FACULTÉ
LEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNEE 1B99-1900 No 100
CONTRIBUTION
AL'ETUDE
DE
IJIÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée
et soutenuepubliquement le 21 Juillet 1900
Barné Vitchoff
BARNEFF
Né à Eski-Djoumaya (Bulgarie), le 1G juin 1869.
Examinateurs de laThèse
MM. BADAL, professeur... l'résident.
MASSE, professeur.
LAGRANGE, agrégé
^
Juges.RR1NCETEAU, agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 — hue poquelin-molière 17 (ancienne rue montmejan)
1900
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
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PACHON.
N.
LAGRANGE.
' CARLES.
LE DANTEC.
LeSecrétairede la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1S79, la Facultéaarrêté queles opinionsémisesdans les thèses qui i sont présentées doivent être considéréescomme propres àleursauteurs, et qu'elle n'entend
eur donner ni approbation ni improbation.
A MA BELLE-SOEUR
A mon Neveu
MICHAÈL
A la. Mémoire de mon
Cousin J. ANGHÉLOIhF
A ma Tante
VÉNÉTA
A Monsieur le Docteur CÀBANNES Chef de Laboratoire de matière médicale.
A mon Président
de Thèse,
Monsieur le
Docteur BADAL
ProfesseurdeClinique
ophtalmologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Chevalier de la Légiondhonneur.
AVANT-PROPOS
Sur le
point de quitter cette Faculté où
nous avons reçutout
notre
enseignement médical,
nous sommesheureux de profiter
de l 'occasion pour
rendre publiquement
unrespectueux hommage
ànos maîtres des
hôpitaux et de la Faculté et les remercier de
la bienveillance dont ils nous ont
toujours entouré.
Nous avons fait tous nos efforts pour mener
à bonne fin
ce travailqui
concerne unsujet
encoreplein d'obscurité, mais des
difficultés nombreusesnous auraient certainement
arrêté, si
nous n'avions pas euànotre aide les bienveillantsetjudicieux conseils
de M. le Dr Cabannes. C'est lui
qui
aété l'inspirateur de cette
thèse.
Qu'il
nous soitpermis de lui adresser ici
nosplus vifs
remerciements et
l'expression de notre plus profonde reconnais¬
sance.
Notre
plus profonde gratitude est acquise également à M. le professeur Badal,qui
asi obligeamment daigné
nousfaire l'hon¬
neur
d'accepter la présidence de notre thèse.
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
CHAPITRE PREMIER
CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES
L'histoire de
Pophtalmoplégie congénitale, qui est de date
relativement
récente,
nepeut
pasêtre séparée de celle de Poph¬
talmoplégie acquise. Mais si la nature intime de cette dernière
est pour
ainsi dire
presqueétablie, celle de Pophtalmoplégie congénitale
estencoreplongée dans l'obscurité. Aussi,
endehors
de
quelques observations éparses citées dans les différentes
pu¬blications médicales
françaises
etétrangères et des deux articles
de Heuck et de Kunn sur les troubles
congénitaux des
mouve¬ments des yeux, nous ne
trouvons dans les auteurs classiques
ou modernes aucunedescription
serattachant directement à cette
affection.La
plupart des auteurs gardent
uneréserve prudente, et
ce n'estqu'un nombre très restreint d'entre
euxqui mentionne,
enquelques mots, l'existence des paralysies congénitales des
mus-Barneff 2
cles oculaires en
général. Nulle part cependant,
nous netrou¬
vonsmentionné un examen
complet du système
nerveux;Heuck,
même dans son
article,
ne nousdonne
quedes constatations
pu¬rement
macroscopiques surl'aspect et les insertions des muscles
oculaires.
Les
premières observations qui
serattachent de près
oude
loinà
l'ophtalmoplégie congénitale
serésument dans des
cons¬tatations
nécropsiques relatives
auxdiverses anomalies de
déve¬loppement des muscles oculaires.
A cet ordre de faits appar¬tiennent en
premier lieu les observations de Wrisberg, dans les¬
quelles l'auteur décrit
l'absence de divers muscles des yeux.Ensuite viennent les observations de Seiler et Cerutti. Le pre¬
mier de ces auteurs a constaté l'absence simultanée des muscles oculaires et de leurs nerfs dans
quelques
casd'hydrocéphalie
avec
microphtalmie. (Voir plus loin dans le chapitre des
con¬sidérations
anatomo-pathologiques.)
La véritable observation
d'ophtalmoplégie congénitale
pro¬prement dite
aété publiée
en1840
parBaumgarten. J1 s'agissait
d'un
jeune homme dont
les yeuxrestaient
tout à faitimmobiles, malgré tous les efforts qu'il faisait. Le bord interne
de lacornée,
couverte par
la caroncule lacrymale, disparaissait dans l'angle
interne de l'œil
qui
nepouvait
seporter
endehors
quedans
une étendue d'un millimètre. La ténotomie du droit interne fut effec¬tuée et on trouva à sa
place plusieurs faisceaux fibro-membra-
neuxminces mais bien fermes. Cette section aurait amélioré un
peu
la position de l'œil, qui est cependant resté toujours immo¬
bile.
Baumgarten prit
son cas pour unstrabisme convergent
double
congénital. Il n'est
pasdouteux cependant qu'il
setrou¬
vait en
présence d'une ophtalmoplégie externe complète.
Schrœder
(1872) rapporte
uneobservation
où il nesignale
que
la paralysie de l'oculo-moteur
commun, àl'exception des
branches destinées au
sphincter de la pupille et à l'oblique infé¬
rieur,
avecnystagmus concomitant. Nous
considérons son cas comme uneophtalmoplégie externe double,
car, même si nouslaissons de côté la
possibilité d'une paralysie du droit
externe, admise parKunn,
nousne pouvons pas ne pasadmettre celle du
— 19 —
grand oblique, la rotation de l'oeil
enhaut n'étant
pas men¬tionnée.
