dumontagnard
auxespèces héliophiles
lesplus
méridionales etcaractéristiques
demilieux
plus
ouverts.Axe 4
L’axe 4 oppose les
espèces
caractéristi- ques dessapinières typiques
à cellesqui
sont les
plus éloignées
de lasapinière
sensu stricto et
qui s’épanouissent
dansles
groupements
de basse altitude.Les relevés
appartenant
auxAlpes
ex-ternes et aux
Alpes
intermédiaires sontdispersés
dans l’ensemble duplan;
cetype
de distributions’explique
par la trèsgrande
diversité des
groupements
se rattachantau
complexe
de lahêtraie-sapinière
sousun climat frais et bien arrosé. C’est la
grande
diversité des substratsdepuis
lescalcaires durs
urgoniens jusqu’aux amphi-
bolitesqui explique
legrand
nombre degroupements
décrits(Bartoli, 1962; Faure, 1968; Ferrand, 1984).
Les résultats de la CAH
(tableau
I etfig 5)
Deux
grandes
unitésapparaissent,
d’unepart
leshêtraies-sapinières qui
rassem-blent les
groupements
forestiers desAlpes
externes et intermédiaires ouest, et d’autre
part,
lessapinières-pessières
desAlpes
in-termédiaires orientales et des
Alpes
in-ternes. Chacune de ces 2
grandes
unitésest subdivisée en
groupements floristique-
ment,écologiquement
etbiogéographique-
ment définis
(tableau I).
Une troisièmeunité
comprend
lesgroupements
à hautesherbes
(niveaux
Ià IV)
riches enespèces mésohygrophiles
de mull(mégaphor- biaies).
Direction a
Les
groupements
riches enespèces
méso-hygrophiles
de mull se distribuent lelong
d’un
gradient
altitudinal. Ce sont les grou- pementsprésents depuis
lesAlpes
ex-ternes
(érablaie
àhêtre, pessière
àAthy-
riumfilix-femina) jusqu’aux Alpes
internesoccidentales
(sapinière-pessière
et mélé-zein à
Adenostyles alliariae).
Le sous-secteur interne est ne
présente
pas cetype
degroupements
au sein dessapi-
nières.Direction b
Elle met en lumière le passage des hê-
traies-sapinières
riches en hêtre aux pes- sières pures par l’intermédiaire dessapi-
nières et dessapinières-pessières.
Méritent une mention
particulière
lessapi-
nières
caractéristiques
desAlpes
intermé-diaires orientales comme celle du Fournel
(Briançonnais occidental) (Meyer, 1981)
ou des
Alpes
internes occidentales commecelle de Marassan
(Queyras oriental)
danslesquelles
le hêtre etl’épicéa
sontabsents,
mais où le mélèze est
fréquent.
Lasapi-
nière de Marassan à Festuca flavescens et
Lathyrus
vernus est située sur schistes lus-trés où
quelques espèces calciphiles
comme Aster bellidiastrum sont
présentes;
c’est sans doute la raison
qui explique
laposition
un peuparticulière
de ce groupe- ment. Le caractère transitoire de la pes- sière à noisetier se retrouve dans laposi-
tion
qu’elle
occupe sur legraphique;
ellese situe à
proximité
des hêtraies-sapinières
aveclesquelles
ellepartage
fraîcheur et richessechimique
du sol(Oberlinkels, 1987).
Direction c
Les
groupements uniquement présents
surcalcaire s’ordonnent le
long
de cette direc-tion :
hêtraies-sapinières calciphiles
deszones externe et intermédiaire occiden-
tales, sapinière-pessière
àCalamagrostis
varia et à Veronica urticifolia du sous- secteur intermédiaire
occidental, pessière- sapinière
à Aster bellidiastrum du sous-secteur intermédiaire oriental
(Pautou
etal, 1986).
Lasapinière-pessière
à Melam-pyrum
sylvaticum
et à Carexaustralpina caractéristique
du sous-secteur interneoriental,
surcalcaire, s’apparente
beau- coupplus
à lasapinière
àMelampyrum sylvaticum
et àSaxifraga
cuneifolia surroche mère acide du même sous-secteur
plutôt qu’à
lasapinière-pessière calciphile
à Aster bellidiastrumprécitée.
Dans leBriançonnais,
lessapinières
ont une com-position floristique
trèsparticulière
où do-minent les
espèces acidophiles
de moderà
peine désaturé;
la différence de substratse traduit par l’absence ou la
présence
dequelques calciphiles,
dont Carexaustralpi-
na est la
plus caractéristique.
L’AFC et la CAH individualisent de
façon
très nette des relevés desAlpes
in-ternes. En
revanche,
les relevésapparte-
nant aux
Alpes
externes et auxAlpes
inter- médiaires sontdispersés
sur l’ensembledu
plan.