Nous rangeons
aussi dans le
groupedes ophtalmoplégies
con¬génitales l'observation de Steinheim, publiée
en1877, dans laquelle l'auteur
anoté la présence du ptosis bilatéral complet,
la
parésie des mouvements de latéralité, la paralysie de soulè¬
vement des yeux
et aussi
unfaible développement psychique.
La ténotomie a
permis de constater l'absence du droit supérieur.
Raelilmann
rapporte,'
en1878, le
casd'un étudiant atteint d'ophtalmoplégie bilatérale complète. L'affection, remarquée
à
l'âge de trois
ans, àla suite d'une
«maladie cérébrale
» est considérée commecongénitale
parKunn. Nous la compterons,
par
conséquent, dans notre classification.
En
1879, Heuck relate quatre
casfamiliaux d'ophtalmoplé¬
gie congénitale et il prétend,
en sebasant
sur unenécropsie
relative à un de ses
malades,
queles troubles de la motilité
sont,dans
tousles
cas,la conséquence des insertions anormales
des muscles sur les
globes oculaires.
Un peu
plus tard,
en1881, apparaît l'observation de Schenkl
concernant un cas de
paralysie congénitale du releveur palpé-
bral
supérieur, des droits externe
etsupérieur et de l'oblique
inférieur des deux côtés. Les
globes oculaires étaient abaissés
et
divergents. Pour l'explication de
son cas,cet auteur admet
une malformation
congénitale des muscles oculaires.
La même année,
Uhthotf publie deux
casd'ophtalmoplégie congénitale dont l'un complet et l'autre analogue à celui observé
par
Schenkl.
Dans l'intervalle de 1884 à 1887
apparaissent
unesérie d'ob¬
servations.
Rampoldi communique quatre observations dont
seulement troispeuvent être considérées
commeappartenant
au groupe
de l'ophtalmoplégie congénitale. Hirschberg (1885) publie deux
casd'ophtalmoplégie congénitale familiale, dont
l'une
(paralysie partielle) coexistait
avec unépicantus très
pro¬noncé. Ce dernier auteur admet l'existence d'une
paralysie
nucléaire
congénitale,
une «aplasie des centres
»dans
sesdeux
cas. La même
année, apparaît l'observation de Tilley
;puis,
en1886, celle de Lucanus. Ce qui frappe l'attention dans
cedernier
cas, c'est la conservation de la convergence avec
perte des
mouvements associés de
latéralité, de telle
sorte quelorsque le
malade voulait
regarder à droite
ou àgauche, les
yeuxrestaient toujours
en convergence.En
somme,le droit interne
était para¬lysé
commemuscle associé, actif
comme muscle de la conver¬gence.
D'après Kunn, il
nepouvait
pasêtre question ici d'une
lésion nucléaire comme Lucanus l'admet.
En
1888, Lanford communique
unes'érie de
casfamiliaux,
où lepère et trois de
sesenfants
sursept sont atteints d'ophtal- moplégie congénitale; l'aîné des enfants
a unptosis congénital.
Dans le courant de 1889
apparaissent les observations de Mauthner, de Gast
et deGrauer,
etdeux
ansaprès celles de Lagrange et de Recken. Dans l'observation
dece dernier auteur,nous sommes en
présence,
enoutre, d'une paralysie faciale congénitale.
Dans les observations
d'ophtalmoplégie congénitale chez
deux
frères, publiées
parVossius
en1892,
nous retrouvonsencore l'association de la convergence
et de l'abaissement
deslignes visuelles,
comme dans les cas de Heuck. Enoutre, le
second cas est intéressant à cause de la coexistence de l'ouver¬
ture de la
paupière supérieure
avecl'ouverture de
la bouche.Ce
phénomène
estexpliqué
parVossius, à l'inverse de l'opinion
de Helfreich
qui croit à
unecommunication
anormale entre les noyauxde l'oculo-moteur
commun,du trijumeau
etdu facial,
par cefait qu'il
y alà
une sorted'association physiolo¬
gique des deux
mouvements que nous voyons souvent exécuter pardes malades
àqui
ondemande d'ouvrir
les yeux,et qui
ouvrent en même
temps la bouche. Kunn croit
quel'on
aaffaire
dans ce cas à des
aplasies intra-utérines combinées, peut-être
aussi à d'autres troubles d'innervation de certains
muscles,
troubles dont les causes
anatomiques et physiologiques sont
inconnues.Dans le courantde 1893 et 1894
apparaissent les
casde Guun
et d'Ahlstrom. Ce dernier auteur
ayant opéré
sonmalade,
a trouvé l'élévateurpalpébral tout à fait absent d'un
côté et trans-formé de l'autre en
quelques faisceaux tendineux. Les observa¬
tions de
Gazépy, communiquées la même année (1894), sont
intéressantes par
l'association d'autres anomalies de développe¬
ment, en
particulier de la paralysie faciale avec l'ophtalmo-
plégie congénitale. L'observation de Jocqs a paru en 1897.
Gourfein
(1897), dans
uneobservation où il communique cinq
cas
d'ophtalmoplégie congénitale héréditaire et familiale, est porté
à admettre que
dans l'ophtalmoplégie congénitale il s'agit non
d'une lésionnucléaireou
sub-nucléaire, mais d'une amyatrophie
héréditaire familiale.
Dernièrement
Homer
acommuniqué dans les Archives de neurologie (1899, t. VII,
p.69),
uneobservation d'ophtalmo¬
plégie externe chez deux frères jumeaux, survenue à l'âge de
15 à17anspresque
simultanément et sans aucune cause connue
ou
acceptable.
Enfin, M. le Dr Cabannes (de Bordeaux)
a eul'occasion d'ob¬
server un cas des
plus typiques d'ophtalmoplégie congénitale
chez un enfant de deux ans.
Nous devons
à sonextrême obli¬
geance
l'insertion inédite de cette observation dans notre thèse.
CHAPITRE 11
Observations
Observation 1 (Heuck)(1).
Défectuosité congénitale des mouvements des yeux.
Au mois de février 1877 s'est
présentée à la clinique ophtal¬
mologique de Heidelberg
unefamille, composée d'une
mère et de troisenfants,
tous atteintsd'ophtalmoplégie congénitale.
Cas 1er. — La mère Gerlrud
Schneider,
journalière de Slein,âgée
de 53 ans, estd'une taille moyenne; elle jouit d'une bonne santé et
présente un
développement physique
etpsychique
toutà l'ait normal.Ses yeuxoffrent les
particularités
suivantes :Les deux paupières supérieuressont tombantesau-devantdesglobes oculaires, à tel point que l'ouverture
palpébrale
est réduite dans saplus
grande largeur à une hauteur de 4 millim. La peau des paupières supérieures est lisse; les plispalpébraux
sont effacés. Parallèlementau bord de la paupière se trouve une
légère
cicatrice proéminente.La malade est
incapable
de soulever ses paupières avec son seul releveur; pour y parvenir, elle contracte les musclesfrontaux,
mais elle n'obtient cependant qu'un effet peu marqué sur l'ouverture de la fentepalpébrale.
L'occlusion des paupières s'effectue sans entraves.Quandlacontraction du muscleorbiculairecesse,la
paupière
supérieure revientà sa place ordinaire. Les globes oculaires ont une apparence«
(1) Kliniche MonatsblàtterfiirAugenheilk. XVII,Jahrg. 1879,p.252.
normale, les
pupilles
sontégales et réagissent bien. Les globes
ocu¬laires sont
dirigés
enbas
etle plan du regard
necoïncide plus
avec leplan horizontal
;il
estincliné
enbas suivant
unangle de 32°. Il
existe en outre une convergence assez
considérable.
Mais ce
qui frappe surtout,
cesont les troubles de la molililé des
yeux,
ainsi
quela façon dont s'exécutent les mouvements possibles.
Quand on invite la
patiente à regarder à gauche
avecles deux
yeux, l'œil droit seul fait un léger mouvementdans cette direction; l'œil gauche,
aulieu de
tournerk gauche, tourne à droite, de sorte qu'il
survient un mouvement de convergence
inégalement marqué
pourles
deux yeux, comme on peut
s'en convaincre
pardes mensurations
au moyendu strabomètre de Mayer. Dans la position habituelle des deux
yeux,
le bord
externede la cornée de l'œil droit est k 15 millim. de
laligne des
points lacrymaux
; kgauche, celte distance est de 14 millim.
Dans la
position de
convergenceprovoquée
parregard k gauche, l'œil
droit se meut de 4 millim. et l'œil
gauche de 3 millim., de telle sorte
que le bord
interne
descornées des deux
yeuxcorrespond tout à fait
à la ligne des
points iacrymaux.
Quand on fait regarder la
patiente
àdroite, il
seproduit
un mouve¬ment de convergence comme
dans le regard k gauche. Il
enest de
même si l'on fait fermer l'un des yeux
tandis
quel'autre regarde à
droite ou k
gauche.
A ce mouvement de convergence,
qu'accompagne
unresserrement
égal des deuxpupilles, s'associe
toutesles fois
unléger mouvement
de rotation bilatérale avec inclinaison eu dedans de l'extrémité infé¬
rieure des axesverticaux. La convergence saus
rotation, ainsi
quele
mouvement en bas, en haut ou en
dehors
estimpossible. Toute tenta¬
tive dans l'une quelconque
de
cesdirections
ne provoque quela
con¬vergence : aussi la
patiente est-elle obligée de tourner la tête dans
tous les sens. L'acuité visuelle est égale des
deux côtés (A
=6/60).
Jseger
n°4 est ludans 8"
ko".
Leslentilles
nel'augmentent
pas.Les
doubles
images
ne peuventpasêtre produites.
Les
champs visuels n'offrent rien de particulier, si
cen'est qu'ils
sont rétrécis dans leur moitié supérieure à cause
de la position des globes
oculairesqui
sontdéviés
enbas. L'examen ophlalmoscopique
ne montre aucune lésion dans le fond de l'œil.
Quand on
approche
unobjet des
yeuxdans
ladirection
duplan du regard,
la fixation binoculaire seproduit jusqu'à
une dislance de 4'';mais en deçà, la fixation n'a
plus lieu,
et les deux yeux sereplacent
dans leur position
primitive.
Ainsi donc, en dehors du ptosis et de la
paralysie de
certainsmus¬cles oculaires, existe une limitation très nette des mouvements asso¬
ciés, tels que ceux de convergence et de rotation.
I.es muscles surtout frappés sont donc les droits
supérieurs
et infé¬rieurs
(d'une
façoncomplète), les
musclesobliques
(surtout le supé¬rieur)
et lesdroits
externes. Les droits internes, ainsi que le prouve la conservation des mouvements de convergence, ont conservé unegrande partie de leur activité.
Dans la famille de celte femme, on n'a
jamais
observé de maladies congénitalesquelconques; les
parents bien portants, n'avaient aucun lien de consanguinité. Ses six sœurs, encore eu vie, ontdesyeux très biendéveloppés. Elle-même
est née avec sonophtalmoplégie
; cepen¬dant, autrefois, elle faisait les mouvements de latéralité mieux que maintenantet son acuité visuelle était, dans sa
jeunesse,
meilleure. Al'âge
de 25 ans, elle a subi pour sonptosis
une opération qui n'a pro¬voqué aucuu résultat durable; la malade porte encore la cicatrice de celle intervention.
A
l'âge
de 33 ans elle s'est mariée avec un homme tout à fait bien portant.Elle a eu4 enfants, dontl'aîné,mortil y a troisans d'une péri¬tonite
(Unterleibs-Entzundung), était bien développé,
tandis que lestrois autres présentaient en naissant l'anomalie des yeux que nous allons décrire. Aucune autre
particularité
n'avait été constatée chez lesquatre enfants, si ce n'estque les fontanelles étaient dans les troiscassuivants fermées au moment de la naissance.