Le tableauII,
construit àpartir
de l’informationmutuelle, permet
d’aller au- delà d’unepartition
en deux entités.Apport
de l’information mutuelle etanalyse
desprofils écologiques
indicés(tableau
II etfig 6)
Le tableau met en lumière de
façon
trèsnette
qu’un
fortcontingent d’espèces
estattiré par les conditions
écologiques
dessecteurs
qui occupent
uneposition margi- nale; ainsi,
16espèces présentent
uneforte attirance pour le niveau
I,
dont 13 defaçon
trèssignificative;
18espèces pré-
sentent une forte attirance pour le niveau
V,
dont 14 defaçon
trèssignificative (de
63
jusqu’à 75).
Onpeut expliquer
cetteforte attraction des
pôles
extrêmes par descauses de
type chorologique (origine
destaxons)
et detype écologique (caractéristi-
ques
climatiques affirmées).
Cinq espèces
sont attirées par les ni- veaux I et II dont 2 defaçon
trèssignifica-
tive; c’est le cas deFagus sylvatica.
Par unmême effet de
symétrie,
5espèces
sontattirées par les niveaux V et
IV,
dont 2façon
très nette; c’est le cas de Festucaflavescens, espèce qui présente
un fort re-couvrement dans la
partie
occidentale desAlpes
internes. La distribution de ces groupesd’espèces
semble êtrerégie
parles mêmes causes que dans le cas des ca-
tégories précédentes,
mais ils’agit
d’es-pèces
ayant uneplus grande amplitude écologique.
Le nombre
d’espèces
attirées defaçon significative
par les niveaux médians est nettementplus
bas : 4 par le niveau II(dont
Abiesalba),
6 par le niveauIII,
1 par le niveau IV. Le faitqu’il n’y
ait pas d’es-pèces
attirées defaçon significative
par les niveaux II et III montre que lesAlpes
inter-médiaires constituent une interface entre 2
contingents floristiques
orientaux et occi-dentaux
comportant
desespèces
à écolo-gie
affirmée. Deux casparticuliers
sont àsignaler :
celui desespèces
attirées par les niveaux III etIV,
c’est-à-dire trouvant leuroptimum
au niveau de l’écotoneAlpes
intermédiaires-Alpes
internes; celui des es-pèces
àrépartition
discontinue,qui
sont le reflet decaractéristiques pédologiques
trèsmarquées; ainsi,
le groupe desespèces
acidophiles
strictes comme Vaccinium myr- tillus. Larépartition
de cetteespèce qui
est attirée par les 2 niveaux extrêmes est ré- vélateur d’unphénomène
de discontinuité induit par la nature dusubstrat,
au sein de la variationprogressive
d’ordreclimatique
d’ouest en est. En zone externe, la
myrtille
est bien
représentée
sur les schistes cris- tallins de Belledonne et sur le calcaire ur-gonien
de Chartreuse ici recourvert d’humus brut. Dans lapartie
orientale desAlpes
internes, l’altitude élevée et la fré- quence des moder favorisentégalement
cette
espèce.
Par contre, les sols de lazone intermédiaire essentiellement formés
sur
amphibolite,
sur schiste ou sur calcairemarneux,
présentent
une forte activité bio-logique
et constituent donc un obstacle pour uneespèce acidophile.
Les
espèces figurant
en fin de tableauprésentent
unerépartition biogéographi-
que
hétérogène,
bienqu’étant globable-
ment
plus
attirées par le niveau V(Alpes
internes
orientales).
IIs’agit là,
pour laplu- part, d’espèces
acidoclines etacidophiles fréquentes
dans toutes lessapinières
d’al-titude du sous-secteur interne oriental.
DISCUSSION
Les
analyses statistiques portant
sur lesgroupements
ou sur lesespèces
souli-gnent
la forte individualisation des niveaux extrêmes.Caractéristiques
des différentssecteurs
phytogéographiques
Alpes
externesLe secteur constitue une entité
homogène
sur le
plan phytogéographique
et sociolo-gique.
Ce n’est pas étonnantquand
onconstate que le total des
précipitations
varie faiblement
depuis
les massifspréal- pins jusqu’à
la crête de Belledonne. La val- lée du Grésivaudan nepeut
être retenuecomme limite entre
Alpes
externes etAlpes
intermédiaires(Cadel
et Pautou,1984; Ozenda,
1985).
Certes, il existe des différences très nettes entre les massifspréalpins
calcaires et la chaîne de Belle- donne où dominent lesamphibolites
mais,contrairement à ce que l’on
pourrait croire,
les différences de nature
chimique
de laroche mère n’ont pas d’influence sur
l’abondance des
espèces acidophiles.
Surles massifs calcaires
(urgonien),
il y a for-mation d’un humus brut très acide; il n’est pas étonnant
qu’un grand
nombre d’acido-philes
se rencontrent à la fois en Char- treuse, en Vercors sur calcaire et dans les massifs cristallins. Par contre lagranulo-
métrie des sols obtenus à
partir
de la dé-composition
des roches mères est à l’ori-gine
d’unecapacité hydrique
très variable.Dans les massifs siliceux, l’altération des
amphibolites
conduit à la formation de solsriches en éléments fins et en colloïdes ar-
gileux :
lesespèces mésohygrophiles
desmégaphorbiaies
sont nombreuses et ont un fort recouvrement. En revanche, les cal- caires desPréalpes
sont àl’origine
de solspauvres en
argiles, plus
filtrants d’où unediminution des
espèces ayant
des besoinsen eaux élevés.