CasII.—WilhelmSch., âgé de 18ans,
intelligent
etbiendéveloppé,
présente uneophlamoplégie
ayantdes analogies
avec celle décrite précédemment, mais nonpareille
aux deuxyeux.11
s'agit
d'unblépharoptosis
bilatéral, moins marqué à gauche qu'à droite, de sorte que la fentepalpébrale
présente unelargeur
de5 millim. d'un côté et de 8 millim. de l'autre. Aucun mouvement des paupières
supérieures n'est
possible. L'occlusion desyeux se fait bien.— 25 —
Il esl à remarquer que
l'œil gauche est extraordinairement saillant
hors de l'orbite.
A droite, l'axe visuel est iucliué en
bas
etfait
avecle plan horizontal
un
angle de 32°; la ligne visuelle de l'œil gauche également abaissée
fait avec l'horizon un
angle de 22°.
Dansle
regard
àdroite, l'œil gauche
tournefortement
endedans, si
bien que
le 1/3 interne de la cornée
seplace
endedans de la ligne
ver¬ticale passant par
les points lacrymaux. Il
seproduit
enmême temps
un mouvement de rotation du
globe oculaire
en vertuduquel l'extré¬
mité inférieurede son axe vertical s'incline en dedans, comme dansle
cas
précédent. L'œil droit effectue le même mouvement de rotation,
mais au lien detourner à droite il tourneà
gauche
etsi
peu quele
mou¬vement
s'impose
comme unelégère convulsion. De plus, chaque fois
que
le
patient s'efforce de faireun mouvement énergique, cetœil
est attiré un peu vers le fond de l'orbite.Dans le
regard
àgauche,l'œil gauche (toujours
avec un mouvement de rotation simultané de mêmecôté)
tournetellement
àgauche
que le bord externede lacornéeatteint la commissurepalpébrale
externe;l'œil droit fait de nouveau un petit mouvement
de convulsion dans la
direction du regard.
Les mouvements d'abaissement et d'élévation sont abolis au même titre que les mouvementsassociés.
Quand on
approche
unobjet des
yeux dupatient, l'œil gauche seul
le fixe
jusqu'à
une distance trèsrapprochée,
mais sila
fixation durelongtemps,
il survientunelégère
secoussedu globe.
L'acuité visuelle :
a droite de 6/36.
Jasgtr
n°1 lu dans 8"
à3,5"
à
gauche de 6/18. Jaeger
n°3 lu dans 8"
à4"
Les autres recherches ne donnent rien de
particulier.
D'après ces données nous pouvons considérer comme
paralysés les
muscles releveurs des
paupières supérieures, droits
supérieurs et droits inférieurs des deux côtés. Tous les autres muscles de l'œilgauche
fonctionnent presquenormalement;
àdroite, parmi les
mus¬clesrespectés, les muscles
obliques
ont à peuprès conservésleur fonc¬
tion, tandis que les droits internes et externes ont des mouvements très limités.
Cas III. —
Joseph Schn..., âgé de 16
ans,intelligent, d'une taille
un peu
petite
pour sonâge, porte des traces de rachitisme et de scro¬
fule' infantile,
augmentation de volume des épiphyses et cicatrices
diverses,
vestiges de suppuration des
oset des ganglions. Son ouïe
est très défectueuse en raison d'une
perforation ancienne du tympan
à droite et d'une cicatrice de
perforation de la membrane tympanique
à
gauche (vieux catarrhe purulent de la caisse).
Du côté des yeux,
il existe
uneblépharoptose bilatérale réduisant
les fentes
palpébrales
à unehauteur de 6 millim.
;les paupières supé¬
rieures ne peuvent se
relever. Les lignes visuelles, légèrement
conver¬gentes, sont
inclinées
enbas au-dessous du plan horizontal dont elles
sont séparées à
droite
par unangle de 30°, à gauche,
par unangle de
40°. Les
globes oculaires sont bien conformés; les pupilles réagissent
normalement.
A l'examen de la motililé oculaire, onconstateque
les mouvements
de convergence
ainsi
queles mouvements associés
sefont dans des
limites restreintes.—Dans le
regard adroite, le bord exlernede lacor-
née droite restedistant de 3 millim. de
l'angle
externedes paupières.
Dans ce mouvement, 1/3 de
la
cornéegauche disparait derrière la ligne des points lacrymaux.
—Dans le regard à gauche, le bord externe
de la cornée
gauche
reste à12 millim. de l'angle externe des paupières,
tandis que
l'œil droit fait
unmouvement
endedans aussi prononcé
que celui effectué tout-à-l'heure parl'œil gauche dans le regard à droite.
Pendant ces mouvements de latéralité, le
globe
nesubit
aucune déviation de son axe vertical. Dans les mouvements d'élévation ou d'abaissement,qui d'ailleurs
sontimpossibles, il survient
unerotation qui fait
convergerles méridiens verticaux
enbas dans le premier cas
et en haut dans le second.
Jusqu'à 3", la fixation biuoculaire
sefait bien.
L'acuité visuelle des deux côtés est égale à
6/36. Jaeger
n°2 lu dans
8" à 4". En dehors de ces
points, il n'y
arien de particulier.
CasIV. —
Angélica Schn..., âgée de 12
ans,également bien déve¬
loppée, présente la même défectuosité des
yeux quele
casprécédeni.
Il existe encore ici un
ptosis bilatéral
avecimpossibilité de soulever
les
paupières. La fente palpébrale est réduite à 8 millimètres de hau-
teur,
plus
ouverte par conséquent que dans les trois cas précédents.Les
globes
oculaires sontlégèrement
convergents et leurslignes
de regard sont inclinées en bas au-dessous duplan horizontal,
suivantun
angle
de 40° à droite et de 34o à gauche.Dans le regard à droite, le bord externe de la cornée de l'œil droit vient se
placera
5 millimètres de la commissurepalpébrale
externe;pendant ce temps, lacornée gauche
disparait
danssontiersinterne,
en arrière de laligne
despoints lacrymaux.
—Dans leregard
àgauche,
le bord externe de la cornéede l'œil gauche arrivejusqu'à
4 millimètres del'angle palpébrai
externe etl'œil droittourneen dedans d'une quan¬tité à peu près égale à celle de l'œil gauche
indiquée
précédemment.Ces divers mouvements ne se
produisent
qu'autour
de l'axe verti¬cal. Quand la patienteessaye de regarder en haut et en bas, on cons¬
tateles mêmes
phénomènes
que dans le cas précédent. La fixation binoculaireest bonnejusqu'à
unedistance de 3".L'acuité visuelle :
de l'œil gauche est A = 6/24.
Jaeger,
n0 3, lu dans 9"-6" ; de l'œil droit est A =6/36. Jaeger,
n° 3, lu dans 6"-4".Dans ces deux derniers cas, les releveursde la
paupière
supérieure, les droits supérieurs et les droitsinférieurs,
ont une fonction abolie.Les droits externes et les
obliques
ont une action très limitée, tandis que le muscle droit interne a conservé ses mouvements normaux.Observation II
(inédite)
DrCabannes(de Bordeaux).
Alice N..., âgée actuellement de 28 mois, se présente pour la pre¬
mière fois à notre examen, au mois d'octobre 1899, à la consultation
ophtalmologique
del'Hôpital
des enfants.Cette enfant ne présente rien de bien saillant dans ses antécédents héréditaires. La mèrea toujours étéentrès bonne santé; celtedernière
nousapprend qu'elle a perdu son père d'une affection de poitrine à 1
âge
de 51 ans, mais que sa mère est encore vivante et très bien portante. Elle n'ajamais
connu dans sa famille de gens porteurs d'affection oculairecongénitale
analogue
à celle de sa fillette.Elle a eu un
premier enfant (une fillette e'galemenl) actuellement
âgée de 9
ans,qui est née à terme, sans forceps, ni version. Cette enfant
est venue au monde en très
bonne santé
;elle n'a
pasprésenlé de
signes d'asphyxie des nouveau-nés. Kl le a marché à 15 mois et elle
n'a
jamais
eude convulsions, de crises de nerfs, de strabisme, de
ptosis
oud'ophtalmoplégie. Elle ne bégaie pas, mais son teint est pâle,
anémique ;
elle est
un peuchélive. Elle n'a jamais eu de maladie et
elle ne tousse pas.
La mère de cetenfant et de
celle qui fait le sujet de notre observa¬
tion et dont il sera
question tout à l'heure n'a jamais eu de fausses
couches.
Voici les
renseignements
que nous avonsobtenus du côté du père
de notre malade. Il n'est
lui même ni alcoolique, ni syphilitique, ni
nerveux. La seule maladie sér
ieuse qu'il ait
euedate d'il
y asix ans.
A la suite d'un refroidissement, eu
plein mois de juin, il
a euune
fièvre continue
qui
aduré neuf jours, s'accompagnant de maux de
reins, sans
céphalée ni diarrhée et qui semble avoir cédé à l'adminis¬
tration du sulfate de
quinine. Au moment où il
aquitté le lit, il était
très faible, sa vue
était trouble, et
cen'est qu'après deux mois de
convalescence
qu'il
aretrouvé
saforce et qu'il
a pureprendre ses occupations ordinaires. Depuis ce moment-là, sa santé a toujours été
excellente.
Il nous
apprend
que sonpère, actuellement âgé de fi8 ans, a tou¬
jours été bien portant et que sa vue est très bonne; que sa mère est
très nerveuse et se
plaint d'une maladie de
cœur.Mais il affirme
n'avoir
jamais
connudans
safamille de ptosis, de strabisme ou d'ophtalmoplégie.
La
petite malade, qui fait le sujet de notre observation, est née à
terme, sans
phénomènes asphyxiques, d'un accouchemeat absolument
normal. Elle était seulement un peu
chétive à
sanaissance. Elle
a commencé à marcher et àparler à l'âge de 17 mois. Les parents ont remarqué qu'elle parlait
un peuplus difficilement que les enfants de
son âge.
Elle n'a jamais
eude convulsions, mais, de tout temps, elle
s'estenrhumée avecbeaucoup de
facilité.
Les parents
sont très affirmatifs
surl'origine congénitale de l'affec¬
tion oculaire
qu'elle présente. Elle est née les yeux fermés et ce n'est
_ 29
que
quinze jours
aprèssanaissance qu'elle
acommencé à les ouvrir
insensiblement. Il semble même que
l'une
des deuxpaupières
sesoit
dès le début relevée avant l'autre, mais la mère ne sait pas nous
dire quelle
est celle qui a commencé.Depuis, les
yeux se sonttoujours
ouverts un peu
plus
etchaque jour le ptosis diminue mais d'une façon
insensible. L'enfant avait 19 mois
(en
août1899) lorsque
ses parentsout constaté l'immobilité des
globes oculaires
pourla première fois.
Ils nous disent
cependant
que,de
tout temps,leur fillette tournait la
tête dans tous les sens pour
regarder
etsuivre les objets qui l'entou¬
raient. La vision était très bonne, la
compréhension
etl'ouïe
ont tou¬jours éLé parfaiLes. Les
dents
se sontdéveloppées normalement. La
croissance seule est restée en retard; née chétive, elle est actuelle¬
ment
petite
pour sonâge (21 mois)
et al'apparence d'une enfant de
15 à 16 mois au
plus.