Alpes
intermédiairesLes
analyses statistiques
confirment que lesAlpes
intermédiaires constituent unecellule
charnière,
uneplaque
tournantequi
accueille despeuplements
aussi bien d’ori-gine
occidentale qued’origine
orientalemais souvent
appauvris
en leurs éléments lesplus représentatifs.
Lespeuplements appartenant
aux trois ensembles individua- lisés par la CAH y sontreprésentés
mais àla faveur de situations
écologiques
diffé-rentes
(phénomène
dejuxtaposition).
Cette
organisation
enmosaïque s’expli-
que par l’existence de discontinuités d’ordre
édaphique, topographique
ou oro-graphique.
La diminution considérable desprécipitations
d’ouest en est(environ
100mm par 10
km)
est atténuée par des fac- teurs decompensation d’origine édaphique
et
aggravée
par l’existence de contraintes stationnelles sur leplan
de l’économie del’eau, susceptibles
d’annihiler leschange-
ments d’ordre
climatique (diminution
deprécipitations).
Les
conséquences
sur leplan
de la cho-rologie
sont nombreuses :- les
groupements
à hêtre dominant(sapin
et
épicéa
rares ouabsents) parviennent
àla limite orientale des
Alpes
intermédiaires(Vénéon)
à la faveur de solssuperficiels
dans les stations à
exposition
est ou ouest.En revanche, des
sapinières-pessières
sont
présentes
dès l’entrée desAlpes
in-termédiaires sur des roches mères très acides conduisant à la formation d’humus de
type moder;
- les
sapinières
se rencontrentdepuis
lemontagnard
moyenjusqu’au subalpin
infé-rieur;
à ceniveau, sapin
etépicéa peuvent
coexister dans des
groupements
mixtes.Suivant les
régions,
l’une ou l’autre des 2espèces peut
être absente.Ainsi,
dans lebas
Vénéon,
lesapin
est rare et c’estl’épi-
céa
qui
occupe la totalité des ubacs entre 1 000 et 1 800 m(Tonnel
etOzenda,
1964;Oberlinkels, 1983);
lacomposition floristique
de ces forêts est trèc compa- rable à celle que l’on rencontre dans lessapinières-pessières
duValjouffrey (fig 1).
Plus au
sud,
leValgaudemar,
oùl’épicéa
est
quasi
absent,présente
dessapinières
pures dont la
composition floristique s’ap- parente
fortement à celle duValjouffrey (Oberlinkels, 1987). Ainsi,
dans lesAlpes intermédiaires,
l’individualisation d’une série de lasapinière-pessière s’impose (Pautou
et al,1986).
Mais ils’agit,
enfait,
d’une unité
compréhensive qui
existe sousplusieurs types physionomiques.
Cette hé-térogénéité
est le reflet de l’histoirepost- glaciaire (arrivée
récente de Picea abiesdepuis
1 000 ans enOisans) (Coûteaux, 1981), des sylvicultures passées
et des va-riations locales des conditions du milieu.
Deux
types principaux
desapinières
sontreprésentés
surcalcaire,
lasapinière- pessière
àCalamagrostis
varia et lasapi- nière-pessière
à Aster bellidiastrum(Pau-
tou et
al,
1986;Oberlinkels, 1987);
- la
présence
de calcaires marneux dans le bassin deBourg
d’Oisansfavorise,
toutautant que la diminution des
précipitations, l’épanouissement
dupin sylvestre
et le maintien dehêtraies-pinèdes stables, groupements qui
ont à la fois un détermi-nisme
climatique
etédaphique (Pautou
etal, 1986);
- la
vigueur
de l’activité érosive en Oisans provoque la dénudation de sites sur de vastessuperficies;
ces sites sont alors trèsfavorables au mélèze. Ces conditions ainsi que les interventions humaines
(reboise- ments)
semblentplus
àl’origine
de la pro-gression
despopulations
de mélèze que leschangements d’origine climatique;
- la
présence
de roches mères conduisant à la formation de sols à forte activité biolo-gique
et à bonne rétentionhydrique (am- phibolites,
calcairesmarneux),
l’existence denévés, expliquent
la fortereprésenta-
tion des
peuplements
à hautes herbes et desespèces
de mull etd’hydromull
dansles
Alpes
intermédiaires. Le passage du sous-secteur occidental au sous-secteur oriental se manifeste par une diminution sensible desreprésentants
desFagetalia sylvaticae parallèlement
àl’apparition
d’es-pèces
telles que Festuca flavescens, Larixdecidua,
Carexaustralpina;
en outre, Cala-magrostis varia, présente
dans le sous-secteur oriental une extension maximale
(Oberlinkels, 1987)
alors que dans la zone externe, ilpréfère
le couvert modéré despinèdes;
cette forte extensionpeut
êtreégalement
reliée à l’abondance des cal- cairesliasiques.
L’Abietetum albae festu- cetosum(Kuoch, 1954)
bienreprésenté
dans les