Ce qui frappe à
l'examen de
cellepetite malade, c'est
toutd'abord
son ptosis
double,
à peu prèségalement marqué des deux côtés, qui
fait que
lorsqu'elle
veutregarder
enface elle rejette fortement la
tête en arrière. Cette chute des deux paupières
supérieures lui donne l'aspect d'une
personnetoujours endormie
ouà peine éveillée, et lors¬
qu'on la voit en outre tourner
la
tète un peude
touscôtés
pourvoir
tout ce
qui l'entoure,
on adéjà
presque portéle diagnostic de l'immo¬
bilité des globes
oculaires. L'apparence des paupières tombantes est à
peu près
normale
;leur surface
cutanée estblanche, lisse,
sansplis,
avec un développement
exagéré de poils follets
etfine circulation vei¬
neuse sous cutanée très marquée.
Elles
ne sontni infiltrées, ni œdéma¬
teuses etne présentent pas
de contractions fibrillaires. Les sourcils
sont normalementconstitués, mais ils reposent sur
des arcades orbi-
taires
supérieures aplaties,
surtoutdans leurs parties
moyenneet in¬
terne. Les
apophyses orbitaires externes sont moins saillants qu'à
l'état normal.
L'espace qui sépare la partie la plus saillante des deux
sourcils du rebord libre des
paupières supérieures
estde 3 centimè¬
tres. Le front, sans être fuyant, est
moins saillant dans
sonensemble
que normalement; il est
plus plat, sauf peut-être dans
sesparties
externes où existent des bosses latérales peu
développées. Il résulte
de cette
disposition qu'il surplombe moins le globe oculaire et
que
le
sillon orbitairesupérieur
estmoins profond
qued'habitude.
llien
cependant dans l'orbite
neparaît soulever le sillon et le petit doigt
introduitlégèrement
entrel'oeil
et sacavité
nedécouvre
aucune anomalie. Le rebord orbitaireinférieur etl'apophyse malaire
sontpeu saillants ; les os de la facesymétriquement développés
ontsubi
une évolution en rapport avecles
osqui
entourentl'orbite.
Ses cils.sont normalement
placés
sur lerebord des paupières.
Lesfentes
palpébrales
présententune ouverturemoyennede S millimètres
environ de
chaque
côté; cette ouverture estdue
àl'action
duseul
muscle releveur. Elle atteint7 millimètresà droite et àgauche
lorsque
les muscles frontaux,se contractent, contraction que rendent évidente
l'apparition
deplis
transversaux surle front
etle soulèvement bilaté¬
ral des sourcils. L'occlusion des yeux
s'effectue
trèsnormalement.
Les yeux sont
larmoyants,
surtoutl'œil droit, particularité qui s'est
montrée dès la naissance. Les
points
etles conduits lacrymaux
neprésentent
pasd'anomalie
apparente.Lorsque le regard
esthorizontal (ce qui nécessite le rejet de la
tèteen
arrière) le tiers supérieur de la cornée
est recouvert parle bord
libre de la paupière
supérieure
ainsiqu'une petite partie du rebord
supérieur de lapupille; celle-ci
se découvre d'une façoncomplète
dans les mouvementsd'élévation complète de la
paupière supérieure.
(Ce
mouvement estpeut-être
un peu moins marqué àdroite qu'à gauche). Lorsque la tête
estplacée dans
la rectitude, on remarque que lesaxesvisuels
sont inclinés en bas et en convergence, cette con¬vergence des axes"existe même
lorsque
la malade regarde unobjet placé horizontalement,
cequi
nécessite le rejet de la tête en arrière.L'œil droit converge d'une façon plus marquée que le
gauche.
Lesmouvementsen haut, en dehorset en bas sontentièrement
supprimés (action des droits supérieurs,
externe, inférieur etdu grandoblique),
faitsdont on se rend compte en promenant les objets
devant
les yeux de la petitemalade
en allant de droite à gauche et inversement.Lorsqu'on fait examiner
àla fillette
unobjet placé
à sagauche
en immobilisant sa tête, on constate quel'œil
droit converge fortementvers
l'objet, tandis
quel'œil gauche,
au lieu de tourner lui aussi à gauche, se porte àdroite
et converge, par conséquent, commel'œil
droit. A ce mouvement d'adduction se
joint
encore, maisà un degréplus faible,
unmouvementde rotation du globe
oculaire(sous la forme
— 31 —
de secousses nyslagmi
formas rares)
autourd'un
axe antéroposté-
rieur, de telle sorte que l'extrémitésupérieure
du méridien vertical s'incliue en dehors. Il estaiséde reconnaître dans cette double action la conservation de la fonction des droits internes et des petits obli¬ques. 11 n'existe pas de différences bien sensibles dans l'état des deux yeux et la
description
quiprécède s'applique
avec autant de vérité à l'œil droitqu'à l'œil gauche. Les mêmesphénomènes
seproduisent
sil'enfant essaie de regarder un
objet
àdroite.
Les
pupilles égales
ont environ 2 millimètresde diamètre dechaque
côté; elles sont rondes. Le réflexe lumineux est normal des deux côtés; réflexeà l'accommodation est très difficile à rechercher.Il ne nous a pas été
possible,
vul'âge de
la malade, de mesurer l'acuité visuelle ai si quel'étendue
duchamp visuel
et duchamp du
l'égard. L'examenophlalmoscopique,
assezdifficile
àpratiquer,
nous apermis de constater une excavation
physiologique bilatérale
etlégère
des deux
papilles
dont les vaisseaux, naissant à une faible dislance du rebord internedudisque optique,
sontreprésentés
par quatre bran¬ches, deux supérieures, deux inférieures, qui quittent
rapidement
la papille pouraller le diviserensuiteplus
loin àla
surface de la réline.Lessegments externes des
papilles
sontbordés
pardes croissants stapbyloinateux (peut-être
un peuplus
marqué àgauche),
à contours réguliers et à surface rosée, peupigmentée.
Le reste du fond de l'œilest entièrement normal : pas
d'exagération
oude disposition spéciale
du
pigment,
pas de colobomedu nerfoptique
oude la
choroïde.L'étude la réfraction montreque notre
malade
est emmétrope.Il
n'y
a rien àsignaler
despécial
du côté des autres organes dessens.
Lu
mimique
faciale est conservée; l'enfant rit etpleure
comme les autres enfants.Lorsqu'elle
rit, elle cligne un peuplus les
yeux quenormalement.
Les mouvements des membres se font très convenablement. La marche est normale, la petite malade court et s'amuse
parfaitement.
Tous les réflexes sont intacts; le réflexe
palpébral
seproduit
très bien.La sensibilité est également intacte, autant sur les membres que
sur les deux parties
symétriques de la face.
Lespoints d'émergence
du
trijumeau
ne sont pasdouloureux à la pression ; il n'existe en
aucun
point de troubles trophiques, ni d'hémialrophie ou d'hémihy-
pertrophie de la face. L'enfant est très nerveuse, elle se met facile¬
ment en colère. Elle crie alors et
pleure longtemps. Elle n'a jamais de
crises de nerfs.
On ne découvre pas non
plus de malformation congénitale en d'au¬
tres points
du
corps,et tous les appareils fonctionnent normalement
(digestif, circulatoire
oupulmonaire). Rien de spécial du côté des
urines oude
l'appareil rénal.
Celte petite
malade, observée pour la première fois au mois d'octo¬
bre 1899, a.eté'revue par nous en
février, puis
enavril 1900. Nous
avions conseillé aux parents
l'expectative, ainsi
quedes massages quotidiens
surles paupières et la région frontale. Il semble que dans
nos derniers examens, les
paupières supérieures
serelevaient peut-
être un peu
mieux, surtout la gauche. I.a mobilité des yeux s'est
aussi un peu
améliorée. Il n'y
acependant pas des progrès bien sen¬
sibles de ce côté là. Ladernière foisquenousavons vu
la malade, elle
était assez fortement enrhumée depuis
quelques jours déjà et présen¬
tait un peu
de fièvre. Son état général était cependant assez satisfai¬
sant.
Observation III Gourfein
Double ophtalmoplégie externe et
héréditaire chez six membres de la
même famille (1).
Les observationsde
Gourfein concernent six individus de la
même famille : la
grand'mère paternelle, le père et quatre de
ses enfants sur
six,
tousles
garçons,atteints d'ophtalmoplégie congénitale complète
ouà
peuprès, alors que deux autres
tillettes étaient
complètement indemnes. Nulle hérédité de cet
ordre du côté de la
jeune mère qui, elle-même, était bien por¬
tante.
(1) Bull. Acad.méd.,1896, 2es.,t.
XXXVi,
p.749.
— 33 —
Cas I. — Les antécédents héréditaires du père,
colporteur
et âgé de 42 ans, ne concernent que sa mère de 60 ans,laquelle,
dès la nais¬sance, offrait le même
degré d'ophlalmoplégie
quelui.
Son père,âgé
de 65 ans, est absolument bien portant, ainsi
qu'une
sœur,laquelle présente
seulement un fort strabisme convergent.A partqu'il est chétif et peu musclé, cet homme possède
l'intégrité complète
des réflexes tendineux et cutanés, ainsiquecelles des autres organes des sens, àl'exception de
l'œil atteintd'ophtalmoplégie.
Ce quifrappe
tout d'abord chez lui, c'est un plosisdouble,
avecaplatis¬
sement des arcades sourcilières.
Lorsqu'on
l'invite à ouvrir les yeux, il arrive, non sans peine et en faisant intervenir l'action du muscle frontal, à soulever lespaupières
supérieures de 3 à 4 millimètres auplus;
mais pour voir lesobjets,
il lui faut encore renverser la tête enarrière. En écartant alors
mécaniquement
lespaupières,
on constate que les dimensions desglobes
oculaires sont normales, sans prolru- sion d'aucune sorte. Les mouvements volontaires des muscles extrin¬sèques sont totalement abolis, alors que les réflexes pupillaires et l'accommodation s'exécutent comme à l'état normal.
Ajoutons
l'exis¬tence d'un nyslagmus rotatoire manifeste. L'acuité visuelle, qui, des deux côtés, est de
1/10
sanscorrection,
monte à1/3
par le port desverres myopiques de 3 D. Le
champ
visuel est normal pourle blancetles couleurs. A
l'exception
d'un petit croissantstaphylomaleux
et d'une excavationphysiologique
peu prononcéede lapapille, l'ophtal-
moscope ne dévoile rien d'anormal. Telle est l'histoire du père.
Cas II. — L'aîné des enfants, un garçon de 12 ans, a les
paupières supérieures tombantes,
ne pouvants'écarter,
après effort, de plus de2 à 3 milim., d'où la nécessité, pour voir, de renverser la tète en
arrière. Tous les muscles des yeux sont immobiles. Les arcades sour¬
cilières sontaplaties. L'accommodation et les réflexes
pupillaires
sont conservés. L'œildroit,
myope de 3 D, possède une acuité visuelle de1/6, atteignant 1/3
aprèscorrection.L'ophtalmoscope n'indique rien
de particulier à part une excavation prononcée avec blancheur de la pupille. L'œil gauche est emmétrope et entièrement normal.La constitution de cet enfant est chélive, les muscles sont
flasques.
La
sensibilité-générale
etspéciale
est normale.Barnefï
3
L'ouïe et les autres organes
des sens fonctionnent normale¬
ment.
Cas III. — Le
second
garçon,âgé de 9 ans 1/2, est plus fortement
constitue' que son
frère. Le ptosis est très prononcé, aussi le malade
est-il
obligé,
pour seguider, de renverser fortement la tête en arrière;
lesarcades sourcilières
sont aplaties. Tous les muscles extrinsèques
sontimmobiles, à
l'exception du droit interne et du droit externe de
l'œil
gauche. La pupille et le muscle ciliaire des deux côtés sont intacts.
Les
globes oculaires sont bien développés et les yeux sont emmé¬
tropes.
Il existe
unnystagmus rotatoire bilatéral. Les champs visuels
sont normaux. La
vision est égale à 1/3. Le sens chromatique est con¬
servé. Rien à noter
du côté du disque optique.
CasIV. — Le troisième garçon,
âgé de 4 ans, et qui est né après
une fillette de 6 ans
1/2, absolument indemne, présente un double
ptosis complet,
avecaplatissement des arcades sourcilières; c'est à
peine
si,
avecle plus grand effort, il parvient à écarter les paupières de
2 millimètres; à part
des mouvements nystagmiques irréguliers et
intermittents, les
globes oculaires, bien développés, n'exécutent aucun
mouvement volontaire, et
sont aussi immobiles qu'ils étaient figés
dansl'orbite.
L'examen
ophtalmoscopique n'a pu être fait à cause de l'indoci¬
lité del'enfant,
qui
esttrop développé et jouit d'une forte muscu¬
lature.
CasV. —Après
l'arrivée d'une autre fille de 3 ans, également in¬
demne comme sa sœur,
vient
unquatrième et dernier garçon âgé de
8 mois. Il estporteur
d'un ptosis bilatéral presque complet avec apla¬
tissement des arcades
sourcilières; il existe en outre chez lui des
mouvements
nystagmiques horizontaux intermittents à l'œil gauche,
et rotatoires àl'œil
droit. Les globes oculaires sont bien développés;
les réflexes lumineux
de la pupille sont conservés. L'état général est
excellent. Les
globes semblent,
ensomme, immobiles, surtout le
droit.
Observation IV Hirschberg(1).
Sur lacoexistence del'épicantuset de
l'ophtalmoplégie.
M.
H..., âgé
de 31 ans,Russe,
se présente à mon observation la première fois le 30 mai 1885 avec uneophlalmoplégie typique
com¬plète des deux yeux.
Il existe un ptosis bilatéral. Les
paupières
supérieures sontlarges
de 28 millim. Les sourcilssont soulevés. Deux sillons profonds sur le front
indiquent
la contractionsupplémentaire
des deux muscles fron¬taux qui prennentpart ausoulèvement des
paupières.
Cesoulèvement,
de même que l'abduction et l'adduction de
l'œil,
sontcomplètement
abolis des deux côtés, il existe seulement unléger
abaissement avec un mouvement rolatoire des yeux faisant incliner en dedans l'extré¬mité supérieure de l'axe vertical, indice d'une contraction limitée de
l'oblique
supérieur. Les yeux sont dans unelégère
convergence. Les doublesimages
n'existent pas spontanément et ne peuvent être réveillées par aucuneméthode usuelle
(verre
rouge sur l'un des yeux,etc.).
L'acuité visuelle est abaissée(15/70)
par suite de l'exis¬tence d'un
léger astigmatisme (15/70).
Les pupilles sont d'unelargeur
moyenne et
réagissent
bien. La papille est normale. Le reste du sys¬tème nerveux est tout à fait normal.
Le patient m'assura que son état était
congénital,
et ilajouta
quesa mère, ainsi que son enfant étaient atteints de la même affection.
La grand'mère aurait eu aussi une
maladie semblable à la suite d'un choc
violent,
mais il ne peut donnerà cesujet
desrenseignements
précis. SonCet enfantfils,
présentequ'il mele tableau ordinaireconduit lejour suivant,
d'unépicantus
estâgé
deparalytique.
9 mois.Des deuxcôtés existe un ptosis; les paupières
supérieures,
trèslarges,
ont20millim.de
haut,
lafentepalpébrale,
trèspetite, mesure8millim.La distance entre les angles internes est de 25 millim. Lesoulèvement des paupières et l'élévation des globes oculaires est
impossible,
tandis(1)
Neurologiches Centralb.,
IV, Jahrg. 1885,n. 13, p.294.que
les mouvements d'abduction, d'adduction et d'abaissement sont
suffisants. Il
existe des mouvements de divergence alternant avec des
mouvements
convulsifs de convergence analogues aux soulèvements
convulsifs et
soudains qui élargissent par moments l'ouverture palpé-
brale rétrécie dans
le plosis congénital unilatéral.
Observation V
SCHENKL (1)
Développement
défectueux congénital du releveur palpébral supérieur,
des droits externe, interne
et supérieur et de l'oblique inférieur des
deuxyeux.
A. K..., âgé
de 26
ans,commerçant, vient consulter le professeur
Pribram pour
l'état particulier de ses yeux.
Ses
parents ont des yeux en bon état, sans anomalie d'aucune sorte.
Il en est de même pour ses
six frères et ses deux sœurs.
Son affection
oculaire date de
sanaissance. Il prétend avoir été de
tout temps comme
il est actuellement. Ses parents l'affirment égale¬
mentet
prétendent
quel'état de ses yeux se serait aggravé au cours de
ses éludes.Il a
appris à lire et à écrire avec facilité et il possède des
connaissancesassez
étendues.
Il n'a
jamais
eude maladie grave, pas de syphilis ; il n'est pas non
plus porteur d'autre malformation.
Il est
grand, bien construit et a toutes les apparences d'une bonne
santé. Tous les
muscles de son corps sont bien développés ; sur le
crâne,on ne trouve
rien d'anormal. Ce qui frappe, c'est que lorsque le
malade marche,
il tient la tête fortement rejetée en arrière et un peu
inclinée à
gauche. Pour regarder de côté, il tourne constamment la
tête ; pour
lire, il la rejette encore plus en arrière et il tient le livre
très élevé. Lorsque
la tête est droite, il ne peut se conduire sans
être
guidé.
L'orbite au niveau
de
sonrebord, ainsi que dans sa profondeur
(1) Centralbl.